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 Le Sofitel London St James

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Dray Fox
Exilé(e) politique

Exilé(e) politique
Dray Fox

Le Sofitel London St James TrophyBar

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Le Sofitel London St James TrophyBar
Messages : 3793

Né(e) le : 12/09/1984
Age : 40

Où à Poudlard ? : Je vous en pose des questions ?

Rang & Club : Baka ranger vert.

Caractéristiques
Compétence: Niveau 8
Particularité: PDG de la Fox
Baguette: 33 cm, bois de prunellier (manche), bois de pin (corps), dard de Billywig et poil de Nundu (Une baguette de barj à l’image de son propriétaire... XD)

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MessageSujet: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeSam 26 Mar 2011 - 2:53

[Merci à S-Kun pour son énième participation à mes délires. Merci à Tetsu-kun pour son autorisation.

N'empêche, vous allez voir les potes, je vais finir pas être à jour ! XD]



Devant le luxieux hôtel Sofitel London St James, deux garçons attendaient patiemment qu'un troisième finisse sa cigarette, celui-ci ne semblant pas très motivé à se presser. Nerveusement, ses doigts battaient la mesure sur sa cuisse, alors qu'il finissait de tirer les dernières bouffées de nicotine disponibles. Dans un soupir à peine perceptible, le plus grand finit par remarquer sans une émotion apparente :

"K'so, Dray, zen. T'arrives à me stresser."

Très crédible quand on prenait en compte la description précédente... La seule réponse qu'obtint ce petit malin fut un regard acéré de la part du sus-nommé qui fit disparaître son mégot dans son étui à cigarettes.

"Si l'un de vous deux me dit encore une fois que ça se passera bien, je vous plante là...

Ca se passera bien.

Ok, je me tire." riposta donc le New-yorkais en s'apprêtant à traverser la rue. Bien évidemment, l'Eurasien, imperturbable, le retint prestement par le collet, l'étranglant à moitié au passage. Fox laissa alors échapper un léger rire nerveux. Petite comédie qui permit à l'aîné de se détendre un peu. Sei adressa un coup d'oeil complice à celui qui n'avait encore rien dit mais qui n'en pensait pas moins et qui n'était autre que Tetsuya. Les Inséparables au grand complet, fidèles à eux-même.

"J'ai l'impression d'avoir rendez-vous avec le bourreau.

Compréhensible mais arriver en retard ne serait pas à ton avantage." souligna le médicomage avec calme.

"Je sais..." se contenta alors de répondre sombrement l'Américain en entrant dans le Hall du bâtiment sans autre forme de procès. Quitte à se jeter dans le vide sans filet, autant que ce soit franchement. Près de la réception, une jeune femme d'une trentaine d'années à la chevelure aussi flamboyante que le caractère, l'attendait de pied ferme et dès qu'il eut mis un pied sur le tapis de l'entrée, elle lui sauta dessus.

"Je commençais à me dire qu'il allait falloir que je sorte vous tirer à l'intérieur par la peau du cou !

Bonjour Lisa." répliqua Dray, exagérément, pour lui signifier qu'elle avait brûlé au moins une étape essentielle à tout rapport social.

"Oui, oui, bonjour ! Vous croyez franchement que c'est le jour pour être en retard ?

Non, et ça tombe bien puisque je ne le suis pas.

Peut-être mais vous n'êtes pas non plus en avance ! Au moins, vous avez choisi un costume potable, c'est déjà ça."

Bon dieu, elle le fatiguait déjà... Heureusement qu'elle était la meilleure attachée de presse qu'il connaissait, était en freelance et la filleule de David.... Fox leva impatiemment les yeux au ciel et adressa un haussement d'épaules fataliste à ses deux amis qui devaient se demander où ils étaient tombés, geste qui attira l'attention de l'impétueuse jeune femme sur eux.

"Et eux, c'est qui ?" demanda-t-elle avec un mouvement de tête provoquant et un haussement de sourcil dubitatif.

"Eux, ce sont des invités de marque dont on taira le nom mais que je vous confie et que vous allez traiter comme des rois, pendant que je ferai mon cinéma. C'est vu ?" claqua sèchement l'ancien PDG de la Fox, décochant un regard acide à la jeune femme qui comprit immédiatement le message. La patience de Dray n'était pas au beau fixe alors on allait peut-être se calmer...

"Tenez, les infos que vous m'avez demandé." signala finalement la rouquine en tendant le dossier qu'elle avait en main au jeune homme qui l'ignora.

"Résumez.

Ce sont les têtes habituelles et les mêmes leaders. Je vous rappelle que Mme Valley du Daily Telegraph a perdu son mari, le mois dernier.

Identité complète, déjà ?

Irish. Son mari, Peter. Rupture d'anévrisme. Couple bien sous tous rapports.

Des enfants ?

Deux. Frank, dix ans. Mark, treize.

On a envoyé quelque chose ?

Une gerbe de fleurs. Vous avez meilleure mémoire sur les événements heureux, la compagne de M. Marshall, de l'Independent...

Lara ?

Clara, était effectivement à terme, c'est une petite fille qui a aujourd'hui deux semaines. Nous avons aussi des journalistes d'Europe continentale, d'Asie et même un de Dubaï, mais vous les connaissez déjà presque tous. Rien de notable à en dire. Sauf pour le représentant du Yomiuri Shinbun, Sanada. Il a eu un accident de voiture, il y a un mois, sans gravité.

Photos ?

Tenez."

Avec soin, Dray examina les instantanés donnés des journalistes présents, au dos desquels on avait noté noms et nationalités, et après quelques minutes d'observation, les rendit sans un mot à la jeune femme qui y vit le signal pour continuer son compte-rendu en insistant sur deux clichés.

"Le New-york Times a envoyé une petite débutante, Mlle Bridge. Il faudra être gentil avec elle, c'est sa première conférence à la pauvre petite... Le correspondant du Wall Street Journal a changé. Retraite de Johnson qui est présent et promotion du remplaçant. C'est un jeune premier. M. Erik Meery. Il a les dents longues mais est un fan de basket.

Son équipe ?

Les Lakers. Mlle Daniels, correspondante du Washinton Post s'est fiancée.

Dommage."

Ignorant cette remarque aussi courte qu'inutile et pourtant relativement savoureuse, Lisa Meyers poursuivit :

"Comme vous l'avez demandé, les médias ont aussi été invités et aucun n'a décliné l'invitation. Méfiez-vous d'un journaliste de CNN, un certain...

Eastwood..."

Surprise que son patron connaisse ce nom, alors qu'elle était en train de le chercher dans son dossier, victime d'un trou de mémoire, Lisa redressa la tête vers Dray, pour le voir lui désigner un point derrière elle. Quand elle se retourna, ce fut pour voir un homme, qui ne devait pas être plus âgé qu'eux, observer leur groupe et plus particulièrement Fox, avec dureté.

"Ouah ! Si un regard pouvait tuer...

Vieille connaissance d'un pan de mon passé peu glorieux. Autre chose ?

Heu... Oui, oui... Pour vous faire gagner du temps et éviter de vous répéter inutilement, la presse et les médias sorciers assisteront à la première partie de la conférence de presse mais ne pourront poser leurs questions que dans la seconde, quand les moldus seront partis.

Risqué mais ça m'arrange.

Eux aussi à vrai dire. Je savais que l'idée de déguerpir plus vite vous plairait. Et ne vous inquiétez pas, ils ont été brieffés et une salle plus intimiste a été préparée pour votre entrevue.

Des infos sur ce petit monde ?

Rien d'inhabituel, de ce coté. Les fermetures des frontières ont cet avantage de limiter le changement. Par contre, le correspondant de l'American Wizard Post a le mal du pays. Sa soeur se serait mariée.

Theo Young ?

Lui-même.

Et Romane Moreau, du France Sorcier, elle est là ?

Oui, mais je n'ai rien sur elle..." répondit Lisa pensive, en vérifiant dans son dossier.

"Aucune importance. Combien dois-je en affronter au juste ?

En comptant les sorciers, quarante-neuf. Sans, trente-sept. Quatorze tabloïds"

Un soupir de lassitude à fendre l'âme répondit à cette statistique alors que Dray se passait les doigts sur les yeux. Quelle plaie...

"Rien que ça ! Autre chose que je devrais savoir ?

Non, mon seigneur. Ils n'attendent plus que vous.

Quelle idée réjouissante..."

La grimace dégoûtée de son patron, qui semblait réellement aller à l'abattoir, fit sourire l'énergique rousse. Elle ajouta, narquoise :

"Ils viennent d'arriver et apprécient déjà le buffet en tout cas.

Et on va les cueillir la bouche pleine et la coupe de champagne millésimé à la main." répliqua cyniquement Dray. Mais avant de se mettre en marche, il se tourna vers Sei et Tetsu, en se passant une main dans les cheveux.

"Je ne veux pas vous imposer ce cirque, vous pouvez m'attendre au bar si vous voulez."

Seiki regarda Tetsuya une seconde et sembla être d'accord avec son compagnon.

"On te suit."

Un sourire reconnaissant apparut sur les lèvres de l'Américain.

"Merci ! Vous savoir pas loin va m'éviter de péter une durite, ce qui ferait mauvais effet. Lisa, vous êtes le Cerbère de mes amis qui sont vos assistants.

Bien, Monsieur. Comment procède-t-on ?

Je vais entrer par la grande porte. Vous, restez en coulisse.

Entendu."

Sur ce, Dray se dirigea vers la salle de conférence laissant Sei et Tetsu en compagnie de son attachée de presse qui précisa aux garçons.

"On va le rejoindre dans quelques minutes. Restez près de moi, si vous ne voulez pas vous retrouver à la une de ces vautours."

Le message passé, la rousse regarda sa montre et attendit trois minutes précises, avant d'emmener ses protégés sur le chemin de son patron. Quand ils entrèrent par une porte latérale, cachée dans le fond de la salle, Lisa leur fit signe de rester près d'elle et discrètement leur montra où était leur aîné dans la foule, Dray étant tout bonnement en train de saluer personnellement les journalistes qui se restauraient sagement, prenant le temps d'échanger quelques mots avec certains d'entre eux, très précisément. Les bribes de conversations étaient remarquables à entendre...

Sourire enjoué et poignée de main ferme pour un grand barbu...

"M. Marshall ! Ravi de vous revoir ! Comment va Clara et le bébé ? "

Très bien, Monsieur Fox ! Merci de vous en inquiéter.

Mais c'est la moindre des choses. Fille ou garçon ?

Fille. Lucy, trois kilos cent, quarante huit centimètres.

Petite crevette. Félicitations ! "

Poignée de main plus douce pour ce petit bout de femme, main affectueuse sur l'épaule.

"Toutes mes condoléances, Irish. J'ai été navré d'apprendre pour votre mari. Peter était un homme bien. Comment allez-vous, vous et les garçons ?

Merci de votre sollicitude, M. Fox. Nous vivons un peu au jour le jour. Ce n'est pas tous les jours facile mais la vie continue.

Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas..."

On se fait alpaguer par un soixantenaire.

"Dray, laissez moi vous présenter mon remplaçant, Erik Meery.

Enchanté, Monsieur Meery. Vous avez fort à faire. Ne remplace pas Louis Johnson qui veut !

C'est que tout le monde me dit. Ca ne met pas du tout la pression !"

Rires discrets.

"Et le monde a raison ! Croyez bien que je compatis. Remplacer un monstre sacré, je connais. Alors ça y est, on range le magnétophone ?

Et oui, jeune chien fou, vous êtes mon dernier article. Demain, les petites truites m'attendent.

Vous allez me manquer ! Mon tout premier soutien journalistique et vous finissez sur mon éviction, n'est ce pas tragique ?"

Eclats de rire.

"Moi, c'est votre cynisme qui me manquera, mon garçon.

Je vous enverrais une petite carte pour la nouvelle année alors !"

Nouvels éclats de rire.

"En tout cas, M. Meery, félicitations pour votre promotion.

Merci.

Au fait Louis, tant que j'y pense, et puisque vous m'abandonnez lâchement dans l'arène, un dernier pari sportif pour le souvenir, ça vous tente ?

Dites toujours.

Cent dollars que les Lakers gagneront le championnat contre votre équipe, les Celtics de Boston ?

Tenu, gamin !"

Regard brillant, Truite à l'hameçon...

"Vous soutenez les Lakers ?

Depuis quelques années, oui. Vous aussi ? Voilà une bonne base pour débuter une collaboration, ma foi !"

Echange de sourires complices.

"Leurs résultats sont impressionnants et même si mon coeur de New-yorkais appartiendra toujours aux Knicks, L.A a indubitablement la meilleure équipe du pays.

Méfiez vous des Celtics. Ils sont tout de même les plus titrés.

Débat qui date, Louis. Tant que les Lakers auront Bryant... Sur ce, excusez-moi, mais je constate qu'on m'attend..."

Et de s'exclamer en français à une jeune femme patientant pas très loin, pour lui faire un élégant baise-main.

"Romane, ma chérie, tu resplendis ! Pardon de t'avoir fait attendre. Comment vas-tu ?

Bien, merci, vil séducteur. Je me demandais quand tu allais enfin venir vers moi...

Oh, ne boude pas, mon ange. Tu sais bien que dès qu'on parle de sport, on ne m'arrête plus. Alors, raconte moi. Tu as des nouvelles de chez toi depuis la dernière fois ?

Oui, ma mère s'est très bien rétablie.

C'est une bonne nouvelle.

Oui, on va pouvoir souffler maintenant, le pire est derrière. Quelle plaie, ce blocus !

A qui le dis-tu...

Dray, je suis désolée de ce qui t'arrive.

Merci. Mais tu t'imagines bien que c'est temporaire.

Oh, je n'en doute pas une seconde !

Que dirais-tu d'un petit dîner au Berkely pour dire de parler un peu plus tranquillement ?

Le restaurant français de Londres ! Tu sais parler aux femmes toi !

Surtout aux françaises.

Tsss, n'en rajoute pas. Samedi soir, dix-neuf heures, chez moi !

Samedi, je suis déjà pris. Dimanche ?

Va pour dimanche. Mais dans ce cas, dix-neuf heures trente.

Vos désirs sont des ordres, Mademoiselle. "

Ect... Ect... Quelques mots aimables en allemand à ce Berlinois, pour souligner la qualité de sa dernière enquête. Petite discussion politique en italien à ce journaliste romain, clairement affiché à l'opposition. On salue Sanada-San en prenant des nouvelles de sa santé. En japonais dans le texte évidemment.

Théo, ça faisait longtemps ! Tu ne peux pas savoir comme New-York peut me manquer ! Toi aussi ? Copaaain ! Oui ce blocus est franchement dur à supporter... Comment va ta soeur ? Mariée ? Ah oui, je comprends. Moi c'est mon meilleur ami... Un déjeuner pour te changer les idées, ça te dit ? Demain midi ? Parfait pour moi.

Mlle Daniels, comment allez-vous ? Jolie bague. Vous osez me briser le coeur ? *rires* Félicitations pour vos fiançailles. La date est déjà fixée ? Cet été ? Très bon choix !

Et au fond, à l'écart, trois spectateurs profitaient pleinement de la représentation, entre consternation, admiration, habitude et murmures.

"Machine bien huilée... Je comprends mieux le pourquoi de votre briefing.

Dans ce genre d'exercice, si vous avez la majorité des leaders du groupe dans la poche, c'est toute l'assemblée qui vous mange dans la main. Ils aiment ces attentions.

Et ainsi, il pourrait dire n'importe quoi pendant la conférence...

... qu'ils avaleront la couleuvre sans trop hésiter. L'avantage est que ce sont souvent les mêmes journalistes qui sont attachés à une personnalité, d'autant plus si celle-ci refuse de quitter le territoire britannique depuis cinq ans. Des liens se créent et la manipulation n'en est que plus facile."

Finalement, Lisa accrocha le regard de Dray et lui montra sa montre. Il était temps d'arrêter la danse des sept voiles pour jouer plus sérieusement...

Invités par l'attachée de presse, tout le monde passa dans la pièce voisine où chacun prit place. Face à une cinquantaine de personnes, caméras, magnétos et micros sortis, une table, sur laquelle étaient posés un verre et une bouteille d'eau, attendait Dray qui s'y installa avec son assurance hâbleuse habituelle, complètement en contradiction avec ce qu'il ressentait.

"Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs... Ca faisait un bail, hein ?"

Cette entrée en matière brute, offerte avec un sourire goguenard alors que Dray débouchait sa bouteille pour se servir, tira un rire quasi général à l'assemblée. Les hors d'oeuvre et le champagne devaient faciliter les choses...

"Bien, si vous le permettez, on va rappeler les règles pour les petits nouveaux. Deux questions maximum, juste pour être sûrs de sortir avant le dernier métro."

Sourires amusés. Quelques mains se lèvèrent.

"Honneur aux demoiselles. Mlle Daniels, je vous écoute.

Votre père est vivant, vous a évincé, présente d'obscurs arguments pour s'expliquer. Pourquoi avoir attendu plus d'une semaine avant d'organiser cette conférence ? Cela semble être une reddition. Ou une complicité.

Outch ! On ne peut pas faire plus direct. Vous pourriez me ménager ! Ce n'est que la première question quand même..."

Mélange de rires et de sourires indulgents. Dray Fox dans toute sa splendeur... Mais en quelques secondes, il changea d'attitude abandonnant cette légèreté malicieuse, pour apparaître d'une voix parfaitement neutre comme l'homme d'affaires intraitable. Puisqu'ils voulaient tout de suite commencer avec l'artillerie lourde...

"Ce n'est pas que je n'aime pas nos rencontres, mais pour être tout à fait franc, j'avais d'autres priorités. Apprendre que votre père n'est pas mort est un peu dur à avaler et pose quelques questions, en particulier en matière de gestion et d'organisation. Mon père a fait l'erreur de m'évinscer immédiatement, m'empêchant ainsi de lui passer convenablement le relais que demande un changement aussi radical de direction. Il a fallu régler les complications que cette décision a provoqué au sein de l'entreprise et des affaires courantes. Comprenez donc que vous expliquer la situation n'était pas à l'ordre du jour. Vous me parlez de reddition, je réponds remaniement et prudence. Vous me dites complicité, je vous demande de quoi ? Vous allez me vexer !"

Sourires entendus de part et d'autre.

"Vous voulez donc nous faire croire que vous n'étiez pas au courant ?

Soyons sérieux, M. Eastwood. Si j'avais été au courant des agissements de mon père, il ne perdrait pas son temps à parler de mon instabilité mentale aux collègues de MM Meery et Johnson."

Quelques ricanements narquois, en particulier des deux sus-nommés, s'élèvèrent dans la salle alors que Dray affichait un sourire sarcastique cinglant.

"Alors dites nous donc ce que vous pensez de ses justifications, dont justement votre "instabilité" fait partie.

Honnêtement, rien. Je laisse à des plus compétents que moi, en l'occurence le procureur Joanes Riggs et l'équipe de l'agent Taylor, le soin d'y trouver un sens. Mon père a toujours eu un sens aigu de la scène et l'a prouvé à de maintes reprises. Les plus anciens d'entre vous le savent bien. Je ne vois pas pourquoi ses sept ans de retraite auraient altéré son talent, quelques soient les raisons qu'il peut invoquer pour sa défense." répondit finalement d'un ton imperturbable, le jeune homme d'affaires qui joua quelques secondes avec son verre, observant le mouvement de rotation de l'eau qu'il imprimait, comme s'il s'en fichait assurément. Un brouahah se fit entendre dans la salle de conférence à cette déclaration alors que Dray fixait à présent les journalistes, impassible, les mains jointes, attendant la question suivante avec un détachement tranquille qu'il était en fait loin de ressentir, comme le prouvait le mouvement saccadé de son pied dissimulé bien heureusement sous la table. S'ils savaient ce qu'il pensait réellement sur ce point... Et la question suivante qu'il avait vu venir de loin n'arrangea rien.

