Le Collège Poudlard

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 Quand le passé vous rattrape...

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Dray Fox
Exilé(e) politique

Exilé(e) politique
Dray Fox

Quand le passé vous rattrape...  TrophyBar

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Quand le passé vous rattrape...  TrophyBar
Messages : 3793

Né(e) le : 12/09/1984
Age : 40

Où à Poudlard ? : Je vous en pose des questions ?

Rang & Club : Baka ranger vert.

Caractéristiques
Compétence: Niveau 8
Particularité: PDG de la Fox
Baguette: 33 cm, bois de prunellier (manche), bois de pin (corps), dard de Billywig et poil de Nundu (Une baguette de barj à l’image de son propriétaire... XD)

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MessageSujet: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeDim 20 Jan 2013 - 13:25

"Parfait ! Et bien, Dray, c'est la dernière fois que nous nous voyons et j'en suis heureux. Vous pouvez vous rhabiller."

Celui qui venait ainsi de conclure son examen était le Docteur Nietzsche en ce 30 janvier. Et alors que son patient descendait de la table d'auscultation et attrapait son jean posé sur une chaise, non loin, le professionnel revint à son bureau et parapha son dossier médical.

"Récupération complète, pour être franc, je n'y avais pas cru." remarqua-t-il en s'asseyant dans son large fauteuil de cuir. Il fixa l'Américain d'un air entendu, flattant sa barbe grisonnante avec une certaine autorité. Le message était plutôt évident. Qu'on ne vous y reprenne plus à faire le zouave.

Dray, dont apparemment ceci était la dernière visite de contrôle suite à son accident de moto, finissait de boucler sa ceinture et récupéra un pull ample et léger avant de répondre.

"Je dois à votre équipe beaucoup, Docteur. Soyez sûr que je ne l'oublierai pas."

En d'autres termes, vous verrez d'ici peu affluer des donations substantielles.

"C'est à Seiki et au Docteur Carthew, surtout, que vous devez le plus." corrigea le mentor du sus-nommé, avec fermeté. Dray qui venait de glisser son dernier bras dans la manche adéquate, baissa la tête et se passa la main à présent libérée dans les cheveux. Ça, c'était peu de le dire, l'aventurier le savait bien. Mais Cyrus, malgré qu'il ait obtenu cet accord silencieux, jugea bon d'en ajouter.

"Tsuno n'a jamais abandonné. Et pourtant les paris, ici, vous disaient tous perdant. Et vous imaginez bien que pour nous, ce mot prend un terme quelque peu définitif. Quant à Carthew, il a plus cru en vous que vous-même. Et il faut bien le dire, il a de l'or dans les mains. Je ne suis pas sûr qu'avec un autre, vous auriez pu obtenir un tel résultat, malgré vos efforts."

Dray resta songeur en repensant aux deux médecins. Il était vrai que sans eux, tout ceci aurait beaucoup plus mal fini. Et après s'être assis face au bureau de Nietzsche pour renfiler chaussettes et chaussures, il exprima ce qui résumait parfaitement la situation :

"Je sais. A l'un, je dois ma vie, à l'autre, mon mode de vie."

Et le médicomage conclut avec sévérité.

"Exactement. Alors tachez de ne pas gâcher leur travail et cette seconde chance que le destin veut bien vous offrir. Vous avez beaucoup de personnes qui vous aiment. L'adrénaline ne vaut pas que vous les fassiez souffrir et les perdiez."

Dray se redressa autant parce qu'il en avait fini avec ses lacets qu'à cause de ce sermon qu'il n'avait pas vu venir de cet homme-là. Mais il était amplement mérité. Comme tous les autres. Il n'était pas le premier qu'il entendait. Mais cette fois, cette façon de formuler les choses fit un peu plus écho chez l'Américain. Cette dernière phrase en particulier, lui parlait davantage parce que c'était ce qui était arrivé une première fois. C'était comme ça qu'il avait perdu Karine... Au mot près. Lui qui disait qu'il apprenait de ses leçons, il avait besoin, pour certaines d'une sacrée piqûre de rappel...

"Message enregistré, doc."

Le soupir de Fox, un mélange de contrition et de lassitude, convainquit le dit doc de la véracité de ces paroles succinctes et il laissa là la question. Et comme il n'y avait plus rien à dire, le médecin jugea bon de clore la visite, une bonne fois pour toutes puisque son patient, enfin ex-patient à présent, s'était relevé pour enfiler son manteau. Cyrus fit de même, une fois qu'il eut fini de remettre convenablement son col.

"Bien, nous en avons terminé, dans ce cas. Je vous raccompagne."

A la porte, le médicomage se permit d'embrayer rapidement sur un tout autre sujet.

"On dit qu'un très généreux donateur a exigé de prendre part au conseil d'administration de l'hôpital, je me demandais..."

Dray rit franchement devant ce faux suspens entretenu.

"Si c'était moi ? Non, j'ai déjà bien assez à faire avec mon propre conseil. Et puis vous savez bien que moi, je ne suis pas un très généreux, mais plusieurs petits. Je tiens à ma discrétion."

Cyrus sourit avec complicité. Il devait à vrai dire être le seul à le savoir. Une vigoureuse poignée de mains des deux partis plus tard et la porte se referma laissant le New-yorker, seul dans le couloir. Il s'étira alors de toute sa hauteur. Il n'était pas mécontent de s'être entendre dire qu'il en avait fini pour de bon avec tout ceci. Un an et huit mois, c'était quand même long dans une vie...

Il se dirigea prestement vers le secrétariat pour régler les dernières démarches administratives. Ce fut en sortant de là que dans le hall, il faillit se faire percuter par un fauteuil, lancé à toute vitesse par son propriétaire, poursuivi visiblement par un membre du personnel féminin, une trentenaire aux longs cheveux châtains, toute ronde et apparemment peu armée face aux facéties de son patient.

"Marcus, reviens-ici !"

"Hé là, toi ! Je te manque à ce point que tu veux me renvoyer à l'hosto ?" demanda l'Américain avec malice en attrapant au vol l'engin de sa baguette pour le freiner.

Des éclats de rire enfantins et une infirmière essoufflée plus tard, le pilote, un petit brun d'à peine huit ou neuf ans, leva la tête vers celui qu'il l'avait stoppé.

"Salut, Dray ! Désolé, avec la vitesse, j'ai mal calculé ma trajectoire."

"Pas de problème, champion. Mais la prochaine fois, tente plutôt le coup dans un couloir désert. Ça ne t'évitera peut-être pas le savon mais ça l'adoucira."

Parce qu'à ces mots, l'infirmière avait fini par les rejoindre et elle était visiblement fâchée.

"Marcus Delight ! Es-tu devenu fou ? Tu te rends compte que tu aurais pu blesser quelqu'un ? Et tu vas me faire le plaisir de me rendre ma baguette et de prendre ce bain, sans discuter !"

Le petit garçon grimaça et lança un regard suppliant au jeune adulte derrière lui. Aide-moi, s'il te plaît ! Dray, en voyant sa bouille, ne put que rire.

"Désolé mon grand, sur ce coup, tu te débrouilles. Je n'ai jamais rechigné à me laver, moi."

"Mais j'aime pas, on perd du temps ! Sebastian a dit que j'avais fait de supers progrès. Et c'est toi qui a dit que ça irait encore plus vite si je me donnais à fond. Je ne veux pas me laver, je veux marcher."

Ah, là était donc le problème. Le jeune homme lui ébouriffa les cheveux avec tendresse alors qu'il tendait l'instrument magique à la sorcière en boudant.

"Et je t'ai dit aussi qu'il fallait laisser le temps au temps."

Bon là, c'était faites ce que je dis pas ce que je fais.. Mais bon, passons...

"Tu vas marcher, oui, mais il y a aussi d'autres impératifs à respecter. Tu veux être un homme du monde, non ?"

Marcus hocha vigoureusement la tête.

"Oui !"

"Alors, au bain ! Que dirait la jolie Juliet, si tu vas la voir tout puant ?"

Alors là, Dray avait soulevé une grave question, pas de doute ! Le gamin eut l'air bien sérieux et pensif d'un coup et il se tourna vivement vers l'aide-soignante.

"Sandra, faut qu'on y aille, vite !"

Les deux adultes éclatèrent de rire. La réaction du bout de chou ne tarda guère.

"C'est pas drôle !"

Évidemment, cela ne fit que relancer leur hilarité alors que la dénommée Sandra prenait place derrière le fauteuil pour le pousser comme demandé.

"Merci, Monsieur Fox." murmura-t-elle finalement avec un sourire complice. Apparemment, l'Américain était connu au delà du service Accidents matériels, dans le coin...

"Dray. Et pas de quoi, le coup des filles c'est imparable." répliqua-t-il avec son sourire malicieux. Sa remarque tira un nouveau rire à la demoiselle.

"On sent l'homme d'expérience." remarqua-t-elle finaude.

Dray, évidemment, se marra de plus belle, plutôt content que l'aide-soignante ose le mettre en boîte. Il s'apprêta pourtant à prendre congé en les saluant, elle et son petit copain, mais ce dernier lui attrapa la main.

"Dis Dray, tu veux pas venir avec nous ? Ça fait longtemps qu'on s'est pas vu."

Le New-yorkais sourit avec tendresse.

"Si Sandra est d'accord, ça marche."

Évidemment la sus-nommée ne vit aucune raison de refuser, bien au contraire. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait Dray au service pédiatrie. Et grâce à lui, Marcus se montrait raisonnable, ce qui n'était pas une mince affaire.

"Pourquoi t'es là au fait ?" demanda donc le petit garçon alors qu'ils prenaient le chemin de la salle de bain honnie.

"J'avais rendez-vous avec le Docteur Nietzsche, pour une visite de contrôle."

Marcus réagit à cette information. Il sembla inquiet.

"Ah ? Et il a dit quoi ?"

"Que j'étais apte au service. C'était ma dernière."

La mine du gamin s'allongea encore.

"Ah. Ben c'est bien..."

Super convainquant, ça. Dray se demanda ce qui lui passait encore par la tête. Il décida de le provoquer un peu.

"Ben cache ta joie, mon pote !" remarqua-t-il alors, faussement vexé.

"Nan mais c'est pas ça mais t'auras plus de raison de venir nous voir..."

Dray se sentit flatté et d'autant plus attendri par cet aveu. Marcus avait baissé la tête tristement et l'adulte posa donc sa main sur la frêle épaule du gamin pour le rassurer.

"Et ne plus faire de courses de fauteuils dans les couloirs avec toi ? Tu rêves."

Aussitôt le petit brun releva le nez, un grand sourire sur les lèvres.

"Vrai ? Tu viendras encore ?"

"Vrai de vrai, promis."

Tout content et pleinement soulagé par la promesse de Dray, le petit bonhomme embraya donc sur un tout autre sujet.

"Au fait, on a une nouvelle dans le service. C'est une petite. Elle est arrivée, il y a trois jours. "

"Ah ? Et tu sais comment elle s'appelle ?"

"Non. Elle ne sort jamais de sa chambre. Ou alors pour plein d'examens."

Dray eut un petit sourire en coin, pas dupe, Marcus se triturant étrangement les mains.

"Allez, je suis sûr que tu as mené ta petite enquête."

Le gamin sourit à son tour de la même façon.

"Faut pas le dire, mais je suis entré dans sa chambre quand sa mère discutait avec le doc. Elle est jolie d'ailleurs, sa maman. Elle ressemble un peu à la mienne."

Ayant rencontré plusieurs fois Mrs Delight, Fox comprit alors que cette mystérieuse dame devait être blonde.

"Mais elle, la petite, elle dormait."

Le New-yorkais prit un air entendu et secret, jouant le jeu, complice, comme si Sandra derrière eux ne pouvait pas entendre.

"Et je parie que tu as zieuté sa fiche de soins."

"Oui, mais j'ai pas eu le temps de lire grand chose. Sandra m'a chopé en flag. Sauf qu'elle s'appelle Rachel et qu'elle a cinq ans."

Les deux adultes se regardèrent avec un amusement certain alors qu'ils arrivaient à destination.

"Tu seras encore là quand je sortirai ! Tu dois nous lire la fin de l'histoire des pirates."

Ce n'était pas une question, c'était tout bonnement une assurance. Celui qui se révélait être l'un des meneurs de la bande d'enfants malades et blessés de St Mungo, les résidents longue durée, semblait visiblement avoir l'Américain dans la poche puisque celui-ci, qui avait pourtant, dans sa position d'homme d'affaires, autre chose à faire quand même, répondit joyeusement.

"Ça marche, mon pote. Rendez-vous dans la salle de jeu."

Il lui suffirait d'un petit coup de fil pour retarder son rendez-vous avec Turner, d'une petite heure ... Il ne s'attendit pas à ce que ce soit carrément l'annuler... Car quand il retourna vers l'accueil du service pédiatrie, il se figea sur place, incapable même de respirer. Face à lui, poussant un fauteuil où une petite fille, blonde comme les blés mais au teint étrangement bleuté, serrait contre elle une poupée de chiffon en suçant ce qui semblait être une taie d'oreiller, une jeune femme discutait avec un médecin qu'il connaissait bien puisqu'il savait été celui de Mokuren. Et cette maman, puisqu'il ne faisait aucun doute à sa manière de caresser la tête de la petite que c'était elle, n'était autre que...

"Karine ?!"

A cette interpellation tout bonnement estomaquée qui fusa quand il parvint à reprendre son souffle, la jeune femme interrompit sa conversation et tourna la tête vers Fox, pour confirmer ses doutes, incrédule, n'osant pas espérer cette voix qu'elle avait pourtant immédiatement reconnue. Sa surprise était en tous points identique à celle du jeune homme.

"Dray !"

La petite, étonnée par l'intonation de sa mère, leva la tête vers elle puis fixa l'adulte inconnu, curieuse de l'attention qu'elle lui portait.

"C'est qui, maman ?"

Un grand sourire rayonnant apparut alors sur les lèvres de l'Américaine.

"Un vieil ami !"

Il ne fallut qu'une poignée de secondes pour combler l'espace qui les séparait et encore sous le coup de la stupéfaction, Dray, lui, il ne put que recevoir Karine dans ses bras, incapable de réagir. Mais si son esprit était sur pause, son corps sembla savoir ce qu'il fallait faire dans ces circonstances puisque qu'il rendit son étreinte à la jeune femme.

"Je n'aurai jamais cru te retrouver ici !"

"Bah, honnêtement... Moi non plus..."

Karine se mit à rire nerveusement en lâchant Dray qui avait apparemment bien du mal à se remettre de sa surprise. Les pièces du puzzle se mettaient en place, Rachel et la maman blonde, mais il avait encore bien du mal à y croire. Et donc, tout ça n'avait rien de bon. Il posa naturellement sa main dans celle de son ex, inquiet.

"J'ignorais que ta fille était malade."

Karine fut on ne peut plus surprise par cette réaction directe. Pas par le comportement inquiet de Dray en lui-même. Ça non, pas du tout, même ! C'était l'aventurier tout craché et c'était inhérent à son caractère. Certaines choses ne changeaient pas malgré les années. Ce qui était étonnant c'était...

"J'ignorais que tu savais que j'avais une fille."

L'Américain se passa une main dans les cheveux. Sa compatriote reconnut immédiatement le geste et ce qu'il signifiait et elle regarda alors son ex compagnon avec une suspicion malicieuse.

"Tu n'aurais pas osé me surveiller de loin tout de même ?"

Le jeune homme détourna le regard vers le sol, l'air de rien, d'une voix quelque peu... hasardeuse.

"Juste... pris des nouvelles ?"

Il ne manquait plus que le sifflement léger qui résonnait comme un changement de sujet pour parfaire la scène. Lalala... J'ai rien dit... Pris la main dans le sac. Karine éclata de rire devant la petite comédie de son ex et lui prit la main pour le conduire vers la petite toujours aussi intriguée alors que lui saluait le médicomage qui s'excusa d'avoir d'autres patients pour partir.

"Allez, je vais te présenter. Rachel, je te présente Dray. Dray, Rachel, mon trésor."

Le New-yorker s'agenouilla aux pieds de l'enfant.

"Enchanté, Rachel."

La petite, intimidée par ce très grand inconnu de son point de vue, se cacha dans son doudou et jeta un coup d’œil inquiet à sa mère. Dray préféra se relever et laisser la gamine tranquille, pour se concentrer sur la jeune femme avec qui il avait partagé un an de sa vie. Chacun avait retrouvé un air grave, de circonstance. Le moment de légèreté était passé. La New-yorkaise finit par expliquer leur situation.

"Il y a quelques mois, on a détecté chez Rachel une malformation cardiaque très importante. Pas très loin de celle de ta sœur... Or le traitement, pour le moment, est encore en test et simplement sur la Grande Bretagne... Par chance, ma chérie a été sélectionnée. On a obtenu l'autorisation du ministère anglais d'entrer sur le territoire le temps de la thérapie et de sa convalescence, à condition d'être sous surveillance, bien sûr. L'opération reconstructrice a lieu après-demain..."

Il semblait que Karine était soulagée de parler de tout ça à quelqu'un. Elle avait tout dit d'un seul coup, comme on se décharge d'un poids. Son inquiétude était palpable. Dray lui prit la main.

"Tu peux avoir confiance. Je connais son médecin. C'était celui de 'Ren. C'est un des meilleurs de son domaine."

La jeune femme sourit à cette remarque et surtout ce geste, tellement naturel alors que presque sept ans étaient passés...

"Je suis contente de te revoir, Dray." murmura-t-elle finalement en glissant gracieusement et un peu gênée une mèche de ses cheveux blonds derrière l'oreille de sa main libre. Fox n'en menait pas plus large...

"Moi aussi, Karine..."

De vrais ados à leur premier rencard...

Le jeune homme décida alors très stratégiquement de revenir à la petite qui attendait patiemment pour dire de casser l'ambiance très étrange qui régnait.

"Dis moi, Rachel, je m'apprêtais à aller lire une histoire dans la salle de jeux. Tu veux venir ? C'est l'aventure d'une princesse qui devient pirate pour sauver son chevalier !"

Les yeux de la gamine s'allumèrent dès le mot histoire et brillèrent à celui de princesse. Un regard à maman qui acquiesça, et un hochement de tête timide pour dire oui. C'était gagné ! Dray, d'un coup, lui faisait beaucoup moins peur.

Une heure plus tard, et le chevalier marié à la princesse sur un beau bateau de pirates, le New-yorkais tendit un gobelet de café à son ancienne compagne et se rassit à ses côtés pour observer Rachel jouer avec Marcus et Juliet. Et discuter du temps passé...

"Tu as toujours été doué pour te faire aimer des enfants. Tu ferais un bon père, tu sais... " remarqua Karine, alors que Rachel venait d'ouvertement appeler Dray pour lui montrer le dessin que le trio était en train de faire ensemble, obligeant le jeune homme à un léger détour pour admirer "l’œuvre."

"Moi ?" s'exclama-t-il avec une surprise tout à fait sincère dans la voix, alors qu'il se reprenait sa place pour de bon.

"Non, je suis juste un grand frère, moi. Et je ne serai jamais rien d'autre."

Karine sourit avec tendresse et indulgence.

"Toujours réfractaire à avoir des enfants alors ?"

Dray regarda le contenu de son café mais il murmura quand même avec une fausse indifférence.

"Plus que jamais."

Du coin de l’œil, la New-yorkaise observa son ex quelques instants. Ces trois mots en disaient long sur ce qui avait été l'un de leurs sujets de dissension et elle le savait bien l'une des peurs les plus ancrées chez son compagnon. Rien n'avait changé de ce côté.

"Je me souviens de ce que tu disais, que pour être un bon père, il fallait en avoir eu un..."

"Je n'ai pas changé d'opinion."

Il suffisait de voir comment il avait réagi avec le nain de jardin de Gryffondor, l'année passée... La jeune femme hésita mais finalement, en vint au sujet sensible évident.

"J'ai lu dans les journaux le retour de Simon et votre bataille. C'est dingue ! J'ai eu du mal à y croire. Je suis désolée."

Dray redressa la tête attendri, et sourit à la jeune femme en posant affectueusement une main sur son bras.

"Tu n'as pas à l'être. Ce n'est qu'une banale querelle de famille. La presse... Tout ceci n'a aucun intérêt sauf pour les concernés dans le fond."

La blonde ne l'entendit pas de cette oreille et eut tôt fait d'en faire la preuve, sourcils froncés.

"Pas à moi, Dray. Ne commence pas. Je suis la mieux placée pour savoir que cela n'a jamais été simple, même lui, mort."

Le brun retint un rire gêné. Touché...

"Alors disons que lui et moi nous sommes retrouvés là où on en était restés. A peu de choses près."

La belle remarqua, cette fois avec douceur mais non sans innocence.

"Comme nous, en somme."

Elle regretta tout de suite ces mots. Mais il était trop tard. D'abord seul le silence, un court instant, lui répondit, dans un échange de regards, Dray ne sachant pas quoi dire. Mais la seconde passée, l'Américain détourna les yeux et retira prestement sa main. Quelque chose venait de lui traverser l'esprit et il trouva là une bonne raison pour se sortir de cette situation délicate :

"En parlant de père, j'ai entendu l'une des infirmières t'appeler Mlle Matthew. Où est passée Mrs Spears et le charmant Peter ?"

Karine sursauta en constatant, malgré les efforts de Fox, l'acidité voilée de la remarque (mais c'était que ça ressemblait bien à de la jalousie, ça !) et l'exactitude des informations. Et cette fois, le ton de sa voix fut plus tranchée.

"Alors tu sais cela aussi ? "

Dray fut étonné de la réaction de la jeune femme. Comme si cette fois, elle avait mal pris la chose. Il eut tôt fait de mettre les choses au point. Cette fois, il n'y était vraiment pour rien.

"Eh ! Si tu ne voulais pas que je sois au courant, il aurait mieux fallu ne pas publier les bans dans le New-York Times."

Karine eut une petite moue adorable, celle de petite fille coupable, prise la main dans le pot de cookies, cette expression qui faisait qu'il passait l'éponge à chaque fois.

"Oups..."

Dray ricana.

"Oups, ouais. Un partout."

Sa compatriote le rejoignit dans son hilarité, bonne joueuse. On efface et on recommence.

"Apparemment ton dossier sur moi n'est pas à jour, en tout cas, très cher. Ils ont divorcé, il y a deux ans. Mais d'un commun accord, hein. On s'entend encore bien et Rachel le voit toutes les semaines. Il est un père formidable. Mais il n'y a eu que moi qui aie eu le visa pour ici."

Dray reposa les yeux sur la petite.

"Je vois... Ça ne doit pas être évident pour lui. Savoir sa fille à l'hosto et ne pas pouvoir être là... Je n'aimerai pas être à sa place."

Karine tiqua et à nouveau, zieuta l'air de rien le PDG. Il trouvait le moyen de compatir pour son "rival" si l'on pouvait appeler son ex-mari comme ça ? Indécrottable et adorable. Quand le jeune homme reporta son attention sur elle, pourtant, elle, regardait sa fille, comme si de rien était. Et puis tout d'un coup, elle percuta sur un détail :

"Au fait, je ne t'ai pas demandé, mais qu'est ce que tu faisais à l'hosto pour qu'on se retrouve comme ça ?"

Oula, alors là, il avait intérêt à la jouer fine.

"Et bien pour être honnête avec toi, j'ai eu un léger accident de moto, il y a quelques mois. Il pleuvait, j'ai perdu le contrôle. L'accident bête, quoi. Mais pas trop grave, hein, tu me connais. J'avais une dernière visite de contrôle à passer."

Alors là merci de ne pas le contredire ! On se tait ! Et non, il ne mentait pas. Il atténuait simplement la vérité... Il rentra légèrement la tête dans les épaules, serrant les dents dans une expression de légère peur plutôt comique sur le visage. 3, 2, 1.., On attend que ça passe...

"Dray ! Tu n'apprendras donc jamais ?!" s'écria comme il s'y attendait, l'Américaine, choquée et visiblement fâchée.

Maintenant, vous comprenez pourquoi il ne lui avait pas dit "j'ai fait le saut de l'ange en moto sous une averse torrentielle et j'ai failli y rester pour de bon avant d'avoir failli rester paralysé."

"Mais c'est passé, regarde, je suis entier !"

"T'es resté un sale gosse en fait."

"Tout à fait !"

Et il en était fier, en plus ! Cela finit dans des rires discrets et ils continuèrent à discuter, très naturellement, de leur présent et de ces années l'un sans l'autre. Et malgré les circonstances et l'endroit, ils avaient passé un excellent moment. Et aucun doute pour un quelconque témoin, en les voyant dans leur bulle, entre rires, confidences et complicité, que cela aurait pu durer longtemps. Mais comme si le destin voulait s'en mêler, le téléphone de Dray sonna soudain. Il regarda par réflexe le nom affiché et le jeune homme revint brutalement sur terre. Merde ! Il avait complètement oublié Evan.

"Excuse-moi, je dois répondre."

"Toujours à bosser comme un dingue, hein ? " le taquina la blonde. Dray sourit, contrit, reconnaissant pleinement la vérité du propos, et sortit prendre la communication. Et se faire appeler Jules ! Parce que Turner n'attendait pas tout seul mais avec un client... Lui aussi, il l'avait oublié... Pas à dire, il y avait des choses qui ne changeaient pas. Dès que Karine était dans le coin, lui zappait deux ou trois petits détails... Comme le temps qui passait et ses obligations... Et pire... Maintenant qu'il était descendu de son nuage, il pouvait en prendre pleinement conscience. Son léger tiraillement au cœur et dans le ventre ne faisait aucun doute sur la tuile qui était en train de lui tomber sur la gueule sans qu'il ne puisse rien faire pour l'éviter. Alors finalement, son associé lui offrait sans le vouloir l'occasion rêvée pour... ne pas fuir, non... Plutôt... éviter les ennuis. Pour une fois que la chance s'en mêlait pour le tirer d'un mauvais pas et non l'y mettre...

Ce fut ainsi que les deux fiancés, enfin ex-fiancés..., se séparèrent. Pourtant, ils s'échangèrent leurs coordonnées et se promirent de se revoir très vite. Ou plutôt Karine, sans trop de mal toutefois, lui soutira cette promesse...

Et à vrai dire, dès le lendemain, sans repasser au château, Dray alla à St Mungo... Comme ça, pour dire de... Comment ça, pas crédible ?

En réalité, la soirée et la nuit avaient été longues. Avoir revu Karine ne l'avait franchement pas laissé indifférent, c'était vraiment peu de le dire. Au point que l'Américain avait annulé sa soirée avec Xander et avait passé la nuit au Refuge, évitant ainsi soigneusement ses amis, en particulier ce dernier, Sei et Ren... Vaughn, … parce que c'était Vaughn, cherchez pas... Seiki parce qu'il était perspicace. Et Mokuren, pour la même raison et parce qu'en plus, elle était la seule "Poudlardienne" à avoir été dans sa vie au moment de sa rupture. Le "Salut, t"as passé une bonne journée, Imoto ? Au fait, j'ai revu mon ex aujourd'hui... T'sais, celle que j'ai failli épouser, qui m'a plaqué et pour qui j'ai pleuré sur ton épaule pendant quelques semaines.", c'était vraiment pas un bon plan. Et le fait qu'au petit matin, il n'avait plus de cigarettes, lui qui avait toujours un bon paquet d'avance, et le timbre quelque peu enroué, une preuve que la nuit n'avait pas été calme... Quand il fumait au point de se bousiller la voix, c'était le signe que son taux de stress atteignait des sommets.

C'était comme s'ils s'étaient quittés la veille. Il n'avait fallu que deux petites heures pour ranimer des choses qui auraient dû être enterrées depuis des années. Le désespoir qu'il avait ressenti à leur rupture, et pire, ses sentiments toujours vivaces pour elle... Comme si tout ceci n'avait été mis qu'en sommeil pendant toutes ces années, et que cela avait juste attendu qu'il la retrouve pour se réveiller. Comme quand il avait appris le mariage de Sergeï. Le même mécanisme. Comme une photographie que l'on développe à l'ancienne. L'image est là mais tant qu'on ne l'a pas plongé dans le bain révélateur adéquat, on ne la voit pas.

Et la savoir libre n'avait rien arrangé bien au contraire, puisqu'il n'avait même pas cette barrière de sécurité... Et non, Rachel était loin d'être un obstacle, malgré ce qu'il avait fait comprendre...

Dray était en fait très perturbé par ces retrouvailles. Il ne savait pas du tout comment gérer ce qu'il ressentait. Et le fait qu'il ait annulé avec Vaughn, en lui mentant en plus !, prétextant un empêchement urgent par rapport au Groupe, était révélateur... Au delà du fait qu'il aurait été de mauvaise compagnie de par la force des choses, c'était comme si sortir avec le peintre, (puisqu'ils avaient quand même eu le projet d'aller passer la soirée à Londres...) était soudain devenu proscrit... En tout cas, il ne s'en était plus senti le droit. Un sentiment de trahison entêtant. C'était stupide, il savait très bien, ils n'étaient qu'amis. Mais c'était pourtant bien cette même barrière qui avait fait cesser sa relation améliorée avec Romane Moreau ou qui le faisait repousser toute avance depuis plusieurs mois. Très fidèle quand il s'agissait d'amour quand il y trouvait son compte, c'était pour lui une réaction instinctive très significative. Sauf que là, c'était Vaughn qui passait de l'autre côté de la ligne... Et ça, pour le New-yorkais, c'était sans doute l'un des aspects du problème les plus dérangeants.

Et quand on passait la nuit à réfléchir et qu'on s'appelait Dray Fox, ça voulait dire qu'on avait pris une décision quand le soleil se levait. Pas sûr par contre que ce fut la bonne... Il avait plutôt pris le parti de nous la jouer Icare, le petit Américain. C'est à dire aller se brûler les ailes.

Ou plutôt il était parti du postulat que si c'était le bordel dans son tête... ou là, plutôt son cœur surtout..., il fallait peut-être qu'il aille vérifier si c'était juste sur le coup, parce que ça ramenait quantité de souvenirs à la surface, de la partie de sa vie la plus heureuse (parce que Karine représentait aussi ça), ou s'il y avait vraiment lieu de s'inquiéter. Et pour ça, il fallait passer du temps avec son ex et éviter ce qui pourrait perturber l'expérience, c'est à dire ses amis... Et surtout un... Bon en gros, il nous la faisait à quitte ou double en quelque sorte.

Voilà pourquoi, viennoiseries et cafés en main, (un grand arabica allongé à la noisette, deux sucres et crème pour elle et un grand robusta bien noir et serré, sans sucre pour lui) il avait franchi la vitrine de l'hôpital pour monter au service pédiatrie.

Ce fut Rachel, occupée à faire sauter sa poupée sur ses genoux, assise dans son grand fauteuil, alors que sa maman discutait avec une infirmière, qui le vit arriver la première.

"Regarde maman, c'est Dray !"

A ces mots, Karine se retourna, peut-être un peu trop vite, et lui adressa un de ses grands sourires lumineux.

"Ce que j'ai toujours aimé avec toi, c'est que tu respectes prestement ta parole. Enfin la plupart du temps."

Cette petite taquinerie lui valut une grimace faussement boudeuse et un joli demi-tour.

"Ben puisque c'est comme ça, je ne te donnerai pas ton double arabica à la noisette."

Aussitôt Karine eut une lueur gourmande dans les yeux et s'approcha de son compatriote, comme une gamine.

"Rohhh, tu te souviens de mon café préféré ? Avec un peu de mousse chantilly sur le dessus ?"

Et Dray, malicieux, de lui tourner le dos et faire mine de marcher vers le hall pour vraiment se barrer.

"Évidemment et le petit pain au chocolat qui va avec."

La réaction de la belle ne tarda pas.

"Dray Fox, reviens tout de suite ici !"

"Non, fallait pas être désagréable."

Les enfants présents rirent, les adultes sourirent devant la petite comédie du couple alors que Karine était à présent pendue à son bras, avec des yeux doux.

"S'il te plait, Dray, mon..."

Mais s'apercevant de justesse de l'énormité qui allait franchir ses lèvres, elle s'arrêta immédiatement, et rougit un peu, écarquillant un instant les yeux devant le lapsus, ouvertement surprise. Elle ne fut pas la seule. Fox se figea et perdit aussitôt son sourire. Ils se regardèrent, aussi étonnés et mal à l'aise l'un que l'autre. L'expérience commençait bien, tiens... Ce fut Dray qui réagit le premier en se raclant la gorge et en faisant un bon pas de côté pour reprendre ses distances. Gêné, il tendit pourtant le café, s'efforçant à faire comme s'il ne s'était rien passé. L'incident se devait d'être clos.

"Allez, c'est bien parce que c'est toi."

Karine, les yeux baissés, prit son gobelet, sans doute encore plus confuse que lui. Ou quand l'expression jeux de mains, jeux de vilains prenait un tout autre sens...

Un quart d'heure après, les deux adultes et l'enfant étaient dans la chambre de la petite.

Ce fut Rachel qui mit les pieds dans le plat, cette fois, comme tous les jeunes enfants savent le faire, en toute innocence.

"Tu sais, Dray, Maman n'a pas arrêté de parler de toi, hier soir ! C'est vrai qu'elle est tombée dans tes bras le jour de votre rencontre ?"

Et un ange repassa... A croire qu'il y avait un rassemblement dans le coin. Mais celui-ci, après l'incident du couloir, était encore plus pesant. Alors comme ça, on parlait de lui toute la soirée ?

"Heu... Oui, c'est vrai. Enfin, ça ne serait pas arrivé si ta maman m'avait écouté." prit finalement le parti de dire le jeune homme, d'un ton ouvertement moqueur et suffisant. Karine le remercia silencieusement du regard de les dégager encore une fois de la situation embarrassante. En même temps quelle idée elle avait eu de raconter à sa fille sa rencontre avec son ex pour l'endormir... Enfin, à sa décharge, ne disait-on pas qu'il fallait répondre aux questions de ses enfants ?

Bref... La blonde joua le jeu.

"Dis donc toi ! Si je suis tombée, c'est parce que tu m'avais déconcentrée, c'est tout."

"La mauvaise foi ! C'est surtout qu'il n'était pas question qu'un garçon te dise quoi faire. Mais heureusement que le garçon était en dessous pour te récupérer à la réception. "

Rachel, en les voyant se chamailler ainsi, éclata de rire.

"Maman m'a dit aussi qu'une fois, c'était toi qui étais tombé sur elle à cause d'un galet, à la plage."

Oh, la belle revanche ! Karine se dit que sa fille, décidément, était géniale.

"Oui, Dray est capable de grimper des falaises, mais il trébuche sur un petit caillou. C'est tout lui."

"Pfff... J'avais le soleil dans les yeux aussi..."

"Oui, c'est ça... Ils sont si sensibles ! Tu disais quoi à propos de la mauvaise foi ? " rétorqua la belle en se moquant ouvertement.

Et toc, un partout !

La matinée passa, puis la journée, et si la veille avait été marquée par tout ce qu'ils avaient raté de la vie de l'autre, cette fois, ce fut surtout leurs souvenirs dont les deux jeunes gens discutèrent. Mais la fin des visites finit par arriver et ce fut une infirmière qui dut rappeler à l'ordre le couple et mettre gentiment Dray à la porte. En déposant très naturellement une bise sur la joue de son ex (on reprenait décidément très vite ses mauvaises habitudes...) et en lui disant au revoir dans un murmure, la petite dormant depuis longtemps, Fox s'apprêta donc à prendre congé mais Karine le retint par le bras, un instant, juste avant qu'il ne franchisse la porte de la chambre.

"Dis... L'opération de Rachel est programmée à 1 heure, demain après-midi..."

Dray sourit doucement et ne la laissa pas finir.

"Je serai là."

Il déposa un nouveau baiser sur le front de la jeune femme qui afficha un petit sourire tranquillisé et reconnaissant. Et sans plus un mot, le New-yorkais sortit.

Le lendemain fut beaucoup moins prolixe à la plaisanterie entre ex qui se retrouvent. Karine se rongeait les sangs, on pouvait la comprendre. Alors Dray, venu comme la veille, dès le début des visites autorisées, tentait plutôt de la rassurer et jouait avec Rachel pour la détendre et l'empêcher d'être trop sensible au stress de sa maman qui était bien heureuse d'avoir un ami auprès d'elle pour la détourner, même qu'un peu, de son inquiétude.

Mais quand on emmena la petite au bloc à quelques minutes de treize heures, rien n'aurait pu conjurer l'angoisse de la jeune femme. Laissés dans la salle d'attente, étant bien sûr impossible à Karine de franchir les portes qui menaient au secteur des blocs, les deux Américains se regardèrent et la blonde s'assit sur l'une des chaises du couloir, au plus près d'elles et donc symboliquement au plus près de sa fille. Et il était clair que rien n'aurait pu la déloger de là, même si l'opération était prévue pour durer plusieurs heures. Alors Dray se contenta simplement de s'asseoir à ses côtés et de lui prendre la main qu'immédiatement, elle serra. Parfois, les mots étaient inutiles.

Et s'il y en eu un qui fut surpris de voir le jeune homme d'affaires là et dans cette position, ce fut Seiki. En sortant du bloc, en ce milieu d'après-midi et sans nouvelles de son frère depuis deux jours, croyez bien qu'il se posa quelques questions. Et le regard qu'il adressa à l'aventurier en passant, plissant légèrement des yeux, soupçonneux, en guise de point d'interrogation, était bien suffisant à son goût pour exprimer ce qu'il pensait. Qu'est ce que t'es encore en train de faire ?

