Le Collège Poudlard

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 The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling

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Dray Fox
Exilé(e) politique

Exilé(e) politique
Dray Fox

The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling TrophyBar

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Messages : 3793

Né(e) le : 12/09/1984
Age : 40

Où à Poudlard ? : Je vous en pose des questions ?

Rang & Club : Baka ranger vert.

Caractéristiques
Compétence: Niveau 8
Particularité: PDG de la Fox
Baguette: 33 cm, bois de prunellier (manche), bois de pin (corps), dard de Billywig et poil de Nundu (Une baguette de barj à l’image de son propriétaire... XD)

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MessageSujet: The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling   The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling Icon_minitimeMer 4 Avr 2012 - 18:01

[Suite d'ici ! ^^]


La première chose que Dray fit, ce soir-là, quand il fut assuré que Vaughn dormait enfin, ce fut de ranger le studio retourné. Et aussi étonnant que cela pouvait paraître, notre milliardaire en connaissait un rayon, en sortilèges ménagers, et en particulier celui que lui avait appris Anna, la mère de Sergeï, et qui avait la particularité de ranger les choses exactement à leur place passée, comme si l'espace avait gardé en mémoire le parcours de l'objet. Un peu comme si quelqu'un appuyait sur une touche reward magique.

Aussi, il ne fallut pas plus d'une petite heure, pour que silencieusement, chaque objet retrouve sa place exacte dans le décor de l'émissaire. Le jeune homme ne pouvait pas faire grand chose pour aider son aîné, mais au moins pouvait-il lui épargner une séance de rangement fastidieuse. Fox partait de l'hypothèse, peut-être erronée mais il prenait le risque, que mieux valait, pour son moral, que Xander se réveille dans un appart ayant retrouvé une aura un peu plus chaleureuse que dans un bordel sans nom qui lui rappellerait aussitôt et brutalement ses soucis. C'était peu de choses, un détail sans doute, mais qu'importe, il fallait prendre n'importe quel mieux.

Et puis, quand il eut fini, le New-yorkais, qui n'avait aucune envie de laisser son ami seul pour le moment, s'était permis de voler un autre soda dans son bar et sortit de son porte-feuille le contrat que ce dernier avait passé avec cette fameuse galerie. Il était grand temps à présent qu'il étudie la question. Plus vite, il saurait de quoi il en retournait exactement, plus vite il pourrait corriger le tir et donc sortir le peintre de la galère dans laquelle il s'était ferré. Tsss, cette adorable andouille aurait mieux fait de venir le consulter avant de signer n'importe quoi. Non, mais c'est vrai quoi. A quoi ça servait de coucher avec un homme d'affaires reconnu et ne pas profiter de ses bons conseils gratis en matière de business ? Surtout quand on en pigeait pas une bille. D'accord, Vaughn ne demandait jamais rien et surtout pas une once de coup de main. Comme si ça allait le tuer. Mais s'il avait autant de bon sens que d'orgueil, il aurait pu s'éviter bien des tracas... Enfin...

Mais il se trouvait que quelqu'un allait vite lui rappeler que lui aussi avait son lot d'emmerdes et qu'il était mal placé pour la ramener. Sur ces pensées moyennement charitables pour le représentant du Tennessee, il voulait bien le concéder, quand il déplia les documents en se dirigeant vers le canapé, Fox ne s'attendit pas à lire ce nom et surtout ce logo-là dans l'entête. Il ne l'avait pas demandé à Vaughn. Pas de questions, c'était le deal. Ou plutôt une habitude. C'était jusque là un détail sans importance. Il n'était même pas sûr que son compatriote le lui ait dit dans la conversation. Ou alors, il n'avait pas percuté. Il aurait dû être plus attentif parce qu'à présent, cette enseigne lui sautait aux yeux, pour l'avoir déjà vu avant. Dans l'un des dossiers de Maria, et pas des moindres... Personne, fort heureusement, ne put voir l'Américain blanchir et s'asseoir brutalement dans le sofa, en se passant une main presque désespérée sur le visage, claquant littéralement dans son mouvement le verre sur la table basse, sans quitter le papier des yeux. C'était quoi encore ce bordel ?!

Choqué, c'était peu de le dire, il finit par jeter les documents avec mépris sur la table et s'enfonça dans le canapé en fixant quelques minutes les lettres imprimées avec un dédain et une colère clairement affichés sur ses traits, ses doigts pianotant avec énergie l'accoudoir. Si ce n'était pas du foutage de gueule du destin ça, franchement !? De toutes les galeries du pays ou même de la capitale uniquement, il avait fallu que son sexfriend signe dans l'une des cinq qui appartenaient à sa "nouvelle" belle-mère ! Mais qu'est-ce qu'il avait fait aux Dieux pour avoir un tel karma de merde ?

Dans un soupir mauvais où tout son ressentiment s'exprimait lourdement et un très joli "Fuck !" pour bien ponctuer l'ironie des faits, Fox finit par se relever et alla agrémenter son verre d'une bonne dose de bourbon en s'allumant une cigarette. Il lui fallait au moins ça, là... Maugréant quelque chose de très poétique sur la famille et la poisse, il se redirigea vers le sofa en buvant ce qui était devenu un whisky-coca et, empruntant de quoi écrire à son compatriote, son verre et sa cigarette dans la même main, lui donnant un air de mauvais garçon, surtout avec la tronche qu'il tirait, il se rassit dans l'objectif évident de se mettre au boulot, malgré tout.

C'était que les problèmes de Vaughn étaient plus importants que ce fâcheux détail. Il avait demandé au peintre de lui faire confiance. Il était hors de question qu'il le trahisse. Qu'importe ce que cela allait lui coûter. Il allait devoir faire une croix sur son orgueil, ça, c'était un fait. Lui qui s'était promis de surtout n'avoir aucun contact avec les Ayling, voilà qu'en plus de voir son frère débarquer à Poudlard, il allait devoir faire affaires avec la chère et tendre épouse de Simon. Enfin, ce n'était pas elle qui avait proposé d'exposer Xander, c'était son assistant. Logique, avec cinq succursales, elle ne pouvait pas être au four et au moulin. Et donc, avec un peu de chance, s'il se démerdait bien, il pourrait traiter avec lui et non avec la propriétaire honnie. Venir se faire dorer une tarte pendant qu'elle jouerait les meuniers...

Mais avait-on déjà vu Dray Fox avoir de la chance quand il en demandait ? Même quand il n'en demandait pas d'ailleurs... Il avait épluché le contrat, prit pas mal de notes, et était même descendu au cachot n°4 vérifier dans ses bouquins de droit deux ou trois points pour en venir à la conclusion que oui, Vaughn s'était bien fait entubé mais que c'était parfaitement légal. Toutefois, comme il l'avait dit, les règles éthiques de la profession, tacites, en avaient pris un sérieux coup dans l'aile. Il avait donc tout de même un angle d'attaque et pas des moindres. La réputation.

Donc, le lendemain, il avait pris rendez-vous avec cet assistant dans les plus brefs délais, c'est-à-dire pour l'après-midi même, évitant pour une fois soigneusement d'user de son nom mais arguant qu'il pouvait y avoir une belle commission à se faire. Après tout, puisque l'argent semblait être si important pour ce pantin-là (sinon pourquoi presser les artistes comme des citrons dans une entreprise de limonade ?), autant tirer sur cette corde. Mais quand, il se présenta à la galerie et s'apprêta à passer dans le bureau de celui qu'il était venu voir, à sa suite, une voix féminine et autoritaire le cloua sur place, alors que l'assistant s'effaça aussitôt.

"Laissez, Blaise, je me charge de recevoir ce monsieur..."

Après avoir encaissé cette douche froide avec la plus remarquable désinvolture dans ces circonstances, Dray pivota sur ses appuis pour faire face à Piper Ayling (Fox si elle n'avait pas fait l'habile choix de garder son nom de jeune fille...) celle qu'il redoutait donc et qui semblait sortir de la réserve. Voilà pourquoi il ne l'avait pas vu en entrant et en faisant le tour des lieux, prétextant vouloir admirer les œuvres exposées (dont quelques unes qu'il avait vu naître d'ailleurs...). Il s'était réjoui trop vite. Plutôt grande, brune, distinguée, belle il l'avouait, ressemblant à sa mère et Béa..., fidèle aux photos qu'il avait vu d'elle, elle ne semblait pas plus surprise que ça de le voir là. Ou alors comme lui, elle cachait bien son jeu... Dans tous les cas, ils se toisèrent, lui froidement, elle, plus curieuse, avant qu'elle ne reprenne la parole.

"Je m'attendais à vous voir plus tôt, Dray." signala la quarantenaire en allant vers le comptoir de l'accueil pour examiner le carnet de rendez-vous.

"Ou devrais-je dire Alexis Gardner ? Pourquoi ce mensonge ?"

Bon au moins, elle ne s'embarrassait pas de faux-fuyants... Fox, glacial, soutint son regard interrogatif et sévère, et n'hésita donc pas à répliquer sèchement :

"Pour ne pas vous tenter de me rencontrer en apprenant ma venue."

Piper ne cacha aucunement la surprise que cette réponse hostile fit naître en elle et qui en disait long. Les choses étaient posées. Son beau-fils n'était pas là pour elle. Mieux, il sous-entendait qu'il s'évertuait à la fuir comme la peste. Il savait depuis des mois la vérité et pourtant, si elle n'avait pas décidé de passer à l'improviste, il était évident qu'elle aurait pu encore attendre un moment cette entrevue.

"C'est réussi !" s'exclama-t-elle finalement avec un sourire narquois qui irrita profondément son vis-à-vis, mais qui se contenta de pincer légèrement les lèvres en haussant négligemment les épaules.

"Erreur de timing."

Piper hocha la tête avec amusement et circonspection. C'était une manière de voir les choses.

"Hum hum... On va dire ça, oui."

Elle s'apprêta à le titiller encore un peu, trouvant la situation cocasse. Lui, il était évident qu'il devait penser hautement désagréable. Tout dans son attitude corporelle et dans son regard le disait. Il avait d'ailleurs le même que son père à une différence près : il était nettement plus vif et expressif que celui de Simon. Mais Dray ne lui en laissa pas l'occasion puisqu'il reprit la parole sur un ton, certes modéré, mais terriblement dur.

"Ne perdons plus de temps, Mlle Ayling, voulez-vous ?"

C'était elle, ou son beau-fils avait quelque peu appuyé avec sarcasme sur son nom et la civilité l'accompagnant ?

"Maintenant que vous savez que ma venue ne vous concerne pas personnellement, pourrions-nous en venir au sujet ? Non, j''ai une meilleure idée. Laissez-donc votre assistant me recevoir comme prévu."