"Ainsi vous reprochez à votre père d'avoir fui pour sauver sa vie ? Il vous a pourtant ainsi ouvert les portes d'un empire dont vous avez su lagement profiter.

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, M. Meery. Je ne reprocherai jamais une telle chose à quiconque. Qui ne ferait pas ce choix dans ces circonstances ? Ce que je lui reproche, ce sont les décisions qu'il a prises en amont qui ont conduit à cette obligation. Décisions que la Justice veut éclaircir à juste titre, et qui ont mis notre société en grande difficulté. Comme le fait aujourd'hui son choix de revenir. Les actionnaires ne s'y trompent pas. Une chute de huit pour cent en neuf jours est un avertissement sans appel dont nous devons à tout prix tenir compte. Quant aux profits personnels que vous sous-entendez... là encore, il me semble avoir largement prouvé dans ce domaine que le règne de mon père et le mien étaient très différents. Même votre journal a d'ailleurs fini par reconnaître le mérite de mon changement radical de politique interne." remarqua Dray fermement, détournant discrètement le débat sur les chiffres et mettant les points sur les i. L'autorité qu'il dégageait en cet instant était indiscutable. Il était intouchable sur ce terrain.

"Simon Fox dit pourtant que cette baisse vous est imputable.

Alors il faudra qu'on m'explique pourquoi nos actions étaient, après 181 jours consécutifs, encore en hausse deux minutes avant l'annonce officielle du changement de direction, prenant 0,23 %, et pourquoi elles en perdaient 0,74 dans les cinq minutes qui ont suivi pour en arriver à cette dégringolade." riposta froidement le jeune homme du tac au tac.

"Les chiffres parlent d'eux même et il est regrettable qu'on tente des interprétations hasardeuses. Mon père dit beaucoup de choses en ce moment et je ne peux que lui conseiller de se taire un peu. Ce n'est pas avec de telles justifications qu'il réussira à rassurer nos actionnaires qui ont horreur d'être pris pour des imbéciles. "

Le jeune homme d'affaires observa la foule réagir, avec un plaisir habilement dissimulé. Quelques quintes de toux, des murmures, des regards à la dérobée... Si avec ça, ils ne perdaient pas encore quelques points avant la fin de la semaine, il ne s'appellait plus Fox.

"M Fox, vous caressez les actionnaires dans le sens du poil, c'est dans votre intérêt, vous ne tromperez personne. Faut-il tout de même vous rappeler que vous n'avez pas toujours eu le même discours ?"

Un éclat de rire de la part du sus-nommé, imité comme il se dut par quelques autres journalistes qui étaient ouvertement dans son camp, ponctua cette provocation ouverte. Alors un, il n'était pas destabilisé pour deux sous, deux, cela eut le mérite de détendre l'atmosphère et trois, cela lui ouvrit une porte royale pour enfoncer le clou. De quoi se laisser aller une seconde à l'hilarité, non ?

"A ce que je vois Mlle Daniels, vous êtes toujours fidèle à vous-même. Vous pourriez débouter des ministres avec ce franc parler. Dommage que vos sources soient inexactes."

La journaliste en question eut bien du mal à cacher sa gène devant le sourire amusé de Fox et le rire de ses collègues que le jeune homme provoqua. Le terrain était instable et Dray ne rata pas l'occasion de le prouver.

"Je vous défie de trouver une seule de mes déclarations qui dénigre les décisions de nos actionnaires.

Votre relation a pourtant commencé dans la douleur.

Mais à juste titre ! Un nouveau PDG, de tout juste 19 ans, sans autre expérience que la théorie et à la conduite scandaleuse depuis une paire d'années, n'est pas le meilleur curriculum vitae. Ils ont eu raison d'être inquiets. Je l'étais moi-même, à vrai dire."

Un sourire amusé de son public répondit à cette fine remarque mais Dray en ajouta une couche avec un sourire charmeur et goguenard, les yeux pétillants de malice.

"Et puis votre profession-même ne m'a pas fait de cadeaux à l'époque. Et regardez où nous en sommes aujourd'hui. Une relation de couple idyllique !"

Le sourire se transforma en éclat de rire général alors que Dray soupira imperceptiblement en se redressant de toute sa hauteur pour venir poser ses coudes sur la table. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas dire... Finalement, la salle retrouva à son tour son sérieux :

"Pour en revenir aux explications de Simon Fox pour justifier son incroyable retour parmi les vivants, vous pensez donc que votre père ment et que la justice a raison de réouvrir son dossier ?"

On revenait en zone rouge... Avec nonchalance, Dray se laissa aller contre le dossier de sa chaise, feignant d'être serein. Il se concentra sur son verre qu'il prit soin de remplir une seconde fois avec une lenteur calculée, alors qu'il répondait. Objectif, cacher son regard, qui risquait assurément de le trahir, s'il relâchait son attention. Il fallait jouer la corde sensible, là.

"Vous-même êtes tous d'accord pour parler d'obscurs arguments... Autant j'admire mon père pour son sens inné des affaires et ses facultés de stratège, autant, en tant que fils et successeur, je suis certainement plus ébranlé que n'importe qui par sa "résurrection". J'avais constaté, en prenant la lourde charge de le remplacer, qu'il y avait d'étranges zones d'ombres dans bon nombre d'activités qu'il a mené et j'ai toujours pensé que le crash n'était pas un accident, je ne m'en suis jamais caché. Par contre, à savoir qui est derrière... La mafia colombienne ou quelqu'un d'autre, c'est à la Justice de répondre, pas à moi. J'ai assez de problèmes comme ça.

Mais vous avez votre avis sur la question, n'est-ce pas ?"

On boit quelques gorgées d'eau avant de répondre posément.

"Pour être tout à fait franc, si cela est une satisfaction pour nombre d'entre nous de voir mon père en vie, je ne me sens pourtant pas foncièrement concerné par les raisons de ce miracle. Donc non, je n'ai pas d'avis. Ce qui m'intéresse davantage, c'est de pouvoir rétablir le dialogue avec le Siège de notre société."

Ou comment détourner le débat vers une question moins génante... Evidemment son insistance n'échappa à personne.

"Comment expliquez-vous que votre père ait pris cette décision si radicale de se passer de votre collaboration ?

Je suppose qu'il a du garder à l'esprit l'adolescent rebelle qu'il a quitté. Il serait bien le seul à ne pas avoir vu le changement au cours de ces années, vous me direz. "

A nouveau, quelques rires narquois soulignèrent cette pointe d'ironie avant que Dray ne reprenne de son ton neutre et sec :

"Plus sérieusement, nous avons surtout des styles de gestions très différents, comme les plus spécialisés d'entre vous l'ont plus ou moins finement analysé, dès ma prise de fonctions... Peut-être a-t-il pensé que la cohabitation n'était pas envisageable ? Si c'est le cas, c'est fort dommage, car une multinationale aussi conséquente que la nôtre va subir ce changement radical dans la douleur, alors qu'elle aurait gagné à une alliance. Vous critiquiez sévèrement, à l'époque de mon accession, ma vision des choses. Aujourd'hui, nous savons tous, depuis la Great Recession, qu'une entreprise qui reste sur un management obsolète est condamnée."

Rappel implicite de ses succès, ces dernières années...

"Vous semblez avoir une confiance fort relative dans l'avenir, ou plutôt dans votre père. Surprenant pour quelqu'un qui dit admirer son sens des affaires...

Il m'a menti pendant sept ans, il y a de quoi être méfiant, non ?"

Oups, ça m'a échappé ! Quelle maladresse, vraiment...

"Il a pris la décision de fermer la Maison Fox alors qu'elle rapportait des bénéfices non négligeables, je m'interroge. Il a réduit les fonds alloués à la recherche médicale alors que bon nombre de traitements allaient bientôt aboutir à une commercialisation sur un marché en plein expansion, je m'interroge encore. Il a quasiment mis fin à notre politique de mécénat, qui faisait depuis quelques années notre image de marque et autorité auprès de nos clients et de nos partenaires, je ne m'interroge plus, je m'inquiète.

Vous semblez oublier que c'est votre ancien conseil d'administration qui a pris ces décisions.

Je n'oublie rien du tout. Mais dites les choses comme vous le voulez, ces propositions viennent toutes de Simon Fox et de lui seul. Il a simplement su se montrer... persuasif. Nous savons tous que mon père a toujours su obtenir ce qu'il voulait.

Insinuriez-vous que le Conseil a reçu des pressions ?

Des pressions ?"

Dray fit mine de réfléchir à la question et répondit, pensif, semblant hésiter pour la première fois depuis le début de l'entretien.

"N'exagérons rien. Mon père est un despote, ce n'est un secret pour personne, mais de là à influencer aussi ouvertement ou illégalement les votes... Ce serait un bien grand mot..."

Ou comment faire comprendre le contraire de ce qu'on dit pourtant très clairement.

Quelques autres questions relatives aux affaires, en particulier des journalistes étrangers sur des dossiers nationaux précis, et les tabloïds se manifestèrent.

"M. Fox, comment va Mlle Landôme ?"

Eclats de rires et quintes de toux gênées devant ce sous-entendu douteux, offert avec un sourire sarcastique qui en disait long. Dray se méla naturellement à l'hilarité, à la surprise de beaucoup. Il pouvait définitivement remercier Vaughn pour ses cours...

"Bien, merci de vous en inquiéter. " répondit-il finalement en essuyant le coin de ses yeux, en "retrouvant avec difficulté" son sérieux.

"Cela faisait longtemps que vous ne nous aviez pas offert un petit air de scandale, Dray. Ca fait plaisir !"

Nouvelle hilarité générale.

Eh oui, cinq ans, si je compte bien. Et malheureusement pour vous, ça va continuer comme ça pendant longtemps, parce que je n'ai pas l'intention de renouer avec mes mauvaises habitudes.

"Votre père a pourtant insinué que vous étiez impliqué de... très près... dans le départ précipité de son épouse. Que c'était d'ailleurs pour ça qu'on ne parvenait pas à vous joindre l'un comme l'autre. Que répondez-vous à ces accusations ?

Rien. Que voulez-vous que je réponde à de telles inepties ? J'ai déjà répondu à la question de mon silence. Pour celui de Mlle Landôme, j'ai bien peur qu'elle soit la seule à pouvoir répondre."

Dray laissa un court silence s'installer, prenant un air franchement inquiet et hésitant à parler. Le moment semblait important. Finalement le jeune adulte se lança avec "prudence" :

"Mais comme vous le savez, j'ai toujours mis un point d'honneur à ce que le Groupe soit activement impliqué dans la lutte contre les violences conjugales et je ne peux donc qu'approuver ma belle-mère dans son choix de partir et demander le divorce. J'encourage d'ailleurs ouvertement toute personne dans la même situation dramatique à prendre cette décision courageuse. "

A nouveau, les journalistes s'agitèrent, sous le regard d'un Fox particulièrement satisfait de l'effet de cette nouvelle, lâchée avec gravité et une fausse retenue touchante. Vous vous rendez compte ? Mon père m'oblige à déballer nos affaires de famille, c'est triste. Restons discrets, malgré tout, voulez-vous...

"Alors vous démentez toute liaison avec Béa Landôme ?

Je ne perdrais ni mon temps, ni le vôtre à répondre à ça." conclut alors Dray froidement et avec un mépris cette fois clairement affiché.

"Ces accusations contre votre père sont graves.

Quelles accusations ? Contrairement à ce que lui a pu déclarer ces derniers jours, ce sont des faits prouvés, dossier médical à l'appui, et reconnus officiellement par un juge en date de vendredi, sous le motif d'abandon du domicile conjugal."

Voilà, ça, c'était dit. Puisque son père voulait jouer à qui ternirait la réputation de l'autre le plus vite, on allait commencer par ça...

"Si m'imputer le fiasco de son mariage soulage mon père, soit. Il n'a de toute façon jamais été très prompt à reconnaître ses responsabilités. Ses sept années d'absence et ses agissements depuis son retour en sont d'ailleurs de parfaits exemples, s'il en fallait. Je le trouve d'ailleurs gonflé de me faire des leçons de morale par votre intermédiaire, après ce qu'il a fait avant-hier, alors que comme vous le dites vous-même, moi, je me tiens à carreau depuis un moment maintenant ! "

... et on embrayait. Petit air outré et scandalisé. Refrain parfait titré "Il vaut mieux balayer le pas de sa porte avant de critiquer celui de son rejeton...". On attrape pas les billywigs avec du vinaigre. Poisson mordra ? Mordra pas ?

Vent d'interrogation parmi les troupes, on se regarde de biais, on murmure. T'es au courant, toi ? Tu sais de quoi il parle ? Mouvements de tête négatifs. Un plus courageux que les autres :

"Vous en dites trop ou pas assez, Monsier Fox !"

Mordra !

"Quoi, vous n'êtes pas au courant ?"

Je suis surpris vraiment !

"Moi qui pensais que cela avait fait le tour de vos rédactions ! Je croyais que vous aviez soif de scandale ? Je vous ai connu plus efficaces quand il s'agissait de mes prouesses. Mon père aurait-il droit à un traitement de faveur ?"

Une vague de murmures embarrassés vint essuyer le ton cynique de Fox qui, sur ce coup, semblait prendre un malin plaisir à les épingler, alors que Lisa s'était approchée des journalistes pour distribuer une photo où l'on voyait clairement Simon et quelques partenaires du Groupe aux bras de jolies jeunes femmes.

"Comment puis-je savoir que mon père a alloué le service... d'escort-girls, dira-t-on..., au frais de la princesse, sans quitter le pays et vous passer à coté ? Franchement, vous me décevez... Vous pouvez garder la photo, c'est cadeau. Si vous voulez l'identité de ces charmantes demoiselles et le nom de l'agence pour vérifications, adressez-vous à Lisa, elle vous fera une joie de vous fournir la liste."

Certains journalistes, tel Louis Jonhson qui ne regrettait définitivement pas le déplacement et le report d'un jour de son rendez-vous avec les truites, étaient clairement morts de rire devant ce coup de théatre mais d'autres avaient l'air de recevoir une douche froide et tous fixaient à présent, Dray qui les provoquait ouvertement du regard, sardonique et dont la nonchalance suintait clairement le danger. Il prenait son pied et il ne le cachait pas.

Son père voulait le compromettre ? Il allait comprendre sa douleur... Le message était clair : ne me sous-estime plus jamais. Je suis aussi bon que toi, si ce n'est meilleur, à ce petit jeu. N'empêche, il se demandait bien comment ils allaient s'en tirer de celle là, au Siège... Mais n'avait-il pas promis à son père qu'il allait rendre son retour désagréable ? Il n'avait qu'une parole, c'était bien connu...

Au fond de la salle, deux garçons observaient ce retournement de situation avec une certaine stupéfaction, mais ne boudaient pas leur plaisir. Il aurait été dommage de rater un tel spectacle savemment orchestré...

Il fallut quelques minutes pour que l'assistance retrouve son rythme. On passera sous silence les questions spontanées que cette bombe déclencha mais qui n'avaient pas grand intérêt. De fil en aiguille, et après une autre bonne quinzaine de questions, on s'approcha de la fin de cette mascarade et une demi-heure plus tard, ce fut Jonhson qui leva la main pour conclure à sa manière :

"Dernière question, Dray. Je sais c'est la troisième mais puisque vous savez que je quitte le service demain, faites-moi plaisir. Dites nous enfin pourquoi vous avez pris la décision de vous exiler chez les rosbifs, il y a cinq ans ?"

Dray éclata de rire à cette question, suivi de près par les habitués.

"C'est malin ! M'étonnais aussi que vous ne l'aviez pas encore posé, celle-là, Louis ! Je vous répondrais comme d'habitude le climat ! Je ne vais pas balancer le secret du mystère de mon charme, pour vos beaux yeux.

Faux frère ! Les raisons de votre exentricité auraient été le clou de ma carrière.

N'en faites pas trop non plus !"

Hilarité générale.

"Allez-vous rentrer aux Etats-Unis à présent que vous n'êtes plus PDG du Groupe Fox ?

Ah, je désespérais d'entendre votre voix, Mlle Bridge. Cela aurait été fort dommage."

Sourire complice à la demoiselle, écarlate. Et oui ma jolie, tu es repérée.

"Très bonne question au demeurant, Miss."

Petit compliment pour te rassurer. Allez détends-toi, va, je ne vais pas te manger.

"Et la réponse est non. J'ai des obligations d'ordre personnel qui me retiennent en Angleterre et même si je tiens sans conteste à mes fonctions, toute cette consternante affaire est loin de valoir ce que j'ai trouvé ici. "

Dray ne put s'empêcher de jeter un coup d'oeil rapide dans le fond de la salle alors qu'il affichait l'un de ces trop rares sourires sincères. Oui, il avait eu le temps de réfléchir ces derniers jours... Ses priorités changeaient, présidence et blocus ou pas.

"Pour conclure donc, sans langue de bois et sans artifice, il est clairement dit que vous allez entrer en conflit avec votre père pour le fauteuil de la présidence du Groupe, n'est-ce pas, Monsieur Fox ?"

Ah ben enfin une qui posait ouvertement la question ! Elle irait loin, cette gamine. Parce qu'il n'avait pas foncièrement envie de répondre aussi franchement, lui. Pas pour rien qu'il jouait les anguilles depuis le début, même si le message était aussi clair.

Dans un soupir qu'il ne dissimula pas, Day prit un air désolé. Je ne voulais pas en arriver là, vraiment...

"Mon père m'y oblige, puisqu'il refuse toute conciliation. Cette conférence n'a d'autre but que de lui démontrer que ses manoeuvres sont vaines et ses attaques stériles. Il faudra nécessairement qu'il compte avec moi, car je n'ai pas l'intention de le laisser mettre à mal les sept longues années de travail de mon équipe et de nos partenaires."

Lisa intervint soudain de sa voix autoritaire. L'heure, c'était l'heure.

Dernière question."

"Pourquoi ne pas abandonner, Fox ? Après tout, il faut vous faire une raison, non ? Votre père est dans son droit. Et ma foi, le Groupe se portait très bien sous l'administration de son fondateur ! Elle a duré trente ans, sans un accroc boursier ou simplement budgétaire et vous pronez aujourd'hui la catastrophe. La chute actuelle des actions ne serait-elle pas due à vos dissensions avec votre père et non à ses décisions ? Vous avez perdu votre trône est vous l'avez mauvaise, voilà tout. Nous l'avons tous bien compris, vous voulez récupérer votre pouvoir, comme il a réussi à récuperer le sien, reconnaissez-le."

Il fallut un instant au New-yorkais pour encaisser le choc de cette attaque directe. Il avait attendu son heure, cet enfoiré... Dray, mon vieux, on reste calme, on ne serre pas les poings, prends ton verre sans le casser et bois une gorgée... Le jeune adulte eut besoin de quelques secondes et une profonde inspiration pour prendre sur lui et pouvoir se lancer froidement et avec sa fermeté professionnelle habituelle.

"Je vous en prie, arrêtons cette fausse naïveté mercantile. Nous parlons ici de milliards de dollars et d'un réseau d'influence redoutable, soit. Mais, puisque vous en appellez à l'honnêteté, M. Eastwood, j'ai largement démontré, moi aussi sans accroc, que je n'utilisais l'un et l'autre que pour la cause la plus juste possible et les intérêts du plus grand nombre de nos actionnaires, y compris les plus modestes d'entre eux, alors que mon père a, lui, largement eu le temps de prouver, comme vous l'avez souligné, que ce n'était que les siens ou ceux de ses relations qu'il servait.