Ce fut alors qu'il percuta et reconnut la blonde, d'après photo. Alors l'Eurasien ne s'arrêta pas. Il continua son chemin comme s'il n'avait pas vu le couple assis. On verrait après pour les questions. Même s'il y avait beaucoup de choses qu'il ne pigeait pas comme par exemple, comme ça, au pif, ce que foutait l'ex de son pote au Royaume-Uni, dans son hosto, main dans la main avec ce même pote dans un couloir à attendre avec angoisse (même un aveugle le verrait), près des blocs, Sei savait quand ce n'était pas le moment de faire du zèle...

Mais Dray l'avait vu lui aussi et avait capté son regard. Il lui adressa un léger hochement négatif de la tête, perceptible sans doute que pour celui à qui il était adressé, et il fut soulagé de voir son ami passer son chemin. Oui, Sei avait compris le message. Oh Fox ne perdait rien pour attendre mais pour l'instant, il y avait apparemment plus important.

Le New-yorkais laissa finalement quelques minutes passer et s'excusa auprès de Karine en lui promettant de revenir vite. Et il rejoignit son cadet qui, comme de par hasard, l'attendait dans le Hall.

"T'as été plus rapide que je ne le pensais. C'est bien celle que je crois que c'est ?" entama direct l'Eurasien d'une manière aussi abrupte par le ton que par la formulation.

Dray soupira. Comme quoi, il avait eu raison de se dire que se tenir loin d'eux n'avait pas été une mauvaise idée. Il se contenta d'un mouvement de tête en guise d'acquiescement, les lèvres pincées.

"Et bien je comprends mieux pourquoi on n'avait plus de nouvelles de toi depuis quarante-huit heures." rétorqua froidement Seiki, dédaigneux. Ce fut au tour de Fox de comprendre le message. Je suis fâché.

"Désolé, c'est... un peu compliqué là."

Sei, qui voulut simplement appuyer un peu sur le fait qu'ils commençaient à se faire un peu de souci, se détendit en voyant la mine sombre de son coloc et en l'entendant parler ainsi.

"Oh ça, je veux bien te croire. T'es vraiment un aimant à emmerdes..."

Pour toute réponse, Dray se passa une main dans les cheveux, dans un soupir qui aurait pu attendrir les pierres. C'était le résumé de sa vie, ça.

"Tu veux que j'aille aux nouvelles pour la gamine ?"

Fox regarda alors Tsuno, plus que surpris. Il y avait une seconde, il ne savait même pas que Karine était là, mais il savait pour sa fille ?! Il avait raté un épisode là. L'étudiant, devant l'air ahuri de son aîné, montra un signe d'impatience en claquant de la langue.

"Oh, s'il te plait, Dray. Pour qu'une Américaine soit en Grande Bretagne en ce moment, c'est qu'elle a plus qu'une excellente raison. Ceux qui attendent dans ce couloir sont ceux qui ont un proche de l'autre côté des portes et il ne faut pas être Sherlock Holmes pour voir qu'elle n'est même pas inquiète mais carrément tourmentée. Tu m'as dis qu'elle avait une fille en bas-âge, dont je ne vois aucune trace. Or j'ai vu sur le planning une enfant de cinq ans inscrite à une heure pour une pathologie cardiaque. Et il est trois heures et demi. CQFD."

…. Ah ben oui, dit comme ça, c'était logique...

"Elémentaire, mon cher Tsuno." ne trouva rien d'autre à dire le New-yorker, en reprenant plus ou moins contenance. Un infime sourire suffisant passa en toute simplicité sur les lèvres de Seiki. Dray lui balança un petit coup de poing dans le bras.

"Ne sois pas vantard...."

De suffisant, on passa à amusé.

"… Mais oui, je veux bien, s'il te plaît."

"Retourne près d'elle. Je vous rejoins."

"Merci Sei."

Tsuno, déjà reparti vers les blocs opératoires, dos tourné donc, leva la main pour faire signe qu'il n'y avait pas de quoi.

Quelques minutes après, il sortit comme promis du secteur interdit et s'approcha du couple. En le voyant arriver vers elle, Karine devint livide et se leva, déjà paniquée par ce qu'elle craignait qu'on vienne lui annoncer. Mais Sei, malgré les airs qu'il se donnait, n'était pas sadique quand il n'avait aucune raison de l'être. Alors il mit immédiatement fin à ses peurs.

"Mlle Matthews, l'opération se passe bien. Aucune complication. Tout se déroule comme convenu. Il vous faudra encore une heure de patience. "

On put voir alors les épaules de la jeune femme se relâcher très nettement.

"Merci Docteur."

Dray eut un mouvement de tête reconnaissant pour Sei qui se contenta de leur répondre par un autre, beaucoup plus léger et complètement impersonnel, avant de prendre congé.

A nouveau, l'Américain laissa quelques minutes Karine seule.

"Franchement merci."

"Ça ne m'a coûté que cinq minutes, tu parles d'un service."

"Pas pour elle. … Et pour moi non plus d'ailleurs."

Sei haussa les épaules, indifférent. A comprendre : laisse tomber, j'te dis.

"Je suppose que tu ne rentreras pas ce soir non plus ?"

Dray ne répondit pas tout de suite. Pas qu'il ne connaissait pas la réponse à cette question mais parce qu'il n'osait pas l'avouer à son cadet. Ou se l'avouer à lui-même. Finalement, il se décida, à mi-voix.

"Tu supposes bien."

"Tu sais quand tu rentreras ?"

Nouveau silence. Seiki comprit.

"Bien. Je dirai aux autres que tu vas bien et que les affaires t'ont demandé de partir quelques jours à ...Dublin, tiens." dit-il alors indifféremment, en les mettant d'accord in facto sur le bobard.

"Merci." ne put que répondre Dray, désarmé et reconnaissant.

Nouveau haussement d'épaules.

"Mais pourquoi Dublin ?"

"Pourquoi pas ?"

Oui, pourquoi pas... Les deux garçons se séparèrent là et Fox regarda Tsuno s'éloigner, un peu coupable de les mettre, lui et les autres, sur la touche. Et apparemment de les avoir inquiéter au passage... Et ce sentiment était d'autant plus fort que Sei n'avait posé aucune question, ayant juste pris les choses comme elles étaient venues. En même temps, il commençait à être habitué aux lubies de son grand frère...

L'opération s'acheva sans problème, la petite allait bien et sa mère, pour la première fois depuis des mois se sentit libérée d'un énorme poids. Elle confia ce sentiment à Dray quand les deux adultes avaient pris place au chevet de la gamine, qu'on avait fini, sur les coups de sept heures, par ramener dans sa chambre. La main négligemment posée l'air de rien sur la cuisse de son ex fiancé.

"On serait soulagé à moins, je crois. Son père doit partager ton sentiment."

"Oui... Il a hâte qu'on rentre..."

Karine baissa les yeux, étrangement mal à l'aise et trouva de bon goût de retirer sa mimine... Et pour cause... Oh elle l'avait averti, bien sûr. Dès que le chirurgien lui avait dit que leur fille était sortie pour de bon d'affaire, elle était partie annoncer la bonne nouvelle à son ex-mari. Sauf que dans leur conversation, Peter finit par lui dire qu'il était désolé de ne pas avoir pu être là et de l'avoir laissée toute seule... Toute seule... Elle n'avait pas été toute seule, justement. Mais ce fut loin d'être ce qu'elle lui répondit.

"Ce n'est pas grave, Peter, tu n'as rien à te reprocher. Ce n'est pas de ta faute. Le personnel de cet hôpital est très bien, et c'est derrière nous maintenant, elle va bien..."

Bref, elle avait menti ouvertement. Aucun mot sur Dray. Surtout, aucun mot sur Dray ! Et Peter qui répondit, désarmant...

"Je sais, mais ça ne m'empêche pas de penser que ma place était à vos côtés."

Pas aux côtés de sa fille, non. A leurs côtés à toutes les deux. Ah c'est sûr que c'était sa place ! Sauf que quelqu'un d'autre l'avait prise... Bref, la blonde était dans ses petits souliers. Fox n'était pas le seul à jouer à un jeu dangereux depuis quelques jours. Et dire que Pet' lui avait reproché d'être encore trop attachée à son ex et que c'était pour cette raison qu'ils avaient divorcé. "Tu n'es pas avec moi mais encore avec lui !" … On pouvait dire que là, c'était réussi...

Et voilà que ce fut pile quand elle se repassa tout ça que Dray mit les pieds dans le plat de la plus magnifique des façons, la rejoignant bien involontairement dans ses pensées.

"Dis... Quand tu es partie l'appeler, j'en ai profité pour aller fumer et... je suis désolé mais j'ai entendu une partie de votre conversation. Ma question va te sembler indiscrète et tu aurais tout à fait le droit de m'envoyer bouler mais... je peux savoir pourquoi ça n'a pas marché entre vous ? Apparemment, vous êtes encore en très bons termes."

Alors ça pour de la question difficile, c'était de la question difficile ! Peter et lui s'étaient donnés le mot ou quoi ?! L'Américaine hésita donc d'abord à à répondre, visiblement très réticente et pas du tout à son aise.

"Toujours aussi curieux à ce que je vois." répliqua-t-elle alors dans un premier temps, mais sans animosité, constatant simplement le fait. Dray rit un peu.

"Ça t'étonne ?"

"Non."

Fox, voyant bien que sa question faisait des vagues, laissa son ex prendre son temps alors qu'elle semblait vouloir garder le silence et en bon gentleman, il ne releva pas le soupir agacé et troublé qui passa entre ses lèvres (toujours aussi joliment dessinées soit dit en passant...). Karine s'était décidée finalement mais pas franchement de gaieté de cœur. Mais dans le fond, elle devait au brun, peut-être au moins ça.

"Il m'a reproché de ne pas réussir à m'engager totalement avec lui. Malgré Rachel... Que malgré le temps et notre fille, mon cœur ne lui était pas ouvert. C'est un romantique... "

Dray ne répondit rien d'abord, mal à l'aise, se cachant en buvant une gorgée du café qu'il avait été chercher. Étrangement, ce n'était pas la première fois qu'il entendait ces mots. Sauf que d'habitude, c'était à lui qu'on faisait ce reproche... Pas pour rien que depuis sept ans, il n'avait eu aucune relation suivie.... Sauf une. Cette petite pensée parasite le rendit encore plus nerveux. Son poing se crispa. A nouveau, ce sentiment de trahison mais cette fois, par rapport non plus à Karine mais à Vaughn et à ce qu'il faisait à présent. Et depuis trois jours, il était ... récurrent... Mais eh oh, fallait savoir quand même ! Il avait l'impression de le trahir avec Karine et trahir Karine quand il pensait à lui. Un très désagréable mouvement de balancier. Ou comment avoir le cul entre deux chaises par Dray Fox...

"Et il a raison ?" finit-il par demander dans un murmure. Karine haussa les épaules entre lassitude et fausse indifférence. Elle s'était souvent posée cette même question.

"Avec le recul, je pense que oui. En tout cas, sa frustration a eu raison de sa patience. Je ne peux pas lui en vouloir. J'ai tendance à... reproduire les mêmes erreurs. Ne pas finir ce que j'ai commencé."

Encore ne fois, l'ambiance était pesante. Un moment de silence et de gêne très palpable entre les deux ex-amants. Il y avait des non-dits qui savaient prendre beaucoup de place...

"Je suis désolé pour vous."

C'était ce qu'on disait en ces circonstances, non ? Enfin, même si Dray essaya d'y mettre le plus de crédibilité possible, malgré son malaise, il était évident qu'il manquait de sincérité. A vrai dire, il ne savait plus quoi ressentir, surtout... Mais Karine ne vit pas la réelle profondeur de son trouble. Elle ne vit là qu'une bonne raison de le taquiner.

"Allez, je t'ai connu meilleur comédien."

Le jeune homme d'affaires reconnut bien volontiers le point marqué dans une grimace faussement comique, contredisant justement ces paroles, mais n'ajouta rien. Et on ne leur laissa pas l'occasion de poursuivre. Encore une fois, le personnel médical demanda à l'Américain de bien vouloir quitter l'établissement. Et cette fois, il obéit sans rechigner.

"Je repasserai demain." dit-il simplement. Karine lui sourit tendrement. Et leurs doigts qu'ils avaient dans le geste entremêlés sans même s'en rendre compte mirent deux secondes de retard à se lâcher.

Rentré immédiatement après ça au Refuge, Dray se servit un double whisky et s'assit dans le noir, au bar de la cuisine, sur le tabouret le plus proche de l'entrée, pour en boire une bonne partie d'un seul coup, les yeux sur l'une des peintures de Vaughn qu'il avait secrètement acheté à la galerie, accrochée tout près de la porte de l'atelier.

Compte-rendu intermédiaire de l'expérience : Il était bien avancé tiens...

Les jours passèrent et se ressemblèrent. Quatre, tous passés avec Karine et Rachel. Au delà de l'expérience, il ne pouvait pas les laisser tomber maintenant. Fox avait donc pris ses dispositions et avait envoyé promener le boulot. Pouvait bien prendre une semaine de congés de temps en temps non ? Mais il s'était aussi définitivement libéré de d'autres engagements plus personnels et tous à Poudlard. Sauf un soir où il était rentré par considération plus que par envie réelle. Il avait d'abord passé un peu de temps avec les BR, pour donner le change, continuant à jouer sur l'excuse du travail débordant qu'il avait. Et puis, il avait passé le reste de la soirée avec Vaughn, parce que quand même, ça ne se faisait pas de laisser tout le monde en plan comme ça. Surtout votre meilleur ami. Il aurait dû s'abstenir. Parce que jouer la comédie devant lui fut beaucoup moins évident que devant les autres. Et sans doute pour la première fois de leur relation, il ne répondit à aucune de leurs petites provocations habituelles. Il s'était montré distant, il le savait bien. Affable et plaisantin, comme d'habitude, toujours une vanne pourrie ou un sujet de discussion en stock bien sûr, mais bien moins ouvert et surtout, à ne pas répondre à leurs joutes tendancieuses, à "rester à sa place" pour une fois, il l'avait repoussé silencieusement en quelque sorte. Du moins, c'était comme ça que Dray avait ressenti son comportement. Il n'en était pas fier du tout. Mais il n'avait tout simplement pas pu. Toujours ce frein. La question qui se posait était pourquoi ? Et hélas, il avait eu le temps de comprendre...

Évidemment, s'il n'y avait eu que lui pour ne pas l'avoir vu venir dès le départ, il alla sans dire qu'au lieu de régler son problème, cette proximité ne faisait que renforcer son trouble et ses sentiments contradictoires. On pouvait aimer deux personnes à la fois ? Différentes en presque tous points, si on exceptait surtout la couleur des yeux (quoi que Vaughn l'emportait haut la main...) et une bonne dose d'humour ?

D'un coté, il était toujours amoureux de Karine qui, vu les signaux qu'elle lui adressait, n'était apparemment pas en reste. Après sept ans d'absence et une malheureuse semaine, ce n'était pas fini. Tout voulait reprendre là où ils s'étaient arrêtés et ils semblaient bien incapables de résister.

Et de l'autre, il était grand temps qu'il arrête de se voiler la face, ou de minimiser les choses et laisser planer les non-dits. Il s'était laissé avoir malgré ses certitudes, à ce sujet. Il n'était pas encore aussi blindé qu'il le croyait. Il l'était de Vaughn. La preuve, il lui manquait ! Complètement mordu... Après trois ans et presque un mois.... Et quand on y pensait, à y regarder de plus près, ce fut pendant cette période qu'il avait cessé de s'intéresser à la vie de son ex... Pas étonnant qu'il ait raté son divorce.

Alors on faisait quoi dans ces cas-là ? Un choix. Et oui... Mais lequel ?

Et puis, il eut ce qu'on pouvait bien qualifier d'idée à la con. Sans réfléchir une seconde. Encouragé par une petite fille et une infirmière bien intentionnée. Sandra. Le destin avait un sens de l'humour douteux.

Ils étaient encore une fois dans la chambre de la petite qui reprenait, jour après jour, couleurs et énergie. Déjà, elle n'avait plus rien de la petite fille indolente, à l'étrange pâleur bleutée due à sa faiblesse cardiaque. Mais Karine semblait, ce jour-là, pas franchement dans son assiette, essuyant le contre-coup de mois de pression et d'inquiétude. L'aide-soignante qui était venue retirer le plateau du déjeuner de Rachel remarqua en bonne professionnelle, la faiblesse de l'Américaine et décida de mettre son grain de sel.

"Si je puis me permettre, Mlle Matthew, vous savez, ce n'est pas bon pour vous de rester ainsi tout le temps à l'hôpital. La petite est hors de danger à présent. Vous pouvez relâcher la pression. Allez prendre l'air. Tenez, on dit même que la soirée sera belle."

Rachel, bien sûr, se mêla de la conversation, puisqu'on parlait d'elle.

"Elle a raison Sandra, maman, t'es toute pâle."

Et là où il aurait franchement eu mieux fait de se taire, c'est quand il renchérit.

"Trois contre un. Tiens, allez, je t'invite au resto ce soir. Je t'emmène écouter de la bonne musique et on se fait une petite balade. A dix heures et demi, à tout prendre, tu es revenue ici."

Et voilà que Sandra conspira avec lui. C'était qu'elle adorait jouer les entremetteuses et franchement si ces deux-là ne faisaient pas un couple idéal... ! Il fallait bien leur donner un petit coup de main ! Si elle savait... Alors, voyant que Karine s'apprêtait à argumenter contre cette idée, elle en remit une couche.

"Ne vous inquiétez pas pour Rachel. On s'entend bien toutes les deux. Je vous la garde jusqu'à votre retour. Et je préviendrai l'accueil et la sécurité."

"Oh oui, dis oui, maman !"

Alors, si en plus une baby-sitter, infirmière diplômée, se proposait et que sa propre fille l'encourageait...

"Bon... d'accord !"

"Yes !"

Ça, c'était Rachel qui adressa un beau clin d’œil pas du tout discret à Sandra. Sa maman allait s'amuser enfin, parce que Dray, il était vachement marrant, et cesser de se faire du soucis pour elle. Ce fut là que le musicien commença tout juste à se dire qu'ils venaient peut-être tous les deux de se faire piéger et lui bien parti pour s'enferrer un peu plus dans la complexité. Enfin, à présent que l'engagement était pris, il ne lui était plus possible de reculer... N'est-ce pas ?
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Dray Fox
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Quand le passé vous rattrape...  TrophyBar

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MessageSujet: Re: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeDim 20 Jan 2013 - 13:25

Comme lieu du rendez-vous, le New-yorkais choisit un piano-bar dont la table était aussi réputée que la musique jazz qu'elle offrait. Ironiquement, un endroit que Vaughn et lui aimaient beaucoup. On y revenait. Et on pouvait en dire des choses, sur l'influence de l'inconscient...

Toujours fut-il qu'avec élégance, il tint la porte de l'établissement à Karine et l'aida à s'asseoir comme se devait de le faire un homme envers sa compagne, alors que le jazzman installé au piano venait d'entamer une nouvelle composition.

"Je vois que tu as gardé tes bonnes manières !" le provoqua gentiment la belle en riant.