Boom. Là, la propriétaire de la galerie devait reconnaître qu'elle se trouvait un peu déstabilisée. En quelques mots, le premier fils de son époux avait réinstallé avec autorité une distance saisissante entre eux. Il savait décidément de qui tenir. Elle était certaine qu'il l'aurait haï si elle avait exprimé cette pensée à voix haute mais on ne pouvait pas nier les évidences. Piper fixa Dray quelques secondes, dubitative, cherchant à lire en lui, mais tout ce qu'elle perçut, fut une détermination implacable et aucune trace du moindre sentiment, quel qu'il fût, positif ou négatif. Elle se doutait bien qu'il n'allait pas lui sauter au cou. Mais elle s'était attendue à de la colère, voir de la haine ou du mépris. Pas à rien. Enfin rien... Plutôt une froide indifférence, teintée de cette arrogance caractéristique des Fox. La vérité était là : elle lui était complètement étrangère. Et ça, ce n'était pas un scénario qu'elle avait envisagé. Ni elle, ni son époux. Ils avaient supposé que ce chien fou allait lui tomber dessus vitesse grand V. Mais à part quelques allusions dans la presse à l'intention de son père, dans le courant du mois d'avril, il les avait tout bonnement ignoré, Dorian et elle. Ils n'existaient pas dans son monde. Et en cet instant, face à face, elle en avait une démonstration cuisante. Le jeune homme opiniâtre ne voulait clairement rien à voir à faire avec elle. Il allait déchanter.

"Non. Puisque vous êtes là pour affaires, je tiens à m'occuper personnellement de vous." répondit-elle donc en réemployant le même adverbe que le New-yorkais et en insistant ironiquement dessus alors que de la main, elle lui indiqua la direction de son bureau. Tout ce qu'elle obtint comme réponse, à provoquer ainsi son beau-fils, fut un léger plissement des yeux, teinté de dangerosité. Une seconde tout au plus qui pourtant la fit frissonner. Et puis plus rien. A nouveau, Dray arborait cette désinvolture dédaigneuse. Il était bon comédien. Mais en cet instant, il s'était trahi.

"Alors qu'est-ce qui est donc si important pour que vous ayez pris le risque que l'on se croise ?" demanda finalement la galeriste avec malice en s'asseyant derrière son bureau alors qu'elle invitait le jeune homme d'affaires à prendre place face à elle. Dray ignora avec superbe l'agacerie de sa belle-mère et s'installa avec sa nonchalance et son élégance coutumières. Mais évidemment, en vérité, il pestait intérieurement. Il avait l'impression que malgré ses efforts pour ravaler ses sentiments, Piper parvenait à lire en lui. Elle le dérangeait, en plus de réveiller ses rancœurs. Ils avaient raison en fait, elle et son père de se méfier. Il les détestait, elle et son rejeton. C'était viscéral. Mais s'il y avait bien une chose que Dray n'était pas, c'était stupide. Il n'était pas assez con pour donner des munitions à son géniteur et se tirer une balle dans le pied. Ce qu'il avait donc de mieux à faire, c'était tout bonnement de se tenir à distance.

Mais s'il avait rompu cette promesse qu'il s'était faite, c'était en effet pour une excellente raison. Il avait juste intérêt à être prudent et rester concentré sur ses objectifs. Et Xander était sans aucun doute possible la meilleure des motivations...

"Que pensez-vous du travail de votre assistant, ici ?" demanda donc à brûle-pourpoint le jeune homme sans se départir de ce ton neutre et austère qu'il adoptait la plupart du temps que dans sa profession. Piper fut étonnée de cette approche et elle ne vit aucune raison de le dissimuler, comme le montra sa manière de répondre, intriguée.

"Blaise ? C'est un bon élément, compétent et ambitieux. Il a fait ses preuves.

Je vois. Ainsi vous vous reposez sur lui sans crainte ?"

A nouveau, dans un froncement de sourcils, la quarantenaire chercha où voulait en venir l'aîné de Simon.

"Exact. Sous sa direction, cette galerie fait un excellent chiffre d'affaires et j'ai ainsi plus de temps pour me consacrer à la gestion des autres."

Dray se retint d'esquisser un sourire amer. Un excellent chiffre, elle lui en dirait tant ! Ce type poussait les artistes qu'il avait en charge dans les limites de leurs capacités. Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'il fasse des bénéfices... Mais le New-yorkais décida de jouer encore un peu au chat et à la souris. On ne remontait pas une grosse prise sans donner un peu de mou à la ligne.

"En particulier, cette nouvelle galerie si prometteuse prête à ouvrir à côté de Buckingham..."

Cette fois, ce fut un réel sursaut qui secoua la mère de Dorian et elle se leva brutalement, furieuse.

"Comment … Auriez-vous osé vous renseigner sur moi ?!"

Fox la défia du regard et haussa un sourcil, hautain, comme si ce qu'elle venait de dire était un non-sens.

"Évidemment. En quoi est-ce surprenant ? Ces pratiques sont courantes chez les Fox. Bienvenue dans la famille."

Piper eut la sensation de recevoir un seau d'eau glacée et se rassit, mal à l'aise et désarmée par le calme et la dureté de Dray. Et par ses yeux platine, tranchants qui semblaient vouloir la transpercer. Il y avait un fossé entre eux, invisible mais immense et le sarcasme, teinté de dégoût savamment étouffé mais pourtant terriblement audible à ses oreilles, sonnait comme une sorte de condamnation. Le sous-entendu de l'Américain était parfaitement traduisible : tu sais qui tu as épousé et qui tu as en face de toi alors ne joue pas les outragées. C'était les règles du jeu. Et s'il avait pris la peine de se déplacer jusqu'ici malgré ce qui les divisait, c'était qu'il avait définitivement d'excellentes raisons et qui concernaient de près ce qu'elle avait de plus important après Dorian. Son travail.

"Que voulez-vous, Dray ?" demanda-t-elle finalement en se laissant aller dans son fauteuil, croisant les bras en signe évident de défense. Elle voulait bien accepter de lui laisser une marge de manœuvre un moment mais il allait devoir se montrer droit. Voilà ce qu'elle sous-entendait, elle. Et Fox n'eut aucun mal à comprendre lui aussi le message.

"Je me demandais si vous aviez une idée exacte des méthodes de management de votre employé, pendant que vous développez votre entreprise." répliqua alors le jeune homme, l'air de rien, le menton négligemment en appui dans le creux de sa main, le coude posé sur l'accoudoir de son siège, alors qu'il jetait nonchalamment en le tenant entre l'index et le majeur le contrat de Vaughn sur le bureau.

Piper s'en saisit avec une curiosité évidente et le parcourut rapidement.

"Je ne vois pas où est le problème." finit-elle par dire après lecture en reposant soigneusement les documents entre eux. Et à son expression innocente, un peu interdite, il était évident qu'elle était sincère.

"Peut-être que le tableau vous apparaîtra plus authentique si vous le mettez en parallèle avec le carnet de commande..."

A nouveau, la galeriste tiqua mais se tourna vers son ordinateur. Et plus elle examinait les fichiers, plus Dray voyait son expression changer, pour devenir tendue puis imperméable. Elle abandonna finalement son écran, impassible, et capta le regard étrangement flegmatique de son beau-fils.

"Je ne comprends pas quels sont vos intérêts dans cette affaire.

Je n'en ai pas." riposta simplement l'Américain, peu prolixe, c'était le moins qu'on puisse dire. Mais c'était bien suffisant pour donner à l'Anglaise tout ce qu'il fallait pour poursuivre.

"Alors vous défendez simplement ceux de Monsieur Xander." déclara-t-elle sur le même ton. C'était aisé à déduire et elle voyait donc à présent enfin un moyen de pression s'offrir à elle.

"Vous admettez donc qu'il a besoin d'une défense. Intéressant."

Le très léger sourire qui était venu fleurir les lèvres de Piper s'évanouit à cette remarque détachée. Évidemment, les chats ne faisaient pas des chiens...

"Ce contrat est tout ce qu'il y a de légal, Dray.

Mais il n'est pas régulier.

Et alors ?"

A nouveau, ils s'affrontèrent du regard. Ils cherchaient la faille. C'était à celui qui lâcherait du terrain le premier. En effet, il y avait un problème, Piper s'en était évidemment rendue compte. Fox, second du nom, venait de révéler un dysfonctionnement au sein de son commerce qu'il fallait corriger ce qu'il eut tôt fait de souligner.

"Vous êtes une femme d'affaires efficace, Mlle Ayling. Le calcul des pertes et profits ne vous est pas inconnu."

Le compliment la surprit hautement. Elle n'aurait jamais pensé que Dray lui attribue la moindre valeur, même professionnelle. Ce petit malin pensait-il que la flatterie la mènerait à céder ? Erreur de jugement si c'était le cas. Mais non, l'aventurier pensait réellement ce qu'il venait de dire. Elle s'était élevée par ses simples efforts, il le savait, alors qu'elle avait la plus efficace de toutes les cartes de crédit et de visite dans son lit depuis des années. Mais la brune sembla sceptique.

"Jouons franc-jeu, Dray. Vous êtes là pour renégocier ce contrat, c'est entendu. Or vous êtes un danger pour ma famille. Pourquoi devrais-je céder à vos exigences ?"

L'Américain retint de justesse une grimace amère et contrariée. Il l'attendait tiens, cet argument. C'était ce qu'il craignait le plus. D'après ce que lui avait dit Black sur qui était Piper Ayling, le jeune homme se doutait bien qu'elle n'était pas responsable de ce qu'il avait appelé des indélicatesses. Mais qu'elle refuse de parlementer simplement parce qu'ils étaient opposés, ce n'était pas foncièrement original. Mais elle était aussi intelligente, alors on allait encore attendre avant de sortir le canon pour écraser la mouche.

"Ce n'est pas dans votre intérêt de perdre cet artiste. Il vous rapportera plus d'argent à long terme en en prenant soin, que dans l'état actuel des choses. A surexploiter une terre, on l'appauvrit et en très peu de temps, il n'y pousse plus rien."

Piper ne pouvait qu'être d'accord avec ce raisonnement. Mais l'admettre, c'était donner la victoire à Dray. Et puis, elle était curieuse de voir jusqu'où il était capable d'aller pour atteindre son but. Sa démarche était-elle aussi innocente qu'il le disait ou cela entrait-il dans un plan quelconque, comme elle le supposait ? L'épouse de Simon décida donc de pousser son beau-fils dans ses retranchements.

"Si Monsieur Xander ne peut pas tenir ses engagements, d'autres prendront sa place. Il ne serait pas le premier à échouer. Le monde de l'art est si mouvant et implacable... "

Alors elle le prenait comme ça ? Et bien il ne lui restait plus que le gros calibre dans ce cas... Pas faute d'avoir essayé d'éviter l'affrontement direct, pourtant.

"C'est pour ça que j'ai toujours refusé de déléguer. Nombre d'empires ont vu leur gloire irrémédiablement ternis par la faute d'un sous-fifre.

Dois-je voir dans vos paroles une menace ?" s'impatienta Piper qui commençait à ne pas du tout apprécier la direction que prenait la conversation. Elle se rendait compte qu'en fait, Simon avait raison. Dray était tenace et ne reculait pas devant grand chose pour arriver à ses fins.

"Du tout." répondit le New-yorkais sans changer quoi que ce soit à son attitude insensible.

"Comme vous, j''expose simplement des faits établis."

Des faits établis, tu parles ! Bien sûr qu'il la menaçait ! Comme elle venait de le faire. La quadra décocha à Fox un regard furieux. La donne était claire. Refuse et toute la profession apprendra que tu arnaques les artistes que tu représentes. Plus de tableaux à vendre, plus de galeries...

"La question qui se pose donc, c'est : êtes-vous prêt à sacrifier les intérêts à long terme de celui que vous représentez pour mon empire ?"

Bref si tu tentes quoi que ce soit contre moi, ton client est définitivement et à jamais grillé. Elle n'était pas arrivée jusque là pour voir ce sale gamin tout foutre en l'air !

"Et vous, êtes-vous prête à sacrifier l’œuvre de votre vie et l'hypothétique avenir de votre fils dans ce milieu pour me voir à terre ?" riposta Fox du tac au tac, non plus détaché mais acide. Ou fais dans la surenchère en t'en prenant à lui plutôt qu'à moi et je te garantis un retour de bâton dont tu te souviendras.

La mention que Dray fit de Dorian fut sensiblement l'argument décisif. Elle n'était même pas surprise qu'il connaisse les souhaits de son cadet pour sa profession future. Dans un soupir, Piper qui s'était redressée fièrement pendant leur échange se laissa une nouvelle fois aller dans son fauteuil et observa son beau-fils en silence.

"Il serait improductif pour vous comme pour moi d'en arriver à de telles extrémités, n'est-ce pas ?" finit-elle par dire d'un ton placide. Il fallait calmer le jeu, devenu trop rapidement belliqueux. Ils perdaient le contrôle. Fox ne répondit rien, se contentant d'acquiescer d'un léger mouvement de tête sec avant que la galeriste ne reprenne.

"Cependant, tout est une question de contre-partie. Je ne gagne rien à revoir ce contrat. Au contraire, j'y perds sensiblement. Monsieur Xander nous apporte des commissions substantielles.

Que vous perdrez de toute façon à plus ou moins long terme si nous ne trouvons pas d'accord amiable. Et si vous refusez de considérer le cas de mon client, d'autres sont intéressés par son œuvre. "

Bref, on ira chez le concurrent. Et l'emploi du présent sous-entendait que les tractations étaient déjà en cours. C'était du bluff ? Bien sûr. C'était une technique comme une autre. Parfois ça marchait. Parfois pas.

"J'entends bien, Dray. Voilà le marché. J'accepte de renégocier cet accord mais en échange, je veux savoir ce que vous comptez faire pour Dorian. J'ai inscrit mon fils, il y a peu à Poudlard. Et je me doute que vous le savez. Suis-je dans l'erreur ?"

Fox se contenta d'un hochement de tête négatif en se refermant sensiblement. Voilà une conversation qu'il se serait bien épargné...

"Alors ? A quoi dois-je m'attendre ?" insista donc la mère de son demi-frère avec sévérité.

"A rien." répliqua Dray en trouvant un tout nouvel intérêt pour le sol. "Tant qu'il se tiendra loin de moi, il n' aura rien à craindre de ma part."

Cette réponse ne convint cependant pas du tout à Piper.

"Dorian n'est qu'un enfant qui se pose beaucoup de questions sur ses origines paternelles et sur vous, son frère. Se tenir loin de vous sera impossible pour lui. Et moi, je veux être certaine que vous ne ferez aucun mal, quel qu'il soit à mon fils ! Il n'a pas à subir la querelle qui vous oppose à votre père !"

Dray releva la tête vivement à ces mots et sa main crispée à l'accoudoir montrait l'étendue de ses efforts pour garder son masque d'indifférence en place alors qu'en réalité, il fulminait.

"Je ne suis pas le responsable de cette situation. Ce n'est pas moi qui l'ai mêlé à tout ça." claqua-t-il d'une voix sourde mais en tentant au maximum de garder un ton posé. Pense donc à Vaughn, tiens...

Piper ne put que reconnaître les efforts de Dray et dans un soupir, elle changea légèrement de ton pour adopter une attitude plus conciliante.

"Je vous le concède et j'ai déjà eu une discussion à ce sujet avec mon mari."

Les intonations implacables de la galeriste sur ces derniers mots sous-entendaient bien que cela avait dû être jouasse pour le concerné. Dray regrettait de ne pas avoir pu assister à la scène, tiens. Imaginer son père dans ses petits souliers, c'était de l'or en barre.

"Cela n'empêche. A présent que nous en sommes là, j'exige des garanties." poursuit-elle cependant avec fermeté.

Fox resta un instant silencieux alors qu'il subissait avec amertume le regard intransigeant de sa belle-mère. Des garanties... Elle en avait de bonnes !

"C'est à dire ?" finit-il par demander, méfiant. Il avait besoin de précisions parce qu'il ne fallait pas non plus lui réclamer l'impossible. Mais il voulait bien être ouvert au dialogue. Ce n'était pas comme s'il avait le choix de toute façon puisqu'elle mêlait Xander à leurs affaires...

Piper eut un mouvement de tête révélateur de sa satisfaction. On avançait.

"Abandonnez votre vendetta contre Simon.

Quelle vendetta ?

Ne me prenez pas pour une idiote. Votre père vous sous-estime, pas moi."

A nouveau, échange significatif de regards. Fox avait tenté de nier toute implication, impassible. Je ne vois pas de quoi tu parles. Juste pour voir ce qu'elle avait réellement dans son jeu. Mais Ayling n'était pas tombée de la dernière pluie. Ce fut à son tour d'adopter un regard froid et dangereux. Et Dray céda, en baissant à nouveau les yeux, vaincu. L'Anglaise profita de sa nouvelle ascendance.

"Abandonnez.

Vous plaisantez ?"

Ça justement c'était trop lui demander ! Et la brusquerie avec laquelle l'Américain avait répondu, visiblement incrédule de la voir réitérer sa demande était assez explicite. Elle osait vraiment aller jusque là ? Elle ne manquait pas de souffle, la belle doche ! Et l'expression d'invraisemblance que son beau-fils arborait à présent amusa sensiblement Piper. C'était comme si elle lui avait demandé de se changer en veracrasse. Faut pas abuser de la mauve douce, belle-maman semblait-il dire silencieusement.

La question, cependant, était : est-ce que pour Vaughn, il était capable de laisser tomber ? Si elle ne lui laissait aucune chance. Si c'était ça ou rien ?

La réponse était oui. Évidemment que oui. Si vraiment c'était la seule option, il abandonnerait. Son compatriote n'avait rien à voir avec tout ça et il n'allait jamais le sacrifier sur l'autel de sa vengeance. Ni lui, ni aucun autre de ses amis. Il était incapable de les trahir. Mais ça, Piper n'était pas obligée de le comprendre.

"Qu'on soit bien d'accord. Rien ni personne ne me fera reculer sur ce terrain. Je veux bien vous promettre d'épargner votre fils, mais certainement pas mon père. Ce qu'il y a entre nous vous dépasse complètement. Restez en dehors de ça. Pour votre bien et celui de Dorian. Comme Simon, je n'ai aucun état d'âme à lâcher du lest quand il s'agit de business." déclara donc l'aîné de Simon avec une assurance assassine qui eut le mérite de calmer les ambitions de la galeriste. Et le fait qu'il appelle pour la première fois son frère par son prénom n'y était pas non plus étranger.

"Bon, je me doutais bien que j'essuierais un refus. Mais au moins j'aurai essayé. Alors contentons-nous de Dorian. Mon fils est ma priorité sur toute chose et Simon se dépatouillera bien tout seul."

Fox haussa un instant les sourcils, surpris d'une telle formulation. En d'autres circonstances, elle aurait même pu le faire sourire. Piper, toutefois continua :

"Quoi que vous ayez à reprocher à votre père, Dorian ne doit rien savoir. Je sais que mon mari n'est pas un saint, loin de là. Ne croyez pas que j'ignore sa part d'ombre."

Un ricanement sarcastique et amer l'interrompit.

"Ombre ? Obscurité totale, vous voulez dire !"

La quadragénaire ignora dans une grimace cette remarque cynique et la rejeta même d'un mouvement de main comme on chasse une mouche.

"Bref. Ce qu'a fait Simon par le passé doit être ignoré de mon fils. Il est un bon père pour Dorian.

Quel veinard..."

Piper tiqua encore mais cette fois elle se contenta de fixer, un peu navrée, le jeune homme qui lui faisait face. La douleur de ces deux mots que Dray avait échoué à camoufler malgré ses efforts ne lui avait pas échappé. Mais elle prit le parti de passer outre, au grand soulagement de son visiteur.

"Alors puis-je espérer avoir gain de cause ? "

Dray soupira lourdement. Cette conversation, décidément, lui était particulièrement pénible et un instant, il ne fit plus rien pour le dissimuler.

"S'il apprend quelque chose, ce ne sera pas par moi, vous avez ma parole..." murmura finalement le jeune Américain en laissant son regard se perdre vers la fenêtre qui offrait une douce lumière, promesse d'un bel été. Il avait en effet eu l'intention de tout révéler au morveux, sans remords et le plus violemment possible pour le punir d'être le préféré ou plutôt le seul. Détruire cette famille qui ne serait jamais la sienne et la relation si normale qui les liait, l'image si parfaite qu'il semblait avoir de leur père pour se venger de ce dernier. Lui prendre ce fils chéri...

"Non Dray, vous ne saisissez pas toutes les implications." répliqua avec autorité la galeriste, obligeant par ces paroles le New-yorkais à se reconcentrer sur elle, dans un froncement de sourcils. Que voulait-elle de plus ? Il n'avait rien d'autre à offrir.

"Je suis persuadée que Dorian cherchera les réponses à ses questions. Il est obstiné. Vous devez vous assurer qu'il fasse chou blanc.

Vous me demandez donc d'être votre complice et, pire !, celui de mon père pour sauver les apparences ?" s'exclama Dray, à nouveau en proie à la colère et cette fois l'indignation en plus. Mais cela ne troubla pas Piper qui répliqua froidement :

"Appelez les choses comme vous le voulez."

Alors là, Fox était soufflé.

"Même si notre famille est pourrie depuis des lustres, ce gamin est en droit de vouloir savoir d'où il vient exactement et de connaître la vérité sur son père.

Ça c'est votre point de vue ! Le mien est que Simon se rachète de ses erreurs passées depuis qu'il est auprès de nous...

Laissez-moi rire ! Il ne sait que manipuler son entourage !

... et a été exemplaire auprès de Dorian. Ça aussi c'est la vérité !"

Les voix s'étaient élevées et entremêlées, se coupant et se chevauchant dans la colère. Yeux gris contre yeux bleus dans un duel violent alors que la quadragénaire continuait avec dureté.

"Si vous voulez que je réexamine ce contrat, vous devez protéger votre frère de votre histoire !

Et qu'en savez-vous, de mon histoire ? Si vous n'avez eu que la version de Simon, vous ignorez complètement qui je suis !" rétorqua Dray, révolté.

"Détrompez-vous. Vous n'avez pas le monopole de l'information. Moi aussi, j'ai pris mes renseignements."

Ce fut au tour du New-yorkais de se retrouver déséquilibré par le ton soudain glacial de sa belle-mère. Et la question qui lui vint immédiatement à l'esprit fut bien évidemment ce qu'elle savait alors. Ce chaud et froid eut l'avantage de calmer Fox sur le champ. Piper avait définitivement pris l'ascendance cette fois.