Il est très mal venu pour des gens de notre position, de perdre de vue et d'oublier que des milliers de personnes dépendent de nous. Autant par les emplois que par les nombreux services proposés par nos entreprises. Sans compter un certain nombre de prestations philantropiques, mis en oeuvre sous mon administration. Ce n'est pas sous le règne de mon père que le Groupe s'est ouvert au développement durable et donc l'avenir, c'est sous le mien. Et pardonnez ma prétention, mais il est inconcevable que nous laissions aujourd'hui tomber nos convictions et notre moralité. Nous avons trop progressé vers le haut et trop sacrifié pour que je puisse cautionner que le Groupe revienne à cette époque archaïque qu'était l'administration de Simon Fox.

Et si vous voulez un exemple concret de ce que j'avance, le Groupe a validé hier un nouveau projet d'armements et a signé un contrat avec un régime dictatorial, ce qui n'était pas arrivé depuis sept ans. Et vous trouvez que ce n'est pas une bonne raison pour que je tire la sonnette d'alarme ?"


Finalement, il ne s'en était pas trop mal tiré et avait eu le dernier mot par la force des choses. Lisa, autoritaire, mit fin à l'entretien et invita les journalistes à retourner dans la salle du buffet, s'ils le désiraient.

La salle vidée de ses participants, Dray, le visage dissimulé avec soin dans ses mains, les coudes appuyés sur la table, souffla profondément pour relâcher la pression alors que Sei et Tetsu venaient à sa rencontre.

"Jolie prestation..."

Le ton narquois de l'Eurasien obligea le New-Yorkais à écarter les doigts pour leur jeter un coup d'oeil résigné et fatigué. "T'en a encore des comme ça ?" semblait-il vouloir dire.

"Vous vous congratulerez plus tard, vous n'avez pas fini, je vous le rapelle !"

Derrière les deux cadets du New-Yorkais qui n'avait pourtant pas l'impression d'avoir dit quelque chose, Lisa s'était approchée discrètement et l'invitait à sa manière à entamer la deuxième partie des hostilités. Nouveau coup d'oeil identique au premier à ses coloc'. Avec une petite nuance... "J'en ai marre, je veux me casser !" Sourires compatissants. Du moins, un sûr chez Tetsuya et l'autre, c'était si on partait de l'hypothèse que Sei savait intérieurement sourire de manière compatissante...

"Les sorciers vous attendent dans l'un des petits salons.

Et bien, ils m'attendront encore cinq minutes ! Là, c'est pause clope !" râla finalement Dray, en se levant ou plutôt en sautant littéralement de sa chaise, n'appréciant pas que la filleule de son mentor insiste et preuve qu'il avait urgemment besoin de se défouler. Nom de dieu, ils allaient pas commencer à le faire chier ! Il s'était montré patient et efficace, il avait le droit à une pause syndicale avant de remettre le couvert, non mais.

"Bah, je peux bien vous en laisser dix." répondit sans se démonter une rouquine qui connaissait bien l'animal.

Et donc une dizaine de minutes plus tard, on recommença avec les douzes candidats restants. Enfin, en principe, ça devait être beaucoup plus court, puisqu'ils avaient eu droit à un travail de sape non négligeable. Et d'ailleurs Dray entama les hostilités en soulignant ce fait.

"Bien, vous avez encore des questions, braves gens ?" s'exclama-t-il en entrant, d'un ton espiègle. Un sourire général lui répondit alors qu'il prenait place avec sa nonchalance hâbleuse coutumière dans un fauteuil de cuir au milieu des journalistes qui avaient, eux-même, investi ses frères et les canapés.

"Les moldus ne font pas un aussi mauvais boulot que ça... Ils nous ont bien mâché le travail.

Non, ils sont pires que vous en réalité. Ils ne lâchent rien, c'est horrible."

Un léger rire général ponctua cette remarque dite sur un ton mélo-dramatique relativement comique alors que le jeune adulte avait posé élegamment ses bras sur les accoudoirs.

"On va te plaindre tiens !" appuya la jolie Romane cette fois en anglais, pour taquiner le jeune homme d'affaires qui lui adressa un sourire narquois en guise de réponse.

"Ben tiens, puisque tu es sans coeur, lance donc la partie.

Petit malin. Les vraies raisons de ton silence pendant une semaine ?

Pourquoi penses-tu que j'ai menti ?

Dray, tu peux sortir nimporte quelle belle histoire aux moldus, on te connait tous ici. Tu n'aurais pas attendu aussi longtemps pour répondre à ton père, si tu avais pu faire autrement.

Eh, tu vois que je n'ai pas menti. C'est exactement ce que j'ai dit. Je n'ai pas pu organiser cette conférence avant parce que j'ai eu des problèmes d'organisation. Il n'y a rien d'autre à dire.

Votre père vous a littéralement éjecté du Groupe et vous a retiré toute prétention à un quelconque poste, je ne vois pas quelles "affaires courantes au sein de l'entreprise" vous aviez à régler, puisque théoriquement vous n'avez plus autorité.

Je retire ce que j'ai dit, vous êtes pires que les moldus..."

Sourires de convenance.

" Ces affaires ne concernent que moi et mon équipe, M. Ambrose. Les intérêts en jeu sont trop grands pour que nous ne prenions pas le temps de la réflexion. La précipitation serait notre perte. Vous avez bien compris que la situation était tendue entre mon père et moi. Or il a un avantage certain : je suis, comme vous pour la plupart, coincé en Grande Bretagne. Ce qui demande une stratégie et une organisation particulières, vous en conviendrez. De plus, nous avons eu quelques soucis de communication, au sens propre, indépendants de notre volonté qu'il a fallu corriger. D'où cette perte de temps précieux que vous soulignez."

Inconsciemment, Dray joua du pouce avec sa bague, un éclair mauvais dans le regard. Des problèmes de communication, c'était un euphémisme... Rien que pour faire payer son incartement à son père, il allait tout mettre en oeuvre pour lui rendre la vie impossible. On ne l'effaçait pas de la carte du monde sans recevoir de ses nouvelles.

"Comment une machinerie aussi rodée que le Groupe Fox peut-elle avoir des soucis de communication ?

Et bien depuis que le PDG est à cinq mille kilomètres du Siège de son entreprise ! Parfois, il y a quelques ratés. Au plus mauvais moment, cette fois, j'en conviens.

Ex Pdg...

Détail.

Gros détail !

Chassé-croisé routinier."

Eclats de rire devant cet échange éclair et cette conclusion narquoise dont le message était évident. Au delà de l'histoire assez cocasse de leurs titres respectifs (après tout, Simon avait été l'ex Pdg de la société éponyme pendant que son fils était le PDG actif et inversement à présent, et on était reparti pour un nouveau mouvement de balancier), la guerre entre les Fox n'était pas prête de s'éteindre, à présent que la mêche était allumée.

"Sérieusement Dray, tu n'as pas plus intérêt à laisser couler ? Après tout, reconnais que ta gouvernance a été chaotique et que ta politique de mixité entre sorciers et moldus pose de nombreux problèmes. Il est peut-être temps d'arrêter les frais.

Jamais Théo. Si j'étais seul concerné, je te dirais peut-être qu'en effet, j'abandonne. Le problème, c'est que ce n'est pas le cas. D'autres ont donné plus que moi pour la bonne marche de nos projets. Et pour ces personnes, il est hors de question que je cède ma place sans me battre. Comme je l'ai dit en réponse à Eastwood, on ne peut pas rayer nos convictions et notre moralité, et je te dirais à toi, encore moins pour des prétextes de facilité. Et puis ma gouvernance a peut-être été chaotique mais pourtant tout le monde semble s'accorder à dire que je n'ai pas été si mauvais que ça. Malgré tout.

Justement, à propos de ce malgré tout et puisque tu parles de sacrifice, Stuart était quand même chèrement payé ! "

Dray soupira à cette attaque qu'il trouvait un peu trop redondante à son goût.

"Oui, c'est vrai. Le prix était inacceptable. Mais ce n'est pas ma politique qui est responsable de l'addition, ce sont ceux qui sont les instigateurs de cette guerre dans laquelle est plongé ce pays. Pire, leur idéologie se propage dans le monde, et nous nous terrons dans le silence, en détournant le regard. Les ignorer, ce sont les avantager. Il faut des contre-mesures quelles qu'elles soient et proposer ouvertement d'autres systèmes de valeurs auxquels se raccrocher. Et si je peux y contribuer d'une manière ou d'une autre, je n'hésiterai jamais.

Et pour ce faire, vous êtes prêt à mettre le Groupe Fox en position dangeureuse ? Encore une fois, Stuart est un bon exemple...

C'est le seul que vous ayez surtout. Vous savez pourquoi mon père a créé le Groupe ?

Je dois reconnaître que non...

Parce que ce sorcier ambitieux a constaté très intelligemment qu'on gagnait bien plus de fric en travaillant autant avec les moldus qu'avec ceux partageant ses origines. Ce n'est pas moi qui ait entamé cette politique de mixité, je vous le rappelle. Je ne fais que continuer à développer un concept que Simon a lancé, à la différence notable que j'ai des fins plus humanistes que les siennes. Tenter le rapprochement des deux mondes par conviction ou par intérêt ne fait aucune différence. Vous êtes en fait en train de me demander si le principe même de l'existence du Groupe est un danger pour l'existence du Groupe. Reconnaissez qu'on se mord la queue là."

Un léger rire un peu contraint vint secouer l'assistance à ce résumé. Vu ainsi forcément...

"Je comprends vos inquiétudes. Mais avant Stuart justement, personne n'est venu nous poser la question de savoir si nous ne mettions pas la société en situation précaire. Nous n'avions pas peur avant. Et pour ma part, je ne veux pas vivre dans la crainte.

N'avez-vous pas ce raisonnement parce que vous êtes un Sang mélé, M. Fox ?

Quand bien même ! Je suis sorcier ! Et je serais moldu que je serais toujours le même, la baguette magique en moins. Là n'est pas le problème dans ce débat. La question est : en tant qu'Homme, peut-on tolérer qu'un hasard de naissance justifie le massacre d'autres êtres humains, sous prétexte qu'ils n'ont pas de pouvoirs magiques ?

Justement les moldus n'ont pas fait mieux dans leur Histoire, sur les "hasards de naissance".

Justement je ne vois pas beaucoup de différence entre leurs livres d'Histoire et les nôtres. Vous trouvez, vous, que les victimes de Stuart et les centaines d'autres qui remplissent les cimetières britanniques depuis presque quinze ans, est une meilleure leçon d'humanité à donner ?"

Un silence pesant et gêné ponctua cette remarque glaciale.

"Ah, il faut être en accord avec ses idées ! Quelque soit le visage ou le nom qu'elle prend, la haine reste la haine. Et si vous jugez l'une de ses manifestations irrecevable, il doit en être de même pour les autres. Quelques soient vos origines."

Cette réponse conclut le débat de façon nette et définitive. Dray jouait avec le feu avec de tels discours, il le savait bien. Mais ils étaient déjà peu nombreux à dire ouvertement qu'il existait d'autres solutions que celle qu'un psychopathe proposait alors on n'allait pas s'autocensurer quand on avait l'occasion d'avoir la parole ! Il savait déjà que la Gazette allait couper dans le vif. Mais eux savaient que s'ils allaient trop loin dans la censure et déformaient ses propos, ses avocats leur tomberaient dessus. Ce ne serait pas la premièrefois. Les journaux étrangers par contre...

Bref, laissant cela de côté, la conférence prit une direction plus classique. Les affaires sorcières de la société bien sûr, des questions techniques sur des contrats sensibles dans des pays voisins, les décisions paternelles encore, et surtout la question judiciaire du dossier Fox.

"Que pensez-vous de la décision du Sécrétariat d'Etat à la Justice de laisser les pleins droits au Secrétariat d'Etat à la Magie pour juger de la culpabilité de votre père ? N'est-ce pas aux moldus de s'occuper de prouver qu'il y a eu délits ? Après tout, ce sont eux que les accusations contre votre père désignent comme victimes.

Je me permets de préciser que la situation est plus complexe et que certains dossiers réouverts concernent aussi notre coté, mais passons. Pour répondre à votre question, mon père est un citoyen sorcier, il semblerait logique que ce soit notre Secrétariat qui se charge de l'enquête. Surtout, en ces temps troublés où tout le monde semble d'accord pour dire qu'il faut renforcer le secret de notre existence. Et qu'importe de qui vient la sentence, tant que Justice est rendue."

Ce fut cette question qui conclut définitivement l'entretien. Comme elle l'avait fait un peu avant, Lisa invita les journalistes à sortir et ne resta dans la pièce que Seiki, Tetsuya, Dray et elle.

Le New-yorkais s'affala complètement dans le fauteuil en fermant les yeux dans un soupir pesant, dès que le dernier représentant de la presse fut dehors, sous le regard de ses deux amis. Il y avait pas mal de chances que cette étrange après-midi revienne dans leurs conversations mais pour l'instant, un index sur les lèvres, Fox leur fit comprendre que ce n'était pas le moment de converser justement. L'attitude de leur aîné était un message clair : c'est fini alors on ne m'en parle plus, sinon je mords. Même Lisa jugea bon de ne rien dire.

Ils restèrent dans le silence du petit salon, pendant quelques minutes, respectant le calme imposé par l'Américain, jusqu'à ce que celui-ci rouvre les yeux et se lève prestement avec une énergie insoupçonnée quelques secondes avant.

"Mes amis, c'est à présent l'heure de déconner ! Je paie l'hôtel et on se casse ! Lisa, on fera le debriefing demain matin. Neuf heures.

Mais...

Ce n'est pas négociable. C'est demain ou pas du tout. Assez eu de corvées pour aujourd'hui !

Bien Monsieur...

Parfait."

La fin temporaire des obligations de Dray fut dignement fêtée le reste de l'après-midi et une bonne partie de la soirée par les trois garçons qui commençaient à connaître Londres et ses coins les plus funs comme leurs poches, l'Américain remerciant comme il se devait ses deux cadets pour leur soutien. Ils ne rentrèrent à Poudlard que relativement tard à leur plus grand plaisir. On avançait lentement mais on avançait. Au moins, ce point là était-il réglé, du point de vue de Dray qui allait pouvoir savourer ce qu'il devinait comme une victoire. C'était toujours ça de pris, vu ce qui l'attendait dans un futur plus ou moins proche...
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeLun 15 Avr 2013 - 22:57

Alors, franchement, celle-là, elle ne s'y était pas attendue. Et ils étaient peu nombreux capables de la surprendre. Ben merde alors... Une jeune femme, vingt ou trente ans, assise fort élégamment au bar du St James relut pour la énième fois (elle avait arrêté de compter à force...) la petite annonce apparue dans une bonne dizaine de quotidiens nationaux, moldus comme sorciers, depuis quatre jours. Elle les avait énumérées. 52 ! Un vrai matraquage. Et celle qu'elle tenait dans la main était celle de la gazette du sorcier du jour.

Dans le journal, il y a écrit:
"Blue Deamon VS Jinx DC SQXUD QZCUT KQZ A03227M"

Nébuleux, n'est-ce pas ? Allez, on va être sympas, on va vous traduire le plus strange.

"Blue Deamon Versus Jinx, ST JAMES HÔTEL BAR 27-03 2.00 PM"

ou encore :

"Dray Fox donne rendez vous à Djenesa Parker au bar du St James Hôtel, le 27 mars à 2.00 pm."

Djenesa Parker, c'était elle. Blue Deamon... A cause du tatouage qu'elle portait entre les omoplates, un dragon bleu et noir. Et elle n'en revenait toujours pas. Ce code et ce surnom, Jinx, la poisse, elle ne les avait pas vus depuis... Pfiout !, au moins huit ans. Alors comme ça, Dray était à Londres... Cette idée qui passait un peu en boucle fit sourire la demoiselle pour la énième fois aussi. Un mélange de contentement et d'ironie bien dosée. La vie parfois avait un drôle de sens de l'humour. C'était pour ce genre de surprises qu'elle l'aimait, cette chienne. La question toutefois qu'elle se posait, c'était ce que lui voulait l'Américain. Vu la détermination qu'il avait mis à lui faire passer le message dans une véritable convocation qu'il lui aurait été difficile de louper, après autant d'années sans nouvelles, ça ne devait pas être de la pisse de kneazle. Mais que ce soit bien clair ! C'était bien parce que Fox avait été un ami (était toujours étant beaucoup moins certain quand on connaissait l'un et l'autre...) qu'elle avait "accepté l'invitation". La brune regarda finalement sa montre. 13H55... L'heure approchait. Il n'était plus utile de s'interroger davantage sans plus d'informations. Elle allait dans quelques minutes savoir de quoi il en retournait. Dray serait-il à l'heure par contre ? Là, on lançait les paris. S'il n'avait pas trop changé, la donnée serait aléatoire. Vu qu'il était capable de tout et de son contraire... Djen soupira avant de siroter son gin tonic.

Pour être tout à fait honnête, elle avait eu le temps de se faire une petite idée du pourquoi du comment pendant le week-end. Elle avait tout de suite repéré l'annonce dès le samedi matin. Mais trois jours c'était un délai un peu court pour faire une enquête digne de ce nom. Pourtant, la veille, elle avait été faire un petit tour à la succursale de la Fox dans la City. Physiquement, Dray n'avait pas trop changé. Toujours la même belle gueule de play-boy. Les traits du gamin qu'elle avait connu avaient naturellement disparu au profit de ceux de l'homme de trente ans mais ça lui allait foutrement bien, comme ils s'amusaient si souvent à dire... Elle aussi dans le fond avait du changer. C'était dans l'ordre des choses quand on se connaissait pendant l'adolescence, qu'on se perdait de vue à vingt ans et qu'on se retrouvait à l'aube de la trentaine... Elle avait discrètement glissé un pisteur dans sa poche et suivi une bonne partie de la journée, jusqu'au soir où il avait transplané. Elle dut reconnaître que voir que cela avait été à Poudlard l'avait... intriguée. Bon, laissée sur le cul était plus exact. Elle savait additionner deux et deux et elle ne croyait pas aux coïncidences. A trois jours de sa visite nocturne, fallait être con pour ne pas voir le rapport.

Et à vrai dire, elle s'était demandée si elle avait du soucis à se faire... C'était que bon, les flics étaient peut-être des boulets mais une dénonciation bien pesée et elle se retrouvait aux nioufs en moins de deux ! Et s'il y en avait un qui avait du lourd à balancer, c'était lui. Non. Dray ne la trahirait pas, même s'il y avait soudain un contentieux entre eux à cause de ce plan foireux. Pas parce que ce n'était pas le genre du renard mais simplement parce qu'elle en avait tout autant sur son compte... Ça ne se perdait pas de vue ça, même après huit ans. C'était ce qui avait fait leur entente. Un système de confiance un peu bizarre, on ne le nierait pas. Un cran de sûreté sur la détente supplémentaire. Juste pour être sûr de l'autre quoi qu'il se passe... Comme le fait qu'il se soit rangé pour prendre la place de son père... Décision de con, oui ! S'enchaîner comme ça, fallait vraiment être à la masse ! Ça, elle le lui reprocherait jusqu'à ce que l'un ou l'autre bouffe les pissenlits par la racine ! C'était bien la plus grosse connerie qu'il avait jamais fait, cet abruti.