"Mais qu'est-ce que tu crois ? Il y a des choses immuables, ma chère." répliqua Fox, faussement altier alors que le serveur s'approchait pour prendre la commande des apéritifs.

"Un Cosmopolitan pour Mademoiselle..."

"Et une vodka glace pour Monsieur."

Le serveur les observa une seconde, amusé par leur façon de faire alors que Dray éclata de rire pour  s'être fait avoir à son propre jeu. Karine le regarda avec malice, elle, et une étrange insistance charmeuse dans les yeux.

"Après le café, l'apéritif. Tu m'impressionnes. Il n'y a donc rien de moi que tu aies oublié ?"

Dray se mordit la lèvre inférieure, un peu méfiant, un peu circonspect.

"Serait-ce un défi ?" finit-il par dire, en posant un coude sur la table pour laisser son menton reposer au creux de sa main, séducteur, apparemment décidé à jouer le jeu.

"Peut-être bien." rétorqua la belle, ouvertement provocante cette fois, avec un sourire encore plus grand. L'Américain se laissa aller dans le fond de son fauteuil, déglutissant avec difficulté devant cette vision. 1-0 pour les filles. Mais il reprit vite contenance. Il était un Fox quoi... On ne reculait pas devant un défi, quel qu'il soit.

"Alors vas-y, colle-moi. Mais n'oublie pas que mon dossier est vieux de sept ans." répliqua-t-il donc en se redressant, hâbleur, alors que le serveur déposait les verres sur la table. Si trouble il y avait eu, il s'était vite fait la malle, quand on le voyait prendre avec assurance son verre en main, pour en déguster une gorgée. Commença alors un jeu de questions-réponses, tiré d'un an de vie commune.

"Je te reconnais bien là. Et je serai indulgente, promis. Alors on va commencer simplement. Ma couleur préférée ?"

"Blanc. "

"Mes fleurs ?"

"Les roses. Tu adores aussi les lys mais tu y es allergique."

"Mon aliment. "

"Le chocolat."

"Lequel ?"

"Tous, pardi, petite gourmande !"

Cette remarque évidemment fit rire la jeune femme alors qu'elle était en train de porter son propre apéritif à ses lèvres.

"J'avoue. Mais d'après mes souvenirs, tu n'es pas en reste."

Dray plissa le nez, amusé par la remarque. Ça, il pouvait difficilement dire le contraire...

"Mon sport ?"

"Ça je ne risque pas de l'oublier, tu me vexes, c'est comme ça qu'on s'est rencontrés ! L'escalade."

"J'ai dit facile. "

"Tu pratiques toujours ? "

"Bien sûr. Enfin plus depuis qu'on a détecté la maladie de Rachel. Mais je compte bien reprendre dès qu'on sera rentré. Et toi ?"

"Je ne peux pas m'en passer. Il n'y a pas beaucoup de moments où je me sens vraiment libre. Même quand j'étais bouclé à Poudlard, j'avais trouvé le moyen de faire le mur pour en faire."

Et heureusement, sans quoi il serait devenu complètement taré.

"M'étonne pas de toi, ça !" sourit la belle, complice. Son petit ami et les règles, ça avait toujours été un grand débat. Elle reprit cependant l'interrogatoire.

"Mon film ? "

"Fort heureusement pour moi, et j'en remercie le ciel, ce n'est ni Dirty Dancing ni Pretty Woman. Le cercle des poètes disparus que tu as visionné sans doute une bonne cinquantaine de fois."

Rires à nouveau. Et une petite tape de la main sur le bras pour le punir de cette remarque ô combien misogyne.

"Mon animal ?"

"Le chat. Tu en as eu deux d'ailleurs, des frères chartreux : Babord et Tribord. Ils sont toujours chez tes parents, à la Nouvelle Orléans ?"

"Oui toujours, ils sont devenus de vieux matous mais ils se portent encore à merveille. "

"Et tes parents vont bien ?"

C'était quand même plus importants que la santé des chats...

"Très bien, je te remercie de t'en inquiéter... Ils ont toujours regretté notre séparation, tu sais... Ils t'appréciaient beaucoup."

Dray, pas du tout à l'aise d'un coup sur la question de ses ex-futurs beaux-parents, contourna habilement le problème en jouant la carte de la fausse prétention, un sourire arrogant scotché aux lèvres. Il ne voulait pas trop se rappeler qu'il avait failli rentrer dans cette famille accueillante et celle qu'il avait failli fonder... C'est un sujet qu'il ne voulait pas aborder. S'il devait se passer quelque chose entre eux, Dray refusait que ce soit trop sur le passé. C'était peut-être là l'un des nœuds du problème. Ce qu'ils avaient vécu était incontournable, qu'il le veuille ou non, et c'était bien parce qu'il était là qu'il y avait ce si si important. Et ce paradoxe lui jouait des tours.

"Mais ça c'est parce que je les ai embobiné avec mon rôle du gendre idéal. C'était facile."

Cela fonctionna. L'Américaine grimaça devant le cinéma de son compatriote. Elle n'avait jamais trop aimé quand il se vantait ainsi de savoir manipuler ceux qui l'entouraient alors qu'elle tombait dans ce même panneau à l'instant même.

"Prétentieux ! A t'entendre, mes parents ont l'air particulièrement naïfs..."

Pour ne pas dire stupides...

"Revenons à nos moutons, plutôt, tiens. Mon parfum ? "

Dray cacha savamment sa satisfaction à la voir changer de sujet. Il n'avait pas voulu la piquer mais parfois, nécessité faisait loi.

"Bien mon général. Chanel 19 en automne et en hiver, L'air du temps au printemps, Shalimar en été et toute l'année, le parfum que j'ai fait créer juste pour toi et que tu portes en ce moment d'ailleurs, à mon plus grand plaisir."

Décidément... Karine eut un temps d'arrêt, surprise alors que son ex, dégustant l'air de rien sa vodka, visiblement s'amusait grandement. Elle ne s'était pas attendu à ce qu'il remarque ce dernier détail. Elle en rougit d'ailleurs, gênée. Un point indiscutable pour lui. Il venait de récupérer celui qu'il venait de perdre. Et ça le faisait marrer en plus ! Bon, puisque c'était comme ça...

"Te la joue pas trop, Fox. Puisque tu le prends comme ça, on va complexifier un peu la donne. Ma musique ?"

Ce petit jeu commençait sincèrement à l'amuser, lui, en fait.

"Aucune, tu es éclectique. Mais avec orgueil, je signale tout de même que tu as une préférence pour les œuvres jouées au piano. C'est grâce à ça que je t'ai attrapé et pour cette raison que je t'ai amenée ici..."

La belle vint gentiment lui frapper une nouvelle fois l'avant bras de la main, faussement contrariée sous le ricanement du concerné.

"Ne t'en vante pas, odieux personnage. Mon peintre ?"

"Chagall. "

"Ma spécialité culinaire ?"

"Tu as appris à cuisiner ? Félicitations !" rétorqua alors Dray, voyant là une ouverture parfaite pour charrier un peu sa compatriote. Cela ne loupa pas. La blonde, prise au dépourvu, ne put que reposer son Cosmopolitan pour éviter de le renverser et rire, vite rejointe par son vis à vis.

"Hé, je ne te permets pas !"

"J'y peux rien si le seul plat que tu savais faire, c'était les pâtes Carbonara."

"Ça je te l'accorde, mais sache que je me suis grandement améliorée et qu'un gentleman ne souligne pas aussi nettement les faiblesses de sa conquête."

Dray eut un très léger temps d'arrêt. Tiens donc...

"Conquête ?" répéta-t-il d'une voix enjôleuse et un regard appuyé. Un partout. Ce fut au tour de Karine de se retrouver en situation inconfortable. Elle s'humidifia les lèvres mais décida de passer outre.

"Je sens que je vais regretter ce jeu. Mon écrivain ?"

"Quelle époque ? Quand on était ensemble, tu n'as jamais pu départager Edgard Allan Poe et Paul Auster. "

"… Tu m'énerves. Mais je vais réussir à te coincer !" s'exclama alors la jeune femme, dans une parodie d'agacement.

"Mais je t'en prie. " se contenta de répondre Dray, dans son plus grand sourire de play boy, visiblement plus du tout gêné, et bien au contraire, semblant ouvertement se divertir.

"Ma mauvaise habitude."

"Laisser de la nourriture dans ton sac à main."

"Le bruit qui m'énerve."

"Ce qui a été l'un de nos sujets de chamailleries préférés."

Le brun, malicieux, pianota alors des doigts sur le bois de la table, l'un de ses gestes parasites les plus coutumiers. Et d'ailleurs, aussitôt, la jeune femme posa sa main sur la sienne pour faire cesser le léger tambourinement répétitif.

"L'endroit où je suis le plus chatouilleuse. "

"De mémoire, je n'ai jamais réussi à trouver un seul endroit. Et pourtant, j'ai cherché sous toutes les coutures." rétorqua alors l'aventurier, quelque peu libertin et faraud dans le ton.

Une légère teinte rosée passa sur les joues de l'Américaine. 2-1 pour les garçons. Non mais.

Et le jeu se poursuivit ainsi encore un petit moment, alors que les deux anciens amants profitaient des réponses pour converser et se rappeler d'anecdotes, au point que de l'apéritif, on passa aux entrées, puis aux plats. Et les questions se firent de plus en plus chargées d'émotions et de souvenirs.

"Ma plus grande peine ?"

"On ne se connaissait pas encore. Le décès de ta grand-mère."

"Mon plus grand regret ?"

"Que tu n'es pas pu faire du chant ton métier. Mais tu es une excellente professeur de musique."

Karine sourit sous le compliment. Il était vrai que ses petits élèves étaient importants pour elle. Elle avait hâte de reprendre ses cours.

"Le texte qui m'émeut le plus ?"

"Mon poème favori. Funeral Blues de William H. Auden..."

Et Fox, sans hésiter, en cita chaque vers, avec une émotion qu'il avait peine à dissimuler, troublé de constater qu'il ne pouvait pas s'empêcher de penser à quelqu'un en particulier...

"Arrêter les pendules, couper le téléphone,
Empêcher le chien d'aboyer pour l'os que je lui donne,
Faire taire les pianos et sans roulements de tambour
Sortir le cercueil avant la fin du jour.

Que les avions qui hurlent au dehors
Dessinent dans le ciel ces trois mots Il Est Mort,
Nouer des voiles noirs aux colonnes des édifices
Ganter de noir les mains des agents de police

Il était mon Nord, mon Sud, mon Est, et mon Ouest,
Ma semaine de travail, mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma parole, ma chanson.
Je croyais que l'amour jamais ne finirait : j'avais tort.

Que les étoiles se retirent, qu'on les balaye
Démonter la lune et le soleil
Vider l'océan, arracher la forêt
Car rien de bon ne peut advenir désormais. "


Mais pendant sa récitation rêveuse, sans qu'il ne s'en aperçoive, Karine avait glissé sa main dans la sienne alors qu'elle semblait être incapable de le quitter des yeux. Fort heureusement, on vint retirer sur ces entre-faits, les assiettes. Il vit alors leur position et immédiatement il la lâcha. Karine fut surprise par cette fuite brutale. Un retour à la réalité qui cachait quelque chose. Elle avait bien vu qu'il n'était pas avec elle durant ces quelques vers. Et elle, pensa un instant à Peter et se mordit la lèvre inférieure, coupable. Pourquoi elle pensait à lui en cet instant ? Elle commença alors seulement à se dire sérieusement que quelque chose ne tournait pas, que leur jeu était dangereux. Chacun trouva un nouvel intérêt à la nappe. Dray finit d'une traite sa vodka alors que Karine conclut d'une voix fragile.

"Bon, c'est définitif, tu as gagné."

Ce n'était pourtant étrangement pas l'impression que Fox avait... Il pensait encore à la main de Karine dans la sienne et à Xander mais avec cette fois, une amertume bien présente. Il serait bien incapable de faire un même score avec lui... Et en même temps c'était plus fort que lui, il revenait toujours à lui. Mais ce moment de flottement entre les deux anciens amants ne dura pas, grâce au pianiste du bar qui entama l'air de Singin'In The Rain . Et cette musique fit se rappeler un souvenir plutôt comique à Karine, ce qui détendit immédiatement l'ambiance, fort heureusement.

"Oh, tu te rappelles quand on a dansé en plein Broadway sur cette chanson en pleine heure de pointe et sous une pluie battante ?"

Dray, à cette évocation évidemment, sourit avec un amusement certain.

"Et comment ! La tête des passants... Mais je me souviens aussi de notre rhume carabiné le lendemain."

Les deux New-yorkais rirent alors de concert sans plus aucun nuage. C'était reparti ! Et le reste du repas fut aussi bon enfant que cette semaine passée, entre plaisanteries et souvenirs. Mais alors qu'ils finissaient leur dessert (fondants au chocolat pour les deux), en voyant le pianiste du bar prendre une pause, un désir s'empara de la blonde qui eut tôt fait d'en exprimer le fond.

"Tu sais ce qui me ferait vraiment plaisir ?"

"Non, mais je sens que tu vas me le dire."

La demoiselle sourit indulgente, sachant pertinemment qu'elle s'attaquait là à un gros morceau.

"Que tu me joues notre chanson pendant que je finis ce délicieux gâteau."

Dray posa relativement brutalement sa cuillère en perdant de sa superbe.

"Quoi ? Là, ici et maintenant ? "

Pas comme si elle ne s'en était pas doutée. Jouer en public n'était pas ce que son ami préférait...

"Ben je ne vais pas emporter mon dessert dans mon sac pour le manger ailleurs, ça ferait mauvais genre." le taquina la jeune femme, en lui prenant la main, pour dire de faire taire ses réticences. Elle ajouta à sa panoplie sa petite moue suppliante. Il n'avait jamais su lui résister quand elle affichait cette bouille-là.

"S'il te plaît..."

Dray la laissa faire. Il ne dégagea pas sa main cette fois, et mieux encore, sembla réfléchir à la question, se laissant attendrir par la mine adorable de son amie.

"D'accord. Je veux bien te faire ce plaisir à une condition."

Voyant qu'elle avait gagné, aussitôt la belle répliqua avec un grand sourire ravi.

"Tout ce que tu veux."

Un nouveau sourire malicieux se replaqua sur les lèvres du musicien.

"Tu la chantes avec moi."

Du coup, ce fut Karine qui se retrouva déstabilisée. Chanter en public ? Devant tous ces gens là ? Mais ça va pas la tête !

"Qu... Pardon ?"

Fox rétorqua vaurien.

"C'est donnant donnant. Si tu veux m'entendre jouer..."

Matthew soupira. Elle avait oublié qu'un Fox, par définition, avait de la ressource pour se sortir d'affaire. Alors est-ce que son désir de l'entendre jouer du piano était plus fort que sa peur ? … Indubitablement.

"Très bien. Je capitule."

Ils partagèrent un sourire entendu et après avoir fini leurs desserts, Fox l'aida à se lever d'une main élégante, pour la conduire vers le piano déserté. Il échangea quelques mots avec son propriétaire pour lui demander la permission de l'utiliser quelques instants et lui offrit au passage un généreux pourboire pour dire de faciliter les démarches. Et quand finalement il s'assit devant le clavier, Karine, en prenant place debout, face à lui, contre le piano, sourit avec attendrissement en le voyant saluer l'instrument d'un geste léger sur les touches, comme à son habitude.

"Tu as toujours ce rituel à ce que je vois. "

Elle n'obtient aucune réponse. C'était inutile de toute façon. Dray avait commencé à jouer. Et aucun doute que par son toucher, chaque note vibrait de tendresse et de douceur. Mais très vite, Karine le rejoignit dans son interprétation, n'ayant aucune difficulté à se laisser porter par la mélodie. Et là, clairement, il n'y avait plus qu'eux. Parfaitement en accord, profondément complices, voix et piano s'entremêlaient avec émotion et grâce, caressants, dans une passion contenue, touchée tout juste du doigt mais pourtant évidente à celui qui savait écouter. Reflet de ce qu'ils avaient été et apparemment, de ce qu'ils étaient toujours...



La voix chaude de Karine finit par s'éteindre de concert avec le piano, et les deux anciens amants s'échangèrent un regard étrangement doux et intense à la fois, alors que quelques applaudissements saluèrent leur prestation inattendue. Mais eux étaient visiblement sur une autre planète. Le jeune homme se permit même de caresser tendrement la joue de son amie, qui rougit légèrement.

Mais alors, Dray finit par remarquer quelque chose. Avec douceur, sa main descendit et il prit entre ses doigts le bijou que portait Karine autour du cou, sur une petite chaîne d'argent, qui jusque là avait été caché par le tissu du cardigan de la jeune femme, mais dont le premier bouton s'était ouvert pendant la chanson.

"Tu l'as toujours..." finit-il par dire, dans un murmure sans conteste douloureux.

De quoi parlait-il ? De la bague qui était au bout de la chaîne et qui n'était autre que celle de fiançailles qu'il avait offert à la jeune femme.

"Tu portes bien encore ta chevalière..." répliqua la belle un peu surprise mais surtout gênée par sa réaction.

Dray lâcha le bijou et baissa le regard. Ouais c'était sûr... Touché. … Mais quand même...

Ayant eu l'accord, le temps de la pause syndicale du jazzman, les doigts du jeune homme finirent par se reposer sur les touches pour une nouvelle balade, incapable de ne pas jouer quand il était devant un piano, réussissant à faire abstraction des gens qui l'entouraient, pour le plus grand plaisir de sa compagne. Elle le connaissait par cœur. Une fois qu'il était parti...

Et naturellement ils reprirent leur conversation, là, autour de l'instrument.

"Merci de m'avoir accordé cette faveur, Dray. "

"Mais je t'en prie... "

"Dis... Pourquoi on s'est séparés au juste ?"

On y venait. Enfin. Il parait que la musique est une excellente psychothérapie et l'incident de la bague n'avait rien arrangé...

"C'est toi qui es partie..."

Karine déglutit. L'amertume du jeune homme avait été bien palpable, autant dans sa voix que dans sa manière de jouer. Froissée, elle répliqua sur un ton identique.

"C'est toi qui m'as laissée partir."

"Qu'est ce que j'étais sensé faire ? Je n'ai jamais retenu les gens contre leur gré."

Karine baissa la tête sous la justesse de l'attaque qui, cette fois, n'avait pas été dissimulée du tout. Non, parce que bon, fallait quand même pas lui reprocher ça. Il n'avait jamais voulu qu'elle le quitte. C'était lui, le plaqué dans l'histoire. Et puis ce fut tout. Il ne resta plus que la musique. Dray et son mur de silence... Elle soupira et se sentit obligée de relancer le sujet en reformulant la question. Cette semaine avait été trop étrange ! Il fallait qu'ils posent les choses. Tout ce qui était resté entre eux.

"Je sais. Toujours à faire passer les désirs des autres avant les tiens... Alors pourquoi je suis partie ?"

Dray ne répliqua pas tout de suite, se contentant de jouer. Et son expression était très clairement fermée, comme sa manière de jouer, tout aussi sèche que mélancolique. C'était une conversation qu'il ne voulait pas avoir. C'était soulever des questions et réveiller des blessures qu'il tentait d'occulter depuis des années et encore plus depuis qu'il l'avait retrouvée. Mais elle avait raison. Ils devaient en parler. Et peut-être que cela apporterait la solution qui lui manquait cruellement face à ce qui le divisait.

"Je ne te rendais plus heureuse." finit-il donc toutefois par dire après quelques secondes, d'une voix cette fois neutre. C'était un constat. A ses yeux, il était l'unique responsable de leur échec. Mais Karine ne l'entendit pas de cette oreille.

"Tu traversais une passe difficile."

"Cela ne pardonne rien."

Devant l'assurance de son compagnon, la jeune femme ne trouva rien à redire sur le coup. Il était vrai que cela avait été difficile pour les deux partis, cette époque. Mais pourtant depuis sept ans, elle se sentait coupable.

"Je t'ai abandonné au pire moment."

"C'est vrai."

Toujours ce ton sans émotion. Rien à quoi se raccrocher. Même pas un reproche tacite. Et la New-yorkaise comprit alors, qu'en réalité, Dray fuyait tout bonnement la confrontation. Pas une fois, il ne l'avait regardé, concentré sur ses mains.

"Tu as l'intention de me laisser me dépatouiller toute seule, je me trompe ?"

A nouveau le silence, cette fois vraiment pesant. Mais Dray releva enfin les yeux vers elle. Franchement, mais sans vraiment d'expression.

"Que veux-tu que je te dise, Karine ? On ne peut pas réécrire le passé. Tu as fait tes choix, j'ai fait les miens. Tu m'avais prévenu, j'ai continué à jouer au con. Tu es partie... "

La pause fut alors nette et le soupir pesant de Fox parfaitement audible. Pas si neutre que ça...

"Je me suis relevé, malgré tout. Ce qui aurait pu se passer si... ? Quelle importance ? On ne le saura jamais. Si tu veux m'entendre dire que je t'en ai voulu alors oui. Si je t'en veux toujours ? Oui un peu. Mais je sais aussi que je t'ai surtout fait du mal. Et je ne pouvais pas t'offrir ce que tu voulais. Rachel par exemple. Alors on est quitte."

"Tu es devenu bien philosophe..." remarqua-t-elle doucement, surprise de sa réponse. Le Dray qu'elle avait connu n'aurait jamais dit un truc pareil à leur époque. Mais celui d'aujourd'hui haussa les épaules.

"J'ai appris à beaucoup relativiser ces deux dernières années..."

Le retour d'un père soit disant mort, l'apparition d'un demi-frère et un accident qui avait failli lui coûter la vie et ses jambes, ça aidait, fallait dire...

"Je vois ça. Tu parais... plus serein."

"Reconnais que ce n'est pas difficile quand on se souvient de comment j'étais à l'époque !"

Cette auto-critique humoristique allégea sensiblement l'ambiance et tira même un léger rire à la jeune femme. Mais elle ne pouvait qu'acquiescer. Elle avait rarement connu plus torturé que le jeune homme qui lui faisait face.

"Je te l'accorde."

Et puis la belle regarda sa montre par réflexe. Et grimaça. Vingt-deux heures...

"Il est temps de rentrer à St Mungo, je crois..."

Cela aurait-il été une pointe de regret ? Ce n'était pas la permission de minuit de Cendrillon mais cela sonnait la même fin du conte de fée. En tout cas, sans un mot, Dray acheva son morceau et aida la jeune femme à enfiler son manteau avant d'aller payer l'addition.

Ils rentrèrent en silence, réfléchissant l'un comme l'autre à ce qui avait été fait et dit pendant cette soirée, bras dessus, bras dessous. Mais devant la vitrine de l'hôpital, il fut temps de séparer. Difficilement...

"Ça m'a fait beaucoup de bien de sortir, merci, j'ai passé une excellente soirée..."

"Moi aussi..."

"… Bon et bien... Je t'inviterais bien à "monter boire un dernier verre" mais..."

Ce fut cette fois au tour du brun de rire.

"Je suis pas sûr qu'ils soient aussi compréhensifs cette fois."

"Je ne crois pas non plus... Tu reviens demain ?"

La était le problème. C'était que les rêves devaient bien prendre fin à un moment ou à un autre. Son absence commençait à faire grincer des dents plus d'un. En particulier ces rabat-joie qui lui servaient de collaborateurs.

"J'essaierai."

Et là, pourquoi ? Pas la moindre idée. Mais déjà proches pourtant, ils comblèrent encore inconsciemment l'espace qui les séparait. La blonde murmura alors charmeuse :

"C'est léger ça, M Fox."

"Mlle Matthew, j'ai du travail, vous me corrompez."

"Mais j'espère bien !"

Et ce qui devait sans doute arriver, arriva. Karine, doucement, vint embrasser son compagnon, avec une tendre ferveur. La surprise de Dray fut à son comble, croyez le bien. Et sur le coup, il fut complètement désarmé et bien incapable de réagir. Il ferma même les yeux, sous un flot d'émotions difficile à décrire. On aurait pu penser que l'Américaine avait gagné. Mais alors qu'elle s'apprêtait à approfondir leur échange, elle se sentit repoussée. Doucement mais fermement.

"Karine, non."

Un murmure désolé, ce fut tout ce que Dray put lui donner comme explication. Très insuffisant pour la jeune femme.

"Pourquoi ? On est bien ensemble, non ?"

"Ce n'est pas ça... Pardon. Mais je ne peux pas."

Et c'était vrai. La stricte vérité. Oh le baiser avait été très agréable, il ne le cachait pas. Il était un homme parfaitement constitué, Karine une très belle femme, et leur passif très influent. Il l'avait voulu toute la semaine d'ailleurs. Mais décidément, non, ce n'était pas pareil que dans son souvenir. Différent. Pas la même saveur. Moins intense ? Pas Lui... . Enfin... Surtout, surtout !, le sentiment d'interdit qui ne cessait de jouer au balancier avait très vite pris le pas sur toute autre considération pour calmer ses ardeurs. Ce n'était pas Karine qu'il avait eu en tête, mais bien l'image de quelqu'un d'autre. Encore...

"Je ne comprends pas."

Évidemment qu'elle ne comprenait pas ! Il n'avait pas été très prolixe quant à sa relation avec le peintre. Ce foutu "C'est un ami."... Voilà tout ce qu'il lui avait dit. Il n'avait rien laissé passer quant à une possible implication dans une liaison. Comme elle avait laissé beaucoup trop de blancs quant à sa relation avec Peter... Mensonges par omission... Mais après tout, rien n'était officiel. Ni même déclaré de toute façon ! Ils étaient libres. En théorie. Sauf que lui, maintenant, était surtout coincé.

Mais Karine n'était pas stupide et elle était certainement l'une des rares personnes à connaître aussi bien le brun. Son regard coupable, alors qu'il se passait une main dans les cheveux la mit sur la piste.

"J'ai l'impression que tu ne m'as pas tout dit, Dray Fox."

Il détourna les yeux, au loin, silencieux. Elle sourit tristement et murmura avec sagesse.

"Moi non plus d'ailleurs. Je crois que, finalement, il vaut mieux que tu ne passes pas demain. On a tous les deux besoin de réfléchir. La tête froide..."

Elle se mit alors sur la pointe des pieds pour déposer un léger baiser sur le front du jeune homme, qui, lui, était à présent incapable de dire quoi que ce soit.

"Bonsoir Dray..."

Et cela sonna horriblement comme un adieu. Mais il la laissa partir. Pour la seconde fois. Et quand elle passa la vitre, il ferma les yeux, regrettant amèrement cette décision et se sentant terriblement seul. Quel con...

Mais, comme par le passé, elle avait su lire en lui. Et elle avait encore une fois raison. Il se passa les mains sur le visage. Il était plus que temps qu'il arrête de jouer avec le feu et qu'il réfléchisse posément à ce qu'il voulait réellement et pour de bon. Car il ne pourrait pas faire demi-tour. A nouveau à la croisée des chemins, il fallait qu'il décide quel avenir choisir. Parce que, quel que soit son choix, il y aurait de lourdes conséquences pour lui comme pour d'autres...


[Reserved.

Et rendons à César... ^^ Au piano, Roberta Sainato et au micro Maria Teresa Leva.]
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Vaughn Xander
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MessageSujet: Re: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeVen 25 Jan 2013 - 9:36

[Me voila !

Bon,comme on s'en doute c'est beaucoup BEAUCOUP moins long... mais en même temps, vu que c'est Vaughn, il a que 2 réplique alors xD *se marre* enfin bref, j'espère que ça te conviendra ^^ *si jamais il y a un soucis, hésite pas à me mp que je modifie* ]


C'était une impression diffuse... comme un frisson qui vous passe sur la nuque... Pas vraiment désagréable non, mais légèrement dérangeant. Une sensation que quelque chose vous échappe, que tout n'est pas comme cela devrait être sans vraiment pouvoir mettre le doigts dessus. C'était à peut près tout ce que Vaughn avait ressentit ses derniers jours. Ho, il n'y avait rien de précis, c'était plutôt une vague esquisse à vrai dire mais cette sensation se faisait de plus en plus présente. En fait, cela avait commencé deux ou trois jours après le dernier rendez-vous de Dray à l’hôpital...

L'émissaire n'avait pas fait le rapprochement entre ces deux faits. Il savait que l'Américain n'avait rien à craindre de cette entrevue, il était parfaitement remis même s'il garderait probablement toujours les courbatures douloureuses annonçant les pics d'humidité. Et même s'il avait annuler leur rendez-vous ce soir là, ça n'avait pas la moindre importance. Ce n'était pas un cas isolé à vrai dire, le New-yorkais, surtout depuis qu'il était de nouveau Pdg, avait de temps en temps des imprévus de dernières minutes et le peintre n'était pas du genre à ce poser des questions. Non, à vrai dire, il avait commencé à ressentir cette étrange impression deux jours plus tard, alors que Dray n'avait pas repointé son nez au château.

Ce fait en lui-même n'était pas le plus intriguant, que le Pdg ait du boulot il le comprenait parfaitement, mais il appréciait moyen les oiseaux de mauvaise augure. Alors même s'il n'avait rien dit du tout ni rien laissé paraître à l'étudiant en médicomagie quand ce dernier était venu l'avertir que, pour ses affaires, le New Yorkais était à Dublin et que, de ce fait, il serait absent quelque jours, le fait que l'info était venu de l'eurasien ne l'avait non pas froissé mais laisser perplexe, s'était un fait. Dray le connaissait, il savait qu'il appréciait relativement les contacts humains et était plus prompt à se laisser déranger par un véritable hibou, mais il n'avait pas prit la peine de l'informer tout seul et ça, c'était curieux. D'habitude, il était plus attentif à se genre de détails simplement. Et que se fait soit si proche du léger incident précédent commençait à rendre le peintre légèrement perplexe.

Et puis, soyons franc, même s'il ne l'avait pas réaliser tout de suite cinq jours sans voir le pianiste ça lui faisait un peu bizarre. Lui qui ne s'était rapproché de personne commençait à trouver un peu le temps long. Vaughn avait passée ses quelques jours à peindre, finissant ainsi sa dernière commande avec un peu d'avance même s'il ne la rendrait pas avant la date prévu, mais il n'avait pas envie d'en entamer tout de suite une nouvelles... le temps lui paraissait plus long qu'il ne l'était vraiment, c'était étrange. Il serait dit que ça ne serait qu'un début, le plus étrange encore était venu le jour de leur rendez-vous suivant... celui qu'il n'avait pas annulé justement.

Il c'était comporté comme d'habitude au début. Oui, tout avait été parfaitement normal dans un premier temps et l'artiste ne s'était pas méfié le moins du monde. Mais si rien n'avait laissé présager un quelconque problème vous vous doutez bien que se ne fut pas le cas bien longtemps sinon nous ne serions pas là. Enfin, problème était peut-être un peu fort, disons qu'il s'agissait plus d'un grain de sable dans ce qui était le rituel incontournable de toutes leurs rencontres. Bien sur, Dray lui avait sourit, lui avait parlé, avait même laisser un rire passer ses lèvres quand il avait fait part de son humour si particulier. Les deux américains avaient discuté tout à fait normalement jusqu'à ce que, prit par l'habitude, il avait laissé passer cette première phrase.

L'émissaire ne savait plus quel était le sujet de conversation ni même ce qu'il avait dit exactement, ce n'était pas ça qui avait de l'importance, mais il se souvenait très clairement de la réaction de Dray à se moment là. Un léger malaise retenu, un flottement, et rien d'autre. Il avait enchaîner sur autre chose comme si de rien était, comme s'il n'avait rien entendu. Sur le coup, et même s'il fut particulièrement difficile de s'en rendre compte, Vaughn avait été surprit de sa façon de faire. Après tout, le cadet entrait facilement dans son jeu d'habitude. L'artiste c'était même demandé un instant s'il n'avait juste pas mal interprété ce qu'il avait cru voir. Alors il avait réitéré plusieurs minutes plus tard, pour vérifier sa réaction. Mais il n'y avait pas de doute, devant ce nouveau manque de réaction et cet évitement méthodique, il le fuyait en quelque sorte, mettant une distance honorable entre eux. A vrai dire, il ne c'était que rarement sentit si peu 'en phase' avec le New-yorkais... et il ne comprenait pas pourquoi. Il avait ainsi, quelques fois, tenter de réduire la distance que Dray avait décidé d'instaurer sans succès... et cela le froissa un peu il ne pouvait pas le nier.

Bien sur, Vaughn étant Vaughn, il n'avait pas réellement semblé différent de d'habitude. Il n'avait pas non plus posé de questions, ça n'avait jamais été son genre on le lui reprochait assez et avait simplement prit le partit d’arrêter ses provocations. L'homme d'affaire avait un comportement normal à coté de cela alors autant tenter de passer une soirée entre ami sans rien attendre de plus... il n'était pas sur de le revoir tout de suite après tout puisqu'il était accaparé par son travail alors autant prendre ce qu'on lui donnait...

Mais il n'avait pas pu s’empêcher d'y penser ensuite... il se passait quoi exactement ? Parce que si on combinait sa disparition soudaine, la venue de son ami pour lui signifier son absence et son comportement plus que distant, ça commençait à faire un peu trop de grain de sable et si, isolé, ses incidents n'avaient pas trop d'importance (quoique) les voir combiné dans la même semaine avaient quelque chose d'un peu... perturbant. Et, bien novice en matière d’interactions sociales un minimum poussées, il ne comprenait pas. La seule idée censée qu'il pouvait retirer de cela, c'était que peut-être Dray c'était lassé. C'était encore ce qui était le plus logique. Mais dans ce cas pourquoi ne le disait-il simplement pas ? L’Américain était d'un naturel plutôt franc en principe et leur relation ne se basait pas que sur l'amélioration notable de leur amitié après tout. En tout cas, c'est ce qu'il croyait...

Et dire que se poser des questions n'était pas dans ses habitudes... Pourquoi l'attitude du New-yorkais occupait toutes ses pensées dans ce cas ? Il avait bien essayé de penser à autre chose, lire notamment, lui qui adorait ça et finissait par tout oublier dans ses moments là, mais à chaque fois son esprit finissait par se pencher sur le cas Fox. Et même s'il aurait préféré se faire briser les doigts plutôt que de l'avouer, un sentiment d'insécurité c'était insinué au fils des jours, sans qu'il ne puisse le contrer.

Était-ce pour cela qu'il c'était retrouvé dans ce restaurant, lieu qu'ils avaient côtoyé de nombreuses fois ensemble et appréciaient, ce soir là ? Il n'aurait su le dire mais en quittant le château pour 'changer d'air' et se perdre dans Londres, ses pas l'avaient inexorablement conduit ici. Il c'était donc installé à une table, seul et avait commandé un verre. Au piano, un homme laissait courir ses doigts sur les touches et à nouveau le peintre c'était laissé envahir par ses pensées. Pas un instant il n'avait remarqué la présence du couple, déjà installé à leur table et occupé à manger leur entrée tout en se perdant dans le jeu de leurs questions/réponses. En fait, il n'avait finit par les apercevoir peut-être une demi-heure après son arrivé sur les lieux, que par un concours de circonstance. Alors qu'il entamait le plat unique qu'il avait commandé -maintenant qu'il était là autant profiter de la cuisine du lieu après tout et ceux même s'ils n'avait pas vraiment faim- il avait fait signe à un serveur à une table derrière celle du couple pour avoir une bouteille d'eau plate et ses yeux d'un vert si particulier n'avait pu que s'accrocher à eux... de là ou il était, il avait parfaitement reconnu le profil de Dray, totalement perdu dans un autre monde, et la femme, blonde, qui lui faisait face. Elle, il ne la connaissait pas, il en était persuadé mais à voir l'attitude qu'elle adoptait et leur mains qui c'étaient rejointes sur la table, il était évident que c'était très loin d'être le cas pour le New-yorkais.

Vaughn, sans trop savoir pourquoi, c'était un peu décaler sur la droite, histoire d'être sur que le Pdg ne pourrait pas le voir à moins de se tourner franchement vers lui et les avait observer tout à loisir. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Dray était parfaitement libre de faire ce qu'il voulait, ils étaient simplement amis, mais cette femme inconnue l'intriguait. Était-ce à cause d'elle s'il avait été si étrange en sa compagnie ? Qui était-elle et depuis quand la connaissait-il ? Ils avaient l'air proche en tout cas... Était-elle la source de cette distance imposée ? Autant de questions dont il aurait du se moquer éperdument et pourtant qui ne cessait de prendre plus d’ampleur dans son esprit. Ça ne lui ressemblait pas, il en avait conscience et à vrai dire ça le dérangeait. Agacé, l’aîné avait détourné le regard pour le perdre une nouvelle fois sur le piano mais, sans qu'il ne puisse rien y faire, son attention se reportait indéniablement sur le couple... qu'est-ce qu'il lui prenait ? Soit, il était bien peu probable que quelqu'un remarque quoi que se soit, il était discret et avait de toute manière l'air trop détaché du monde pour que son attitude ne le trahisse mais quand même, un tel comportement ne lui ressemblait vraiment pas. Et que dire de cette étrange sensation qu'il sentait, lointaine, s'insinuer en lui ?

Son plat était naturellement passé au second plan, incapable de l’apprécier réellement, et avait attendu. Quoi ? D'observer quelque chose de plus profond que ses sourires, de plus intime que ses regards peut-être. Pourquoi ? Parce que son sentiment d'insécurité avait, à leur vue, ostensiblement augmenté sans qu'il ne puisse le contrôler et qu'il préférait en avoir le cœur net. Y avait-il plus qu'un dîner entre eux ? Et pourquoi était-il ici et non occupé par le groupe... s'il n'avait pas envie de le voir, il n'avait pas besoin de mentir, rien ne l'obligeait...

Et c'est alors qu'il se posait ses questions que le pianiste de la soirée avait décidé de faire sa pause. Vaughn ne l'entendait plus depuis quelques temps déjà mais le soudain silence l'avait troublé... Et ce qui le troubla probablement plus encore fut que le couple se lève à son tour mais que, bien loin de se diriger vers la sortit, ils avaient finit par s'installer à leur tour près de l'instrument. Dray n’appréciait pas vraiment jouer en public, le peintre le savait mais pour elle il s'installait derrière l'instrument... L'émissaire trouva sa propre réflexion déplacée en cet instant, ce n'était pas comme s'il le lui avait demandé ni même en avait l'intention après tout et, dans un geste parasite, il était venu retirer ses fines lunettes pour se pincer l’arrête du nez. A quoi il pensait franchement ?... Navrant.

Mais sa réflexion était venu mourir à peine la voix chaude de l'américaine c'était marié au piano. L'harmonie de l'instrument et du chant, les émotions palpables qu'ils glissaient dans l'interprétation, il ne fallut qu'un regard pour que ce que les notes lui avaient suggéré ne lui saute aux yeux comme à tous ceux qui se trouvaient dans la pièce. Et s'il avait passé du temps à observer le couple à la dérobée durant la fin de leur repas, là il savait qu'il ne voulait pas voir, qu'il ne pouvait pas entendre. Aussi, il c'était finalement levé en attrapant ses affaires et avait quitté le restaurant après avoir régler sa note, incapable d'en écouter davantage. Un sentiment de mal-être étrange c'était installé et le peintre, resserrant les pans de son manteau, savait qu'il n'avait aucune envie de rentrer et de se retrouver seul.

Alors il avait marché, le plus rapidement possible, jusqu'à un bar du Londres sorcier de sa connaissance. Un endroit ou il n'avait pas mis les pieds depuis longtemps mais qui, par le passé, avait eut ses faveurs. Discret, en retrait, il n'était fréquenté que par une clientèle d'habitué qui ne s'offusquait pas de grand chose. Le barman, à son entré, avait laissé un sourire un peu surprit mais ravi se poser sur son visage comme s'il retrouvait une vieille connaissance perdue de vue...

"Mais regardez qui revient parmi nous... cela faisait longtemps, Professeur." avait-il glissé, un peu trop caressant peut-être, sous l'oeil intrigué d'un client qui semblait lui parler à peine une minute plus tôt.

Vaughn avait laissé son regard si particulier détailler l'homme. Plutôt petit, blond avec des yeux d'un bleu délavé, il semblait assez jeune -dans les 30 ans tout juste- et n'était pas vilain à voir bien au contraire. Il était difficile de s'imaginer au premier coup d’œil que c'était lui qui tenait l'endroit, lui même avait été un peu surprit la première fois -enfin, autant qu'il puisse l'être- mais pourtant sa présence derrière le bar ne laissait aucun doute... l'Américain posa ses fesses sur un des tabourets haut non loin de lui et avec une indifférence dérangeante pour ceux ne le connaissant pas, il avait commandé un Whisky Pur feu sans même prendre la peine de répondre.

"Toujours aussi aimable... Ça me manquait."taquina l'homme en déposant le verre en face de son client avant de s’accouder face à lui dans le but évident de faire la conversation.

"Hey James, je te parlais..."avait lancé le client précédent, offusqué, mais le barman lui fit un signe de main vague signifiant à peut près 'aucune importance'.

"Fiche-moi la paix Drews... Alors, professeur, pourquoi m'as-tu donc laissé me morfondre sans même passer faire un petit coucou ? Ce n'est pas très gentil."avait finalement glissé le blond.

"Je ne suis pas quelqu'un de gentil..."avait répondu Vaughn, peut-être un peu trop sèchement. Pourquoi était-il aussi visiblement énervé ?

D'ailleurs, la réponse de ce dernier avait un peu surprit le barman. Il avait eut le temps de l'observer par le passé, quand il venait, et il avait toujours semblé imperturbable, imperméable au monde même. Parfois laissant un trait d'humour particulier se faire voir oui, mais l'agacement ça c'était bien une première... tout comme le fait qu'il vide son verre d'une traite d'ailleurs. Tien donc, des soucis ? Il n'aurait pas cru ça possible venant de sa part. Peut-être que...

"Hum ? T'as pas l'air en forme et je m'y connais... si t'as besoin de compagnie..."glissa-t-il de façon tout à fait équivoque. Après tout, il était pas mal alors s'il pouvait en profiter...

Enfin, ça, c'est ce qu'il avait espéré sur le coup mais le regard que lui lança Vaughn en entendant cette réflexion, plissant légèrement les yeux et donnant un coté un peu plus impressionnant -voir malsain- à son regard n'avait rien de très engageant. Tout comme les deux mots, détaché, froid même, qui ne tardèrent pas à passer ses lèvres...

"Aucun intérêt."

Il était là pour boire un verre, pas pour se faire emmerder, et tout dans son attitude l'exprimait clairement. Ok, c'était pas le jour et même si le barman était un peu vexé de sa réaction, surtout qu'il n'avait pas toujours été de cet avis, il n'avait pas insisté. Après tout, il le connaissait assez pour savoir qu'il était en terrain miné sur le coup. Mais il était aussi clair que quelque chose clochait, il en était presque inquiétant là. Remplissant finalement une nouvelle fois le verre de l'Américain, le tenancier était cette fois repartit de l'autre coté du bar sans demander son reste et avait reprit sa conversation précédente avec le fameux Drews sans y revenir. Le peintre, quand à lui, se rendit compte au bout de ce second verre qu'il n'avait aucune envie d'être là, de voir du monde et de risquer d'attirer un nouvel abrutit. Et puis, il n'arrivait à penser à rien d'autre que ce qu'il avait vu au restaurant... mauvais plan.

Il avait donc payé ses consommations, sans un mots, et avait transplané devant les grilles de Poudlard à peine sortit de l'échoppe. Il était déjà tard, heureusement, et le couvre-feu déjà passé ce qui lui permis de ne croiser personne sur le chemin de son studio. Une fois à l'intérieur de ce dernier, adossé contre la porte, il était resté ainsi quelques longues minutes sans allumer les lumière, la pièce juste éclairé par la Lune qui filtrait au travers des grandes baies vitré de son salon. Finalement, comme décidé, il avait sortit sa baguette et, dans un silence total, avait retiré toutes les permissions d'entrer de son sanctuaire, sans exception aucune, puis avait toujours sans un mot laissé tomber ses affaires dans l'entrée. Un soupir avait finalement brisé le silence, pas sur de la signification qu'il voulait donné à tout cela, et avait finit par se glisser, dans le noir, jusqu'à sa chambre. Il avait bien assez pensé et ressentit pour ce soit... là, il avait juste besoin de dormir...
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Dray Fox
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Rang & Club : Baka ranger vert.

Caractéristiques
Compétence: Niveau 8
Particularité: PDG de la Fox
Baguette: 33 cm, bois de prunellier (manche), bois de pin (corps), dard de Billywig et poil de Nundu (Une baguette de barj à l’image de son propriétaire... XD)

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MessageSujet: Re: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeMer 19 Déc 2018 - 18:44

(Récup et reserved !)


La scène se passait dans un night-club branché et un peu chaud de la capitale, le soir du 11 septembre. Sur scène, sous les stroboscopes, des danseuses de Pole Dance exhibaient sensuellement leur corps. Le reste des lieux étaient dans la semi-obscurité, éclairés en majorité par des lampes à lumière noire. La musique qu’un DJ mixait dans les hauteurs de la scène était bien dosée.

Un homme parmi tant d’autres entra dans la place, après avoir montré patte blanche à un videur, une plaque métallique de la taille d’une carte de visite, noire, sans autre information que le logo argent du night-club, un ange déchu stylisé. Mais par la possession de ce pass, l’homme prouvait qu’il était un VIP. Son style vestimentaire, au premier coup d’oeil ne laissait pourtant pas supposer qu’il méritait ce titre. Au deuxième, un oeil averti aurait vu qu’en réalité chaque élément de sa tenue était griffée. Des chaussures aux lunettes, l’homme portait de grand noms. Jean, chemise, gilet de costume, baroque en soie brodée, bottes de cuir aux nombreuses boucles en métal et aux extrémités renforcées, veste gothique victorienne ¾ évasée, aux boutons d’argent, ceinture de cuir décorée de chaînes en argent qui lui tombaient sur la cuisse, tout était noir. L’homme avait une petite trentaine d’années, il était de haute stature et sa tenue cintrée appuyait sa silhouette fine et nerveuse. Il était très pâle de peau, blême même, et cachait de grands yeux verts d’une étrange couleur claire tirant sur l’absinthe, allongés et nettement encaissés derrière de petites lunettes rondes teintés rouges. Le kroll et les cernes qui les dessinaient accentuaient le regard froid, vif et scrutateur du personnage. Ses cheveux noirs corbeau présentaient une coupe courte déstructurée et hérissée. Une barbe légère, de quelques jours à peine lui mangeait les joues creusées, et la bouche pincée aux lèvres très minces d’un rose un peu bleuté, un peu maladives. Elle lui donnait un air négligé parfaitement calculé. Des sourcils très fins, un nez grec, aux narines étroites, un front haut et un menton pointu en longueur. Impossible de ne pas remarquer les piercings à chaque oreille, trois à la gauche et quatre à la droite, de petites boucles épaisses réparties du lobe au cartilage supérieur. La main droite du visiteur était couverte d’une mitaine de cuir, la gauche portait un tatouage, de fines arabesques, des lignes de partitions parcourues de mesures et de notes couraient sur le dos, tournaient autour du poignet pour se perdre sur une partie du bras et se finir sur le torse au niveau du coeur où on pouvait deviner une horloge si on le voyait, et visiblement dans le cou jusqu’à la nuque puisque la chemise avait le col suffisamment entrouvert pour qu’on le distingue. Sur le majeur gauche, une bague armure en platine, steampunk figurant des engrenages lui couvrait les deux premières phalanges. Au majeur droit, un large anneau du même métal, gravés de runes étranges. On pouvait dire que son look détonnait un peu dans le décor.

L’homme se faufila parmi les fêtards directement vers le bar et s’installa sur un tabouret avec nonchalance. Un barman s’approcha de lui. L’homme passa commande en sortant quatre billets de 50 £. Sa voix était grave et sourde.

“Deux doubles vodkas et une furie… Gardez la monnaie.”

L’homme, un grand brun au type italien, eut un temps d’arrêt et hésita. Le client s’agaça et posa sur les billets la même carte qu’il avait montré au videur. Il cracha dans la manoeuvre, impatient et dur, menaçant même.

“Me fais pas répéter…”

Le barman comprit le message. On ne disait pas non à un VIP quoi qu’il demande… Il servit les deux vodkas et un cocktail d’un blanc laiteux. A côté de ce verre en particulier, il posa soigneusement une serviette en papier noire au logo du club,  épaisse et pliée soigneusement en deux. Le client la ramassa discrètement et la rangea dans sa poche intérieure en dédaignant le cocktail mais en avalant cul sec la première double vodka. Une voix narquoise se fit entendre derrière lui.

“Je vois que tu as toujours la même descente, Austen.”

Le buveur leva les yeux au ciel avec mépris et prit tout son temps pour se retourner et tomber sur un homme du même âge que lui, de taille moyenne, blond doré, l’air condescendant à souhait, le nez cassé, une coupe quasiment militaire, richement vêtu. Des yeux bleus glace, enfoncés et inquisiteurs, une barbe courte soigneusement taillée, un teint hâlé travaillé, un costume Hugo Boss noir, une chemise bordeau, une boucle d’oreille sur le lobe gauche et une montre, en or blanc, hors de prix. Gavin Dean était classieux. Il puait l’argent et l’affichait ouvertement…

“Dean…” fut la seule réponse du client, d’une voix traînante, à peine un mouvement de tête en guise de salut. Il jeta un coup d’oeil derrière l’emmerdeur. Un garde du corps le serrait de près.

“Seth Austen… Ca fait combien ? Quinze ans ?”

“A peu près…”

“T’as pas changé depuis New-York, c’est bluffant. Je vois que tu carbures toujours à la  même chose...” dit le blond négligemment en désignant les trois verres.

“Tu me diras des nouvelles de la furie, de la première qualité…”

“C’est à dire ?”

“25%. Avec ce que tu as, t'en a pour dix.”

“Quel luxe, ça explique le prix exorbitant.  Merci de prévenir. Les 75 % qui restent ?”

Dean sourit, perfide.

“Pour mes VIP, rien de dangereux… Mais est-ce vraiment important ? Encore que t’as pas l’air d’en avoir besoin à tout prix... pour changer...”

Le brun haussa les épaules avec un je m'en foutisme évident. Il ne voyait pas du tout l’intérêt de répondre à cette attaque. L'autre ignora le sous-entendu du “fous moi la paix” savamment glissé.

“Mais je suis surpris de te voir posséder le pass VIP. Tu ne roulais pas sur l'or à N-Y.”

“Tu n'avais pas de montre qui vaut 5 chiffres ni Hugo Boss pour tailleur…” répliqua du tac au tac le client.

“Touché.” répliqua l’autre avec le même sourire de tête à claque.

“Ça tombe bien finalement que tu sois toujours aussi casse-burnes. J’ai entendu qu’il y avait un combat ce soir…” reprit nonchalamment le VIP, l’air de rien. Le blond, même s’il tira un peu la tronche sur le manque de respect à son égard, infirma avec un certain professionnalisme.

“Annulé. Le challenger s’est fait coffrer au pieu ce matin. Tu voulais en être ? Côte de 12 contre 1 contre lui, tu ne perds pas grand chose...”

“Je veux être le challenger…”

Cette réponse glaciale, là, surprit énormément celui qui était le propriétaire des lieux.

“Tu déconnes ?”

“Ce ne serait pas la première fois que tu organises un combat au pied levé…”

Le blond sembla réfléchir.

“10.000 et tu te couches à la seconde.”

“7500 et pas d’arnaque…”

Cette rectification fit rire quelques personnes qui entouraient les deux hommes et qui étaient intéressés par le programme d’origine. Le garde du corps de Dean montra le plus ouvertement son hilarité. A ces yeux, cette grande gueule, trop fin, ne faisait pas le poids. D’ailleurs son patron, dans un nouveau sourire cynique, explicita la pensée de tous.

“Je dis ça pour toi, tu vas te faire défoncer.”

“A voir. Mais si je n’ai aucune chance, tes petites magouilles ne risquent rien...”

Le sourire de façade de Dean s’effaça, il n’apprécia pas plus cette remarque que la précédente.

“Très bien je t’aurais prévenu. Sois à 11h30 PM dans mon bureau.” maugréa-t-il en prenant son portable pour organiser l’évènement.

Le brun regarda sa montre. Ca lui laissait une heure devant lui. De quoi placer quelques paris... Il but sa deuxième vodka de la même façon que la première et quitta son siège sans plus un regard pour quiconque. Et pourtant ça murmurait…

A une heure du matin, tout était terminé. Une cloche sonna la fin du combat, sous plus de huées que d’exclamations. Pas mal de spectateurs avaient perdu de la thune. L’arbitre (si on pouvait parler d’arbitrage dans un combat où tous les coups ou presque étaient permis…) et un organisateur durent intervenir pour éloigner le combattant qui l’avait remporté et l’empêcher de continuer à cogner. C’était comme s’il n’avait pas entendu. Très vite, il avait fallu se rendre à l’évidence. Ce n’était peut-être pas un poids lourd mais cela ne l’empêchait pas d’avoir une musculature développée et de savoir porter les coups. Et il y avait l’état d’esprit… C’était de la rage à l’état pur qui avait animé tout au long du combat le vainqueur qui avait mis son adversaire à terre. Et alors même que ce dernier n’avait plus la force de se défendre à moitié KO par le dernier crochet au menton qu'il avait reçu, l’autre, aveuglé, avait continué à frapper, obligeant une intervention dans la cage pour les séparer et pouvoir faire le compte. Oh, Austen s’était pris une belle dérouillée, pas de doute là-dessus. Il pissait le sang, lui aussi. L’autre avait répondu avec autant d’énergie, d’autant plus que le brun n’avait pas été avare de provocations diverses et inspirées pour le faire enrager. A croire qu’il avait cherché par tous les moyens à bien se faire taper dessus...

A croire…

Dans les “coulisses”, il y en avait un qui ne souriait plus du tout, c'était Gavin Dean. Vu la différence apparente de carrure entre les deux adversaires, la plupart des paris avait donné le challenger perdant. Le mafieu venait donc de perdre beaucoup d'argent. Et ça, ce n'était pas tolérable. Quand les combattants furent rentrés, il alla donc voir Seth, accompagné d’un de ses hommes et lui cracha un ordre pur et simple.

“Dans mon bureau dans vingt minutes ! Toi, tu l’empêches de sortir et tu me l’amènes !”

Le brun, à qui on venait d’enlever ses gants, était en train de débander ses mains alors que ce qui devait être plus ou moins un toubib donnait des premiers soins aux nombreux coups qu'il avait reçu et pour l’instant était occupé à arrêter le saignement de l’arcade sourcilière. Austen observa d’un oeil narquois le garde bloquer toute sortie et le Glock 45 à sa ceinture. Le médecin intervint, d’une voix compatissante.

“Je me demande à quoi ça sert que je te soigne… Ton coup de ce soir était grandiose mais ce sera sans doute ton dernier.”

Seth ricana.

“J’aimerais bien voir ça.”

Vingt minutes plus tard en tout cas, à peu près raccommodé et rhabillé comme à son arrivée, Austen pénétra dans le bureau de Dean, escorté par son gardien. Le propriétaire du night-club ne s’embarrassa pas de détour. Il vociféra :

“Tu me coûtes une belle fortune, sale petit enfoiré !”

“Et toi, tu me dois 7500 livres.” répondit le visiteur avec un culot narquois suicidaire, en s’asseyant sans y être invité.

“Tu te crois malin ?” explosa Dean. “Tout ce que tu vas gagner, c’est de finir dans la Tamise ! J’ai horreur de me faire doubler !”

“Tout est relatif. De mon point de vue, tu m’as simplement sous-estimé.” répondit l’autre, très calme, sans se départir de son attitude à la limite de l’arrogance.

“Ne me prends pas pour un con ! Quand je dois des paris gagnants pour un total de 20.000 livres dans ces conditions, je sais qu’on a essayé de m’entuber !”

“J’aurai donc parié sur moi... Tu as des preuves ? Vidéos ? Ecritures ?” répliqua Seth, très sûr de lui et même avec moquerie. Dean dut bien admettre que non. Mais il n’abandonna pas la partie.

“Tu as agi en bande…”

Austen s’agaça.

“Ou je n’ai pas agi du tout. T’es parano, connard ! J’avais besoin de me défouler, je me suis bien marré, point barre. Ton homme était bourré, son haleine puait le whisky, il était déjà torché au bar quand je suis arrivé. Je l’ai reconnu, j’ai assisté au combat la semaine dernière. Et je me démerdais déjà à NY, tu m’as vu à l’oeuvre. C’est pour ça que j’ai eu le dessus. Alors me fais pas chier et paie-moi !”

“Compte là-dessus…” cracha Dean en faisant un signe évident à ses hommes. Le garde du corps qui s’était fichu de Seth un peu plus tôt s’approcha alors dangereusement, celui qui l’avait amené bloquait la porte du bureau.  

“Comme tu le dis je t’ai vu à l’oeuvre et je sais que t’es un foutu escroc. J’en ai rien à foutre des preuves ! Et puisque tu veux à tout prix une raclée…”

Le garde se saisit alors de Seth au collet qui prononça un simple “Bon…” très calme. Puisqu’ils voulaient jouer à cela… Pas comme s’il n’avait pas prévu une telle possibilité. Son agresseur s’écroula soudain, endormi. Les deux autres furent stupéfaits. Comment pouvaient-ils comprendre ce qui venait de se passer ? Seth tenait dans sa main un long bâton de bois sorti de l'intérieur de sa veste. Ils ne purent se poser d'autres questions. Le gardien de la porte tenta bien de sortir son arme de son étui mais il subit le même sort que son camarade. Dean avait la main sur un revolver dans un tiroir mais trop tard. Morphée l'accueillit en dernier. Le tout n'avait duré que quelques secondes.

“Ah, Gavin… Tu ne réfléchis jamais assez…. Abruti. Tu m'aurais donné ma part et c'était fini. Mais puisque tu veux la jouer hard…”

D'un coup de baguette, Austen révéla le coffre-fort de sa victime et le crocheta sans effort. L'intérieur révéla beaucoup de liasses de billets, pas mal de drogue et quelques papiers qui auraient fort intéressé les stups. La présence d’une collection d’une cinquantaine de diamants de la plus pure qualité surprit un peu plus Austen. Mais après tout, c’était un investissement comme un autre… Enfin, Seth n’était pas gourmand. Il continua à parler tout seul comme si le mafieu était encore capable d’entendre.  

“Je vais être sympa, je suis pas flic et les pierres demandent trop de travail à refourguer, je suis pas intéressé. La drogue, je voudrais pas signer ton arrêt de mort, en souvenir du bon vieux temps. Et puis, j’ai assez de morts sur la conscience comme ça. Je vais donc me contenter du fric. Je n’étais pas venu pour ça à la base mais tu l’as cherché.”

L’homme compta les liasses rapidement.

“125.000 livres ! Ben mon cochon ! Et tu te plaignais pour 27 500 ! Là, tu vas chialer !”

Mais alors qu’il prenait les petits tas de billets et les rangeait dans la poche intérieure de sa veste comme si elle était sans fond (ce qui était étrangement le cas…), une autre personne entra dans le bureau. Seth se retourna vivement et rebalança un sort sans même chercher à voir qui était en face de lui. Il ne s’attendit pas à ce qu’il fut paré...

Le cri de surprise de la personne, elle-même armée d’un instrument magique et qui venait d’entrer, le fit tiquer. Baguette braquée sur elle, Austen prit cette fois le temps de l’observer un instant. Mais… ! Cette chevelure blonde, ces traits russes, ces lèvres, ces yeux bleu… Pas de doute !

“Djen ! Enfin… Natalia, devrais-je dire ! Pardon !”

Il adressa à la nouvelle venue un sourire narquois sur cette correction réclamée par la visiteuse d’un regard sévère, main levée, beau joueur.

“Il est juste que je te rende la politesse, après tout. Je suppose que tu es là pour ça.” finit-il par dire en désignant du pouce le coffre grand ouvert derrière lui.

“Prem’s ! Alors va falloir négocier, ma belle. Je te laisse les diamants, tu me laisses le fric et on laisse à Dean la drogue et les papiers. Pas la peine de se mettre un quartel à dos, tu seras d’accord avec moi. Si tu es là, je suppose que le problème de la vidéosurveillance est réglé...”

Le partage du coffre se fit sans plus de vague. Et puis l’homme conclut avec une espèce d’amertume, teintée d’une agressivité sourde qui tranchait avec la hâblerie ou le sarcasme qu’il affichait jusque là, depuis son entrée dans le bureau.

“Il me reste une chose à faire. Tu veux bien m’aider ? Je dois effacer la mémoire de ces trois-là. Je n’ai pas envie de devoir dire adieu à Seth Austen.”

Dehors, à quelques mètres de l’entrée du night-club, les deux voleurs, décidés à faire un bout de chemin ensemble, furent interrompus par un jeune homme d’une vingtaine d’années, un châtain au profil anglais indéniable. Grand, maigrelet, il semblait être un jeune chien fou. Il portait une tenue qui se voulait à la dernière mode mais qui ne valait pas grand chose. Il semblait être impressionné par Seth, cela se ressentait à sa manière de s’adresser à lui.

“C’est fait, M’sieur ! Moi et mes potes, on a parié et retiré l’argent dès que la cloche a sonné, comme vous l’avez ordonné.” dit-il en lui tendant une grosse liasse de billets, qu’une jeune femme, petite blonde aux cheveux lissés, pas plus âgée et vêtue elle aussi de manière recherchée mais peu riche, sans doute sa petite amie, avait sorti de son sac à main. Seth sourit en maître.

“Très bien, merci. Tenez.” dit-il en la leur rendant, récupérant simplement sa mise de départ. Les gamins le regardèrent alors comme s’il lui poussait une corne…

“Oh ! Mer...merci, monsieur !”

En voilà qui avaient gagné leur soirée, visiblement… Les gosses saluèrent l’homme comme s’ils avaient affaire à un prince et décampèrent sans plus chercher à comprendre ce qui lui passait par la tête, pour rejoindre deux autres garçons et leurs copines, un gosse de taille moyenne, de type arabe, un rouquin, une gamine indienne, et une autre aux cheveux bouclés auburn, bien contents de leur bonne fortune.

Et chose encore plus surprenante, quelques dizaines de mètres plus loin, les deux voleurs tombèrent sur deux sans abris, un couple ou en tout cas deux âmes perdues ensemble parce que c’était plus simple pour survivre. L’homme devait avoir peut-être une petite quarantaine, la femme, la trentaine. Ils poussaient un chariot qui contenait leurs maigres biens. Austen les arrêta gentiment et leur donna l’intégralité de l’argent qu’il avait “gagné” durant sa soirée. Les deux sdf semblèrent recevoir le ciel sur la tête.

“Faites-en bon usage…” dit simplement l’ange étrange que faisait Seth, sentencieusement, avant de s’éloigner sans plus un regard en arrière.

Ce ne fut que quelques rues plus loin que les deux voleurs reprirent la parole. Ce fut Seth qui commença, d’ailleurs, prenant sa camarade par surprise :

“Alors quoi de neuf ?” entama l’air de rien mais un peu froidement l’homme en s’allumant une cigarette, le filtre coincé entre les dents, comme s’il ne s’était absolument rien passé depuis son entrée dans le night-club.
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Djenesa Parker
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MessageSujet: Re: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeJeu 27 Déc 2018 - 23:46

(Tssss, 7 pages et demi, t’es un fou, mon chou ! XD Merci pour l’invit’ ! ^.~ )

Le coup devait être d’une simplicité enfantine. Faire annuler le combat au dernier moment et rafler l’argent nécessaire à son organisation précieusement confié au coffre en attendant le prochain et au passage les quelques autres liquidités et surtout la très estimable collection de diamants qui s’y trouvaient déjà. Alors une dénonciation anonyme avait fait arrêter l’escroc à la petite semaine qui devait être le challenger et Natalia Droski se présenta aux alentours de neuf heures et demi, montrant elle-même une carte VIP au videur, ou tout du moins, une parfaite imitation.

Elle avait eu le temps de faire un repérage complet les quelques semaines qui avaient précédé. Elle savait donc par exemple que selon ses habitudes, Gavin Dean faisait le tour de son club et de ses clients pour prendre la température aux alentours de dix heures, durant une heure. Le moment parfait et largement le temps pour contourner le système vidéo des lieux pour le faire tourner en boucle et laisser l’apparence d’un bureau vide, lancer quelques imperio à la sécurité, pénétrer dans son bureau, s’emparer du butin et ressortir.

Oui mais. Ce qui devait être simple ne l’était finalement jamais. Gavin Dean avait, ce soir-là du retard, par le simple fait qu’il reçut un appel imprévu de son patron et il ne descendit en salle qu’à 10h15 passé. Natalia grimaça intérieurement. Cela risquait bien de faire foirer le timing. Elle qui avait besoin du badge de sa victime pour pénétrer le système informatique pour déjouer la surveillance, cela rétrécissait sa fenêtre d’action. Fatalement, Dean devait se présenter au bar, c’était un point clé de son parcours. Alors la belle blonde de Russie attendait patiemment là, devant un soda, pas très loin des caisses. Mais d’abord, ce ne fut pas le patron qui se présenta. Un homme grand et brun passa commande non loin d’elle. Qu’est-ce qui attira l’attention de la jeune femme ? Sa voix, son style… En tout cas, ce fut un choc ! Cet homme, elle le connaissait et même très bien ! Mais elle n’avait pas vu son visage depuis une éternité et elle ne s’attendait sûrement pas à le trouver là ! C’était comme retrouver dans son sac une vieille facture qu’on était persuadé à tort d’avoir réglé, une anomalie ! Et surtout, sa commande la glaça… Durant ses repérages, elle avait vite compris le petit manège des cocktails. L’Eden pour la coc, la Succube pour le GHB, le Styx pour la mét’, ect… Chaque drogue avait le sien. Et la Furie, c’était l’héroïne… Natalia ne fut pas étonnée de son choix mais bien de l’existence même de cette demande particulière. Et elle en était profondément inquiète. Ce n’était absolument pas normal ! Il y avait un gros problème ! Voilà ce que lui criait son instinct alors qu’elle voyait Austen ranger discrètement la serviette qui dissimulait la dose achetée dans sa poche intérieure.

Et elle ne fut pas au bout de ses surprises, la séduisante Ruskov. Elle n’avait pas non plus imaginé retrouver le brun face à Gavin Dean, un jour. Et voilà que le ténébreux et arrogant Seth Austen se tenait devant lui, provoquant et plus tête brûlée que jamais. Sans perdre de vue qu’elle devait récupérer le pass magnétique du propriétaire des lieux, ce qui fut fait en un sort très discret, elle écouta la conversation, curieuse et désireuse d’éclairer un peu les ténèbres qui entouraient son camarade. Et son malaise s’accrut… Qu’est-ce qu’Austen avait donc en tête ? Et puis, diantre ! Il n’était pas question d’un nouveau match ! Il faisait tout foirer, l’idiot ! Mais il fallait croire que le dieu des voleurs n’était pas avec la jeune femme ce soir-là. Match, il y eut et elle ragea de voir Dean retourner à son bureau. Bon ben… Règle numéro 3 : sais improviser. Et en attendant qu’une ouverture se présente, elle décida de suivre Seth pour essayer de comprendre ce qu’il avait dans la tête. Son petit manège avec un groupe de jeunes à qui il avait donné de l’argent lui mit une vilaine puce à l’oreille. Elle ne fut pas surprise outre mesure en suivant les gamins de les voir se diriger vers les bookmakers de Dean… Seth… La blonde maugréa. Il n’allait pas lui dire qu’il avait besoin de thunes ou que c’était pour le plaisir du jeu !  

Le circuit vidéo fut neutralisé au début du match. Et comme sa règle numéro 2 était d’avoir au moins deux coups d’avance, la jeune femme effaça carrément toutes les images de la soirée et grilla l’installation d’un sort bien placé. C’était moins élégant mais elle ne pouvait plus se permettre de faire dans la dentelle. Il lui semblait que c’était plus prudent, vu la motivation de son camarade à chercher la merde… Natalia se dirigea ensuite vers les sous-sols du night-club et leur salle de combat. Elle aurait pu très bien profiter que Dean assiste au match pour perpétrer son forfait. Elle aurait dû, même, c’était une certitude. Mais une angoisse sourde lui retournait le ventre… Elle aussi voulait voir le combat…

Et les spectateurs en eurent pour leur argent. Les parieurs, beaucoup moins… Mais la blonde ne fut pas heureuse de ce à quoi elle avait assisté. Elle avait rongé son frein pour ne pas utiliser sa baguette et mettre fin elle-même au combat, une minute parce qu’elle s’inquiétait pour Austen, l’autre minute parce qu’elle s’inquiétait pour son adversaire… Parce que ça allait forcément mal finir ! On voyait sans mal la rage, le mot n’était pas trop fort, que les deux combattants mettaient dans leurs coups. Et  d’où elle était placée et aidée d’un peu de magie, elle entendait très bien les invectives d’Austen. On aurait dit quelqu’un qui piquait et provoquait un chien d’attaque pour l’exciter. Qu’est-ce qui se passait, bon sang ?

Enfin, la voleuse était tout de même là pour affaires. Alors à la fin du match, elle voulut se diriger vers le bureau de sa victime, mais elle dut se faire une raison, la voie était encombrée… Alors qu’elle s’approchait de la porte elle entendit Dean vociférer dans son portable. Elle eut tout juste le temps de passer au détour du couloir voisin. Le blond entra dans la pièce et claqua la porte, visiblement ulcéré. La victoire d’Austen faisait visiblement des remous. Ça n’arrangeait pas ses affaires…

Et alors qu’elle attendait qu’une fenêtre s’ouvre enfin dans la salle principale, elle vit Seth passer escorté par l’un des gorilles du patron du night club vers le bureau de Dean. Ça sentait vraiment mauvais… Au bout de quelques minutes, elle se décida à intervenir. S’il arrivait quelque chose au brun, elle s’en voudrait beaucoup trop. Mais quelle ne fut pas sa surprise d’entendre seulement la voix d’Austen dans la place quand elle utilisa une nouvelle fois la magie pour savoir ce qui se passait. Elle fractura la porte et ne put que s’étonner de voir son camarade piller le coffre de Dean, les trois hommes bêtement endormis. La jeune femme ne put retenir sa surprise.

“Seth !”

Immédiatement, le brun se retourna et lui décocha un sort silencieux sans sommation. La jeune femme eut juste le temps de parer. Heureusement qu’elle avait sa baguette encore dressée. Et puis Austen la reconnut. Mais le nom utilisé ne plut pas du tout à Natalia et elle lui fit bien comprendre d’un regard son mécontentement. Un plissement de yeux particulièrement mauvais qui ne s’arrangea pas quand le brun fit preuve de sarcasme.

“Je t’en serai gré !” maugréa-t-elle.  

“T’as deviné ça tout seul ? Tes conneries m’ont empêché de bosser et en plus tu me doubles ! Et bien sûr qu'ils sont aveugles, je connais mon boulot, figure-toi !” s’exclama-t-elle, faussement de mauvaise humeur et en désignant au mot conneries les trois belles au bois dormant, mais secrètement soulagée qu’il ait réussi à se tirer d’affaire. Elle écouta sa proposition, faisant fi de son attitude de tête à claques, d'accord avec la moitié de ce qu'il raconta. La drogue, ce n'était pas sa marchandise, beaucoup trop d'emmerdes... Mais quand même, elle éclata de rire au final.

“Parce que tu vas me dire que t’as besoin de fric, peut-être ?”  

Mais devant le sourire en coin de Seth et son haussement de sourcils provocateur et son silence pour seule réponse, son hilarité se tut soudain et Natalia se rebella finalement. C’était qu’il était sérieux, ce con !

“Non mais, tu déconnes ? Je vais pas lâcher la moitié du butin parce que t’es pris d’une lubie !”

Mais quand Seth voulait quelque chose, elle savait bien qu’elle ne gagnerait pas la manche. Et ils ne pouvaient pas rester là eternam à se disputer le bout de gras. Les diamants, ce n’était déjà pas mal…

“Ca ne te rappelle pas notre première rencontre ?” dit-elle avec un sourire malicieux alors qu’elle prenait l’une des boîtes contenant son dû que lui tendait son petit camarade.  

Mais voilà que Seth lui demanda un coup de main !

"Non mais en plus de me dépouiller faudrait que je t'aide ? T'as pas l'impression de charrier là ?"

Mais elle s'exécuta même si c'était en râlant. Austen lui demander de l'aide, c'était reconnaître ouvertement qu'elle était meilleure que lui dans certains domaines de magie. Et ça, ça n'avait pas de prix. Dean et ses sbires allaient se réveiller avec la gueule de bois et plus aucun souvenir des quatre dernières heures.

"Bien parce que t'es beau gosse..."

A l’extérieur du club, Natalia retrouva les gamins qu’elle avait suivi un peu plus tôt. Tu m’étonnes qu’ils prenaient Seth pour un prince, il en avait largement le niveau à son sens. D’ailleurs elle ne fut pas surprise de le voir donner ses gains à la petite troupe. Pour eux, c’était Noël en automne ! Et elle eut le sentiment que le contenu du coffre qu’il avait raflé allait suivre le même chemin… Et en effet, les deux premiers malheureux qu’ils rencontrèrent reçurent une vraie manne. Elle aurait dû se sentir au moins frustrée de voir cet argent pour lequel elle avait bossé lui échapper. En réalité, elle souriait intérieurement. Finalement, elle appréciait cette fin de l’histoire…

Mais quelques rues plus loin, après un long silence, Austen se décida à le rompre. Oh, Natalia aurait pu continuer à se taire pendant longtemps. Ils étaient dans le passé rester des jours ensemble sans se parler. Mais visiblement, ce n’était pas à l’ordre du jour, cette fois. D’autant que le choix de mots du brun ne laissait pas de place au silence… Elle s’arrêta net de marcher. Non mais, il se fichait d’elle, là, non ?

“Quoi de neuf ? C'est tout ? Non mais ça fait des mois qu’on ne s’est pas vu et t’as vu ta tronche ?” s’exclama-t-elle, en désignant les plaies et les hématomes qui parsemaient le visage de son camarade, vexée que les premiers mots de leurs retrouvailles soient un simple et bête quoi de neuf. Elle s’agaça :

“Tu peux m’expliquer ce qui t’as pris à ce propos ? Et ne me dis pas qu’il n’y a rien ! Pour que Seth Austen débarque dans le coin, achète de l’héro et cherche volontairement à se faire taper dessus et réciproquement, il y a forcément quelque chose !”

La jeune femme soupira finalement, pour ravaler sa mauvaise humeur. Bon, pour la diplomatie, on repasserait. Mais à sa décharge, elle connaissait très bien Austen. Sa venue n’était jamais positive.

“Excuse-moi. Mais tu m’as inquiété. La dernière fois que Seth était dans mon secteur, ça ne s’est pas très bien passé.”

C’était peu de le dire... Natalia avait récupéré Seth sur le trottoir au sens propre, complètement camé, le visage en sang, deux côtes pétées et plus un dollar en poche, son portefeuille et sa montre envolées. Une sérieuse rechute pendant qu’il essayait de se désintoxiquer au début de sa fuite…

Mais la jeune femme se dit que connaissant l’animal, il valait mieux changer de sujet.

“J’ai les crocs. Ça te dit un triple cheeseburger bacon et un whisky ? C’est toi qui invites !”

Sur le chemin du fast-food, dans une rue complètement déserte, Natalia demanda finalement l’air de rien.

“C’est moi ou t’es sorti en solo ? Ils sont où, tes toutous ? Je croyais que tu les payais pour te suivre à la trace.”

L’air de rien mais dans le fond vraiment surprise d’avoir vu Seth dans un tel scénario de soirée, à se battre bien comme il faut avec un type qui lui avait rendu coup pour coup et à prendre tous les risques face à un mafieu chatouilleux sans que personne ne vienne lui sauver les miches et à présent, de ne pas détecter ceux qui les avaient accompagnés et même aidés à récupérer toutes les oeuvres que la belle avait volé quelques années auparavant. Normalement, ils pouvaient dire à cinq mètres près où il se trouvait dans le pays avec leurs moyens et c'était limite si Austen ne pouvait pas traverser hors des clous sans que leurs alarmes sonnent le danger à tout rompre ! Ce qui faisait penser à l'escroc...

"Et tu vas te faire appeler Jules en rentrant ! Parce que je suis pas sure que tes potes apprécient le concert des montres tintinnabulant DANGER, pendant une demi-heure facile..." ironisa la belle, avec un petit sourire perfide qu'ont ceux bien contents que leurs petits camarades aient des emmerdes.

A la sortie du fast food, chargés de leurs commandes, ils furent malheureusement pris à parti par un duo de gros cons, on pouvait le dire. Natalia se fit siffler.

“Hé, mademoiselle ! Tu donnes envie ! C’est ton mec, ce guignol ? File-moi ton num, tu vas voir, ce sera meilleur !”

Le gros lourd était tout fier de lui, l’autre ricana. Natalia leva les yeux au ciel. Les abrutis… Seule, elle leur aurait simplement lancé un bon petit maléfice et les aurait dépouillés. Mais Austen fut plus rapide… L’ampleur de sa réaction ne surprit pas franchement la russe. Vu son état de nerfs… Mais il l’obligea à intervenir tout de même. Autant éviter que ça finisse au poste même si ces deux connards méritaient bien ce qui leur était tombé dessus… Au bout d’un moment, elle lui posa une main apaisante sur l’épaule.

“C’est bon Seth, lâche l’affaire. Allons manger !”

Mais une fois que le brun était parti et cherchait la baston…

“Non, mais arrête, t’es enragé, ma parole !” finit-elle par dire en sortant sa baguette pour figer les trois hommes.

“Ils n’en valent pas la peine, j’te dis ! Tiens moi ça plutôt.”  

Pas la peine, enfin presque… Elle avait désensorcelé Seth et lui plaqua son repas dans les mains. Et sans-gêne, elle empocha le portefeuille des deux moldus qui auraient mieux fait de fermer leur grande gueule et de deux impériums, elle les fit se rouler une pelle, juste pour la beauté du geste. Puisqu’ils avaient quelques ardeurs, autant leur donner un coup de main… Finalement, on en revenait au plan de départ en solo…

“Bon, faut qu’on parle !”  dit-elle finalement avec autorité en fourrant son butin dans son sac et en récupérant sa commande. Non parce que décidément, elle n’aimait pas ce qui se passait ce soir...

“Tu dors chez moi, et je veux rien savoir !”

Elle brûlait aussi d’envie de lui dire de jeter la saloperie qu’il avait dans la poche intérieure de sa veste, mais une chose à la fois. Il fallait déjà le convaincre de rester avec elle au moins pour la nuit…

“Et faut que tu vois un de nos toubibs ! Et si tu n’es pas d’accord, explique-moi comment tu vas expliquer à tes potes et ton peintre pourquoi t’es couvert de bleus et de plaies, sans te faire engueuler !”  

Et tout en argumentant avec habilité selon elle, la jeune femme sortit du sac en papier des serviettes qu’elle tendit à son ami en lui désignant l’arcade et la lèvre qui repissaient le sang et sa main gauche aux phalanges esquintées.

Dans son appart, après avoir refermé la porte sur le médicomage qu’elle avait appelé, un gars sûr qui bossait depuis des années dans le milieu des bas-fonds, Natalia réchauffa les hamburgers et les frites d’un coup de baguette alors que Seth buvait sombrement le whisky promis (c’était même déjà le deuxième, le premier ayant été bu comme ses vodkas au grand étonnement de la voleuse...), affalé dans son canapé.

Enfin, Djenesa Parker réchauffa et Dray Fox buvait, car ils avaient levé les sortilèges, retiré les accessoires enchantés et effacé le maquillage qui faisaient leurs déguisements respectifs.

“J’aime bien Seth, mais je te préfère quand même avec cette tête-là.” dit la jeune femme avec malice en posant les assiettes sur la table basse avant de s’asseoir à ses côtés.

“T’as quand même une drôle de façon de fêter ton anniversaire, mon chou. Pourquoi tu as cherché des emmerdes à Dean? Il te manquait ?” ironisa la jeune femme en chipant une frite dans le plat de son camarade. C’était un drôle de retour dans le passé, cette soirée et si Djen charriait un peu Dray, elle n’aimait pas ce constat. Certes, à cette époque, Fox et elle se fréquentaient énormément et même intimement certaines nuits de déprime. Mais si ces années n’avaient pas été malheureuses pour la jeune femme, elle savait bien qu’elles avaient été tragiques pour son invité. Alors le voir retomber là-dedans, ça la glaçait...

“T’as vraiment une sale tête…” remarqua finalement la belle avec considération. Les cernes de Seth n’avaient même pas été accentués par le maquillage, en fait.

“T’as pas dormi une nuit complète depuis quand ?” demanda-t-elle avant d’affirmer avec une certitude inquiète.

“T’as des emmerdes. Et des belles.”

Sincèrement, il y avait de quoi se poser des questions… Et ce qui inquiétait la jeune femme encore plus que le reste, c’était la dope encore dans la poche de sa veste. C’était délicat. Elle pourrait la récupérer en douce, soit, rien de plus facile. Mais en faisant ça, elle n’arrangerait rien. Elle ne retarderait que l’échéance. Mais elle ne savait pas comment faire. Elle n’avait déjà pas su à l’époque… Heureusement, Dray avait rencontré la bonne personne, Alec Coal. Il l’avait sauvé... Peut-être que la solution était là, si elle ne trouvait pas les clefs. Fox devait avoir son portable…

“Mais je suppose aussi que tu ne veux rien me dire.” dit avec une fausse malice la jeune femme en reprenant une frite dans son propre plat cette fois. Pas grave, ils y reviendraient...

“Alors je vais répondre à ta question ! Moi, tout va bien ! Ca tombe bien que je tombe sur toi. J’ai chopé un Vermeer, il n’y a pas longtemps, chez un collectionneur privé. Mais j’aurai besoin de ton réseau.”

Voyant que Fox allait réagir, elle embraya de suite.

“Attends avant de râler ! Je ne cherche pas à le refourguer. Je cherche à le rendre.” expliqua la jeune femme en se saisissant d’un dossier sur la table pour sortir une photo de l’arrière du tableau. Le cadre était estampillé d’une croix gammée rouge.

“Il a été volé par les nazis pendant la 2nde Guerre Mondiale. Et je suis en manque de bonnes actions. Mais je manque aussi d’informations. Les papiers de son ancien propriétaire sont faux. Je voudrais retrouver leurs légitimes propriétaires. Tu veux bien m’aider ?”

Et si les yeux de chien qui a perdu ses croquettes ne fonctionnaient pas, la jeune femme avait  encore un ou deux arguments pour convaincre son camarade.

“T’as besoin de te changer les idées en plus, non ? Et je sais que tu as toi-même rendu certaines possessions de la Fox.”

Fallait pas croire ! Parker avait ses sources pour pas mal de trucs, surtout quand il s’agissait de son ami…

[Bon, j'espère que cela te va, mon chou, j'ai un peu galéré ! ^^'''']
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Dray Fox
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Quand le passé vous rattrape...  TrophyBar

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MessageSujet: Re: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeVen 4 Jan 2019 - 21:59

[C’est maintenant que tu t’en rends compte ? XD Mais oui, il me va très bien, t’inquiètes, ma belle ! ^^]

Djenesa, ...enfin Natalia,... n’était pas la seule surprise. Seth non plus ne s’était pas attendu à trouver son amie dans la place. Voler Dean était quand même un coup plutôt minable, loin de l’envergure de la voleuse. La preuve, il y parvenait bien sans l’avoir calculé. Enfin, quand on était de cette profession, on ne disait certainement pas non aux butins faciles. Il n’y avait pas de petits profits. Ce dont le brun ne se doutait pas, c’était que le coffre aurait contenu un peu plus que 125000 malheureuses livres, s’il n’avait pas provoqué ce match. Mais quelle importance dans le fond, on s’était bien marrés !

Enfin bref, donc, les deux amis se retrouvaient sans se concerter et se saluaient à coups de sortilèges. C’était touchant que l’escroc soit venue l’aider. Mais Seth pouvait se débrouiller tout seul merci. Quand il se mettait dans la merde tout seul volontairement, il se démerdait pour en sortir de la même façon. En attendant, il lui fallut reprendre ses bonnes habitudes. Il n’avait plus l’habitude de donner la priorité aux alias, même s’il en utilisait régulièrement et en incarnait un, ce soir. Ça faisait des années qu’il n’avait pas joué à ce petit jeu. Mais Dj…. Natalia le rappela à l’ordre d’un regard. Mais c’était qu’elle mordrait ! Puisqu’elle le prenait comme ça, il ne voyait pas l’intérêt de se montrer sympa alors il ironisa. Il fut proprement ravi de la voir partir au quart de tour et lui démontrer qu’il l’avait bien emmerdé.

“Je te double ? Comme tu y vas ! C’est toi qui m’as appris à saisir chaque occasion qui se présentait.” sourit donc outrageusement le brun avant de ricaner.

“Par contre, pour les conneries, je te l’accorde. Mais c’était fandart.”

Finalement, Seth proposa ce qu’il pensait être un partage équitable. Son sourire narquois ne disparut pas avec l’éclat de rire de la jeune femme. Au contraire, cela l’amusa grandement. Evidemment, elle le prenait comme une plaisanterie de sa part. Après tout, comme l’avait souligné Dean, il n’était pas creux… Elle allait vite déchanter et c’était cela qui l’amusait en fait : faire tourner en bourrique sa camarade était un jeu comme un autre qui concluait plutôt bien tous ceux qui avaient émaillé sa soirée.

“Peut-être bien. Les temps sont durs après tout. C’est la crise.” ajouta-t-il avec son haussement de sourcils et son sourire en coin. Quel délice d’entendre son rire s’éteindre soudain… L’information était montée au cerveau, ça y était !

“Je suis toujours sérieux quand il s’agit d’argent, tu le sais.” répondit-il sur le même ton narquois quand Natalia lui demanda finalement s’il déconnait. Il finit par pointer un agenda ouvert sur le bureau du doigt avec un sourire à la con encore plus grand que le précédent.

“Fais un effort ! Après tout, je suis pas obligé de te les laisser, les cailloux. Et tu devrais te décider assez vite parce qu’on va pas rester seuls longtemps. Gavin a un emploi du temps plus chargé que le mien…”

Et en effet, sur le carnet, une dizaine de minutes plus tard, un rendez-vous était inscrit.

La décision fut alors vite prise et la discussion écourtée. Natalia n’était pas obligée de savoir qu’Austen ne voulait de toute façon pas des diamants. Mais alors qu’ils se partageaient le trésor, Natalia se permit une remarque qui, si elle sembla l’amuser beaucoup, elle, ne parut pas faire beaucoup d’effet à celui à qui elle était adressée.

“Aucun rapport, le coffre était beaucoup plus grand. On n’était pas devant, on était dedans. Et c’est moi qui étais tombé sur toi.” répondit-il, grand seigneur, comme si cela n’avait pas d’importance.

La première rencontre des deux camarades, c’était dans le coffre de la multinationale Fox. Seth, sans plus une noise, à cause de son père, et en pleine crise de manque cherchait de quoi payer sa drogue. Il s’était donc servi dans cette manne, si facile d’accès pour lui. Son premier coup. A même pas dix-sept ans. Mais quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que quelqu’un, peut-être pas plus âgé que lui, Natalia en l’occurrence, était déjà en train de joyeusement se servir. Ils n’avaient malheureusement pas pu profiter de l’occaz et piller le coffre. Débutant et surtout pas forcément en état d’avoir les idées claires, Seth avait commis pas mal de bourdes et avait fait foiré le coup de Natalia. Les agents de sécurité avaient failli leur mettre la main au collet et ce fut la blonde qui heureusement les tira d’affaire et les fit sortir de la tour de New-York. Bon, le butin avait quand même été acceptable puisqu’ils avaient eu le temps de chourer, comme à l’instant, du liquide et des pierres… Sans doute ça qui faisait penser à la Russe cette anecdote. Mais cela laissait clairement Austen de glace. On ne mélangeait pas le passé et le présent...

Enfin, une fois leur forfait effectué, il fallait pour Seth couvrir ses traces. Lancer des sorts à un mafieu et deux gardes, ça la foutait mal pour sa prochaine sortie quand même. Et le brun le reconnaissait bien volontiers, la précision des sortilèges d’oubli de la voleuse était meilleure que la sienne.

“Non.” se contenta-t-il pourtant de répondre avant de ricaner quand la jeune femme lui signifia qu’il était à son goût. Ça faisait toujours plaisir à entendre mais il préférait faussement s’en vanter par ce rire railleur.

“Tu me flattes !”

Une fois les formalités réglées à l’extérieur et l’argent redistribué (même si Seth faisait, selon lui, un étrange Père Noël…), le silence s’installa un moment entre les deux escrocs, jusqu’à que le brun ne décide de le briser. Pourquoi ? Pourquoi pas.  Il ne voyait pas ce qui posait tant de problème à son amie. Elle s’attendait à quoi, après tout ? Il s’arrêta de marcher à son tour quand Natalia se figea, en lui lançant un regard sombre, un peu agacé et se tourna vers elle.

“Ben quoi ?”

La réponse de la jeune femme n’arrangea pas l’humeur d’Austen. Si elle commençait à lui prendre la tête à peine retrouvés, ça n’allait pas le faire…

“T’aurais voulu que je t’envoie un bristrol peut-être ? Et encore t’as pas vu l’autre ! Mais si ma tête te revient pas, tu peux te barrer, je te retiens pas !” répliqua-t-il, hautain au possible.

“Commence pas déjà à me saouler.” finit-il par cracher en reprenant sa marche sans plus se retourner.

Mais la blonde avait de quoi poser des questions, Austen devait bien le reconnaître. Il ignorait ce qu’elle avait vu dans le night-club mais rien que ses traces de coups et sa présence dans le bureau de Dean étaient suffisantes pour que celle qui était une vieille amie s’interroge de son comportement. Alors forcément cette curieuse invétérée l’attaqua en rafales aussi agacée que lui par ses faux-fuyants. Ce fut au tour du brun de s’arrêter de marcher pour le coup, à la mention de la cam. Elle en avait vu beaucoup apparemment... Il ne put résister à se passer la main dans les cheveux. Il n’était pas très fier de ce qu’il avait fait sur ce point.

“Ça ne te regarde pas, que je sache.” marmonna-t-il avant d’ajouter avec une méchanceté sardonique toute calculée. Il n’était pas très juste mais quand on avait des trucs à se reprocher, tout était bon pour se tirer d’affaires, non ?

“Et je peux savoir en plus ce que ça peut te foutre ? Tu faisais pas autant de simagrées, il y a quinze ans.”

Visiblement, sa répartie suffit à faire reculer la Ruskov puisqu’elle s’excusa. Malheureusement, son choix de mots ne fut pas plus heureux. Austen détestait les allusions au passé, on ne reviendrait pas dessus.

“Ouais ben faut pas.” maugréa-t-il donc, avec amertume, contrarié d’être forcé de se souvenir de cette histoire. Il commençait à regretter d’avoir rencontré la voleuse, en fait… Il avait occulté le passé, nécessaire pour se procurer l’héro. Mais la blondinette l’obligeait à s’y confronter et quand elle l’avait ramassé, il se souvenait de peu de choses pour être honnête. La bagarre vaguement, sa montre cédée au dealer pour se payer sa dose, un peu aussi. Le reste, c’était un brouillard plus ou moins épais… Par contre, il se rappelait parfaitement de la descente et de la période de sevrage qui avaient suivi. Les douleurs musculaires, les crampes abdominales, les vomissements, les diarrhés, les tremblements, les suées, la sensation de froid. La dépression aussi… Les idées noires, les larmes et les suppliques… Une semaine d’enfer… D’un coup, ça lui paraissait pas une aussi bonne idée qu’en venant au club…

Seth haussa les épaules quand Natalia lui proposa de dîner, maussade, encore dans sa réflexion. Mais la blonde le prit au dépourvu et le remit sur terre. Il se permit de pouffer même. Elle avait réussi à l’amuser avec son histoire d’invitation. Après tout, pourquoi pas ? Il n’avait pas mangé depuis la veille en plus, il fallait être raisonnable, surtout quand on avait l’intention de s’injecter une dose d’héro dans les veines. Et s’il n’avait pas faim, il pouvait bien lui accorder cette demande et puis, le menu de sa camarade était tentant. Elle connaissait ses goûts, pas à dire.

“Okay, je peux bien te faire ce plaisir.”

Ils se mirent donc en route pour le fast-food préféré de la jeune femme, ce qui laissa tout le temps aux deux amis de discuter. Et forcément, la blondinette remarqua un “menu détail”. Le sourire narquois et désinvolte du brun revint et il fut de toute beauté. Apparemment, la question avait fait naître dans l’esprit de Seth une idée qui l’amusait beaucoup.

“Je les ai laissé attachés à leur niche. J’ai fait en sorte qu’ils perdent ma trace.” répondit-il en ricanant, un peu mystérieux. Mais la voleuse insista sur la réaction de l’entourage du brun. Il ne perdit pas son envie de sourire.

“Tout le monde est persuadé que je suis au Refuge depuis hier soir.”

Mais une pensée fugace traversa l’esprit de Seth et là, il redevint sérieux.

“Enfin, non, j’ai juste dit à Vaughn que j’avais besoin de rester seul quelques jours.”

Le trentenaire n’aurait pas menti au sus-nommé… Et la suite montra qu’il avait une entière confiance en cet homme et beaucoup de tendresse, au moins.

“Sa montre indique le Refuge comme les autres. Mais il respectera mon souhait, il n’ira donc pas à la maison... Et comme il est le seul à pouvoir entrer dans la place sans moi...”

Austen n’aurait donc pas d’emmerdes. En tout cas, il avait calculé son coup et était sûr de lui. Bon après, il n’était pas à l’abri d’un grain de sable dans l’engrenage. Mais ce ne serait pas la première fois qu’il se prendrait un savon. