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 Succursale anglaise de la Fox

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Dray Fox
Exilé(e) politique

Exilé(e) politique
Dray Fox

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Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 TrophyBar
Messages : 3793

Né(e) le : 12/09/1984
Age : 40

Où à Poudlard ? : Je vous en pose des questions ?

Rang & Club : Baka ranger vert.

Caractéristiques
Compétence: Niveau 8
Particularité: PDG de la Fox
Baguette: 33 cm, bois de prunellier (manche), bois de pin (corps), dard de Billywig et poil de Nundu (Une baguette de barj à l’image de son propriétaire... XD)

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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeDim 18 Mar 2018 - 22:20

Big Ben sonnait les douze coups de midi en une humide et froide journée de novembre alors que trois hommes sortaient de la succursale londonienne de la Fox. Son PDG, son garde du corps principal et son directeur s’apprêtaient tout bonnement à aller déjeuner. Enfin, c’était ce qu’Evan Turner avait prévu… Une jeune femme, emmitouflée dans un imperméable bon marché, mains dans les poches, sac à main sans forme sous le bras, obligea le trio à s’arrêter. Elle semblait avoir une vingtaine d’années et était visiblement enceinte de plusieurs mois. Elle était grande, avait de longs cheveux noirs, négligemment attachés et relevés par une pince en plastique, de grands yeux gris platine, et des traits fins et volontaires.

“Excusez-moi, Monsieur Fox !”

Les trois hommes stoppèrent leur marche de concert. Intrigué, le dénommé observa simplement la nouvelle venue. Mais Manning ne l’entendit pas de cette oreille et se plaça immédiatement en avant, habilement entre les deux, avant même que l’intruse ne finisse de prononcer ces mots. En voyant le mouvement, la jeune femme sortit les mains des poches de son imperméable pour montrer patte blanche et précisa gentiment.

“Je veux simplement vous parler.”

“Nous avons peu de temps. Que peut-on pour vous, Mademoiselle ?” intervint Turner, à la gauche de Dray, sèchement, un peu agacé d’être ainsi interrompu par une inconnue. Pour une fois qu’il réussissait à persuader son chef de prendre une réelle pause déjeuner, et à l’extérieur de l’entreprise de surcroît, il sentait venir les ennuis. Question d’habitude…

“Vous, rien, Monsieur.” répliqua cependant avec douceur cette dernière au directeur sans se démonter, avant de reporter son regard vers celui qui l’intéressait et qui n’avait toujours rien dit. Et sous le regard de marbre de l’Américain, attentif, la jeune femme sembla tout d’un coup bien hésitante. Elle se mordit la lèvre inférieure et chercha ses mots en croisant les mains devant elle. Quand il fallait y aller...

“Je… Je crois que je suis votre soeur.”

….

Turner et Manning écarquillèrent un peu les yeux sous la surprise et se tournèrent vers Dray pour voir sa réaction.Une fois sa bombe lâchée, la jeune femme sembla, elle, dans ses petits souliers. En réalité, d’un coup, elle aurait voulu disparaître.

“...Je vous offre un café ?” furent pourtant les seuls mots de Fox pour accueillir ce qui ressemblait quand même bien à un coup de tonnerre. Bobby éclata de rire, alors qu’Evan se frappa le front du plat de la main.

“Tsss… Et voilà ! Dire que j’avais réussi à te persuader de déjeuner…”

“Un café ET un déjeuner, alors. Je m’en voudrais qu’Evan se soit donné tant de mal pour rien.” corrigea Dray un peu narquois cette fois. Il se moquait ouvertement de son collaborateur mais ne sembla pas plus réagir à la déclaration de la jeune femme qui fut pour le coup particulièrement surprise de son attitude désinvolte. Elle qui s’était imaginée beaucoup de scénarii, celui-là ne semblait pas avoir été envisagé...

“Heu… Heu… Et bien heu oui, je veux bien…” répondit-elle dans un petit sourire timide.

“Alors allons-y, … Mademoiselle ?”

“Heu… Gates ! Phoebe Gates…”

“... Mademoiselle Gates,vous allez m’expliquer pourquoi vous pensez être ma soeur.”

Dans un restaurant de haute qualité, quatre personnes se retrouvèrent donc autour d’un repas soigné, à une table un peu à l’écart. La jeune femme se retrouva bien intimidée dans un milieu qui n’était pas le sien, (en témoigna le gêné et craintif merci qu’elle adressa au serveur qui venait, avec ses gants blancs, de lui remplir l’un de ses verres d’eau minérale, alors qu’une autre venait de prendre la commande,... d’habitude c’était son rôle à elle...) et surtout les regards des trois hommes qui, à présent, attendaient ses explications. Enfin, pour deux, c’était évident. Pour le troisième, qui était pourtant, le seul concerné, il n’exprimait pas grand-chose étonnamment… La demoiselle le releva.

“Excusez-moi mais… pourquoi j’ai l’impression que vous ne semblez pas surpris ?”

“J’ai découvert que mon père s’est fait passer pour mort pendant sept ans et depuis on joue à qui sera le PDG, que j’avais un petit frère, il y a six ans et demi et mon père essaie de me marier depuis un an pour raisons d’affaires. On n’est plus à une soeur et un bébé près dans le tableau. Prévu pour quand ?”

Forcément, expliqué comme ça… Mais au delà de la manière quelque peu sarcastique de dire les choses, quelque chose surprit beaucoup la jeune femme et sembla lui faire plaisir à en croire le sourire qu’elle voulait dissimuler. Mais elle répondit d’abord à la question de l’homme d’affaires qui, d’un mouvement de tête et d’un regard neutre, avait désigné son ventre très rebondi.

“Dans deux mois. On a un frère ?”

Fox sourit à son tour avec patience.

“Si vous êtes celle que vous prétendez, oui. Fille ou garçon ?”

“Fille. Elle s'appellera Zoë.”

La jeune femme avait souri à nouveau en parlant de son bébé. Et cette fois, rien n’était caché. Et sourire face à sourire, yeux platine face à yeux platine, on dut admettre que cette inconnue devait certainement dire la vérité. Et Dray fut le premier à en faire le constat, alors même que ses acolytes s’étaient échangé un regard appuyé et surpris de leur ressemblance avant de vouloir le partager avec lui.

“Bon sang… Mêmes yeux, même sourire et type même des femmes que choisit mon père. Rien que ça, vous marquez des points.”

Phoebe haussa encore les sourcils d’étonnement, ce qui ne fit qu’enfoncer le clou et pouffer sarcastiquement Dray. Dans quoi il se retrouvait entraîné encore ? Il avait bien fait de prendre une vodka en apéritif… Parce que même s’il se la jouait indifférent, et qu’il le prenait plutôt bien (c’était dans ces moments-là qu’il voyait qu’il avait quand même bien changé au fil des années…), le trentenaire n’était tout de même pas insensible.

“Je vous écoute, Mlle Gates.” invita-t-il gentiment en buvant une gorgée d’alcool.

La jeune femme reposa gracieusement son verre d’eau et frotta la nappe du plat de la main, nerveusement.

“Heu… Oui… Heu... Je.. Je ne sais pas par où commencer, pardon.” s’excusa-t-elle en bafouillant à moitié, s’en voulant pour toute cette hésitation à son sens malvenue. Mais face à ces trois hommes, autour de cette table, dans un restaurant de luxe, et surtout face à ce frère potentiel qui semblait prendre drôlement bien son arrivée dans son décor, il y avait de quoi être nerveuse.

“J’avais répété, mais rien ne se passe comme prévu. Vous êtes déroutant !” s’exclama finalement la future maman. Cette remarque fit rire les deux collaborateurs de l’homme d’affaires. Bobby trouva même de bon ton de commenter.

“Ah ça…”

Dray, forcément, râla.

“Oh ça va !”

Cet instant léger détendit un peu l’atmosphère mais Dray décida qu’il valait peut-être mieux prendre les choses en main d’autant que la jeune femme ajouta un peu craintivement, un peu tristement.

“Et je n’avais pas prévu que nous ne serions pas seuls. Ca n’aide pas.”
 
“Je suis désolé mais l’expérience m’a enseigné qu’il valait mieux avoir des témoins dans ces cas-là. De plus, mon garde du corps, M. Manning, ici présent, n’aurait jamais accepté de me laisser seul avec vous et mon père, de mauvaise humeur, est à la tour et y tourne comme un lion en cage. C’est d’ailleurs pour cela que M. Turner a tant insisté pour qu’on sorte. Et il aurait été discourtois de le congédier. Mais Evan et Bobby sont des hommes de confiance et discrets, si cela peut vous rassurer.”

Les deux sus-nommés acquiescèrent en souriant gentiment à Phoebe mais ils apprécièrent le compliment à sa juste valeur. Venant de quelqu’un d’aussi méfiant que leur patron, il valait cher. La brune se força à répondre mais le cœur n’y était pas vraiment. En même temps, le sujet ne s’y prêtait pas. Et à présent qu’il était temps de s'expliquer, la jeune femme avait perdu de sa témérité. Fox la comprenait. Il avait fallu du courage pour venir à sa rencontre. Mais la nature humaine étant ce qu’elle est et Dray n’étant pas né de la dernière pluie, il posa une question essentielle de son point de vue. Et preuve qu’il sous-entendait beaucoup, son ton était appuyé et peut-être un peu plus froid :

“Avant toute chose, qu’attendez-vous de cette rencontre, Mlle Gates ?”

La jeune femme soupira. L’homme d’affaires, évidemment, ne s’embarassait pas de faux semblant. Ce n’était pas dans son intérêt. Phoebe réfléchit un instant. Vu la manière d’être de Dray jusqu'à présent, il lui semblait qu’il valait mieux jouer la carte de la franchise.

“Des réponses, une famille et je ne vous le cacherai pas, de l’aide.”

“Financière, je suppose.” intervint ironiquement Turner. De son point de vue de spectateur, la démarche vénale de Mlle Gates ne faisait aucun doute. Fox n’ajouta rien mais son regard ferme montrait qu’il n’en pensait pas moins.  

“De l’aide, quelle qu’elle soit. Je ne peux plus me permettre de faire la difficile ou la fière. Sachez que je me suis déjà adressée à votre père mais ce sont ses avocats qui m’ont sèchement répondu...” répliqua la brune avec gravité. Elle voyait bien qu'elle était à présent en terrain glissant. Turner ne trouva rien à redire à cela. La réponse avait le mérite d'être franche. Et Fox sembla pensif à ces mots. Il se perdit dans la contemplation de sa vodka.

“Et si vous commenciez par le début ?” finit-il par dire en reportant le verre à ses lèvres.

“Par le début ? Oui bien sûr…”

Bien sûr mais pas si simple. Phoebe se mordit la lèvre. Il y avait tant à dire de son point de vue pour expliquer sa démarche. Dray soupira. Ils n’étaient pas sortis du sable si son invitée ne se lançait pas. Il allait devoir mener l'entretien...

“Pourquoi pensez-vous que Simon est votre père ?”

Les plats arrivèrent à ce moment-là, ce qui dissimula l’étonnement de la jeune femme quand elle entendit l’homme d’affaires appeler leur géniteur par son prénom. Décidément, Dray Fox parlait durement de son père… Il laissait entendre une mésentente profonde. Peut-être avait-elle tort du coup, d’agir ainsi. Elle mettait un peu plus de désordre. Mais comment pouvait-elle savoir avant ? Phoebe, malgré ses interrogations légitimes, tira de son sac une vieille photo jaunie où un couple posait. Une femme d’une trentaine d’années, grande brune et élégante, souriait joyeusement à l’objectif. À droite, l’enlaçant par les épaules, Dray n’eut aucun doute que c’était bien Simon, l’homme de la photo, avec vingt-cinq ans de moins et contrairement à sa compagne, un air triste que personne ne lui connaissait. Personne sauf Dray car le regard malheureux de son père remua quelque chose en lui. De lointains souvenirs...

“Votre date de naissance ?” demanda sombrement, douloureusement même, l’Américain.

Phoebe fut étonnée de ce changement de ton radical et de cette soudaine direction. Elle comprit immédiatement que la question n’était pas innocente même si elle n’en saisissait pas l’enjeu. Elle ne tergiversa pas.

“10 juillet 1993.”

“Prématurée ?”

Phoebe fit simplement non de la tête, timidement. Dray finit d'une traite son verre, sa main crispée dessus et en commanda un autre au premier serveur à sa portée en le reposant brutalement. Un silence dérangeant s’installa jusqu'à ce que Bobby, fidèle à lui-même, ne se gêne pas pour mettre les deux pieds dans le plat alors qu’il s’attaquait à son tournedos.

“C’est quoi, le problème ?”

Dray eut du mal à répondre posément. Son ton était grinçant…

“Le problème est mathématique. Si Simon est bien le père de Mademoiselle, elle a été conçue début octobre 92. Ma mère est morte d’une longue maladie le 5 septembre.”

Soit un mois avant… Phoebe vit très bien le problème… Un mois, cela supposait aux yeux de Dray, une liaison existante entre leur père et sa mère à elle alors que sa mère à lui était mourante.

“Non, il faut que je vous dise ce que ma mère m’a confiée. Je vais vous raconter.”

Dray se contenta de hocher la tête, les lèvres pincées, dans un rictus mauvais. Evan se permit d’ajouter avec patience.

“Profites-en pour manger.”

Il voyait bien comment allait finir ce déjeuner : l’Américain ne toucherait pas à son assiette… Dray haussa les épaules avec agacement mais fit l’effort d’entamer son propre tournedos Rossini même si c’était sans conviction, tout en invitant la jeune femme à s’expliquer d’un geste sec de son couteau. Elle obéit, tristement toutefois.

“Sachez d’abord que ma mère est décédée il y a un mois…”

Nouveau changement d’attitude, Dray reposa doucement ses couverts à cette information.

“Toutes mes condoléances…”

“Merci… Mais je vous le disais pour vous expliquer les circonstances de l’information. Je ne suis qu’une porteuse de parole.”

Dray fit signe qu’il comprenait ce que Phoebe voulait dire. Aucun moyen d’entendre à la source.

“Elle savait qu’elle allait partir alors elle m’a confiée le secret de l’identité de mon père biologique. J’ai toujours su que l’homme qui m’avait élevé n’était pas mon géniteur. Mais il a été un père comme on en rêve. J’avais vingt ans quand il est parti. Crise cardiaque. Si maman m’a raconté, c’est parce que j’allais me retrouver toute seule. J’ai perdu mon mari, il y a deux mois. Un accident de voiture… Et il n’avait plus de famille depuis longtemps.”

La voix de Phoebe s’était serrée mais elle savait retenir ses émotions. Si le chagrin s’entendait clairement dans le discours de la jeune femme, il restait pourtant discret et Fox savait reconnaître le courage quand il le rencontrait. Et il comprenait d’autant mieux ce qu’elle avait voulu dire par vouloir une famille. Enceinte de sept mois, faire le deuil de son mari et de sa mère et se retrouver seule devait être une épreuve de plus que Phoebe voulait sans doute s’épargner, et que sa mère voulait épargner à sa fille.

“Je suis désolé.” répondit sincèrement l’homme d’affaires. La future maman sourit pauvrement.

“Merci, mais je ne vous ai pas raconté tout cela pour susciter votre pitié, je veux que ce soit clair. Je veux juste vous expliquer ce qui motive ma démarche.”

La réplique de Dray fusa aussitôt, plus calme et posée.

“Je n’éprouve pas de la pitié mais de la compassion. Perdre ceux qu’on aime, je connais bien le sujet. De quoi est morte votre mère ?”

“Insuffisance rénale depuis longtemps… Les traitements n’ont plus suffi et la greffe impossible.”

Fox acquiesça en silence. Ce dernier s’installa un instant avant qu’il ne réponde. Il lui semblait que, confidence pour confidence sur un tel sujet, il était normal que lui-même échange.

“Cancer des os diagnostiqué trop tard. Les chimio n’ont rien pu faire.”

Au moins, ils partageaient quelque chose. Mais cela les éloignait du sujet, ce que Fox rectifia très vite après une gorgée supplémentaire de vodka que le serveur venait de servir. Le ton froid et grinçant était de retour.

“Donc Simon et votre mère…”

“Oui. Je suis le résultat d’une aventure de vacances. Ma mère était en croisière pour trois semaines sur le Nil. Votre père aussi, sur le même bateau. Ma mère pensait que plus que des vacances, il fuyait quelque chose. Il semblait très affecté, déprimé. Je suppose maintenant que c’était la mort de votre mère.”

Fox déglutit et soupira douloureusement. De son côté, il se souvenait d’avoir été gardé par Béa tout un mois, lui se réfugiant à longueur de journée chez Anna, la mère de Sergeï, parce qu’il ne supportait pas Béa à ce moment-là. Son père avait disparu de la circulation deux semaines après les funérailles de son épouse. L’Américain sortit son portefeuille pour en tirer une photo, Sophia assise à son piano, tout sourire, et la montra sans un mot à Phoebe. Délicatement, la jeune femme s’en saisit comme un trésor précieux et Dray lui fut reconnaissant de cette attention. Le constat fut sans appel du point de vue de la future maman.

“Elles se ressemblent beaucoup…”

Dray se contenta d’un nouvel hochement de la tête en rangeant le cliché. Oui, pas de doute, elles auraient pu être soeurs. La théorie de Phoebe était plus que plausible.

“Maman était un esprit libre et aventureux, elle voyageait d’ailleurs beaucoup et elle l’avouait elle-même, elle était un vrai coeur d'artichaut. Ils ont eu une liaison le temps de la croisière et se sont séparés sur le quai. Cette photo est la seule trace qui reste de leurs moments. Ma mère a découvert qu’elle était enceinte que plus tard, revenue à Londres. J’avais trois mois quand elle a rencontré mon père, ils se sont aimés, il m’a aimé et ils se sont mariés. Histoire idyllique pendant vingt ans.”

Dray respira un peu mieux devant ces explications. Au moins Simon n’avait pas trompé sa mère, ça, il ne lui aurait jamais pardonné. Mais cette liaison, il pouvait la comprendre, un peu au moins. Noyer son chagrin dans des aventures sans lendemain, trouver des expédients dans ses partenaires, il l’avait fait pour Sergeï… Des blonds aux cheveux longs, il en avait eu dans son lit pour tenter de combler le vide qui le dévorait entre deux trips… Même si c’était Sophia dont il était question et de son décès, il pouvait envisager que son père ait tenté de se perdre dans les bras d’autres pour calmer sa peine…  

Phoebe, elle, continua.

“Elle n’a jamais tenté de revoir Simon et ne l’a pas informé de ma naissance. Alors forcément quand je me suis manifestée, par une lettre, votre père n’a pas dû apprécier la plaisanterie, ce qui explique ce courrier.” dit-elle en sortant de son sac, la copie de sa lettre et le fameux courrier pour montrer sa bonne foi. Fox les parcourut rapidement et dût reconnaître que la réponse des avocats de son père était sans appel et menaçait clairement de poursuites.

“Je ne peux pas du tout me permettre que tout ça aille en justice, je n’ai que cette photo et le récit oral de ma mère pour preuves et pas du tout les moyens de faire des tests ou quelque chose du genre.”

“Et nous arrivons à l’aide que vous me demandiez.” souligna Dray avec une pointe d’ironie en avalant enfin sa première bouchée de viande. Phoebe eut une petite moue désolée et malicieuse à la fois alors qu’elle même entamait son risotto de homard. Mais elle se montra tout à fait franche.

“Ma situation est précaire. En fait, ce repas est le premier depuis deux jours. Alors oui, je viens vous voir aussi pour ça. Il n’y aurait que moi, passe encore. Mais Zoë...”

Fox n’eut pas besoin que son interlocutrice finisse. L’arrivée d’un bébé ne s’accommodait pas de la misère.

“Expliquez-moi comment vous en êtes arrivée là...”

“A vous demander la charité ?” lança désinvoltement la jeune femme, avec une dose de sarcasme qu’apprécia son vis-à-vis et qui le fit sourire. Elle finit toutefois par soupirer.

“L’histoire classique. Mon mari et moi, on s’adorait ! On s’est rencontrés au lycée et on s’est mariés durant ma deuxième année de fac. Dès la fin du lycée, il a travaillé comme barman dans une boîte de nuit. Mais Vince était joueur et il était persuadé d’être un fantastique joueur de poker et m’offrir la dolce vita. Je le savais et il avait promis d’arrêter. Quand j’ai découvert la vérité, il était trop tard, nous étions endettés jusqu’au cou et Zoë en route. J’étais étudiante en architecture, je suis devenue serveuse…On avait réussi à trouver deux jobs chacun et lui accumulait les extras. C’est la fatigue qui a provoqué l’accident. Quand maman est partie, j’ai aussi perdu mes deux boulots dans la foulée. L’un parce que le restaurant a fait faillite, l’autre parce que j’ai accumulé soudainement d’étranges maladresses et que mon patron a aussi découvert que j’étais “très” enceinte ce que je m’étais bien gardée de dire. J’ai hérité de la maison de mes parents, mais Maman l’avait déjà hypothéqué plusieurs années avant. La gestion d’un budget n’a jamais été son truc.La banque a tout saisi. Et personne ne veut engager une femme qui accouche dans deux mois... J’ai trouvé une chambre de bonne en banlieue et perçevrais des aides quand Zoë sera née. J’ai un dossier de surendettement en route aussi mais l’administration est longue et j’ai conscience que cela n’ira pas très loin. Et j’ai peur que les services sociaux m’attendent au tournant.”

Devant un tel récit, les trois hommes restèrent quelques instants silencieux. C’était une descente aux enfers que décrivait Phoebe et Dray, en bon samaritain, ne resta pas insensible à tout cela. Il comprenait à présent pleinement la démarche de la jeune femme. Découvrir que vous aviez une potentielle famille riche à millions dans une telle situation, qui n’aurait pas tenté sa chance ?    

“Bon…” dit-il, pensif, en observant Phoebe donner de vigoureux coups de fourchette dans son plat.

“Je saisis pleinement le pourquoi de votre démarche et je ne peux pas vous tenir rigueur de vouloir une part du gâteau.” finit-il par dire en avalant un généreux bout de viande, tout cela lui ayant visiblement rendu l’appétit.

“Des réponses, nous sommes deux à en vouloir. Comme vous l’avez dit, on ne peut pas se contenter de cette photo et du récit de votre mère, surtout si vous insinuez que Simon n’a pas été sa seule liaison.”

La jeune femme plissa le nez, pas forcément heureuse de ce portrait de sa mère, mais elle dut bien convenir de cette vérité et finit par acquiescer du chef, incapable de cacher son inquiétude.

“Vous êtes donc d’accord pour que l’on fasse des tests ADN.” conclut Fox sur ce point, satisfait. Même si en vérité, son ton laissait plutôt entendre qu’il ne lui laissait pas le choix...

“Qu’est-ce que cela impliquera ?” demanda sans détour l’Anglaise, pressée de savoir à quoi s’attendre. L’Américain sourit, rassurant et répondit posément.

“De l’aide, vous en aurez, quels que soient les résultats.”

Evan grimaça légèrement, sceptique et Bobby sourit un peu moqueur. Leur patron avait le don de s’inquiéter pour tous les chiens perdus. D’ailleurs, son directeur souligna cet état de fait, avec une certaine froideur.

“Je sais que tu as l’âme philanthrope mais ta générosité te perdra. La situation de Mademoiselle est malheureuse mais, excusez-moi Miss, tu ne peux pas aider tous ceux qui sonneront à ta porte avec une triste histoire.”

La riposte de Fox claqua sèchement et du tac au tac.

“J’ai une centaine de millions qui dort dans plusieurs banques différentes, je ne sollicite pas tes conseils pour en faire ce que je veux.”

Le ton glacial de Fox était sans appel, Turner perçut parfaitement la remise en place. Phoebe eut le bon goût de baisser le nez et d’examiner le contenu de son assiette et Manning en fit de même. L’un et l’autre étaient assez malins pour voir qu’il valait mieux rester en retrait sur ce coup. Evan leva d’ailleurs les mains en signe immédiat de repli. Il admettait sans peine être allé trop loin. Dray reprit donc.

“Par contre, pour la famille, vous êtes mal tombée. Simon m’étonnerait beaucoup s’il vous accepte. Ma belle-mère ne va sans doute pas apprécier la plaisanterie non plus. Reste Dorian. Je ne peux pas me prononcer à sa place. Moi… Je ne peux pas le dire encore. C’est compliqué. Votre timing est à revoir de quelques années. Pour être franc puisque vous l’avez été, suivez ce conseil, d’autant que vous avez une vie à charge en plus de la vôtre : gardez vos distances avec nous, vous éviterez de prodigieuses emmerdes dans l’avenir, car croyez-moi, il y en a, à fréquenter les Fox.”

Ça, c’était dit. À nouveau Phoebe haussa les sourcils, ébahie. Pour le coup, le ton de Fox faisait à présent assez froid dans le dos. L’avertissement était limpide et la jeune femme était assez intelligente pour l’entendre. Et les mines d’Evan et Bobby, malgré eux, donnait raison à leur patron. La déception se lit pourtant très vite sur les traits de l’Anglaise. Elle prit le temps d’observer à son tour le trentenaire manger et finit par énoncer avec gravité et beaucoup de gêne.

“Je… Je ne vous ai pas tout dit…”

Phoebe déglutit en voyant le regard soudain à nouveau pesant des trois hommes.

“Je pensais que vous aviez choisi la carte de la franchise ?” persifla le directeur de la succursale.

“Evan…” le reprit doucement Dray en lui jetant un coup d’oeil ferme. Fous lui la paix était en substance une bonne traduction.

“Je vous écoute.” ajouta-t-il simplement en avalant une nouvelle bouchée de viande. Mais rien ne vint immédiatement. A la place, l’Anglaise joua avec quelques grains de riz du bout de sa fourchette, en se mordant la lèvre. Dray fut surpris de ce revirement d’attitude. Et ce n’était pas très rassurant. Si elle hésitait là-dessus après tout ce qu’elle lui avait dit, ça devait être quelque chose ! Mais elle finit par se lancer.

“Je… je vous ai parlé des maladresses mystérieuses qui m’ont fait perdre mon travail… Elles sont apparues un peu avant le décès de maman… C’est compliqué à expliquer…”

Fox, la curiosité piquée au vif, reposa ses couverts pour écouter avec attention alors que Mlle Gates y allait franchement à tâtons.

“Le nom de mon père ne fut pas le seul secret que maman me confia. Heu… Comment dire ? … Elle a utilisé le mot de cracmol... “

Dray se laissa aller contre le dossier de son siège à ce mot, interloqué. Ok… Jusqu’à présent, la question de savoir de quel côté de la barrière magique se situait Phoebe ne s’était pas posée. La manière dont elle parlait de son quotidien laissait entendre qu’elle était non-maj et Fox était parti naturellement de cette hypothèse. Et là, le problème était que la jeune femme ne savait visiblement pas exactement de quoi elle parlait elle-même. Et l’Américain ne fut pas le seul à tiquer. Turner regardait la jeune femme avec des yeux ronds et Manning s’était redressé subitement.

“Vous pouvez être plus claire ?” demanda finalement Dray avec prudence, en buvant la fin de sa vodka. Mais vu la réaction instinctive de ses acolytes, Phoebe comprit qu’elle avait fait mouche et avait toute leur attention...

“Ce mot vous parle alors… J’ai encore du mal à y croire...“ murmura Phoebe, entre frayeur et réserve, le museau sur son assiette mais droite comme un i. Elle semblait ne vouloir plus qu’une chose : se lever et se sauver, et en même temps, elle faisait front. Mais sa réaction de repli ne fit faire qu’un tour au sang de son potentiel frère. Oh my gosh… Qu’est-ce que c’était que ce merdier, encore ? A son tour, Fox se redressa, très sérieux. Il fallait l’inciter à parler.

“Phoebe, qu’est ce qui s’est passé ? Que vous a dit exactement votre mère ?”

Le contact sembla mettre en confiance l’Anglaise car elle releva le nez pour chercher le regard de l’Américain et sa langue se délia. C’était tellement dingue aussi, cette histoire !

“Des choses bizarres se sont soudain passées autour de moi. Des assiettes se sont mises à voler contre les murs alors que j’étais très en colère. Les vitres de la banque se sont fissurées quand le banquier a refusé de discuter. Du sucre à la place du sel dans les salières. Des pétales sont apparus en feux d’artifice pendant un fou-rire. De l’eau à la place du vin dans le verre des clients. Il a plu dans la maison quand le médecin a dit qu’il ne restait que quelques jours à maman. Je fais sauter régulièrement les appareils électriques, j’arrête les montres et les horloges. Au travail, le dernier incident qui a été la goutte d’eau et qui m’a valu ma place a été le contenu d’un plateau complet que je tenais sur un client irrespectueux, un plateau qui n’est pas tombé tout seul, je le jurerais, quelque chose l’a renversé brutalement. Je sais que dit comme ça, je passe pour une folle mais...”

La jeune femme, résignée, clairement, désabusée même, n’acheva pas sa phrase. Dray le fit.

“Mais vous en avez parlé à votre mère.” continua-t-il avec douceur, sans montrer ce qu’il pensait de tout ça pour ne pas effrayer un peu plus sa possible soeur qu’il voyait dépassée, en réalité. Soeur qui acquiesça timidement du chef.

“C’était le lendemain de la photo, quinze jours avant le coup du plateau. Elle m’a dit que que tout ça, c’était de… De la magie… C’est n’importe quoi…” marmonna la jeune femme avant de se forcer à reprendre.

“Je suis une sceptique. J’ai pensé sincèrement qu’elle délirait. Mais elle m’a fait examiner par un “médecin spécialisé dans la magie”. Elle a dit que je ne devais pas avoir peur mais que j’avais une raison de plus pour contacter Simon, qu’elle, elle était née sans pouvoirs, que dans son monde, on disait qu’elle était cracmol, qu’elle avait choisi le monde des gens sans magie. Elle a dit aussi que moi non plus je n’avais pas eu de pouvoirs, malgré que Simon ait été un sorcier, lui.”

Dray se retint de soupirer de lassitude, cela aurait été malvenu, mais vous parliez d’un bordel… Il se laissa à nouveau aller dans son siège. Bobby intervint, avec incertitude, dévoilant par là même le pot aux roses, puisqu’il ne remit aucunement en doute les dires de la jeune femme mais juste une espèce de problème technique.  

“Quand même, presque vingt cinq ans, c’est tard pour révéler ses pouvoirs...”

Dray n’eut qu’un mot en hochant la tête de gauche à droite, sans quitter le regard de Phoebe. Plus la peine de tourner autour du pot à ce stade après tout.

“Zoë.”

“Oh…” fut la seule réponse du garde du corps qui comprit où voulait en venir son protégé. Evan se retrouva éberlué.

“C’est possible, ça ?”

Phoebe sourit avec amertume, sans joie. Là encore, étrangement, cette expression parla beaucoup, non pas à Fox qui ne pouvait pas avoir le recul nécessaire, mais bien à Turner et Manning qui la voyait trop souvent chez ce dernier…  De son côté, l’Anglaise se fit une raison à cet instant. Elle entrait dans un monde qui lui était totalement inconnu et allait devoir aider sa fille à grandir en prenant en compte une… énorme particularité, incroyable, complètement folle même !

“Vous êtes quelqu’un d’intelligent, Monsieur Fox. C’est pour ça que ma mère m’a fait consulter l’un de vos…. médecins. Si je n’avais pas eu le droit à une démonstration de vos tours par ce médimachin et que je n’avais pas vécu toutes ces choses inexplicables, je vous dirais que vous êtes tous cinglés !”

Dray ne répondit pas immédiatement, pas plus perturbé que ça par le soudain ton énervé de son interlocutrice. Il pouvait comprendre une telle réaction instinctive, la colère. Fallait quand même l’avaler, l’existence d’un monde parallèle régi par la magie, que vous en aviez des origines et que votre enfant à naître en faisait clairement partie. Alors si en plus, vous étiez cartésien... Sans un rond, sans plus personne et ça, tu m’étonnes que la demoiselle demandait de l’aide ! Et vogue la galère !

Evan, qui pour le coup était largué se permit une question.

“On peut m’expliquer à moi ? Parce que vous m’avez perdu là.”

Fox sortit de son silence et de sa réflexion (ils n’étaient pas sortis des ronces ! Comment il allait gérer tout ce bordel ?)

“Bon, d’abord, votre maman ne délirait pas, non… Par contre qu’on soit cinglés, ça... Enfin, la magie existe réellement. Je pourrais vous refaire une démonstration dans mon bureau.”

“Dray, ça va à l’encontre des règles !” s’exclama Evan, choqué qu’ils en parlent aussi ouvertement en plein milieu d’un resto moldu et que son patron propose un petit spectacle par dessus le marché.

“Si Phoebe était non-maj. Elle est cracmol.” répliqua Fox en haussant les épaules.

“Si elle est bien celle qu’elle dit être !” rétorqua avec justesse et prudence le directeur.

“Dans tous les cas, sa fille est une des nôtres ! Tu veux que je t’explique oui ou non ?” finit par râler Dray, qui commençait sérieusement à être agacé par l’attitude réfractaire et moralisatrice de son directeur depuis le début. Et il ne se gêna pas pour l’exprimer, gestes de main exaspérés à la clé.

“Shit, tu me saoules ! T’as quoi aujourd’hui ? Pète un coup, je sais pas !”

Cette remarque haute en couleurs laissa passablement l’Anglais so British coi même si c’était du Dray Fox tout craché et qu’il lui en fallait plus pour prendre la mouche, alors qu’elle fit éclater de rire Bobby et Phoebe. Et justement, comme pour prouver les dires précédents de la jeune femme, les couverts de la table tressautèrent tout seuls. Les trois hommes regardèrent le phénomène avec mesure, quoi que Dray arborait plutôt son sourire de sale gosse.

“Ben la voilà, la démonstration ! Enfin, on va se calmer, Mlle Gates, parce que la magie en milieu non-maj est quand même sérieusement réglementée.”

“Non maj, c’est non-magique ? C’est la deuxième fois que vous utilisez ce terme.” demanda Phoebe en reprenant son souffle, et en ayant le sentiment que là, Fox parlait une langue étrangère.

“C’est ça, c’est le terme des sorciers américains, les Anglais utilisent le mot moldu.”

“Et ma fille est une sorcière…” exprima la jeune femme, avec encore une énorme dose de scepticisme dans la voix. Elle semblait, en le disant à voix haute, vouloir se convaincre elle-même du fait.

“Et précoce !” confirma Dray sans plus s’émouvoir, mais sa mine hâbleuse habituelle, qui pouvait être si agaçante par moments… Surtout dans ce genre-là…

“Donc pour en revenir à notre débat, comment tu expliques que cette jeune femme ait les pouvoirs de son bébé ? Aussi tôt ?” demanda Evan sans détour cette fois. Turner n’était fort heureusement aucunement susceptible et rancunier pour des bêtises. Il valait mieux d’ailleurs avec Dray Fox comme patron.

“Pour être honnête, Monsieur Turner, moi aussi je suis perdue, même si Maman et un de vos médecins ont tenté de m’expliquer. Je n’arrive toujours pas à croire que tout ça est vrai ! ”

“Je n’ai pas moyen d’énoncer les choses autrement. Vous voulez parler de sciences ? Pas de problème. Votre fille est une sorcière, point. Comme le ciel est bleu, la Terre est ronde, et que Zoë sera peut-être brune aux yeux gris comme sa mère. Votre mère était fille de sorciers mais elle n’avait pas développé de pouvoirs. Ca arrive. C’est de la génétique. Un gène que vous n’imaginiez pas. Les X-men de Marvel mais pour de vrai et depuis des lustres et on doit vivre dans le secret absolu. La chasse aux sorcières, Salem et tout le folklore, ben, c’est pas que des conneries. Dans le cas de votre mère, le gène est non actif. Et votre mère vous a transmis cette absence de magie. Mais ce don peut aussi apparaître spontanément, le premier sorcier d’une lignée, ou, dans le cas de Zoë, ça peut sauter des générations. Le gène s’est réactivé. Je ne serais pas surpris de voir des sorciers dans l’arbre généalogique de votre mari.”

Phoebe, jusque là, tentait d’assimiler ce que lui disait Dray. Vu sous cet angle logique et scientifique en quelque sorte, elle saisissait mieux. Elle sourit même à la comparaison avec les comics. C’était incroyable, toujours, mais ça devenait envisageable. La réalité dépassait la fiction. Mais elle ne rejetait plus tant que ça l’idée. Et quand Fox parla des origines de son mari, elle s’en trouva confuse.

“Je… je ne sais pas… Vince ne m’a jamais parlé de sa famille. C’était un enfant placé depuis ses six ans. Il n’a jamais voulu me dire quoi que ce soit. Il a été bringuebalé de famille d’accueil en famille d’accueil jusqu’à être lâché par le système à sa majorité, c’est tout ce que je sais.”

Fox poursuivit sans plus s’étendre sur ce sujet puisque c’était une porte close.

“En tout cas, pour en revenir au sujet, le médicomage a dû vous le dire, la magie apparaît en moyenne lors de la petite enfance au gré d’émotions intenses. Or si j’ai bonne mémoire de mes cours de biologie et d’après ce que vous m’expliquez, j’en déduis donc que Zoë a déjà activé ses pouvoirs.”

“Et comment tu expliques que maman fasse tourner les tables ?” intervint Turner, qui n’avait pas l’intention de lâcher le morceau sans réponse.

“Aaah, du sarcasme et de l’humour, là, je te retrouve ! Tes pets sont donc inodores et silencieux, c’est bien.” taquina Fox avec un grand sourire à la con, ce qui lui valut un coup de poing dans le bras et le rire de la tablée.

“Enfin donc, d’après mes quelques lectures, au sixième mois de grossesse, toutes les cellules nerveuses du bébé sont là. Le réseau neuronal, le gainage et le cortex sont achevés. Il y a même un trop plein de neurones ! Bébé est sensible à ce qui l’entoure et aux émotions de maman et ils sont liés par le cordon ombilical et donc partagent un réseau sanguin. Il n’y a peut-être pas que les nutriments et les déchets qu’ils s’échangent.”

“Mais aussi, la magie.” conclut Bobby.  

“Ce n’est qu’une théorie, mais elle a le mérite d’expliquer le phénomène.”

“C’est aussi ce que pense le médicomage que j’ai rencontré…” soupira Phoebe.

Dray se permit toutefois d’objecter à son propre raisonnement.

“Il y a aussi la possibilité qu’étant née d’une cracmol, le gène ait eu du mal à s’activer. Mais le deuil de votre mari suivi de près de votre maman, conjugué au stress d’absolument tout perdre en attendant un bébé me paraissent être des émotions bien assez violentes pour rectifier le tir.”

“Vous plaisantez ?” répliqua Phoebe, d’une traite, les yeux ronds comme des billes.

“Je ne me permettrai pas sur un tel sujet.” répondit très sérieusement Dray, tout sourire ou malice disparus.

“On sera fixé après votre accouchement.”, poursuivit-il, “Si les phénomènes se poursuivent hors de la présence de Zoë, on aura la réponse.”

“Mais que ce soit l’une ou l’autre, vous vous rendez compte de ce que cela implique ? Je fais comment, moi ?! Avec un bébé magicien qui risque de faire sauter l’électricité du quartier à chaque biberon réclamé ou moi qui fera voler les perruques ou qui pincera par la pensée les testicules de tous les boulets un peu trop collants ! Parce que ça aussi, c’est arrivé !”  paniqua “un peu” (ou plutôt ne parvint plus à le dissimuler…) Mlle Gates.

Là, on retrouva le sourire hâbleur et agaçant de Fox, qui ne cacha pas franchement son hilarité. Bobby et Evan furent plus diplomates…

“Votre mère a été bien avisée de vous envoyer nous trouver.”

La jeune femme soupira et se vautra dans son siège, les épaules basses.

“Ne vous moquez pas ! Mais oui, elle était nulle pour la gestion de l’argent mais pour le reste, elle était la sagesse même. Et c’est là que je sens à quel point elle me manque...”

“Allez, haut les coeurs, jeune fille. Maintenant que vous m’avez déniché, je me vois mal vous tourner le dos. Plus mon style. Et puis vous m’êtes sympathique alors, soeur ou pas, je ne vous lâche plus.”

Phoebe eut un gentil sourire.

“Merci.”

“Que voulez-vous ? On dit que je suis un cynique utopiste.”  répliqua le Sieur Fox en jouant avec une exagération toute calculée, les bons princes gentlemen.

“Un homme plein de contradictions.”  conclut Mlle Gates en riant légèrement de cette tournure de phrase originale ajoutée à la comédie de l’Américain. Elle ne se savait certainement pas si proche de la vérité…

Après le dessert, et un interrogatoire en bonne et dûe forme d’un Dray très curieux qui détournait habilement les questions que Phoebe lui renvoyait, sauf ce qui concernait le fameux mariage prévu de Fox, les potentiels frère et soeur se séparèrent là où ils s’étaient trouvés une bonne heure avant. Déjà loin, les M. Fox et les Miss Gates. On en était à Dray et Phoebe, directement. Ils étaient en train de s’échanger leurs numéros de téléphone et se donner rendez-vous le lendemain pour les fameux tests (que Dray avait l’intention de demander à Seiki pour allier efficacité et rapidité, la magie et le frangin étant à ses yeux la meilleure des combinaisons…) quand soudain une blonde à la chevelure et la poitrine généreuses s’approcha, perchée sur ses talons aiguille et guindée dans une robe haute couture aussi rouge flamboyant que courte. Elle aurait pu surprendre le couple, si Bobby ne veillait pas au grain.

“Hyène à six heures…”

Aussitôt, Fox se retourna avec une mine clairement dégoutée et énervée. Qui que ce fut, cette femme n’était pas la bienvenue. Le changement du point de vue de Phoebe fut saisissant puisqu’il plaisantait avec elle deux secondes avant. Mais quand elle reconnut la nouvelle venue, elle aussi se tendit à l’extrême… Mais Dray, trop en colère, ne remarqua pas ce détail…

“Dray chéri, me cacherais-tu quelque chose ?”  perora la “hyène” avant de fixer avec un mépris total Phoebe ou plutôt son ventre.

“Rassure-moi, ce ne sont pas tes oeuvres ?”

“Fox pour toi. Si ça pouvait me débarrasser de toi, Bridge, je te dirais oui deux fois plutôt qu’une !”  répliqua Fox, mauvais comme la peste. Il fallait être sourd pour ne pas entendre le “espèce de conne !” sous-entendu...

“Cordelia pour toi, chéri.”  corrigea la blonde, narquoise, qui était tout sauf dure d’oreille et qui décida de le narguer en insistant bien sur le “petit nom” final, un grand sourire persifleur sur les lèvres pour cacher qu’elle avait mal pris l’attaque en règle. Problème, son regard parlait pour elle, et l’Américain aurait été mort si ce dernier pouvait tuer. Un an de cirque et Fox en avait plus qu’assez de jouer la comédie depuis plusieurs semaines. Mais la dénommée Cornelia Bridge, sa future épouse, en avait, de son côté, plus qu’assez de ses remarques pour le moins agressives et détestables.