Et à réfléchir ainsi et à râler sur le passé, les cinq minutes qui restaient été passées. Et à 14 heures tapantes, Dray Fox fit son entrée dans la salle du restaurant du bar. C'était limite un miracle, ça, madame ! Ça voulait surtout dire qu'il était vachement remonté et/ou en mode affaires. Elle avait vite appris que c'était bien le domaine, s'il en fallait un, où l'Américain était toujours ponctuel. La voleuse observa approcher l'homme d'affaires sans un geste mais avec ce sourire narquois qu'elle aimait tant arborer. Mais elle sut très vite à quoi s'en tenir. Quand Dray la repéra, il posa un regard glacial et sévère sur elle, loin de cette attitude hâbleuse qu'elle lui avait connu. Enfin ce n'était pas ce qui allait la démonter. Elle s'adressa au barman quand elle fut sûre que son ancien camarade (vu le regard qui tue, on allait pour le moment partir de ce postulat...) soit à portée.

"Une vodka glace pour Monsieur."

Elle embraya tout de suite, l'air de rien en se reprenant son verre et la fine paille qui allait avec :

"Je te sauterais bien au cou, Jinx, mais j'ai comme dans l'idée que ce n'est pas l'ambiance."

Ça... Si vraiment elle avait vu juste, elle allait se faire surtout appeler Jules, si comme elle l'avait deviné, il squattait le château. … Mais qu'est-ce qu'il foutait là-bas d'ailleurs cet idiot ? Et pourquoi elle n'avait pas vu son nom quand elle avait sondé le terrain ? Elle était pourtant sûre d'avoir bien vérifié la liste des habitants et de ne pas avoir vu sa seigneurie. Il n'y avait que lui pour lui faire ces coups-là... Il était le spécialiste pour se retrouver sur son chemin, sans que rien ne le laisse supposer.

"Ne dis rien ! Je sais ce que tu crois savoir." dit-elle avec un sourire vaurien pour dire de faire ce qu'elle savait faire de mieux : emmerder le monde.

"Je sais que tu as un lien avec le collège Poudlard. Je sais qu'il s'est fait visiter, jeudi, tous les bas fonds sorciers de la ville en parle. Et je parierai une toile de maître que tu crois que je sais quelque chose. Voire que je suis dans le coup. Sinon, je ne vois pas pourquoi tu me supplierais de me voir par nos vieux moyens, du jour au lendemain après des années. Alors comment que ça va, mon p'tit chou ? Toujours aussi baisable, à ce que je vois."

Et ce dernier commentaire fort provocateur, fut accompagné d'un clin d’œil tout ce qu'il y avait d'abusé. Et alors qu'elle souriait en coin, elle était à peu près certaine que rien que ça risquait de déclencher la tempête, vu la tronche de rottweiler prêt à lui sauter dessus qu'il tirait. C'était qu'elle les connaissait bien, les colères de Fox...


[Ouh, dur dur de reprendre après autant de temps ! XD J'espère que je ne t'ai pas fait trop attendre, par contre ^^]
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Dray Fox
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeVen 19 Avr 2013 - 20:51

[Pas de problème, t'inquiète ! ^^]


Alors que ce soit bien clair, Dray était vachement remonté, ouais carrément !, ET en mode affaires. En fait, il sortait même tout juste d'une conférence dans une des salles appropriées de l'hôtel et venait de laisser ses collaborateurs dans le hall pour rejoindre la cambrioleuse. Tout était planifié chez Dray. Une suite de créneaux très précis. Même le temps qu'il réservait à ses proches était inscrit dans son agenda, pour dire ! Comment vouliez-vous qu'il s'en sorte et n'oublie rien ni personne sinon... Et c'était pour ça qu'il avait donné rendez-vous à la belle au bar. Gagner du temps. Aussi, être en retard dans ces conditions auraient été un comble quand même, même pour lui.

Il avait donc été à l'heure oui quand il fit son entrée et il eut tôt fait de voir que Djenesa avait répondu à son appel catégorique. Ça, il n'avait pas fait les choses à moitié pour entrer en contact. Aux grands maux, les grands moyens ! Parce que fallait pas déconner, là ! Qu'elle dépouille Poudlard, déjà, il l'avait mauvaise, mais Vaughn... Alors là... Très mauvais calcul. Et si ce n'était pas son genre de la balancer aux flics, ça pourrait bien le devenir, et qu'elle n'oublie pas à qui elle avait à faire ! Les Fox étaient retors et si la réciprocité avait été une menace pour lui dans le passé, ce n'était plus vraiment le cas à l'heure actuelle ! Ou plutôt là, il n'en avait rien à foutre.

Alors forcément, quand il la vit, le regard fut en effet très sympathique. Elle l'avait déçu, et ça, ce n'était pas la meilleure chose à faire pour rester dans les petits papiers du jeune homme d'affaires. Surtout après autant de temps et une séparation plus ou moins houleuse. Djenesa n'avait pas accepté sa décision de prendre la suite de son père. Elle l'avait ressentie comme une trahison, il le savait bien, et leurs rapports s'étaient beaucoup refroidis par la suite pour finir par se perdre de vue pour de bon quand il se fiança à Karine. Leurs vies respectives avaient pris des chemins diamétralement opposés. Mais là, on était passé à un autre niveau. On ne s'en prenait pas aux amis du New-yorker. Et là entre Umi-chan et Vaughn, la brune avait fait coup double. Alors ouais, elle allait se faire appeler Jules et se faire en fait carrément démonter. Elle qui se vantait de toujours préparer ses coups au poil de cul et d'avoir toujours un plan B et toute la panoplie, elle s'était vautrée en beauté là, parce que si elle avait bien fait son affaire justement, elle aurait su que sa cible était classée intouchable. Et si cela lui avait échappé, elle allait vite être mise au parfum, la peste.

"Non, un café pour Monsieur." corrigea-t-il froidement au barman quand il entendit son ancienne petite camarade de jeu passer commande pour lui, alors qu'il n'avait pas changé d'un iota d'attitude.

"T'as deviné ça toute seule ? Je te félicite, Parker ! Mais ce sera Fox pour toi."

Même pas Dray... L'ordre avait claqué durement. Et en russe, ce qui renforça nettement la perception. Habitude qu'ils avaient prise pour parler de choses qui devaient restés seulement entre eux et généralement, c'était plus les mauvais coups qu'autre chose. Le ton était donné. Ils étaient là pour s'expliquer. L'Américain était vraiment en colère et il n'avait pas du tout envie de plaisanter. Et encore moins de ce passé dont elle faisait partie et que ce surnom lui rappelait désagréablement au point de lui tirer un léger rictus dégoûte quand il l'entendit. C'était une de ses trouvailles à cette chipie, et s'il avait toléré son emploi quand ils étaient amis, (de sa part seulement, soit dit en passant et que ce soit bien enregistré...) aujourd'hui, il l'horripilait pour de bon. Et ce, en bonne partie parce qu'il était toujours d'actualité... Il y avait des trucs qui énervaient, passés un certain stade dans le comique de répétition.

L'aventurier écouta finalement la voleuse faire son speech et plus elle parlait, plus l'expression de Fox se durcit et s'assombrit si c'était encore possible. Il ne fut pas étonné ni qu'elle sache pourquoi il avait tant insisté pour ce rendez-vous, ni qu'elle se fiche de lui aussi ouvertement. Elle n'avait pas changé d'un pouce. Lui un peu quand même... Certes, il partit au quart de tour. Mais les tempêtes mettaient plus de temps à souffler. Il en avait quand même gagné, surtout ces dernières années en particulier. Faut dire qu'avec les coups de pute à répétition de "papa", il y avait de quoi apprendre à relativiser... Aussi, aussi étonnant que ce fut, Dray répondit d'abord relativement posément. Bon, si Djenesa continuait dans cette voie, ça ne durerait pas, fallait pas rêver. Le ton cassant et dur était un avertissement très net. Et puis, il la prévint très explicitement de toute façon alors qu'il croisait les bras en signe d'impatience.

"Tu vas tout de suite arrêter de me prendre pour un con, Parker, parce que si je suis toujours aussi baisable, je suis aussi toujours aussi peu patient ! Moi je te parie carrément un Velázquez que t'es tellement mouillée dedans que tu dégoulines !"

Si Parker avait plus ou moins tourné autour du pot, on ne pouvait pas faire plus claire référence à ce qui les réunissait à présent. Fox lui ne s'était pas embarrassé et avait tout de suite tapé dans le lourd.

"Je vais te dire ce que je sais avec certitude moi, c'est que la directrice du collège m'est chère et qu les sécurités du studio, qui protégeaient ton butin, c'est moi qui les ai installé. Mais ça, t'as bien dû le deviner quand tu as vu que c'était TON système !"

Fox appuya bien sur le possessif et le ton de sa voix monta significativement en plus d'être sarcastique à souhait.

"Et au cas où ça t'aurait échappé, mais connaissant ton souci du détail, j'en doute et c'est bien pour ça d'ailleurs que j'ai une furieuse envie de te gifler, tu sais pourquoi c'est moi qui les ai installé ?"

Hou, ces accents mauvais et acides qui présageaient que l'explosion n'allait plus tarder...

"Parce que je suis l'ancien propriétaire du tableau et que l'actuel, Vaughn Xander, à qui tu as aussi volé le travail, espèce de petite conne, est mon meilleur ami !"

Et bam, voilà. Il avait tenu deux minutes. Quelques clients avaient tourné la tête avec curiosité en entendant, sans qu'ils n'y comprirent rien, cet étranger s'énerver au point d'élever la voix. Mais comme une douche en chaud et froid, Dray se calma quasi immédiatement pour sourire le plus dangereusement du monde.

"Tu vois le problème qui nous divise, très chère."

Et après une courte pause... Une menace claire et nette, parce qu'il n'était vraiment pas d'humeur à laisser traîner les choses. Elle avait définitivement parié sur le mauvais cheval.

"Je te jure que tu vas me rendre ces toiles..."

Parce que sinon, il allait lui rendre la vie vraiment très difficile, voilà ce que ça voulait dire... On s'en prenait pas aux potes, c'était une de leurs règles sacro-saintes et si elle avait oublié LE code, il allait le lui rappeler à sa façon. Il s'était peut-être rangé mais "pour elle", il était prêt à revenir sur ses résolutions...
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeMar 30 Avr 2013 - 15:36

Djen comprit exactement la teneur de la situation, dès qu'elle entendit l'Américain lui parler en russe. Ah ouais... C'était carrément arrivé à ce niveau-là. Elle l'avait laissé parler sans l'interrompre, bien consciente qu'il lui manquait des informations. Elle connaissait bien l'homme qu'elle avait en face d'elle. Ils partageaient la même vision de la vie. Les amis, des vrais sur qui on pouvait compter, on en trouvait pas beaucoup et ils étaient sacrés. Même quand ils faisaient le choix stupide de prendre la tête d'une bande d'actionnaires vautours et de leurs stock options, et carrément de vouloir se marier avec une chanteuse de seconde zone. … Ouais, elle l'avait eu mauvaise, c'était peu de le dire... Mais revenons sur le sujet. Bref, non, elle n'avait pas oublié le code. Et pour que Dray soit aussi en colère, elle avait dû faire une méga boulette. Sauf qu'elle ne voyait pas trop en quoi.

Mais en effet, elle fut vite mis au parfum. La première chose à laquelle la brune pensa en entendant les premières paroles de l'Américain et en voyant sa grimace tint en quelques mots. Quel manque d'humour, franchement ! Mais l'allusion, somme toute habile et surtout ironique au Vélasquez la renseigna tout de suite sur la teneur réelle du problème. Ok, il n'avait pas que des suppositions, il semblait sur de lui. Un comble quand même ! Dray était persuadé que c'était elle la responsable, et cela avait été bien son objectif d'ailleurs, mais au final, ce n'était même pas elle qui l'avait escamoté ce tableau ! Pour une fois, qu'elle n'y était pour rien, c'était elle qui se faisait incendier. Si ce n'était pas malheureux... C'était injuste, non, vous en conviendrez ! Si elle tenait ce fils de … C'était que quand vous ne pouviez pas profiter du succès que représentait de telles félicitations, ça fâchait. Oui, oui se faire engueuler était une preuve de votre talent. Après tout, c'était que vous aviez réussi votre coup. Ça ne mangeait pas de pain. Cherchez pas, logique parkerienne.

Mais alors comme ça, la dirlo de ce trou était une de ses petites amies ? (Non, non, rassurez-vous, c'était juste du sarcasme.) Ah ben tout de suite, Djen saisissait mieux et pourquoi il était dans le secteur et pourquoi il était aussi remonté contre elle. Enfin, bon, il était bien gentil, mais fallait pas pousser Mémé dans les orties. Elle aurait pu le deviner que c'était son système, s'il n'avait pas déjà été désactivé à son arrivée ! Elle était voleuse, pas voyante. Alors non, elle n'avait pas vu. Et donc, elle aurait eu du mal à savoir que c'était lui qui l'avait installé. D'autant que bon, il n'était plus le seul à qui elle l'avait appris, hein, aussi. Huit ans c'est long. Enfin, bon, d'accord, elle voulait bien admettre qu'elle se serait posée des questions, ils n'étaient quand même pas nombreux sur la liste à pour voir se vanter d'avoir eu une leçon de magie de sa part...

La menace de la gifle, Djenesa s'en foutut un peu. Ce n'était pas la première fois qu'on lui disait qu'elle était à ce point adorable. Mais au moins, ça mettait définitivement les choses sur leur niveau exact. Le ton de l'Américain était en effet très explicite, elle avait intérêt à faire gaffe à ce qu'elle dirait parce qu'elle n'avait vraiment pas envie de s'en manger une. Et Dray était vraiment capable, poussé à bout, de la lui mettre. Surtout si comme elle le supposait au vu des circonstances, elle avait été rétrogradée. Par contre, la suite la souffla et renforça ardemment ses bonnes résolutions. Heiiin ?! Comment ça, il était l'ancien propriétaire du Vélasquez ? Alors le tableau...

"Quoi, c'était l'Isabelle ?"

Le portrait d'Isabelle de Bourbon... L'un des joyaux de la collection Fox qu'elle avait eu la chance de pouvoir admirer dans les coffres même du Siège du Groupe, lors... "d'une visite de courtoisie", dira-t-on. Pour le coup, elle tomba des nues. Et sa réaction démontrait aussi que Dray avait raison de la vilipender. Ce coup avait été organisé à l'arrache. Elle ne pouvait pas le nier. Elle avait été un peu obligée de le mettre en veilleuse son souci du détail par manque de temps. Ça lui apprendra tiens ! On ne l'y reprendrait à plus à sacrifier ses méthodes au profit de la précipitation. Même si les circonstances voulaient l'y forcer. Ça lui éviterait ce genre de déconvenues. D'autant que pour que Fox qualifie l'heureux propriétaire du chef d’œuvre de meilleur ami, il en fallait, on vous le dit ! Dans ces circonstances, que le New-yorkais ait tenu deux minutes, c'était déjà un exploit... La cambrioleuse n'allait pas lui reprocher de réagir un poil trop excessivement.

"Je vois oui." dit-elle alors, passant elle-même au russe, en toute simplicité et un peu plus de neutralité alors que ses lèvres se ressaisirent de la paille et que le barman déposait sur le comptoir le café demandé. La conclusion de l'Américain, sifflée, ne fut pas foncièrement des plus originales. Et là, si on partait dans cette direction, ils avaient en effet un, gros !, problème. La jeune femme reposa son verre avec une certaine précaution dans le geste, contredisant ses accents narquois.

"N'y vois aucune mauvaise volonté de ma part, mais sur ce point, on va vers une sacrée divergence d'opinions. Je vais avoir du mal à te rendre ce que je n'ai pas... Fox... "

… Tain, en fait, ça la faisait chier, là, ce qui était en train de se passer ! Ils n'allaient pas se fâcher pour un truc comme ça, après tant d'années, c'était ridicule ! Elle s'exclama finalement avec une certaine impatience et on aurait pu même dire des regrets :

"Non mais allez, Dray ! Je te jure que je ne savais pas tout ça ! C'était un coup dans l'urgence, j'avais besoin de fonds, j'y suis allée les mains dans les poches, l’enquête en amont, je ne me suis pas attardée dessus. je sais, c'est pas bien, mais c'est comme ça. C'est la crise pour tout le monde, hein, même notre profession. "

Djenesa soupira finalement en regardant le liquide transparent de son verre. Il allait bien falloir lui expliquer une ou deux petites choses...

"Tu penses bien, que je n'ai pas chômé pendant le week end, j'ai déjà refourgué une partie des œuvres de ta Japonaise. Et crois-moi ou pas, mais pour Xander, je n''y suis pour rien. J'ai voulu, soit, mais quelqu'un m'a doublé sur ce coup. Et crois moi, je l'ai mauvaise ! Je suis arrivée, tout était déjà raflé chez ton peintre. C'est pour ça que je n'ai pas reconnu MON système, comme tu dis. Il en avait plus alors j'aurai eu du mal."

Ça c'était la vérité. Et s'il n'appréciait pas de l'entendre, tant pis pour lui. Elle ne pouvait pas non plus travestir les faits pour lui faire plaisir. Mais pendant qu'elle lui présentait des excuses... enfin plus ou moins... Djenesa réfléchissait à ce nouvel éclairage. Si vraiment la sécurité était son œuvre, ça réduisait le nombre de coupables à une petite poignée... Et sur cette bande de clampins, ils ne devaient pas être nombreux sur le sol britannique... Intéressant...
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeVen 10 Mai 2013 - 23:26

Elle ne savait pas ce qu'elle avait fait ? Et bien, Dray allait le lui dire ! Ils étaient pourtant tous les deux d'accord sur ce fait. Tu attaques mes amis, c'est moi que tu attaques. Surtout quand, pour eux, les amis palliaient autant à cette famille qu'ils n'avaient pas eu. Et quand on les attaquait, ils répondaient toujours. Mais puisque Djenesa voulait des explications sur les raisons de sa colère, pas de problème ! Même s'il avait surtout le sentiment, là, qu'elle se foutait un peu beaucoup de sa gueule. Ça, oui, on pouvait dire que pour une fois l'Américain n'avait franchement pas envie de rire du tout ! Son humour s'était envolé en même temps que le tableau de quelques millions qu'elle avait volé à quelqu'un qui lui était, très !, cher en plus d'avoir dévalisé le collège qui l'hébergeait et sa directrice qui était une autre de ses amis. Et qu'elle fut innocente de la moitié, ça, elle irait le chanter à d'autres que lui ! Il n'était pas prêt de lui accorder le bénéfice du doute, c'était même pas la peine d'espérer ! Pour lui, c'était entendu, elle était coupable et avoir trahi sa confiance ainsi, ça allait être difficile à réparer alors sa logique parkerienne, elle pouvait se la carrer dans le fondement !

C'était comme son sarcasme ! Une chance que Fox ne soit pas legilimens, parce que là, la tarte n'aurait vraiment pas été loin. Petite amie, il lui en foutrait, tiens ! Et ça, c'était sûr que la cambrioleuse n'était pas voyante, parce que ce qui allait lui tomber dessus comme giboulée, elle ne l'avait vu venir, c'était un fait. Après qu'elle ait eu d'autres élèves après lui, ça, ce n'était pas foncièrement très étonnant. Sauf que cette idée ne traversa pas du tout l'esprit du jeune millionnaire, tellement certain de la culpabilité de son ancienne acolyte. Et aussi parce qu'il était justement bien placé pour savoir qu'ils n'avaient pas dû être nombreux à avoir accès à ce secret-là. Connaître ce système de sécurité qu'elle avait conçu, c'était entrer dans son cercle très proche. Et ça, c'était comme lui, quand il qualifiait quelqu'un de meilleur ami. C'était du lourd.