"Si vous tenez aux intérêts de votre client, et je sais que vous aussi êtes un professionnel, vous n'avez pas le choix. Il n'est pas question que Dorian porte le poids du désastre des Fox et de vos erreurs, à l'un comme à l'autre ! On ne peut pas dire que ça vous ait franchement réussi d'ailleurs alors comprenez que je ne veuille pas que mon fils connaisse les mêmes déceptions et les mêmes déboires. "

Fox eut le sentiment de se prendre une gifle. Il baissa la tête, se sentant étrangement coupable, alors que la galeriste s'était mise perfidement à jouer avec le contrat de Vaughn.

"Je ferai mon maximum..."

Que pouvait-il répondre d'autre ? Il était bien obligé d'abdiquer. Elle le tenait, ils le savaient tous les deux. Et dans le fond, il la comprenait. Elle n'avait pas tort quand on y pensait. Décidément, ce môme avait de la chance... Enfin... Dray précisa tout de même :

"Mais je ne peux rien garantir. Au collège, votre fils rencontrera des personnes qui connaissent une bonne partie de l'histoire et sur qui je n'ai pas de contrôle."

Piper pinça les lèvres, frustrée de cette réponse. Mais elle n'obtiendrait pas mieux, il fallait qu'elle se fasse une raison.

"Nous aviserons.

Avons-nous donc trouvé un terrain d'entente ? N'oubliez pas tout de même qu'il est aussi dans votre intérêt de corriger cet accord. Je n'aurai aucune difficulté à descendre votre réputation en tant que galeriste. Et au final, Monsieur Xander a tout de même moins à perdre que vous dans la partie...

Rassurez-vous, nous sommes tous deux des personnes de parole, Dray.

Alors parlons enfin affaires. " conclut le jeune homme avec ironie.

"Ce qui nous attendons avant toute chose c'est de récupérer les droits de vue et de veto sur les commandes. Monsieur Xander est tout de même le mieux placé pour savoir ses délais de livraison.

Je veux bien accepter de m'engager là dessus mais il va falloir qu'il fasse quelques concessions dans ce cas. Autant je veux bien admettre que Blaise a commis... une erreur, autant il s'est montré généreux sur notre commission."

Ce Xander en effet était bien payé pour un débutant. Mais Dray eut tôt fait de rappeler le revers de la médaille.

"Parce qu'il se rattrape plus que largement sur les pénalités de retard avec des délais irréalisables."

Touché. Piper cacha à grand peine un sourire amusé. La partie risquait d'être intéressante.

"Nous accepterons trois pour cent de perte. Et des pénalités réduites sensiblement.

Rien que ça ? Allons, vous n'êtes pas sérieux ! Votre client était encore inconnu, il y a trois mois.

Et aujourd'hui on commence sérieusement à murmurer son nom dans le milieu et son carnet est rempli pour l'année à venir. Vous l'avez dit vous-même : le monde de l'art est mouvant. Cet artiste se fait un nom très rapidement. Ce qui était vrai il y a trois mois n'est plus d'actualité.

Grâce à l'œuvre de Blaise, reconnaissez-le. Son travail de promotion a été particulièrement efficace.

Certes mais je me demande s'il a fait ces efforts pour mon client ou son propre compte. Il était après tout dans son intérêt de trouver un maximum d'amateurs. C'est ainsi qu'il vous ramène autant d'argent. Et s'en fait autant au passage. Monsieur Xander ne doit pas être le seul artiste qu'il a exploité ainsi. Parce que vous êtes bien d'accord qu'à un tel niveau, c'est le mot qui convient le mieux et que bon nombre des membres du cercle partageront notre avis..."

Piper soupira avec ennui. Blaise l'avait décidément mise dans une position délicate...

"Sept et c'est raisonnable.

Trois.

Dray !"

Le jeune homme haussa un sourcil provocateur, imperturbable. La galeriste comprit le message.

"Cinq...

Très bien. A condition que les dites pénalités suivent la baisse d'autant.

Vous abusez là !

Au contraire, c'est là le plus gros problème. Ou oubliez la perte de cachet. Vous ne pouvez pas gagner sur tous les tableaux.

Vous plaisantez ? C'est vous qui...

Faites le calcul, vous verrez que ce n'est pas aussi déraisonnable." coupa Dray fermement avec un sourire en coin. Piper comprit où il voulait en venir. Si elle rendait le contrôle des commandes, elle pouvait dire adieu aux pénalités...

"Car il est entendu que Monsieur Xander a toujours tenu ses délais...

C'est juste.

Et si je refuse le droit de vue et de veto ?

Alors je ne verrai aucun intérêt à tenir mes propres engagements."

La voix du jeune homme s'était faite d'un coup glaciale et chargée de menaces. La galeriste lui jeta un regard noir mais Fox y répondit de la même façon.

"C'est vous qui avez mis votre fils dans la balance des négociations. Il n'était même pas prévu que nous traitions ensemble."

Piper baissa les yeux. Elle lui avait donné le bâton pour se faire battre, cette fois et elle se rendit compte que dans le fond, elle s'était enferrée un peu toute seule.

"Entendu. Je vous sors le nouveau contrat et vous donne une copie du carnet de commandes...

Bien et en parlant des commandes, nous devons régler un dernier détail."

L'Anglaise, déjà en train de rédiger les termes du nouvel accord, lui fit signe qu'elle écoutait.

"Vous êtes peintre, vous-même. Vous connaissez le style de mon client. Trois toiles à livrer avant la fin de cette semaine dans un délai de moins de trois semaines. Il n'y a rien qui vous choque ?"

La quarantenaire cligna des yeux et s'arrêta de taper pour aller examiner l'exactitude de l'information. Et de conclure dans un soupir agacé.

"J'arrangerai personnellement les choses auprès de nos clients et obtiendrai un délai.

Et les pénalités de retard ?

N'en demandez pas trop Dray ! Vous savez qu'à chaque désistement, nous prenons le risque de perdre un client. Et si j'obtiens un délai, vous savez que c'est parce que je rognerai certainement sur le prix de la toile. Il nous faut bien une compensation.

Pourquoi Monsieur Xander devrait-il perdre de l'argent pour une "faute de gestion" de votre galerie ? Prélevez donc la différence et vos frais sur la commission de Blaise. "

Avec impatience, Piper claqua la main sur son bureau. Décidément il ne lâchait rien. Mais après tout, ils étaient dans leur droit. Blaise allait l'entendre !

"Très bien ! Oublions les pénalités de retard !"

Il était dit que l'un et l'autre se souviendrait de cette première rencontre. Après quelques minutes, la brune tendit à son beau-fils une liasse de documents tout juste sortis de l'imprimante.

"Je tiendrais au courant Monsieur Xander des nouvelles dates de commande dans l'après-midi de demain. Combien de temps a-t-il besoin ?

Un décalage d'un mois de toutes ses commandes ne seraient pas un luxe en réalité. Au moins pour ces trois toiles et celles du mois prochain. Il faut les étaler sur le temps.

Et donc ce n'est pas trois clients mais six avec qui je dois négocier.

A qui la faute ? N'y voyez aucune mauvaise volonté de notre part. Mais mon client doit tout de même dormir et assurer certains besoins naturels...

Oh ça va Dray, épargnez moi le sarcasme..."

Fox ne fit pourtant aucun effort pour cacher son sourire narquois alors qu'il rangeait soigneusement les papiers. Il en connaissait un qui allait être un peu soulagé.

"N'oubliez pas que j'ai votre parole." rappela Piper quand Dray s'apprêta à prendre congé.

"Et je n'en ai qu'une. Je ne ferai rien contre Dorian et je le tiendrai éloigné de moi et de... ma version de l'histoire.

Merci."

Dray grimaça avec mépris et se dégagea sèchement de la main que sa belle-mère avait posé sur son avant-bras.

"Il n'y a vraiment pas de quoi pourtant ! Un marché est un marché." cracha-t-il dans son mouvement avec un ricanement mauvais avant de se diriger vers la sortie. Il était incapable de retenir plus longtemps ce qu'il ressentait réellement. La galeriste n'ajouta rien de plus et ne tenta pas de le retenir. Tout avait été dit. Elle le regarda partir en cachant soigneusement ce qu'elle pensa de sa réaction et qui était un mélange de doutes, d'inquiétude et de regrets. Car il était évident que l'avenir allait être sombre et que le jeune homme n'était pas prêt de les accepter, elle et son frère. Dorian allait être déçu. Enfin...

De son coté, il fallut à Dray une très longue course à pied pour se libérer de la colère et la frustration qu'il avait accumulé pendant l'entretien. Il ne s'était pas attendu à se faire mater de cette façon... Enfin, au moins avait-il tout de même obtenu pour Vaughn de meilleures conditions de travail. C'était tout ce qui importait. Mais bordel ! En plus de son père et de son frère, il devait aussi composer avec sa belle-mère. Maria n'avait pas menti. Elle avait un sacré caractère. Et lui n'avait pas eu d'autres choix que de se coucher. Et franchement, il l'avait mauvaise. Et une pensée quelque peu perverse et malicieuse lui traversa l'esprit entre deux foulées. Pour le remercier de ce "sacrifice", même s'il n'en saurait rien, Xander avait intérêt à lui offrir un de ces quatre une nuit de sexe mémorable, là !
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Dray Fox
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Compétence: Niveau 8
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MessageSujet: Re: The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling   The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling Icon_minitimeSam 21 Déc 2019 - 15:29

[ The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling 494271  XD]


La Adler Wizard Gallery était fort occupée, ce vendredi 20 décembre. De nombreuses personnes, habillés élégamment, déambulaient depuis une demi-heure dans la place, petits fours et coupes de champagne à la main, distribués par des serveurs en livrée. Et sur les murs, un seul peintre était exposé. Vaughn Xander. Et si l’Américain avait un vernissage alors son meilleur ami était forcément parmi les invités.

Et en effet, à l’écart de la foule, stratégiquement placé à quelques pas de l’entrée, Dray Fox était appuyé nonchalamment sur l’un des rares murs nus et observait les potentiels acheteurs et la danse des sept voiles de sa belle-mère et de son second avec une certaine dose de dédain dans le regard alors que l’artiste offrait une de ces représentations dont il avait le secret. Et le moins que l’on pouvait dire, c’était que le New-yorkais semblait profondément blasé de ce qu’il voyait. Il allait sans dire qu’il était là dans le seul but de soutenir Vaughn, dans l’exercice obligatoire et casse-burne de sa profession qu’était une expo, et ça, il le faisait sans regret. Mais cela ne l’empêchait pas non plus de ne pas apprécier le bain de foule et les conneries qu’on pouvait entendre de ceux qui n’avaient jamais tenu un pinceau de leur vie mais qui étalaient “leur science de l’art” comme si leur avis allait changer la face de l’Histoire de cette discipline. Lassé, il s’était donc placé en retrait comme à son habitude et attendait patiemment que la soirée se passe. Il n’était certainement pas préparé à ce qui allait suivre. En une seconde, son expression et sa position changèrent du tout au tout. D’indifférentes, elles devinrent dures et fermées, reflets d’une colère qu’on essayait de contenir. Et pour cause…

Un troisième Américain venait de faire son entrée. La soixantaine bien entamée, mais de ces hommes qui s’entretenaient savamment et qui avaient les moyens de le faire sans compter, le nouveau venu ne faisait pas tâche dans le décor avec son costume hors de prix et parfaitement taillé. Mais visiblement, il n’était pas là pour l’art car immédiatement, ses yeux gris et froids sondèrent la foule et quand ils se posèrent sur Dray, ils s’animèrent. Simon Fox s’approcha immédiatement de son fils et ce fut cette constatation, en plus de sa simple présence qui avait provoqué la raideur manifeste de ce dernier.

“Bonsoir Dray, il…”

Mais Simon n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit de plus.

“Qu’est-ce que tu fais là ?!” coupa Dray à voix basse, pour ne pas se faire remarquer. Sans conteste, le ton agressif de Fox donnait celui de la conversation. Simon mit quelques secondes pour répondre, pour ravaler son agacement réflexe face à cette hostilité ouverte et pour réfléchir au choix de ses mots.

“Si je te dis assister à un vernissage ?”

“Ce serait bien la première fois !”

Simon Fox avait en horreur ces évènements depuis plus de trente ans et ne s’y était toujours rendu que par obligation professionnelle. Or, il était à présent à la retraite. Et même si sa femme était galeriste, il n’avait jamais fait cet effort. Donc, on comprenait que Dray ait quelques doutes.

“La vérité !”

“Te parler.”

Fox Junior fixa son père froidement, d’un air complètement sceptique. “Tu me prends vraiment pour un con...”, voilà ce qu’il semblait vouloir exprimer en substance.

“Ca fait longtemps qu’on n’a plus rien à se dire.” finit-il toutefois par murmurer les dents serrées.

Simon fronça les sourcils devant la rebuffade de son fils.

“Ecoute, je viens en paix. Mais si tu le prends sur ce ton, je n’aurai aucun remord à gâcher sa soirée.” répliqua fermement le paternel en désignant d’un léger geste Vaughn en plein entretien avec un acheteur, visiblement particulièrement intéressé par une toile. Simon tenait ce levier de Piper, évidemment, et il était prêt à s’en servir pour obtenir ce qu’il voulait. Le fair play n’était pas franchement une de ses qualités. Mais l’essentiel n’était-il pas le résultat ?

Dray, devant cette menace directe, fusilla son père du regard mais préféra céder. Il n’était pas question que tout parte en live. Simon était parfaitement capable de provoquer un scandale et si le ton montait, lui, n’était pas sûr de pouvoir se contenir. Envoyer un sortilège (peu probable au milieu des non-majs) ou un coup de poing (parfaitement envisageable, ça) à son père en public serait sans nul doute du plus mauvais effet pour Vaughn… Bon, pour Piper aussi mais ça, Dray s’en foutait royalement.

“Dehors.” siffla donc le trentenaire à voix basse en prenant la direction de l’entrée et en sortant son étui à cigarettes d’un geste presque précipité. Il allait avoir besoin de beaucoup, beaucoup de nicotine…

Une fois dehors, malheureusement pas assez loin de la porte pour qu’on ne les voit pas de l’intérieur de la galerie selon Dray et heureusement selon Simon, seul les bruits du zippo et de la circulation se firent entendre pendant quelques secondes. Simon hésitait à se lancer et quelle stratégie adopter pour que l’entretien qu’il voulait avoir avec son fils aîné se passe le mieux possible. Le menacer d’entrée n’était pas la meilleure option mais obstiné comme l’était Dray, il n’y en avait à ses yeux pas de plus efficace que de mêler le peintre à l’histoire. Mais visiblement, ce n’était pas le trentenaire qui allait entamer cette conversation qu’il refusait viscéralement. Il attendit juste, en tapotant nerveusement de la pointe du pied le sol et en inspirant de grandes bouffées de tabac, que son paternel se décide à lui expliquer ce qu’il lui voulait de si urgent pour qu’il pointe son sale nez à cette soirée.

Pour toute introduction, Simon décida que le plus simple était de mettre son fils directement devant le problème qui le conduisait là. Il lui tendit donc un dossier, dissimulé dans la poche intérieure enchantée de sa veste dans le plus parfait silence. Surpris par cette approche, Dray s’en saisit sans plus de mots et le parcourut avec sérieux en ravalant son irritabilité. Son père était peut-être un connard mais il ne faisait rien gratuitement. On vit alors la mine du New-yorkais se décomposer de plus en plus, incrédule et pâle. Simon ne prit la parole que quand Dray releva son regard interloqué sur lui.

“Tu m’expliques ?”

Rares étaient les fois où Simon Fox demandait des explications à Dray sans reproche, d’une voix posée. Aucune agression ne se sentait. La question tintait avec inquiétude par contre. Et ça, c’était encore plus rare.

Dray répondit pourtant par une autre question, visiblement tendu, en réalité incroyablement stressé.

“Comment le coup a été récupéré ?”

Simon ne se formalisa pas de ce jeu de ping pong. A la place de son fils, il aurait certainement posé la même, prioritaire à leurs yeux.

“Ton vieux père a encore de nombreuses relations et quelques services à donner et à rendre.”

Le trentenaire soupira, un mélange subtil de contrariété et de soulagement. Contrariété parce qu’il n’appréciait pas les méthodes de son père ou du moins, il s’en méfiait sacrément et surtout parce qu’il détestait l’idée de lui devoir quelque chose. Soulagement parce qu’on parlait de millions de dollars en jeu.

“Je vois. Et comment tu l’as appris ?”

Là, le ton était digne d’un blizzard, par contre. Celui qui avait prévenu Simon Fox risquait quand même cher parce que le rencarder n’était ni plus ni moins qu’une trahison aux yeux du PDG. Mais le pater ne cacha nullement sa source.

“David. Et tu ne peux pas le lui reprocher, il a évité au projet l’illégalité et le naufrage.”

Ah. Forcément, de David c’était compréhensible. Et dit comme ça en plus... Mais en parlant de devoir un service à son père, du coup…

“Et donc que veux-tu en échange ? Parce que je suppose que cela explique ta présence ici ce soir. Ma gratitude ne va pas jusqu’à ton retour, je te préviens tout de suite.” répliqua Dray, délicieusement narquois.

Simon esquissa un sourire, amusé malgré lui par le culot de son fils. Mais le sujet était à ses yeux trop grave pour que cela dure plus que quelques courtes secondes.

“Des réponses.” répliqua donc le sexagénaire avec le même ton étonnamment posé. Fox fils hocha les sourcils, perplexe et défiant, alors que son père lui tendait une enveloppe, cette fois. Dedans des photos et sur les photos, Dray. Devant le cabinet de sa psy ou des narcotiques anonymes, elles dataient toutes de la même matinée, plusieurs semaines auparavant...

Là, il ne fut plus question de rester sur la réserve du côté du plus jeune…

“Alors ce connard travaillait pour toi !” siffla-t-il, se retenant furieusement de ne pas saisir son père au col.

L’homme, un privé, avait été repéré par le service de sécurité de Bobby Manning. Mais il avait profité d’une foule sortant du métro pour disparaître quand ils avaient essayé de le pincer.

Simon Fox ne s’embarrassa pas de détour.

“C’est ton erreur et le fait que Piper te trouve en pleine crise d’angoisse dans la réserve durant un vernissage de Xander qui m’ont obligés à cette manœuvre.” rétorqua fermement Simon, avec toute l’autorité d’un père et non d’un supérieur hiérarchique pour changer.

“Et tu vas me faire croire que la raison est pour une fois et uniquement ton inquiétude pour moi ?” répliqua vertement Dray en lui claquant les documents sur la poitrine avec une violence contenue à grand peine au point que Fox Senior dut faire un pas en arrière.

“C’est le cas.” déclara pourtant simplement le sexagénaire, presque imperturbable, en rangeant enveloppe et dossier à leur place d’origine. Et ce calme inquiétait profondément son vis à vis parce qu’il n’entrait pas du tout dans les schémas habituels. Normalement, ils auraient déjà dû se gueuler dessus. Et du côté de Dray, on était parfaitement dans ce registre.

“Tu oublies à qui tu parles !” ricana méchamment son fils aîné en croisant les bras pour se fermer à la conversation et s’assurer de ne pas avoir un geste de trop.

“Au contraire, je sais très bien à qui je parle. Je parle à quelqu’un qui n’aurait jamais oublié de signer des demandes d’autorisation de construction et l’inspection du travail, qui ne se serait jamais laissé surprendre par sa belle-mère en telle position de faiblesse, et qui ne l’aurait même pas eu d’ailleurs, et enfin, qui exècre les psy de toutes sortes et qui a un lourd passé avec la drogue.” riposta Simon, de marbre et implacable.

“Et à quelqu’un à qui tu ne feras jamais croire que c’est l’amour paternel qui justifie cet interrogatoire ! Tu espères simplement que je ne sois plus apte à diriger le Groupe.” tacla Dray, avec autant d’amertume que de colère, ne comprenant pas cette soudaine attitude de son père sur laquelle il semblait n’avoir aucune prise et n’appréciant pas de voir ses manquements aussi bien listés.

“Et je t’interdis de parler de ça, ça ne regarde personne !”

Il ne manquerait plus qu’on les entende de l’intérieur, ou plutôt que Vaughn les entende de l’intérieur. Son père soupira.

“Le Groupe n’est pas le problème. Je suis vraiment obligé de le dire ?”

Dray, pour le coup, commença sérieusement à perdre patience.

“Tu te fous ma gueule ? Tu débarques comme une fleur en me forçant la main pour qu’on parle ! Bordel, des engins comme toi, ça devrait être fourni avec une notice !”

Simon siffla d’exaspération. Autant il avait décidé d’essayer de réparer ce qui pouvait encore l’être entre Dray et lui et surtout savoir pourquoi son fils déraillait au point d’avoir failli foutre en l’air un important contrat d’un côté et se mettre les autorités compétentes à dos d’un autre, autant il n’était quand même pas prêt à se livrer.

“Très bien ! Puisque tu sembles ne pas vouloir lire entre les lignes… C’est parce que tu m’as convaincu de ta capacité à le diriger que je suis inquiet de ce je constate.”

…. Hein ? Qu’est-ce qui venait de se passer là ? Son géniteur venait de... reconnaître sa valeur ? Qu’est ce que c’était que ce bordel ?

“Je suis passé dans un monde parallèle ?” railla donc Fox, caustique. Simon pinça les lèvres, contrarié. Il faisait de gros efforts mais Dray ne lui rendait pas la tâche facile. Mais sans doute ne l’avait-il pas volé…

“Tu te rends compte que ça fait dix-sept mois qu’on ne s’est pas parlé ? Phoebe et Zoë ont achevé ce que Dorian a commencé, c’est à ce point difficile à croire pour toi ?”

“Tu n’as même pas idée ! Et ça ne t’a pas dérangé pendant sept ans.” persifla Dray, en s’allumant nerveusement une nouvelle cigarette, l’autre déjà fumée, parlant avec le filtre entre les dents comme à son habitude.

Evidemment, il y avait des coups bas qui ne s’oubliaient pas… Simon ne retint pas plus ce soupir de lassitude que les autres.

“Ton hostilité est justifiée. Je reconnais mes torts, Dray. Mais cette fois, je ne viens pas en ennemi. Je peux te le jurer sur la mémoire de ta mère.”

A ces mots, un silence de mort s’abattit quelques secondes sur les deux hommes, Dray, le briquet encore allumé, à quelques centimètres de la cigarette, figé dans son mouvement, estomaqué, yeux dans les yeux avec son père, ferme et grave. Son geste qui avait été jusque là très rapide se termina beaucoup plus lentement et le claquement du zippo s’entendit avec plusieurs secondes de retard, extrêmement dérangeantes. Quelque chose venait de changer. Simon venait de dire sans doute la seule chose qui pouvait persuader son fils aîné de l’écouter.

“Alors pourquoi ?” finit par demander Fox, hautain, soudain faussement insensible alors qu’en réalité c’était tout le contraire.

“A quoi tu joues ? T’es mourant ou quoi ?! Si tu te parjures, je te jure que cette fois, je te défoncerai. T’es averti.”

Simon souffla, agacé par cette menace, les doutes et surtout le sarcasme de son fils, mais il resta dans les clous.

“J’en prends note. Je vais bien et je ne joue à rien. Je veux simplement comprendre et m’assurer que j’ai tort.”

Dray haussa le ton. Cet échange sans sens, qui sortait de leurs schémas habituels, tenait du calvaire.

“Ca ne répond pas à ma question ! Pourquoi ?!”

Le barrage de Simon finit par céder devant son insistance belliqueuse.

“Parce que j’ai fini par entendre ce que Piper, Dorian et Phoebe s’évertuent à me dire ! Parce que je refuse l’idée que tu ais pu replonger ! Parce qu’aujourd’hui, notre relation toxique me fatigue ! Parce que je suis désolé !”

A nouveau, il n’y eut plus que le silence, horriblement audible. Fox fixait son père, sidéré, alors que ce dernier se rendit compte trop tard de la portée de ses derniers mots et baissa la tête, embarrassé.

“... Par… pardon ?” finit par balbutier le New-yorkais, sincèrement en train de se demander s’il avait bien compris. Recevoir un direct n’aurait pas eu un effet différent.

Simon ne releva pas immédiatement la tête. Mais face à la totale incertitude de son aîné, pour une fois, il affronta les faits écrasants qui pesaient sur eux.

“Ecoute… Je n’ai pas été un bon père pour toi, à peine si j’ai été un père d’ailleurs. Je le sais. Il m’a fallu trente-cinq ans et deux autres enfants pour m’en rendre compte. Aujourd’hui, j’aimerai, pas qu’on fasse la paix, je sais qu’il y a trop de griefs  et une vision diamétralement opposée du monde entre nous, mais au moins qu’on arrive à communiquer.”

Le discours de Fox senior eut le mérite de permettre à Dray de se reprendre.

“Tu te fiches de moi ? Après tout ce qui s’est passé, tout ce qu’on s’est balancé, tout ce que tu m’as fait, le conservatoire, l’indifférence, les humiliations, les mauvais traitements, les vivres coupées, ta mort, ton retour, les coups de poignards, tes secrets, le mariage arrangé et j’en passe, tu espères sincèrement que tu vas obtenir mon pardon et que je me mette à te confier mes problèmes ? Non mais ce n’est pas parce que c’est bientôt Noël qu’il faut croire aux miracles ! Le silence, c’est ce que j’ai de mieux à t’offrir.”

Fox enrageait intérieurement. Ces excuses, il en rêvait depuis des années, l’attention de son père, il l’avait espéré gamin. Et maintenant que les deux se présentaient, il ne ressentait que de la colère et surtout de la frustration face à cela. Il avait pensé que ça le soulagerait mais en fait, il avait juste l’impression qu’on retirait quelque chose en lui, en ne laissant qu’un vide béant.

Ce fut au tour de Simon de voir ses torts parfaitement listés. Et il ne pouvait en réfuter aucun. Il baissa la tête, conscient que le chemin à parcourir était abyssal du point de vue de son aîné. Et au delà de ça, Dray venait, malgré lui, de confirmer ce qu’il craignait : son fils n’allait pas bien. Restait à savoir à quel point.

“Je n’aurai pas l’outrecuidance de demander ton pardon. Mais je suis sincère quand je dis que je suis désolé. Pour tout ce que tu viens de lister.”

Fox, pris à la gorge par ses émotions contradictoires, finit par, lui, sortir des clous, au moins sur ce qu’il s’était promis : ne pas laisser voir que son pater avait réussi à l’atteindre.

“T’as pas le droit de débarquer comme ça et de fausser les règles du jeu ! Tu ne peux pas m’enlever le droit de te haïr et de me laisser sans rien !”

Simon fut surpris par cette déclaration alambiquée qu’il ne sut pas vraiment comment interpréter. Et preuve d’un réel changement chez le sexagénaire, au lieu d’être au mieux agacé, au pire furieux de s’entendre dire de son fils “je te hais”, il ressentit un malaise bien différent et difficile à décrire pour lui : un mélange de navrement, de remords et de pessimisme.

“Dray…”

Mais il n’eut pas le temps d’achever sa nouvelle tentative d’approche. Dray prit à son tour conscience de la portée de ce qu’il avait dit et décida de botter en touche pour mettre fin à cette conversation décidément dérangeante.

“Laisse tomber ! Je suis clean, t’as rien d’autre à savoir ! A dans jamais !” cracha-t-il en jetant son mégot d’un geste rageur dans le caniveau avant de se retourner pour revenir à l’intérieur.

Mais Simon ne l’entendit pas ainsi. Il n’était pas question qu’il laisse son fils fuir et encore moins l’entendre dire que c’était leur dernière conversation de son point de vue. Il voulut lui saisir le poignet pour le retenir.

“Atte…”

Mais tout ce qui suivit fut un cri de douleur, heureusement couvert par la musique d’ambiance de la galerie. Au moment même où sa poigne s’était refermée sur Dray, Simon reçut une bonne décharge électrique qui l’aurait mis à genoux s’il n’avait pas eu la présence d’esprit de s’appuyer contre la voiture garée derrière lui. Le trentenaire fut peut-être encore plus surpris que son père par cette charge défensive qu’il n’avait pas du tout contrôlé. Il fixa son père, pétrifié, le souffle coupé, main encore levée d’avoir essayé de se dégager. Entre penser et dire "je vais t’en foutre une" et le faire, surtout de manière incontrôlée, il y avait une marge gigantesque quand il s’agissait de certaines personnes… Fox venait techniquement de lever la main sur son père malgré lui et ce fait était soudain beaucoup trop lourd. Il n’avait plus les épaules pour ça.

Fox senior, étourdi, dut dans un premier temps se remettre de la douleur et du choc. Mais quand il releva les yeux vers Dray, en se massant la main, déconcerté et furieux sur le coup, on pouvait le comprendre, il vit son aîné décomposé, livide et légèrement tremblant. Clairement, il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. L’irritabilité du sexagénaire redescendit tout de suite. Il comprit que cela n’avait été qu’un accident magique, un réflexe de sa magie que son fils n’avait pas du tout prévu.

“Je… Je suis désolé, je ne voulais pas…” balbutia d’ailleurs Fox quand ses poumons réclamèrent l’air dont ils étaient privés par la montée d’angoisse qui s’évertuait à vouloir les bloquer.

“Ce n’est pas grave, Dray, ça va. Je n’aurai pas dû te retenir physiquement.” tempéra donc Simon qui constatait la tension et le malaise évidents de son aîné. Mais quelque chose s’était soudain cassé et il comprit vite ce que c’était en voyant Dray reculer jusqu’au mur sans le lâcher des yeux, suffoqué au figuré mais aussi, plus inquiétant, au sens propre. Sa respiration sifflante qu’il perçut le renseigna malheureusement très bien sur ce qui était en train de se passer. Et cela finit de le persuader que oui, définitivement !, son fils avait en réalité un sérieux problème parce que là, il était tout bonnement en train de faire, face à lui, une crise d’angoisse, provoquée par le simple fait de leur discussion et de ce dérapage magique contre lui, ce qui ne cadrait pas du tout avec la personnalité de Dray. Et face à cela, Simon n’était pas armé.

“Dray, respire !” ordonna-t-il, comme si cela pouvait être aussi simple.

“Vous feriez mieux de partir.” riposta une voix ferme dans l’ombre. A la lueur d’un réverbère, on reconnut son propriétaire. Bobby Manning, dont les ordres avaient été de rester en retrait durant la soirée comme d’habitude quand elle comptait Vaughn, avait décidé de les outrepasser en voyant la décharge magique. Les choses allaient trop loin, preuve en était de l’état actuel de son patron.

Simon admit à contre-coeur que c’était en effet pour l’heure la meilleure option. Il n’obtiendrait pas ses réponses et la trêve ce soir-là, s’il devait les avoir un jour, ce qui était encore moins sûr aux dires de Dray.

Restés seuls, Bobby, à qui Fox avait confié le traitement prescrit par sa psy dans ces cas-là, lui fit respirer une fiole pour endiguer la crise. Il fallut tout de même plusieurs minutes au New-yorkais pour se calmer. Et ce ne fut encore que deux cigarettes plus tard que Dray se décida à retourner dans la galerie. Vaughn avait dû remarquer son absence depuis longtemps à présent…

Mais, il fallait l’excuser, Fox passa le reste de la soirée déconnecté de ce qui l’entourait, à fixer le sol, perdu dans ses pensées, l’indifférence comme seul masque qu’il était encore capable de porter, vu le contexte. Cette entrevue avec son père l’avait secoué. Il ne savait pas ce qu’il devait en penser et même pas ce qu’il devait ressentir. Il se sentait égaré, amer, fatigué et malheureux. Son père venait pourtant d’admettre ouvertement sa responsabilité dans l’énorme gâchis de sa vie et de leur relation détraquée. Il s’était même excusé. Le New-yorker aurait dû au moins être satisfait de “cette victoire”, ça faisait un bail qu'il l’avait attendue. Et pourtant, à présent qu’elle était là, Fox se sentait mal, terriblement seul et blessé. Et cette douleur, un chagrin qui lui montait à la gorge, il ne la comprenait pas.  

Tu ne peux pas m’enlever le droit de te haïr et de me laisser sans rien. Sans rien. C’était ça, la clé. A force d’y réfléchir, Dray mit le doigt dessus. La rédemption, les excuses et la légitimité ne remplaçaient pas ce qui faisait défaut dès le départ et que Fox avait comblé avec la haine et la colère au fil des années. L’affection de son père. Rien ne pourrait combler ce manque passé pendant trente cinq ans et toujours présent, il était trop tard. C’était un deuil que Dray devait faire et il n’était pas préparé. Et même si Simon avait laissé entrapercevoir qu’aujourd’hui il était enclin à ce sentiment envers son fils aîné, ce dernier, trop souvent trahi et brutalisé (certes bien plus souvent moralement que réellement physiquement mais la distinction était-elle vraiment importante ?), était incapable de lui faire confiance et de profiter simplement de cette soudaine manne, dont il ne pouvait croire l’honnêteté.

Plus simplement et en même temps plus grave encore, un des rares piliers qui gardaient sa vie en équilibre venait de tomber en ruines. Ce n’était pas le plus sain mais il avait le mérite de remplir sa fonction. Et comme tout pilier, son absence allait mettre à mal une construction déjà fragile et pas mal délabrée.

Et en plus, son père, en ayant fait le premier pas, en ayant reconnu qu’il avait eu tort toutes ces années et en s’excusant par dessus le marché, lui enlevait le droit d’être en colère et de réclamer réparation ou vengeance, qu’on appelle ça comme on veut. Si Dray s’obstinait dans cette voie, il passait pour le mauvais fils, querelleur et revanchard, voire malveillant. Alors qu’il était dans son bon droit de refuser ne serait-ce que le dialogue. C’était trop facile après tout ce qu’il lui avait fait endurer ! La distance et le silence étaient ses seuls baumes et tout ce dont il était capable, surtout maintenant qu’une force supérieure, malchance, destin ou juste vie, l’avait foutu en l’air pour de bon.

Sa psy allait pouvoir se construire une villa avec piscine avec le nombre de séances encore à venir dont Fox avait encore besoin.

En voyant son beau-fils complètement absent, Piper finit par abandonner ses clients pour prendre la température. Elle avait vu Simon entrer, elle savait pertinemment qu’il allait venir ce soir-là. Et Dray ne fut pas tendre, il avait le sentiment d’avoir été piégé.

“Vous ne pouviez pas rester à votre place et vous mêler de vos affaires ?!” cracha donc Fox à voix basse, tout de même conscient qu’il fallait éviter les vagues, avant même que la galeriste ne put ouvrir la bouche. Elle aurait dû garder ses distances parce qu’elle risquait bien de payer les pots cassés de tout ça et ils étaient nombreux…

“Il mérite au moins que vous écoutiez ce qu’il a à dire.” eut-elle la maladresse de dire avec pourtant de la douceur. Piper tenait sincèrement à réconcilier son mari et son fils aîné. Mais elle naviguait à l’aveugle dans la tempête et elle risquait bien cette fois de payer le prix de son audace…

“Et à quel titre, je vous prie ? Parce qu'une fois n’est pas coutume, il m’a sorti de la merde au lieu de m’y mettre ? Vous êtes certes sa femme et la mère de Dorian. Mais pour moi, vous n’êtes rien. Ce qu’il y a entre nous ne vous regarde donc absolument pas !”

Ce rien blessa Piper. Elle se sentit alors le droit de franchir la ligne imposée...

“Vous êtes décidément un parfait égoïste ! Vous vous fichez bien que la famille souffre de votre conflit. Tendre la main au lieu de les rejeter, c’est trop vous demander ?”

Cet argument n’ajouta qu’un peu plus d’huile sur le feu.

“Ah non, ne mêlez pas Phoebe et Dorian à vos conneries ! Ils en ont pris leur parti depuis longtemps et ils connaissent l’histoire. Ils respectent et comprennent mon choix et je ne demandais pas grand chose ! Ils n’avaient rien à y perdre ! Et si on parlait du vôtre, d’égoïsme ? Vous n’avez pas pu vous empêcher de lui raconter ce que vous avez vu…”

Dray faisait évidemment référence à la crise d’angoisse dont son père avait parlé. Il avait eu une très bonne raison de la faire. Elle datait de l’avant-dernier vernissage de Vaughn. Un homme avait profité de la soirée pour l’approcher et lui donner une lettre. Une lettre signée Stephen Drake qui lui disait, photo à l’appui, avoir acheté un tableau de Vaughn et regretter de ne pas pouvoir être présent ce soir-là mais que ce n’était que partie remise car il tenait à féliciter en personne l’artiste. Cela ne semblait pas grand chose. Sur Fox, cela eut un effet dévastateur. Le temps qu’il lise la lettre et constate la véracité de la photo, l’homme avait disparu. Mais de toute façon, il n’avait pas risqué grand chose. Dray eut juste la présence d’esprit de s’introduire dans la réserve, la sortie la plus proche de lui, avant que la crise d’angoisse ne le fauche pour de bon. Piper, venue bêtement chercher une toile, le surprit quelques minutes plus tard, assis contre un mur à se balancer en suffoquant. Elle eut l’intelligence de ne pas vouloir régler le problème elle-même et d’aller chercher Vaughn, le seul à même de le soulager, évidemment. Mais forcément, ça avait fait désordre…

“... et pire, vous m’avez piégé tous les deux pour son intérêt et vous avez utilisé Vaughn pour ça ! Pour le bien de Dorian, je pouvais l’excuser, pour les intérêts de mon père, croyez-moi, vous allez le payer !”

La menace claqua sourdement. Piper se sentit très mal à l’aise pour le coup. Elle perçut l’écueil dans lequel elle était tombée. Les menaces des Fox n’étaient jamais gratuites.

“Aussi incroyable que cela vous paraisse, nous nous inquiétons pour vous ! Reconnaissez que nous avons de bonnes raisons.” se défendit-elle. Si elle avait parlé à Simon, ce dernier en avait fait autant. Et malgré que Dray ait tout fait pour le cacher et qu’il se soignait aujourd’hui, il avait déconné et ces deux-là l’avaient découvert, il fallait bien faire avec, il le savait bien. Mais ceci étant, il n’était pas dit non plus qu’il allait faire avec en douceur, surtout avec ce qu’il ressentait, là, dans l’immédiat.

“Mais je ne vous ai rien demandé ! En quoi ça vous concerne d’abord ? Je ne le comprends pas de mon propre père, alors encore moins de vous, une étrangère ! Une bonne fois pour toutes, vous n’êtes pas ma mère et je vous interdis de penser en avoir la légitimité !”

Deuxième claque. Celle-là fut décisive. Piper baissa la tête sous le regard tranchant de son beau-fils. Des regards pesaient sur eux. Blaise s’approcha même. Avaient-ils haussé la voix sans s’en apercevoir ? Ils n’en avaient pas l’impression d’autant que Dray était resté en retrait à l’entrée. Peut-être était-ce davantage leur attitude et leurs expressions qui les trahirent.

“Tout va bien, madame ?” chuchota l’assistant.

Piper se força à sourire en relevant la tête. Show must go on.

“Oui Blaise. Allons donc convaincre M. Dewinter d’offrir à sa femme cette toile qu’elle veut tant.”

Laissé seul, Fox ferma les yeux et inspira profondément comme sa toubib le lui avait appris pour soulager la tension qui l’étouffait et l’étau qui lui broyait la gorge. Ça aussi, il allait en réentendre parler... Il avait vraiment hâte que la soirée s’achève et pour être honnête, il était même plutôt partant pour rentrer immédiatement, même si finalement la soirée n’en était qu’à sa première moitié. Vaughn comprendrait de toute façon.

Il alla donc lui glisser qu’il ne se sentait pas bien, ce qui était la stricte vérité, et qu’il s’excusait de devoir rentrer au Refuge.


[Merci à toi mon p’tit chat pour l’autorisation. Si tu as envie d’un petit topic, je t’ai laissé une ouverture ! ^.~ *frotte frotte*]
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MessageSujet: Re: The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling   The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling Icon_minitimeLun 20 Avr 2020 - 1:37

Il était de notoriété publique, pour ceux qui le côtoyait et le connaissait un minimum, que l’artiste ce soir exposé n’aimait mais alors pas du tout les soirées mondaines (cela avait d’ailleurs causer quelques sueurs froides au galeriste en charge de lui, au début, avant qu’il se rende compte que son investissement avait plusieurs cordes à son arc). C’était sa soirée et lui-seul tenait la vedette, oui, mais ça ne changeait rien au fait que le peintre en question n’était pas sociable pour deux noises et supportait mal cette mise en avant et ce bain de foule obligatoire. Mais ça faisait partit du boulot, et quand il s’agissait de boulot Vaughn Xander était quelqu’un de particulièrement carré, ce n’était plus à démontrer. Mais il lui fallait aussi du soutien alors, comme souvent, il avait convié son meilleur ami à la sauterie.

Dray n’était bien évidemment pas obligé devenir à la galerie, Vaughn avait mis le temps mais il avait finalement compris qui en était la propriétaire pour lui, alors bien sûr il ne lui en aurait jamais voulu de décliner l’offre (surtout qu’en plus cela ne s’était pas spécialement bien passé la dernière fois et que sa crise d’angoisse dans la réserve avait été on ne peut plus intense) mais il avait été content que l’homme d’affaire fasse le déplacement tout de même. Il était conscient qu’il lui demandait beaucoup, et il s’en voudrait probablement au vu de ce qui allait finalement se passer, mais pour le moment l’artiste était satisfait alors que, sapé sur son trente et un comme toujours pour ce genre de représentation, il se tenait sur la scène entouré de ses potentiels ‘clients’, un verre à la main. De temps à autre, le représentant du Tennessee s’assurait que son meilleur ami allait, d’un simple regard, et tentait aussi par moment de revenir parler un peu avec lui mais il était dit que le soutient de Dray était plus moral qu’autre chose et qu’ils ne pouvaient finalement pas passer beaucoup de temps ensemble. Il lui en devait une, il en avait conscience.

Mais c’était aussi et surtout parce qu’il était en représentation et qu’il ne faisait, de fait, pas réellement attention aux va et viens dans la place qu’il n’avait pas tout de suite vu Fox senior s’incruster dans les lieux. Etait-ce une bonne chose ? Pour le bon déroulement de la soirée, probablement. L’artiste n’était pas dupe, il aurait tout de suite compris qu’il ne venait pas là pour la beauté de son art (il n’était après tout jamais venu lors d’une de ses soirées, il l’aurait remarqué sinon même s’il était parfois à l’ouest, le PdG de la Fox ressemblait beaucoup trop à son prédécesseur pour que ça n’attire pas son attention) et si Dray faisait attention à sa réputation et à ce que cette corvée se déroule bien il était évident que le premier concerné n’aurait lui pas eut autant de considération même si c’était de son job dont il s’agissait, question de perspective.

En fait, Vaughn n’avait remarqué Simon que quand Dray et lui sortaient de la place dans le but visible d’avoir une petite discussion. Et si sur le coup, l’artiste c’était excusé auprès des gens qui lui tenaient prestement la jambe dans une conversation totalement insipide a ses yeux, et ce dans le but évident d’aller voir si tout se passait bien pour le pianiste, une main posée sur son bras l’avait retenu. Vaughn c’était retourné pour voir qui l’avait alpagué et c’était alors retrouvé face à la belle-mère de son meilleur ami qui n’avait pas été dupe une seconde et avait visiblement anticipé sa réaction.

"Laissez-les parler."avait-elle demandé dans un premier temps alors que l’artiste se dégageait simplement de son contact.

"Il n’est pas là en ennemi, ce soir."ajouta-t-elle, bien consciente que c’était avant tout ce qui préoccupait probablement l’artiste.

Le regard émeraude s’était confronté un instant au bleu de sa patronne. C’était elle qui était venu le chercher quand Dray avait eu sa crise d’angoisse à l’avant-dernier vernissage, montrant de fait qu’elle avait à cœur la santé de l’Américain et était assez fine pour savoir juger la situation, et même s’il n’était pas confiant (il l’était seulement avec Dray après tout) il pouvait peut-être, pour une fois, lui laisser le bénéfice du doute. Mais penser que Simon Fox n’était ce soir pas là pour un de ses coups tordus habituels, c’était quand même dur à croire. Que voulez-vous, il ne côtoyait pas l’ancien homme d’affaire personnellement, le pianiste y veillait probablement, mais il savait de quoi il était capable…

"Il vaudrait mieux…"avait répondu l’artiste, son ton redevenu celui froid, habituel, qu’il avait avec les gens dont il n’avait strictement rien à faire.

Il voulait bien ne pas intervenir pour le moment, sorte de renvoi d’ascenseur pour ce qu’il s’était produit quelques semaines plus tôt, mais il était évident en cette seconde qu’il vaudrait mieux pour tout le monde qu’il n’ait pas à regretter son choix. Vaughn ne pouvait strictement rien faire à Simon ? Ni même à sa ‘patronne’ ? C’est vrai… mais était-ce vraiment cela qui allait l’arrêter ? Probablement pas. Quoi qu’il en soit Vaughn, donc, ne sortit pas de la galerie et continua non sans être bien plus distrait son bain de foule. Il ne pouvait s’empêcher de temps à autre de lance un regard en direction du trottoir même s’il n’entendait rien ni ne pouvait comprendre ce qui se déroulait entre le père et le fils.

Et accaparé par un petit groupe de femmes du monde qui visiblement c’étaient rendues dans la place en groupe, moins intéressé par les toiles que par l’artiste lui-même d’ailleurs mais passons (ce ne serait pas la première fois de toute façon même s’il n’y prêtait aucune attention), il avait loupé la décharge magique et le départ de Simon. En fait, il avait surtout vu le PDG de la Fox revenir dans la galerie le visage complètement fermé, à fixer le sol la plupart du temps. Il ne savait pas trop, de fait, si la rencontre c’était bien passé ou pas mais cela avait vraisemblablement été éprouvant dans tous les cas. Le point positif, c’est que Dray, même s’il restait à l’écart, n’avait pas manifester l’envie de quitter les lieux. Ça aurait clairement pu être pire du coup. Mais il avait quand même hâte que toute cette mascarade cesse pour se concentrer pleinement sur le New-yorkais.

Ce qu’il n’avait pas spécialement imaginé par contre c’était la tentions palpable qu’il perçu clairement, comme apparemment beaucoup de monde, quand sa belle-mère vint lui parler. Que Dray se rassure, ils n’avaient pas le moins du monde hausser le ton et probablement que personne si ce n’est vraiment les personnes les plus proche deux (et encore) n’avait probablement entendu l’échange. Mais il n’y avait pas besoin d’entendre pour se rendre compte qu’il y avait un problème. Même Vaughn qui, par certain coté, était un inadapté social officiel avait compris. Alors c’est vrai, il le connaissait bien et c’était probablement ce qui lui avait fait comprendre que sur ce coup, il était clairement en mode ‘fâché’ mais quand même… Il n’était pas prêt d’écouter de nouveau le galeriste vu comment tout ça tournait à présent…

Alors quand son meilleur ami était venu le voir, dans un moment de creux, pour lui annoncer qu’il voulait partir, il ne fut pas étonnant que l’artiste ne soit pas surpris, loin de là. Au contraire même, il avait délibérément évité le regard d’un couple qui semblait avoir envie de venir lui parler pour se concentrer uniquement sur l’américain.

"Dans ce cas, nous partons."avait-il simplement répondu en guise d’acceptation. Si Dray se sentait mal et voulait rentrer après avoir parlé à son père puis sa belle-mère, il n’allait pas le laisser partir tout seul et le lâcher comme ça.

"Et aucune protestation."rajouta-t-il simplement avant même que son meilleur ami ne tente de lui faire entendre raison.

Ce n’était qu’une soirée. Il ne jouait pas sa vie dessus et clairement, ça n’entrait pas dans ses priorités là. Et si jamais quelqu’un trouvait à y redire, et bien, ma fois, c’était tant pis pour lui. Et que Piper ou Blaise ne tente pas de l’en dissuader surtout : l’esclandre que Dray avait voulu éviter en sortant dehors avec Simon, il était bien capable de le provoquer tout seul notre artiste ! Et sur ce point ils savaient probablement tous les deux de quoi notre professeur d’art était capable… Le PDG de la Fox était le plus important, il était toujours le plus important, et si quelques ventes lui passaient sous le nez parce qu’il n’avait pas assurer la représentation, ma foi, il s’en accommoderait très bien. Il préférait largement ne rien gagner du tout, voir perdre plusieurs clients, et être auprès de son meilleur ami s’il avait besoin de parler de tout cela…

[J'ai pris mon temps et ça amène pas forcément à plus mais je me devait quand même de réagir ^^ Allez, demain je répond au refuge puis au studio Wink ]
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MessageSujet: Re: The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling   The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling Icon_minitimeLun 20 Avr 2020 - 19:27

[Evidemment, qu'il y aura réponse, je ne peux pas résister à tes rp, moi ! The Adler Wizard Gallery - Galerie Ayling Neko10]

Oh, Xander n’en devait aucune à Fox ! Pas du point de vue de ce dernier en tout cas. C’était même plutôt l’inverse, le renard était loin d’avoir fini de payer la facture, si on pouvait dire qu’il existait un système de comptes entre eux, ce qui n’était évidemment qu’une image. Mais sérieusement, Vaughn avait tellement soutenu pour ne pas dire parfois porté Dray durant ces mois difficiles que ce n’était pas un petit vernissage de temps en temps qui allait rééquilibrer la balance aux yeux du New-yorkais. Le PDG était parfaitement lucide sur les faits et à présent sur son état, même si sur ce dernier point, il avait fallu quelques baffes pour qu’il ouvre les yeux.

Et au delà de cette drôle de période qu’ils traversaient à cause de lui, Dray n’aurait de toute façon jamais refusé d’accompagner son meilleur ami dans cette corvée sous prétexte que sa belle-mère était la taulière et qu’il avait du mal à se l’encadrer pour la seule raison qu’elle était la femme de son père. Il fallait qu’il soit honnête, hein. Si on exceptait, comme ce soir-là, ses tentatives plus lourdes qu’un géant souffrant d’obésité morbide, de le réconcilier avec son père, Piper s’était toujours plutôt bien comportée avec lui. Il n’avait donc aucune raison concrète de refuser le coup de main dont Vaughn avait besoin de temps en temps. Le fait qu’il n’appréciait pas les bains de foule, ça va, fallait pas déconner, Fox,  t’es PDG ! Il devait faire avec régulièrement au boulot, et même si tout était plus compliqué depuis les évènements du Pré-au-Lard, il pouvait bien prendre sur lui quatre heures pour son mec ! … Enfin, son meilleur ami, vous aviez corrigé de vous-même…

Enfin laissons cela de côté, Simon Fox venait de faire son entrée. Et il était d’autant plus difficile à croire qu’il n’était pas là pour un de ses coups de pute qu’il n’avait jamais montré autre chose de son répertoire, du point de vue de son fils et donc par ricochets de ses proches qui apprenaient plus ou moins rapidement le résumé des épisodes de ce soap qu’était Fox Dynasty.

Loin de se douter que Piper avait encore une fois mis son grain de sel en empêchant Tennessee de venir le tirer de ce guet-apens, New-york eut cette conversation redoutée avec son paternel avec les conséquences déjà narrées. Ayling avait beau dire que son père n’était pas venu en ennemi et cela était certainement vrai, Fox ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il y avait un loup quelque part. A force, hein…

La réaction de Vaughn, si Dray en avait eu connaissance, l’aurait laissé aussi déstabilisé que ce qui venait de se passer, mais dans le bon sens, cette fois. Fallait pas lui faire des coups pareils, addict et mordu qu’il était ! Et puis être ouvertement protégé, comme ça, forcément, c’était… Adorable, touchant…. et foutrement troublant ! Heureusement, finalement, cela devrait rester entre Piper et le peintre.

Ce que Xander pourrait faire ? Contre Simon rien, Piper par contre, s’il avait envie de faire chier le monde, lui faire perdre pas mal de thunes, c’était déjà quelque chose. Et puis, ce n’était jamais agréable de se retrouver dans le colimateur de quelqu’un ayant la volonté du personnage. Enfin donc, on ne s’inquiétait pas trop de ce côté là, en étant persuadé du talent de l’artiste pour être là où on l’attendait le moins. Dray connaissait fort bien le potentiel égal au sien de son aîné dans un autre style à foutre le way si le coeur lui en disait. Bon, il devrait sans doute se saborder au passage mais avec Fox dans son carnet d’adresses, il ne risquait pas une grosse perte et surtout elle serait de courte durée. Le New-yorkais était déjà un mécène pour pas mal d’artistes plus ou moins connus ou débutants, vous vous doutiez bien de quoi il était capable pour le mec qu’il aimait.

Restait donc à la pièce une scène avant l’acte final. La discussion avec la belle-doche. Et elle fit des vagues… Bon heureusement, cela restait discret, pas les gros rouleaux qui se fracassaient sur les rochers, mais plutôt genre houle. Toutefois, cela suffit à drainer les dernières réserves de Dray. Il aurait du mal à tenir tout le reste de la soirée malheureusement.

Il ne s’était pas attendu à ce que Vaughn réponde à la première personne du pluriel. Quoi ? Ah non ! Il n’allait pas sacrifier une soirée aussi importante que celle-là pour ses beaux yeux, fallait pas déconner ! Pas tous les jours qu’on avait un vernissage pour soi seul ! Et Piper et Blaise n’allaient pas laisser passer sans rien dire qu’il prenne la clé des champs, il y avait trop d’argent et de travail en jeu. C’était que ça ne s’organisait pas non plus en claquant des doigts, ce genre d’évènements.

Le “aucune protestation” de Xander tira un coup d’oeil appuyé, blasé et narquois tout à la fois à Fox, alors même qu’il s'apprêtait à justement dire tout haut ce qu’il venait de penser. Il en ferma la bouche d'ailleurs, preuve de sa réactivité. Nan mais hé, tu sais à qui tu parles, hein… Bien sûr qu’il y aurait protestation, il n’allait pas le laisser faire une connerie professionnelle, juste parce que lui avait encore une fois des putains d’états d’âme qu’il n’arrivait pas à gérer ! Il était peut-être important mais… Mais les rôles inversés, il ferait exactement la même chose… Dray baissa finalement la tête et acquiesça en silence, la gorge et la poitrine un peu serrées, pas à l’aise, face à ce constat fort simple : Vaughn savait ce qu’il faisait et faisait ce qu’il voulait. Il gérait sa barque comme il l’entendait, et lui n’avait aucune espèce de leçon ou ne serait-ce que conseil à donner. Il n’en avait aucun droit. Il n’avait pas l'énergie de ce débat-là de toute façon.

Et s’ils n’étaient pas en public, Fox aurait bien glissé la main dans celle de son meilleur ami pour plusieurs raisons : pour le remercier en silence de sacrifier sa soirée parce que oui, même si c’était une corvée, c’était véritablement lui le “roi de la fête” et que ça n’allait sans doute pas se reproduire avant un moment s’il se barrait en plein milieu ; parce que ça le réconfortait et il avait besoin de ça ; et parce qu’il avait envie de se rapprocher de Vaughn tout bêtement. Mais il se retint, il fallait éviter tout geste potentiellement équivoque bien sûr… Il suffisait d’attendre le Refuge, de toute façon. Ils seraient vite arrivés avec le transplanage.

Ce fut ainsi qu’une soirée publique et guindée qui devait être d’un ennui évident pour les deux Américains, se transforma en conversation intimiste et tendre, à l’abri du domaine de l’un des deux. Comme quoi, il y avait des choix qui s’imposaient comme des évidences.
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