“De toute façon, cela n’éviterait pas notre mariage, ce serait juste une perte de temps supplémentaire pour se débarrasser du problème.”  finit-elle par dire en haussant négligemment les épaules, arrogante.

Phoebe fut soufflée par cette réponse cruelle et décocha un regard assassin à la blonde qui l’ignora totalement, comme si elle était totalement invisible. Fox fut tout aussi outré mais fut plus cru que sa nouvelle amie.

“T’en as pas que la tenue, t’es vraiment une salope, pas à dire.”

La belle ne se laissa pas démonter par l’insulte, hélas.

“Ainsi nous faisons un couple parfaitement assorti, chéri !”  ricana la “belle”, ce qui expliqua son nom de code…

“En parlant de noces, tu as oublié qu’on avait rendez-vous ce midi avec ma mère pour choisir le gâteau.”

“Je n’ai pas oublié, je n’en avais rien à foutre, nuance.”  rétorqua Dray avec un sourire parfaitement sarcastique et faucheton, rarement à court de répartie.

“Ma mère sera ravie de le savoir.”  souligna la blonde, tout sourire angélique.

“Je n’en doute pas. Comme elle sera ravie de savoir pourquoi son petit ange a rencontré le docteur Spring et s’est absentée une semaine, il y a trois mois…Ce ne fut pas une trop grosse perte de temps, cette fois ?”  

Là, la manche fut remportée et avec une nette avance par Fox qui ne souriait plus mais était mortellement sérieux. Bridge devint presque aussi blanche que ses dents… Elle s’en retourna soudainement comme elle était venue. Dommage que cet avortement découvert par Maria Black, sur les traces de la famille comme un chien policier sur un kilo de coc’, ne fusse pas suffisant pour faire annuler le mariage… Fox avait déjà essayé… Oh, lui n’en avait rien à foutre pour être honnête. Le paternel de la hyène aussi d’ailleurs… Mais la mère conservatrice au possible… Il pouvait foutre un sacré bordel et se gardait ça sous le coude. Ca pouvait être marrant de balancer ça lors de la répétition par exemple...

“Désolé pour ça.”  s’excusa finalement l’Américain en se retournant vers Phoebe.

“Ce n’est pas grave, Dray. Mais si j’ai bien compris, cette femme est celle que Simon veut te faire épouser ?”  vérifia la jeune femme, scandalisée.

”Hélas…”  se contenta d’acquiescer le condamné avec amertume. “Tu as vu que je n’exagère pas quand je te disais que c’était une vraie connasse. Et je n’ai aucune solution pour...”

“Je la connais, Dray !” s’exclama Phoebe avec aversion, coupant sans le vouloir le trentenaire.

“Pardon ?” demanda Fox interloqué.

“Tu n’oublies pas le visage de quelqu’un qui t’a balancé le verre que tu viens de lui servir au visage, sous prétexte qu’il n’est pas assez frais.” affirma avec sévérité l’Anglaise, avec une colère contenue. Voyant le regard plein de questions de Dray qui reconnut le style du personnage, Phoebe décida qu’il valait mieux qu’elle donne tous les détails, d’autant qu’elle savait peut-être quelque chose qui pouvait aider son aîné.

“J’ai travaillé pendant un temps comme serveuse, dans la boîte de nuit qui employait Vince, pour payer mes études. C’était il y a presque quatre ans. Cette fille était complètement ivre. Et elle m’a jeté son verre au visage. Je suis allée me nettoyer dans les toilettes et je me suis enfermée dans une cabine le temps de décompresser. Avec ses copines, elle est entrée pour repoudrer son sale museau de fouine et là, elle s’est vantée en riant d’avoir renversé un sans-abri ! Cette pétasse a même dit qu’on aurait dû la remercier publiquement parce qu’elle avait participé au nettoyage des rues de la ville !”

“...”

Rares étaient ceux qui pouvaient faire taire Fox… Putain de merde… Mais ça ne dura pas longtemps…. Un rictus de dégoût sur les lèvres, il sembla déjà envisager son prochain coup.

“Tu n’aurais pas eu vent de la voiture qu’elle avait et de la date exacte par hasard ?”

Phoebe répondit aussitôt, sûre d’elle.

“C’était en décembre 2013 et elle avait une Lamborghini. On était à une semaine de Noël et elle avait dit que ça s’était passé le week end d’avant dans la nuit de samedi. Je m’en rappelle parce qu’elle a dit que c’était dommage parce que papa venait de lui offrir le dernier modèle. Elle avait un nom super long avec une bestiole dedans…”

“Gallardo Spyder ?”

L’avantage d’être un féru de bagnoles…

“Oui c’est ça ! Ils allaient devoir refaire une bonne partie de la carrosserie, elle allait en profiter pour faire changer la couleur et choisir un bleu ciel personnalisé au lieu de vert pomme. Elle a dit à son père qu’elle avait écrasé un gros chien… J’en ai parlé à la police mais vu que j’avais un contentieux avec elle, qu’elle était ivre et que je n’étais qu’un témoin auditif qui ne connaissait même pas son nom, ils n’ont pas trop pris au sérieux l’histoire... Sans doute que le fait que l’homme était un sans-abris et elle, une riche fille à papa a dû jouer aussi...”

Aussi scandalisé et écoeuré par cette histoire qu’il puisse être, Dray avait déjà son miroir à double sens dans la main, prêt à agir.

“Merci, Phoebe ! Soeur ou pas, je t’adore !” dit-il à la jeune femme avec une franchise rafraîchissante avant d’actionner son miroir en nommant sa détective préférée sous les yeux curieux de la jeune femme et son sourire heureux du compliment.

“Maria, tu peux passer à la tour le plus vite possible, s’il te plait, faut qu’on parle…”

Fox avait peut-être enfin une réelle chance d’éviter ce foutu mariage et de retourner la situation à son total avantage… Et ça grâce à une soeur (ou presque en tout cas…) tombée du ciel ! Si certains Dieux étaient contre lui, apparemment il en avait aussi quelques uns dans la poche…
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Juin 2018 - 22:07

[Bon, je me suis aperçu que la fin du message avait disparu et on me dit que la longueur est dépassée que je veux l'éditer donc voilà la suite et fin complète à part *ne cherche pas à comprendre*]

Le lendemain après-midi, dans le bureau de Dray, on retrouva Phoebe, Seiki et ce dernier. Fox avait eu tôt fait d’expliquer à la bande des Bakas ces nouvelles pièces du puzzle qu’était le bordel de sa vie. Et sans même qu’il ait eu besoin de demander, le médicomage s’était proposé. Avec la magie et de bons échantillons, le résultat était rapide. Sei, après les présentations en bonne et due forme de l’Américain, était en train de prendre un échantillon de salive à Phoebe, assise dans le canapé du bureau, tout en demandant :

“Tu as réussi à piéger Simon ?”

“Bien sûr.” répondit Fox, blasé, sans quitter le dossier dont il paraphait les pages mais en sortant d’un tiroir de son bureau un sac contenant une tasse à café et un reste de cigare pour le poser face à lui.

Tsuno, sa tâche terminée, s’en saisit sans plus un mot et aligna ses échantillons sur un parchemin et lança sous les regards d’un Dray assuré et d’une Phoebe émerveillée, un sortilège sur l’ensemble dont la formule était irrépétable aux oreilles des spectateurs.

“Quelques minutes suffiront.” précisa le médicomage avant demander à son aîné et de s’asseoir face à la future maman.

“Black ?”

Toujours aussi succinct quand il s’y mettait, le frangin. Cela fit sourire l’Américain mais il répondit de bon coeur en se levant pour les rejoindre, un très épais classeur en main.

“Les chiens lâchés. Elle est en train de secouer tous ses contacts non-majs, on verra bien ce qui tombe. L’avantage c’est qu’elle est devenue “la meilleure amie” de Bridge depuis quelques semaines, alors elle pourra avoir accès au garage facilement et lui tirer des aveux, pourquoi pas.”

“Tu crois que ça suffira ?” demanda Phoebe avec inquiétude.

Seiki cacha sans mal sa surprise d’entendre la considération de la jeune femme alors qu’ils ne se connaissaient pas la veille. Mais étrangement, les deux nouvelles connaissances semblaient naturellement proches. En tout cas, il était particulièrement étonnant de voir Fox prendre aussi bien la possible vérité alors qu’il avait eu tant de mal pour Dorian. L’explication tenait sans doute au fait que Simon et Phoebe n’avaient rien partagé du tout et le père pas pressé d’accepter l’éventualité d’avoir une fille apparemment… L’Américain, en tout cas, répondit en s’asseyant dans un fauteuil entre ses deux invités, sans deviner les pensées de son frère de coeur qui fit comprendre d’un coup d’oeil que les détails de la réponse l'intéressaient aussi.

“Bah si j’ai un dossier en béton, ou le père cède, ou elle va en taule… Et même s’il cède, elle ira en taule. On ne va pas la laisser s’en tirer encore une fois, cette bitch. Si le dossier n’est pas en béton, là… Je pourrai toujours y aller au bluff. J’ai une amie qui est déjà d’accord pour m’aider à monter l’arnaque donc c’est jouable. Et de toute façon, je n’ai plus beaucoup de choix, en janvier, je suis marié. On m’a bien fait comprendre que je ne pouvais plus repousser le mariage et je suis en rupture d’excuses... Et je n’ai plus assez de temps pour finir de monter la stratégie de mon OPA. Ce n’est pas prêt, il me manque trois mois de travail pour qu’elle fonctionne. J’en suis à me dire que je me crasherais bien en moto encore une fois pour me défiler et gagner ce temps.”

“Je te l’interdis.” siffla Sei, qui n’apprécia pas la plaisanterie du tout, parce qu’il en était capable, ce con !

“Bah non, je le ferai pas, voyons !” répondit Dray comme une évidence, en levant les yeux au ciel. Quand même, il savait assez le mal qu’il avait fait à tout le monde, quelques années avant. Et puis bordel, il avait méchamment dégusté ! Mais l’idée l’avait quand même effleuré, pour la forme…

“Enfin, laissons cela de côté.” fit Dray en voyant le café et les gâteaux commandés arriver, apportés par Rose et posés sur la table basse. Après son départ, le groupe reprit sa conversation. Fox posa sur la table son classeur et expliqua son utilité.

“Je possède plusieurs immeubles à titre personnel. Voici ceux de Londres et les appartements qu’ils abritent avec un topo des différents quartiers dans lesquels ils sont. Education, santé, services…. Étudie-les et choisis celui qui te plait. Je ferai préparer le titre de propriété.”

“Tu me diras à quoi sert le test ?” intervint Seiki avec un sarcasme parfaitement audible même si son visage n’exprimait rien. Non mais sérieux… Pas du tout d’excès… Fox donnait carrément un appart à une inconnue, mais pas de problème, c’était normal. D’ailleurs Phoebe fut pour le moins surprise. Pour dire, elle ne réagit pas et ce fut Seiki qui se saisit du classeur à sa place pour le feuilleter.

“Et bien sûr, ce sont des appartements immenses et tout équipés avec deux chambres minimum… T’en aurais pas un pour moi près de Saint Mungo ? Si je pouvais m’épargner un loyer...”

Fox se marra.

“Tu sais que vous n’avez qu’à demander, tous. J’y peux rien si aucun d’entre vous ne veut profiter de la chance qu’il a d’avoir un pote richississime.”

L’idée sembla alors enfin atteindre le cerveau de Phoebe.

“Tu… Tu me donnes un appart avant même de savoir ? Tu plaisantes ? Je ne peux pas plutôt être une de tes locataires ?”

Dray se montra alors à nouveau sérieux et ferme.  

“Non. J’ai dit que je t’aiderai. Ca veut dire remettre ta vie sur les rails pour que tu n’aies plus besoin d’aide dans un futur plus ou moins proche. Le plan, c’est que la fondation Landôme t’attribue une bourse lors de la prochaine commission dans trois semaines, que tu reprennes tes études et que tu deviennes architecte. Ne t’emmerde pas pour les frais d’inscription, choisis la meilleure fac. En attendant, je m’occupe de la logistique. Je m’occupe de tes dettes et de l’administratif, Seiki te trouvera un excellent médicomage qui éclaircira le mystère dont on parlait hier, la crèche sorcière de l’entreprise a une place réservée pour Zoë et on peut te trouver une nounou qui t’aidera et te formera sur l’aspect sorcier des choses. Et nos services d’urbanisme ont un stage à mi-temps rémunéré à te proposer. Le contrat sera rédigé d’ici la fin de la semaine.”

Phoebe s’affala dans le canapé. D’un coup, ça allait un peu trop vite là.

“Attends, s’il te plait, tu me donnes le tournis !”

Fox se tut, puisqu’on le lui demanda et attendit. Flegmatique, Seiki posa le classeur là où il l’avait pris et, sans plus se mêler de la conversation, ramassa le parchemin qui avait changé de couleur pour brunir et lit son contenu. Dray comprit. Les résultats étaient prêts.

“Alors ?”

Seiki se tourna vers Phoebe, imperturbable.

“Bienvenue dans la famille.”

Un grand sourire naquit sur les lèvres de Phoebe. Celui de Fox se fit malicieux. Seiki servit le café.

“Et bien voilà, ça règle la question principale. Plus rien n’empêche que je t’aide comme je l’entends, petite soeur. La présentation officielle à Simon et Dorian risque d’être rock and roll, par contre.”

“Tu comptes faire ça comment ?” demanda Seiki, curieux de savoir. Ca allait être sympa comme moment. Encore Dorian… Mais Simon, alors là…

“Je n’en ai pas la moindre idée !” ricana Fox. “Avant l’annulation du mariage en tout cas, sinon Simon va nous faire une crise d’apoplexie. Par contre, pour la bande, je sais ! Demain soir, si ça convient à tout le monde. Je parlerai à Dorian demain matin et selon sa réaction, je le confierai à un homme de Bobby, comme ça, Kain soufflera un peu.”

“Ok pour moi. A voir avec les autres. Mais ça fait longtemps qu’on n’a pas fait ça alors je pense que ça fera l’unanimité.”

“A qui tu veux me présenter ? C’est qui, la bande ?” demanda Phoebe curieuse en saisissant la tasse à café que lui tendait le médicomage. “Merci, Docteur.”

“Ma première et vraie famille si on excepte Dor’.” répondit simplement Dray, avec un sourire attendri. “Faudra que je te présente à Sergeï aussi.”

La jeune femme se mit à rire.

“A qui tu voudras !”

La discussion dura encore un peu avant que Seiki ne reparte pour St Mungo. Phoebe et Dray, sous la direction du PDG, entamèrent alors l’organisation des projets qu’il avait énoncé et dans un premier temps par le choix du fameux appart. Et la jeune femme se dit quand même qu’elle avait eu bien raison d’écouter sa mère et son courage.
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Juin 2018 - 22:07

Dans la salle de réunion de la Fox londonienne, ce matin-là, un silence de plomb régnait depuis de trop longues secondes, ce qui était un fait extrêmement rare. D’habitude, la vaisselle pétait souvent sans pause, les membres du conseil d’administration du Groupe étant rarement d’accord entre eux. Mais là, le mutisme des hommes et femmes présents était impressionnant, qu’ils soient des hologrammes de New-york ou de chair, à Londres. Ce qui faisait la différence était l’expression de deux d’entre eux. Si pour la majorité, Simon Fox, le vice-président et père du PDG, compris, le maître mot était la stupéfaction, pour Evan Turner, le directeur de la succursale anglaise, c’était la force tranquille et pour Dray Fox, le PDG, c’était clairement l’assurance victorieuse doublée d’une lueur sévère et méprisante dans le regard. Face à chacun se trouvait un dossier ouvert qui était la preuve du coup de tonnerre que leur PDG venait d’annoncer.

“Je crois que c’est clair pour tout le monde, donc.” ironisa Dray au bout d’un moment, en voyant l’effet qu’il avait fait à l’assemblée qui, après ce silence interminable, semblait maintenant dans ses petits souliers.

Ce fut David Law qui prit la parole avec le ton mesuré qui le caractérisait quand il avait à faire à un Fox... contrarié, dira-t-on par euphémisme. Il fallait avancer avec prudence dans ces cas-là, c’était bien connu. Les morsures des renards faisaient souvent très mal...

“Nous avons bien compris que vous aviez depuis l’ouverture du London Stock Exchange, la majorité absolue, oui… Peut-on savoir par contre, comment vous avez pu l’obtenir ?”

Un sourire carnassier apparut sur les lèvres du jeune PDG, et à ce moment, tous virent à quel point le fils pouvait ressembler au père, père qui ne semblait pas plus au fait que les autres mais qui semblait par contre plus sonné par le coup de massue qui venait d’être répété par le troisième du Groupe. Un mouvement de tête de Dray vers Evan et celui-ci déposa dans la boîte à double-sens londonienne les copies de contrats avant d’en donner à Simon. David les sortit de la boîte américaine. La lecture des documents imposa à nouveau le silence absolu. Deuxième coup de tonnerre...  

Là, ce fut Simon qui intervint, interloqué pour le coup.

“Bridge t’a… littéralement… donné... son groupe ?!”

Merlin qu’il avait eu du mal à prononcé le verbe. Et Merlin que Dray affichait à présent un sourire de faucheton. Il était fier de lui, le petit con !

“Qui, fusionné au nôtre, m’offre les pleins pouvoirs. Cela n’étonnera personne si j’ajoute que vous pouvez vous carrer le mariage où je pense et qu’il est temps de payer la facture pour ceux qui ont soutenu l’idée.” se permit-il de prononcer avec une autorité glaciale et un regard perçant qui détonaient avec son attitude précédente, un désagréable chaud et froid.

Troisième silence… Des souliers devenus vraiment trop étroits et des regards trop intéressés par les chemises en carton des dossiers…

“Jeremiah et Adrien sont les seuls à avoir refusé cette farce. Je les en remercie et il va de soi qu’ils le seront par autre chose que ces mots. Les autres, je vais vous apprendre la notion de fidélité…”

Simon, à la gauche de Dray, se permit d’intervenir, pour tenter d’arrêter la machine, parce que là, il le savait d’expérience, la situation sentait le soufre et cela allait faire très mal…

“Dray, écoute, tu prends les choses trop…”

“Shut ! ... up !” claqua immédiatement la riposte, lente mais assassine, de Dray, certainement pas prêt à laisser son paternel en placer une. Et surtout pas pour l’entendre dire encore et toujours qu’il prenait les choses trop à coeur. Pas après ça… Et il se fit très explicite, mordant, en posant sa baguette sur le bureau sans la lâcher.

“Tu l’ouvres, je te la ferme. On ne joue plus. Evan !”

Immédiatement, le dénommé mit, sans émotion une nouvelle série de dossiers dans la boîte à double sens alors que les autres, Simon le premier, on s’en doute, furent pour le moins choqués de la violence de l’avertissement. Jamais Dray n’avait été aussi loin et aussi expéditif avec son père, ouvertement aussi menaçant. S’il fallait une preuve supplémentaire à tous et au sexagénaire surtout, que là, on n’était plus du tout dans le registre habituel mais bien dans quelque chose de grave et dans une réelle fracture.

“Ces dossiers sont nominatifs et ne s’ouvriront que dans les mains de son propriétaire désigné. Un an m’a laissé beaucoup de temps pour faire faire quelques recherches sur chacun d’entre vous. Mais j’ai aussi certains de ces dossiers depuis des années. J’avais déjà fait un premier ménage quand j’ai pris mes fonctions. J’ai jugé qu’il était temps de terminer… J’ai été obligé de garder certains d’entre vous par prudence, à cause de cette absence de majorité qui me bloquait. Aujourd’hui, plus rien ne s’oppose à ce que je me sépare des trois Stooges en l’occurrence. Depuis le temps que ça me démange...”

Les trois Stooges, Malcom Malich, Smith MacTurning et Carlota Rodriguez, de leurs vrais noms, se redressèrent et se regardèrent avec presque de l’effroi alors que leurs dossiers venaient d’être déposés devant eux par Adrien Faure, d’un sort.

“MacTurning et Malich, je veux votre démission et vos actions dans une heure, la sécurité vous escortera hors du bâtiment. Ou ces dossiers se retrouveront dans la même heure dans les mains du MBI, section financière…  Il va sans dire que vous ne toucherez aucun parachute et que vous êtes d’or et déjà blacklistés. Suis-je assez clair ?”

Difficile d’être plus limpide. Leur carrière était finie et ils étaient pour ainsi dire ruinés... Les deux hommes, sur le coup, ne trouvèrent rien à dire. Malich déglutit même avec difficulté avant d’ouvrir son dossier pour voir ce qui lui pendait au nez en nombres d’années de prison… Il n’était même pas question, là, de savoir si Fox bluffait. MacTurning fusillait plutôt du regard son PDG. Un regard qui aurait bien pu tuer si cela pouvait être possible. D’ailleurs l’homme signifia clairement ce qu’il ressentait, finalement.

“Vous allez me le payer !”

Fox ricana méchamment.

“J’ai un mangemort sociopathe aux fesses depuis une paire d’années à cause de celui-là…” répliqua-t-il en désignant de sa baguette, d’un geste hautain, sans même le regarder, son voisin de gauche, “... ce n’est pas vous qui allez m’empêcher de dormir. Et méfiez-vous de l’effet Boomerang, la parole des Fox en affaires est très fluctuante. Ce n’est pas toi qui me contrediras.” conclut finalement le trentenaire en jetant quand même un coup d’oeil méprisant toujours à son voisin de gauche.

Voisin de gauche qui comprit cette fois, et c’était bien la première !, qu’il avait sérieusement intérêt à boucler sa grande gueule, parce que lui aussi, avait un dossier face à lui et il n’avait pas la moindre petite idée de ce que son fils lui avait réservé, si ce n’était que l’envie de lui balancer un sort le démangeait furieusement, vu comment ses doigts étaient crispés sur sa baguette…  Et puis, il venait aussi de tiquer quant à cette question de mangemort. Dray s’était bien gardé de lui dire qu’ils avaient toujours de sérieux ennuis. Le fait qu’ils aient encore tous une sécurité rapprochée, il avait pensé qu’il s’agissait d’une tendance paranoïaque de son aîné, pour Dorian et Piper, et il était d’accord avec ça. Pour lui-même, il pensait d’avantage à de la surveillance pure et simple, dans leur situation, cela faisait partie des règles du jeu. Mais Dray venait de reconnaître publiquement que loin d’être de la paranoïa, on était toujours à leurs trousses. Ou plutôt qu’on était aux siennes, particulièrement, et il aurait eu beau le nier, cela inquiéta sérieusement son père autant que la situation présente...

Le trentenaire, lui, continua son petit tour de table, laissant Malich et MacTurning prendre connaissance du poids de ce qu’il avait contre eux.

“Mlle Rodriguez, vous avez voté pour moi lors du suffrage qui m’a rendu les rênes du Groupe…”

Là, les résolutions de Simon eurent quelques difficultés à tenir…

“Tiens donc ! Je ne m’attendais pas à ce que le coup vienne de là !”

Rodriguez baissa le nez alors que Dray ironisa à son tour et que les autres semblèrent aussi étonnés que leur vice-président, avec reproches et accusations muettes en plus dans les regards de ses deux collègues limogés. Traîtresse...

“Quand je parlais de fidélité... Mlle Rodriguez est une opportuniste qui sait parfaitement anticiper le sens du vent, ce qui fait d’elle l’excellente femme d’affaires qu’elle est. Mais vous aussi, vous avez franchi la ligne. Moins que vos petits camarades, mais assez pour que l’épée de Damoclès soit au dessus de votre tête. Vos qualités de femme d’affaires et votre retournement de veste en ma faveur vous offre un sursis. Mais si je constate la moindre faille dans votre soutien à partir de maintenant, je n’aurai aucun remord à vous faire sauter vous aussi.”

Fox appuya cette remise au point d’un haussement de sourcils assuré, question silencieuse mais inflexible qui demandait une seule réponse précise que Carlota saisit immédiatement.

“Compris…”

Un court silence s’installa le temps que le “maître de cérémonie” se désaltère et où tous se regardaient en chiens de faïence et se demandaient qui serait le prochain sur l’échafaud. Un seul, sans dossier face à lui, au même titre que Faure et Cox, fixait simplement la table avec tristesse. Ce qui était en train d’arriver, cela leur pendait au nez depuis longtemps, Dray ne s’était jamais caché de ses intentions, le jour où il parviendrait à cette majorité et il les avait prévenu plus d’une fois que cela ne tarderait plus. Aucun, même pas lui, David Law, n’avait réellement cru à ces menaces. Les Fox et leur grande gueule quand ils étaient en colère, on en avait l’habitude et au final, si cela était toujours impressionnant sur le coup, quand le vent retombait, c’était à nouveau le beau temps… Sauf que cette fois, ils avaient tiré une fois de trop sur la corde. Et ce qui se passait l’attristait. Trop tard pour regretter, et de toute façon, il pensait toujours que ce mariage avait été une nécessité, et il savait qu’il en paierait le prix au même titre que les autres, son PDG avait été clair dans sa concision, il n’y aurait aucun privilégié, mais David aurait tout de même aimé que cela se passe autrement.

“Vous deux, sortez à présent, vous n’avez plus rien à faire à cette table.”

Et s’il fallait une preuve supplémentaire que tout était chorégraphié, Sergeï ouvrit la porte de l’extérieur pour laisser entrer des agents de la sécurité du Groupe qui attendaient à l’extérieur dans la salle de réunion pour obliger les deux virés à prendre la porte pour de bon. Une fois ces deux-là dehors, la valse des condamnés continua.

“Mme Jackson, nous avons été alertés par l’un de nos employés de l’échec total du dernier essai thérapeutique de vos équipes, d’effets secondaires qui ont entraîné son arrêt immédiat. Etrangement, le rapport que j’ai eu de votre part est différent, on parle d’une demi-réussite, d’une stratégie de calibrage suivi d’un nouvel essai… J’ose espérer que vous n’avez pas menti et caché temporairement ce fiasco pour obtenir les subventions de recherches qui étaient attachées à ce projet. Une autre explication ?”

Il va sans dire qu’April Jackson ne garda pas sa place et fut à son tour invitée à sortir…  

“Mlle Ocean et M. Demba…”

Assane Demba et Carry Ocean étaient les deux derniers venus dans le Conseil et leur particularité était qu’ils y avaient été placés par le PDG même. Et les deux collègues se regardèrent en pinçant les lèvres pour l’une, en jouant avec son alliance pour l’autre. S’ils n’avaient pas compris que la conversation n’allait pas être agréable… Il fallait dire qu’ils avaient commis une erreur de poids que leur rappela leur patron.

“Autant des Stooges, je m’y attendais, autant de vous deux, ce choix est d’autant plus grave. La trahison se paie cher. Si je vous ai fait accéder au Conseil, ce n’est certainement pas pour être poignardé dans le dos.”

“Parce que ces deux-là aussi étaient à toi ?” remarqua Simon, sur le ton de la conversation un peu épatée.

Fox l’ignora et continua.

“Que vous ne soyez pas toujours d’accord avec moi, c’est entendu et normal mais là, on atteint un tout autre niveau ! Où avez-vous vu qu’on mariait son PDG de force, bande de clowns ?! Je ne peux toutefois pas renvoyer presque tout le Conseil d’administration en un coup, les actionnaires ne vont pas apprécier la plaisanterie, même si ce n’est pas l’envie qui me manque.”

Simon jugea adéquat le moment de persifler…

“Penses-tu ! On en a déjà un tiers qui a foutu le camp, on est plus à deux près !”

… pour ne s’attirer qu’un regard plus que sévère de David Law. Ce n’était vraiment pas le moment de jouer les provocateurs ! Même pour finir avec bravache ! Simon lui répondit par un haussement d’épaules nonchalant, rappelant bien trop son fils quand il n’en faisait qu’à sa tête.

Encore une fois, ce dernier se montra plus raisonnable et poursuivit imperturbable :

“D’autant que je n’ai pas autre chose, ou pas suffisamment à vous reprocher, du moins, pour l’une d'avoir été convaincue par les autres de la nécessité de cette solution, pour l’autre, d’être aussi cynique et machiavélique que les mêmes autres.”

“Je te rappelle que ces qualificatifs s’appliquent à toi aussi.” remarqua pragmatiquement, encore une fois Simon qui regarda l’air de rien, la main de son fils se crisper à nouveau sur sa baguette. A croire qu’il voulait vraiment se le prendre ce sort… Enfin, puisqu’ils étaient tous sur la sellette, on pouvait bien se montrer taquin.

“Enfin, je dis ça…”

“Ben, justement, ferme-la.” siffla Dray avant de reprendre son laïus.

“Toutefois et, Mlle Rodriguez, vous êtes également concernée, j’ai examiné vos dossiers à la loupe et si je n’ai rien trouvé d’irrégulier j’ai constaté une certaine inefficacité sur des points importants, ce que je ne peux laisser passer, vous le comprendrez…”

Il fallait être sourd pour ne pas entendre le sarcasme des derniers mots. Mais Dray ne laissa pas le temps aux trois coupables comme aux autres, de répondre quoi que ce soit. Simon aurait bien commenté encore une fois, mais là, vu que son fils avait ouvertement pointé sa baguette dans sa direction en prévention d’une nouvelle remarque, il jugea improductif de faire dans le même registre.

“Vous trouverez les points suscités dans votre dossier et mes instructions. Et si à la fin du délai que je vous y donne, vous n’avez pas rectifié le tir, là, j’aurai une excellente raison.”

Chacun comprit bien évidemment l’ironie et surtout la menace mordante de ces derniers mots. Les deux “traîtres” ouvrirent en silence et avec autant de remords que de soulagement (pour preuve qu’ils étaient grands…) le contenu de leur dossier. Ils s’en tiraient bien, eux... Quoi que vu tout ce qu’ils avaient à “rectifier”... D’autant que leur patron avait déjà apparemment distribué les dossiers des trois renvoyés en attendant leur remplacement. Le travail était énorme et la deadline courte en comparaison. La marge de manoeuvre était minuscule.

“Recommencez un coup pareil et je vous torpille. N’oubliez plus jamais à qui vous devez votre position. Ce que je donne, je peux le reprendre aussi vite, et avec intérêts !”

Demba tenta de prendre alors la parole pour non pas se justifier mais au moins expliquer sa position et celle de sa collègue silencieuse, plus craintive ou plus maligne, mais Dray se montra intraitable et guère patient, levant la main, l’index dressé, dans un geste sec et relativement méprisant.

“Non ! Pas un mot.”

Enfin, le trentenaire finit par se tourner glacialement vers son père.

“A nous.”

Là, les réactions furent diverses. D’un côté, on avait les spectateurs qui rentrèrent les épaules, parce qu’on pensait que le choc allait être violent. De l’autre, on avait ceux que cela n’atteignaient plus et qui étaient surtout curieux. David faisait partie de ceux-là mais avec en plus de l’étonnement d’être le dernier. Il avait pensé que ce “privilège” serait réservé à Simon justement. En attendant de comprendre pourquoi, il préféra observer le choc des titans.

“Et qu’as-tu à me reprocher ? Tu sais que contrairement à Malich et Mac Turning, je ne céderai pas au chantage et tu connais la politique de l’entreprise.”

“La prescription de douze mois pour les fautes graves pour être quasiment sûr de sauver vos fesses si quelqu’un se montrait trop curieux. Oui, bien sûr ! J’ai essayé plus d’une fois de la faire sauter, celle-là. Et elle va revenir sur le tapis très prochainement, tu t’en doutes. Quant au chantage, je te remercie, je te connais bien et contrairement aux deux autres, pour toi, la justice a déjà mis le nez dans la fange, je n’ai donc aucun moyen de pression. Et toi et moi savons que tu n’as pas encore été arrêté et extradé parce que les autorités de ce pays ont rendu impossibles les entrées et les sorties et que tu as passé un marché obscur avec le Ministère. Non, on parle dans ton cas d’une affaire qui date d’un mois. Tu sais que j’ai une politique sévère relative à la corruption, la malversation, la fraude, le trafic d’influence…”

Simon interrompit Dray avec une impatience moqueuse évidente pour mieux cacher qu’il avait été troublé par ses mots.

“Tu comptes me faire tout le dictionnaire ?”

Dray sourit, de manière tout à fait mauvaise, en guise de réponse.

“Tu veux que j’en vienne au fait ? Soit. Depuis que je suis PDG, je laisse de temps à autre des portes ouvertes dans certaines affaires que je fais surveiller étroitement pour faire régulièrement le ménage dans mes rangs. Je sers des affaires illégales et faciles sur un plateau d’argent et j’attends que le poisson morde. Malich et Rodriguez ont failli, sans surprise.”

L’hispanique rougit et baissa le nez à cette information, comprenant immédiatement à quoi faisait référence son patron.

“Encore moins surprenant, Mac Turning a mordu…  Et toi aussi. Je t’avais prévenu que ta cupidité te perdra.”

Là, toute trace moqueuse disparut du visage de Simon. Au contraire, il affichait maintenant une impassible gravité et ouvrit lentement son dossier pour y lire le contenu. Et il déglutit nettement à la fin de sa lecture, les lèvres pincées. Et Dray s’était régalé de voir ses yeux le trahir, montrer sa déconfiture, ligne après ligne.

“Ton prix ?” se contenta de prononcer Simon, cette fois très sérieusement en refermant la chemise.

Fox fils ricana.

“Tu crois pouvoir m’acheter après avoir tenté de duper les pires clients possibles et où je t’ai  tiré d’affaires et avoir essayé de me marier de force en guise de remerciement ?”

Dit comme ça, cela paraissait presque absurde, en effet. Fox père soupira. Il savait très bien que là, c’était Dray qui avait toutes les cartes et à entendre le ton de sa voix, c’était comme s’il venait d’insulter son fils.

“Je vois. Je t’écoute.”

“Tu démissionnes ou, si tu préfères sauver la face, officiellement, tu prends ta retraite en toute discrétion sans parachute doré, sans retraite-chapeau et tu me donnes ta procuration mais tu gardes tes dividendes. C’est le mieux que je puisse te proposer.”

Ce n’était pas une fleur que Fox faisait à son père, malgré les apparences. C’était les actionnaires qu’il ménageait en réalité. S’il se débarrassait aussi brutalement qu’il l’avait fait des autres, de son vice-président, fondateur du Groupe, il risquait de leur faire peur et ils pouvaient subir une baisse subite de leurs parts qui serait difficile à freiner et remonter. En somme, si Simon acceptait, ils étaient gagnant-gagnant. Sinon...

Mais Simon, évidemment, ne l’entendit pas de cette oreille. Il durcit le ton par automatisme.

“Alors là, jamais ! Ne rêve pas !”

L’homme d’affaires chercha du regard l’appui de David, le seul de l’assemblée à être encore potentiellement de son côté. Mais celui-ci garda le regard baissé. Law avait parfaitement conscience que son tour n’était pas passé avec raison. Et il comprenait à présent pourquoi. S’il prenait le parti de Simon, il était grillé auprès du trentenaire. S’il “restait à sa place”, Dray pouvait se montrer peut-être clément. Simon le fixa du regard avec surprise et déception. Le message était clair, de part et d’autre, la rupture évidente… Le PDG continua de mener son attaque, imperturbable.

“Alors je mets en branle la procédure de licenciement dès la fin de cette session. Et crois-moi, elle se fera avec beaucoup de bruit et sans cadeau. Cela se finira sans doute en longue procédure qui sera tranchée par des juges. Et on sera tous perdants. Mais dans les deux cas, je serai débarrassé de toi parce que ce qu’il y a dans ce dossier est sans appel et tu le sais. Sans compter le reste...”

Simon fixa la chemise de son dossier sans plus de vagues, le temps de la réflexion. Là, il était coincé et oui, il le savait.

“J’accepte…” finit-il par conclure froidement le sexagénaire. Et pour preuve, il rédigea immédiatement la lettre qui devait signer son départ et la procuration. Un silence de mort s’imposa, rompu par le seul crissement de la plume sur le papier. En fin de compte, il était sans doute temps pour lui de se ranger parce que la vérité était qu’il s’était fait avoir comme un bleu cette fois, et le reste était pesant, ce n’était plus qu’une question de temps…Le sexagénaire savait que tôt ou tard, la justice le rattraperait. Il faisait en sorte que ce soit tard. Mais il était tout de même réaliste. Et pour le bien du Groupe, il valait mieux qu’il ne soit plus en fonction. Et un licenciement étalé sur la place publique pour les motifs qui s’étalaient dans le dossier… Pour sa famille, non, certainement pas...

Satisfait du contenu de la lettre de son père et de sa procuration, une fois que celui-ci les eût signées et données, Fox leva la séance.

“Bien, vous pouvez disposer. Adrien et Jeremiah, je vous charge de vous assurer que mes consignes soient suivies à la lettre par tous, surtout les vidages des lieux. N’hésitez pas à faire appel à la sécurité. Père, tu as quitté la tour pour le déjeuner, John s’assurera que tu n’emportes aucun document.”

Clairement Simon grinça des dents mais il devait reconnaître qu’à la place de Dray, lui n’aurait même pas accordé ce délai… Il se permit toutefois une question.

“Comment as-tu fait pour faire céder Bridge ?”

La réponse du New-yorkais fut concise...

“Vous le lirez sans doute très vite dans les journaux. La prochaine séance se fera après-demain, on fera un point de la situation. Evan, je te rejoins dans mon bureau pour préparer la conférence de presse de cette après-midi qui annoncera les divers changements. David, restez-là.”

Le susnommé ne fut pas surpris de cet ordre. Il ne voyait pas pourquoi il aurait été le seul à être épargné dans cette histoire. Il l’était par contre que cette remise au point se fasse sans témoins. Dray était rancunier et avait de bonnes raisons de vouloir remettre les compteurs à zéro de manière brutale. Alors qu’il veuille que ça reste entre eux laissa l’homme d’affaires incertain.

Seuls dans la salle de réunion, Fox but une gorgée d’eau et s’alluma une cigarette en silence en faisant les cent pas. David le regarda faire tout aussi silencieusement. Un océan les séparait physiquement mais en cet instant, il paraissait presque peu de choses. Plusieurs bouffées de nicotine s’évanouirent dans l’air avant que le PDG ne prenne la parole, plus glacial que jamais, en s’arrêtant de marcher pour faire face à son collaborateur.

“Cela fait deux fois que vous me trahissez personnellement.”

Cela sonna durement et laissait entendre une fracture évidente.

“Dray…”

“Non !”

Patient, David se tut immédiatement, devant cette exclamation abrupte qui ressemblait bien à l’avertissement avant la morsure alors même que Dray avait levé la main entre eux pour appuyer l’ordre. Il fallait attendre que la tempête passe, c’était évident...

“J’ai fini par pardonner dans le cas de Dorian. Ça a pris du temps mais je me suis laissé persuader par Sergeï et Evan. J’ai fini par comprendre les raisons de votre silence. Mais là, on est loin du secret de famille et de l’enfant à protéger. Et quand je dis enfant, il ne s’agissait aucunement de moi. Mais soit, en tant que meilleur ami de mon père, ces raisons étaient légitimes. Là, vous avez partagé l’avis général de me faire épouser une connasse complètement immorale pour les intérêts du Groupe, donc vos intérêts. Vous n’avez pas hésité à me sacrifier au nom du profit, comme mon père le faisait et le fait toujours.”

David voulut reprendre la parole pour tenter de temporiser les choses mais il fut à nouveau devancé par Dray qui perdait patience. Régler ses comptes avec les autres, même son père aujourd’hui, n’avait pas la même empreinte émotionnelle que de s’expliquer avec celui qui était le plus proche d’un père de substitution. Là, c’était douloureux.

“Et ne me dites pas que ce n’était “qu’un” mariage ! Pendant longtemps, le mariage n’était qu’une manière d’effectuer une transaction entre deux familles, je vous accorde l’argument historique. Mais comme vous avez pu le constater, je ne suis pas prêt d’accepter d’avoir été relégué au rang de pion manipulable à loisir, encore moins par vous que je considérais plus comme mon père que Simon.”

Cette reconnaissance, au bout de tant d’années et dans ces circonstances, fit baisser honteusement le nez du sexagénaire. Elle expliquait pourquoi le trentenaire prenait les choses à coeur, sur ce sujet.

“Toutefois, contrairement aux autres, je n’ai absolument rien à vous reprocher dans la gestion des affaires et croyez-moi, j’ai cherché.” finit par dire Fox en reprenant sa marche et en tirant à nouveau sur sa cigarette.

“Alors, on en est là.” fut sa conclusion amère. Le sous-entendu était clair. Ne rêvez pas, j’ai essayé de vous dézinguer comme les autres, mais je n’ai rien trouvé qui le justifiait.  

“Je suis désolé, Dray…” dit doucement David, voyant enfin l’occasion d’en placer une.

“C’est le minimum !” s’exclama le jeune homme, vertement. Les excuses n’étaient pas prêtes d’être avalées visiblement…

“Dray, écoutez… Je suis de la vieille école. Quand vous avez révolutionné le Groupe, je vous ai soutenu parce que je vous considérais comme un fils et parce qu’il fallait du renouveau.”

“Mais ?” demanda douloureusement le jeune financier, sensible à la notion filiale mais se doutant bien de la suite.

“Mais renouveau ne veut pas dire révolution. J’ai toujours respecté votre travail comme vous avez respecté le mien mais nous n’avons pas toujours la même vision des choses. Toutefois, nous l’avons toujours eu sur un point. Il faut assumer les conséquences de ses actes. Or ce mariage arrangé était la conséquence de votre choix insensé de vous absenter six mois des affaires. Si vous n’aviez pas déserté, Bridge ne serait pas devenu aussi dangereux pour nous et vous le savez.” répondit fermement Law.

“Et les mariages arrangés sont de la vieille école.” conclut Fox en ricanant. Law, lui, fut parfaitement sérieux dans sa réponse.

“En effet. Cette situation était temporaire et le divorce inévitable et programmé. Je vous accorde que sacrifice il y avait. Mais il n’a jamais été question qu’il soit permanent. La difficulté paraissait minime.”

Dray soupira entre ses dents, sifflant d’exaspération et reprit sa marche.

“Désolé, tu parles…”

“Je le suis vraiment. Je me rends compte à quel point cette idée vous a écoeuré, aujourd’hui. ”

“Et si c’était de vous qu’on avait exigé un tel projet ?” rétorqua Fox, pour enfoncer le clou.

“J’ai dû renoncer à épouser mon grand amour, il y a quarante ans, pour les intérêts du Groupe, alors j’ai une petite idée sur la question…” répondit tristement le sexagénaire, un pauvre sourire sur les lèvres.

“Et ça valait le coup ?” persifla le plus jeune, surpris de cette révélation mais trop en colère contre l’homme pour montrer qu’il en était touché.