Mais Djenesa se trompait sur un point, elle n'avait pas été rétrogradée. Pas encore du moins. Si elle voulait bien lui fournir une explication acceptable de ce choix et si elle lui rendait les toiles et s'excusait, alors il voulait bien passer l'éponge ou du moins essayer, parce qu'il était connu que Dray Fox pardonnait rarement et n'oubliait jamais. Sauf qu'alors qu'il l'encadrait bien comme il faut et mettait à jour ses dossiers, la brune eut une réaction qui mit l'Américain sur le cul pour le coup. Comment ça, hein et quoi ?! Elle se foutait de lui, là, c'était pas possible autrement ! Il cracha :

"Évidemment que c'était l'Isabelle ! Ne me dis pas qu'en plus tu ne savais pas ce que tu venais chercher ?!"

Non mais c'était du délire, là ! C'était quoi encore ce merdier ? Elle était passée où la grande pro et ses règles toutes bien numérotées ? Et le pire, c'était que le jeune homme voyait bien que son amie était sincère dans sa réaction d'étonnement. Djenesa savait quand il mentait et inversement. A force de se connaître et d'arnaquer ensemble, on finissait par reconnaître les signes du mensonge chez son partenaire... Et il valait mieux l'apprendre très vite de toute façon, parce que ça pouvait aider quand la situation dérapait. C'était elle qui lui avait appris à détecter les micros expressions et les signes révélateurs chez les autres... L'élève était très loin d'égaler le maître mais cela lui avait rendu un certain nombre de services que ce fut en affaires ou dans sa vie personnelle. Alors là, Fox, en plus d'être en colère, hallucinait complètement. Ça n'arrangea pas son humeur, soit dit en passant. Alors en plus, elle n'avait même pas préparé sérieusement son affaire ? Elle était venue, comme ça, sans même savoir où elle foutait les pieds, n'avait pas d'autre objectif que de voler ce qui serait à portée et basta ? Ce n'était pas digne d'elle ça, si ce mot avait encore un sens dans leur cas.

"Non mais je rêve ! En plus de te foutre du code d'honneur avec lequel tu m'as bassiné, tu ne respectes même pas tes propres règles de travail ? C'est laquelle, celle là ? La numéro 4, non ? Savoir toujours pourquoi on fait ce qu'on fait !"

La cambrioleuse finalement reconnut qu'en effet, ils avaient un sérieux problème. Sa manière de poser son verre, et le fait qu'elle bute sur son nom de famille convainquit l'aventurier de l'écouter sans encore une fois hausser le ton, malgré sa manière d'énoncer les choses. Djenesa était ce qu'elle était... Si lui était narquois et sarcastique, elle était encore pire que lui. Lui ce n'était pas qu'ils se fâchent là qui le faisait chier, c'était de voir le travail et le Velázquez de Vaughn dans la nature ainsi que les toiles de Poudlard ! Mais quand elle lui expliqua en quelques mots et en réemployant son prénom en signe de paix, ce qui s'était passé réellement, (à condition qu'il puisse la croire...), Dray s'obligea à inspirer profondément pour garder son calme, ce qui fit que quand il lui répondit, c'était limite en sifflant entre ses dents.

"Tu ne t'es pas attardée dessus ? T'as rien foutu oui ! Tu savais que dalle, en fait. Même pas que j'étais dans le secteur, je me trompe ?"

Il retira soudain quelque chose de sa poche et le claqua sur le bar.

"Au fait, t'as oublié ça, samedi."

Ce quelque chose n'était autre que le suiveur qu'elle lui avait installé... Fallait pas croire qu'il n'avait rien remarqué non plus ! Surtout en ce moment où il devait faire doublement attention à ses arrières à cause des conneries de son paternel !

"Bordel, mais à quoi tu as pensé pour foirer à ce point ? C'est pas toi qui me disais que quand on commençait à prendre le travail de prép par dessus la jambe, c'était qu'on avait trop confiance en soi et le signe qu'il fallait raccrocher pour pas se faire descendre ou pire, coffrer ? Note que j'ai toujours apprécié ce sens des priorités... Mais que ce soit clair, je me contrefous du pourquoi et du comment et que tu ais déjà revendu les pièces ! Je veux les récupérer, point barre ! T'as trouvé le moyen de les voler une fois, tu sauras le refaire s'il le faut et une par une ! Et pour ce qui est de Vaughn, la seule chose qui me fait te croire, c'est que si c'était toi, tu n'aurais pas été aussi surprise d'apprendre que c'était l'Isabelle. Et parce que je comprends mieux la serrure visiblement forcée. Toi, tu n'aurais pas laissé de traces. Mais je vais pas te lâcher pour autant. Tu vas m'aider à remettre la main dessus et sur chaque toile qu'on lui a prise parce que je suis sûr que tu as une petite idée sur l'identité de ce quelqu'un ! A deux sur le même coup, j'ai du mal à croire que Vaughn ait autant de succès, malgré son talent et sa possession de l'Isabelle ! D'ailleurs pourquoi tu l'as choisi, lui ? Pas que pour le tableau sinon vous n'auriez pas volé son travail..."

Ça c'était une très bonne question à son sens, et il fallait noter que même si Djen n'avait à ce propos rien à se reprocher finalement, Dray mettait tout le monde dans le même bain. L'intention valait bien le crime. Et alors que la belle semblait réfléchir, lui s'était finalement installé sur le tabouret de bar voisin devant son café, signe évident qu'il lui accordait une grâce temporaire au moins jusqu'à ce qu'il pige le fin mot de l'affaire et qu'elle réponde à ses questions.
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeDim 26 Mai 2013 - 17:18

Bon d'accord, elle avait merdé. Quand elle entendit la remarque estomaquée et rageuse de son petit camarade quand il comprit à sa réaction qu'elle n'avait pas eu connaissance de la nature même de l’œuvre, Djenesa n'eut pas d'autre choix que de reconnaître cet état de fait. Elle se gratta le dos de la main en pinçant les lèvres. Un geste qui était aussi parlant chez elle que la main dans les cheveux, chez son vis à vis. On était dans ses petits souliers...

"Je savais juste que c'était un Velázquez. Ma source n'avait pas plus d'infos et dans l'urgence, ça m'allait très bien, c'était tout ce que demandait mon client... " dit-elle finalement en reprenant son verre pour dire d'aider à faire passer ce moment de honte par une bonne rasade de gin tonic. Elle n'était pas fière d'elle, tiens. La pro avait eu quelques emmerdes et avait été obligée d'y palier très vite, si elle ne voulait pas se retrouver dans la Tamise, enchaînée à un bloc de pierre, pour dire de faire dans le mauvais cliché de roman noir. La brune retint un soupir en reposant son verre sur le comptoir alors que Dray l'épinglait à nouveau en illustrant parfaitement ses manquements dans cette affaire... Les règles... Il était bien placé pour lui mettre le nez dedans. Comme il le disait si bien, elle l'avait assez bassiné comme ça avec. Dray, en vrai électron libre qui entendait bien n'écouter et n'obéir à personne... encore plus à l'époque qu'aujourd'hui, surtout... et qui avait autant de respect et de confiance pour les autres (à part son pote le ruskov) que pour lui-même, c'est à dire que ça ne volait pas haut... avait eu bien du mal à se mettre au pas et elle ne s'était pas gênée pour créer des situations invraisemblables pour l'obliger à faire les choses à sa manière et convenablement. Elle fut surprise toutefois de voir qu'après dix ans, il s'en souvenait encore. A part à un détail près...

"C'est la deux. La quatre, c'est "effacer ses traces"."

Comme remplacer un barreau de grille fondu en repartant. C'était pas qu'elle n'avait pas préparé son affaire, c'était juste qu'elle s'était contenté de l'aspect purement technique. Comment entrer, comment se servir, comment repartir. Le reste n'avait pas eu l'importance qu'elle aurait dû lui attribuer. Elle avait marmonné, boudeuse, un peu vexée de se faire aussi ouvertement engueulée même si c'était mérité. Les règles une et trois ? Avoir toujours un plan B, et savoir improviser rapidement quand la situation l'exige. Disons qu'elle avait un peu abusé de celle-là...

"Et je te permets pas de dire que je m'en fous ! Je ne m'en suis jamais foutue surtout pour toi ! Ok, je n'ai pas fait les choses comme il fallait, mais c'est tout ce que tu peux me reprocher. Si j'avais été au courant de tous les détails, j'aurai essayé de trouver une autre cible, évidemment. Mais je te rappelle que même si les amis sont prioritaires, le code dit aussi qu'un contrat ne se rompt pas. Que ce soit par l’exécutant ou le client. J'avais des impératifs."

Sauf que ses explications suivantes ne satisfirent pas du tout l'Américain. Enfin ça ce n'était pas une surprise et comme c'était le second round, à présent, que le plus gros avait déjà été balancé, Djen écouta cette fois sans rien laisser paraître ce nouvel emportement de sa part. Elle aurait eu du mal à dire le contraire de toute façon. En effet, elle ne l'avait pas su, preuve encore une fois qu'elle avait zappé quelques trucs, pas la peine d'y revenir encore, alors la cambrioleuse préféra garder le silence. Et ce fut impassible qu'elle posa les yeux sur son petit gadget que son ancien élève avait claqué sur le bar. Elle le ramassa simplement finalement et le rangea l'air de rien dans sa poche. Elle ne l'avait pas oublié. Elle l'avait laissé délibérément sur lui, en réponse à sa petite annonce, se doutant bien, connaissant son soucis du détail quand il s'agissait de ses fringues, qu'il le trouverait. "J'ai bien reçu ton message, je serai là."

Mais alors qu'elle finissait son verre avec nonchalance et fit signe au barman de lui en resservir un autre (il allait falloir au moins ça, elle le sentait !), Dray bien décidé à ne rien lâcher, reprit de plus belle son sermon, demandant autant d'explications que le retour de son butin au bercail. Pas moins que ça. Facile ! L'escroc se retint de retenir un soupir aussi agacé que découragé. Il en avait de bonnes lui ! Et il voulait qu'elle fasse ça comment ? Elle ne faisait pas dans le miracle non plus ! Bon dieu, elle était passée de gros ennuis à grosse catastrophe en l'espace de trois jours, assaillie de tous les côtés par des gens très impatients. L'avantage avec Dray, c'était que lui ne risquait pas ni de la tuer, ni de menacer ses proches pour obtenir son remboursement. Pourquoi elle avait foiré à ce point ? C'était une longue histoire... Elle s'était faite avoir, voilà pourquoi et à présent, elle avait le couteau sous la gorge au sens figuré et pas très loin au sens propre. Mais alors qu'elle tirait à présent une tête à vendre des fleurs, elle vit Fox s'asseoir, attendant visiblement qu'elle réponde à ses interrogations. Mais ça aussi, ça allait contre le code, il le savait bien ! On ne parlait jamais. Sauf qu'elle n'allait pas pouvoir y couper... Enfin elle lui devait bien ça... Certainement.

"Je ne l'ai pas choisi, c'est le contrat qui le stipulait. Ton pote était la cible. Apparemment, mon client est un amateur d'art éclairé, très riche mais très impatient. Il a commandé des toiles à Xander mais sa demande a été mise sur liste d'attente par la galerie. Une très longue liste d'attente. Et c'est un homme qui ne supporte pas qu'on lui dise non. Alors il s'est servi à la source et gratuitement. Le Velázquez est encore un autre contrat, j'ai profité de l'occasion et j'ai voulu faire d'une pierre deux coups. Je te l'ai dit, j'ai besoin d'argent rapidement. J'ai pas le temps pour faire dans le détail. Et j'ai voulu me rattraper sur le dos de ta Japonaise."

Elle se tut en voyant le barman s'approcher avec son verre. Il ne devait rien comprendre au russe mais on n'était jamais trop prudent. Et cette fois, la cambrioleuse se saisit avec un regain d'énergie de son verre, et en but directement le tiers, sans plus s'occuper du palmier et de la paille qu'elle avait jeté avec irritation sur le comptoir. Elle se baffa intérieurement, se reprochant de laisser filtrer autant de signes de sa nervosité. Elle était en colère pour de nombreuses raisons, toutes tournant autour de l'affaire dans laquelle elle était embourbée.

"Pour tout te dire, et crois-moi que ça me coûte !, je suis dans la merde. Il y a deux mois, on m'a proposé un coup énorme. Un de ces casses qui devaient rentrer dans l'histoire, et toutes ces conneries. Ils ont trouvé un investisseur et évidemment, ils n'ont pas tapé dans le bon samaritain, tu t'en doutes. Sauf qu'on a été vendus et à la place du fric, on est obligés de "rembourser la banque". Et évidemment, il exige les intérêts, c'est à dire sa part, la mise d'arrivée. Sinon, il compte bien faire de la vie de nos proches un enfer pour faire passer le message. Pour te donner un exemple, je ne sais pas comment mais il est au courant pour les sœurs... Elles vont se retrouver à la rue avec les gamins, à la fin du mois, si leurs dettes ne sont pas épongées. Ou plutôt la nôtre. Monsieur est haut placé et a des relations. Il fait jouer le système. On avait trois mois pour réunir la somme. Il en reste un sauf que tous les coups que l'on peut monter depuis se cassent la gueule sans exception. Et à ce niveau-là, ce n'est plus de la malchance. Quelqu'un est décidé à me gonfler, sévère, et il est très doué. La preuve jeudi ! Comme tu dis à deux sur le même coup par hasard, j'y crois pas ! Et ce genre "d'incidents" n'arrêtent pas. Il y a toujours quelque chose qui fait que ça plante."

Le deuxième tiers du cocktail fut bu de la même manière que le premier alors que Djenesa portait sur Dray un regard qui témoignait bien de son "haut taux d'agacement". En bref, elle fulminait à raconter ses déboires qui se devaient d'expliquer pourquoi elle avait "foiré à ce point".

"Mais grâce à toi, j'ai une liste de suspects très réduite. Parce que t'as raison, j'ai une petite idée. Vous n'êtes pas nombreux à connaître mes tours de magie."

La voleuse reposa finalement son verre à présent vide, avec une certaine brutalité, ce qui fit tenter le cristal. Et alors que Fox s'était assis, elle se releva pour reprendre avec froideur et visiblement partir.

"Mais récupérer les toiles, tu rêves, et retrouver cette tête à claques, ce n'est pas pour tout de suite, réunir l'argent est ma priorité désolée. Et puis j'ai assez d'emmerdes comme ça, sans me griller auprès de ma clientèle. Revoler tout de suite à ses acheteurs les tableaux volés qu'on leur a vendu, c'est mauvais pour le business. Le code est formel, là aussi. On n'arnaque pas ses acheteurs, surtout ses habitués. Un contrat est sacré, tu le sais mieux que quiconque. Et puis techniquement, il faudra être au moins deux sur une partie des récupérations. Et avec chaque travail de prép' que ça demande et trouver un binôme, je n'ai pas le temps. Ce sera sans moi. Ou alors attends un mois, si j'ai trouvé une solution et si je ne suis pas au trou. Ou au fond d'un trou. Là on pourra peut-être en rediscuter."

Et là dessus, Djenesa eut bien l'intention de mettre fin à l'entretien en quittant la salle du restaurant. Dray n'allait certainement pas apprécier qu'elle se barre comme ça. Mais il était évident pour Parker, qu'ils étaient dans une impasse, et que par conséquent, il n'était pas utile de s'engueuler plus longtemps... Et puis flûte, les sermons, ça n'avait jamais été son fort et reconnaître ses torts encore moins, et là, elle avait fait un effort suprême, alors si ça plaisait pas à sa seigneurie, c'était pareil ! Oui, on pouvait dire qu'elle avait une fierté un peu trop prononcée. Mais ça, Dray devait s'en souvenir...
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeJeu 25 Juil 2013 - 11:54

Le geste de gêne de la voleuse sauta aux yeux du millionnaire. Il l'avait reconnu immédiatement. Il était difficile de se départir de ce genre de tics, il était bien placé pour le savoir, lui qui était trahi par le sien à presque tous les coups. Dans d'autres circonstances, s'il n'était pas aussi en colère, il en aurait souri. Malgré le fait que la jeune femme faisait partie d'une époque de son passé qu'il voulait taire à tout prix, il reconnaissait que certains moments avaient été bons, en autre ceux qu'il avait vécu avec elle, même s'ils étaient loin d'être dans la légalité et s'il n'en était pas fier. Et le mouvement que Djenesa n'avait pas pu cacher symbolisait ça, même s'il les reniait aujourd'hui.

Et la voir aussi ennuyée, prise limite en flagrant délit, la main dans le pot de confiture, eut le mérite de calmer un peu l'humeur massacrante de Dray et lui permettre d'écouter ce qu'elle avait à dire pour sa défense. Essayer de comprendre le fin mot de l'histoire. Mais le morceau était énorme à avaler. Si on lui avait dit qu'il retrouverait son ancienne amie déja, et dans ces circonstances en plus, il ne l'aurait jamais cru. Et pourtant, voilà qu'elle était en train de lui dire qu'elle avait été en aveugle sur un coup, ayant eu pour conséquence d'avoir pris pour cible Vaughn et donc lui-même, indirectement.  

Il soupira lourdement à son aveu d'échec et son expression boudeuse quand elle corrigea le numéro de la règle pour ensuite répondre à son accusation d'égoisme. Il accepta les deux reprises avec réserve, et son expression rageuse se détendit un peu, devenant simplement irritée, ce qui était un progrès en soi. Il savait bien qu'elle avait raison. Ils n'avaient pas le même type d'affaires aujourd'hui c'était un fait... Quoique, diraient certains, Djenesa la première... Mais dans tous les cas, elle avait raison. Leur vision des choses n'était pas celle de tous. Si eux tentaient au maximum de faire passer leurs amis avant, le client avait gain de cause, malgré leurs efforts. Il plongea finalement ses lèvres dans le café.

"Excuse-moi, je suis pourtant bien placé pour savoir que concilier les deux n'est pas toujours, voir rarement possible."

Il lui cédait du terrain sur son intransigeance. C'était bon signe pour la voleuse. Mais le jeune homme reprit à nouveau avec autorité après une seconde de réflexion.

"Ton client... Donc en supposant que ton concurrent ait le même que toi, retrouver la piste de l'Isabelle devrait ne pas être trop hasardeux."

En bref, Dray se fichait bien dans le fond des circonstances. Ce qui lui importait, c'était de pouvoir récupérer les tableaux, et surtout le Velázquez. Il en faisait une affaire personnelle pour deux raisons essentielles. La première était évidemment sa relation avec le propriétaire de la toile. La deuxième était aussi en rapport avec l'émissaire. Dray avait promis à Vaughn que son tableau serait en sécurité. Et il avait failli. Bien sûr, on lui dirait qu'il n'était pas responsable, qu'il n'aurait jamais pu prévoir ce qui allait se passer et que justement les voleurs avaient un lien direct avec le système qu'il avait choisi. Mais pour lui, cela ne faisait aucune différence. Aussi, il avait la ferme intention de réparer ce qu'il jugeait être un manquement.

La suite, par contre, avait remis le feu aux poudres dans cette discussion houleuse. L'Américain regarda avec un œil mauvais la cambrioleuse reprendre son suiveur mais lui non plus n'ajouta rien. Il se doutait bien connaissant son amie que cet oubli avait été volontaire. Ne pas laisser de traces justement... De là à en comprendre clairement le message, il y avait une petite marge. Fox avait plutôt vu un "je ne suis pas loin", plutôt qu'une claire réponse à son "invitation"... Par contre, en effet, il n'avait pas l'intention de lâcher l'affaire et il en fit une nette démonstration. Certainement disait-elle ? Si Djenesa pensait le contraire, c'était que décidément, ils s'étaient perdus de vue trop longtemps. Il avait un parti pris trop important pour que le contraire soit envisageable une seconde. Et donc, il les demanda, ces explications. En l'occurence, rien à foutre du code ! On n'était plus à une entorse près là, fallait arrêter de déconner ! Et ce qu'elle lui apprit le laissa d'abord étrangement silencieux. Mais pas inexpressif. Ses yeux se plissèrent en une expression dangereuse alors qu'il se forca nettement à reposer calmement sa tasse de café. Le succès de l'opération fut mitigé quand on entendit le claquement sec de la porcelaine...

"Leurs noms."

Ce n'était pas une demande. C'était clairement un ordre. Ceux qui avaient osé prétendre à la possession illégitime de ces toiles avaient visiblement intérêt à se planquer. Et accessoirement, connaissant la sphère d'influence de l'Américain, à cacher leurs biens. Il allait leur faire comprendre et en tout particulier à celui qui avait voulu s'approprier le travail de Vaughn, qu'ils avaient fait une regrettable erreur stratégique. Ah s'il n'était pas patient, ce type allait devoir rapidement découvrir cette vertu parce que sa vie allait devenir d'ici peu infernale, au moins sur le plan matériel.

Mais la suite des explications de la cambrioleuse calma pour un temps les envies belliqueuses du jeune homme d'affaires. Enfin, il comprenait mieux pourquoi ils en étaient là et les difficultés avouées de l'amie que Parker avait été et, malgré ce qui les divisait et le temps passé, était toujours, ne le laissa pas de marbre. En effet, la situation semblait... délicate et il savait que ça devait être une honte pour la jeune femme de lui dire tout ça. Ils se ressemblaient beaucoup sur certains points. Sur beaucoup même, à bien y réfléchir. Ses gestes de nervosité, Fox fit mine de ne pas les voir pour préserver un peu les restes de fierté de la brune. En pure perte certainement, car Djenesa n'était pas dupe. Enfin...

L'allusion aux "sœurs" fut tout ce que Dray avait besoin pour définitivement changer son fusil d'épaules et aider la jeune femme plutôt que de la gifler. C'était le seul épisode de la vie de la cambrioleuse qu'il connaissait si on pouvait dire. Un orphelinat tenu par des religieuses. Il n'était même pas certain en fait que Djenesa en fut une pensionnaire, ce n'était qu'une impression, mais il savait parfaitement, par contre, que l'établissement, ses gamins et ses nonnes lui tenaient à cœur, au point de leur donner pas mal de ses butins en espèces sonnantes et trébuchantes. Et à la manière de la belle de boire son gin tonic, tout en brusquerie,  il était sûr de cette version des faits et de ce mystérieux empêcheur de tourner en rond était la vérité malgré l'invraisemblance de l'histoire. En seule réponse à son regard noir et surtout à sa remarque qui suivit, Dray haussa un sourcil circonspect. Grâce à lui ? Ben tiens. Étrangement, c'était un rôle dont il se serait bien passé...

"Et en guise de remerciement, si tu me disais qui était ce connard que je lui mette la raclée qui t'était destinée." ironisa-t-il donc en finissant son expresso alors que la brune posait le sien avec "énergie". C'était que bon, qu'importe le responsable, il allait manger cher...  Mais apparemment, ce n'était pas dans l'immédiat, c't'affaire. Djen se leva, lui claqua ses propres vérités et voulut prendre la tangente. Comme ça. Tout simplement. Non mais et puis quoi encore ? En effet, on ne put pas dire que l'Américain apprécia cette initiative. Encore qu'elle était logique. C'était surtout que la cambrioleuse le mettait sur le banc de touche qui le dérangea. Mais il ne la retint pas. Pas physiquement en tout cas. Il ne voulait pas la braquer. Cela n'aurait servi à rien, à part envenimer une situation déjà pourrie. Oh oui, il se souvenait de sa fierté. Elle les avait entraîné dans pas mal de galères d'ailleurs, comme l'avait fait sa propre arrogance. S'il lui en avait fait voir par sa colère et sa défiance permanente, teintées de mépris, elle n'avait pas été en reste. Et apparaissait là encore un autre point commun entre les deux jeunes gens. Demander de l'aide ? Plutôt crever ! Il la laissa partir. Et en plus, cette chipie lui laissait l'addition...

"T'es conne, Parker."

Bam. L'insulte avait fusé dans un simple constat tranquille, ce qui, quelque part, renforcait le poids des mots. Parfois le calme avait plus d'autorité que les cris. Lui qui pouvait être sujet à de vraies explosions de colère, en vieillissant, commençait à piger ce truc-là. Et en l'occurence, cela devait normalement suffire à arrêter la jeune femme. Sans se retourner, il commanda un autre café au barman, laissant clairement apparaître que lui, n'en avait pas fini et était sûr de lui.

"A quoi ça sert d'avoir un millionnaire dans ses relations, je te le demande ?"

En clair, je n'ai pas l'intention de te laisser de te démerder toute seule, maintenant que je sais la vérité. Enfin, il se retourna et s'appuya nochalamment contre le zinc du comptoir. Il fallait qu'il la retienne et la persuade de le laisser lui filer un coup de main. Pas facile...

"Vous devez combien à ce pourri ? Et c'est qui, d'ailleurs, au juste ? Le cercle des rupins est très fermé. On se connait à peu près tous."

Dray se retint de prendre une cigarette dans son étui, étant dans un lieu public. Mais ce n'était franchement pas l'envie qui lui manquait là. Il allait encore se retrouver dans une situation de dingue. Pas à dire, il était un vrai aimant à emmerdes... Devait-il parler de tout ça à Vaughn aussi ? Ça, c'était une bonne question ! Et évidemment, quand on connaissait Dray, il n'était pas difficile de savoir vers quoi il était enclin. Tant qu'on avait pas récupéré les toiles, pourquoi donc le contrarier un peu plus avec tout ça, franchement ? Mais justement, comme il avait décidé de se corriger sur ce point, le jeune homme se ravisa. Il devait la vérité à l'artiste. C'était son Velasquez et son travail après tout. Il allait juste attendre d'en savoir un peu plus, mettre en place ses propres pièces et débuter la partie avant... Et le premier mouvement ne tarda pas...

"Écoute, Djen. Je te propose un deal. Je t'aide à régler ton problème et ensuite, tu m'aides à récupérer les toiles. Tu l'as, ton bînome..."

Repasser de l'autre côté... Il était évident que cette proposition coûtait à l'Américain. Il avait tiré un trait sur tout ça, il y a longtemps. Quand il s'était réveillé dans un squat immonde du Bronx, avec un trou de trois jours dans sa mémoire et dans un état pire que lamentable. Certes, les deux faits n'avaient pas de rapport direct en soi, mais quitte à changer de vie, autant tout bazarder... Ça, Djen l'avait compris. C'était la suite qui les avait éloigné, quand il accepta de faire ce pour quoi il était né. Prendre la succession de Simon. Mais revenir dans le monde de la cambrioleuse remettait en question quelques uns de ses engagements. Enfin, c'était pour la bonne cause ! Vaughn et Umi méritaient bien qu'il le fasse. Et puis voler des voleurs... Son intégrité s'en remettrait vite. C'était récupérer ce qui leur appartenait après tout. Tant pis pour la loi anti-tabac. Dray sortit son étui et son briquet. Il tira profondément sur le tube de nicotine en regardant du coin de l’œil sa camarade. "Alors, ok ?" disait son regard platine, teinté d'assurance et de malice. Comédie, évidemment. L'aventurier était plus inquiet qu'il ne voulait laisser paraître. Mais il était tout aussi déterminé...

[Désolé pour l'immense retard et pour la qualité moyenne de ce message, ma belle. Le Sofitel London St James Mlancolique]
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeDim 4 Aoû 2013 - 16:15

[Pas de pb, mon chou, je sais que ce n''est pas évident pour toi en ce moment. ^^ *fait une bise* Et il est très bien ce mess, je ne vois pas ce que tu lui reproches ! ^.~]


A vrai dire, si on avait dit à Djen qu'elle retrouvait Dray ainsi, le millionnaire n'était pas le seul qui ne l'aurait pas cru. Il fallait dire aussi que rester coincée en Grande Bretagne cinq ans auparavant n'avait pas fait partie de ses projets, et qu'en plus, elle n'avait jamais pensé que l'Américain faisait aussi partie des exilés forcés, jusqu'à ce qu'elle le lise dans les journaux, après le retour en fanfare du fondateur de la Fox. Oh bien sûr, comme tout le monde, elle avait su, toujours dans la presse, qu'après l'affaire de l'attaque du château de Stuart, son ancien camarade avait été mis au placard à Poudlard pour une année. Mais après, Dray ayant été plus que discret dans ses apparitions publiques, elle avait perdu sa trace, jusqu'à ce qu'il revienne donc sur le devant de la scène alors que le redoutable Simon Fox revenait d'entre les morts dans une réapparition théâtrale. Et même après cela, elle n'avait jamais pensé qu'il serait resté volontairement dans sa prison. Mais dans le fond, l'idée n'était pas si loufoque que ça. Personne, assez sain d'esprit et avec un peu de bon sens, irait le chercher dans le trou paumé où rien de moins que la justice américaine sorcière et la confédération internationale l'avaient condamné à être bouclé. C'était la planque idéale. Bon, c'était vrai aussi que si elle s'était un peu plus penchée sur la question, elle l'aurait su, pas la peine d'y revenir non plus...

Enfin bref, toujours était-il que même s'ils ne l'avaient pas imaginé, les faits étaient qu'ils étaient à présent face à face et en net désaccord. Ce n'était pas la première fois que cela leur arrivait. C'était même comme ça qu'ils s'étaient définitivement quittés. Justement parce que Dray voulait tourner la page et ne voulait plus reconnaître ce qui les liaient. Elle avait compris quand il était parti en Europe, comme un voleur, peu de temps après sa cure de désintoxication, il lui avait dit qu'il abandonnait en même temps que New-york et la drogue, le deal, l'embrouille, le vol et l'escroquerie. Il le fallait. Elle avait bien vu à l'époque qu'il touchait le fond, sans savoir trop jusqu'à quel point par contre. Sous pretexte que le vieux continent était un terrain de jeux aussi marrant que les States, en amie, elle l'avait suivi de loin dans son errance, parce que commençait pour lui, une vraie galère. Et puis, Simon Fox était "mort". Les choses avaient alors commencé à se gâter. Dray accepta de s'enchaîner à ce monde qu'elle détestait, celui de la Bourse, des treaders, des actionnaires, des marchands du temples, et de l'oubli des plus faibles au profit des grands patrons. Elle avait eu du mal à avaler la pilule mais quand Matthews entra en scène, ce fut la goutte d'eau. Il ne fallait pas décevoir la fiancée... Leur "couple" battait déjà de l'aile depuis que l'Américain avait repris la direction de la Fox. Là, le divorce fut consommé. Et quelque part, avec cette dispute, ils reprenaients les choses là où ils les avaient laissées, même si le sujet était différent. Mais petit à petit, le vent semblait vouloir tourner et la tempête se calmer. En tout cas, ce fut comme ça que la cambrioleuse prit les excuses du millionnaire, une manière de reconnaître qu'elle n'avait pas tous les torts. Le système était aussi ce qu'il était. Elle esquissa une bouderie grogneuse, avec un mouvement de tête appuyé en guise d'unique réponse. Quelque chose qui en substance voulait dire "Ah ben quand même !"

La suite par contre la rendit plus mesurée. Loin de se douter de ses raisons exactes, elle ne pouvait cependant pas ignorer ce qu'elle avait sous le nez. Il ne perdait pas le nord, l'animal... Il était vraiment déterminé à retrouver ces toiles, à mettre aussi ouvertement le nez dans ses affaires... La poisse... Enfin, elle ne l'avait pas surnommé Jinx pour rien non plus.

"Peut-être bien... Mais rien ne le prouve non plus." répondit la jeune femme avec prudence, ne semblant pas motivée à discuter de cette question plus que ça. C'était que bon, elle le voyait venir avec ses gros sabots, l'Américain. Il lui demandait ni plus, ni moins que de lui vendre son client. Et malgré que les probabilités allaient dans ce sens et que c'était la première idée qui venait à l'esprit, (elle-même l'avait eu alors qu'elle était encore dans le studio du peintre après tout), il n'y avait aucune certitude et rien qui n'attaye cette thèse.

Sauf que l'escroc connaissait le New-yorker. Il fallait qu'elle lui donne un os à ronger sans quoi il ne lâcherait pas prise. Alors, elle expliqua le fond de l'affaire, pourquoi Xander avait été cambriolé. Évidemment, le sang de l'aventurier ne fit qu'un tour. Djen se raidit un peu en voyant le regard perçant de son ami et en entendant le choc de la tasse contre la soucoupe, mais elle ne fut pas surprise de l'ordre qui fusa quelques secondes après. Cependant elle le rejeta dans un soupir ennuyé, hochant la tête de droite à gauche.

"Tu sais que je ne peux pas."

On n'était peut-être pas à une entorse près, mais fallait quand même pas pousser. Elle pinça les lèvres d'ailleurs, ayant parfaitement compris, au ton de sa voix, ce à quoi le jeune homme pensait et ce qu'il avait l'intention de mettre en branle. Ce ne serait pas la première fois qu'elle aurait la possibilité de voir Monsieur Fox à l’œuvre... C'était aussi pour ça qu'elle avait du mal à saquer ces hommes d'affaires. Ils se croyaient tout permis et les maîtres du monde. Les gens étaient des mouchoirs pour eux. Ils les jetaient sans vergogne quand ils en avaient plus besoin, et si on les contrariait, ils pouvaient détruire votre vie sans aucun mal... Encore que celui qui lui faisait face n'était pas le pire, elle voulait bien le reconnaître, du moins quand il était de bonne humeur.

"Fox, me fous pas plus dans la merde que je ne le suis, s'il te plait." remarqua donc la brune avec ironie avant de lui expliquer non sans colère comment elle en était arrivée là. Elle remercia intérieurement Dray pour sa discrétion mais en effet, cela ne changeait rien. Ça ne faisait pas passer la pilule, c'était peu de le dire et il en faudrait plus pour lui remettre du baume au cœur. Ah ben tiens comme le commentaire suivant de l'Américain et son haussement de sourcil. Le rire de la voleuse retentit un peu malgré elle à l'énonciation du terme "connard" et de la raclée qui lui avait été promise mais qui semblait avoir changé de destinataire. Elle le reconnaissait bien là tiens.

"Prends un ticket alors, parce que je suis prem's."

Ce qui était vrai dans l'histoire de Djenesa Parker, seul elle le savait. Peut-être que Dray avait raison dans son hypothèse, peut-être pas. Mais ce qui était sûr, en tout cas, c'était que c'était un moyen de pression drôlement efficace. Tellement qu'elle le poussa à refuser nette la demande du jeune homme de récupérer les toiles et partir. Fière et avec le sens des priorités surtout. Quant à demander de l'aide... … Bref...

La fierté étant ce qu'elle était, l'insulte figea nette la cambrioleuse. Elle ne s'y était pas trop attendue. Surtout pas sur ce ton-là surtout. Pas le genre de Dray. Et puis il se prenait pour qui ? Elle se retourna lentement en plissant les yeux, dents serrées, alors que lui commandait un second café. Mais elle n'eut pas le temps de dire à Fox sa façon de penser, qui n'avait rien d'aimable. Le jeune homme développa sa pensée et la brune resta un peu comme deux ronds de flanc, comprenant parfaitement le message. Ça elle aurait dû s'y attendre, par contre. Fox ne laissait jamais un ami en galère. Qu'importe ce que ça pouvait lui coûter au bout du compte. Et parfois ça lui coutait très cher, et bien plus qu'une poignée de gallions. La jeune femme s'adoucit alors qu'il lui demandait des détails. Elle se laissa quelques secondes de réflexion en fixant l'Américain, comme pour jauger si elle pouvait lui faire confiance. En réalité, elle calculait les probabilités de chances de le voir abandonner son idée. Ça ne prit pas longtemps. Résultat : zéro. Dray était une des personnes les plus têtues de la création, Djenesa le savait pertinemment. Une fois qu'il avait une idée en tête... Et puis, elle n'était pas la seule amie qu'il voulait aider, ils étaient trois. Il ne lâcherait donc rien. Elle soupira donc théâtralement mais revint sur le comptoir et prit une serviette en papier où elle écrivit les réponses avant de la glisser sur la table vers lui. Geste typique de leur milieu commun, l'argent, que le PDG reconnaîtrait. En affaires, il y avait des choses qui ne se disaient pas...

"Il est dangereux, mon chou. Ne te frotte pas trop à lui. Sous ses airs de patron d'hôtels et de casinos, c'est un mafieu puissant et pas un enfant de coeur. Un gentil naïf petit renard comme toi, il n'en fera qu'une bouchée." l'avertit-elle, sentencieuse. Ça, il y avait des chances oui, qu'il le connaisse, elle ne se faisait pas d'illusions. Et justement elle espérait que le jeune homme change d'avis en voyant le nom. Elle ne voulait pas lui causer d'ennuis, or, là, c'était plutôt bien parti. Vous me direz, c'était déjà fait apparemment, puisqu'il s'agissait de ses amis qu'elle avait voulu dépouiller. Mais alors qu'elle s'apprêtait à reprendre le débat, parce qu'elle était bien aussi têtue que l'homme d'affaires, Parker se fit une nouvelle fois surprendre par Fox et sa proposition. Qu'est-ce qu'il lui disait là ? Clairement qu'il acceptait de reprendre du service avec elle ? Après avoir tout fait pour se racheter une conduite, et lui avoir exprimé, il y a longtemps, ses craintes les plus profondes par rapport à tout ça. Ce que ça symbolisait... Non, elle avait raté un épisode, là !  La voleuse, sourcils froncés, dévisagea l'Américain, qui, à présent la regardait en coin en tirant sur sa cigarette. La malice qu'elle lut dans ses yeux gris ne lui plut pas. Menteur comme un arracheur de dents, ça n'avait pas changé, ça ! Elle lui piqua le tube de tabac et l'écrasa sans ménagement dans la petite soucoupe de son café à défaut d'un cendrier, avant même que le barman n'eut le temps de prendre la parole, bien décidé à rappeler les règles en vigueur à son client, aussi illustre et régulier qu'il soit.

"Pas de ça avec moi, Fox. On ne joue pas. D'accord, tu veux m'aider et surtout, je crois, tes deux amis. Mais... Tu es sûr de toi ? Tu es vraiment prêt pour eux à refranchir la ligne ? Tu veux vraiment me faire croire que tu acceptes, après tout ce qu'on a pu se dire, de redevenir mon associé pour ces bibelos ? Toi qui as tout lâché, moi comprise, pour te refaire une vertu ? " demanda-t-elle avec suspicion et une bonne dose d'aigreur au passage.

"Ils doivent vraiment le mériter, ta Japonaise et ton peintre."

La jeune femme se rassit sur son tabouret. En voilà un retournement de situation, tiens !Si on le lui avait dit ce matin... Elle se perdit un moment dans ses pensées, ou plutôt ses calculs, imaginant déjà les différents scénarii qui s'offraient. Elle finit par hocher la tête et déclara avec une indiscutable autorité.

"D'accord. Marché conclu. Mais je t'avertis, ça ne va pas se faire en deux coups de cuillère à pot. On va même en chier."

Ça, ça n'allait pas être de la tarte de tout récupérer...  Surtout si comme elle le pensait, un de ses autres anciens camarades voulait la faire tourner chèvre. Et puis, avant tout ça, ils avaient autre chose à régler avant. Et, illustré ar un sourire narquois, le sarcasme, à ce propos, ne tarda pas.

"Alors comment comptes-tu payer ma dette ? En me faisant un chèque ?"
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeJeu 8 Aoû 2013 - 13:01

Tiens c'était vrai, ça ! Qu'est-ce que la belle voleuse foutait en Grande Bretagne, d'abord ? Non, parce que si Djenesa avait suivi ses aventures dans la presse, Dray lui n'avait plus eu aucune nouvelle depuis qu'ils s'étaient disputés, huit ans auparavant. A part peut-être quelques rares articles parlant de cambriolages inexplicables... Ça  faisait long. Et le jeune homme n'aurait jamais parié sur le fait que son ancienne amie s'était faite coincée comme tant d'autres, lui compris. Pourtant, il en fallait pour surprendre la cambrioleuse normalement. Tellement habituée à chercher les failles et les sorties, il semblait que quand vous, vous réfléchissiez aux conséquences du simple fait A, elle, elle avait déjà trois coups d'avance pour se tirer. D'ailleurs, il n'avait jamais réussi à la battre aux échecs. A croire que décidément, comme tout le monde, Parker n'était pas infaillible, malgré ce qu'elle voulait faire croire à tout ceux qu'elle croisait... Sans ironie aucune... Parce que c'était quand même elle qui lui avait fait tout un cirque quand il avait repris la direction de la Fox et un boxon encore plus grand quand il avait rencontré Karine et, pire du pire !, quand il la demanda en mariage ! Soit disant que dans chaque cas, il faisait l'erreur de sa vie. Pour se retrouver dans une telle situation, elle n'avait pas dû être en reste et si, il allait y revenir aussi souvent qu'il le voudrait, non mais oh !

Par contre, il reconnaissait qu'il s'était salement comporté avec la brune. Djenesa l'avait toujours soutenu. Alors qu'il se shootait dès que l'occasion se présentait (et elle se présentait souvent...), elle lui avait évité bien des galères qui découlaient de ces mêmes occasions. Et dans le pire de sa dépendance, elle avait soulagé comme elle avait pu, certaines de ses crises de manque dont elle avait parfois été témoin. Ensuite, quand il décida de tout plaquer, là encore, elle avait été là, l'obligeant à prendre l'argent qu'elle lui donnait quand il n'avait même plus de quoi se payer une bouteille de flotte. Mais lui, le beau temps revenu, quand les vents avaient tourné, il l'avait délaissée, voire délibérément ignorée parfois. C'était deux mondes qu'il avait obtinément refusé de voir se mêler, au point en effet, de renier publiquement qu'il la connaissait, autant par honte de ces épisodes de son passé (et il n'était pas question que Sergeï, Sei, Mokuren et ensuite Karine apprennent ça !) que par prudence, les flics n'étant à l'époque pas très loin, enquêtant encore sur la disparition de son père. Et les réactions possessives de la cambrioleuse, elle devait être honnête !, n'avaient pas aidé. Le peu de fois qu'elle avait rencontré Karine, elle s'était montrée impitoyable avec elle et ses critiques de femme jalouse (non mais franchement, on n'avait pas idée !) et sa hargne, qui avait commencé quand il avait pris la succession de Simon, l'avaient, lui, lassé. Fatigué et déçu, il avait fait un choix, et évidemment il avait fait passer son couple avant. Il n'aurait peut-être pas dû et aurait pu se montrer plus compréhensif parce que c'était sans doute en partie à cause de son propre comportement égoïste que Djenesa s'était lâchée. Mais il n'avait quand même pas eu tous les torts à l'époque.

Enfin, huit ans étaient passés, et lui, séparé de Karine. Par contre, patron de la Fox, il l'était toujours. Après quelques menus rebondissements... Alors à ses yeux, non, ils ne reprenaient pas là où ils s'étaient arrêtés. De l'eau avait coûlé sous les ponts. Il avait laissé ça derrière lui depuis longtemps et si elle n'avait pas fait cette connerie de cambrioler Poudlard, il aurait été heureux de la revoir. Il aurait même discuté du bon vieux temps avec plaisir et accepté de revenir sur les tensions qui étaient restées pour les effacer pour de bon. Mais en effet, il voulait bien reconnaître aussi que la situation de la cambrioleuse avait quelques circonstances atténuantes dans ce merdier d'aujourd'hui. Son expression boudeuse le fit sourire discrètement, malgré lui. Prudent, il but une gorgée de café pour la dissimuler.

La remarque, pourtant sensée de la voleuse, répondant à sa théorie, déplut singulièrement à l'homme d'affaires, et sa manière d'avancer le menton, dents serrées et lèvres pincées (tout son père mais surtout ne lui dites pas !) était extrêmement révélatrice. Mais il ne resta pas longtemps silencieux...

"Peut-être ? Je te garantis que preuve ou pas, l'Isabelle va devoir être ta priorité, Parker !" répliqua-t-il mordant, criant plus qu'il ne parlait, cette fois. Si la brune se montrait mesurée, lui perdait ouvertement patience. Elle avait raison de vouloir lui donner de quoi gamberger. Rien de tel pour le calmer. Enfin, là c'était vite dit ! Disons plutôt que cela avait déplacé sa colère sur d'autres que la voleuse. Bon point pour elle, très mauvais pour eux. Et ce que pouvait bien penser Djenesa de ses intentions, Fox s'en foutait bien !

"Oh je t'en prie, ne me ressort pas ton code !" s'exclama-t-il, avec autant de mépris que de hargne. "Fallait pas te servir à Poudlard, surtout ! T'as pas eu besoin de moi pour te mettre dans la merde !"

Ils tournaient en rond. Et là, il était de mauvaise humeur justement. Ils méritaient bien qu'il "détruise leurs vies", tiens, et il agissait simplement avec les armes qu'il avait à disposition. Parker et lui n'avaient juste pas tout à fait les mêmes. Elle, c'était tout ce que pouvait compter l'escroquerie de haut vol. Lui, c'était le pouvoir de l'argent. Il en avait autant qu'elle avait de talent. Pour dire qu'ils étaient doués dans leur domaine respectif. Et il n'était pas question qu'il laisse ces pourris, qui avaient cru pouvoir se servir impunément sur le dos de Vaughn, s'en tirer indemme. C'était tout de même un comble qu'elle lui reproche certaines méthodes de son milieu quand son métier à elle consistait à délester de leurs biens les braves gens. Bon, il était vrai que la jeune femme choisissait souvent ses cibles parmi le beau linge, et régulièrement d'ailleurs, ceux qui avaient deux ou trois choses à se reprocher. Une espèce d'Arsène Lupin ou de Robin des Bois dans l'ensemble. C'était aussi pour ça qu'il était aussi furieux contre elle. Parce que Vaughn et Umi n'entraient absolument pas dans ses catégories habituelles.

"Qu'est-ce qui t'est passé par la tête, enfin ?!" finit-il d'ailleurs par demander franchement et impatiemment à la jeune femme.

"Une école et un peintre ! On est très loin de tes clients habituels ! Loin des privilégiés ou des corrompus qui s'approprient des œuvres plus ou moins légalement, par cupidité, vantardise ou ennui ! Tu as eu l'intention de voler à un artiste son travail, ce que tu t'étais, de mémoire, toujours refusé de faire et t'as vidé une école, une institution d'utilité publique !, et tu viens me dire que tu ne peux pas me donner ceux qui t'ont doublé ? Tu te fous pas de ma gueule ?"

Elle ne pouvait pas avoir autant changé en huit ans ! Il n'y croyait pas. Et il eut raison. Quand elle lui expliqua le fin mot de l'histoire, il comprit mieux pourquoi tout cela. La fin justifiait bien souvent les moyens. Il commençait à y voir plus clair dans tout ce mic mac et le rôle du "virus". Celui-là, s'il lui mettait la main dessus... Point de vue dûment explicité ! Le rire de la jeune femme tira un sourire narquois et satisfait à l'Américain. Quelque part, malgré les circonstances, il était plutôt content de la faire réagir ainsi. C'était un peu comme avant. Il resta donc sur la même lancée avec la même ironie mais un peu plus d'affection dans la voix. D'ailleurs l'appelation qu'il choisit pour la voleuse ne pouvait pas tromper.

"On pourrait partager. Après tout, maїa daragaїa [ma chérie], quand il y en a pour un, il y en a pour deux et nous pouvons bien lui foutre sa branlée ensemble à ce guignol."

Voilà ! Là, on retrouvait le pragmatisme de Dray Fox. Mais la suite les ramena vite à la réalité du problème. L'idée d'insulter Parker pour la retenir fonctionna très bien et Fox s'en serait bien glorifié un autre jour. Mais là, il se contenta juste de développer son idée et surtout de demander encore une fois des détails. Cette fois-ci, l'escroc ne refusa pas. Sans être surpris du tout de la méthode, le millonnaire amena à lui la serviette de la même façon que Djenesa la lui avait tendue, pour y lire ce qu'elle avait écrit. Il écarquilla les yeux et ne put s'empêcher de siffler avec une espèce d'admiration dissonnante en voyant le montant inscrit. L'avertissement de la jeune femme par contre le laissa complètement indifférent. Il haussa les épaules.

"Je connais sa réputation. J'ai eu affaire à lui quand j'ai voulu ouvrir une nouvelle chaîne d'hotels casinos. Il a du mal avec le concept de concurrence, c'est un homme d'affaires d'envergure et en effet, il n'hésite pas à utiliser des méthodes discutables. Mais tu te fais trop de bile. Tu sais bien que les renards mordent et sont porteurs de rage."

En somme, non, Fox n'avait pas l'intention de changer de projet. Et il donna d'ailleurs clairement son idée. La réaction de la cambrioleuse avai été à prévoir. Après tout ce qui s'était passé entre eux, il ne pouvait pas décemment la tromper, il le savait bien. Bien sûr qu'il était toujours aussi menteur, pourquoi cela aurait-il changé ? Pas pour rien qu'elle avait jugé qu'il avait du potentiel dans son domaine d'activités. Il eut un léger haussement de sourcils quand elle se permit, ô sacrilège !, de lui piquer sa clope pour l'éteindre avec autorité. Ben tiens, ça n'avait pas changé ça ! Djenesa était toujours très à cheval sur les petites lois mineures. Traverser sur les clous, respecter la vitesse autorisée, payer le stationnement et ses factures, ne pas fumer dans les lieux publics... Ne pas fumer tout court d'ailleurs... Un comble quand même, quand vous n'hésitiez pas à côté à pénétrer dans le British Museum ou Fort Knox quand le cœur vous en disait. Il s'exclama avec un mélange de rebuffade et de moquerie :

"Hé ! T'es mal placée pour me reprocher d'enfeindre les règles !"

Mais le New-yorker écouta aussi ce qu'elle eut à lui dire. Elle l'avait encore mauvaise, apparemment. Il retint un soupir. Ça, il pouvait le comprendre et ce n'était pas lui qui irait critiquer son caractère rancunier...  S'il était prêt ? Hé, y avait-il d'autres choix surtout ? Si Vaughn et Umi le méritaient ? Le regard du jeune homme se perdit dans le vide un instant et malgré lui, avant qu'il ne le repose sur sa vis-à-vis.

"Tu n'imagines pas à quel point."

Une déclaration franche et teintée de beaucoup de tendresse qui ne tolérait apparemment aucune contestation possible.

"Par contre, l'Isabelle, un bibelot ? Ne charrie pas ! Je suis prêt à tout ce qui est possible pour le récuperer ce "bibelot", que ce soit clair !"

Et le millionnaire n'hésita pas à dessiner sèchement dans l'air les guillemets...

"D'accord, on ne joue pas ? Alors je vais être clair. Je le ferai sans toi, contre toi même s'il le faut. Parce que c'est plus ou moins quand même de ta faute si on en est là et qu'envers et contre tout, je rendrai à Vaughn et Umi ce que vous leur avez pris, je te le garantis. Pour eux, je m'en tape de refranchir la ligne. Mais avec toi, je préfère, parce que les chances de réussite seront bien meilleures et même si je t'ai lâché, je le reconnais et je n'en suis pas fier, et j'aimerai réparer ça, tu es restée une amie. Je ne te laisserai pas dans la merde et on va réparer tes bétises. Et puis tu l'as dit toi-même, trouver un binôme digne de confiance est long et il te reste peu de temps. Aucun de nous ne lâchera du terrain, tu le sais, je le sais, alors je ne vois pas de meilleure solution au problème qui nous divise. Et toi ?"

Dray sut qu'il avait gagné quand il vit Djenesa peser le pour et le contre.

"Le contraire m'aurait déçu." répondit Fox avec humour, ayant retrouvé son sourire hâbleur et charmeur, quand la jeune femme lui fit remarquer que ça n'allait pas être une partie de plaisir. Ça, ce n'était pas un pari très risqué, vu la situation... Enfin, il fut temps de parler sérieusement affaires, puisqu'il avait enfin réussi à convaincre la voleuse et étonnamment... ou pas, ce fut elle qui mit le sujet sur le comptoir. Son sourire s'accentua et se fit faraud :

"Et pourquoi pas, krasavitsa, [la belle], huit millions de gallions, qu'est-ce que c'est pour moi, sérieusement ? Mais sinon, on peut aller au casino, ce serait beaucoup plus marrant !"

L'exclamation de Fox fut joyeuse. Apparemment, quoi qu'il ait en tête, et en l'occurrence, faire sauter la banque, ça l'amusait d'avance. Réussir à ramasser une telle fortune était un défi qui lui parlait bien. Quitte à refranchir la ligne, autant aussi laisser courir un peu ses petits démons...

"On a un mois. Dix millions par semaine, ça devrait le faire."

Ben oui, bien sûr, écoutez-le, c'était si simple ! Les mondes de ces deux-là n'étaient vraiment pas ceux du commun des mortels...
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeLun 9 Sep 2013 - 16:07

La belle voleuse foutait ce qu'elle voulait en Grande Bretagne, d'abord ! … En fait, elle avait bêtement loupé le coche. Oh elle avait bien eu l'intention de filer du territoire ayant bien entendu eu vent de ce qui se tramait. Le monde de l'entourloupe avait été bien évidemment au courant de ce qui allait se passer. Ils avaient tous leur propre réseau de renseignements et la nouvelle s'était rapidement propagée dans le milieu. Et naturellement, il n'était pas question pour Djenesa de se laisser coincée comme ça. Sauf qu'à quelques jours de son départ et de l'échéance, un de ses rares amis lui avait demandé un petit coup de main, ayant essayé d'arnaquer les mauvaises personnes. Le temps qu'elle l'aide à sortir de ce mauvais pas et les frontières s'étaient fermées. Dommage, quoi. En effet, elle n'était pas infaillible, puisque malgré ses efforts, elle n'avait pas été dans les temps. Mais ce n'était qu'une erreur de timing, pas du tout de stratégie, comme celles de l'Américain. Après, ce n'était pas ses erreurs qui l'avaient menée dans cette situation inconfortable, mais celles de ses petits camarades. … Vous l'aurez compris, en toute "honnêteté", ce n'était jamais de sa faute !

Mais si vraiment on devait revenir sur le passé, Djenesa était parfaitement d'accord avec l'Américain. Il l'avait proprement éjectée de sa vie sans remord et de manière fort peu correcte. Mais pour une fois, l'escroc voulait bien reconnaître qu'elle avait aussi eu sa part de responsabilités. Et pour cause ! Elle ne l'aurait jamais avoué à quiconque et de vive voix, ni hier, ni aujourd'hui, mais avec le recul et à elle-même, elle l'admettait à présent. Elle avait été jalouse, oui, et si elle s'était comportée ainsi, c'était que le charme du play boy ne l'avait pas laissé si indifférente que ça, sans qu'elle ne le comprenne à l'époque. Amoureuse, elle ? Pff ! N'importe quoi ! Jamais ! Ou peut-être un petit peu, maintenant que c'était loin derrière. Pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Et puis, leur relation avait été toujours particulière et plutôt oscillante. Il leur était même arrivé de coucher ensemble, parfois. Tous les deux en quête de quelque chose qui n'avait rien à voir avec l'autre mais qui avait au moins un rapport : le réconfort. Sauf que Dray avait atteint ce qu'il recherchait avant elle et sans elle et ça, Djen avait eu du mal à l'encaisser. Jalouse et frustrée, elle l'avait été, oui, et elle avait tout reportée sur LA responsable, Karine Matthew. Mauvais choix. Dray ne l'avait pas laissé passer, ça. Normal... Et s'il l'avait ignoré et même repoussé, le propre comportement de la voleuse envers la blonde n'avait pas aidé à améliorer les choses, c'était une certitude. Les torts avaient été partagés. Et Parker savait reconnaître sa défaite. Elle avait disparu de la circulation et surtout du champ d'action de son ami. Et puis, le voir se marier... Certainement pas !

Elle regarda d'ailleurs par réflexe les mains de l'Américain et remarqua immédiatement l'absence d'alliance. Tiens donc... Alors comme ça, il n'y avait finalement pas eu de noces ? Ça, c'était une surprise. Mais vu comment se dessinaient les choses, ils auraient bien le temps d'en reparler plus tard. Ou pas connaissant le New-yorkais... Discuter du bon vieux de temps ? Des clous ! Ce n'était pas pour eux ce genre de trucs, ça. Mais... à bien y réfléchir, et si elle était pour une fois moitié plus honnête que d'habitude, ce ne serait pas si désagréable que ça. Enfin avant que ce grand moment d'émotions n'arrive, ils avaient quand même deux ou trois menus problèmes à régler avant, hein...

Et Parker fit le même constat que Fox. Cette discussion ne les menait à rien. A part à s'énerver apparemment, vu la réaction du millionnaire. Djenesa eut le bon goût d'afficher une petite mine contrite et surtout de garder le silence pour essayer de temporiser un peu le nouvel élan de "légère impatience" de Dray alors qu'il appuyait une nouvelle fois là où ce n'était pas très confortable. L'ego de la jeune femme était tout de même une pièce sensible et il n'aimait pas être maltraité ainsi. D'ailleurs, à un moment donné, son ego décida de l'ouvrir, parce que bon, il était bien gentil avec sa morale, le Yankee mais là il commençait doucement à lui casser ce qu'elle n'avait même pas.

"Saint Dray, priez pour nous, pauvres pêcheurs ! Ça va, lâche-moi un peu, tu veux ! "La fin justifie les moyens", c'est ta partie, non ? A un moment donné, cette foutue île n'a pas un terrain de jeu sans limites et les possibilités de gagner le jackpot, on ne les trouve pas sous le cul des centaures ! Et en cas de chute des bénéfices, il faut alors savoir diversifier son ciblage marketing, ce n'est pas à toi que je vais l'apprendre." remarqua-t-elle très ironiquement, en persiflant en fait carrement, avant de donner tout de même la vérité, ce qui sembla vouloir signer la fin des hostilités. Finalement, ils avançaient. Pas très vite mais le changement fut là, puisque le jeune homme parvint à la faire rire.

"Ton offre est correcte, mais je ne partage pas mes jouets, mon chou, ça, ça n'a pas changé." finit par répondre la voleuse, en souriant avec espièglerie, avant que le jeune homme ne lui demande quelques détails de plus. Le sifflement lui tira cette fois une grimace. Elle n'était pas sensible au "compliment" implicite, visiblement. Et elle ne le fut pas non plus à l'indifférence affichée de l'homme d'affaires.

"La description est juste mais méfie-toi. Il se pourrait que ce british pure souche apprécie la chasse à cour."

Elle se faisait trop de bile ? C'était vite dit. Ce n'était pas lui qui était dans le colimateur de ce type depuis des semaines. Fox était une vraie tête de mule, ça non plus ça n'avait pas changé. Ça l'agaça alors l'escroc se vengea sur la cigarette de l'Américain alors qu'il la provoquait gentiment du regard. La réaction faussement outrée de ce dernier ne lui tira qu'un tirage de langue. Ce n'était pas pour rien qu'elle respectait les régles... enfin ce genre de règles. Dans sa profession, il ne fallait surtout pas se faire remarquer. Et ne pas attirer l'attention passait par ces "petites manies". Se faire choper par un bête contrôle fiscal comme Capone ou pour un excès de vitesse était aussi stupide qu'humiliant.

Enfin tout cela les menait où ? Djenesa finit par laisser entendre la question en remarquant l'importance que devaient avoir ses deux victimes. Le regard rêveur de Fox la surprit. Il y avait quelque chose derrière ce regard, elle l'aurait parié sans hésiter. Elle sourit, perfide et se rapprocha de son ami, joueuse, au plus près pour le frôler, les mains sur son torse.

"Je connais bien ces yeux-là, M. Fox." commença-t-elle aussi taquine que très charmeuse, captant les prunelles platine du jeune homme, alors que ses mains se faisaient caressantes.

"Alors dis-moi, play boy, la Japonaise ou le peintre ?"

Et puis, elle finit par déclarer sur un ton faussement tragique mais sure d'elle, alors que l'une de ses mains osa glisser sur la nuque de Dray pour taquiner du bout des doigts quelques mèches, et que l'autre se glissait sous son veston.

"Quel dommage ! Il semblerait que l'on soit condamnés à se rater, tous les deux..."

Les yeux verts de la jeune femme restèrent accrochés au regard de son vis à vis, sensuels.

"A moins que... Par nostalgie..."

A moins que rien du tout. Tout ceci était une vaste plaisanterie. Son immense sourire espiègle qui apparut subitement le prouvait bien alors que ses mains finirent par lâcher leur "proie", l'une allant même jusqu'à dépoussiérer légèrement l'épaule du jeune homme avant que Djenesa ne les range sagement derrière son dos, pour s'assoir à moitié sur le tabouret où reposait son sac à main. Et alors qu'elle revenait à sa place, elle répondit au discours de l'aventurier. Dray s'était montré en effet très clair.

"Et moi je pense que tu es toujours le même impossible sale gosse. Allez n'en jette plus, c'est limpide.Tu m'as convaincue. Ou plutôt tu ne me laisses pas le choix."

De là, la brune donna son averissement et la réponse de Fox tout en assurance humouristique lui tira un sourire indulgent mais elle préféra poursuivre avec cynisme quant au plan du New-yorkais. Sa répartie la souffla pour le coup.

"Ça devrait le faire ? Qurante milions de livres, plus de cinquante huit millions de dollars, huit millions de gallions. Plus d'un million chaque soir ? Ça va être discret c'est sûr !" s'exclama-t-elle avec un évident scepticisme qui tenait même davantage à de l'incrédulité. Elle soupira.

"Enfin j'ai déjà mis quatre millions de livres de côté... Tu comptes sur ton talent au Black Jack, je suppose ?"

Oui, ils n'étaient pas dans le même monde que les autres, c'était une certitude. Mais cette fois, même elle se sentait hors de celui de Dray. Mais Djenesa trouvait à présent qu'ils avaient pour le moment le tour de la question, d'autant plus que l'Américain n'était pas son seul rendes-vous, cet après-midi. En ce sens, elle regarda sa montre et se releva finalement et plus calmement que précédemment, elle prit le parti de vouloir partir.

"Il faut que j'y aille, je te recontacte demain, Fox." dit-elle simplement, mais en souriant cette fois. Et pour preuve que la donne avait vraiment changé elle posa sa main sur son épaulen en passant à ses côté et lui murmura un unique mot en anglais cette fois :

"Merci..."
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Compétence: Niveau 8
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeMer 11 Sep 2013 - 15:12

[Bon allez, il est plus que temps de conclure par ici.]

Quand Dray saurait les raisons qui avaient retenu la jeune femme au pays, il dirait qu'il n'était pas surpris de ce rebondissement. C'était du Djen tout craché, ça. Mine de rien, et malgré de solides apparences qu'elle entretenait avec application, la cambrioleuse savait faire passer les intérêts de ses quelques amis avant les siens quand il le fallait. C'était aussi pour ça que malgré sa colère, il avait bon espoir de la convaincre de lâcher prise par rapport à ce qui s'était passé quelques jours avant. Mais sa mauvaise foi aussi, ce n'était pas étonnant. Parker avait un talent incomparable dans ce domaine...

Quant aux sentiments de la belle brune, franchement, Dray n'en eut jamais conscience. Trop concentré sur Sergeï et la drogue sans doute. Et aujourd'hui encore, avec le recul, il ne captait rien. En effet, personne n'est plus aveugle que celui qui s'obstine à ne rien vouloir voir. Que ce fut dans un sens ou dans un autre. Étrangement d'ailleurs, à ce propos, Dray était particulièrement inepte. S'il avait de l'empathie pour bien des choses, le fait qu'on puisse l'aimer lui passait souvent loin au dessus de la tête. Et s'ils avaient eu quelques rares rapprochements, en effet, cela avait juste été des pauses nécessaires mais rien de plus concret que ça. Peut-être aurait-il mieux compris et aurait-il été plus indulgent s'il avait su, il n'aurait sans doute pas agi de la même façon. Mais il n'aurait pas pour autant abandonné Karine. Il aurait pris le même chemin mais différemment. Enfin, les choses s'étaient passées et il était impossible de les réécrire alors il valait mieux qu'ils en restent là sur tout ça. Ils en reparleraient peut-être, qui sait ?, mais l'escroc allait peut-être devoir obliger un peu l'Américain alors, parce qu'il était dit que ce passé-là, Dray n'était pas plus disposé à en reparler aujourd'hui que huit ans avant, même si, indéniablement, Djenesa allait reprendre une place dans sa vie.

La conversation, ou plutôt la dispute, tournait plutôt autour du présent et chacun se butait à l'obstination de l'autre. Et le persiflage de Parker fit son petit effet. Dray serra les dents sous la griffe et plissa dangereusement des yeux. Il n'appréciait pas la comparaison, c'était net. Surtout celle de ses amis ! Ciblage marketing, il lui en foutrait ! Toutefois, l'adage de la fin et des moyens, il ne pouvait pas honnêtement dire qu'il ne l'utilisait pas régulièrement pour justifier de certaines de ses décisions ou agissements les plus contestables. Ce fut sans doute pour ça que malgré sa colère, il ne répondit rien, laissant le point à l'escroc. De ce point de vue purement matériel, cela se justifiait dans une certaine mesure et la suite de ses explications fut d'autant plus explicite.

Ils en vinrent donc à celui qui avait été le véritable cambrioleur de Vaughn et la remarque teintée d'humour de la jeune femme eut l'effet mérité sur l'Américain qui lui sourit avec amusement en retour.

"Égoïste !" se permit-il simplement de répondre sur le même ton avant qu'ils n'embrayent sur le vautour qui tenait la brune entre ses serres. Et sa réponse à la métaphore de la jeune femme fut encore plus succincte, puisque le jeune homme se contenta de hocher les épaules avec une totale indifférence. Fox n'était visiblement pas prêt à craindre ce requin qui, apparemment avait réussi à foutre les jetons à la jeune femme. Et ça par contre, il ne se gêna pas pour en faire la remarque à son amie, entre moquerie et sérieux.

"Il ne me fait pas peur. Ni lui, ni ses méthodes d'intimidation. Par contre, on ne peut pas en dire autant pour toi, apparemment. "

Ils reprirent sur le problème de base : récupérer les œuvres volées et l'aventurier se rendit compte une seconde trop tard, qu'il s'était trop dévoilé face à la cambrioleuse. Mauvais ! Cela ne loupa pas, Djenesa l'épingla en beauté et le prit au dépourvu. Quand elle s'approcha, féline et charmeuse, Dray la vit venir, avec son petit jeu. Mais son attitude provocante ne le mit pas moins mal à l'aise. Il aurait bien reculé sauf qu'il n'était pas dit qu'il le ferait un jour devant elle. Et puis quoi encore ? Il avait sa fierté quand même. Aussi, le New-yorkais ne fit pas un mouvement, bien décidé à ne pas perdre la face. La première remarque de la brune indiqua tout de suite le danger au jeune homme d'affaires. Sa pensée se résuma à un mot : shit ! Il allait falloir la jouer fine et se forger le masque parfait de l'indifférence, hautement nécessaire quand Parker voulait savoir quelque chose. Par contre, la question fut tout de même particulièrement directe. Aussi, Dray dut se faire violence pour ne rien laisser filtrer qui aurait pu indiquer la réponse à la jeune femme, gardant donc sans faiblir, sans bouger surtout, sans cligner des yeux ou les détourner, son regard dans le sien. Parker le connaissait certainement trop bien... Il afficha même son meilleur sourire hâbleur.

"Pourquoi répondre ? Je ne voudrais pas décevoir tes fantasmes, ma belle."

Sa taquinerie suivante par contre, passa plus difficilement, d'autant que cette fois, Djenesa se montra beaucoup trop proche et surtout tactile. Il eut un mouvement réflexe et rapide de la nuque d'ailleurs pour échapper aux doigts trop inquisiteurs de la voleuse, même s'il n'était pas surpris qu'elle se souvienne de ce talon d'Achille. Mais leurs regards ne cillaient pas, ni à l'un, ni à l'autre.

"La nostalgie, ce sont des regrets et je n'en ai aucun par rapport à nous." dit-il trop fermement et en reculant finalement prestement pour se détacher pour de bon, de l'escroc qui s'était clairement trop infiltrée dans son espace vital, en même temps qu'elle abandonnait son petit jeu. S'ils avaient partagé une intimité par le passé, elle n'avait clairement plus mise aujourd'hui. Le visage fermé du jeune homme face à l'espièglerie de sa compagne montrait que la vaste plaisanterie n'avait pas eu l'effet escompté sur lui et que ça l'avait gêné plus qu'autre chose, même s'il avait eu le tact de ne pas la repousser tout de suite, parce qu'elle n'était pas non plus une inconnue. Et puis, ils avaient autre chose à faire et à penser que se faire du gringue, juste pour rire !

Fox émit donc ses conditions. Il ne lâcherait pas le morceau non, et heureusement Parker finit par le comprendre. La suite n'était plus question que d'organisation et Dray ne tarda pas à élaborer une stratégie d'attaque pour récolter les fonds nécessaires à sa part du marché.

"Parfait, c'est un bon investissement de départ. Et oui, mais pas seulement. " répondit-il mystérieusement à la question des quatre millions d'avance et du Black Jack.

"Cinquante huit millions six cent quarante mille dollars pour être précis." remarqua très posément le jeune homme, en reprenant une gorgée du second café qu'on lui avait servi, comme si, en effet, ce n'était rien du tout. Ça, le monde de Dray Fox était parfois très déconcertant. Il développa toutefois un peu plus loin sa pensée.

"Ah, c'est sûr qu'il va falloir taper sur plusieurs établissements et d'autres jeux. Par exemple, il y a un tournoi de Poker Texas Hold'em réservé aux gros flambeurs, au Ritz la semaine prochaine. Cinquante mille pour s'inscrire. Deux millions à la clé. Et miser d'énormes sommes d'un coup, plusieurs identités aussi. Mais  rappelle-toi que j'ai une chance de pendu quand il s'agit de jeux d'argent ! Et puis au pire, je te le ferai, ce chèque ! Ça ira, aie confiance !"

Le départ annoncé de l'escroc ne surprit pas outre mesure l'Américain. Djenesa était un courant d'air pire que lui. Par contre, après qu'elle eut posé sa main sur son épaule en le remerciant et alors qu'elle fit deux pas vers la sortie, Dray lui attrapa le poignet pour l'empêcher de filer une nouvelle fois. Et sa poigne, comme le ton quoi que calme ou le regard appuyé, ne laissait aucune place à l'interprétation ou la contestation, malgré son éternel sourire charmeur et un peu narquois... Croyait-elle vraiment qu'il n'ait rien remarqué ?

"De rien. Par contre, chérie, puisque tu me laisses la douloureuse, pourrais-tu me rendre mon portefeuille ?"

[Te laisse le mot de la fin ! ]
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MessageSujet: Re: Le Sofitel London St James   Le Sofitel London St James Icon_minitimeLun 16 Sep 2013 - 22:03

[Sa seigneurie est trop bonne ! XD ]


Djenesa était tout à fait d'accord. Ils devaient laisser le passé derrière eux. Ressasser ne faisait pas avancer, c'était bien connu. Et aujourd'hui, tout ceci n'avait plus vraiment d'importance, il y avait prescription. Les sentiments de la belle pour le play boy américain s'étaient éteints, il y avait maintenant un bail. Ne restait qu'une amitié toujours bien présente malgré leurs différents. Et c'était bien suffisant.

Et en parlant de leurs différents, il semblait bien qu'une bonne partie voulait se régler devant le comptoir du bar choisi par le New-yorkais. Et chacun laissait des points à l'autre, semblant soucieux l'un comme l'autre de mettre fin à l'engueulade. Rancuniers oui, ils l'étaient, mais aussi suffisamment intelligents pour savoir arrêter les frais. Et après s'être sérieusement expliqués, finissant par un échange de petites plaisanteries qui se conclut par l'insulte innocente de l'Américain et le sourire de l'un et l'autre, Djenesa fut d'avis d'accorder à Dray ce qu'il voulait parce qu'il lui offrait une porte de sortie qu'elle cherchait désespérément depuis des semaines, et elle n'était pas assez butée pour refuser une telle aide. Toutefois, il fallait bien que Fox comprenne les risques. Et la réaction nonchalante de cette tête brûlée ne la surprit pas outre mesure. Comme si c'était cela qui allait l'arrêter, à quoi pensait-elle ? Djenesa soupira. Si elle avait peur ?

"J'avoue, oui. Peut-être parce que je l'ai vu faire briser la main d'un de mes complices à coups de marteau. Terriblement cliché, mais diablement efficace. Enfin, à ta guise, Fox."

Récuérer les œuvres présentait un défi de taille, mais qui n'avait rien d'insurmontable s'ils avaient un complet champ libre. Tout était une question d'organisation et de fonds qu'ils verraient au fur et à mesure. Aussi Parker préféra se concentrer sur une réaction révélatrice de son ami. Il y avait quelque chose à déterrer, elle en était certaine. Aussi fut-elle bien décidée à pousser l'homme d'affaires dans ses retranchements. Et elle ne fut pas déçue du résultat...

C'était elle qui avait appris en premier lieu à Dray à savoir dissimuler ses expressions et surtout à les feindre. Quand ils s'étaient rencontrés, l'héritier Fox était beaucoup trop entier et sauvage. S'il était considéré comme quelqu'un d'expressif aujourd'hui, c'était encore plus net par le passé. Il n'était absolument pas difficile de savoir ce qu'il ressentait, et à l'époque c'était en premier lieu, la colère, le mépris et la tristesse. Ce qui le déservait considérablement. Patiemment, elle l'avait formé à maîtriser ses expressions et ses réactions corporelles et à les repérer chez les autres et ainsi prendre l'ascendance. Aujourd'hui, elle constatait qu'il n'avait rien oublié de ses leçons, le renardeau. Son visage fut parfaitement inexpressif si on exceptait son petit air faraud habituel. Sauf que malgré tous les efforts du monde, on ne pouvait pas tout cacher. La main de la voleuse posée sur le torse de Dray sentit la soudaine accélération du cœur et l'autre, l'invisible mouvement d'épaule. Le corps était comme ça. On ne pouvait pas le contrôler complètement. Il trouvait toujours le moyen d'exprimer son idée à notre insu et quand vous étiez concentré à contrôler votre visage, vous ne l'étiez pas sur le reste. Alors comme ça, c'était le peintre ? Un fin sourire narquois passa sur les lèvres de la jeune femme. Intéressant ! Cela mettait deux ou trois faits en perspective, tout ça.

"Oh, mais tu viens de leur offrir une intarissable source d'inspiration à mes fantasmes, mon chou ! J'ai vu la photo de ton peintre et franchement, lui dans mon lit, je ne couche pas dans la baignoire." s'exclama finalement Parker, particulièrement espiègle, et faisant comprendre par la même occasion, qu'elle n'avait pas été dupe de ses efforts et elle ricana en voyant le New-yorkais ne rien répondre si ce n'était lever les yeux au ciel avec une nette exaspération. Héhé...

Par contre, la remarque suivante de Dray mit de suite les points sur les i. Et son recul les barres sur les t. Le sourire de Djenesa s'adoucit pour se faire simplement tranquille. Le message était bien passé et la brune ne vit aucune raison de répondre autrement. Par contre, cela éclaira la jeune femme sur un autre point important. Cette relation, apparemment, c'était du sérieux pour Fox. Une telle réaction de recul, elle l'avait vu en avoir des similaires quand il s'était mis à sortir avec Karine. Alors si on additionnait 1 + 1... Elle allait devoir savamment le cuisiner si elle voulait en savoir plus là-dessus, c'était une certitude.

A propos de sa dette, la jeune femme ne put qu'écouter le speech de Fox sans trop rien dire, parce que franchement, là, elle se sentait un peu dépassée.

"Je vois que tes capacités de matheux n'ont pas faibli avec l'âge..." remarqua-t-elle entre amertume et abdication avant qu'il ne rentre dans les détails. Oh, il était évident qu'il avait raison dans ses pronostics et sa stratégie d'attaque, mais elle qui galérait depuis des semaines et lui qui lui balançait tout ça comme si c'était aussi facile que d'acheter le journal et prendre le métro, franchement, le décalage la laissait... déconcertée et impuissante. Et ça...

"Confiance, moi ? Tu te souviens à qui tu parles ? Je ne fais jamais confiance, ça non plus, ça ne change pas." répliqua-t-elle, acerbe, avant pourtant de s'adoucir.

"Mais pour toi, je veux bien faire un effort. "

Elle précisa cependant presque aussitôt en faisant mine de tenir quelque chose entre son pouce et son index, une expression entendue sur les traits, alors qu'elle se levait pour prendre congé.

"Un petit."

Faire confiance dans son métier, c'était mauvais. Dans sa vie, cela ne lui avait rien apporté de bon. Alors, il était gentil, le Yankee, mais fallait pas non plus déconner.

Mais alors que Parker se dirigeait pour de bon vers la sortie, qu'elle ne fut pas sa surprise de se faire attraper brutalement par le poignet. Elle fixa Dray avec étonnement jusqu'à qu'il eut finit de parler. Son expression changea alors pour devenir particulièrement rieuse. D'ailleurs, elle laissa passer quelques petits rires, preuve qu'il avait fait mouche, alors qu'elle plongea la main dans son sac pour en sortir l'objet de son délit, un porte-feuille de cuir noir, où était incrustée en marqueterie dans le coin inférieur droit du recto, un renard stylisé gris, marque personnelle de Fox.

"Pfff, t'es pas drôle. D'habitude, ces messieurs n'y voient que du feu quand je leur fait ce petit numéro."  bouda-t-elle comme une gamine en tendant à son ami son bien avant d'ajouter faussement déçue :

"C'est dommage, je suis sûre que j'aurais appris plein de choses très intéressantes sur ton toi présent."

Mais la belle décocha finalement à l'Américain son plus beau sourire avant de lui plaquer une bise sonore et filer à ce rendez-vous véridique. La suite des événements n'allait pas manquer de piquant !
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