“... Non. D’où mes regrets envers vous. C’est facile d’oublier… ”

“... Oh, David…” souffla Fox, en s’asseyant sur le bord de la table, tout aussi désolé que renfrogné, partagé entre la compréhension et la rancoeur.

“Nous avons tous les deux fait une erreur, ayons l’honnêteté de le reconnaître.” tenta David, en sentant bien, tout comme Dray, qu’ils étaient dans une impasse. Mauvais argument. Fox se releva, piqué au vif.

“Mon erreur n’est pas celle à laquelle vous pensez. Contrairement à vous, je refuse de placer le Groupe en première priorité. Vous avez fait une croix sur la femme que vous aimiez pour lui, vous devriez comprendre mon point de vue. Si j’ai fait une erreur, ce n’est pas mon congé mais à la rigueur celle d’avoir refusé de fournir des explications sur ses raisons exactes. Car il y a autre chose que je refuse viscéralement, c’est que le Groupe soit au courant de ma vie privée et ait une influence dessus !”

David fronça les sourcils en proie à la réflexion, essayant de comprendre ce que Dray ne disait pas. Mais celui-ci lui donna toutes les pièces manquantes, enfin toutes celles dont il avait besoin pour assouvir sa curiosité.

“Mon meilleur ami avait de gros ennuis de santé et avait besoin de mon aide, c’était une raison plus que suffisante pour que je m’absente aussi longtemps que je jugeais nécessaire. Et Bridge n’aurait jamais dû devenir aussi dangereux en mon absence. J’étais théoriquement suffisamment entouré de professionnels pour que cela n’arrive pas ! Vous l’avez laissé faire, mon père en tête de liste, pour qu’on en arrive à cette extrémité avec pour objectif de le coincer de l’intérieur. C’est ça que vous devriez avoir l’honnêteté de reconnaître.”

David hocha la tête vigoureusement, en signe de refus, devant une telle affirmation.

“Je n’étais pas au courant d’un tel projet ! Votre père devait gérer Bridge puisqu’il était sur place…”

“Ben tiens ! Et personne n’a jugé bon de surveiller ce que faisait mon père, en roue libre au Royaume Uni. Et j’ai mis plus d’un an à me sortir de ce guépier avec l’aide d’Evan, de Jeremiah et d’Adrien. Mais pas avec la vôtre. Et donc tout le monde s’est fait pigeonné parce que je ne vous fais absolument plus confiance ! Diviser pour mieux régner. Il a réussi son coup, le vieux renard ! Sauf qu’il ne s’attendait pas à ce que je retourne la situation et le piège à son tour.”

David ne pouvait pas dire le contraire donc il ne dit rien.

“Alors maintenant, on fait quoi ?” demanda donc le PDG en se rasseyant sur la table, agacé.

“C’est vous qui décidez, plus encore aujourd’hui qu’hier.” répondit l’aîné dans un sourire tranquille. Dray, susceptible, n’apprécia pas ce qu’il crut entendre.

“C’est ça, faites de l’ironie !” maugréa-t-il en s’allumant une nouvelle cigarette, le filtre entre les dents. Ce n’était pas la réponse qu’il attendait, c’était évident.

“Les actionnaires ne pardonneront pas votre départ forcé. Vous êtes trop efficace et apprécié. Et je n’ai rien pour le justifier. Vous vous en tirez donc très bien.”

David perdit son sourire pour la réserve. Dray ne pouvait pas faire plus clair désaveu. Ce fut à son tour de s’attendre à une suite déplaisante.

“Mais ?”

“Mais je n’ai plus besoin que vous me secondiez. Le poste de Vice-président sera attribué à Jeremiah.” déclara le PDG avec une froideur étonnante face à Law.

David dut reconnaître que cette sentence l’égratigna. Mais, elle était logique, vu les circonstances. Et il n’avait pas à se plaindre, il ne perdait rien même s’il ne regagnait pas son ancien poste.

“Bien. Puis-je disposer ? J’ai un rendez-vous dans une heure et je dois encore revoir certains points.”

Fox se contenta d’acquiescer du chef, avec indifférence. Il était clair qu’il n’était pas prêt encore à pardonner à son mentor toute cette histoire.

A deux semaines de Noël, on pouvait dire que la fin de ce projet de mariage faisait un excellent cadeau même si Dray avait horreur des fêtes. Et il n’était pas le seul à voir la nouvelle d’un bon oeil… Et elle fut fêtée comme il se dut !

Mais comment Fox avait réussi à stopper le mariage ? Ceux qui se posèrent la question purent avoir la réponse dans les journaux comme il l’avait annoncé, quelques jours après cette victoire écrasante qui mettait fin à ce projet insensé. Mais, très tôt, la nuit régnait encore pour un moment, les bureaux ne s’ouvrant pas avant deux heures, les journaux sortis des presses depuis à peine autant de temps, un mug de café dans une main, son stylo plume dans l’autre, le nez dans ses dossiers et son ordinateur, Dray fut interrompu dans son travail par l’appel de l’accueil, alors même que c’était encore la sécurité qui gérait le service à cette heure.

“M. Fox, M. Bridge exige que vous le receviez. Il est furieux.”

Si le trentenaire fut surpris de cette visite, vu l’heure plus que matinale, il jugea bon de savoir ce que son ex-futur beau père lui voulait de si important, quoi qu’il s’en doutait un peu...

“Faites monter.”

Le jeune homme eut vite fait d’appeler son garde du corps...

“M. Manning, je vais avoir besoin de vous, je pense.”

Une fois dans son bureau, Fox, Manning à sa droite, dut faire face à un homme très en colère.

“J’avais votre parole, Fox !” vociféra le visiteur qui avait heureusement un journal dans les mains, ce qui l’empêchait de lui en décalquer une, ce qu’il aurait fait, le dénommé en était persuadé. Mais le jeune PDG ne se laissa pas impressionner. Quand vous résistiez aux fureurs de Simon Fox depuis des années, celles des autres ne vous effrayaient pas le moins du monde.

“M. Bridge, un café ?” demanda négligemment Fox, donc, pour se voir en guise de réponse balancer le journal à la tête, littéralement.

“Il suffisait de dire non.” continua un renard narquois, en récupérant les feuilles de papier pour lire ce qui provoquait une telle colère.

Une princesse de la Jet Set tue un sans abri en toute impunité.

Ah. Tout de suite, c’était plus clair.

“Je n’y suis pour rien.” dit simplement Dray en jetant nonchalamment sur son bureau le journal, vers son interlocuteur, toujours debout.

“Vous vous fichez de moi ! Qui d’autre était au courant à part vous ?” hurla l’Anglais, hors de lui.

“La détective privée que j’avais engagé pour trouver le moyen d’annuler les noces et qui a levé le lièvre. Notre accord était que je ne parle à personne de ce qu’avait fait votre fille et que la police ne soit pas alertée par mes services, ce que j’ai respecté. Que puis-je y faire si cette personne a jugé bon de prévenir la presse, une fois son contrat rempli, devant notre passivité face à un meurtre.” répliqua Fox, avec mépris mais un calme olympien, en se laissant aller dans son fauteuil pour toiser son visiteur.

“Votre peste de fille a tué un homme et la preuve existe. Elle l’a renversé en voiture sans s’arrêter et n’a jamais eu le moindre petit sursaut de conscience en quatre ans. Vous avez créé un monstre d’égoïsme. Là est la vérité et il est temps d’en payer le prix. Votre groupe contre mon silence, c’était le deal. Mais je n’ai pas de contrôle sur le silence des autres et la fusion est à ce stade irrévocable. Et entre nous, si trahison il y avait de ma part, ce serait sans remords, ce poison mérite largement d’être puni.”  

La conversation s’arrêta là. L’homme sembla assommé, la colère retombée comme un soufflet domptée par la calme assurance et la logique froide du plus jeune qui agirent comme une douche froide. Il se rendait compte qu’il avait tout perdu, en réalité, et que les ennuis ne faisaient que commencer.

“Vous m’avez trompé…”

La réplique de l’Américain fut aussi maîtrisée que l’homme perdait pied.

“Je n’en ai pas eu besoin.Vous étiez tellement pressé de sauver la réputation de votre nom et votre fille que vous vous êtes enferré seul. Je n’ai eu qu’à vous présenter l’offre de la bonne manière. Vous auriez dû y réfléchir un peu plus longtemps, vous auriez vu qu’il n’y avait pas d’autres issues pour votre fille, de toute façon. Vous devriez rentrer chez vous, car avec une une de faits divers pareille, et ce ne sera certainement pas le seul journal à publier l’information, la presse audiovisuelle et la police seront chez vous sous peu. Au revoir, M Bridge.”

Bobby comprit de suite l’ordre transmis par le regard en acier trempé en cette seconde de son patron et força le visiteur à se rendre vers l’ascenseur.  

Vous vous êtes fait un ennemi de plus.” remarqua le garde du corps en revenant.

“Mac Turning et Cordelia même me semblent de plus inquiétants candidats. Ce qui devrait vous satisfaire, Bobby. Cela vous assure une reconduction de contrat indéniable.” répliqua négligemment le PDG en retournant à ses dossiers, comme si cela n’avait pas plus d’importance que s’ils parlaient du temps qu’il faisait.

“Je vais finir par vous faire un tarif préférentiel.” plaisanta le chef des mercenaires.

“Je vous en serais gré, vous me ruinez.” conclut Fox avec autant d’ironie avant de retourner définitivement à son travail, facilité par sa nouvelle position, coup de tonnerre et coup de maître, applaudi par son milieu. Dray Fox venait pour longtemps de mettre les points sur les i et prendre un ascendant confortable.
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Dray Fox
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeJeu 11 Juil 2019 - 16:09

Ce matin de juillet, la journée avait commencé normalement pour Dray Fox. Le PDG avait plutôt bien dormi, ce qui était redevenu assez régulier depuis qu’Umi l’avait aidé en décembre et depuis qu’il était suivi par un psy. Son moral était plus vers le haut que le bas. La journée promettait d’être ensoleillée et son travail du jour tenait aux affaires courantes. Rien de particulier à noter. Du moins, c’était ce qu’il croyait. Comme à chaque fois que Dray Fox pensait avoir la paix, d’une manière ou d’une autre, un esprit de la providence en décidait autrement.

“Monsieur, vous devriez descendre à l’accueil, un jeune garçon exige de vous voir, il refuse de dire son nom mais il dit être votre filleul. Et il donne visiblement du fil à retordre à la sécurité, cela fait deux fois qu’ils le refoulent.”

La voix qui venait de retentir dans le bureau de Dray était celle de Rose Glane, son assistante de direction, par le biais du système de transmission holographique par ondes magiques. Et ce qu’elle venait d’annoncer tira immédiatement l’Américain de son travail et qui ne cacha aucunement la stupéfaction qu’il ressentit à la nouvelle.

“Tommy ?! J’arrive ! Faites patienter Dover et déplacez les autres rdv de ce matin pour demain au plus tôt, Rose. Je ne serai plus là pour personne avant Mme Craig.”

Son filleul à la Fox ? Voilà autre chose ! Et tout seul en plus. Le truc complètement improbable qui lui fit craindre des ennuis pour la famille du gosse et qui le fit se dépêcher.

En bas, près des portes d’entrée vitrées, un petit brun de onze ans, en jean, baskets et en t-shirt noir arborant un Darth Vader tenant son sabre laser rouge du plus bel effet, sac à dos sur une épaule, bras croisés, l’air volontaire, bien campé sur ses pieds, toisait deux agents de la sécurité qui semblaient l’un presque désemparé, l’autre presque furieux, sous les yeux amusés du personnel d’accueil, derrière leur comptoir et de quelques autres spectateurs, employés ou clients, que la dispute avait attirés.

“Je m’en occupe, Messieurs, merci.” ordonna simplement le PDG d’une voix tout à fait calme. Les deux agents, bien contents d’être débarrassés du problème apparemment insoluble d’1 mètre 40 qui leur était tombé dessus sans crier gare, obéirent sans discuter et retournèrent à leur poste sans plus chercher à comprendre pourquoi un mioche têtu voulait à tout prix voir leur patron.

Le dit patron attendit patiemment que la petite foule de curieux retourne à ses occupations avant de s’adresser à son filleul d’une voix où pointait autant de tendresse que d’inquiétude mais il ne s’embarrassa pas de préliminaires.

“Qu’est ce qui se passe, bonhomme ? Tu es venu comment ?”

Pour que l’enfant quitte tout seul sa banlieue londonienne tranquille, un jour de cours !, pour se rendre au coeur de la City, il fallait quelque chose d’au moins sérieux. Il n’avait encore jamais fait de coup pareil. Et de chez lui à la Fox, il y avait un sacré bout de chemin !

“Je suppose que tes parents ne savent pas que tu es là. Ton uniforme ?”

Tom étant scolarisé dans une école publique britannique mais détestant porter l’uniforme, Dray supposait qu’il avait dû faire croire qu’il allait en classe, se changer ailleurs et filer. Et à voir le visage sombre du gamin, ce n’était pas une bêtise gratuite pour le simple plaisir de le voir.

“Viens, on va discuter dans mon bureau. J’ai d’abord un rendez-vous à assurer dans cinq minutes mais après, je suis tout à toi pour au moins le reste de la matinée. Mais je préviens ton père que tu es avec moi, ça, c’est non-négociable. Pour peu que l’école appelle, ça va être la panique. On est d’accord ?” finit par dire l’adulte en passant son bras affectueusement autour des épaules de son filleul pour le conduire vers l’ascenseur.

Dans le bureau de Rose, placé stratégiquement entre l’ascenseur et le sien, il dit à la jeune femme :

“Je vous le confie le temps de recevoir M. Dover, Rose. Assis-toi, Tommy. J’en ai pour une demi-heure maximum. Mais j’appelle d’abord ton père. Faites entrer Monsieur quand je vous le dirai.”

Un homme patientait, une serviette en cuir sur les genoux, dans une salle d’attente vitrée qui juxtaposait et donnait sur le bureau. Rose sourit gentiment au petit brun et tenta de l’amadouer en lui proposant un tabouret, à ses côtés.

“J’aime beaucoup ton T-shirt. Il est cool ! C’est, heu… Vader, c’est ça ?”

On n’en voudra pas à Rose, sorcière, de ne pas être à l’aise avec la culture pop moldue et d’hésiter… Mais on notait l’effort ! Quand on bossait à la Fox, en connaître un bon minimum était obligatoire sur le CV. Dray sourit devant l’effort de son assistante et entra dans son bureau sans plus rien ajouter. M. Dovers, dix minutes plus tard entrait à son tour au signal de Rose. Une demi-heure encore et, comme promis, l’Américain revint chercher son filleul.

“Voilà, je suis tout à toi. Rose, faites nous monter du café, du chocolat et des beignets s’il vous plaît.”

Il referma finalement la porte de son bureau une fois que Tom soit passé et entra directement dans le vif du sujet dans son mouvement.

“Je t’avertis, ton père n’est pas content que tu ais séché l’école et que tu ais traversé toute la capitale tout seul.”

Dray finit par revenir vers son bureau et s’assit au bord juste en face de Tommy, en posant ses mains sur l’arête du bois.

"Mais il était surtout inquiet. Il se demande ce qui a bien pu te pousser à cela. Il pense que tout va bien à la maison et à l’école. Moi aussi, je me pose des questions du coup, même si je suis flatté et heureux que tu sois venu me voir. Alors, raconte-moi...”
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Thomas Coal
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeVen 12 Juil 2019 - 15:06

Thomas Coal, appelé bien plus souvent Tom ou Tommy, n’était pas un méchant garçon. Ses parents les avaient bien élevés, lui et sa soeur. Mais là, Tom en avait gros sur le coeur et avait à ses yeux de gros problèmes. Et ses parents y étaient mêlés de près ou le seraient incessamment sous peu. Et personne ne voudrait le croire ! Impossible ! Alors il n’avait pas trouvé d’autre solution que de se tourner vers un autre adulte en qui il avait une absolue confiance, son parrain.

Quels problèmes ? Depuis ses onze ans, le 21 avril, il recevait des lettres. Mais pas n’importe quelles lettres blanches timbrées, déposées dans la boîte par les services postaux. Non ! Des lettres en parchemin, fermées par un cachet de cire et apportées par des hiboux ou des chouettes ! Reconnaissons quand même que ça tenait de l’extraordinaire ! Et le contenu l’était encore plus ! C’était fantastique et tenait du grand n’importe quoi. C’était dans les livres, les bd, les comics, les mangas, les films et à la tv, qu’on trouvait des trucs pareils ! Il paraissait qu’il était sorcier et qu’il avait sa place dans un grand collège de sorcellerie et qu’on l’y attendait pour septembre avec liste de fournitures, s’il vous plaît ! Et si cela ne suffisait pas, “un représentant du Ministère de la Magie se présentera au domicile familial, le dimanche 7 juillet à 2 h p.m, pour répondre à toutes les questions que lui et ses parents pourraient se poser”. Et dimanche 7 juillet, c’était dans quatre jours…

La première, Thomas l’avait reçu sur le chemin de l’école, le matin. Il était tout seul dans la rue, la chouette s’était posée carrément devant lui qu’il faillit lui marcher dessus et elle lui avait tendu sa patte. D’abord, très surpris, il l’avait ignoré par prudence et continué son chemin trouvant juste le spectacle aussi cocasse qu’étrange. Mais la chouette avait recommencé son manège une, deux, trois, quatre fois, en hululant de façon de plus en plus autoritaire, jusqu’à ce que abasourdi, l’enfant lui enlève la fameuse lettre. Aussitôt fait, l’oiseau s’envola. Tom ne sut que faire de ce n’importe quoi. Il l’ignora donc. Mais une semaine après, alors qu’il attendait sa mère à la sortie de son club d’escrime, ce fut cette fois un hibou qui le visita. Et cette fois, il y avait eu des spectateurs de l’étrange phénomène. Apprenant de ses leçons, l’enfant ne perdit pas de temps à retirer la lettre au rapace sous les yeux éberlués des gens autour. Juste à temps avant l’arrivée de la voiture…

Et ainsi de suite. Au total, depuis son anniversaire, il avait reçu pas moins de treize lettres identiques. Et par une force mystérieuse, à chaque fois, il réussit à éviter que ses parents ne découvrent ce drôle de harcèlement. Il allait chercher le courrier. Il disait aller jouer avec ses copains mais se baladait tout seul, s’enfermait dans sa chambre ou jouait dans le jardin et de plus en plus souvent dans les rues de son quartier. Ses parents travaillant et devant s’occuper davantage de sa petite soeur de quatre ans sa cadette, ce n’était pas forcément compliqué… Mais il fallait se faire une raison, plus les jours passaient, plus le temps qui espaçait chaque lettre diminuait, plus la date de l’étrange rendez-vous fixé approchait. Et la dernière ne datait pas plus tard que le matin même ! C’était elle qui avait complètement décidé Thomas à fuguer car cette fois, sa soeur était entrée en trombe dans sa chambre pour lui dire que le petit déjeuner était prêt et avait vu l’oiseau passer par la fenêtre. Il avait fallu toute la persuasion de grand frère du petit brun pour qu’Erin ne soit pas tentée de raconter à leurs parents ce qu’elle avait vu et l’étrange lettre qu’il tenait serrée dans sa main. Ca devenait trop dangereux, cette histoire. Et puis Erin et les secrets… C’était comme Superman et la cryptonite… Tom était super mal, là ! Donc Parrain et vite ! Problème, dans sa précipitation, Tommy oublia de prendre son portable. Comment il allait pouvoir prévenir son parrain qu’il était là ? Bah, il allait tout simplement se présenter à l’accueil !

Mais Thomas apprit que n’entrait pas à la Fox qui voulait. Une première fois, il passa les portes en toute innocence mais se fit tout de suite arrêter par les deux gardes avec qui le trouva son parrain.

“Qu’est ce que tu viens faire ici toi ?”

Pas tous les jours qu’on voyait un gosse aussi jeune entrer dans l’entreprise.

“Je suis le filleul de M.Fox, il faut que je le vois, c’est urgent !”

Ces mots firent rire les deux adultes et l’un répliqua.

“Et bien, prends rendez-vous comme tout le monde.”

“M. Fox est très occupé.” ajouta l’autre plus sévèrement. “On ne s’invite pas comme ça. Rentre chez toi, ça vaut mieux. Retourne à l’école, même !”

Et en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, la poigne ajustée du plus sévère dans le dos obligea le petit brun à sortir. Frustré et en colère, Tommy fixa les portes de verre et d’acier et à travers, les deux hommes, le premier encore en train de s’esclaffer. Bon, puisque c’était comme ça…

L’enfant fit le tour de l’immeuble et trouva ce qu’il chercha. L’entrée du parking souterrain. Il attendit patiemment qu’un SUV veuille passer les barrières et se faufila presque accroupi, à gauche du véhicule pendant que son propriétaire expliquait au gardien, à droite, les raisons de sa venue en lui montrant des papiers. Il suffit ensuite à Tommy de se cacher dans un renfoncement jusqu’à attendre que le champs soit libre quand le gardien retourna dans son petit cagibi attendre le prochain visiteur. L’enfant pensa que c’était dans la poche quand il prit l’ascenseur pour rejoindre le Hall d’entrée mais à la porte l’attendaient les deux chiens de garde du début qui ne trouvèrent pas la plaisanterie très drôle. Tom avait oublié que la Fox était truffée de caméras (du moins ce fut ce que dit l’homme qui se moquait de lui)... Retour à la porte.

La troisième tentative, Tom décida d’utiliser les grands moyens… Il sortit de son sac un lance-pierre et une boule puante, outils indispensables qu’on devrait toujours avoir avec soi et, sans le moindre petit scrupule, lança le projectile dans le cagibi du gardien du parking, par la fenêtre coulissante ouverte à cause du beau temps, caché derrière des buissons pas loin. Tommy dut se retenir pour ne pas éclater de rire devant le pauvre homme fuyant devant l’odeur. Mais encore une fois, il se retrouva dans le parking et cette fois, il se cacha, de voiture en voiture, en faisant attention à repérer les caméras. Batmaaan ! Comment il allait monter jusque là haut quand même ? L’ascenseur, c’était mort. Restaient les escaliers de service… Encore fallait-il un badge d’accès… Ou quelqu’un qui ouvre la porte… Fais coucou à la caméra ! Cela ne rata pas, quelques minutes plus tard, un des deux gardes vint le chercher, fissa ! Tommy, caché derrière un pilier tout près de la porte, en biais, fit rouler sa balle rebondissante (autre objet essentiel à ne jamais oublier !) dans l’embrasure de la porte pour l’empêcher de se refermer derrière l’homme, bien décidé à faire le tour du parking pour lui mettre la main dessus. Il ne lui resta plus qu’à se se faufiler le long du mur et à passer la porte en récupérant sa balle au passage. Fallait pas laisser de preuves…

Malheureusement pour le persévérant et l’inventif petit brun, les escaliers étaient aussi bien surveillés que le reste. Il venait tout juste de monter quatre à quatre les trois escaliers du premier étage qu’il entendit la porte du garage se refermer et un furieux “Attends, toi !” avant qu’une cavalcade d’un pas lourd ne résonne dans la cage d’escaliers. Aie ! Tommy accéléra la cadence mais rien y fit, il fut vite rattrapé et se retrouva à nouveau à l’accueil, la main du garde, définitivement furax, lourdement sur son épaule. Mais Tom aussi l’était :

“Vous ne comprenez rien, il faut que je vois mon parrain ! Dites-lui au moins que je suis là, bande de nazes !”

Il vit alors tout près, à côté, les ascenseurs qui menaient aux étages supérieurs s’ouvrir et une employée en sortir. Il donna alors un énorme coup de pied sur celui du garde, de tout son poids et de sa force. L’homme fut bien obligé de le lâcher en criant de douleur et en disant deux, trois gros mots bien sentis qui firent leur effet devant les visiteurs. Et le gamin profita de la ruse pour courir vers son nouvel objectif avant que les portes ne se referment. L’autre garde se précipita, ne trouvant plus du tout de quoi rire devant la détermination sans bornes de ce gosse.

“Appelle le patron !” dit-il en passant à une secrétaire de réception alors qu’il courait pour empêcher l’enfant de prendre l’ascenseur, juste à temps.

“On a appelé M. Fox mais reste-là jusqu’à ce qu’il arrive !”

Tom voulut bien attendre mais croisa les bras, la tête haute, bien décidé à montrer qu’il ne changerait pas d’avis. Dray descendit heureusement rapidement. La suite, on la connaissait.

Dès que Dray apparut, l’enfant se détendit, rassuré.

“Parrain !”

Il afficha clairement un sourire narquois quand l’Américain congédia ses deux employés trop zélés. Nananère, je vous l’avais bien dit ! Mais son expression disparut quand Dray lui demanda aussi franchement pourquoi il était là. Tom baissa la tête, en serrant d’une main la bretelle de son sac sur son épaule.

“En bus et en métro… Ca va, je suis plus un gamin !” se contenta-t-il de répondre finalement, en évitant soigneusement la première question, la plus importante. Comment il allait expliquer à son parrain ce qui se passait ? Il ne le comprenait même pas lui-même…

“Non… Il est dans mon sac…”

D’un coup, il n’était plus très fier de lui. En entendant son parrain, il se rendait compte que ce n’était peut-être pas l’idée du siècle de se barrer comme ça un jour de classe. Surtout quand il le prévint qu’il allait appeler son père et que l’école allait de toute façon sans doute faire tout capoter.

“On est d’accord…” bouda l’enfant, en haussant les épaules et toujours le museau au sol, clairement à contrecoeur. Il n’avait pas le choix alors ça ne servait à rien de discuter. Mais il allait se faire disputer, ça, c’était sûr…

Avant de monter dans l’ascenseur et dans la cabine, Tommy raconta toute l’aventure de ses tentatives d’intrusion à son parrain et conclut en râlant.

“Ils sont nuls, tes gardes, vire-les ! S’ils t’avaient appelé dès le début au lieu de jouer les durs, on aurait gagné du temps, de l’énergie, et de la patience et j’aurai économisé une boule puante.”

Dans le bureau de Rose, Thomas salua poliment la jeune femme et observa Dray donner ses ordres.

“Ok…” se contenta-t-il de répondre à son parrain. Il préféra reporter son attention sur l’assistante de direction quand elle lui adressa directement la parole.

“Merci. Oui, c’est lui ! Mais pourquoi j’ai l’impression que vous ne le connaissez pas ?” dit-il intrigué par son hésitation. Sérieux ? Comment on pouvait douter de l’identité du plus grand méchant de Star Wars ?! Star Wars quoi !

“Vous vivez sur Mars après le travail ?” eut-il la malice de demander franco à Rose en riant alors qu’il s’asseyait sur le tabouret qu’elle lui proposait.

Quand son parrain revint le chercher, Tommy finissait de raconter par le menu toute l’histoire de Star Wars et surtout de Darth Vader à Rose, visiblement intéressée par l’épopée que mimait même l’enfant.

“Et à la fin, pour sauver Luke, il se retourne contre l’empereur Palpatine et le jette dans le vide, juste à temps pour l’empêcher de s'électrocuter. C’est lui qui a pris toute la décharge dans la manoeuvre, et ça a grave abîmé son armure qui le maintient en vie alors il meurt dans les bras de Luke. Mais il est retourné du bon côté de la force alors il ne meurt pas tout à fait. Il rejoint dans la force Obi Wan et Yoda.”

Mais quand Dray l’interpella pour le conduire dans son bureau, les soucis du petit brun lui revinrent en tête et c’est la tête basse qu’il suivit son parrain.

Tommy décida de s’asseoir dans l’un dans l’un des confortables sièges en cuir face au bureau du PDG. Après tout, il était là “pour affaires” lui aussi… L’enfant grimaça à la mention de son père mais forcément, il s’y attendait. Ca n’allait pas être mieux avec sa mère… Et qu’est-ce qu’ils vont penser de toute cette histoire de lettres ?

Quand Dray l’encouragea à s’expliquer, Tommy serra contre lui son sac à dos un instant avant de l’ouvrir et d’en sortir une pochette élastique verte recouverte du logo de l’Homme Mystère et de la tendre à son parrain d'abord sans un mot. Dedans, les treize lettres se trouvaient bien rangées. Il trouvait que ce Super Vilain était bien trouvé ! Ce ne fut que quand Dray ouvrit la pochette et regarda son contenu qu'il reprit.

"Depuis mon anniversaire, je reçois ça. Et plus les jours passent et plus j'en reçois. Et non, personne ne sait." expliqua-t-il dans son geste, sourcils froncés, la mine sombre.

"Je sais pas ce que c'est, je ne me suis inscrit à rien, j'ai discuté avec personne de chelou sur le net, j'ai donné notre adresse à personne ! Encore que cette information ne sert pas à grand chose parce que j'en reçois partout ! Même à l'école et au club d'escrime ou à la piscine ! Et le truc le plus bizarre, c'est que c'est des hiboux et des chouettes, les facteurs ! C'est du délire ! Ils parlent de venir à la maison dimanche, ça veut dire quoi ?"

Dans son récit, Tom avait posé son sac (ou plutôt jeté son sac...) et s'était levé pour faire les cents pas derrière les fauteuils. Il ne comprenait pas, rien n'était logique et n'avait de sens et il détestait ça. Il finit par s'exclamer, agacé, en se campant sur ses pieds face à son parrain, bras croisés.

"Si c'est une blague, elle est pourrie ! Et je veux que ça s'arrête !"
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeVen 19 Juil 2019 - 13:44

Dray sourit franchement, goguenard, quand son filleul énonça en râlant l’affirmation la plus fausse et la plus courante qu’on pouvait faire à cet âge-là.

“Quand tu commenceras à te raser, on en reparlera, Tom Pouce.”

Mais l’adulte redevint vite sérieux et se fit même sévère dans son attitude comme dans sa voix.

“Thomas, c’était très imprudent ! Il aurait pu se passer n’importe quoi. Les temps ne sont pas sûrs et un accident est trop vite arrivé. Tu m’aurais simplement appelé pour m’expliquer que tu avais un problème, que tu voulais me voir pour en parler, je serai venu te chercher, ou j’aurai envoyé quelqu’un. Je me serai aussi arrangé avec ton père, tu aurais évité l’engueulade qui te pend au nez en rentrant.”

Mais finalement, l’Américain poussa un léger soupir et passa à autre chose. Le gosse allait se prendre une soufflante de ses parents de toute façon et ce n’était pas son rôle à lui dans l’immédiat.

“Enfin, maintenant que c’est fait, avançons.”

Voulant être sûr de bien comprendre la situation, Dray demanda alors si les parents de son filleul étaient bien ignorants de sa venue. La réponse presque gênée de l’enfant ne le surprit pas. Il allait falloir prévenir Alec de ce qui se passait le plus vite possible.

Mettant au clair ses conditions, Dray fut satisfait de voir Tom ne pas discuter et les accepter même si ce n’était clairement pas de gaieté de coeur. Il faudrait qu’il commence à lui apprendre à cacher un peu ses émotions…

Dans l’ascenseur, le New-yorkais écouta le gamin lui expliquer ses tentatives d’intrusion et il ne sut vraiment pas s’il devait lui remonter les bretelles (surtout en l’entendant quasiment lui ordonner virer son personnel et parce qu’il avait quand même créer au niveau du parking une faille de sécurité en forçant le gardien à quitter son poste) ou le féliciter pour son inventivité. Fox opta pour un peu des deux.

“Je te tire mon chapeau ! Tu as fait preuve d’inventivité et de ténacité. C’est bien. Ca va m’obliger à revoir la sécurité sur quelques points.”

Parce que si un gosse de 11 ans, non maj, avait pu pénétrer si loin avec une bombe puante et une balle rebondissante, imaginez ce que ferait un groupe d’intervention mangemort un peu moins bourrin que les autres, qui comprendrait qu’il était plus facile de chercher à entrer sans la magie qu’avec… Avec la magie, la Fox, c’était Fort Knox. Toute trace d’utilisation de la magie non réglementaire était repérée et toutes les mesures de sécurité étaient en alerte. Un billiwig ne pouvait pas y voler sans qu’on l’ignore. Visiblement, sans la magie, l’entreprise était la foire agricole d’Anamosa… Les entrées détectaient les armes à feu et les explosifs mais bon…

“Par contre, je ne vais certainement pas virer mes employés pour avoir fait leur travail, non ! Et tu vas me faire le plaisir de présenter tes excuses à celui dont tu as écrasé le pied et celui que tu as emboucané !”

Nouveau soupir. Comment expliquer à un gosse que toutes ces mesures étaient loin d’être un excès de prudence ? Du côté sorcier comme du côté non-maj, d’ailleurs…

“Je comprends que cela te paraisse excessif à ton niveau. Mais tout le monde n’est pas d’accord avec la politique de la Fox et certaines de ces personnes ont décidé que la force et la violence était une bonne réponse pour tenter de nous arrêter. Et on a vu plus étrange et original qu’un adolescent de onze ans en guise d’appât.”

Par contre, une fois dans les bureaux, Dray dut se retenir de rire quand Rose se fit mettre en boîte. Forcément, ce n’était pas avec leurs clients qu’on avait besoin de connaître ce genre d’informations. Et Tommy ne la rata pas. Mais Rose n’était heureusement pas le moins du monde susceptible et ne manquait pas de répondant.

“Non, Venus, pourquoi ? J’avoue que je ne le connais pas bien. Raconte-moi qui il est, ça m’intéresse.” répondit-elle avec le plus grand sérieux et son plus beau sourire.

Dray fut tranquillisé. Tommy était parfois un peu trop sûr de lui, en apparence du moins. Il se cachait derrière l’insolence… Mais Rose savait y faire. Quand vous teniez tête à Simon Fox, ce n’était pas un gosse qui vous déstabilisait. Et en effet, quand il revint de son rendez-vous, il trouva un tableau adorable dans le bureau de son assistante. Il observa un instant Tommy faire son récit, attendri. Mais combler les lacunes de la jeune femme n’était pas le sujet du jour…

Dans le bureau du PDG, les choses allèrent vite. Ni l’un ni l’autre n’étaient de caractère à perdre inutilement du temps en tours et détours. Dray prit d’abord sans un mot la pochette que lui tendit Tom et l’ouvrit pendant qu’il s’expliquait… Et se redressa et se raidit pour contenir sa stupeur en en découvrant le contenu ! Que des lettres de Poudlard ! Par acquis de conscience, Dray en lit une pendant que Tommy marchait de long en large. Lettre basique qu’on envoyait aux enfants de moldus. Cela ne voulait dire qu’une chose que tous ignoraient ! Le New-yorkais porta un regard soucieux sur son filleul qui exprimait ouvertement son mécontentement. Bien sûr que le gamin ne comprenait rien ! Rien n’avait jamais laisser entendre que Tommy était un sorcier ! Et voilà que. Comment ils avaient pu passer à côté ? Ça allait être jouasse d’expliquer à Alec et Abby toute la vérité… Et apparemment à Tom même ! Pfff pfff pfff… L’homme d’affaires appuya sur un bouton de son THOM et dit, blasé.

“Rose, déplacez aussi mes rendez-vous de cet après-midi, je vous prie. Prévenez l’équipe que je serai absent.”

“Bien, Monsieur.”

Ceci étant fait, il reporta son attention sur son filleul, toujours debout.

“Tom, j’ai une question. Elle va peut-être te paraître complètement cinglée. Mais je veux que tu y réfléchisses avec le plus grand sérieux et avec la plus grande honnêteté. Quelque soit la réponse, je te promets que tu n’auras rien fait de mal, que pour moi, ce sera normal. Est-ce qu’une fois seulement, parce que tu avais très peur, que tu étais en danger, malade ou parce que tu étais très heureux, très triste ou très en colère, il s’est passé autour de toi quelque chose… d’étrange ? De l’étrange que tu pourrais comparer à un de tes comics ? Genre Diablo qui se téléporte ou Phoenix et ses pouvoirs télékinésiques...”

Tommy répondit… Ok… Son filleul avait eu quatre accidents magiques sans qu’aucun adulte, lui compris, ne soit au courant… Normal… Tom avait réussi à en faire un secret depuis ses sept ans, aidé par le fait que le phénomène était rare. D’accord mais cela était-il simplement par peur de ne pas être cru ou grondé, selon les circonstances ou un rejet plus profond ?

“Qu’as-tu pensé quand cela t’est arrivé ? Qu’est-ce que tu as ressenti ?”

Finalement, cafetière, pichet de chocolat chaud et plat de beignets furent apportés et heureusement, parce que, là, Dray avait bien besoin d’un remontant pour le coup.

“Merci, déposez cela sur la table basse, s’il vous plaît.”

L’employé parti, Fox s’exclama, comme s’il n’y avait aucun problème, d’aucune sorte. Inutile qu’il foute les jetons à Tommy plus qu’il ne les avait déjà avec l’expression de son propre trouble…

“Je ne sais pas pour toi mais moi, j’ai les crocs ! P’tit dèj ! Et je pense qu’on ne l’a pas volé. Viens t’asseoir, je vais t’expliquer mais ça risque d’être long.” invita-t-il en s’approchant des canapés de son salon pour se servir en café.
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Juil 2019 - 14:39

Tommy se retint de rire à la taquinerie de son parrain. Rire, c’était admettre que c’était cocasse et que l’adulte n’avait pas tort, à bien y penser. Forcément dit comme ça, le garçon perdait en crédibilité alors on n’allait pas en rajouter. Mais cela ne l’empêcha pas de tirer la langue, espiègle…

Mais le jeune adolescent n’était pas habitué à ce que Dray lui remonte les bretelles. Il sursauta en entendant son prénom en entier, qu’on employait souvent que quand la situation devenait tendue et le changement de ton de l’adulte. Son air malicieux disparut aussitôt. Il ne s’était pas attendu à le voir faire preuve de sévérité à son égard comme ça. Tom cligna des yeux sous la rebuffade et baissa à nouveau le nez, impacté par la remontrance de part sa rareté. Et surtout son parrain le força à changer d’angle en lui démontrant par a + b qu’il n’avait pas assez réfléchi et qu’il avait existé une meilleure solution que filer à l’anglaise. Il commençait à comprendre que pour ne plus être considéré comme un gamin, il fallait arrêter de penser comme un gamin...

“D’accord, je le ferai plus. Pardon…”

Tom était sincère. Il avait fait une bêtise, il le reconnaissait. Et puis, il fallait qu’il s’entraîne parce qu’il devrait faire le même mea culpa à la maison. Il acquiesça simplement, presque timidement quand Dray décida de passer à autre chose et l’emmena dans l’ascenseur. Mais décidément, ce n’était pas sa journée puisqu’encore une fois, son parrain ne sembla pas d’accord avec ses actions. Il était bien loin de se douter qu’il avait démontré à l’adulte qu’on entrait dans son entreprise comme dans un moulin et le compliment qu’il lui fit passa aux oubliettes.

“Ah non ! C’est de leur faute ce qui leur est arrivé !” se rebiffa l’ado en croisant les bras. Il s’entêta.

“S’ils t’avaient bêtement appelé tout de suite pour vérifier mes dires, je n’aurai pas eu à faire ce que j’ai fait. Je dois te parler, c’est important et urgent !”

Mais le soupir de Dray, lassé, calma l’esprit de rébellion de Tom. Inquiet de ce nouveau changement d’humeur, il voulut bien entendre son point de vue. Oh… Ça n’avait pas l’air d’être de la tarte tous les jours d’être PDG, dit comme ça… Mais l’adolescent ne comprit pas tout non plus et il ne se gêna pas pour le dire.

“Quelle politique ? Vous ne faites que vendre des trucs, non ? Je vois rien qui pousse les gens à péter des plombs.”

Dans le bureau, Tommy éclata de rire à la répartie de Rose.

“Bonne réponse ! Mais ok, ça marche ! Vous allez voir, c’est un méchant super cool !”

Emporté par ses explications et son mouvement d’humeur, en train de faire les cent pas, dans le bureau, Tommy ne vit pas la réaction de son parrain au contenu de la pochette. Il l’aurait vu, pas bête, il se serait tout de suite méfié et aurait compris qu’il avait bien fait de vouloir voir l’adulte. Mais là, il se contenta de regarder surpris Dray prendre carrément sa journée. Carrément ? C’était aussi grave que ça, son affaire ?

“Tu sais que t’es inquiétant, là ?” se permit de remarquer le gosse, sarcastique pour cacher le sérieux de son ressenti, avant que l’adulte ne lui pose une question. Et là, Thomas regarda ses chaussures, lèvres pincées, mains dans les poches de son jean. Qu’elle était bonne la question ! Allez, son parrain lui avait dit qu’il le considérait comme normal s’il disait la vérité ! Au bout d’une dizaine de secondes, on entendit donc un petit murmure, d’une voix incertaine, alors que le gosse regardait clairement Dray par en dessous, le museau toujours baissé.

“... Ou invisible comme Cipher ?”

Ou comment répondre oui sans en avoir l’air…

“C’est vrai que tu trouveras pas ça bizarre ?” voulut s’assurer le gosse en venant s’asseoir sur le bureau même, au plus près de son parrain.

“Tu te souviens de l’accident de voiture ? Tu le diras pas, hein ! Tout le monde a dit que c’était un miracle qu’il n’y ait pas eu de blessés… J’ai vu la voiture griller le feu et nous foncer dessus, j’ai demandé à la Force un champ de protection autour de la voiture pour qu’il arrive rien à personne… et c’est arrivé. Et puis, Erin a failli tomber dans la piscine l’année d’après. Sauf que je l’ai empêché... du salon… J’ai juste tendu la main et elle est restée au dessus de l’eau, en lévitation. Je devais la garder pendant deux heures, pendant l’absence de papa et maman mais je te jure, je m’en occupais, je suis juste allé nous chercher à boire ! Après, à la fête d’Halloween qui a suivi, avec les copains, on a voulu faire une farce et mettre du papier toilettes partout sur les grilles et les arbres de l’école… Je sais ! C’est pas malin, c’est une bêtise ! Le concierge a failli nous attraper, Hugh et moi, on s’est caché sous un camion et quand il a regardé en dessous avec sa torche, il ne nous a pas vu alors qu’on s’est pris la lumière en pleine face, même qu’Hugh a sursauté. Et la dernière fois, c’était en janvier… J’ai donné une décharge électrique à un crétin qui voulait me frapper parce que je refusais de lui filer de l’argent et puis je les ai envoyés dans le décor, lui et son pote après. Sur plusieurs mètres… Je l’ai pas fait exprès, je te le promets, Parrain ! J’ai rien contrôlé c’est venu tout seul. J’ai même pas levé la main cette fois ! Je l’ai dit à personne parce que… Ben c’est pas normal quoi. Personne ne m’aurait cru. Et puis, en plus pour Erin et Halloween, je voulais pas être grondé.”

Tom s’était bien gardé le dire oui ! En même temps, il aurait été complètement bête d’aller crier sur les toits “J’ai des supers pouvoirs !”. C’était un coup à se faire traiter de menteur et de se faire insulter d’autres trucs par les adultes comme ses camarades… Être le paria de l’école, merci mais non merci !

Après ses explications, Tommy, vraiment plus à l’aise dans ses baskets, n’osait même plus regarder Dray. Son parrain allait trouver toute cette histoire ridicule ! Le gamin s’était attendu à recevoir un “N’importe quoi ! Arrête de te faire du cinéma !”, certainement pas à une simple question en réponse. Il sursauta et fixa son parrain du coin de l’oeil, ébahi par le calme et la compréhension de l’adulte. T’es sûr que toi, t’es normal ? semblait dire son regard.

“Heu… “Cool je suis un Sith !” suivi tout de suite par “Faire des trucs comme ça, c’est impossible, ou tu délires ou t’es pas normal !” resuivi derrière par “Mais quand même, c’est trop la classe ! Mais t’as intérêt que personne le découvre.” Heureusement, Erin était trop petite pour le dire et Hugh et les deux abrutis faisaient des conneries, ils allaient pas raconter ce qui était arrivé… Je sais pas… C’est un mélange de fierté et de peur... C’est bizarre.”

Finalement Thomas descendit du bureau en un saut et s’exclama, à nouveau les bras croisés, cette fois en regardant bien Dray dans les yeux.

“Mais d’abord, pourquoi tu trouves pas ça bizarre, toi ?! Et puis comment tu savais quelle question il fallait me poser ?!”

Mais on toqua à la porte et un employé revint avec ce que Dray avait commandé. Et comme lui, Tom attendit qu’il soit parti pour reprendre la parole. C’était pas ses affaires !

“Je veux pas de petit déjeuner, je veux des réponses !” râla le garçon en obéissant quand même.

“C’est quoi le rapport entre les lettres et le fait… que je sois disons un X-man !... ?”  

Dray répondit. Et là, il y eut un long silence qui dura et…

“... Je suis… quoi ?”

Qu’est-ce qu'il dit là, parrain ? Tommy regardait à présent Dray comme s’il s’était soudain mis à changer de couleur. Et puis finalement… Ca y est, il avait compris ! Il s’exclama en riant jaune et en se relevant :

“En fait, on est fous tous les deux ! Tu m’as bien eu... même si c’était pas drôle ! Comment t’as fait pour les oiseaux, n’empêche ? T’as payé un fauconnier ? Je vais rentrer, ça vaut mieux ! Papa et maman vont pas me rater. Mais t’as dû te faire enguirlander aussi quand Papa a appris que ta blague m’a fait faire le mur ! Bien fait !”

Il valait mieux oublier tout ça. Son parrain avait réussi à le piéger en beauté et lui, il avait couru. L’accident de voiture, il avait eu tellement peur. Il avait cru mais ce n’était que son imagination. Oui, mais les accidents avec Erin, Hugh et les débiles, il n’avait rien imaginé du tout, là ! Et alors qu’il eut ce petit doute, son parrain enfonça la porte de sa rationalité à grands coups de pied…
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeJeu 1 Aoû 2019 - 15:36

Dray sourit quand son filleul lui tira la langue. Tom grandissait vite mais ils avaient encore un peu de temps. En attendant, il se devait de le recadrer un peu. Après tout, le gosse venait de faire sa première fugue même si cela restait dans Londres pour venir le voir. Il fut satisfait de voir Thomas s’excuser immédiatement et apparemment de le penser. Bien, le reste était à la charge de ses parents pas la sienne. Tom avait l’air de comprendre le problème. C’était l’essentiel

Dans l’ascenseur, par contre, le ton fut très différent. Thomas ne sembla pas comprendre en quoi il avait mal agi.

“J’ai bien compris que tu avais un problème et on va s’en occuper. Mais encore une fois, tu aurais dû agir dès le départ autrement. Tu as fait mal à quelqu’un et tu as obligé un homme à quitter son poste. Alors crois-moi que tu vas obéir et que je ne le répéterai pas.” répliqua Dray froidement, peu enclin à laisser passer l’attitude du garçon et peu patient, comme à son habitude.

Le PDG tenta d’expliquer pourquoi il était fâché et en quoi le rôle de ses employés était important. Mais la question de Tommy montra bien qu’il était loin de comprendre l’étendue du problème. Dray n’était pas étonné. Et c’était heureux qu’à onze ans, ce soit le cas.

“Tout le monde n’est pas d’accord avec qui nous faisons des affaires et ce que nous vendons. Par exemple, on a arrêté de vendre des armes et les centrales à charbon. Aux Etats-Unis, ça n’a pas plu du tout. Ou on adapte notre marketing et nos lignes de produits au mode de vie et aux religions de nos clients, ça non plus, ça ne plaît pas à tout le monde. Et certaines personnes sont extrémistes et utilisent la force pour essayer de nous faire changer.”

Une fois dans le bureau du PDG, Dray tenta de dissimuler son trouble mais sans succès, comme lui fit comprendre Tommy.

“Excuse-moi bonhomme, ce n’était pas mon intention. Ton problème n’est pas grave mais il va mettre du temps à se régler.” dit l’adulte avec honnêteté. Inutile de faire comme si de rien n’était, Tom était trop malin pour ne pas se douter de quelque chose.

Dray tenta alors de creuser pour comprendre comment on avait pu arriver à collectionner les enveloppes de Poudlard. Et la réaction de Tom fut manifeste. Ok, il y avait un problème. Pour un peu, Fox se voyait au même âge. En tout cas, la réponse du gosse était assez claire. Pas pour rien qu’il avait utilisé cet exemple, c’était que ça lui était arrivé, Dray ne prenait pas beaucoup de risques à parier, vu sa tête…

“Oui par exemple.” répondit-il complice, d’un air entendu.

“Vrai de vrai.” dit-il finalement quand Tom lui demanda une nouvelle preuve de confiance, en l’accueillant à ses côtés, un bras autour de ses épaules pour le mettre en confiance. Dray comprenait très bien le sentiment de son filleul. Ça devait paraître complètement fou d’être capable de faire des choses extraordinaires, même pour un garçon, fan de fantasy et de super-héros. Tommy était de caractère pragmatique, il rêvait mais il restait les pieds sur terre.

Fox écouta sans interrompre son filleul raconter tout ce qu’il avait sur le coeur. Il comprenait nettement mieux pourquoi personne n’avait su. Mais pour le coup, les accidents de magie ne furent pas le sujet qui retint le plus son attention.

“Tu t’es fait racketter ?! C’est grave, ça ! Tu en as parlé à ton prof ou tes parents ?”

Mais si l’adulte fut inquiet, il fallait quand même revenir au sujet. Il semblait que les accidents magiques se produisent quand Tom avait suffisamment peur…

“Je te crois. Je te connais, je me doute que tu n’as pas fait exprès, même si dans ce cas-là, je ne t’aurais pas donné tort, si tu l’avais fait. Ils ne l’ont pas volé ! Je suis même fier de toi ! Et au delà de cette histoire de racket, je comprends que tu n’aies jamais rien dit. Je crois vraiment que l’accident de voiture, tu l’as empêché. Comme tu as empêché Erin de tomber dans l’eau, tu n’as pas fait de bêtise, tu as évité un accident, c’est bien. Et tu as empêché le concierge de vous voir, Hugh et toi. On passera sur cette bêtise-là, il y a prescription.”

C’était une situation compliquée pour un enfant de non-maj. Le regard des autres, la parole remise en doute, les discussions avec les adultes, “ne dis pas de bétises…”, “arrête de rêver, tu lis trop de comics”,... C’était un coup à se retrouver chez le pédopsychiatre… Forcément, Dray qui réagit dans le sens de Tom, cela devait le surprendre. Le PDG se retint difficilement de rire en voyant le coup d’oeil plein de doutes de son filleul. Mais quand il lui répondit, impossible. Le coup du Sith l’emporta. Il souligna tout de même en tentant de calmer son hilarité.

“Langage, mon grand !”

Bon, en tout cas, les choses étaient beaucoup plus claires à présent. Le problème était de l’expliquer à Tom d’abord et à ses parents après et ça, ça n’allait pas être de la tarte.

“Ce n’est pas bizarre, c’est un sentiment très naturel quand on est capable de faire des choses qui sortent de l’ordinaire mais qu’on ne comprend pas.” dit donc l’adulte pour commencer. Mais il n’eut pas le temps d’aller plus loin que Tommy trouva bizarre que son parrain ne réagisse pas plus que cela face à une situation qui le dépassait complétement, qu’il ne s’expliquait pas. Et mine de rien, ses questions étaient loin d’être bêtes... Dray sourit pour se montrer rassurant.

“Parce que je devine ce qui se passe. Je sais ce que je cherche. Je vais t’expliquer.”

La commande arrivée, Dray voulut les mettre dans un contexte favorable mais c’était sans compter l’impétuosité de Tom.

“D’accord. Je vais te les donner. Assis-toi.”

Dray les servit malgré le refus de son filleul, se doutant qu’il ne serait que temporaire.

“Tu n’es pas un X-man, mais disons que c’est tout comme. Tu es un sorcier. Tu as des pouvoirs magiques. Mais à ton âge, il ne se manifeste que dans certaines conditions, quand tu ressens de vives émotions. Et dans ton cas, le déclencheur est la peur.”

Fox s’attendait à de l’incompréhension mais pas à la réaction de Tom. Il croyait qu’il lui faisait une blague ? Sérieusement ?

“Je ne plaisante pas, Tommy. J'ai quand même autre chose à faire de mon temps, mon grand.”

Mais déjà, le gamin voulut prendre la tangente. Et connaissant la rapidité d’action de Thomas, il avait intérêt à avoir des arguments fulgurants. Pas le choix. Fox sortit sa baguette et alors que son filleul lui tournait le dos pour ramasser son sac, il fit léviter la tasse de chocolat devant ses yeux.

“Tommy, la magie existe. Et tu es un sorcier. Assis-toi d’accord ?”

En guise d’invitation, il reposa la tasse sur la table basse devant le fauteuil qu’occupait Thomas. Et il posa sa baguette au milieu. Il attendit patiemment que le gosse cède pour poursuivre ses explications.

“Si tu apprends, tu sauras la maîtriser. Les lettres que tu as reçu viennent du plus grand collège de sorcellerie du pays parce que onze ans est l’âge d’entrée. Après les vacances d’été, au lieu d’entrer au collège qui était prévu, tu peux choisir cette nouvelle voie. Avec l’accord de tes parents. C’est pour ça qu’un homme doit venir. Pour vous expliquer ce qui se passe.”

Dray prit sa tasse de café et en but une gorgée avant de prendre une cigarette dans son étui et son briquet dans la poche intérieure de sa veste.

“Je suis un sorcier moi aussi. Tes parents l’ignorent. C’est un secret qu’on doit garder. Ceux qui n’ont pas de pouvoirs magiques ne sont pas sensés savoir que nous existons. Mais comme tu as développé des pouvoirs, toi, ils ont à présent le droit de savoir.”

Il finit par dire en allumant sa cigarette.

“Mais il faudra leur dire en douceur.”
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Thomas Coal
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeVen 16 Aoû 2019 - 13:58

Oula ! Alerte, alerte ! Quand Dray le recadra bien comme il faut cette fois, avec une voix rude comme pas possible et qu’il n’avait jamais entendu de sa part, Tom comprit (il était temps…) qu’il avait largement dépassé les limites et qu’il avait tout intérêt à revoir sa copie immédiatement. Son parrain avait été tellement cinglant dans le ton, que par réflexe, le garçon avait rentré sa tête dans ses épaules, comme pour essuyer le coup. Et il fallait dire que les conséquences de ses actions explicitées ainsi, Thomas saisit quand même toute l’ampleur du problème du point de vue de l’adulte. Ses parents lui avaient assez expliqué qu’on ne faisait pas mal à autrui et ensuite, sa boule puante avait créé une faille de sécurité dans le bâtiment et c’était grave, comme lui expliqua ensuite le PDG.

“D’accord, excuse-moi, j’ai compris. J’irai m’excuser mais tu veux bien m’accompagner ?” réagit donc le gosse d’une petite voix, pas très sûr de lui quand même. Les adultes, ça faisait toujours une montagne de pas grand chose et vu la fureur du type propriétaire du pied, ça allait être sa fête. Avec la présence de son patron, il serait bien obligé d’être tempéré. Dray ne permettrait jamais qu’il aille trop loin.

Ceci étant réglé, Tom poursuivit sur ce que lui avait expliqué l’adulte sur la question de la politique du Groupe Fox.

“Mais quand tu parles d’extrémistes, tu veux dire la nourriture halal qui fait enrager les racistes ou les tests sur les animaux combattus par les groupes écologistes ?”

Le problème qui avait mené le gamin à son parrain fut vite expliqué dans le bureau de ce dernier. Et Tommy s’était attendu à beaucoup de choses mais pas à ça.

“Ben c’est rassurant, tiens !” répliqua le gosse avec une grimace d’impatience quand Dray s’excusa de lui faire peur avec sa décision de prendre sa journée. Parce qu’il avait beau dire, le tonton, les petits problèmes ne mettaient pas une journée à se régler !

Et ils avaient parlé. Et au final, rien ne se passa comme Tom l’avait supposé.

D’abord Dray ne sembla absolument pas étonné de l’entendre dire qu’il faisait des trucs de barge. Ensuite, au lieu de considérer le fait qu’il envoyait des camarades dans le décor sans les mains être prioritaire comme n’importe quelle personne sensée, c’était le fait qu’on ait tenté de lui soutirer son argent de poche et obligé à faire des devoirs qui n’étaient pas les siens. Normal…

“Non mais t’inquiète pas, je suis allé trouver toutes leurs victimes, on s’est allié et on leur a tellement pourri la vie à notre tour qu’on leur a fait passer le goût de vouloir jouer les grosses brutes. Le laxatif dans la bouffe qu’ils croyaient nous piquer, les devoirs bourrés d’erreurs, les boules puantes dans leurs affaires de sport et les fringues piquées à la piscine avec photos d’eux à poil menacées d’être publiées sur insta et facebook, en autres, les ont bien calmé. Revenons à mon problème !” répliqua avec autorité le gamin en insistant bien sur le pronom possessif.

Tom souffla de soulagement quand il reçut la pleine confiance de Dray, qu’il n’émette aucun doute et qu’il ne le gronde absolument pas sur les circonstances de ces incidents qui lui pesaient sur le coeur depuis quand même longtemps à présent. Parler à un adulte et être cru lui faisait du bien. Il se sentait plus léger. Et quand son parrain se mit à rire, même s’il lui souligna qu’il devait être moins grossier, il se laissa entraîner avec lui dans l’hilarité sans raison autre que les nerfs qui lâchaient.

“Tu peux parler, le Yankee, t’en lâches des belles toi aussi !” répliqua-t-il malicieusement en accompagnant son parrain dans son rire. Tom était très partisan du “avant de nettoyer mon palier, occupe-toi du tien”.

Finalement, ils reprirent l’un et l’autre leur sérieux et Thomas écouta finalement attentivement Dray répondre à ses questions. Mais la solution le laissa parfaitement incrédule. Comment on pouvait croire à un truc pareil, franchement ? C’était une réponse parfaitement idiote ! Un sorcier ? Sérieux ? C’était aussi n’importe quoi que de dire que les X-mens, c’était tiré d’une histoire vraie !

Alors Tom réfléchit vite fait et en vint à la conclusion que, puisqu’il était friand des blagues en tout genre, son parrain avait voulu lui en faire une, genre caméra cachée, en y mettant les moyens ! Enfin, pas comme s’il ne les avait pas, les moyens… Mais étonnamment, alors qu’il aimait bien qu’on lui rende la pareille normalement, là, Thomas ne trouva pas ça drôle. Il se força à rire en reconnaissant la victoire de l’adulte mais sincèrement, le coeur n’y était pas. D’habitude ça le faisait marrer qu’on réussisse à le piéger, mais là… Et l’explication était très simple et Tommy le savait. Dans son for intérieur, il devinait que son raisonnement ne tenait pas debout et une petite voix peureuse, convaincue par la réponse de Dray, argument indiscutable qu’un homme de son envergure avait autre chose à faire de ses journées que monter un truc aussi énorme, sur plusieurs semaines, pour faire une simple petite blagounette à son filleul, lui soufflait que c’était vrai.

Alors comme la plupart des gens, Tommy décida de fuir plutôt qu’affronter la réalité. C’était une blague de son parrain, il n’en démordrait pas ! Sauf que le souvenir d’Erin, Hugh et les deux débiles le ralentit. Ce que fit Dray le stoppa net par contre.

Tom regarda abasourdi la tasse léviter devant lui, son sac tomba par terre. Il passa une main hésitante sous et sur la tasse, comme le ferait un magicien pour prouver qu’il n’y avait pas de truc dans son tour. Il finit par s’exclamer d’une voix blanche :

“Co… Comment tu fais ça ?!”

Et finalement, comme s’il venait de se prendre une claque, Dray n’eut pas à patienter longtemps, il obéit à son parrain quand il fut assez remis de ses émotions et reprit sa place dans le fauteuil comme un automate et surtout comme n’importe quel gamin apeuré de onze ans face à un fait à assimiler bien trop grand pour lui, c’est à dire qu’il avait l’air bien petit dans son siège... Et il écouta bien sagement à présent les explications de l’adulte, sans rébellion. Mais la dernière phrase de Dray le fit littéralement paniquer.

“Comment on va leur dire un truc pareil en douceur ?! Votre fils est pas normal, il est capable de télékinésie, d’invisibilité et de je sais pas quoi d’autre, et il va devoir aller dans une école spéciale ! Ils vont le prendre comment, tu crois ?!”

Ce qui faisait peur à l’enfant était qu’il était incapable d’imaginer la réaction de ses parents. Ils allaient être en colère ? Ils allaient moins l’aimer pour ne pas être comme les autres ? Allaient-ils seulement admettre la vérité ? Lui-même avait du mal à l’avaler alors qu’il s’était vu faire ces trucs… magiques ! Et puis d’autres choses encore l’inquiétaient !

“Tu te rends compte que papa ne va pas du tout apprécier que tu lui aies caché un truc aussi gros pendant plus de dix ans ? Moi je veux pas que vous vous engueuliez ! Et je ne veux pas aller dans ton école ! Je veux pas être séparés de mes copains ! Attends, Ashley vient enfin d’accepter de venir avec moi au cinéma et tu me dis que je vais devoir à la rentrée aller je sais pas où ! Et d’ailleurs, il est où ton super collège ?”

Sans trop comprendre pourquoi, Thomas sentait de la colère monter. Il ressentait tout ça comme une punition. Et comme tous les gosses en colère, il se mit à bouder et comme à son habitude, il croisa les bras et se mura un moment dans le silence. Mais dans son mutisme, ses yeux se portèrent sur la baguette de son parrain. Merde alors ! Une vraie baguette magique ! Comme dans les contes ! Comment ça marchait ? La curiosité fut plus forte que sa mauvaise humeur.

“Je peux prendre ta baguette ?” demanda timidement Tommy.

Avec l’accord de son parrain, il la prit soigneusement et l’examina attentivement. Il sortit même sa règle ! Tom la trouva belle et très à l’image de son parrain. De forme générale ronde pour s’affiner peu à peu vers la pointe, elle était visiblement composée de deux bois. D’abord elle présentait ce qui devait correspondre au manche de treize centimètres dans un bois très pâle, presque blanc, au grain très fin, dur et dense. Ensuite, une bague en or noir d’un centimètre devait symboliser la garde. Sur le métal, on avait gravé ce que Thomas apprendrait ensuite être un Stafur gegn galdri, un symbole magique islandais contre la magie paradoxalement. Enfin se présentait la plus grande partie de la baguette, en pin blanchi, ça aussi Tommy le saurait plus tard. Le traitement avait rendu le bois tantôt blanc, très proche de son frère, tantôt gris et on pouvait voir par contraste les veines du bois, espacées et rendues presque noires serpenter au gré du hasard souligner et décorer agréablement la courbure de l’instrument par des arabesques naturelles.

“Comment ça marche ? On secoue la baguette en désirant ce qu’on souhaite et…”

Et Tom eut le malheur de méler le geste à la parole. Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Heureusement, il ne pointait pas Dray mais son bureau. Le bois qui le composait sembla soudain revivre et on vit des branches pousser et bourgeonner en jolies feuilles d’un beau vert, un peu partout sur toute sa surface. Heureusement l’ordinateur et le Thom furent épargnés mais le reste fut joyeusement expulsé sans ménagement.

“Dis donc, ça fait de jolies feuilles, l’ébène !” s’exclama Tom sur le ton de la badinerie, même si en réalité, il n’en menait pas large du tout. Il reposa d’ailleurs très soigneusement l’instrument sur la table.

“Pardon Parrain...” finit-il par dire en se mordant la lèvre dans une adorable grimace. Il savait bien qu’il avait commis une bêtise.

“C’est pas une bonne idée ! Ca fait même pas cinq minutes que tu me dis que je suis un sorcier et je fais déjà des catastrophes. Visiblement, c’est pas mon truc !” se renfrogna le garçon en regardant le bureau d’un oeil noir… et en recroisant les bras.
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeDim 27 Oct 2019 - 1:23

Finalement, Tommy finit par comprendre qu’il avait été trop loin en faisant tourner les gardes en bourrique. Bon il avait fallu que Dray se fâche réellement mais il fut satisfait de voir le message finir par passer. Alors quand son filleul lui demanda la faveur de l’accompagner, le trentenaire s’adoucit et sourit tranquillement.

“Ok.” répondit-il simplement sans plus relancer le débat et en passant une main affectueuse dans les cheveux du gamin. Il partageait de toute façon son opinion sur la réaction possible de ses employés et donc l’aurait de toute façon accompagné par sécurité, mais ça, Tom n’était pas obligé de le savoir.

Ils en vinrent à discuter des raisons qui poussaient Dray à sécuriser autant son entreprise. Il n’était bien sûr pas question de parler de menace mangemort (enfin pas encore à ce stade de la journée, Fox le découvrivrait sous peu…) mais il n’y avait pas qu’eux de toute façon qui posaient des problèmes au Groupe et Thomas résuma très bien le problème. Dray acquiesça à ses exemples mais ne relança pas plus. Il n’y avait pas d’intérêt à pourrir l’esprit du gosse avec des histoires d’adultes cons comme des chaises (et encore c’était méchant pour les chaises…), il avait compris où il voulait en venir, c’était l’essentiel.

“Par exemple, oui.”

Dans le bureau, la conversation principale étant lancée, Dray se retint de rire quand son filleul lui signifia que lui dire que ce serait long n’était pas plus rassurant. Décidément, la capacité sarcastique de ce gosse l’étonnait toujours et surtout faisait bien trop écho à ce qu’il avait été et était toujours. Il comprenait qu’Abby et Alec disent plaisantant qu’ils sentaient à la maison quand ils passaient beaucoup de temps d’un coup ensemble, genre des après-midi complètes, ce qui arrivait quand même régulièrement pendant les vacances de Tom. Apparemment, une dose de son parrain et Tommy se lâchait sur le sel… Enfin, Dray n’y était pour rien si Tom était un râleur caustique. Mais Alec avait eu du nez en le choisissant pour parrain, pour ça, Fox ne disait pas le contraire...

“Bon d’accord, ta situation craint et on n’est pas sorti des ronces. C’est mieux ?” ironisa finalement l’adulte.

Enfin, on plaisantait, on plaisantait mais ce ne serait pas facile, il fallait quand même bien le dire. Mais pas à pas, ils avaient fini par dérouler toute la pelote du problème. Avec quelques déviations, comme cette histoire de racket, parce que oui, n’en déplaise au gnome, c’était un sérieux problème aux yeux de Dray, plus grave que sa nature de sorcier découverte ! Pas question qu’on touche à un de ses cheveux, même des morveux ! Mais Thomas le rassura et le bluffa tout à la fois…

“... Ah quand même. Là, je suis bluffé. Pourquoi je m’inquiète ?”

Il fixa du coin de l’oeil son filleul sans savoir s’il devait être fier, inquiet ou fâché de ce retournement de situation pour le moins drastique, mené de main de maître par le gamin. Pas la peine de chercher dans quelle maison il serait envoyé… En tout cas, Fox était persuadé de ne pas prendre trop de risques en pariant sur Serpentard.

Mais Tom lui rappela qu’il était venu pour tout autre chose que cette “banale” histoire. Alors l’adulte et l’enfant recentrèrent la conversation sur le sujet qui importait.

Fox accepta le tacle de l’adolescent avec autant d’amusement que de modestie. Il avouait qu’il n’était peut-être pas le meilleur pour faire la leçon à ce propos, il jurait souvent comme un chartier.

“Le point est pour toi, Beefeater !” ricana d’ailleurs l’adulte.

Mais il ne fut très vite plus le temps de rire puisqu’il était temps de dire les choses telles qu’elles étaient … et de les montrer ! S’il fallait cela pour convaincre Tom, ce n’était pas ce qui allait arrêter Dray. Il aurait bien ri en voyant le gamin passer sa main autour de la tasse pour s’assurer qu’il n’y avait pas de truc, si le moment n’était pas aussi important au moins pour l’adolescent.

“Sorcellerie.” fut la seule réponse de l’adulte, calme, sans émotion particulière, comme une évidence. Il soupira en voyant la mine déconfite et surtout effrayée de son filleul. Ils avaient encore du chemin à faire et pas tant de temps que ça… La peur du gosse était légitime, il voyait son univers basculer, il y avait de quoi.

“Tu n’es pas anormal, Tom. Tu es ce que tu es. Il n’y a pas de normalité en ce monde. Ceux qui le prônent sont des imbéciles. Tu sais que tes parents pensent comme moi. Ils seront surpris, ça, c’est un fait ! Mais tu ne changeras pas à leurs yeux. On parle d’Alec et Abby, bon sang. Tu dois avoir confiance en eux et en toi. Je suis anormal selon toi ?” fit remarquer Dray avec douceur quand Tom paniqua pour tenter de lui faire voir les choses sous un autre angle.

“Ecoute, tu es doué en escrime. Imaginons que tu le sois tellement qu’on te repère et qu’on te propose d’aller dans un collège de sport/études, tu te trouverais anormal ? Tu as des capacités rares qui demandent simplement un apprentissage particulier. Et il y a peu d’endroits où on pourra te l’apporter. En ça, je t’accorde le spécial. Singulier. Différent. Ok. Mais pour le reste, je ne permettrais jamais ce champ lexical.”

Dray, lui, ne s’inquiétait aucunement de la réaction d’Alec et Abby quant à leur fils. La peur de Thomas était légitime, c’était celle d’un gosse déboussolé par une vérité pas évidente à digérer du tout. Mais il se faisait pas mal de films au passage. Enfin, fallait bien que ça sorte, autant qu’il verbalise immédiatement ses craintes et ses angoisses. Son rôle de parrain, à lui, et encore plus maintenant qu’il se positionnait comme mentor au moins temporaire, par la force des choses, c’était de tenter de le rassurer et de le garder sur de bons rails.

“Pour ce qui est de ton père et moi, il a connu ce qu’il y avait de pire en moi et il est resté. Mieux que ça, il m’a sorti de la boue. Et il sait à qui il a affaire. Je suis un menteur, un tricheur et j’ai autant de secrets qu’un gouvernement, il le sait très bien. Et je suis ton parrain. Ce ne sera qu’un sur la liste. Pas le moins gros, je te l’accorde. Mais on ne se fâchera pas pour ça, ne t’en fais pas, va ! Et puis, ce n’était pas comme si j’avais eu le choix en plus. Ça, il va falloir que tu l’imprimes très vite. C’est la première de toutes les règles. Les non-sorciers doivent rester dans l’ignorance. Je sais que c’est très difficile pour nous qui sommes issus de cette société, qui y avons des amis et une vie, j’ai eu de sérieuses piqûres de rappel, il y a encore une dizaine d’années, mais c’est impératif.”

Mais Thomas, au delà de son angoisse quant à la position de ses parents, montra surtout qu’il n’était pas du tout chaud à l’idée de quitter Londres. Et ça, c’était aux yeux de Dray un problème beaucoup plus sérieux que dire la vérité à ses parents ! Si Tommy refusait aussi nettement, et bien... ils allaient peut-être bien en baver ! Jusque là ils avaient eu de la chance avec les accidents magiques. Ca n’allait peut-être pas durer ! Apprendre la magie n’était pas seulement choisir une voie singulière, c’était avant toute chose apprendre à la contrôler, la canaliser. Pas pour rien que ça se faisait pendant l’adolescence ! La croissance, les hormones et tout le bordel, ça jouait aussi sur la magie hein ! Ils risquaient bien de connaître des lendemains dignes de gueule de bois si Tommy refusait cette étape. Et quand il saurait où il devrait aller, Dray devina d’office que ça allait être rock and roll… Il se dit qu’il pouvait y aller franco, ça ne servait à rien de mentir au gosse et vu qu’il était déjà réfractaire, on n’était plus à cela prêt. Une mauvaise nouvelle bien enrubannée restait quand même une mauvaise nouvelle.

“Ecosse. Un pensionnat dans un château hanté tout ce qu’il y a de plus magique et donc bordélique, dans un vrai trou paumé des Highlands. Dépaysement garanti.” répliqua donc sarcastiquement Dray en tirant sur sa cigarette, nonchalant, penché en avant, les bras en appui sur ses genoux, jambes écartées. Mais il redevint sérieux et très ferme. Sa position ne changea pas d’un iota et pourtant toute son attitude transpirait à présent l’autorité.

“Ecoute, personne ne te forcera à y aller si tu ne veux pas. Mais grandir sans apprendre à contrôler ta magie, ce n’est pas bon. Tu as eu peu d’accidents magiques, des moments où la magie s’est manifestée sans que tu l’aies voulu, c’est une chance. Mais rien ne nous dit que cela restera ainsi. Et même si cela reste peu fréquent, tu n’auras pas toujours la chance d’avoir des témoins qui ne peuvent pas témoigner. Surtout à une époque où tout le monde a une caméra et accès à un réseau de désinformation mondial dans la poche. Alors que tu ne veuilles pas quitter ta maison et tes amis, d’accord. Je comprends tout à fait et pour des raisons que tu découvriras bien assez vite, je suis même plutôt partisan à ce que tu restes là où tu es. Mais je convaincrai quand même tes parents qu’il te faut des cours de magie, quitte à avoir un prof à la maison. Parce que, que tu le veuilles ou non, c’est une partie de toi que tu devras apprivoiser.”

Il eut une pause, le temps de boire un peu de café. Il en profita pour chercher quelle direction donner au débat. Pas qu’il veuille à tout prix convaincre le gosse, loin de là même, mais il préférait que tout fusse dit avant que le Ministère s’en mêle officiellement… Et eux, ils allaient y aller sur le papier cadeau et le ruban ! Avec un massage thailandais en plus ! Et ils ne lâcheraient pas les Coal facilement ! Autant préparer le terrain...

“Je ne vais pas te mentir, ce choix de Poudlard sera un changement radical. Il y a sept ans de formation. Mais il n’y a pas que du négatif. C’est plus un défi qu’on te lance. Tu auras l’impression de vivre une putain d’aventure fantasy, un vrai rpg irl ! Tu vas découvrir un monde complètement différent, plein de mystères, qui est le tien au même titre que celui dans lequel tu vis en ce moment. Tu te feras de nouveaux amis. Tu pourras apprendre à lancer des sorts qui te permettent n’importe quoi ou presque, à voler sur un balai, à jouer au quidditch, un sport sur balais qui devrait te plaire, à te battre en duel de magie comme tu as appris l’escrime, avec des sorts en guise de techniques et ta baguette en guise de lame, à faire des potions aux effets tout aussi divers, découvrir des créatures plus étranges les unes que les autres. Et niveau farces et attrapes, c’est du haut level. Tu vas aussi découvrir que ce n’est pas plus rose là bas qu’ici avec les bons et les méchants. Aucun monde n’est idyllique. Surtout, tu auras le choix. Je ne veux pas que tu te réveilles un jour avec des regrets. Tu te plaignais de t’ennuyer, il y a quelques semaines, que les jours se ressemblaient, là, je te garantis qu’aucun jour n’est pareil.”

Dray reposa finalement sa tasse de café, qu’il avait gardé en main durant ses explications et dont il avait bu le contenu entre deux phrases.

“Si tu es inquiet, c’est parfaitement normal. Mais si ça peut te rassurer, je vis à Poudlard un jour sur deux ou presque. Et j’y ai plein de potes et mon frangin qui seront ravis d’avoir un nouveau petit frère sur lequel veiller. Tu ne seras pas seul. Tu apprendras que magie et technologie ne font normalement pas bon ménage. Mais comme ton parrain est un as, je peux te filer un accès internet haut débit, un pc et un portable qui résistent bien à la magie pour que tu emmènes un bout de la maison avec toi. Tu pourras parler à tes parents tous les soirs et surfer et continuer à jouer. Ça, par contre, comme le fait que ton père est mon parrain des NA, faudra que ça reste entre nous, hein…”

Enfin, jusqu’à ce qu’il parvienne à convaincre les actionnaires sorciers de la Fox de la nécessité de faire entrer une partie du monde non-maj dans le leur (si l’inverse était impossible, il en avait payé chèrement le prix, dans ce sens-là, il n’y avait que les cons qui y retrouveraient à dire) et qu’il y avait un max de blé à se faire dans la manoeuvre ! Et soutenu par les descendants directs des non-maj et les sang mêlés, il était en passe de réussir… Enfin aux USA et d’autres pays c’était déjà bien avancé. Mais en Europe, on n’était moins ouvert au concept. Et le Royaume Uni était encore plus bouché que les autres. Surtout depuis quelques années… Le Royaume-Uni avait beaucoup de cons ! On n’allait donc pas le crier sur les toits.

Mais alors que Dray se laissait aller à réfléchir en observant le contenu de sa tasse, sa cigarette coincée entre deux doigts de la même main, Thomas lui demanda s’il pouvait prendre sa baguette. Pensif, le New-yorkais ne vit aucune raison de refuser et accepta par pur réflexe sans réfléchir aucunement. Il percuta trop tard sur un détail de poids. Le caractère… joueur… de sa baguette. Quand cela fit tilt, il était déjà trop tard. Fox se marra, (et de bon coeur, ce qui était à noter !) en se passant en même temps les doigts de sa main libre sur les yeux, à la fois très amusé et consterné. Pour une première expérience avec la magie, c’était réussi. Abruti ! Et c’était lui, l’adulte qu’il insultait !

“Tu n’y es pour rien, Tommy ! C’est de ma faute. J’ai oublié que ma baguette ne se laisserait pas faire. Ces instruments ont leur caractère, et certaines en ont un bien salé ! La mienne refuse par exemple catégoriquement d’obéir dans d'autres mains que les miennes. Mais au lieu de simplement ne pas fonctionner, elle fait ce qu’elle veut, ce qui se résume à foutre le bordel. Elle est géniale !”

Et c’était parfaitement sincère, pas du tout une ironie ! Dray adorait sa baguette. Son caractère allait tellement bien avec ce qu’il était, lui ! Et puis, elle lui avait sauvé la peau ! Bon, il avait fallu qu’il accepte qu’elle ait entraîné la mort de quelqu’un mais c’était un point de l’histoire sur laquelle il avait fait la paix. En un an, il fallait bien qu’il ait un peu progressé.

Et pour prouver au gamin que rien de grave n’était arrivé, Fox avait tout remis en place en quelques secondes et en quelques mouvements du poignet. Enfin, il était quand même intéressant de voir une telle réaction de sa baguette avec un total ignorant. Et s’il fallait une preuve définitive que Tom était un sorcier, on ne pouvait pas faire meilleure démonstration.

“Au contraire, Tommy, je crois bien que tu es doué ! Ma baguette fout le way, mais elle garde quand même une notion de proportionnalité avec la puissance et les intentions du lanceur. En gros, si tu es cool et que t’as rien à te reprocher, elle te fait des blagues. Si tu as des mauvaises intentions, tu auras invariablement de la casse. Et plus tu es doué et plus c’est gros. Si tu es une bille, tu auras juste une baffe, si tu es très puissant, c’est l’apocalypse qui te tombe dessus. Et faire pousser des bourgeons sur un bois coupé depuis plusieurs années, je catégorise ça dans les trucs cools et ce n’est pas rien.”

L’adulte et l’enfant discutèrent encore un long, long moment de ce qu’était le monde des sorciers mais il n’est pas utile de tout détailler. Disons seulement que Dray fut d’une parfaite franchise avec son filleul. Il choisit avec attention ses mots parce que le gosse n’avait que onze ans mais il aborda toutes les problématiques qui lui venaient à l’esprit et répondit à toutes les questions de Tommy. Même la guerre fut abordée. Et c’était surtout ce sujet-là que redoutait Fox par rapport à Abby et Alec. Il aurait un enfant mais jamais il n’accepterait de l’envoyer dans leur monde, au Royaume-Uni, en tout cas ! Il ne s’était jamais réellement posé la question avant qu’il ne déraille pour de bon. Mais depuis il avait un avis très arrêté sur le sujet, allez donc savoir pourquoi ! Mais Poudlard était parfaitement sécurisé et Dray avait une confiance absolue en Umi. C’était ce qui se passait hors de Poudlard qui le faisait baliser. Tom serait illico ajouté à la liste des protégés de Bobby Manning ! Parano ? Rien à foutre !

Mais ce monde, Thomas en faisait indubitablement partie. Et on ne pouvait pas choisir pour lui de l’en priver ou non. Même si Dray était devenu un peu un anti-sorcier (britannique surtout…) pour être honnête, au cours des quinze derniers mois, (ce qui était quand même assez emmerdant pour un homme de sa position mais passons), dans le sens où il trouvait que ce qui se passait dans le pays était devenu de la folie furieuse, et que les sorciers en général avaient un sacré problème d’ego qu’il tolérait de moins en moins, il ne pouvait pas cacher à son filleul la vérité d’abord et les Coal devaient choisir en toute connaissance de cause ensuite. Lui n’avait aucun droit ou parti à prendre en l’occurrence, qu’importe ce qu’il pouvait bien en penser.

Thomas ne prit aucune décision. Mais il y avait quand même eu un changement. De contre, il était passé à ni l’un, ni l’autre. Pas tant que ses parents n’étaient pas au courant. Et comme on avait pu le remarquer, il était un garçon porté sur l’action. Du coup, le retour à la maison fut rapide après cette discussion à coeur ouvert avec son parrain. Et après le filleul, ce fut le tour des parents.

Alec et Abby étaient géniaux. Fox avait cru en eux et il avait eu raison. Le trentenaire avait décidé de ne pas faire de tours et de détours et qu’une démonstration serait nettement plus convaincant et surtout plus rapide que n’importe quelles explications. Le coup de la tasse, il l’avait fait avec les meubles du salon. Et ils avaient observé le phénomène, Abby les yeux ronds comme des billes certes, Alec plus mesuré mais pas moins surpris, on pouvait le comprendre mais finalement, ils acceptèrent rapidement le concept et surtout le fait que Tom puisse être capable de faire de même un jour. Il n’y eut pas de “tu es sûr ? pas d’erreur possible ?”, ou d’autres trucs du style. Non. C’était plutôt “ok et on fait quoi maintenant ?”. Et c’était une bonne question ! Ce que Dray expliqua à Tom, il l’expliqua aussi à ses parents, de la même façon en un peu plus franc peut-être, surtout une fois que les gosses furent couchés.

Sur la terrasse du jardin, la soirée touchant à sa fin, Dray et Alec discutaient évidemment encore du sujet. Abby devant se lever très tôt pour son service à la clinique, elle laissa les hommes entre eux car elle avait considéré que la question pouvait bien attendre le lendemain, puisque ce n’était de toute façon pas en une après-midi et une soirée qu’ils prendraient une décision, ce qui était fort sensé.

“Tommy était inquiet que tu sois fâché que je ne t’ai rien dit.” finit par dire Fox dans un sourire attendri. “Il est mort de trouille même s’il ne le dit pas.”

“Il faut dire qu’il y a de quoi.” remarqua son père avec sagesse. “Vous nous auriez annoncé qu’il vient d’une autre planète que ce ne serait pas très différent.”

Fox ricana à la comparaison.

“Pas faux.”

Il se mit d’ailleurs à regarder la lune, impassible, en portant une énième cigarette aux lèvres. Quelque chose le faisait cogiter depuis qu’il avait fait son petit tour de passe-passe à son ami et son épouse.

“Alec…”

Comme rien d’autre ne venait, Alec tourna la tête vers son ami, intrigué.

“Je t’écoute.”

“Tu le savais.”

L’Anglais se raidit. Il n’y avait pourtant aucune agression dans la voix de Dray. Il avait juste posé le fait, calmement, comme on affirmait un résultat mathématique, les yeux sur le ciel.

“Savais quoi ?” demanda Alec, mal à l’aise, comme quelqu’un qu’on prenait la main dans le sac à raconter des cracs.

“Tu savais pour moi et pour Tom. C’est pour ça que tu m’as choisi comme parrain.” affirma plus clairement Fox puisqu’on l’y invitait, toujours aussi calme. Alec soupira.

“En partie pour ça !” corrigea-t-il immédiatement après. “Comment as-tu compris ?”

“De la même manière que je te dépouille au poker. Tu es un bluffeur épouvantable. Tu n’étais pas assez surpris pour quelqu’un qui voit le parrain de son fils faire léviter ses meubles et qui l’entend dire qu’ils sont des sorciers. Ca a été d’autant plus facile de le repérer qu’Abby a été réellement abasourdie. Tu as eu la réaction de quelqu’un qui avait déjà vu un tel phénomène et entendu cette phrase mais qui fait semblant de le voir et l’entendre pour la première fois. Ton expression a été trop tardive. A mon tour. Comment toi, tu l’as su ?”

Alec s’assit dans une chaise de jardin, assez pesamment. Tommy avait eu peur des cachotteries que Dray lui avait fait alors qu’en fait c’était lui qui en avait fait à Dray. Et il n’en était pas fier, même si à l’époque, cela lui avait paru être une pas trop mauvaise solution. Fox vint s’appuyer sur la table à ses côtés tout en lui faisant face. Et il voyait bien que là, il avait mouché son ami et qu’il n’était pas forcément au mieux de sa forme pour le coup.

“Cela dit, je ne t’en veux pas. Je suis juste curieux.” le rassura donc le New-yorkais avec un sourire amical.

“Tommy… Quand on est rentrés de la maternité, la première fois qu’on l’a laissé dormir seul, dans sa chambre, il a pleuré, tout de suite. Je suis venu le calmer mais le temps que j’arrive, il s’était tu tout d’un coup. Je me suis précipité, tu t’en doutes et quand j’ai ouvert la porte, le berceau se balançait tout seul.” expliqua le père en mimant de la main le balancement tranquille qu’on pouvait donner à un berceau pour calmer un bébé. Dray prit le parti de ne pas l’interrompre et bien lui en prit puisqu’il eut de suite la réponse aux question que cela soulevait.

“C’est arrivé trois fois et à chaque fois, ça s’est immédiatement interrompu dès qu’il entendait le pas de sa mère. Et puis au bout d’une semaine, plus rien. Il s’était sans doute habitué à l’absence. J’ai été étonné mais j’ai fait le pari de penser que c’était le même phénomène que pour toi. Je me suis dit qu’il serait temps de s’en inquiéter le moment venu. Le temps a passé sans plus aucun incident, du moins je le croyais, alors j'ai laissé couler. Et je ne vais plus te mentir, c’est aussi pour ça que j’ai voulu que tu sois son parrain. En plus du fait que j’étais persuadé que tu t’en occuperais parfaitement bien, s’il nous arrivait quelque chose. J’ai bien compris pourquoi tu refuses le rôle de tuteur à part entière mais je veux que tu veilles sur nos enfants même de loin.”

Fox fit claquer sa langue, agacé par ce point-là en particulier.

“Et moi, je m’évertue à te dire que c’est une très mauvaise idée de miser sur moi. Heureusement que t’as abandonné l’idée que je sois seul sur la liste ! Revenons au sujet. Quel phénomène ?”

“Tu ne t’en es peut-être jamais rendu compte mais désintox et magie ne font pas bon ménage.” répondit l’Anglais avec douceur, préférant laisser de côté ce point de désaccord.

Ce fut au tour de Dray de se retrouver posément sur le cul. Merde...

“J’ai eu des accidents magiques pendant le sevrage…” murmura-t-il douloureusement.

“Pendant une crise de délirium, oui.” précisa gravement Alec. A l’époque, Fox se droguait avec tellement de trucs et buvait autant que cela avait été un symptôme parmi d’autres… Mais celui-là avait fait des étincelles au sens propre comme au figuré. En autres… Fait tourner les tables aussi…

“Je vois... “ finit par soupirer Dray, plutôt secoué d’apprendre ça, même plus de quinze ans après les faits.

“Et comment tu as su mettre les mots dessus ?”

“C’est Djenesa qui m’a expliqué, juste le minimum. Elle a assisté à cette crise, tu ne t’en souviens pas.”

C’était une affirmation mais Fox se sentit obligé de répondre.

“Non.” avoua-t-il simplement en aspirant une profonde bouffée de nicotine. Alec ne releva pas. Il valait mieux dans le fond que son ami ait oublié cela.

“Tu n’as fait qu’un délirium sur toutes tes périodes de sevrage, en tout cas de ce que je sais. Quand tu as essayé d’arrêter la première fois après notre rencontre. Ta magie a littéralement retourné l’appartement. Les meubles, les appareils électriques, les vitres, elle a tout fait sauter. Et j’ai été autant surpris et effrayé du phénomène que par Djenesa qui a tout réparé d’un coup de baguette.”

“Faire de la magie devant un non-maj, bah tiens… Et carrément balancer le secret. Les règles n’ont jamais été son fort.” soupira Dray même si, en vérité, il savait bien qu’il n’y avait pas eu d’autres choix. Cet appart, c’était un miteux parmi d’autres dans ce qui était juste un squat pour paumés et il aurait été mis dehors par le proprio sur l’heure si elle n’avait pas effacé le bordel. C’était ce qui devait arriver trois semaines plus tard, parce que le gars ne voulait plus de toxicos mais ça c’était une autre histoire…

“Quand tu as repris conscience, tu ne te souvenais de rien. Je n’ai pas vu l’intérêt de revenir sur ce qui s’était passé. Tu étais tellement sur la défensive, prêt à prendre la tangente à la moindre alerte.”

Ça, Fox le reconnaissait bien volontiers, il n’avait pas été facile à vivre à l’époque. S’il était agressif, menteur, méfiant et secret aujourd’hui, c’était encore pire à l’époque.

“Ouais enfin, du coup, c’est plus clair.” finit-il par conclure en donnant un léger coup de poing dans l’épaule de son aîné.

“Je suis désolé.” grimaça piteusement Alec, ce qui fit bien marrer son filleul.

“Laisse tomber, va. Ce qui se passe à Vegas…”

“… reste à Vegas.” finit l’Anglais en retrouvant le sourire devant l’attitude enjouée de Fox et son fameux précepte.

“Qu’est ce qu’on doit faire pour Tom, d’après toi ?”

“Ce que Tom veut. S’il veut aller à Poudlard, il y va, s’il veut rester ici, cours à domicile. Vous avez jusqu’au premier septembre pour décider. Cela nous laisse un peu de temps pour continuer à débroussailler. Mais pour ce qui est de la visite du Ministère, tu m’excuseras si je préfère y assister.”

“De quoi veux-tu que je t’excuse ? Sérieusement, tu n’as pas confiance parce que c’est toi ou parce que c’est eux ? “

“Parce que c’est eux. Je sais que je suis un brin parano mais ils sont encore plus escrocs que moi ! Et je vous le répète, le temps est à la tempête par chez nous.”

“Votre guerre civile… C’est ce qui nous fait hésiter le plus, je t’avoue.”

“Le contraire m’eut davantage étonné mais Poudlard est parfaitement sécurisé et ce sera plus formateur qu’un simple précepteur. Le reste, je m’en charge. De toute façon, il ne verra rien d’autre que Poudlard avant sa troisième année, si on excepte les courses pour ses fournitures. On pourrait s’occuper de commander ce dont il a besoin mais pour sa baguette, il faudra y aller. Et puis cela l’aidera peut-être à prendre sa décision de voir un peu de cet univers.”

“Tu t’en charges aussi ?”

“Je peux être présent.” temporisa Dray, “Mais il faut que vous alliez avec lui, c’est important qu’il sente que vous soyez derrière lui. Il a peur par dessus tout que vous le trouviez anormal, que vous l’aimiez moins.”

“Oh qu’est-ce qu’il s’est mis en tête ! Bien sûr qu’on le soutiendra, notre petit bonhomme !” s’exclama Alec désolé.

“C’est ce que je lui ai dit mais il a besoin de l’entendre de vous.”

“On lui parlera dès demain, Abby et moi, et on viendra faire ses courses avec lui.”

“Et je vous guiderai. Ça risque d’être intéressant !”

“Ça t’amuse, n’est-ce pas ?” sourit l’Anglais, amusé par l’expression narquoise de son camarade.

“Bah, ne faisons pas les difficiles.” ironisa encore une fois Dray, en écrasant son mégot dans son cendrier.

La vie avait quand même un talent fou pour choisir les chemins les plus étranges. Voilà la conclusion de Fox en cet instant, alors qu’il rentrait au Refuge. Il espérait simplement que tout se passe bien, pour une fois.
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Thomas Coal
Elève de 2de Année à Serpentard
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeDim 27 Oct 2019 - 18:03

Le savon étant passé, et rassuré de pas avoir à faire son mea culpa sans filet de sécurité, et après avoir compris cette nécessité de sécurité pour l’entreprise de son parrain, il fut temps pour Tom d’expliquer enfin son problème. Et si sa réaction faisait rire l’adulte, lui ne s’amusait pas du tout. La reformulation de Dray le laissa froid. Il regarda d’ailleurs le PDG, bras croisés, complètement inexpressif, voire consterné. C’était pas drôle.

“Non.”

Voilà. Simple. Direct.

La conversation se poursuivit et Thomas offrit un sourire très content de lui à son parrain quand ce dernier se montra presque dubitatif au sujet de cette histoire de racket. Ben oui, il savait se débrouiller tout seul pour régler ses problème la plupart du temps. Il venait pas le voir pour des bêtises.

“Je sais pas, moi.” eut-il l’audace de répondre en haussant les épaules.

Ce fut au tour du gosse de rire quand son parrain lui donna raison sur sa qualité langagière. Et toc ! Pas tout les jours qu’il réussissait à coincer l’adulte. Mais l’instant ne dura pas puisqu’on finit par mettre des mots sur ce qui se passait et le mot sorcellerie n’était vraiment pas celui que Thomas attendait. Il ne trouva d’ailleurs aucune répartie. Il préféra aller s’asseoir.

Tommy exprima toutes les peurs que la nouvelle provoqua en lui et il ne s’attendit pas à se faire recadrer gentiment. Bon, son parrain n’avait pas tort. Ça paraissait simple en l’écoutant en fait.

“Non, bien sûr que non…” marmonna l’enfant à la question de l’adulte. La situation inversée, anormal n’allait pas avec Dray alors logiquement, le mot ne pouvait pas aller avec lui. Et son parrain enfonça le clou en… comparant la magie à l’escrime ?! Là, quand même, c’était un peu gros non ? Et vu le regard incrédule du gosse, on devinait très bien ce qu’il ressentait. Enfin puisque l’adulte entendait ne pas laisser passer, Tom décida qu’il était inutile d’entretenir le débat. Après tout, entendre dire qu’on n’était pas anormal et qu’il ne fallait pas dire des trucs pareils, ça se prenait, hein...

Et être rassuré aussi sur la position de ses parents, c’était essentiel ! Et la confiance de Dray était contagieuse. Oui, c’était idiot de s’inquiéter. Ses parents n’allaient pas changer du jour au lendemain. C’était comme la relation entre son père et son parrain. Si Dray affirmait qu’il n’y aurait aucun problème, alors il n’y aurait aucun problème. Même si au passage, il s’attribua quelques qualificatifs surprenants. Et Thomas était à présent assez malin et assez mûr pour savoir qu’il valait mieux ne pas relever. Tant que le deux adultes ne s’engueulaient pas, qu’importe comment Dray exposait l’argument.

Et l’essentiel dans tout ça surtout, c’était cette fameuse règle répétée. Décidément, c’était une idée fixe, cette histoire de secret. Visiblement, fallait pas se foirer ! Il se passait quoi sinon ? Bonne question, non ? Mais comme Thomas avait déjà pas mal à intégrer, il décida qu’il ne voulait pas savoir. En tout cas, pas tout de suite…

“J’ai compris, t’inquiètes...” assura alors le gosse, en faisant un peu le cador pour dire de cacher qu’il n’en menait pas large avec toutes ces histoires.

Par contre, quand son parrain lui dit où était ce fameux collège, là, Tommy sortit de sa réserve.

“Un pensionnat en Ecosse ! Non mais tu déconnes ?! Pas question que j’y mette les pieds !”

Pas question qu’il quitte la maison pour nulle part, non mais oh !

Mais il n’eut pas le temps d’argumenter que son parrain lui expliqua le mal qu’il y aurait à ne pas apprendre la magie. Et ça ce n’était pas quelque chose qu’il avait envisagé du tout. Et puis le coup des accidents filmés et balancés sur le net, ça calmait. Alors si d’abord, Thomas ne voulait pas franchement écouter et restait sur son refus d’entendre parler de cours de magie, Dray marquait des points. Ca ne l’empêcha pas de râler, juste pour le principe.

“Ok ok ! Arrête le tir ! Pour un peu tu vas me sortir que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités ! Et te moque pas !”

Parce que forcément, son parrain était mort de rire ! Enfin… Autant que son parrain pouvait l’être depuis un an.

Mais quand même, Dray réussit à piquer sa curiosité et finalement, Thomas écouta attentivement ce qu’il avait à dire de l’école. Ça avait l’air tentant décrit comme ça… Mais pas question de l’avouer. Tom préféra ironiser.

“Je comprends pourquoi t’es multimillionnaire.”

“Evidemment, je suis capable de vendre des parapluis à des touaregs, qu’est ce que tu crois, microbe ?” répliqua Dray avec ce sourire de faucheton qui faisait invariablement rire le dit microbe.

Mais il y avait une information quand même qui l’étonna. Son parrain vivait au château ?! What ? C’était pas un peu bizarre ? Et quand il posa la question, le “C’est une longue histoire pas intéréssante.” qu’il obtint comme réponse fut assez clair. Il ne saurait rien de plus. Mais en tout cas, du coup, l’idée du pensionnat était quand même beaucoup moins inquiétant, surtout s’il pouvait garder ses loisirs préférés.

Et preuve que l’adulte gagnait du terrain, Tom voulut étudier sa baguette. Il ne s’attendait pas à obtenir un tel résultat… Evidemment que ça lui ficha les jetons ! Mais en fait Dray ne fut pas fâché du tout et mieux il rit de l’incident. Là Tommy n’était pas sûr de comprendre… Non en fait, il était largué. Les explications de l’adulte furent les bienvenues et sans le savoir, il reçut donc son premier cours de magie.

“Cool ! Enfin… Je crois.” fut tout ce qu’il trouva à répondre devant le soudain enthousiasme de son parrain, en regardant quand même l’instrument avec méfiance. Trop bizarre oui…

Finalement ils discutèrent encore longtemps de tout ça et Tom se rendit compte alors que le sujet était plus complexe encore qu’il le pensait. Il comprenait pourquoi Dray prit sa journée en fait. Il avait plein de trucs à expliquer et lui, plein de trucs à assimiler du coup. Ça s’arrêtait pas seulement à avoir des pouvoirs et les maîtriser en fait. Et à la maison, tout se passa bien. Un gros poids s’était envolé chez Tom. Ses parents prirent la nouvelle comme elle vint en fait et il ne fut question que de l’avenir, sans jugement. Bon il n’échappa pas au remontage de bretelles pour avoir fait l’école buissonnière mais c’est tout de même soulagé que le gamin alla se coucher. Il avait très bien fait d’aller voir son parrain !

[Topic clos]
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeDim 2 Mai 2021 - 13:08

[Allez, j’essaie d’enchainer ^^ *fait des efforts pour son pancake au chocolat quand même hein  *]

Il n’avait pas fallu longtemps à Vaughn pour se préparer et se rendre à Londres. Il ne savait toujours pas vraiment comment il allait atteindre le bureau de Fox ni même à vrai dire s’il arriverait à ne serait-ce que dépasser l’accueil et la sécurité mais il n’allait pas s’arrêter là pour autant. Au pire, il resterait dans le hall jusqu’à ce que quelqu’un en ait marre de voir sa tronche et contacte le PDG, ça ne lui faisait pas peur (et il pouvait très vite devenir très chiant quand il voulait, en prime). Pour le moment il fallait surtout se rendre au bâtiment de verre c’était déjà pas mal et cela ne lui pris que quelques minutes supplémentaires depuis son point de chute sorcier (le fait que la tour fox se trouvait dans le Londres moldus n’était pas toujours pratique, surtout quand on voulait aller vite mais bon).

Il se dirigea finalement vers la réception à peine les portes du bâtiment passé et s’adressa à l’une des secrétaires présente, une petite blonde aux cheveux relevés en un chignon déstructuré qui l’accueillit avec un sourire professionnel.

"Monsieur, que puis-je faire pour vous ?"demanda-t-elle d’une voix posée, avec une habitude palpable.

"Je dois voir votre PDG. "

La secrétaire porta un regard attentif à l’homme l’espace d’une seconde. Des visiteurs qui demandaient à voir M. Fox en personne, même si ce n’était pas rare, ce n’était pas non plus le truc le plus courant qu’elle faisait dans ses journées. Surtout qu’il avait une façon bien particulière de la fixer, d’un regard vert troublant, qu’elle n’avait pas vu souvent (voir même jamais) chez quelqu’un. Il n’avait pas grand-chose à voir avec le genre de personne qui se présentait habituellement à son bureau, c’était certain. Mais elle resta tout de même professionnelle.

"Oui… Votre nom s’il vous plait ? "

"Xander".

L’employé tapota quelques secondes sur l’ordinateur devant elle avant de relever les yeux vers cet homme, un sourire posé sur les lèvres.

"Très bien M. Xander, vous pouvez avancer jusqu’aux ascenseurs, je vais prévenir son secrétariat de votre arrivée. "

L’artiste regarda une seconde la blonde lui montrer d’un signe de main la direction des dits ascenseur, un peu surprit que cela soit aussi facile à vrai dire, mais ne prit pas le risque de la voir changer d’avis en cas d’erreur et prit la direction montrée. Ce n’était pas comme s’il ne connaissait pas le chemin de toute façon même s’il était effectivement venu dans les bureaux de son meilleur ami qu’assez rarement depuis le temps qu’il le connaissait. Enfin, au moins la première partie de son plan avait été simple, maintenant il allait falloir s’atteler à la discussion et ça, c’était la partie la moins aisé de l’équation.

Vaughn appuya sur le bouton pour appeler l’ascenseur alors qu’il pensait à ce fait. Bien sur, il fallait qu’il s’excuse, il n’y avait aucun doute a avoir la dessus vu les images qui lui étaient rapidement revenu mais ensuite… Il n’était même pas sur lui-même de ce qui c’était passé, ça allait être compliqué, de fait, de pouvoir argumenter quoi que ce soit à son meilleurs ami (s’il l’était encore) pour qu’il lui pardonne son comportement parfaitement déplacé et cruel. Et simplement lui dire qu’il ne le voulait pas n’était clairement pas suffisant…

Mais puisque rien ne se passait décidément comme prévu aujourd’hui, c’était peut de le dire, quand les porte de l’ascenseur s’ouvrirent pour le laisser entrer c’est précisément sur son meilleur ami qu’il tomba, ce dernier quittant visiblement son bureau. Et vu le timing que cela prenait, il n’était clairement pas au courant de sa présence dans le bâtiment (la réceptionniste avait dû appeler la secrétaire alors que Fox prenait déjà l’ascenseur). Il ne servait pourtant pas à grand-chose de se fixer comme ça sans rien se dire mais Vaughn se voyait mal avoir une discussion dans le hall de l’entreprise comme ça. Ça s’annonçait encore bien cette affaire tien…

"Je peux te parler ?"finit-il par demander, légèrement hésitant même s’il fallait bien le connaitre pour s’en rendre compte, tout en posant une de ses mains sur l’encadrement de la porte coulissante, l’empêchant ainsi de se refermer (ce qui n’aurait pas tardé vu son temps de réaction, prit de cours par cette rencontre des plus soudaine).

Il ne restait plus qu’à prier qu’il soit assez bien disposé pour lui accorder quelques minutes de son temps à présent…

[Je t'avais prévenu que ce ne serait pas hyper long mais au moins, c'est une bonne entrée en matière (et c'est posté... vite en plus ! ^^) J'espère que ça te conviendra et si tu veux que je change quelque chose, hésite pas *a prit quelques libertés après tout*]
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeDim 2 Mai 2021 - 15:26

Pendant que Vaughn pénétrait dans la place, le PDG de la Fox observait la City du haut de sa tour d’ivoire par l’immense baie vitrée de son bureau, en repensant aux derniers événements de sa vie privée, forcément. Même s’il faisait tout pour éviter à son esprit de cogiter, c’était plus fort que lui.

Putain de merde de bordel de saloperie ! Cela résumait assez bien ce que Dray avait pensé en quittant l’appartement de Vaughn. Le New-yorkais fulminait à ce moment-là, pour cinq raisons très simples.

La première était que la conversation avec le peintre lui avait quand même bien foutu les boules alors que ce n’avait déjà pas été la fête en arrivant (même si, à présent, la vérité était connue). Un peu de kérosène sur un feu de joie, on ne s’étonnait pas que tout finisse par sentir le cramé, hein… Alors ok, Xander n’y était pour rien mais ce qui avait été dit et fait ne pouvait pas être effacé comme ça, d’un revers. Trois choses. Il existait trois choses pour que l’amitié des deux Américains se brise du point de vue de Dray. Un, que Vaughn lève la main sur lui. Deux, qu’un des deux n’aime plus l’autre. Trois, que les sentiments de Dray deviennent trop lourds à porter… Bravo, triple combo ! Sachant que deux de ces trois théories étaient classées impossibles, c’était notable ! Alors à présent, on faisait quoi ?!  

Les blessures restaient, donc, à la différence près qu’en plus, Dray n’avait plus rien pour justifier la colère et le mal qu’il ressentait. Et ce qui posait aussi problème à Fox, c’était que ok, là, il y avait un maléfice qui guidait le peintre, mais il n’y aurait pas eu ce facteur pour justifier sa haine mais juste une connerie de trop, une dispute fondée sur quelque chose de concret qui aurait entraîné un réel séisme dans leur amitié, … ben le résultat aurait été le même, non ? Jusqu’à quel point le sortilège avait modifié le comportement de Vaughn ?

Ceci entraînait la deuxième raison. Le trentenaire se rendait compte qu’il était incapable de gérer Xander qui le détestait. Déjà, émotionnellement, ça, c’était évident et les raisons déjà développées en long en large et en travers. Mais en plus, pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient, Dray n’avait pas la moindre prise sur Vaughn qui ne lui avait laissé aucune chance de l’atteindre. Non parce que le reste de la conversation dans l’appartement du peintre, ce n’était pas la peine d’épiloguer. Le peu en tout cas que Vaughn avait répondu ou comment il avait réagi, avait bien montré à son cadet qu’il était inutile de répliquer, cela n’aurait servi à rien d’autre qu’à empirer les choses. Xander avait montré assez de signes parfaitement traduisibles comme tel d’exaspération, voire de mépris pour que cela sente sérieusement le cramé. Il ne voulait même pas le regarder pour dire… Oui Dray avait remarqué cela et ça n’avait pas arrangé ce que lui ressentait, ce mélange subtil de chagrin et de colère. Et le peu que le peintre avait encore répliqué était tout aussi cinglant que le reste. A force d'être mordu, on évitait de représenter sa main, hein... En clair, le PDG avait lâché en partie l’affaire argumentant simplement sur la venue nécessaire de Seiki. Et après, il avait complètement abandonné en se barrant simplement. Et ça, cette incapacité dans la communication avec Xander, c’était très déstabilisant (et pour Fox, être déstabilisé se traduisait souvent par ajouter de l’alcool à brûler au kérosène…). Et ses tentatives avaient été pitoyables en plus. Bon, pour sa défense, le New-yorkais n’avait pas compris ce qui lui était tombé sur le museau, ça n’aidait pas. Mais quand même, d’habitude, il était plus éloquent et persuasif que ça !

Troisièmement, il était complètement impuissant face à ce qui se passait et cette situation le retournait complètement. Oh, La démonstration de Seiki avait été édifiante. L'artiste n'était pas responsable de ce qui s'était passé, il était au contraire la principale victime de toute l'histoire. Déjà ça, que quelqu’un s’en soit pris à Vaughn, ça n’allait pas passer tout seul… Mais dans l’immédiat, concrètement, ben, ça ne changeait absolument rien aux faits : s’il était resté dans le périmètre, Fox aurait continué à charger pour pas un rond. Et là aussi, fallait encaisser l’idée.

Quatrièmement, la colère changeait de cible. Ce n'était plus tourné vers son compatriote, puisque le malheureux ne contrôlait pas plus que lui ce qui se passait, mais vers l'ensorceleur précisément. Le coupable, c'était celui qui avait lancé le maléfice et le New-yorkais avait une idée très précise du responsable ! A l’extérieur du château, Vaughn était protégé. Malgré lui, mais protégé. Donc cela n’avait pu se passer qu’au collège. Et le seul adepte de magie noire que Vaughn devait tolérer dans son périmètre régulièrement, c'était Malfoy ! Et le PDG aurait parié son empire, que son meilleur ami et cette pourriture avaient eu un entretien la semaine passée, la date du rapport régulier que devait faire Vaughn tombait dans ces eaux-là. Et ce connard allait prendre cher quand le renard allait lui mettre le grappin dessus ! Fox n'avait aucune preuve ? Avec cette putain de Voldemort, on n'en avait pas besoin.

Cinquièmement, conséquence directe des quatre points précédents, Fox était tout simplement à bout de patience (ce n’était pas une de ses vertus, ce n’était plus à démontrer) et au bout de ses forces et donc à bout de nerfs. Rien que ça suffisait à un colérique comme lui pour que ses filtres sautent, même si cela signifiait être injuste au passage. Alors si on mettait tout bout à bout… Et apprendre par-dessus le marché qu’il fallait encore attendre trois jours de plus pour espérer seulement entrevoir une possible solution hypothétiquement envisageable… Ouais non, là, même s’il avait foi dans les talents de Sei, fallait pas s’étonner qu’il grille un fusible et envoie chier son monde, hein, il n’était pas un saint.

Retourner ce soir là à la Tour londonienne de la Fox n’avait pas pris plus d’un quart d’heure au New-yorkais, ce qui n’était évidemment pas assez pour le calmer. Alors il avait marché et fumé un moment dans les rues de la City, suivi de près par ses chiens de garde qui eurent heureusement le bon sens de ne pas lui poser de questions. Ça n'avait pas eu beaucoup d’effets sur sa colère. Par contre, c’était largement suffisant pour revenir sur ce qui s’était passé et en venir à une sixième raison : t’as complètement foiré, espèce de connard ! Et donc s’ajoutait une bonne petite dose de culpabilité en guise de glaçage à ce mille-feuille de merde. Ce qui posait un problème supplémentaire à Dray, comme si tout le reste ne suffisait pas, était ce qu'il avait dit et fait … ou pas fait… dans le studio, son agressivité au premier plan.

D’abord, donc, il avait échoué à communiquer avec Xander posément, il avait laissé ses sentiments prendre le dessus quand il s’était rendu compte qu’il parlait dans le vide. Il avait perdu le contrôle. Et à présent que les plombs avaient sauté pour de bon, il était incapable de communiquer tout court, en fait. Et pire ! Il s’était cassé. Simplement. Il avait tourné le dos à Vaughn. Et si, sur le coup, il s’était senti le droit et ressenti la nécessité de le faire, après sa balade dans l’air froid de la ville… ce n’était clairement plus la même limonade. L’artiste avait toujours été là pour lui, l’avait toujours soutenu, encore plus pendant sa dépression. Et lui, là, alors qu’il venait de découvrir que son meilleur ami était manipulé et ne maîtrisait rien, il l’avait lâché. Même si Dray avait été blessé, ça ne justifiait pas d’abord qu’il prenne la porte avec autant de cynisme et de dureté et ensuite qu’il se réfugie dans sa Tour et ce “jusqu’à ce que ce soit réglé”. Ce qu’il aurait dû faire, c’était, par exemple, aider Seiki dans ses recherches. Se barrer comme un lâche et attendre que d’autres découvrent la solution n’était pas correct. Vaughn n’avait pas tenu sa promesse parce qu’on l’y avait forcé. Fox n’avait pas tenu la sienne par choix et égoïsme.

Remonté dans son bureau, le New-yorkais avait eu donc ce sentiment profondément ancré d’avoir merdé sur toute la ligne. Il était déchiré entre sa colère et ce sentiment d’échec et de culpabilité. Découragé et malheureux, il s’était avachi dans son fauteuil et avait sorti d’un tiroir une bouteille de whisky. Mais un mémo, posé en évidence, sur son ordinateur portable, attira son attention. Rose, son assistante de direction, l’informait que “le studio était prêt”. Fox avait presque soufflé de soulagement. La magie était d’un pratique ! En trois jours, vous pouviez construire et installer à côté de votre bureau un studio tout équipé. Le trentenaire avait reproduit en plus petit ce que son père avait installé en son temps au Siège new-yorkais : un appartement adjacent à son bureau. Simon, cela avait été pour gagner en temps et en efficacité, (obligeant par là même son fils sur de longues périodes à quitter la maison familiale pour vivre H 24 au sein même de l’entreprise…). La raison de Dray avait été singulièrement différente et était apparue vitale cette semaine passée. Il avait besoin d’un endroit émotionnellement neutre pour se poser, loin des chambres d’hôtel qui, même luxueuses, étaient une menace dans le sens où elles ne l’empêcheraient pas de faire de graves conneries, au contraire. Au moins, à la Tour, il n’avait pas le droit de se camer pour des raisons évidentes ! … S’il l’avait eu quelque part, cela dit.

Fox s’était levé donc, abandonnant temporairement l’idée de boire et s’était dirigé vers le mur, nu depuis qu’il avait fait retirer les tableaux de Vaughn et qui faisait face à son bureau, perpendiculaire à l’immense baie vitrée alors à gauche et l’entrée, à droite. En son centre, deux poignées en creux dans le mur, avaient fait leur apparition. Elles lui permirent d’écarter chaque pan (qui, comme le mur de sa chambre au Refuge qui donnait sur la mezzanine, disparaissait magiquement dans le mur adjacent) et dévoiler un nouvel espace.

La baie vitrée, à gauche, continuait sans rupture offrant à l’ensemble une unité. Sauf que dès Fox dans les lieux, la vue de la City était remplacée par celle de l’océan en temps réel, à perte de vue. Les deux autres murs étaient faits de briques noires alors que le reste du bureau de Dray était une peinture de de couleur sable. A droite, derrière l’espace salon du bureau, on avait installé dans un bois clair, similaire au parquet, une kitchenette tout équipée, entourée par le comptoir d’un bar et ses tabourets en cuir noir, installation un peu similaire à la cuisine du Refuge, en plus simple et petit. En face, le long de la baie, un large lit et une table de nuit, eux aussi en bois clair, sur un tapis noir particulièrement moelleux. Entre le lit et le bar, un autre espace salon avait été aménagé, le canapé principal faisant dos au lit. Et au-dessus de la kitchenette, une grande télé avait été installée, parfaitement visible de ces derniers, reliée à un système audio et vidéo complet, installé dans la table basse. A côté du lit qui paraissait fort confortable, contre le mur du fond, et à gauche d’une porte noire, identique à la porte d’entrée du bureau, un tapis de course et un sac de frappe attendaient qu’on se défoule sur eux. A droite de cette porte, une bibliothèque, bien garnie, dans le même bois clair que le reste, et derrière, une salle de bain tout confort et un dressing. Les seules décorations autorisées avaient été plusieurs plantes, harmonieusement disposées.

Là, paradoxalement (puisqu’il était quand même au Siège de son entreprise…), son assistante de direction et Manning étant les seuls au courant, on le laisserait tranquille. Dans ce nouveau chez-lui, Dray se sentit un peu mieux. Assez pour revoir ses plans. Il alla vider la bouteille de whisky dans l’évier, referma les panneaux muraux derrière lui, laissant apparaitre un nouveau mur de briques, côté appart, et décida de faire ce qu’il aurait dû peut-être faire depuis une semaine et ce que Damian lui avait appris : méditer pour se recentrer et apaiser sa colère et ce flot de pensées qui tournait à vide et l’empêchait de comprendre la situation telle qu’elle était objectivement, sans prendre en compte ce qu’il ressentait et ce qu’il en pensait. Il coupa tout : téléphones, THOM, miroir à double sens et assis en tailleur sur son nouveau lit, guidé par une série de podcasts qu’il avait programmé sur la télé, Fox se permit enfin une pause réelle. Depuis que Vaughn et lui s’étaient frittés dans cet escalier, le trentenaire, après avoir constaté que tout ce à quoi il pensait, au Refuge, c’était de faire le con pour de bon, pour éviter de penser justement, avait travaillé comme un taré, ce qui n’avait pas forcément aidé à aller mieux. Et après cette séance de méditation pure, qui avait duré un temps que Dray ne parvenait pas et ne voulait de toute façon pas définir, le trentenaire enchaîna tant qu’à faire sur une séance de réflexion méditative. Et il en ressortit que oui, la situation le foutait hors de lui, mais qu’il y avait de quoi, qu’il était émotionnellement trop investi, trop blessé, qu’il ne savait plus trop où il en était, qu’il manquait aussi d’un nombre conséquent d’heures de sommeil pour avoir le recul nécessaire et retrouver sa route et, surtout !, qu’il ne pouvait concrètement rien faire. Pas la peine de culpabiliser, ça ne servait strictement à rien à part à se faire plus de mal que ce qui avait déjà été fait. Rester avec son compatriote était infaisable puisque le peintre ne supportait même plus sa vue. Le dialogue était devenu impossible, Vaughn à cause du maléfice et lui, parce qu’il n’en pouvait tout simplement plus, épuisé tant physiquement que psychologiquement à avoir trop tiré sur la corde pendant huit jours. Aider Seiki paraissait une idée facile et évidente mais comme Dray s’aperçut que le simple fait de méditer, guidé par la voix d’un total inconnu, le faisait s’assoupir, qu’il avait liquidé pas moins d’un demi-paquet de cigarettes durant sa balade où il avait commencé à être pris de vertiges (par manque de sommeil et de nourriture, certainement), que sa première idée en arrivant avait été de se torcher et que la lecture du mémo lui avait brûlé les yeux, on imaginait avec quelle efficacité il aurait participé aux recherches !

Non. Là, aider Vaughn, dans l’immédiat, c’était se reprendre en main. Pas le choix, il n'avait plus les idées claires, n'était plus apte à grand chose, pour ne pas dire rien, et devait reprendre le dessus pour affronter une prochaine discussion avec le peintre, qui serait encore une fois sans doute chaotique au possible. Ou Seiki réussissait et ce serait celle des explications qui seraient une épreuve pour eux deux. Ou il échouait et alors on était reparti au combat. Non parce qu'à présent qu'ils avaient découvert le pot aux roses, il n'était plus question de ne pas retenir le peintre et ne pas chercher à lui rendre son libre arbitre. Et là, il pourrait aider efficacement à trouver comment contrer le maléfice ! Mais pour tout cela, il fallait des forces tant morales que physiques, que Fox n'avait plus pour l'instant, fait qu’il s’avouait enfin. Il devait récupérer.

Tout ceci ayant été posé, Dray agit donc. Il demanda d’abord par mémo à Rose d’annuler l’intégralité de son agenda pour les deux jours à venir et de dire à tous qu’il était souffrant et de fait, injoignable. Il laissa pourtant une exception : si Seiki ou Vaughn se présentait à l’accueil, au terme de ces deux jours, il fallait le faire monter. Sei avait parlé de trois jours mais comme il était diablement efficace le petit frère… Ou alors les choses pouvaient mal tourner encore… Bref… Fox prévint ensuite l’Australien de ses plans et de la nécessité absolue de lui foutre la paix. Il se força enfin à manger un repas complet, le frigo judicieusement garni de plats-traiteur, par Rose elle-même, s’accorda une demi heure de course sur le tapis et un bain. Et durant tout ce temps, sur sa table de nuit, reposaient les potions qu’il avait récupérées chez Vaughn et préparées avant de passer dans la salle de bain. Et en bonne place, celle de sommeil sans rêves.

Si la bande n’avait pas réussi à joindre Fox, ce fut surtout parce qu’il avait dormi plus que par caprice. Des cycles d’une quinzaine d’heures, entrecoupés d’un repas complet puis d’une heure de sport, d’un bain, d’une séance de méditation, d’un film, de son traitement et de la potion de sommeil jusqu’au matin du troisième jour où il avait bien fallu abandonner son cocon pour se remettre au travail un minimum… et surtout parce qu’on arrivait à la fin de la deadline donnée par Seiki… Donc, en tout cas, quand on entrait dans le bureau, le mur de droite était à nouveau fermé, ne laissant rien apparaître du secret dissimulé derrière. Et il avait meilleure mine et meilleur caractère, le PDG de la Fox ! Ce qui avait rassuré ses employés, parce qu’un patron qui ressemblait à un inferus de jour en jour et qui était d’une humeur de clébard enragé, ce n’était quand même pas terrible pour le moral des troupes.

Et même si Dray, forcément, appréhendait ce qui allait se produire dans la journée, il buvait son café avec une certaine paix retrouvée qu’il n’avait pas ressenti depuis les cauchemars vivants de Poudlard. Mais deux jours de congés entraînaient forcément du retard dans le travail qu’il fallait rattraper. Un peu débordé, le PDG ne répondit donc pas plus que les autres fois quand le médicomage tenta de le joindre en fin de matinée mais il écouta avec attention le message qu’il laissa. Le contre-sort avait fonctionné. Un énorme soupir de soulagement retentit dans le bureau. Pas encore de joie parce que la conversation que les deux amis allaient forcément avoir allait être émotionnellement compliquée mais au moins, Vaughn était sorti d’affaires, à nouveau maître de lui. Restait à présent à faire la paix. Ces jours de repos complets avaient permis à Dray de faire le tri dans tout ce qu’il avait ressenti, d’assimiler que Vaughn n’y était pour rien et d’essayer surtout d’accepter autant que possible tout ce qui s’était passé (ça, c’était le plus difficile…) même si cela avait confronté Fox à de nouvelles angoisses, à sa peur incontrôlable de perdre l’homme dont il était raide dingue (et donc au constat définitif qu’il était complètement atteint à pas mal de niveaux, celui-là en très bonne place, parce qu’il avait eu les idées tellement noires qu’il avait pensé encore une fois sérieusement à se faire du mal) et aussi à une part de son meilleur ami qui lui faisait froid dans le dos, en vérité. Jamais, il n’aurait pensé que le peintre aurait pu le haïr et même si ce n’était pas de sa faute, le trentenaire s’était pris un uppercut qui avait laissé ses traces, et cela avait posé la question suivante : et si cela arrivait un jour, non pas à cause d’un sort mais de la vie simplement ? Et au-delà de cela, il s’en était, une fois de plus, fallu d’un rien pour qu’ils se perdent. Un rien appelé Seiki encore… Fox ne savait plus comment le remercier à force.  

Dray fut tenté de se rendre immédiatement chez Vaughn mais Rose, sans le vouloir, la malheureuse, le rappela à l’ordre en lui annonçant son prochain rendez-vous. Tant pis, cela devait au moins attendre la fin de celui-ci. Et quand son client fut dehors, Fox, son hulster sur le dos, prévint immédiatement son assistante, au passage, qu’il sortait et ne serait de retour que vers 2h pm, sans même laisser le temps à la jeune femme de réagir. Dans l’ascenseur, alors qu’il venait de demander le niveau 0, il l’entendit pourtant l’appeler du bout du couloir d’une voix pressée.

“M. Fox, attendez !”

Trop tard. Les portes se refermèrent et l’ascenseur entama sa course descendante. Dray sortit donc son portable pour savoir ce que Rose avait de si pressant à lui dire.

“Qu’est ce qui se passe, Rose ? ... Laissez tomber, j’ai compris.”

En effet, les portes de l’ascenseur s’ouvrirent au même moment et le sort se chargea de répondre à la question à la place de l’efficace assistante.

Vaughn.

La surprise et le temps de latence qu’elle entraîna furent partagés. … Ok, on y était. Fox ne put s’empêcher d’être tendu à cette rencontre imprévue. Il aurait eu le temps de se préparer à la confrontation sur le chemin, de contrôler en partie le fil des évènements. Là, il était pris au dépourvu et ce sentiment de ne pas avoir la main ne lui était pas favorable. Mais il fallait bien en passer par là, et que ce soit chez Vaughn ou dans son bureau, finalement, cela ne faisait pas une grande différence. Il opta donc pour le style Poker Face en attendant d’avoir plus de cartes en main.

“Tu peux. A vrai dire, Seiki m’a prévenu tout à l’heure, je partais te voir.” répondit-il simplement, d’une voix posée, voire neutre, pour éviter tout quiproquo, en s’écartant un peu pour laisser à Vaughn la place nécessaire dans la cabine et laisser entre eux une distance naturelle et équilibrée, pour éviter un potentiel malaise du trop peu ou pas assez. Autant éviter les problèmes tant que l’un ne saurait pas exactement ce que l’autre avait précisément dans la tête. Et Fox non plus ne se voyait pas avoir une conversation aussi personnelle au milieu de ses employés...

Mais durant la remontée de l’ascenseur, du point de vue de Dray, le silence et la gêne gagnèrent le petit espace. Une gêne pesante… Et les mêmes questions qui frappaient à la porte de sa tête… Et maintenant ? Et si ? Jusqu’où ? Qui ? Comment ? Pourquoi ?

Il fallait combler le silence et parler évitait aux questions de prendre trop de place…

“Je suis heureux que tu ais retrouvé ton libre arbitre.”

Aucun doute, la voix du PDG s’était sensiblement réchauffée, il était parfaitement sincère. Et pour répondre à l’hésitation de son aîné, que lui avait parfaitement perçu, il prononça sa “sentence”, immédiatement. Au moins, cela apaiserait sans doute l’artiste qui ne devait pas être très à l’aise dans ce décor et au vu des évènements. En tout cas, Fox, lui, à sa place, serait super mal...

“Je n’ai pas le droit de t’en vouloir. Et je suis désolé de t’avoir lâché alors que tu avais clairement besoin d’aide. J’ai pas assuré en laissant toute la responsabilité du problème à Seiki.”

Voilà, les choses étaient posées et en un sens, Vaughn déchargé de toute responsabilité. Cela ne rendait pas la pilule moins amère et douloureuse à avaler pour lui, ce qui avait été dit et fait ne pouvait pas être effacé. La plaie était là et il faudrait un peu de temps, comme toute blessure pour qu’elle cicatrise. Mais au moins, l’artiste devait être rassuré et savoir que rien n’avait vraiment changé dans le fond. Il était et resterait son meilleur ami. Puisque Xander n’était pas responsable de ses actes, il n’y avait rien à pardonner. Dans le fond, l’inverse aurait été émotionnellement plus simple à gérer pour Fox… Toute action entraine normalement une réaction proportionnée et inverse. Tu t’es comporté volontairement en enfoiré, je fais le choix de te pardonner ou pas… plus pas d’ailleurs vu le caractère du New-yorkais… C’était une équation au résultat évident. Mais là, l’action et ses conséquences étaient les mêmes, sauf que la réaction était empêchée par un mécanisme extérieur. Enfin, Dray était capable d’une résilience presque hors normes. Ce n’était pas le pire qu’il avait eu à digérer ces dernières années. Pour le coup, Vaughn avait cette fois du bol que son compatriote fût ce qu’il était.

Les portes s’ouvrirent encore et le couloir vite traversé, Dray demanda à Rose de ne pas être dérangé jusqu’à nouvel ordre en faisant entrer son compatriote dans son bureau.

“Assis-toi, je t’en prie. Un café ?” proposa-t-il en lui désignant le canapé tout en allant remplir son mug via une cafetière qui avait sa place attitrée et servait constamment.

“Tu as vu Malfoy la semaine dernière ?” finit par demander le PDG, à brûle-pourpoint, d’une voix beaucoup plus sourde et surtout clairement dangereuse, étonnamment long à verser le liquide amer… Fox ne pouvait pas en vouloir à Vaughn mais à celui qui l’avait ensorcelé, lui, par contre... Il allait prendre cher. Clairement, Vaughn pouvait deviner ce à quoi il échappait de par sa position de meilleur ami (et d'amour, Dray aurait été incapable de se venger de par ce fait simple et compliqué fait... ) et de victime et que c’était fort heureux… Fox ferait payer au responsable de s’en être pris à son compatriote et les coups de poignard que lui avait reçu. Il ne restait qu’à confirmer son intuition. Puisqu'il était nécessaire de discuter, autant commencer à répondre aux questions en partant du qui...
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeDim 2 Mai 2021 - 17:30

[Comment t’arrive à écrire des messages de fou en moins de 3h toi ? j’suis jaloux ^^'' ]

Ils étaient de fait deux à ne pas être prêt, même si Vaughn avait eu un peu plus de temps pour réfléchir. Mais il était clair que se retrouver nez à nez avec le PDG aussi soudainement était des plus déstabilisant… Après tout, et même si la réceptionniste lui avait laissé passer l’accueil, il était tout à fait possible que Dray ne veuille pas lui parler ou ne soit simplement pas prêt à le faire là, tout de suite. Et le voir aussi fermé face à lui, même s’il le comprenait parfaitement, n’était pas pour alléger le ressentit de l’artiste bien au contraire. Il avait toutefois posé la question, la moindre des choses, et Dray l’avait à sa façon invité à entrer dans l’ascenseur en acceptant le dialogue et en se décalant pour le laisser passer. Et en lui affirmant qu’il allait le voir, même si ça n’allégeait pas vraiment les sentiments de Vaughn, cela lui laissait au moins la possibilité au dialogue ce qui était quand même le gros point d’ombre jusque-là de la stratégie du peintre.

Vaughn relâcha donc sa pression sur la porte de l’ascenseur et entra, se posant à une distance raisonnable de l’homme d’affaire, s’interdisant encore de pénétrer dans son espace vital tant qu’il n’aurait pas sérieusement discuté et que tout le potentiel flou autour de leur relation ne serait pas un peu dégager. Et même s’il ne dit rien de plus pour le moment, attendant de se retrouver dans le bureau pour entamer cette conversation qui s’annonçait difficile, croyez bien que la gêne était aussi perceptible du côté du Tennessee, ce qui n’était pas peu dire quand on connaissait le degrés d’empathie de base de ce dernier. Mais là, il y avait beaucoup trop en jeu pour qu’il en soit autrement… Putain de maléfice…

Ce fut Dray qui coupa en premier le silence, pour cette remarque un peu moins neutre que la précédente. Vaughn lança un regard en coin à son compatriote, histoire de vérifier qu’il ne se faisait pas juste des idées mais à vrai dire il ne sut pas trop quoi répondre sur le coup. Evidemment, il était aussi heureux d’être lui-même, bien sûr, mais c’était un sentiment étrange. Oui c’était a cause du sortilège, il l’avait bien vu après tout avec le révélateur du toubib, mais il avait encore du mal à se dire que tout cela c’était vraiment passé. Oui il était un connard, il ne l’avait jamais caché après tout malgré tout ce que Dray avait pu lui dire mais sérieusement, il ne pensait pas un jour qu’il montrerait ce côté de sa personnalité (exacerbé à son paroxysme soit mais une partie de lui quand même) à son meilleur ami. Mais il n’eut pas le temps de répondre, triant encore ses pensée en reportant son attention sur la porte de la cabine, que ce dernier rajouta explication et excuses sur ce qu’il s’était passé. Et si ça le déchargeait effectivement de toute responsabilité, ça n’allégeait pas vraiment ce qu’il ressentait loin de là…

"C’est moi qui suis désolé Dray… Tu aurais au contraire toutes les raisons de m’en vouloir, j’ai été le pire des connards avec toi je m’en rends bien compte. Bien sûr, je ne l’ai jamais voulu mais les faits sont là… et tu ne pouvais rien faire dans ses circonstances, ça n’aurait fait qu’aggraver les choses, pour toi mais aussi pour le moi de maintenant, de rester dans mon périmètre."répondit l’artiste avant de laisser passer un très léger soupir.

C’était la vérité, bien sûr, mais ce n’était pas facile à dire quand même. Putain il ne comprenait même pas comment tout cela avait pu arriver ! Il ne put rien ajouter de plus que le bruit caractéristique de l’arrivée à l’étage se fit entendre suivit du bruit des portes coulissantes, ce qui replongea aussitôt l’artiste dans le mutisme. Il se contenta de suivre le New yorkais sans émotion apparente même si, pour un observateur aguerrit, on pouvait remarquer qu’il regardait un peu plus le sol que d’ordinaire même si c’était subtil, lui qui avait plutôt tendance à fixer étrangement toute personne qui posait habituellement les yeux sur lui.

L’artiste entra finalement dans le bureau sous l’impulsion du maître des lieux et, même si ce dernier n’était pas venu très souvent comme nous l’avions souligné plus tôt, il était déjà suffisamment entré dans le bureau de Dray pour remarquer le changement de décors de l’endroit. Et le New Yorkais avait beau dire qu’il n’avait pas le droit de lui en vouloir, son bureau ne semblait pas aussi en accord avec ses mots que ça. Et vous savez quoi, cela fit un drôle d’effet au peintre. Alors bien sûr, il comprenait, bordel oui il comprenait même très bien, mais ce n’était pas si facile que cela a encaisser pour autant. Mais le Brun ne fit pas le moindre commentaire toutefois. Il avait perdu ce droit (s’il l’avait eu un jour) en traitant son cadet de la sorte. Vaughn s’assit simplement sur le canapé sous l’invitation du plus jeune et accepta d’un signe de tête sa proposition. Oui, là, un café s’imposait.

"Oui s’il te plait…"répondit-il simplement, la voix peut-être un peu trop basse prouvant qu’il était toujours loin d’être serein, voir l’était peut-être même moins qu’avant son arrivé dans ses lieux.

Par contre, la question de son ami prit quelque peu au dépourvu l’artiste qui c’était attendu à beaucoup de choses mais certainement pas à parler de la punaise en ses circonstances. Et il ne fut pas plus dupe sur le ressentiment qu’il avait envers la blondasse en cet instant, ce timbre sombre et dangereux qu’il avait déjà entendu en d’autre circonstance. Dray était clairement en mode vengeance.

"Malfoy ?"répéta-t-il comme pour s’assurer qu’il avait compris ou son compatriote voulait en venir.

"Je l’ai vu, oui… mais… enfin, pourquoi il m’aurait ensorcelé de la sorte ? S’il avait compris ma position, il n’aurait pas juste choisi ça et surtout n’aurait pas pris se risque pendant une de nos entrevus…"

Aux yeux de Vaughn, ce n’était pas très logique de penser à Malfoy et à vrai dire il ne comprenait pas d’où le PDG tirait cette conclusion. Il avait probablement dû se faire jeter un maléfice quand il sortait du château, c’était beaucoup plus crédible…

"Enfin, j’ai déjà du mal à comprendre pourquoi et comment on m’a jeté ce maléfice particulier... mais que ça vienne de lui…"

Pourquoi ce Mangemort chercherait à l’isoler et surtout de Dray, ça n’avançait en rien sa place d’informateur au château… c’était encore plus étrange pour l’Américain qui n’était de toute façon pas vraiment au courant du contentieux entre la baudroie et son meilleurs ami (enfin, pas que ce dernier allait aussi loin en tout cas) que se soit en prime le premier nom qui lui vienne comme ça à l’esprit...
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeLun 24 Mai 2021 - 21:40

[C’est facile, il faut tricher et les écrire en grande partie trois semaines avant. Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 73164Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 73164Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 73164

Désolé du temps de réponse, cette fois c'est moi, le boulot me siphonne le cerveau... Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Otda]




Pour le coup, le hasard avait un sens de l’humour aussi pourri que la vie. Enfin, on râlait, on râlait mais cette coïncidence n’était finalement pas plus mal en fin de compte. Mis au pied du mur, aucun des deux ne pouvait fuir ou tricher (ce dernier point visait surtout Fox, évidemment).

Dans l’ascenseur, la situation tourna rapidement en un de ces moments très gênants où personne n’a envie d’être là et où personne ne sait quoi dire ou n’ose parler, n’ose même se regarder. Genre ces lendemains de beuverie où vous vous étiez rendu compte que vous aviez couché avec la personne la plus improbable de votre entourage, un parfait inconnu... ou votre meilleur ami... et qu’après avoir fui comme un voleur au petit matin, vous retombiez dessus par hasard. Eux, ils avaient juste dix ans de retard, voilà tout.

Ce fut en se faisant ce constat assez sarcastique et amer que Dray se décida à prendre la parole pour casser cette désagréable impression. Il ne s’était pas forcément rendu compte qu’il avait eu l’air si fermé en répondant à la demande de Vaughn. C’était juste qu’il ne savait pas trop comment les choses allaient se dérouler, comment ils allaient réagir l’un à l’autre et préférait donc se montrer prudent, tant que c’était émotionnellement possible. Ce fut quand il capta le coup d'œil de son compatriote... perplexe ? circonspect ?, douteux ?, difficile de le traduire précisément, à ses mots qu’il se rendit compte qu’ils avaient l’un et l’autre pas mal de chemin à faire… Ouais, putain de maléfice...

Alors Fox alla plus loin en dédouanant Xander. Il avait eu du mal à l’encaisser, il lui avait fallu quelques jours pour assimiler tout ça, c’était vrai, on ne reviendrait pas là dessus, mais il n’en était pas moins sincère. La réponse de l’artiste, s’il l'affranchit à son tour, fit surtout prendre conscience à Dray d’une chose à laquelle il n’avait pas pensé et qui était pourtant évident : il n’avait réfléchi qu’en prenant en compte la situation de son unique point de vue alors qu’en fait, ils étaient deux à devoir encaisser ce qui s’était passé. En effet, puisque Vaughn se souvenait de tout, il devait accepter tout ce qu’il avait dit et fait malgré lui. Et il suffit à Fox d’inverser quelques instants les rôles pour savoir que c’était tout aussi douloureux dans ce sens-là et la culpabilité pesante pour ne pas dire écrasante. Et si le New-yorkais avait continué à s'obstiner et avait eu la force de rester, les dégâts et donc le bagage à porter auraient été encore plus lourds pour les deux.

Le trentenaire croisa les bras et s’appuya contre la paroi de la cabine sous les mots de son aîné, pour assimiler cette nouvelle donnée, faire cet exercice d’empathie mais aussi réfléchir au reste, donnant l’impression de prendre à nouveau de la distance, ce qui était en fait le cas, comme si son corps exprimait malgré lui le recul dont il avait besoin pour cela. Le soupir que Vaughn laissa passer fut partagé. Dray avait besoin d’entendre ces excuses, il n’allait pas le nier. Mais Vaughn n’avait en fait pas à les dire puisqu’on ne peut pas être fautif de ce qu’on ne peut pas contrôler. Ce n’était pas mérité. Putain, c’était compliqué, oui. Plus sombre, il répliqua sans détour, en partie dans l’ascenseur, en partie dans le couloir qui les menait à son bureau :

“Je t’en ai voulu. A un point, t’as pas idée… Tu connais ma règle “ce qui se passe à Vegas reste à Vegas”. J’en ai une autre. Je ne retiens personne. Si Seiki ne m’avait pas convaincu de te redemander des explications, on serait dans le mur. Et même en sachant la vérité, il m’a fallu encore un petit moment pour apaiser ma colère. Mais ce n’est pas juste. Je ne peux pas te reprocher ce que tu as fait sous manipulation. Tu aurais été sous imperium, c’était pareil. Et je sais ce que j’ai fait ou pas, pourquoi et ce que j’ai ressenti. En pensant en l’occurrence surtout à moi sans prendre l’entière mesure de ton point de vue et de toutes les conséquences, je viens à l’instant de m’en rendre compte. J’ai déconné. Mais mesurer qui a la plus grande part de responsabilités ne nous aidera pas alors disons donc que nous avons tous les deux nos torts à part égale et qu’on est aussi désolé l’un que l’autre.”

Aucune vérité n’était facile à dire, ce n’était pas l’homme d’affaires qui allait prétendre le contraire, surtout là, mais il ne s’étendit pas davantage, préférant être dans l’intimité de son bureau pour la suite de la conversation. Mais alors qu’il finissait de donner son point de vue, il finit par remarquer pas après pas le repli de Vaughn du coin de l'œil et ses yeux anormalement fixés au sol. Observateur aguerri, il l’était et de surcroît, il connaissait bien celui qu’il guidait. Si ce n’était pas un signe de culpabilité ou au moins de mal être ça… Ils n’étaient pas sortis du sable…

Et comme Fox l’observait encore quand ils entrèrent, il vit aussi le “drôle d’effet” passer dans le regard de Xander quand il vit le mur nu. Ce fut au tour de Dray de baisser les yeux. La disparition des peintures voulait dire beaucoup, il était tout à fait d’accord avec ça même si ce n’était pas tout à fait ce à quoi pensait le peintre. Le ton de Vaughn beaucoup trop bas suffit d’ailleurs à convaincre son cadet qu’une explication était nécessaire même si l’artiste n’en demandait aucune. Mais il n’était pas utile cette fois de trop en dire non plus… Comme le fait que le New-yorker s’était littéralement réfugié dans son bureau pendant une semaine… Après avoir proposé un canapé et un café, Dray dit donc d’un ton aussi naturel que possible en se dirigeant vers puis en manipulant la cafetière.

“J’ai continué à travailler la plupart du temps, j’ai pris conscience que mon bureau devait rester émotionnellement neutre. Je réfléchis à les mettre dans le Hall d’entrée ou à faire une exposition permanente des œuvres que le Groupe ou que je possède, où elles auraient leur place.”

Tout cela n’était que la vérité. Il évitait juste de tomber dans le mélo en ne disant pas que la vue de ces peintures lui avait lacéré le coeur au point de le chasser de chez lui, en autres motifs et au point de le pousser à les lui rendre toutes et qu’il avait voulu éviter de péter les plombs pour de bon en décrochant les deux absentes…

Mais alors qu’il versait les cafés, Fox décida de mener cette conversation essentielle sur le responsable de ce fiasco. Ça, que Xander ne vît pas où il voulait en venir, il s’en doutait un peu. A vrai dire, les questions que le peintre se posait, l’homme d’affaires les avait partagées. Lui aussi avait mésestimé le ressentiment de l’aristocrate. Mais “lorsque vous avez éliminé l’impossible, ce qui reste, si improbable soit-il, est nécessairement la vérité.” - Sir Arthur Conan Doyle, Sherlock Holmes, le signe des quatre.

“Il a un ego tellement grand qu’il pense qu’il est impossible qu’on le dupe ou qu’on le soupçonne. Et en effet, s’il avait découvert la vérité, il n’aurait pas joué ses cartes ainsi. C’est ce qui me fait penser que de ce côté là, tu n’as rien à craindre… Mais partons du postulat que c’est moi, la cible qu’il ne peut pas attaquer de front pour plusieurs raisons qui tiennent en la plupart je suppose en Stephen Drake…”

Fox finit enfin par se retourner parce que verser plus longtemps du café n’était plus crédible et s’approcha de la table basse pour y déposer les deux mugs et prendre place dans le fauteuil voisin du canapé, posant les deux bras sur les accoudoirs, pianotant énergiquement de sa main gauche.

“Dans ce cas, cette entrevue était le meilleur moment, et même le seul. Ou l’opportunité saisie au vol, l’idée soudaine pour simplement emmerder le monde et régler ses comptes... Depuis notre clash à l’infirmerie, il sait que je tiens énormément à toi. Valériane m’avait prévenu de ne pas le chercher, qu’il était plus dangereux qu’il en avait l’air derrière sa fatuité mais comme toujours, je n’ai pas écouté. Il sait que je sais qui il est vraiment, qu’il ne m’impressionne pas et que ses artifices n’ont aucun effet sur moi parce que niveau fortune et influence il ne m’arrive pas à la cheville. Je l’ai humilié plusieurs fois lors de nos rencontres, je l’ai même menacé ouvertement à l’infirmerie et je sais qu’il se doute sans pouvoir le prouver du rôle secret d’empêcheur de tourner en rond que j’ai au Conseil d’administration. Et il a la rancune très tenace. Je crois qu’il a voulu “s’amuser à mes dépends”, me faire payer mes affronts et tenter de se débarrasser du caillou dans sa chaussure que je représente. Et il a trouvé le moyen en t’utilisant, toi, et je ne serais même pas surpris si on me disait qu’il ignorait ce qu’il allait faire en entrant. Et là, c’est moins déconnant... Et surtout, c’est le seul qui a pu t’approcher avec ce niveau de magie noire. A l’extérieur, tu es protégé et Manning est formel, personne n’aurait pu t’ensorceler sans que ses hommes ne remarquent quelque chose et rien n’est sorti de l’ordinaire dehors. Ça s’est passé à Poudlard, et par élimination, il ne reste que lui.”

Et si cette putain voulait la guerre… Ce n’était pas grave que Vaughn ne croit pas en sa théorie. Cela n’empêcherait pas Fox de faire bouffer sa canne à la peroxydée… Et comme il avait eu la réponse qu’il cherchait, il se dit qu’il valait mieux passer à autre chose. Le cas de Malfoy, il le réglerait plus tard… Il finit par prendre son mug en déclarant.

“Enfin, je me trompe peut-être.”

Sauf que son masque n’était pas encore parfaitement remis en place et que son regard, perdu dans le noir du café disait tout le contraire, pour lui, c’était acquis. Mais à force de fixer le liquide amer, de vindicatifs, ses yeux se firent plus mélancoliques et en même temps plus tranquilles. Et Dray prononça alors avec un apaisement qui lui ressemblait peu, surtout après son attitude sur le cas Malfoy, mais qui témoignait bien de son évolution au cours des derniers mois et le recul général qu’il prenait sur les événements, quand il était en pleine possession de ses facultés et que ses émotions n’étaient pas complètement à vif.

“Tu sais… Ne te reproche pas ce qui s’est passé. Je veux dire… Tu disais que t’avais été le pire des connards… Je ne peux pas dire le contraire mais n’oublie pas que ce n’était pas toi avec moi. C’est peut-être toi parfois avec les autres. Sans doute même. Mais j’ai compris depuis le révélateur que ce n’était pas toi avec moi. Un jour peut-être et je craindrais ce jour comme celui de ta mort si je te survis et pas mal d’autres, mais pas là. Tu as été manipulé pour me haïr. J’ai vu malgré toi une nouvelle facette de toi et j’en ai peur, c’est vrai. J’ai ressenti beaucoup de colère et de peine,... et de la rancoeur,... c’est vrai aussi. La blessure sera encore là quelques jours, pardon. Mais mon estime pour toi n’a pas changé. On a tous nos ténèbres et une violence enfouie et je redoute le jour où tu découvriras l’étendue des miennes. Je serai très mal placé pour te reprocher les tiennes.”

Fox finit par boire une gorgée de son café et seulement reporta son regard à nouveau franc et hâbleur sur son compatriote, genre, allez on oublie, c’est derrière nous.
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeMer 26 Mai 2021 - 20:40

[Tu rigoles, même si j’adore te lire et que je check tous les jours quand c’est à toi de rep (j’suis accroc, j’assume), t’as carrément pas a t’excuser pour avoir mis 20j à me rep… je suis tellement lent de mon coté, ca serait du gros foutage de gueule ^^’’’ *mais je suis très content de te lire, et je rep tout de suite ici voilà… même si j’ai normalement d’autre endroit à rep avant xD * ]

Bien sûr que non ce n’était pas une mauvaise chose, Vaughn l’aurait admis sans problème, c’est juste que c’était un peu trop… soudain. Et que fatalement ce n’était pas le truc le plus simple à gérer. Mais ils avaient besoin de cette discussion, l’artiste était même venu à la tour juste dans ce but, il fallait juste passer outre cet instant de flottement inconfortable, rien de plus. Et puisqu’ils étaient tous les deux conscients de la nécessité de cette entrevue, il n’était plus temps de tergiverser.

Dans l'ascenseur donc, l’atmosphère était particulièrement pesante en effet. Vaughn était très loin d’être à l’aise dans ses baskets, c’était peu de le dire, mais il ne voyait pas tout à fait l’instant du même œil que son camarade. Enfin, c’était une façon de voir les choses plutôt amusante et la formulation aurait fait sourire l’artiste mais il n’aurait pas été aussi tendu si ce n’était que ça. Mal à l’aise, probablement oui, mais là c’était bien plus fort que cela à son avis. Il avait surtout l’impression d’avoir merdé, sur toute la ligne, alors que finalement il n’avait rien voulu du tout, surtout. Il avait blessé son meilleur ami, que cela soit moralement mais aussi physiquement, alors qu’en temps que meilleur ami justement c’était la dernière chose qu’il était en droit de faire.

Mais finalement Dray avait rompu le silence. Et le coup d'œil de Vaughn, en réponse, avait été mal interprété par son cadet. Il ne doutait aucunement de lui, il doutait de lui-même, en fait. Il avait peur d’y entendre quelque chose qui ne serait qu’une projection de ce qu’il avait vraiment envie : douceur, normalité, tendresse même, alors qu’avec ce qu’il avait fait il ne se sentait plus vraiment légitime de les avoir et que Dray devait surtout lui en vouloir.

Parce que si le PdG de la Fox avait dû prendre quelques jours pour avaler tout ce qu’il venait de se passer, pour Vaughn lui cela devait faire une grosse heure à tout casser qu’il se rendait compte de ce qu’il avait fait. Et il n’avait rien avalé du tout qu’on se le dise. Alors oui, la culpabilité se taillait la part belle dans l’esprit de l’artiste qui n’arrivait toujours pas à comprendre comment tout ça était arrivé. Et même s’il n’était pas responsable, putain non parce que jamais il n’aurait voulu que quelque chose comme ça n’arrive !, ça avait été pourtant trop loin pour qu’il n’y ait pas de conséquence. Dray pouvait peut-être passer au-dessus de beaucoup de choses mais... bordel il avait juste réduit ce qu’il y avait entre eux à ‘je t’ai sauté pour passer le temps mais là, j’en ai marre’ et il l’avait blessé, physiquement, alors qu’il connaissait le passif de l’américain et la douleur que cela était, pour lui. Il ne l’avait pas voulu mais il l’avait fait, lui. Évidemment que ça allait laisser des traces… Et ses excuses étaient tellement peu de choses, en fin de compte…

L’artiste pourtant n’avait rien répondu au financier dans un premier temps. Parce qu’il fallait qu’il accepte ses mots, oui, mais surtout qu’il fallait qu’il les encaisse. Il s’en était fallut de si peu pour se perdre cette fois. Et que serait-il advenu de lui si les choses en étaient restées là ? Il ne l’avait pas dit mais il se souvenait de certaines de ses pensées, de son envie de partir du château et de rentrer au States dès qu’il l’aurait pu. Aurait-il été sous l’emprise de ce maléfice ad vitam æternam ? Aurait-il un jour retrouver son libre arbitre et ses souvenirs ? Et Dray, que lui serait-il arrivé ? Parce que de son point de vue à lui, ça n'aurait été que trahison et abandon, alors qu’il n’allait déjà pas bien (même s’il allait mieux depuis qu’il se faisait suivre). Alors bien sûr, il n’en aurait probablement rien eu à faire dans ce cas, tout à sa haine fabriquée, mais Vaughn en pleine possession de ses moyens ne pouvait s'empêcher de redouter cette route qui heureusement n’arriverait jamais. Et cette culpabilité était visible à celui qui savait voir, faisant baisser les yeux de l’artiste plus que d’ordinaire. Et puis, plus prosaïquement, il ne se voyait pas non plus argumenter là, dans ce couloir.

Pourtant la sensation s’accentua alors qu’il entrait finalement dans le bureau.

Le malaise de Dray, devant ses réactions plus marquées, Vaughn ne l’avait pas perçu on s’en doute, peu attentif à ce qu’il l’entourait et encore perdu dans ce marasme qu’il ressentait. Mais ma foi, ce ne fut peut-être pas plus mal. Seulement, la nouvelle explication que ce dernier lui glissa alors qu’il se dirigeait vers la cafetière était un aveux en soi. Ses émotions étaient trop visibles pour son cadet, l'artiste le reconnaissait il n’arrivait à prendre la distance nécessaire face à ce qu’il savait pourtant normal. Bien sûr qu’il avait enlevé ses toiles, c’était logique et il n’aurait pas dû se sentir obligé de s’en justifier. C’était à lui de fermer sa gueule sur tout ça surtout.

Bien sur, je comprends. Elles sont à toi tu peux en disposer à ta guise…”répondit simplement l’ainé des américains en retenant un soupir qui aurait été des plus malvenu.

Et il ne mentait pas, il comprenait parfaitement cette nécessité de neutralité. Dray devait pouvoir continuer à avancer même s’il se passait quoi que ce soit entre eux. Mais… ça n'était tout de même pas facile à entendre. Ça n’aurait pas dû, comme il l’avait dit elles lui appartenaient et il pouvait donc choisir tout ce qu’il voulait en faire sans qu'il n’ait rien à en dire. Mais à côté de ça Vaughn avait été si content quand il avait appris qu’il aimait son travail et qu’un peu de lui parsemait tous les endroits ou il passait le plus clair de son temps… Il avait du mal à rester insensible à ce nouvel état de fait. Il fallait juste qu’il l’encaisse, comme le reste, mais on lui pardonnerait de devoir prendre un peu de temps pour…

Dray, finalement, avait coupé court à ce qui lui trottait dans la tête par une question qu’il n’avait pas anticipée... Malfoy… Non sérieusement c’était le dernier nom qui lui serait venu en tête. Et pour cause : il ne lui serait même pas venu l’idée, seul, que le sortilège qu’on lui avait jeté n’avait que pour but de blesser Dray. Oui, ils étaient proches et ne s’en cachaient pas, mais de là à le prendre lui pour cible juste pour torturer le PDG, avouer que ça ferait sacrément prétentieux de le penser seul. Mais en écoutant les réflexions de son meilleur ami, cela ne semblait plus aussi incongru que cela. C’est vrai, après tout il ne côtoyait pas vraiment de sorciers versé dans la magie noire, il ne côtoyait pas beaucoup de sorciers tout court de toute façon et même s’il était sorti du vieux château pour Londres, pour ses rendez-vous habituel, acheter des fournitures ou plus simplement se balader et chercher l’inspiration, il n’avait pas pour autant parler avec énormément de monde. Et puis, il y avait les gardiens que Dray lui avait attribués… Ils ne les voyaient jamais (ce n’était pas difficile c’est vrai puisqu’il ne faisait attention à rien) du coup, il les oubliait littéralement mais effectivement, s’il s’était passé quelque chose de suspect en dehors de Poudlard, ils auraient repérer l’embrouille… du coup il n’y avait plus beaucoup d’option possible…

J’oublie toujours ton escorte…”répondit-il doucement, un peu à côté comme souvent, alors qu’il se rendait à l’évidence qu’effectivement, vu sous cet angle, il n’y avait pas trop d’autre choix possible.

Récupérant à son tour la tasse contenant le breuvage alors que Dray laissait entendre qu’il avait peut-être tord (mais Vaughn n’était pas vraiment dupe sur ce coup), il se laissa finalement un peu plus aller dans le canapé. Bien sur, être la cible d’un maléfice n’était pas la joie, quelque soit la raison, mais s’entendre dire qu’en plus vous n’étiez qu’un support, juste prit pour cible parce que là et dispo pour ces petites manigances, ça le faisait encore plus chier. Déjà qu’il était obligé de se le farcir pour aider un camp dont il ne savait quasiment rien dans une guerre ou, s’il était concerné comme tous les sorciers, de fait, il ne se sentait pas vraiment engagé, on le prenait maintenant pour le dindon de la farce. Il y avait de quoi l’avoir de travers...

Putain, lui ou pas, il me fait chier… Il va arriver un moment où je ne vais plus arriver à jouer au con avec lui et l’encastrer dans un mur.”et ce jour, ça risquait bien de chauffer pour son cul aussi.

M’enfin, on n'en était pas encore là. Il finit par boire une gorgée du liquide noir alors que le PDG de la Fox semblait toujours perdu dans ses pensée. Finalement, pour le moment savoir qui est pourquoi n’était peut-être pas le plus important, sa relation avec Dray et son attitude par contre, c’était une autre paire de manches. Et il devait toujours répondre à ce que son meilleurs ami avait dit dans le couloir après tout et qu’il ne s’était pas encore sentit le courage d'aborder jusque là…

Tu sais…

Ces premiers mots, il les avait prononcés en même temps que son compatriote. Relevant le regard vers lui, il lui avait alors glisser un “Vas-y je t’en pris...” pour lui laisser la parole en premier et avait écouté avec attention ses mots. Mais finalement, c’est un nouveau soupir qui répondit dans un premier temps aux mots de son meilleur ami.

Tu ne me reproches peut-être pas ce qu’il c’est passé, et Merlin sait que je t’en suis reconnaissant, mais moi, je me le reproche…”avoua doucement l’artiste en replongeant le regard dans sa tasse de café.

Je t’es déjà dis que je n’étais pas foncièrement quelqu’un de bien, tu m’as vu agir avec tes amis et les gens dont je n’ai rien à faire mais… haïr… blesser délibérément… je ne suis plus comme ça… Je ne prétend pas que ce n'est jamais arrivé, je n'en sais rien, mais je ne veux pas être comme ça… et surtout pas avec toi ! Alors je sais que je n’aurais jamais dit ou fait quoi que ce soit contre toi de mon propre chef, je tien beaucoup trop a toi et à notre amitié pour ça, mais savoir que je l’ai fait, savoir que je t’ai blessé moralement mais aussi physiquement, je n’arrive pas à l’accepter…”et à la façon dont ses doigts avaient cramponné la tasse qu'il tenait toujours, rien que de formuler ces mots étaient difficile à l'artiste.

"Ce n'était pas moi avec toi, c'est vrai, mais qu'on ai pu m'influencer, non, m'y obliger, en un clin d'oeil, sans que je ne me rende compte de rien, ça non plus je n'arrive pas à l'accepter. Et heureusement donc que le toubib… Tsuno… ait pu te convaincre..."et noter que l'artiste avait fait un effort pour appeler le médicomage par son nom, preuve qu'il n'avait définitivement plus ce statut "indifférent".

"... Retiens-moi… Si jamais cela se reproduit, retiens-moi s'il te plaît…"murmura-t-il finalement, en écho à la règle qu'il lui avait énoncé plus tôt.

"Parce que maître de moi-même, je sais que je ne voudrais jamais m'éloigner de toi. Pas comme ça. Je ne suis pas comme ça..."et de ça il voulait que son meilleur ami en soit certain...

Oublié ?... Il allait aussi lui falloir un peu de temps...
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Dray Fox
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeDim 13 Juin 2021 - 21:16

[J'ai eu bcp de mal à démarrer, syndrome page blanche et puis.... ^^''' ]


Dray, dans l'ascenseur, appuyé contre sa paroi, en même temps qu’il saisissait le point de vue de Vaughn, prit conscience que si lui avait eu quelques jours pour digérer, son meilleur ami avait encore été dans le brouillard une heure avant et se prenait par conséquent tout de plein fouet. Il comprit soudain le coup d'œil empli de doutes de son aîné face à ses paroles de réconfort. Difficile à croire quand vous vous rendiez tout juste compte du merdier que vous étiez supposé avoir provoqué, forcément. Mais oui, Xander avait toujours droit à ce qu’il avait énuméré puisqu’il n’était pas responsable de ses actes, ça changeait tout ! Et c’était bien là le cœur de leurs problèmes présents.

Et donc, Fox en vouloir à Xander ? Vaste question à laquelle il répondit avec franchise dans l’ascenseur et dans le couloir… Dray devait observer les choses avec objectivité et honnêteté et ce fut ce qu’il fit ces trois derniers jours. Partons donc du postulat que Vaughn ait fait ce qu’il a fait volontairement.

L’artiste n’était pas le premier de ses amis les plus proches avec qui le trentenaire se fightait, émotionnellement ou physiquement. Ce dernier avait même été bien souvent l’instigateur. Il avait un sale caractère, le New-yorkais le savait pertinemment. Il était d’une nature violente même s’il savait le cacher et faire partie de son cercle le plus proche n’était pas toujours une synécure parce qu’il était bien connu qu’on levait plus facilement le masque avec ses intimes. Il s’était battu avec Sergei avant qu’il ne comprenne ses sentiments et disputé un nombre conséquent de fois, Alec aussi, durant sa désintox, Jazz, ou Seiki qui le lui avait bien rendu (le toubib ayant tout de même un coup d’avance, ce qui était délicieusement ironique quand on les connaissait ou croyait les connaître… Bon nombre de personnes auraient perdu leur pari, Fox en était persuadé, s’il avait fallu choisir qui des deux avait l’ardoise la plus chargée envers l’autre...). Et moralement, il leur avait dit des choses pas cool du tout sous l’effet de la colère et/ou du chagrin (les sus-nommés et Tetsuya pouvaient par exemple en témoigner et Fox ne comprenait toujours pas pourquoi le guitariste avait passé l’éponge)… Bref, il s’était comporté en connard plus d’une fois, sur le coup, et pourtant, ils étaient toujours aussi proches. Les meilleurs amis ou amis très proches n’étaient pas à l’abri d’un dérapage, tout dépendait de leur caractère (les sanguins et les impulsifs, on vous salue…) et des épreuves de la vie qui était compliquée et tout sauf idyllique. L’essentiel était de reconnaître ses torts, de savoir s’excuser et d’espérer avoir des potes compréhensifs et pas trop rancuniers et de ne surtout pas reproduire le bordel. Disons que pour Fox, les amis avaient un certain nombre de jokers… Xander n’avait donc pas à s’inquiéter sur ce qu’il avait ou non le droit de faire en tant que meilleur ami avec le New-yorker qui d’ailleurs jugeait qu’un “simple” coup de poing était moins grave en l’occurrence que la blessure émotionnelle qui en résultait ou qui découlait de mots “regrettables”…

Mais Xander semblait croire que le passif de son meilleur ami rendait le pardon impossible. Et c’était étrange pour le coup que le peintre y pense ainsi. Il connaissait pourtant le caractère sanguin et impulsif de Dray, paradoxe à son obsession du contrôle (cette manie étant sa réponse à ces défauts d’ailleurs). Il savait que son cadet n’était pas un enfant de chœur et qu’il était d’un naturel colérique, violent et acerbe. Le début de leur discussion sur la terrasse, la nuit du retour de son père, avait suffi à lever le voile assez rapidement sur ce point. Dray pouvait franchir la ligne et l’avait fait. Si Vaughn ne l’avait pas vu réellement à l'œuvre, il devait au moins s’en douter vu ses réactions ce soir-là et d’autres, des allusions, des sous-entendus ou des récits... Ils se connaissaient. Mais Xander pensait que son cadet ne pouvait pas l’excuser si, lui, la franchissait. Pourquoi ? C’était vrai, Fox avait un passif de violences conjugales et familiales. Mais en quoi ce passif influencerait-il sa relation avec ses amis même les plus proches et surtout sa faculté à leur pardonner sur ce terrain-là ? Dray aurait été particulièrement de mauvaise foi alors qu’il était le premier à tomber dans ces travers avec eux quand la foudre tombait. S’ils avaient été un couple, si les sentiments que le New-yorkais portait à son compatriote étaient clairement partagés, là, oui, Fox n’aurait et ne se serait jamais pardonné. Et il ne pardonnait pas plus chez les autres de tels débordements. Seiki avait été prévenu quand il avait failli lever la main sur Tetsuya, emporté par sa rage. Pour l’Américain, la personne qu’on aimait (au delà des différentes formes d’amour, ne commençons pas à compliquer davantage, on parle du sentiment amoureux au sens large) et ses enfants devaient être intouchables. Là dessus, il était intransigeant. Et il n’avait pas beaucoup d’humour sur la question… Oui mais voilà ! D’amour, il n’en était pas question entre Vaughn et lui, n’est-ce pas ? D’amitié profonde, essentielle voire indispensable, exclusive dans le cas de l’artiste d’ailleurs, oui. Ça, c’était indiscutable. Mais cela n’allait pas plus loin puisque le peintre n’avait aucune idée de ce qui se passait dans la tête (ou le coeur…) de son compatriote et ne ressentait de toute façon pas cela. Sans prendre en compte ses sentiments, s’il n’y avait que cette amitié singulière dans la balance, est-ce que Dray aurait pu passer au-dessus s’il n’y avait pas eu manipulation ? Non. Et pour un point précis qu’on développera plus loin. Est-ce que son passif aurait eu un impact sur cette décision. Non. Fox savait très bien qu’il ne fallait pas tout mélanger. Il n’aurait pas eu ce passif, cela n’aurait rien changé au résultat. La chute dans l’escalier, avec le recul, Dray pouvait d’ailleurs passer outre avec un peu de temps. La notion de réaction réflexe face à son approche trop vive, parce qu’il avait envahi l’espace vital du peintre jusqu’à le retenir, au mauvais endroit, il le comprenait après quelques jours à y réfléchir et se visionner la scène. Seiki lui avait bien foutu une gauche pour les mêmes raisons sur le terrain de basket plusieurs années avant et s’il lui avait fallu une bonne semaine, Fox avait fini par effacer grâce aux excuses de l’Eurasien. Ce qu’il ne pouvait pas pardonner, là, Xander avait parfaitement raison, si cela avait été de sa volonté, sentiments ou pas, excuses ou pas, c’était d’avoir rendu leur amitié à l’état de rien en le reléguant à très vulgairement vide-couilles pendant dix piges et l’ayant jeté comme on change de balai parce qu’on s’est simplement lassé du précédent et que le dernier modèle est sorti. Là, c’était trop lui demander. Le poignet cassé, ce n’était presque rien. Ça, c’était presque tout. Dray avait (très ?) peu d’estime de lui-même mais il ne fallait quand même pas charrier.

Mais Xander avait été manipulé par ensorcellement et cela changeait tout. Ce fut donc ce qu’il dit.

Ce qui se serait passé si Seiki n’avait pas compris que quelque chose ne cadrait pas et ne lui avait pas secoué les puces ? Mieux valait ne pas extrapoler, d’autant plus que cette voie ne serait jamais empruntée puisque l’Eurasien avait corrigé la trajectoire. Ils ne le sauraient jamais alors à quoi bon ? C’était stérile de se torturer à imaginer des trucs qui ne se produiraient jamais. En bien comme en mal d’ailleurs. Si vraiment il fallait une réponse, c’était clair, il ne se serait rien passé de joyeux. Pour les détails, par contre, était-ce vraiment utile de retourner le couteau dans la plaie ? Pour une fois, ce n’était pas Dray qui ressassait l’impossible, surtout que lui ne savait pas en plus les envies de prendre la tangente du peintre, ce qui avait été une chance dans leur malheur.

Dray la voyait, cette culpabilité, tirailler son habituellement impassible compatriote. Peut-être parce qu’il la ressentait trop souvent. Et il la vit encore plus quand Vaughn aperçut le mur nu alors qu’il accrochait sans regarder son ulster au porte manteau à côté de la porte. Alors Fox, en se dirigeant vers la machine à café, avait fourni une explication à leur disparition qui ne devait pas enfoncer un peu plus la tête dans l’eau à son meilleur ami. Mais, sans pouvoir se l’expliquer, par instinct, l’homme d’affaires sentit dans la réponse du peintre qu’un voile néfaste persistait. Peut-être, ce choix de mots, “à ta guise”. Dray posa la tasse qu’il venait de saisir et se retourna lentement, abandonnant pour un temps le café pour dire avec douceur :

“Justement non. Ce n’est pas parce que j’en ai envie et que ça me plait. J’ai des regrets de ne pas les raccrocher ici. C’est un choix non pas dicté par caprice mais par nécessité, justement parce qu’elles sont trop chères à mon cœur. Et je veux être certain que tu saches que ce n’est pas parce que je garde un quelconque mauvais sentiment à ton égard, au contraire.”

Au contraire, il tenait trop à lui. Cela aurait été plus simple si justement, ses sentiments l’avaient mis en veilleuse, s’il ressentait encore de la colère ou juste moins d’amitié. Dray avait disséminé des peintures de Vaughn dans tous les endroits où il vivait, c’était vrai. Même le hangar de sa collection, avant qu’il ne se décide à se séparer de la plupart de ses pièces, en avait contenu une. Justement parce qu’il l’aimait de ce sentiment d’amitié indéfectible d’abord, et amoureux déjà évoqué, ensuite, par-dessus le marché. Il ne s’était pas douté que cela aurait cet effet pervers de le torturer émotionnellement en cas de dispute. Et pourtant, Fox aurait dû le prévoir… Il était le premier à dire que c’était à chaque peinture, un bout de Vaughn. Forcément, dans ces conditions, la vue de ces toiles allait être aussi dévastatrice qu’elle était réconfortante, selon “la météo” de sa relation avec l’artiste. Et s’il n’était pas question que le trentenaire dénude le Refuge, il était nécessaire qu’il le fasse pour son bureau parce qu’il ne pouvait pas se permettre de “faiblesse” au travail. Trop d’argent et d’emplois étaient en jeu, là. On n’était pas du tout dans la sphère privée et celle-ci ne devait pas avoir d’influence (ou en tout cas le minimum parce que la théorie faisait partie des mondes parfaits) sur la sphère professionnelle. Au même titre qu’il refusait que celle-ci affecte la sphère privée. Or en installant des peintures de Vaughn dans son bureau, Fox avait fait se télescoper les deux sphères. Et puis, il avait bien fallu qu’il se trouve “un abri”. Alors quitte à bien séparer les choses, autant faire d’une pierre, deux coups. Et quoi de mieux pour un terrain neutre que la sphère pro où le privé n’avait pas sa place ?

Enfin bref, Dray revint à ses mugs de café. Et il en vint à Malfoy.

Que Vaughn réponde à côté n’était pas ce qui dérangeait Dray. Encore que là, il ne trouvait pas sa remarque dissonante, au contraire. Xander reconnaissait simplement que cette donnée, à elle-seule, rendait caduque toute tentative de contre-argumentation. Et New-york savait très bien que cette protection passait à des kilomètres du Tennessee et que donc, il n’y avait naturellement pas pensé. Et c’était d’ailleurs l’une de leurs consignes : se faire invisible, oublier, tant pour Xander que pour le reste de la bande d’ailleurs. Fox ne voulait pas empiéter sur la liberté de ses proches pour apaiser ses craintes. Et Merlin savait que Vaughn tenait à cette liberté. Comme à son habitude, Dray avait cherché le compromis pour ne froisser personne tout en se rassurant. D’ailleurs, il n’avait aucune connaissance du contenu des rapports des escortes et ne voulait pas le savoir. La sécurité n’était pas de l’espionnage, jamais ! Seul Manning au final, en tant que coordinateur, savait qui était où et faisait quoi.

Malfoy donc… Alors que Vaughn prenait son café pour s’enfoncer dans le canapé et dissertait avec justesse sur la punaise, le New-yorker prit son étui à cigarette et son briquet de la poche de sa veste et une cigarette de l’étui avant de le proposer ouvert à son camarade pour qu’il se serve.

“Prem’s. Et pas sûr qu’il reste quelque chose à encastrer après…” gronda presque Fox en allumant sa cigarette, dans son habitude de parler dans la manœuvre. Il fit finalement claquer brutalement son zippo et le jeta presque avec son étui sur la table en reprenant, la colère en fond sonore, évidemment en aucune façon tournée vers Vaughn.

“En parlant de ces entrevues, ça ne t’étonnera pas si je te dis que… sans vouloir t’imposer quoi que ce soit… mais quand même si, pour une fois, vachement, bordel !, …  je ne veux plus que tu prennes le moindre risque et je veux que tu te tiennes loin de lui à l’avenir. Rien à foutre du Conseil d’administration, de ton boulot d’émissaire, ou d’Umi que j’adore ou de Poudlard et encore plus de la guerre ! Ou alors plus question que tu fasses tes rapports seul avec lui et sans protection. Et rapprochée, cette fois !”

Parce que si les choses s’envenimaient encore, (et elles allaient s’envenimer encore, parce que Malfoy venait de déclarer la guerre), ça allait chauffer pour plus d’un cul, là, et surtout le leur. Pas parce que Dray était revanchard qu’il n’avait pas aussi conscience qu’en ripostant de manière directe, en “l’encastrant” et en lui faisant bouffer sa canne, il n’allait pas au devant de gros ennuis (il était peut-être doué en magie de combat mais pas au point de rivaliser avec des tordus de la magie noire), et donc risquait bien d’entraîner Vaughn dans son sillage encore une fois… Et si Vaughn mettait ses propres menaces à exécution, de la même façon, le peintre allait en effet se manger un retour salé de bâton. Lucius Malfoy n’était pas Jo le rigolo quand même. Il venait d’ailleurs de le prouver, ce bâtard.

Finalement sa réflexion quitta cette question pour se poser à nouveau sur ce qu’ils avaient traversé.

Surpris et amusé qu’ils veuillent prendre en même temps la parole et en commençant par les mêmes mots, Dray remercia Vaughn d’un hochement de tête avec un sourire de lui laisser la primeur. Il expliqua donc son point de vue et à son tour, écouta ce que son aîné avait à dire. Et il en fut touché à plus d’un titre. Avant toute chose, il aurait fallu être sourd pour ne pas entendre la détresse du peintre. Et puis d’abord, c’était toujours particulièrement agréable d’entendre que l’homme que vous aimiez tenait beaucoup trop à vous et à votre amitié, surtout après ce qu’ils venaient de se manger. Ensuite, il était heureux de discerner le nom de famille de Sei dans une correction volontaire de Vaughn, et croyez bien qu’il en percevait tant l’importance que la portée. Et enfin et surtout !, Vaughn par sa prière, venait de faire passer leur amitié avant sa liberté.

Le problème, c’est que, cette prière, il ne pouvait pas le lui accorder…

Fox prit le temps de la réflexion, observant la pointe de sa cigarette se consumer. Ce que disait Vaughn remettait ses propres interrogations, ses craintes, ce qu’il croyait avoir compris en question… Chaque chose dans l’ordre. Il dit très posément, avec un recul inouï pour le coup, puisque trois jours avant il était dans une fureur et un désespoir noirs.

“Que ce soit clair, ce que tu as fait sous envoûtement, je l’ai fait sans, dans cette époque de petit con arrogant et odieux dont je t’ai déjà parlé plusieurs fois mais toujours vaguement. Tu m’aurais détesté ou pas calculé. Mais j’étais tellement atteint que sincèrement, je pense que tu m’aurais encastré à plus ou moins long terme. Bon, l’autre, on avait “que” quelques mois derrière nous et ce n’était “qu’un ami parmi d’autres”. Mais je ne crois pas que cela atténue la gravité des faits. Donc, sachant cela, garde à l’esprit que l’argument “je te connais, tu ne l’aurais jamais fait ou pas comme ça” ne tient pas. J’ai été comme ça. J’en arrive au fait : si nos rôles étaient inversés, qu’est-ce que tu me dirais ? Tu m’en voudrais ?” demanda le New-yorkais, à peu près sûr des grandes lignes de la réponse. Il pouvait bien lui dire sur tous les tons et par dix formulations différentes que ce n’était pas de sa faute et qu’il n’avait pas à s’en vouloir il n’était pas certain que cela persuade Vaughn d’arrêter de culpabiliser. Mais s’ils prenaient le problème sous cet angle particulier, si Dray ne faisait pas fausse route sur les sentiments de son ami dans ce cas, il voulait l’amener à comprendre que si le peintre ne lui en voulait pas dans un monde parallèle où c’était Fox qui avait été ensorcelé et Xander la cible finale, ce dernier devait se pardonner dans cette réalité là parce que sinon ce n’était ni juste, ni logique. Cela aurait encore moins de sens. Pourquoi t’en vouloir de quelque chose si tu ne m’en veux pas pour cette même chose ?

“On peut rarement lutter contre la magie noire par sa simple volonté, encore plus quand on ignore avoir été ensorcelé. N’est pas Harry Potter ou Umi Kanzaki qui veut ! Et connaissant Malfoy, il t’a attaqué dans le dos. Et Seiki (un des meilleurs médicomages de sa génération à qui il a quand même fallu trois jours de recherches pour trouver l’antidote, quand même, preuve de la puissance du bordel et donc je ne vois pas comment tu aurais pu résister tout seul ! Il aurait fallu être un mage vraiment balèze !), Sei donc, a été très clair, ton cerveau a été programmé par le sortilège pour que tu ressentes et agisses en conséquence. Ce maléfice n’est pas un révélateur de ce que tu es dans les ténèbres, il t’a contraint à être dans les ténèbres. Tu te reproches des choses qui n’ont pas lieu d’être. Si vraiment tu veux poser intégralement le problème, ok. La question est : étais-tu prédisposé à ce qui s’est passé ? C'est-à-dire, aurais-tu agi différemment si tu n’avais pas eu le caractère et le passé que tu as ? Oui, peut-être. Peut-être ne m’aurais-tu pas dit ce que tu as dit. Peut-être que tu ne m’aurais pas poussé parce que je t’ai attrapé subitement le poignet sans ton consentement. Aurais-tu agi avec plus de mesure, de pondération ? Non. Tu m’aurais haï quand même et agressé différemment, d’autres mots, d’autres gestes, parce que le maléfice faisait en sorte que ce soit comme ça. N’oublie pas que Seiki a dit que la personnalité même était façonnée pour que cela cadre avec l’émotion imposée. Ce n’était tellement pas toi que la magie a dû effacer l’intégralité de tes souvenirs de nous pour que ça puisse te paraître crédible. Sei a parlé de mémoire retravaillée, dans ton cas, c’est carrément purgée ! La seule vérité à retenir, c’est que tu ne me hais pas et que tu ne me ferais pas de mal volontairement et qu’on le sait à présent tous les deux. Tu me le dis, je te crois. Je n’ai pas besoin de plus. On s’en est encore une fois tirés et c’est tout ce qui compte, qu’importe ce que tu as fait sous l’influence de cette saloperie. Je refuse de m’arrêter à ce qui s’est passé ou ce qui aurait pu se passer parce que Malfoy aura alors quand même gagné.”

Dray s’arrêta là dessus, quelques instants pour boire un peu de café et tirer sur sa cigarette pour dire de reprendre haleine. Il poursuivit néanmoins un peu plus sombrement et en même temps avec plus de douceur, quelque chose de triste. Ce n’était plus un simple exposé de faits. Là, on entrait dans le très personnel...

”Pourtant... Je me suis posé la question de jusqu’où tu avais été influencé (maintenant on le sait, le terme exact est obligé, je suis d’accord), jusqu’à quel point ta personnalité avait subi des changements et ce qui se passerait si les hasards et les claques de la vie faisaient qu’un jour, tu me haisses réellement, de ton propre chef. Cette question me travaillait encore ce matin. Elle me travaillait encore il y a moins de cinq minutes puisque je t’ai dit craindre ce jour. Mais le fait que tu me demandes de te retenir, toi qui mets la liberté en première valeur de ta vie… J’ai eu la réponse. Je n’ai pas la prétention de croire que notre amitié durera jusqu’à la fin de nos vies, nous deux devenus des vieillards de cent et quelques piges. C’est une belle idée et j’aimerais sincèrement… Mais… The life is a bich… Et cette garce n’a pas fini de se foutre de notre gueule. Bref, ce n'est pas la question. Ce qui l’est, c’est que je sais que, même si on ne s’entend plus pour une raison ou une autre, le fait que tu ais placé notre amitié avant ta liberté, est la preuve que quoi qu’il arrive, il y aura toujours du respect entre nous. Et je n’ai pas besoin de plus. J’ai toujours eu la conviction jusqu’à cet escalier que tu n’es pas comme ça. J’ai toujours dit que tu étais quelqu’un de valeur, quelqu’un de bien, et même de meilleur que moi. Moi, je suis capable de dire des horreurs et même de défoncer quelqu’un par haine et même sans, et sans maléfice pour me pousser au cul, je te le garantis... Exemple parmi tant d’autres, Hawks, le voleur de l’Isabelle, se souvient très bien de sa raclée et heureusement, Parker puis Manning m’ont arrêté. J’ai tué par survie certes mais aussi poussé par la haine. Je suis violent, c’est comme ça. Bref, je dévie. Et donc j’ai découvert cette soudaine facette de toi, j’ai pris une claque et j’ai eu peur parce que… tu m’as fait du mal et elle ne cadrait pas du tout avec ce que je connaissais de toi. Mais… Je l’ai prise pour argent comptant… Et ça c’est grave. Il a fallu que Seiki vienne ici et argumente pour que je réagisse. Il m’a, en autres, dit que je ne pouvais pas me tromper aussi longtemps et à ce point sur quelqu’un, qu’il fallait que je te fasse confiance. En colère et blessé, j’ai rejeté ses arguments, maintenant je comprends ce qu’il voulait dire. J’aurai dû me faire confiance et ne pas douter de toi. J’aurais dû savoir sans arguments, sans preuve que tu n’es pas comme ça,... ce que je savais déjà, depuis toujours ! Et si tu t’en veux de m’avoir blessé malgré toi et de ne pas avoir pu résister à la magie noire, je m’en veux d’avoir écouté mes démons et encore plus, immédiatement. Ils n’ont eu aucun effort à faire. Je m’en veux de ne pas être foutu de faire confiance à quelqu’un, même et surtout à mon meilleur ami.”

… à la personne qu’il aimait…

“Et tu devrais m’en vouloir pour ça. C’est un manquement au moins aussi grave que le tien. Il faudra pourtant que toi et moi, on finisse par accepter. Pas le choix pour avancer et crois moi, je commence à en connaître un bout sur la question… Ça prend juste plus ou moins de temps.”

Dray, en effet, malgré le fait qu’il ait fait de gros progrès avec les années, avait pourtant encore des choses à accepter. Il guérissait mais il n’était pas au bout du chemin. La preuve en était avec cette notion de confiance. Et il alla d’ailleurs plus loin dans “l’explication de texte”. Il s’assombrit encore un peu et tenta sans grand succès de dissimuler cet état de fait en buvant encore un peu de son café et en tirant sur sa cigarette.

“A ce propos,... je peux pas te retenir… Pas encore en tout cas. Et je ne sais pas si je le pourrai un jour. Ce n’est pas contre toi, surtout. Je ne peux plus faire de promesses, encore moins quand je sais que je ne pourrai pas les tenir. Tu vas être en total désaccord avec ce que je vais dire mais je veux que tu comprennes d’où on part et pourquoi je refuse. Et à quels démons je fais référence aussi... J’ai toujours fait passer, ou presque toujours, les besoins ou plus généralement les désirs de mes proches avant les miens, ça, tu le sais. Je ne retiens personne en est la quintessence. Je sais ce que je vaux, c’est à dire rien ou peu, je lasse, je déçois, s’attacher à moi est une perte de temps et d’énergie et par conséquent, je n’ai aucun droit de retenir quelqu’un. Qui suis-je pour vous empêcher de trouver votre bonheur ailleurs, d’autant que cela ne peut de toute façon pas être auprès de moi ? Personne. Et puisque tout le monde va se barrer un jour ou l’autre, ne fais confiance à personne, tu souffriras moins. Alors, je te rassure, si l’on peut dire, je sais que j’ai faux, que c’est peut-être ma plus importante névrose. J’ai fini par le comprendre heureusement. Je  travaille à… “me reprogrammer” là-dessus mais… c’est long et pas facile. Donc tu me demandes de faire passer mon besoin de te garder auprès de moi avant ta liberté que je place de toute façon déjà au premier plan parce que je n’ai pas de légitimité et que t’as toutes les raisons dès le départ de vouloir te barrer. Depuis dix ans, je me demande ce que tu fous avec moi. Encore que je fais des progrès parce que quand Seiki est venu me trouver, j’étais vraiment furax et que le sentiment d’injustice me bouffait les tripes. Alors certes, j’ai quand même cherché dans le moindre détail ce que tu me reprochais mais j’ai rien trouvé, ce qui est nouveau, parce que d’habitude, je trouve toujours un truc qui est généralement “t’es naze”, ça suffit. Là non, j’ai eu envie de t’en décalquer une et de te faire bouffer ton “je me suis lassé”. Preuve du progrès puisque je l’ai moi-même longtemps pensé. Avant, il n’y avait que le chagrin et la confirmation de ce que je pensais être vrai, pas la colère, pas pour les bonnes raisons en tout cas. Enfin pour en revenir à ta demande, tu vois le problème ? Je suis désolé, vraiment de te refuser ça mais là, tu me demandes réellement l’impossible. Ce ne serait pas honnête.”

Vaughn avait tout le temps qu’il voudrait parce que d’un, Dray avait bien conscience que ce genre de travail sur soi prenait du temps et de deux, lui-même, pendant ce temps-là, continuerait à régler la montagne de problèmes psy qu’il se trimballait.


[ ....  Laughing Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 73164  ! Bon je ne suis pas foncièrement satisfait de la forme mais le fond, Dray est content, c'est l'essentiel ! XD]
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeLun 28 Juin 2021 - 22:28

[Je l’aime quand même t’inquiète ^^ Bon y en a un qui est un peu moins content mais ca c’est pas grave xD ]

Sauf que… Si Vaughn avait délibérément voulu s’éloigner de Dray, même si c’était la chose la plus improbable qui soit, il l’aurait fait différemment. Ou en tout cas il aimait à le penser. Parce que même si pour une raison ou une autre il ne supportait plus d’être un membre de son entourage, il avait tenu à lui si longtemps et avec tant de force que se comporter comme le dernier des connards, franchement, ça n'était juste pas possible. Parler franchement et peut-être pas avec la meilleure des diplomaties, le connaissant, oui c’était plus que probable mais vouloir délibérément lui faire du mal. Non. Sérieusement, juste non. Et que Dray puisse croire qu’il en était capable aurait profondément blessé l’artiste… en temps normal en tout cas. Parce que là, après ce qu’il avait fait… la donne était un peu différente à présent, au moins tant qu’il n’avait pas définitivement avalé tout ce qu’il s’était passé.

Quand a cette notion de pardon… oui il connaissait le caractère de Dray, mais il avait déjà mal pris, quelques années plus tôt, ce qui n'avait été qu'une simple blague (de mauvais goût soit mais rien que des mots sans conséquence finalement)… et la, il ne s'agissait pas que de mot justement… De plus, comme il avait été souligné et le compris Dray, Vaughn n'avait pas le recul nécessaire sur la situation. Dans quelques jours, il comprendrait que ses pensées avaient probablement été excessive et que, puisqu'il ne voulait pas ce qui c'était passé son meilleur ami passerait outre mais comment pouvait-il y penser en ces termes actuellement ? Non, pour lui il était évident que tout ceci ne pouvait que laisser des traces sur leur amitié, et il n'était pas d'un naturel optimiste alors elles ne seraient fatalement que mauvaises.

Et bien sûr que son passif jouerait dans la balance… Oui Dray pouvait se montrer excessif, voire violent, même si il ne l'avait jamais été devant lui rien que le récit sur l'épisode de l'Isablelle et du cas de son voleur l'en avait assuré. Mais ça n'était pas la même chose à ses yeux justement parce que ce n'était pas un proche. Être violent avec un inconnu ou un indésirable, ça n'avait pas la même portée que l'être avec quelqu'un dont on était proche et que l'on était censé chérir. Et il était son meilleur ami, il n'était donc pas censé être violent à son égard, point. Il n'y avait pas de différence entre l'amitié et l'amour dans la tête de Vaughn sur ce point précis (et vu qu'il ne comprenait pas ce qu'était l'amour, ce n'était pas très étonnant). Enfin, il comprendrait bien vite qu'il projetait simplement ses craintes sur l'américain… et dans le fond, c'était tant mieux. Il chérissait leur amitié et ça l'aurait foutu en l'air de la perdre à cause d'un maléfice lancé par un tordu frustré…

Mais il n’en avait rien dit alors il n’y avait pas à épiloguer plus sur l’affaire. Il lui fallait juste du temps et fort heureusement, ce n’est pas ce qui leur manquait maintenant qu’il avait retrouvé ses esprits et que Dray lui avait semble-t-il déjà pardonné même s’il ne l’explicita véritablement qu’un peu plus tard, dans le bureau.

Et d’ailleurs en parlant de bureau, l'absence des toiles de l’artiste avait fait leur effet sur ce dernier. Bien sûr, il avait tempéré sa réaction en réaffirmant à son meilleur ami qu’il comprenait et qu’en plus il n’avait pas son mot à dire sur la question mais il sembla que son choix de mots ne soit pas le plus adéquat. Et pour les raisons que son petit camarade allait exposer. Parce qu’il avait parfaitement compris ce que Vaughn avait derrière la tête, évidemment, il le connaissait si bien…

"Je te crois et je te le répète, je comprends parfaitement cette nécessité de neutralité. Mais ne m’en veux pas de prendre un peu de temps pour l’encaisser… Ca et tout le reste d’ailleurs."répondit-il avant de laisser passer un léger soupir cette fois. Franchement, il ne lui facilitait pas les choses sur ce coup l’américain.

Bien sur, il lui disait cela pour le soulager et lui faire comprendre qu’il ne lui en voulait pas, Vaughn l’avait parfaitement détecté, mais il ne se rendait pas compte que de l’entendre se justifier alors que justement il n’aurait pas du et que surtout il ne se sentait aucunement légitime de les lui demander, ca ne l’aidait pas vraiment. Alors c’est vrai qu’il ne lui demandait rien, que Dray le faisait de son propre chef, mais c’était son attitude qui le poussait à prendre cette décision alors il avait l’impression qu’il l’interrogeait. Et quand on savait comme il était à cheval sur le fait de ne pas poser de question (ou le moins possible en tout cas car cela arrivait quand même, parfois, de ne pas réussir à se retenir)... Bref il ne fallait pas que Dray prenne tout ça trop à coeur, c’était juste trop frais dans l’esprit de notre artiste tout ça.

Et heureusement effectivement que Dray n’avait aucune intention de “dénuder” le refuge parce que s’il comprenait la nécessité qu’avait émis le PDG, avec raison on n’y reviendrait pas, il aurait vraiment très mal pris ce parti pris de le rayer de sa demeure. Il en avait le droit, bien sûr, et il aurait passablement fermé sa gueule s’il en avait fait le constat, mais clairement il n'aurait pas réussi à l’avaler.

Enfin, avançons donc dans notre histoire, donc, puisque l’artiste n’était pas décidé à en ajouter davantage sur ce point.

Ça, on pouvait dire qu’au moins avec l’artiste ils n’avaient pas trop de problème pour passer inaperçu les mercenaires ! Ça ne devait franchement pas être la même limonade pour tout le monde (voir même quasiment impossible dans certains cas, notamment avec l’Auror). Quant aux rapports… ma foi il n’aurait pas été dépaysé en lisant ceux de Vaughn si ce dernier les lisait un jour vu la routine limite monotone que pouvait avoir le peintre. Quand il sortait du château, c’était principalement toujours pour la même chose : ou acheter des fournitures, ou se rendre à la galerie pour un de ses rendez-vous. Il lui arrivait de flâner dans Londres de temps à autre bien sûr ou d’aller boire un verre dans le bar où il avait emmené son cadet une fois mais ce n’était pas vraiment ni régulier, ni habituel. Bref il se serait passablement ennuyé quoi. Mais Vaughn avait conscience que Dray ne le faisait suivre que pour le protéger, pas pour le fliquer. Pour ça qu’il avait aussi facilement accepter la chose d’ailleurs (et c’était là une sacrée marque de confiance vu comme il tenait à la liberté, sous toutes ses formes).

L’artiste prit une des cigarettes quand son cadet lui tendit son étui, il en avait besoin, mais prit une bonne minute en ruminant sur le cas Malfoy avant de l’allumer. La réponse du New Yorkais à sa réflexion acerbe ne le surprit pas vraiment, après tout ce dernier l’exécrait autant que lui et après la crasse qu’il venait de leur faire, fatalement… Mais bon si c’était bien lui, sachant d'où partait cette vendetta, ce n'était peut-être pas le meilleur calcul du monde ce que disait ouvertement son meilleur ami. Alors il n’avait nullement l’intention de l’en dissuader, il était bien assez grand pour prendre ses propres décisions mais il ne put s'empêcher de relever les yeux vers lui et lui glisser une mise en garde, inutile soit mais à ses yeux tout de même nécessaire…

"Fait quand même attention a toi. Avec ce qui vient de se passer, je ne suis pas sûr qu’une guerre ouverte soit le meilleurs plan même si, entre nous, j’adorerais y participer…

Parce que bon, mine de rien il l’avait quand même ensorcelé et fait participer à sa mascarade juste pour faire chier Dray et ce, uniquement parce que ce dernier s'était ouvertement opposé à lui quoi (de ce qu’il en savait en tout cas)… Alors même si maintenant il ne les surprendrait plus…

Alors qu’il prenait une inspiration de son poison, quelque chose qu’il n’avait pas vraiment prévu se passa. Dray, ouvertement, lui demanda ou plutôt exigea de lui qu’il arrête de traîner avec Malfoy… ou en tout cas pas seul. C’était assez rare, pour ne pas dire exceptionnel que Dray lui fasse une telle demande, que l’artiste resta une seconde à le regarder, presque étonné. Enfin, il comprenait évidemment pourquoi il lui disait ça, et ça rejoignait un peu sa pensée précédente, mais que voulez-vous il ne s'habituerait jamais totalement à ses élans protecteurs envers sa personne. Il laissa finalement échapper la fumée qu’il avait retenue une seconde dans ses poumons avant de boire une gorgée du liquide sombre histoire d’ordonner un peu ses pensées tout en réfléchissant à comment il pourrait concrètement répondre à cette requête. Et à vrai dire, Tennessee ne voyait pas trop comment se dépatouiller de cette histoire…

"J'aimerais bien m’en passer et ne plus voir sa tronche, sois en assuré, mais même avec la meilleure volonté du monde je ne vois pas trop comment je pourrais faire ça sans me griller totalement. Et je n’ai pas encore l'âme d’un martyr pour me mettre délibérément dans le viseur de l’autre sociopathe…"répondit franchement Vaughn. Non parce que refuser de continuer ses rendez-vous sans une excellente excuse crédible et pas le moins du monde suspecte, alors qu’il tuyautait depuis des années, c’était comme se dessiner une cible dans le dos pour lui, leur patron voir même toute leur organisation de tarés vu sur qui il tuyautait (même si c’était du pipeau pour la plupart ou des informations choisi par l’autre camps).

"Et je doute, en prime, qu’il me lâche la grappe aussi facilement…"

Non ça ne lui plaisait pas et sérieusement il commençait à en avoir ras-la-casquette de toutes ces conneries, même s’il avait accepté de s’y soumettre, mais s’il avait une meilleure solution il était preneur…

Mais un plus gros morceau les attendait à présent et sérieusement, Vaughn n’avait pas plus envie de se pencher sur le cas de la baudroie pour ce soir. Il avait d’autres priorités et elles tenaient toute en l’homme qui lui faisait face et qu’il avait blessé. Et même s’il passait l’éponge sur ce qu’il avait fait sous le coup du maléfice, il fallait qu’il dise ce qu’il avait sur le cœur pour définitivement clôturer toute cette histoire. Et il avait cette fois fait une demande ouverte à son meilleur ami, parce qu’il en avait besoin pour s’apaiser. Il avait besoin de savoir que si un jour on l’obligeait à se détourner de lui, il ferait tout pour l'empêcher.

Vaughn, une nouvelle fois, avait écouté attentivement la réponse de son meilleur ami. Avec patience et retenu, il avait attendu la fin de ses explications sans le moindre mot. Et croyez bien qu’il en avait fallu des efforts à l'artiste pour le faire, preuve de la considération qu’il avait pour son cadet. Mais ce dernier avait effectivement raison : il y eut plusieurs choses qui eurent du mal à passer dans son discours. Ho il le remercia intérieurement d’être aussi franc et honnête avec lui, bien sûr, mais… Un nouveau soupir passa les lèvres de l’artiste, lourd et un peu triste aussi il ne put le cacher totalement, alors qu’il plongeait une nouvelle fois son regard trop vert sur le contenue d’encre de sa tasse. Et c’est cette fois sans relever les yeux vers son compatriotes qu’il avait repris la parole, répondant point par point à ce qu’il avait dit pour lui faire comprendre son point de vue sur tout ca…

"Je ne t’aurais sans doute même pas calculé à l’époque, ou alors oublié dans la seconde. Comme je te l’ai dit je n'étais déjà pas très fréquentable… encore moins que maintenant pour dire. La seule différence c’est que ça n’aurait jamais duré 10 ans avant que je ne décide de disparaître, une nuit suffisait."répondit-il finalement, bien conscient que jamais il n’aurait eu la relation qu’il avait aujourd’hui avec son cadet si jamais ils avaient eut le malheur de se rencontrer plus tôt.

"Mais tu le dis toi-même : ça a été. Et ce n’est pas le Dray que je connais comme je ne suis plus non plus, en tout cas je l’espère de tout cœur, le connard incapable de reconnaitre un mec avec qui il a couché la veille, de cette époque-là. Alors j’avoue, ce n’était pas pour faire délibérément du mal que j’étais ainsi, j’en avais juste rien à foutre de tout et de tout le monde. Pour ça que je ne pense pas avoir déjà haït quelqu’un en dehors de mes parents d’ailleurs... Et de ses connards de mangemorts depuis quelques temps aussi, j'avoue. Mais ça ne fait pas de moi quelqu’un de plus fréquentable ou de moins odieux... et n’est pas non plus une excuse."et s’il avait aussi fermement affirmé qu’il ne voulait plus être comme ça, c’était bien parce qu’il sous-entendait qu’il l’avait été. Pas au point que le sortilège avait voulu lui faire croire, vu qu’il ne ressentait pas de haine et donc n’aurait pas agi de la sorte à l’époque (en tout cas il le pensait) mais il aurait très bien pu tourner les talons sans une explication, ça, oui.

"Et pour ta question… non. Bien sûr que non. Comment t’en vouloir si tu n’es pas maître de tes actes ? Et je sais que je ne devrais pas m’en vouloir non plus dans la logique des choses, mais si les sentiments et les ressentis étaient logiques ça se saurait…"et de ça aussi il fallait que Dray en prenne conscience.

M’enfin, jusque là et même si ce n’était pas forcément évident à dire ouvertement, on était encore dans le facile. Ce qui allait suivre serait un peu plus compliqué à répondre parce qu’on entrait dans le très personnel et surtout dans le cœur même de la relation qu’ils entretenaient, en plus d’être les principaux problèmes de leurs caractères respectifs. Et à vrai dire, Vaughn ne savait pas vraiment comment formuler ce qu’il pensait réellement de tout cela sans égratigner encore plus ce qu’il y avait entre eux alors que c’était tout ce qu’il voulait éviter. Mais c’était aussi, dans le même temps, trop important pour qu’il garde le silence…

"Je ne t’en veux pas d’avoir douté. Je ne dirais pas que ça ne m’affecte pas, surtout vu ou ça nous a mené, mais j’ai aussi des principes plus que tranchés. Je désapprouve le mensonge dans mes relations et tu le sais. Alors si je te dis que j’en ai marre de toi, c’est assez logique que tu le prenne pour argent comptant. Surtout que je sais aussi ton peu d’estime de toi-même même si je ne le partage pas. Alors bien sûr c’était le sortilège et tu as eu tort de me croire dans ce cas de figure puisque je ne le voulais pas moi-même, mais je ne t’en veux pas du tout. Quand à ce que je te trouve… je te retourne la question. Tu es bien la seule personne qui s'intéresse à moi, alors que l’inverse n’est pas vrai… si ce n’est pas une preuve que c’est encore plus bizarre dans ce sens là…"répondit doucement l'artiste sans pour autant relever les yeux, les gardant obstinément sur sa tasse alors que sa cigarette se consumait entre ses doigts.

"Mais… Ma demande n’a rien à voir avec toi, tes névroses ou ce que tu veux Dray : elle est purement égoïste, là est toute la nuance. Je ne te demande pas de me retenir dans n’importe quelle circonstance, je ne te demande pas non plus de t’accrocher à moi contre ma volonté si tu pense en tout cas qu’il s’agit vraiment de ma volonté propre, mais simplement de ne pas me laisser me détourner de toi sans explication. Parce que non, je ne pourrais pas te détester, surtout pas sans raison du jour au lendemain et que j’ai besoin que tu en aies la conviction. Parce que je sais que je suis très loin d’être un grand sorcier et que je ne pourrais pas résister si on me lance à nouveau un maléfice. Parce que je ne veux pas que quelqu’un d’autre que nous ne décidions de mettre un terme à notre amitié ou même à toute forme de relation entre nous et que je veux avoir la certitude que si jamais on tente de me manipuler à nouveau tu réagiras. Je veux croire, non, j’ai besoin de croire que ca ne pourras pas se reproduire et qu’aucun maléfice ne pourras faire de dégâts à ce qu’il y a entre nous sans que tu ne t’y opposes."

Finalement, Vaughn prit une nouvelle bouffée de nicotine, parce qu’il en avait vraiment besoin après ce qu’il venait de confier. Il n’était pas un grand bavard notre artiste, surtout pas quand ça le concernait d’un peu trop près ou exposait ses sentiments et ne l’avait jamais été après tout. Mais il y avait des choses qui avaient besoin d’être dites, surtout après l’épreuve qu’ils venaient de traverser. Enfin, il semblait que ce qu’il aimerait à présent était en contradiction avec le caractère de son meilleurs ami alors, même s’il avait supplié, il n’était pas du genre à imposer ce qu’il voulait à autrui pour autant, surtout quand cet autre était quelqu’un qui avait autant d’importance à ses yeux.

"M’enfin, c’est comme ça et je comprends que tu ne veuilles pas faire de promesse, t’inquiète…"laissa-t-il finalement entendre en esquissant un très léger sourire histoire d'alléger un peu l’ambiance pesante qui régnait dans le bureau, même si le coeur n’y était pas vraiment. Comme il l’avait dit, ça finirait pas passer dès qu’il aurait encaisser tout ça...

[ .... il est toujours content là ? XD]
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Dray Fox
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeJeu 1 Juil 2021 - 16:01

[Heu… Nan, moins du coup XD ]

Ouais, évidemment, avec le recul, Vaughn n’aurait pas agi ainsi. Fox avait douloureusement conscience d’avoir sauté injustement aux conclusions. Facile à dire, après coup, quand on avait toutes les clefs, vous me direz. Quand vous receviez subitement un mur en apparence solide sur la gueule, vous n’aviez pas le temps de vous demander si les briques étaient pourries ou si quelqu’un l’avait aidé. Mais Dray avait beau se rejouer la scène, Vaughn avait de quoi se sentir blessé autant que lui parce qu’il l’avait cru, il fallait regarder les choses en face. Pas avant mais bien après. Il n’avait pas cru le peintre capable de ce qui s’était passé, ce qui avait accentué la brutalité des faits. Mais quand il avait fallu expliquer, la colère avait presque fait tout le travail. Fox repensa à ce qu’il avait dit à Seiki pendant leur petite discussion quelques jours plutôt dans cette même pièce. “Je comprends même pas pourquoi je suis surpris en fait !”, “Je croyais le connaître, nuance !”, “j’en sais foutre rien et c’est bien ce que je lui reproche, en plus de la gamelle !”... Non, clairement, ce qui s’était passé, Dray ne l’avait jamais envisagé. Mais quand il avait fallu donner du sens… “Et où est-ce que je me suis trompé ? Il a toujours dit la vérité. J’étais son meilleur ami, vrai. aujourd’hui, il me déteste, il s’est lassé. Vrai aussi. Fin de l’histoire.”, “Ben faut croire, sinon il ne m’aurait pas fait le coup !”,  “C’était couru d’avance ces conneries !”... Là, ce n’était pas la même limonade. Fox avait pris les choses pour acquis, limite comme une évidence, quelque chose de naturel. Ça l’avait foutu hors de lui, putain oui ! Et cette colère l’avait d’abord poussé à ne pas voir plus loin que les apparences et l’avait empêché de voir les faits sous un autre angle avant que Seiki n'intervienne. Mais la colère et la douleur n’étaient pas des excuses. Pas glorieux, tout ça...

Cela laisserait des traces oui, Vaughn avait raison. L’un et l’autre en avaient trop eu sur le coeur pour que cela soit autrement, même s’ils exprimaient la nécessité de passer outre. Mais ces traces n’étaient pas forcément ou entièrement négatives. Au contraire, tout cela renforçait encore un peu leur amitié puisque cela leur permettait de faire un point dessus et d’en discuter sérieusement, eux qui parlaient trop peu souvent des choses graves et de leurs sentiments respectifs, de faire aussi un bilan sur eux-mêmes qui, s’il était douloureux, comme n’importe quelle remise en question, remettait ce qu’ils étaient sur le présent et non plus sur le passé. Je me rends compte que j’ai évolué en bien. Je me rends compte que j’ai encore du travail à faire sur moi-même. Je me rends compte qu’il faut qu’on se dise les choses. Le choc avait été rude mais tout n’était pas mauvais, non.

Vrai que pour le coup, au sujet de la violence, les deux Américains n’avaient pas la même conception des choses. Simples différences de caractère et de vécu, sans doute. Fox ne pouvait pas renier ce qu’il avait fait et vécu mais il aurait compris le point de vue de Xander si celui-ci l’avait exprimé. L’aîné avait sans doute raison dans sa vision des choses. C’était le monde du cadet qui n’était pas très sain. Mais ce n’était pas tellement important dans le fond. L’essentiel, c’était bien qu’aucun des deux n’ait porté vraiment atteinte et reproche quelque chose à l’autre. Ils se reprochaient suffisamment de trucs à eux-même.

En parlant de ça, dans le bureau, justement, Fox voulut être certain que Xander comprenne qu’il ne lui en faisait aucun, de reproche, même sous-entendu par l’absence des tableaux dans son bureau. La seconde réponse de Vaughn laissa Dray circonspect mais il comprit par son soupir qu’il fallait que ça en reste là. En effet, Dray, cette fois, ne comprenait pas. Et, lui, ne pas prendre les choses à coeur ? Fallait pas trop espérer... Mais si le peintre lui affirmait que le message était passé alors…

“Je ne t’en veux pas du tout, t’inquiète. Excuse-moi de t’avoir mis la pression, ce n’était pas mon intention.” conclut-il avec la même douceur donc, en revenant à ses tasses de café, mais avec un goût amer d’inachevé. Il comprenait que Vaughn avait juste besoin de temps comme lui en avait eu besoin. Mais l’impatience du renard n’était plus à démontrer, simplement, et le fait que le peintre semble se sentir mal par rapport à ses peintures le contrariait. Dans le fond, c’était peut-être le New-yorker, le problème. Dray avait le sentiment de trahir son meilleur ami. Il regretta de les avoir enlevé même s’il avait affirmé à Seiki, véhément, le contraire et que c’était en effet une nécessité pour sa propre santé mentale. Enfin, le temps effacera tout ça comme le reste.

Dénuder le Refuge… Pour être honnête, avant qu’il ne s’exile dans son bureau, Fox l’avait envisagé, comme condamner l’atelier. A vrai dire, il l’avait fait. Pour constater que murer la porte et la faire disparaître et mettre les tableaux dans la buanderie ne lui faisait aucun bien, bien au contraire. Cela ne faisait que remuer le couteau dans la plaie, lui rappelait leur propriétaire et que leur histoire était terminée. Alors Dray avait tout remis en place et avait “déménagé”. C’était une fuite mais c’était la solution la moins douloureuse.

Vint Malfoy. Dray se contenta d’acquiescer en silence, en tirant nerveusement sur sa cigarette, pour montrer qu’il avait écouté. Evidemment, Vaughn avait raison. Fox avait bien conscience que s’il se laissait aller à faire ce qui le démangeait au sujet de la baudroie, c'est-à-dire d’en faire du sashimi, il n’allait qu’aggraver la situation. Mais il ne pouvait pas non plus le laisser s’en tirer. Il y avait plusieurs moyens de faire la guerre. Mais l’attaquer frontalement serait tellement jouissif. Quel intérêt avait la vengeance si le concerné ignorait d’où venait le coup ? Il était trop en colère pour réfléchir posément et trouver la meilleure réponse pour le moment. La question était : serait-il suffisamment calmé un jour ? Là était bien le problème… Il y avait des limites à ce que Dray pouvait encaisser et pour qu’il fasse du rétropédalage. Et là, elles avaient été explosées. Il en était à un point que s’il voyait Malfoy, il était incapable de réfléchir et allait lui sauter à la gorge d’office et sans alerte. Il repoussa donc le sujet, n’ayant pas de réponse concrète à donner à son meilleur ami.

Enfin repousser… Disons que Fox l’abordait sous un autre angle, justement parfaitement conscient du danger que le Président du Conseil était. Et s’il n’en avait pas grand chose à faire de son propre cas, trop en colère pour raisonner, ce n’était pas le cas de Vaughn. Il tenait à ce que son meilleur ami ne soit plus jamais menacé par cet enfoiré de première. Surprenant ? Ouais peut-être. Vrai que c’était pas le genre du trentenaire de vouloir imposer un truc. Quand il avait des avis aussi arrêtés, c’était la preuve que la coupe était définitivement pleine. Et ça n’arrivait pas tous les quatre matins. Encore une fois, les arguments de Xander étaient parfaitement recevables. Et si Fox n’était pas aussi remonté et empressé de savoir son meilleur ami en sécurité, il y aurait pensé comme un grand. Sauf que là, ce n’était pas la raison qui parlait.  

“Je t’avouerai que je n’ai pas encore réfléchi jusque là. Je veux juste que tu sois en sécurité et qu’il ne puisse plus t’approcher. Il y a au moins deux solutions à un problème (dont l'une consiste à payer les bonnes personnes). S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. On peut peut-être “convaincre” le Conseil de te mettre sur une autre mission ou en stand-by, sur ordre du Ministère, parce que l’intégrité du CA aura été mis en cause et qu’il y a enquête, par exemple. Ce ne sera pas difficile à monter, vu qu’on a tous des squelettes dans les placards surtout en temps de guerre et je connais une ou deux personnes qui seraient ravies de tous les mettre sur la sellette et de rendre leur position très inconfortable. Ça foutrait bien les boules à l’autre dégénéré qui n’aurait pas le choix et qui aura déjà à régler un certain nombre d’autres problèmes divers et variés qui vont lui tomber très bientôt sur la gueule et ça te mettrait temporairement hors de portée. Pour le définitif, faudra creuser… Ou moins alambiqué et politique mais qui serait lui rendre parfaitement la monnaie de sa pièce, on trouve le bon sortilège pour qu’il t’oublie, genre le sort de retrait que je m’étais lancé pour échapper à Umi, droguée à la potion d’amour frelatée, mais en plus ciblé, qui n’agirait que sur ce parasite, parce que la version que je connais t’efface de la vue et de l’esprit de tout le monde, ce qui est utile si tu veux prendre des vacances niveau vie sociale mais qui n’arrangerait pas nos affaires à nous… Enfin… Je prends sans doute mes désirs pour une réalité applicable...”

N’empêche qu’en préparant bien le truc, il y avait certainement quelque chose à faire…  C’était à réfléchir sérieusement...

“En attendant, ne lui tourne pas le dos, garde ta baguette en main et méfie-toi de sa canne.”

Et ils en vinrent vraiment au “sujet qui fâche”.

Il n’y avait bien qu’avec Vaughn que Dray était aussi franc. Ce n’était pas dans les habitudes du New-yorkais, cela ne l’avait jamais été avant qu’il ne rencontre son compatriote et surtout qu’ils se fâchent quand il avait déconné avec Karine. Depuis Fox tentait de corriger un peu ce gros défaut de mentir et de tout dissimuler. Le succès était mitigé, on le reconnaissait. Mais Xander était une constante.

Dray sourit un peu, par ironie et avec tristesse, quand Vaughn lui brossa le tableau de leurs relations s’ils s’étaient connus plusieurs années avant. Il imaginait très bien le truc. Et cela faisait écho à ses souvenirs, à d’autres personnes qui l’avaient jeté ou qu’il avait jetés. Du moins, souvenirs quand il n’était pas défoncé… Cela aurait été un de leurs plus beaux fiascos si cela s’était déroulé ainsi, s’ils n’avaient pas évolué justement. Encore un univers parallèle où Dray n’avait pas du tout envie de vivre, celui-là !

Mais, finalement, Xander posa à son cadet une sacrée colle, avec cette promesse. Pas qu’il ne voulait pas mais il sentait qu’il n’avait pas les épaules, cette fois. Mais il y avait aussi pas mal de trucs sur lesquels revenir…  

“Les trois jours dont Seiki a eu besoin n’ont pas été de trop de mon côté alors je serai gonflé de ne pas comprendre le choc que tu as eu ce matin et accepter que tu ais besoin de temps. Je voudrais juste… que tu ne te tortures pas inutilement. … Dit celui qui culpabilise pour rien et pendant des années… A ce propos, merci de passer aussi bien l’éponge sur mes ratés dans cette histoire.” dit d’abord Dray avec tendresse.

Il était conscient de la valeur des mots de Vaughn. L’artiste ne se confiait que rarement. Trop même. Le léger sourire du peintre n’eut d’ailleurs pas l’effet escompté. Ce qu’il venait de dire laissait son cadet trop préoccupé. De son côté, le coeur n’y était même pas du tout et il en faudrait plus pour alléger Fox, qui devait taire sa rébellion naturelle au sujet de cette promesse. Mais pour le moment, il la laissa de côté parce que d’abord, il ne savait pas quoi ni comment répondre sur ce sujet épineux et parce qu’ensuite, il avait perçu deux ouvertures dans lesquelles s’engouffrer pour éviter le sujet et essayer de réconforter son ami du même coup.

“Vaughn, tu ne peux en aucun cas comparer et donner à nos rapports à l’extérieur une mesure de valeur parce qu’on fonctionne différemment. Je te la retourne sans problème, ta preuve. L’opinion des autres est biaisée par ce qu’on laisse paraître. Ils s'intéressent à moi parce que je suis en apparence sociable et ils sont rassurés par mon masque cordial, sûr de moi et faraud. C’est tout. Mais je suis un imposteur. Et ça, c’est le présent. Je mens et je dresse des écrans de fumée tout le temps, tu le sais, même avec mes amis. Mes premiers rapports avec les gens sont toujours faux. Ils ne voient que ce que je veux. Et ce vide dissimulé par la cordialité peut durer longtemps et les tromper. Même notre première rencontre a été un jeu de miroirs. Quand on s’est rencontrés, dix minutes avant, je venais sérieusement de me disputer avec Sergeï au sujet de son mariage, au point de balancer un verre contre un mur. J’étais furieux et j’avais méchamment le spleen. Et t’as juste vu un zèbre jouer les crooners dans une glissade avec sa canne et son borsalino au détour d’un couloir et avec qui t’as discuté de mode et d’un tableau plus ou moins réussi, te sourire en coin et réfléchir fissa à ses réponses pour capter ton attention. Et pendant trois heures, j’ai “joué aux échecs” avec toi. Quelle était la meilleure pièce à bouger ? Depuis mon adolescence, je joue un rôle et généralement, je m’adapte à ce qu’on veut voir. Beaucoup de personnes m’approchent, c’est vrai. Très peu restent. J’ai l’air mais je ne suis pas. Sauf que la plupart ne font pas la différence. Et ils font pareil avec toi qui présente à l’inverse une façade froide, voire dédaigneuse et qui n’hésite pas à dire ce qu’il pense et pense ce qu’il dit. Et ça, ça dérange, la plupart du temps. T’as des tendances asociales, c’est vrai. Comme j’ai des tendances à la duperie. Mais ce n’est pas tout ce qu’on est, ni tout ce qu’on semble être. Toi, tu ne laisses personne t’approcher dès le départ. Et comme les gens ne font pas cette différence entre être et sembler, ils ne voient pas d’intérêt à rester dans ton cas. Parce que les rapports humains dans les premiers temps, c’est toujours donnant donnant et apparence. C’est con mais c’est comme ça. Tu vas vers quelqu’un parce qu’il t’inspire quelque chose qui te correspond et parce que tu penses pouvoir obtenir quelque chose, ne serait-ce que de l’attention. Ils pensent d’emblée ne rien pouvoir recevoir de toi donc ils ne cherchent pas à rester et donner. Ils se contentent de mon masque de frimeur décontracté et n’obtiennent pas forcément davantage mais en plus, perdent leur temps. Que ce soit toi ou moi, il faut être patient, ne rien attendre et ne rien demander. Rares sont ces personnes. Mais si tu veux donner une valeur à tout ça, ta manière d’être est bien plus honnête que la mienne. Pas de faux semblant avec toi, tu joues cash dès le début. Les gens doivent faire l’effort de s’investir d’entrée et trouver comment attirer ton attention et percer tes murailles. Moi, ils pensent que c’est gagné d’avance. C’est beaucoup plus facile de prime abord mais plus décevant. Je ne dis pas que tu n’as pas une part de responsabilités dans le problème, je regrette d’ailleurs cette asociabilité qui t’isole parce que j’ai trop conscience que si je saute, tu te retrouveras seul. Et Merlin sait que tu es intéressant et que tu as à donner bien plus que tu ne le penses. Mais les autres ne comprennent pas comment tu fonctionnes. Tu es abrupt et nébuleux, d’un premier abord inabordable, donc tu inquiètes, donc ils préfèrent garder leurs distances. Moi, ils croient le savoir, je les laisse approcher, ils s’investissent plus ou moins et ils se font avoir parce que le retour sur investissement est trop faible ou pas assez rapide. Toi, tu ne les calcules pas, moi, je les arnaque. Je ne sais pas ce qui est le mieux.

Bon, je reconnais par contre sans discussion que tu es beaucoup plus sélectif que moi !

Et ce que je fais avec toi ? Je ne suis pas mieux que les autres. Au début, donnant donnant. Et puis une amitié, c’est souvent le bon alignement des planètes… Je suis allé vers toi parce que ce soir-là j’ai rarement eu autant besoin de distraction et t’es justement soudain apparu dans mon décor. Alors que j’étais bouclé depuis quatre ans au Royaume Uni, dont deux complètement prisonnier du collège, que je venais d’apprendre que mon meilleur ami d’enfance, mon grand frère, dont j’ai été un temps amoureux, allait se marier avec une de nos ex communes, que je ne pouvais pas encadrer, sans que je sois le témoin, ou que je sois simplement présent, que j’étais complètement déprimé, que je m’étais rarement senti aussi seul ce soir là, que je me faisais chier de plus en plus, débordé de travail, je tombe tout d’un coup sur un mec un peu plus âgé que moi, totalement inconnu, ténébreux, canon, sapé comme un lord. Forcément si tu additionnes le contexte avec un renard curieux... Et en quelques minutes, ce mec que, curiosité supplémentaire !, peu de choses semblent atteindre, de mon pays en plus, ici en Grande Bretagne, à Poudlard, le trou du cul de l’Ecosse !, me fait oublier mes problèmes par sa simple conversation, à l’humour très bien dosé et avec des sujets qu’on partage ou qui contentent très bien ma soif de connaissances. Coup de bol ou tu avais déjà commencé à changer sans t’en rendre compte mais tu as eu de l’intérêt pour moi. T’as pris le temps de me parler et de m’en apprendre sur la peinture. Rien ne t’obligeait à répondre à mon approche pourrie alors que tu ne demandais rien à personne dans ton couloir. Et j’ai eu malgré toi ce que je voulais dans ce premier contact. C’était foutu pour toi. Dès cette rencontre, t’as été une bouffée d’air pur. Quand t’as su qui j’étais, t’en as même rien eu à foutre et je te garantis que ça m’a changé ! Après, ça s’est mis en place tout seul parce que t’avais trop piqué ma curiosité, tu m’avais trop hypé en une soirée. C’est de ta faute, on avait plein de points communs et t’étais trop intéressant et mystérieux, ta conversation comme ta personnalité. T’étais une énigme à résoudre et je voulais découvrir toutes tes facettes. Et en plus, tu m’attirais déjà foutrement, cerise sur le gâteau. Et sans que je ne comprenne encore aujourd’hui pourquoi moi, tu as bien voulu que je reste dans le tien de décor alors que j’avais bien compris que tu n’encourageais pas à rester. T’as jamais été ce “connard” du passé que tu décris avec moi.”


Du moins jusqu’à “l’escalier”. Mais puisqu’ils étaient tombés d’accord pour dire que ce n’était pas le vrai Vaughn, Dray ne vit aucune raison d’en faire mention.

“T’aurais pu m’envoyer bouler plus d’une fois ou me zapper le lendemain de cette rencontre. Mais non. Et t’as jamais cessé d’être cet oxygène dont j’ai besoin. Tu m’enrichis de différentes manières, par ta conversation quotidienne ou sur des sujets profonds, tes idées, ton savoir, ta peinture, ta franchise, ton écoute, tes conseils, ta vision des choses, parfois semblable, parfois différente de la mienne, toujours complémentaire, par ce que je peux t’apprendre aussi. Tu me pousses à me dépasser, exemple, le piano. Tu me fais me marrer même quand j’ai la tête dans l’eau. Tu m’apaises, ce qui n’est à la portée que d’un nombre infinitésimal de personnes, et à ce petit jeu, t’es le plus efficace. Tu m’aides à prendre le recul qui me manque souvent. Tu as accepté qui j’étais totalement, obscurité comprise dont tu ignores encore la profondeur, mais tu ne cherches pas à savoir. Coup de bol pour nous, tu ne poses pas de questions, ce qui pour quelqu’un de secret comme moi, est souvent reposant. Dès le début, sans même le savoir les premiers temps, dès que je tombe, tu me tends la main et tu m'aides à me relever sans que je demande rien. T’as toujours été à côté de moi. Ce que je te trouve… Bon dieu, on pourrait disserter sur la question encore longtemps. Et maintenant je suis trop attaché à toi.”  

Au point de tomber amoureux. Sergeï, Karine, Vaughn… Le schéma était un peu toujours le même. Tous les trois étaient arrivés dans la vie de Fox au moment où il avait eu cruellement besoin d’affection, de souffler, d’un nouvel horizon et d’un nouveau point d’équilibre. L’artiste était à ce point important. Et rien ne ferait changer d’avis le New-yorker. Enfin… Rien… Disons que tout ceci mis en lumière exposait donc par effet d’ombres la monumentale baffe que Xander lui avait mis malgré lui. Si le peintre n’avait pas tant de valeur pour Dray, évidemment, ce qui s’était passé n’aurait pas eu autant d’impact. C’était logique. Plus que dans l’escalier, c’était mentalement que le PDG avait dégringolé. L’équilibre rompu, colère, reproches injustes et doutes infondés, contre Vaughn comme lui-même, avaient naturellement suivi, parce que Fox fonctionnait malheureusement comme ça.

A présent qu’il avait nourri deux points qui lui semblaient essentiels dans la confidence de Vaughn, Dray ne répondit pas immédiatement à la dernière partie qui était pourtant sans doute la plus importante ou la plus urgente. D’ailleurs, le trentenaire écrasa son mégot dans le cendrier posé sur la table basse et se leva, incapable de rester sur place bien longtemps déjà, et parce qu’il avait toujours besoin de bouger quand son esprit se mettait à carburer. Et là, pour le coup, il avait de quoi réfléchir. Et comme à son habitude, quand cela lui arrivait (autant dire qu’il campait là souvent…), il se posta devant la baie vitrée de son bureau, faisant ainsi dos à son meilleur ami, ce qui arrangeait bien ses affaires, autant être honnête.

Après l’exposé de l’artiste, le PDG percevait la nuance entre ce qu’il avait dans un premier temps compris et les réelles attentes de ce dernier. Mais est-ce que cela changeait-il le résultat de l’équation selon le point de vue de son cadet ? C’était bien là tout le problème et là dessus, il avait besoin de temps pour réfléchir.

“Maintenant, bien sûr que je m’inquiète. J’entends ce que tu me dis mais je ne sais pas comment accepter ou au moins y répondre pour que tu te sentes mieux…” finit-il par dire, les yeux sur la City, au bout d’une demi-minute à décanter en silence.

“ Là, on ne part pas du même postulat, évidemment. Il ne s’agit pas de moi…”

répéta-il d’un ton pensif. Enfin… Si quand même. C’était à lui de promettre et c’était à lui de pas se louper encore une fois. Seiki ne serait pas toujours derrière à rattraper le coup. Du coup, Vaughn avait beau dire, il était concerné de près. Et le New-yorker serait-il, déjà, capable de passer au-dessus de ses mécanismes faussés et, en plus, de ne pas reproduire la même erreur, comprendre qu’il y avait un problème ?

“C’est vrai, ta franchise habituelle et ton aversion du mensonge en toutes circonstances ont très largement pesé dans la balance. Tu ne m’avais jamais menti alors quand tu m’as lancé que je ne devais plus jamais te parler et que tu t’étais lassé de moi…”

C’était d’ailleurs ce qu’il avait argumenté à Seiki.

“J’ai rien compris… Et comme je n’ai pas besoin de plus... Bref… ”

Ils n’allaient pas revenir sur ce désastre et surtout leurs nombreuses raisons. Malfoy n’en était que la principale...

“Et en quoi “tu me saoules” et ses variantes ne sont pas une raison valable ?” murmura finalement pour lui-même le New-yorkais. Parce que Vaughn n’avait pas l’air de se rendre compte que pour Dray, ça suffisait largement, même s’il commençait à peine à ne plus accepter aussi facilement.

“Il n’y a pas besoin de plus pour prendre la tangente. Sauf qu’effectivement, sans signe précurseur et au bout d’une décennie…”

C’était gros. Beaucoup moins plausible. Même pour eux et leurs principes un peu singuliers. Fox ne pouvait pas le nier, il était là, le nœud du problème.

A nouveau le silence. A se répéter l’argumentation. Vaughn en avait besoin… Et dans ce cas précis, il était question de se battre pour lui. La question ne se posait même pas. Ça, Dray le ferait sans hésiter évidemment. Et en général, si retenir quelqu’un lui posait un réel problème, lutter pour quelqu’un, il savait le faire.  Et reformulée ainsi, la demande de Xander n’était pas déconnante. Si jamais on tente de me manipuler, tu réagiras. Oui, évidemment ! … Ce qu’il n’avait pas fait, en l’occurrence. Pas sans Seiki, en tout cas. Parce qu’il n’avait pas vu et rien compris, parce qu’il laissait tout le monde se barrer sans explication. Tu veux te casser ? Ben vas-y, qu’est-ce que tu veux que je te dises ? Fox soupira douloureusement dans sa réflexion. Ouais, il avait quand même bien déconné avec le recul… En fait, la demande de son meilleur ami était très légitime. Etre là l’un pour l’autre, en toutes circonstances, c’était la base et il fallait faire fi de ses propres difficultés naturelles. Se battre pour l’autre passait parfois par se battre contre soi.

Mais, n’empêche, les promesses, depuis qu’il avait touché le fond… Rien n’était plus facile à foutre en l’air quand l’hydre avait le dessus… Quelle valeur avait “je te promets” et les toujours quand on avait déjà essayé de se buter (parce que si Umi était arrivée une heure plus tard ce fameux réveillon de Noël, la question aurait été réglée…) ? Il avait déjà rompu sa parole, ce soir-là.

“Ok… Compromis. Je te promets de te laisser partir qu’à la condition d’avoir une explication de ta part qui tienne la route, dans la mesure où je suis en état psychologique de tenir parole. Je suis désolé mais ce point est important. Je ne me ferai plus jamais confiance là-dessus. Mais toi, il va falloir que tu me promettes de me fournir une argumentation développée. Genre, t’en as marre, ok, mais pourquoi ? J’ai déconné, ok, mais pourquoi ? Quelques mots, “parce que c’est comme ça, c’est tout”, “il le faut”, “j’en ai besoin” et toutes les variantes, genre permission retirée sans avertissement, seront refusés d’office. Je veux un parce que détaillé. Thèse, antithèse, synthèse. Si je dois te courir après, te tirer les vers du nez et/ou et si tu méprises d’une manière ou d’une autre tes promesses (oubli, que t’en as plus rien à foutre, ou je ne sais pas quoi d’autre), c’est mort, je ne te lâche pas. Tu veux partir, faudra y mettre les formes et convaincre le jury. Et avant qu’on n’en arrive là, qu’on se promette tous les deux de parler de ce qui ne va pas avant de chercher à prendre le large, qu’il y ait au moins un coup de semonce.”

Ça faisait beaucoup de conditions, Dray en avait parfaitement conscience et c’était radicalement opposé à ce qu’il venait d’expliquer de ses “mauvaises habitudes”. Mais Vaughn le mettait vraiment face à une difficulté et il ne voyait pas d’autre solution que de la prendre à contrepied pour répondre au besoin que son meilleur ami avait exprimé. Comment savoir quand ne pas te laisser partir, moi qui ai toujours laissé tout le monde le faire sans lutter ? Réponse : en ne te laissant qu’une fenêtre de tir très codifiée. Sortir du cadre sous-entendait donc un problème quel qu’il fusse et cela devait sonner le signal d’alarme chez Fox, lui qui en était dépourvu ou presque dans ce cas précis. Mais tout cela voulait dire aussi qu’ils allaient devoir être deux à se faire violence. Donnant donnant. Le peintre devait dans ce cas de figure, exposer très clairement ses sentiments justement, lui qui avait tellement de mal sur ce point.

“Marché conclu ?” prononça-t-il doucement, visiblement un peu inquiet, en vérité, très, en se retournant enfin vers Xander.
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeDim 26 Sep 2021 - 20:38

[Je vois vraiment pas pourquoi… *sourire en coin*]

Il est vrai que le cadet ne lui avait pas assez fait confiance, mais en même temps le peintre ne lui en voulait pas. En fait, il le comprenait même. Bien sûr, avec le recul il était facile de lui dire qu’il avait eu tort mais sur le moment, sous le coup de la colère et de la peine, comment aurait-il pu comprendre autre chose ? Comment pourrait-il décemment le blâmer ? Après tout, vu la façon dont il l’avait traité, normal qu’il l'ait mal pris malgré l’affection qu’il pouvait bien lui porter (à cause même ?). Il aurait pu lui faire un peu plus confiance ? Peut-être… mais quand vous vous prenez une claque, vous évitiez de tendre l’autre joue (à moins d’être masochiste mais là c’était un autre débat). Non, l’important c’était qu’il se rende compte qu’il avait fait une erreur, qu’il le reconnaisse et qu’il lui pardonne sa propre attitude même si elle avait été provoquée à son insu.

Quant à savoir ce que cela laisserait entre eux en fin de compte, rien de grave si Merlin le voulait bien, l’artiste l’espérait de tout cœur en tout cas. Mais oui ce n’était pas une mauvaise chose si cela les poussaient à se parler, eux qui ne le faisait jamais sur les sujets vraiment sérieux. Enfin, puisque Vaughn voulait se racheter et que Dray ne lui en voulait pas, ils avaient les meilleures bases du monde pour repartir du bon pied. Quant à savoir si le brun parlerait plus qu’il ne le faisait ordinairement… peut-être… mais pas autant qu’il l’aurait fallu probablement, question de vécu.

Cette fois l’artiste ne releva pas les excuses de l'homme d'affaire sur le fait de ‘lui avoir mis la pression’. Il savait évidemment que ça n'avait pas été le but de son ami, ce n’était peut-être même pas ce que n’importe qui d’autre aurait compris en prime. Mais ce n’était pas grave, il n’y avait pas de conséquences à craindre. Quand l’artiste l’aurait avalé, ça irait comme tout le reste. Son meilleur ami ne l’avait pas trahi, il ne le prenait absolument pas comme ça, il savait et avait conscience qu’il avait besoin d’un endroit où il pouvait continuer et se calmer au besoin, si jamais quelque chose se passait mal entre eux. Bien sûr, il ne voulait que rien ne se passe mal, on ne le redirait jamais assez mais il avait aussi conscience, d’autant plus maintenant, que c’était quelque chose de tout à fait possible. Il ne lui en voudrait jamais de cela. Et il y avait tellement plus en jeu que lui dans la balance cette fois…

Ne revenons pas sur le Refuge qui aurait fait plus de mal à l’artiste qu’autre chose (et puis, il ne le saurait de toute façon jamais) et passons directement au cas Malfoy. Vaughn était satisfait que le New-yorkais, malgré son état d’esprit, l’ai écouté. Il ferait bien évidement ce qu’il voulait de son côté, l’artiste n’y pourrait rien (et n’y ferait rien même s’il penserait qu’il avait tort) si finalement il décidait de passer à l'offensive, il avait fait ce qu’il fallait de son côté. Bien sur, il était lui aussi révolté de ce qui c’était passé, il était quand même le premier concerné dans cette histoire même s’il c’était retrouvé dans le rôle de l’arme, mais ce qui c’était passé mettait en perspective la dangerosité de cet homme qui décidément ne volait pas son statut de mangemort malgré ce que l’on pouvait penser de lui. Et si Dray l’affrontait de face, il y perdrait des plumes c’était certain. Surtout qu’on avait beau dire, en plus même de sa fonction au sein de ce groupuscule de tarés et donc de son niveau en magie, il était également parfaitement bien placé et inséré dans la communauté sorcière. Non franchement quelque soit l’angle sous lequel l'ainé avait beau regarder pour ça il était persuadé que ça leur pèterait finalement juste à la gueule.

Quand à son propre cas… c’était encore une autre histoire insoluble. Quand après l’affaire de pré-au-lard, le PdG lui avait finalement avoué qui était celui de qui il se payait la tête au nom de l’école, il avait finalement choisit de continuer sa comédie pour une raison connue de lui-seul. Parfois il se demandait s’il avait bien fait et aujourd’hui était un de ces jours. Ça n’aurait pas été plus facile de se défaire de l’emprise du mangemort, soit, mais ils auraient probablement plus d’option. Enfin, les choses étaient faites. Il se contenta simplement de faire part de ce qu’il pensait de tout cela et surtout de son incapacité à voir une solution qui ne lui porterait pas trop préjudice. Et la réponse du PDG tira un léger sourire à l’artiste, pas vraiment joyeux mais en tout cas reconnaissant qu’il se préoccupe autant de son bien-être et de sa sécurité, c’était certain.

"Et je t’en remercie, de te préoccuper autant de moi. Sache que je prends en considération tes remarques. Je t’avouerais de plus que je n’ai pas spécialement envie de me retrouver en tête à tête avec lui à présent alors… En attendant je saurais bien trouver une raison pour justifier la présence d’un garde du corps… quitte à mentir un peu -ça sera loin d’être la première fois après tout-."répondit finalement l’artiste, pensif. Il pourrait peut-être justifier ça par une demande de sa galerie, genre comme il commerçait avec les moldus ils avait décidé de renforcer la sécurité autour d’un de leur gagne pain ou une connerie du genre… après tout en temps de guerre ce n’était pas les raison qui manquait pour faire preuve de prudence, qu’elles soient justifiées ou non.

Mais il y avait tout de même un plus gros morceau à aborder pour le moment que cette face de baudroie, en tout cas du point de vue de l’artiste.

Que Dray commence par répondre à cette notion de place par rapport au monde et à leurs valeurs respectives ne surprit pas vraiment l’artiste. Il savait le point de vue de son cadet sur ce sujet, ce n’était pas le première fois qu’ils n’étaient pas d’accord après tout mais… bien sûr qu’ils fonctionnaient différemment. Mais les faits étaient quand même là. Il avait beau dire, il savait la valeur qu’il avait même si son pianiste ne voulait pas l’entendre. Tout comme il n’entendait pas non plus quand il lui expliquait la place qu’il avait lui, de son point de vue. Enfin, il entendait mais il réfutait toujours, comme aujourd’hui. Sauf que… c’était frustrant et que parfois l’artiste n’avait juste pas envie de simplement laisser couler. Un léger soupir se fit donc entendre du côté du Tennessee avait qu’il ne reprenne finalement la parole à son tour.

"On ne fonctionne pas de la même façon, j’en ai parfaitement conscience, mais ça ne veut pas dire que j’ai tort pour autant." répondit doctement l’artiste devant la ‘démonstration’ de son petit camarade.

"Tu mens au reste du monde, soit, tu donnes ce que tu crois que les autres veulent, ok, beaucoup partent quand ils comprennent et, en proportion, très peu reste je l’entend. Mais certains restent même en sachant parce que malgré tout, ils s’attachent à toi et voit quelque chose que même toi tu ne semble pas voir. Ce que même moi je vois. Tu as ses amis et cette famille. Mais pour moi, tu es le seul. Et c’est dû à mon caractère peu voir pas du tout accessible, je ne remet pas ça en question mais, si avec toutes ses années, tu es et reste le seul à un moment c’est bien que c’est moi le problème, ca ne peut pas simplement être tous les autres qui ont tort et ce n’est pas me dévaloriser que de l’admettre." il pouvait le tourner dans tous les sens ou penser ce qu’il voulait, à un moment il fallait se rendre à l’évidence.

"Mais ça me va. Tu as trouvé quelque chose qui te correspond chez moi, tu me donnes de la valeur et j’en suis heureux, je n’ai besoin de rien d’autre. Rien que le fait que tu m’acceptes comme je suis, sans jugement et dans tous mes aspects, est plus que ce que n’importe qui d’autre m’a offert jusque là. Si Fergus m’avait montré que le monde n’était peut-être pas aussi hostile que je le croyais, toi tu m’a fait prendre conscience que je pouvais compter pour une autre personne, que j’étais capable de me sentir bien avec quelqu’un, moi qui ne supporte que peu l’extérieur. Tu me fais voir le monde d’une façon que je n'avais jamais effleuré avant, comprendre des choses que je n’avais jamais comprises. Tu es capable de me faire sourire quelque soit les circonstance, de me remettre sur le bon chemin quand tout déraille.. Ce que moi je te trouve… Vaste question. Probablement tout en fait…"avait donc répondu l’artiste doucement.

"C’est pour ça que j’ai du mal à accepter ce qu’on m’a obligé à faire et que j’ai besoin de cette sécurité, pour ne pas te perdre contre ma volonté.".

Oui, sa demande était réellement purement égoïste, il avait besoin de se tranquilliser et c’est pour cela qu’il avait formulé cette requête. C’était une béquille, parce qu’il ne se faisait pas du tout confiance mais que si le New-yorkais acceptait de le retenir s’il déconnait ça ne pourrait pas dégénérer à nouveau, parce qu’il était son phare, depuis des années maintenant…Mais il savait aussi qu’il en demandait beaucoup à Dray malgré ses mots. Et bien sur que ça le concernait en tant que gardien de leur relation, de fait, qu’entrainerait sa demande. Mais ce que voulait dire Vaughn c’était que ce n’était pas sa façon de voir le monde qu’il lui demandait de remettre en question ni même ses principes, mais plus de lui accorder une faveur et de mettre ses envies à lui au premier plan, ce qui la était beaucoup plus en adéquation avec les valeur du pianiste. Mais il comprendrait aussi qu’il refuse, même si cela l’inquiéterait de fait. Il était soit égoïste mais il comprendrait son refus. Alors il l’avait simplement laissé réfléchir sans plus intervenir, préférant même plonger son regard une nouvelle fois dans sa tasse pour ne pas affronter sa sentence.

Mais finalement, comme souvent quand il avait du mal avec quelque chose, Le PDG de la Fox proposa un deal à son compatriote. Le professeur d'art en aurait probablement été amusé dans d’autres circonstances mais là, le moment ne s’y prêtait pas du tout et rien dans tout ça ne lui donnait envie de sourire à vrai dire. Bien sur, l’artiste aurait préféré un oui affirmatif et sans condition pour s’apaiser rapidement, mais il comprenait la pause de ses barrières. Alors non, ça ne serait pas forcément facile de parler ouvertement de ses sentiments si jamais un jours improbable la situation se présentait mais…

"Ce n’est pas un compromis ça..." répondit sur le même ton l’artiste en reposant finalement sa tasse sur la table basse avant de tourner son regard trop vert sur l’américain, "... c’est juste exactement ce que je te demande. Ne me laisse partir que si c’est ce que je veux, moi, et vraiment, pas sur un coup de tête."

Finalement et parce qu’il avait déjà obtenu plus qu’il ne l’avait cru de prime abord, il finit par laisser un léger sourire se poser sur les lèvres. Il pouvait bien lui promettre tout ce qu’il voulait, toutes les conditions de son choix, puisqu’il n’y avait aucune possibilité pour que cela arrive. Il comptait beaucoup trop à ses yeux, il n’avait sur ce point aucun doute notre artiste.

"Je te le promet."conclu-il finalement. Et il n’avait qu’une seule parole, Dray le savait bien...
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeSam 26 Fév 2022 - 21:42

[Putain, là j’ai vraiment abusé ! Je suis désolé mon p’tit chat même si tu sais pourquoi j’ai autant tardé. Mais je crois bien que je viens de battre un record pas cool niveau temps de réponse et j’aime pô ça ! Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Otda

En plus, Horizon 2 vient de sortir alors ça diminue encore plus mes capacités à rp ! XD

Allez on va essayer de conclure, il est plus que temps !]]



Quand Vaughn prit la décision de continuer à endosser le rôle que l’Ordre du Phénix lui avait attribué malgré lui, dire que Dray n’était pas d’accord était un euphémisme lui qui ressentait en plus une rage monstrueuse contre l’organisation à ce moment-là. Mais s’il désapprouva, il ne s’y opposa pas pour autant. Ce n’était pas son rôle. Lui devait soutenir Vaughn dans son choix, les difficultés et les dangers que ça entraînait, un point c’était tout. Mais à présent, après ce que venait de faire Malfoy, il regrettait amèrement de ne pas avoir chercher à dissuader Vaughn. Enfin, impossible de revenir en arrière alors il fallait à présent trouver quelque chose pour contrer cette raclure et l’empêcher de réitérer. Mais cela souleva un tout autre problème que Dray, cette fois, identifia de suite, parce que ce n’était pas la première fois qu’il apparaissait celui-là.

“T’as pas du tout à me remercier pour ça. Evidemment que je me préoccupe de toi autant que ça. T’es la personne la plus importante de ma vie, idiot. Je ne veux pas te perdre.” dit Fox avec tendresse mais en même temps dans un soupir soucieux, tant las par le fait que Vaughn le remercie pour une telle évidence que ça montrait encore une fois que les choses les plus naturelles ne l’étaient pas pour lui, et ça désolait sincèrement le pianiste, qu’inquiet par la perspective du prochain entretien avec Malfoy s’ils ne trouvaient pas de solution pérenne. L’idée du peintre, bien plus simple et pratique que les siennes, parfait reflet de ce qu’ils étaient, l’ainé, d’un redoutable pragmatisme et le cadet bien trop tortueux, méritait d’être verbalisée pour rassurer ce dernier.

Mais finalement, ce fut le peintre qui demanda là encore en toute franchise à être rassuré mettant le pianiste face à des responsabilités qu’il ne se sentait pas capable de prendre. Encore une fois, ils se retrouvaient en opposition mais cette fois, il y aurait de sérieuses conséquences, s’ils ne trouvaient pas d’accord alors il fallait bien trouver une solution acceptable pour eux deux et donc il fallait négocier. Vrai que ça amusait souvent ses proches, la manie de Fox de toujours chercher le compromis. Mais à ses yeux, il faisait ça comme il respirait. Et marchander, il faisait ça à longueur de journée et elles étaient souvent longues. Déformation professionnelle qui était devenue un trait de sa personnalité avec les années. Le Fox de dix neuf ans, frondeur et intransigeant, qui avait la hargne au combat quelqu’il soit, aurait eu bien des choses à dire à sa version presque vingt ans plus vieux, moins belliqueux, plus souple et surtout de plus en plus fatigué par les combats qu’il préférait à présent contourner autant que possible ou en tout cas en réduire l’impact. Ce que demandait Vaughn, ce n’était que ça. Fox se battait encore pour son entreprise et surtout pour ses proches, plus jamais contre eux. Alors pour maintenir l’équilibre en cas de désaccord, il ne connaissait que ça. Et en effet, il n’y avait en fait pas franchement de quoi rire…

Preuve en était d’ailleurs que Fox ne préféra pas relancer le débat sur leur personnalité respective. Ce que ses proches voyaient, Dray ne le comprendrait jamais.  Et comme il avait de moins en moins de flammes, ce qu’il aurait rétorqué du tac au tac par le passé, resta cette fois sous silence. Que si justement, ils faisaient erreur autant pour l’un comme pour l’autre en refusant de voir le noir de l’un et le blanc de l’autre. Et que ce n’était pas plus dévaloriser le New-yorker que d’enfin admettre qu’on lui attribuait justement trop de valeur, que dans les deux cas, on les jugeait trop vite et sur des apparences opposées mais très bien travaillées et que s’il était plus entouré, c’était simplement que la lumière attirait toujours plus que les ténèbres. Les deux faces d’une même pièce. Mais à quoi bon ? Par forfait, il laissa la victoire, si l’on put dire, à Xander en lui laissant le dernier mot sur la question. De toute façon, ils ne seraient jamais d’accord là-dessus. Et puis les mots de Vaughn entrainaient le débat sur un sujet tabou, et si le peintre ne voyait rien, Dray ne voyait que ça. Le pianiste crevait d’envie de lui dire ce qu’il ressentait réellement quand Vaughn eut fini son propre argumentaire tout aussi valable que le sien. Bien sûr qu’il réfutait toujours ! Évidemment qu’il n’admettrait jamais qu’on ne donne pas à Vaughn sa réelle valeur ! Fox ne se rendrait jamais à l’évidence, Xander pouvait en faire son deuil. Il l’aimait ! C’était foutu d’avance parce que quand on aimait inconditionnellement quelqu’un, on ne pouvait pas accepter ce que Vaughn pensait de lui-même et de sa place dans le monde, c'est-à-dire aucune autre que celle que Dray lui donnait et que c’était de sa faute, par dessus le marché ! Et ce qu’ils disaient l’un et l’autre, ça se résumait tellement à cela, ces trois simples mots… Mais si c’était doux à entendre, c’était tout aussi cruel parce que Vaughn exposait ce qu’il ressentait dans leur amitié exclusive pour ne pas dire absolue, alors que lui, il parlait évidemment en réalité de son amour. Deux manières d’aimer et ce qui faisait mal, c’était que ça sonnait presque pareil et pourtant, ils étaient en total contre-temps. Et cette dissonance était une pointe douloureuse qui n’encourageait pas Fox à contre-argumenter et contredire son aîné. Au contraire, pour une fois, il se surprit à vouloir à présent détourner la conversation. Finalement, la demande de Vaughn, même si ce n’était pas un sujet plus facile, tombait à pic. Et puis, après ce qu’ils venaient de traverser, pas sûr que ce soit le moment adéquat pour s’enferrer là-dedans, dans un face à face qui n’avait pas d’utilité à défendre l’autre contre lui-même. Ils étaient ce qu’ils étaient et ce n’était pas prêt de changer quoi qu’ils en disent. Ce fut donc lui qui pour une fois, laissa couler. Ils avaient de toute façon plus urgent à solutionner que cette vieille question de “leur valeur” réciproque.

Dray réfléchit donc. Et ce qu’il craignait, les scénarii qu’il avait envisagé de cette demande, aucune possibilité que cela n’arrive ? Tout peut arriver ! Ils en avaient eu et venaient encore une fois bien d’en avoir la preuve ! Pour le coup, le cadet était bien le plus pessimiste des deux Américains. La vie lui avait démontré plus d’une fois qu’en matière de probabilités, elle était la reine des emmerdeuses. Et Vaughn n’avait peut-être pas conscience d’à quel point et de combien de choses, son meilleur ami était le gardien. Et être celui de leur relation était un poids que Fox avait peur d’être incapable de porter celui-là. Si l’artiste ne se faisait pas confiance, le pianiste non plus donc ils n’étaient pas sortis du sable. Mais voir Vaughn sourire réconforta Dray sur son choix d’abord, parce qu’il n’était pas certain d’avoir raison d’agir ainsi, compromis ou pas, et ensuite sur l’état émotionnel de son meilleur ami. Vu son attitude jusque là, le PDG n’aurait pas parié sur le retour de cette expression, aussi ténue soit-elle chez son compatriote, à ce stade, même en lui donnant ce qu’il demandait. Et parce qu’il savait en effet mieux que quiconque que le peintre était homme de parole, il jugea que cette promesse était le point final parfait à cet étrange incident de parcours. Ils avaient surmonté bien pire par le passé après tout. Et Xander ne demandait pas à son compatriote des faveurs tous les quatre matins ! Ce qui rendait sa demande d’autant plus importante et encourageait Fox à céder.

“Bien. Marché conclu donc. Dans ce cas, il ne nous reste plus qu’à rentrer.” répondit-il simplement, désarmant de simplicité (pour une fois...), en revenant vers le canapé, à nouveau son sourire nonchalant aux lèvres, pressé de passer à autre chose. Ils s’étaient suffisamment pris la tête avec toute cette mauvaise histoire et il fallait aller de l’avant, il n’y avait pas d’autre choix et comme ils s’étaient expliqués… Ben autant tourner la page. Fox pensait que plus vite ils reprendraient leurs habitudes, plus vite ils digèreraient. Et si cet accord leur avait fait passer un échelon supplémentaire dans leur amitié, en la renforçant, alors que Malfoy avait voulu la détruire, le New-yorkais avait aussi parfaitement conscience que dans l’immédiat… et même certainement plus tard… ils ne pourraient pas aller beaucoup plus haut. Donc, il décida que le mieux était encore de revenir en terre connue  à un air qu’ils jouaient par cœur.

“Chez toi ou chez moi ?” demanda donc avec malice, l’homme d’affaires en se dirigeant finalement vers le porte manteau dans le but évident de récupérer son manteau après avoir bu d’une traite le reste de son café et reposé la tasse avec son énergie coutumière.

Ce qui se passerait à l’avenir allait dépendre de beaucoup de choses mais pas de leur relation qui avait retrouvé sa stabilité. Et cela convenait à Fox. En tout cas, il n’en espérait pas plus. Son plus gros problème à présent n’était plus Vaughn, évidemment, mais bien Malfoy. Et si le trentenaire avait bien entendu ce que son aîné avait conseillé, il savait au fond de lui qu’il ne pourrait pas s’empêcher d’agir. Ou plutôt de réagir… Et d’une manière ou d’une autre, parce qu’il était lui et Malfoy une carne encore pire que lui dans un tout autre style, cela allait clasher, là dessus, il rejoignait Vaughn dans son raisonnement. Ce qui importait donc à Dray, c’était de protéger son meilleur ami de l’explosion qui allait en résulter, parce que lui aussi était ce qui comptait le plus aux yeux de la tête brûlée de Manhattan. Mais pour l’instant, ils n’en étaient pas encore là.

"Ça te branche un théâtre ? La pièce qu’on voulait aller voir est encore à l’affiche.”

Pour le moment, il fallait reprendre au plus vite leur quotidien et advienne que pourra.
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MessageSujet: Re: Succursale anglaise de la Fox    Succursale anglaise de la Fox  - Page 2 Icon_minitimeJeu 3 Mar 2022 - 16:24

[T'inquiète pas ma boule de poil adorée, je sais bien que c'est compliqué ses derniers mois et même si je suis content de te lire, tu sais que je peux attendre (en plus je suis généralement lent à répondre aussi de mon côté je risque aps de te jeter la pierre ^^'' )

Et en plus si il y a Horizon… *y joue aussi xD* ]


Si on lui avait posé la question sur cette décision de pourquoi il avait choisi de continuer, Vaughn aurait simplement répondu que c'était purement par esprit de contradiction et qu'il ne le faisait que pour se moquer ouvertement de la tronche de la blondasse, petit plaisir en soi. La raison était pourtant bien moins claire que cela. Bien sûr raconter n'importe quoi à Malfoy et par ricochet à celui qui terrorisait l'ensemble des sorciers du pays, a ce point (et avec raison), avait quelque chose de grisant particulièrement tentant pour l'anti-conformiste qu'il était, il ne pouvait pas le nier mais… enfin c'était dur a expliquer. Il n'avait jusque-là pas choisi de camp parce qu'il ne voulait pas se sentir concerné. C'était juste un truc des anglais, dans un pays qui n'était pas le sien et de toute façon qu'est-ce que ca pouvait bien faire ? C'est pas comme si il y pouvait quelque chose… Sauf que. Juste en faisant ce qu'il savait faire (et il le faisait bien, ça faisait presque 10 ans qu'il le baladait, l'autre), il avait un poids. Il pensait, soit, que c'était juste pour donner un peu d'air à l'école, entravé par ce boulet qui ne pensait qu'à sa reconnaissance et pas aux élèves comme pouvait le prendre à cœur la directrice et ses adjoints, mais c'était en fait beaucoup plus important que cela. Il faisait parti des remparts, lui ! C'était tellement étrange… et en même temps important. Et même s'il était lui, qu'il n'appréciait pas le monde faute de ne pas être apprécié par lui, pouvait-il vraiment lui tourner le dos alors qu'il y aurait fatalement des conséquences ? Pourrait-il vivre normalement avec une telle chose sur la conscience ? Il n'avait pas eu envie de le savoir. Continuer, c'était juste ne rien changer du tout, surtout, alors même si il avait maintenant conscience d'un danger qu'il ignorait jusque là, il était simplement resté. Et puis, les Mangemorts il ne les portait pas réellement dans son cœur alors a vraiment choisir, puisqu'il s'était agit de ça, il préférait ce camp là plutôt que celui d'en face.

Quant à cette notion d'estime (ou plutôt de mésestime) qui transpira malgré lui de ses remerciements… il ne devrait plus vraiment s'en étonner depuis le temps. Rien n'était naturel pour l'artiste, même pas (surtout pas ?) l'essentiel mais il ne devait pas trop s'en formaliser… Ce n'était pas une remise en doute du statut qu'il avait auprès du pianiste de surcroît, rien que l'expression de comment il voyait le monde. Après tout, même lui ne se préoccupait pas tant que ça de lui-même, ce n'était plus à démontrer alors que le PDG le fasse… ça méritait bien quelques remerciements pour appuyer qu'il appréciait, vraiment. Enfin, ce n'était que l'expression de leurs caractères alors il n'était probablement pas utile de trop épiloguer…

"Toi aussi, tu es la personne la plus importante pour moi."répondit simplement l'artiste. Et c'était aussi parce que cette importance était primordiale qu'il demanderait quelques minutes plus tard cette faveur, tel un garde fou pour ne pas perdre le peu de valeur qu'il avait… la seule qu'il avait…

Et c'était aussi pour cela qu'ils ne pourraient jamais être d'accord. Pas pour les mêmes raisons, soit, mais finalement cela se rejoignait : il voyait l'ombre chez Dray, son pianiste n'était pas parfait et Vaughn savait bien qu'il n'était pas tout blanc non plus (meme s'il ne savait pas a quel point), mais malgré ca il l'avait accepté… et il tenait a lui. Et il ne pouvait rien faire contre cela. Pour le médicomage, le guitariste et tous les autres qui gravitaient autour de lui, ça ne devait pas être très différent. Il n'était pas aussi mauvais qu'il le croyait loin de la ! M'enfin, le débat était clos puisque Dray ne le relança pas, laissant la victoire en demi-teinte à l'aîné.

Et finalement, il avait accepté la demande égoïste de Tennessee non sans avoir obtenu sa promesse au passage. Et c'était bien suffisant au contraire pour remonter le moral de l'artiste. Il n'allait pas encore parfaitement, loin de la même et avait encore du mal à encaisser ce qu'il avait fait et ce qu'il c'était passé mais il se sentait plus serein. Parce que si Dray ne se faisait pas confiance Vaughn lui en avait une absolue envers lui. A tort, peut-être, mais advienne que pourra… et puisque sa confiance en lui-même était inexistante c'était toujours mieux que rien. Par contre il ne s'était pas attendu au changement d'attitude soudain de son meilleur ami en conclusion. Il passait juste à autre chose, comme ça ?

Le regard trop vert de l'artiste était resté posé sur lui, sans réelle reaction apparente, mais intérieurement ça carburait sévère pour sur. Et s'il comprenait la démarche de vouloir revenir à "l'avant incident", c'était un peu trop vif et soudain pour l'artiste. Et s'il pouvait jouer avec le reste du monde comme il l'entendait, il se refusait à le faire avec son cadet…

"Je ne sais pas…"repondit-il simplement en reposant à son tour sa tasse sans pour autant prendre le temps de la finir de son côté. Il suivrait le mouvement mais ne lui demandez pas à ce stade de prendre de décisions, aussi anodine soit-elle.

L'artiste finit par se lever à son tour quand le New Yorkais parla théâtre. C'etait en effet le meilleurs moyen de lui faire penser à autre chose pour le moment et soulager la gene qu'il ressentait encore à ses côtés. Être ensemble, tout proche sans avoir besoin de se parler et avoir, ensuite, un sujet de conversation tout trouvé et parfaitement normal, loin de ses étranges jours qu'ils venaient de passer, c'était probablement la meilleurs chose a faire effectivement.

Ça me tente plus que jamais… répondit un peu plus naturellement l'artiste, prêt a peut-être passer un bon moment finalement aujourd'hui, chose qu'il n'avait même pas espéré jusque la…
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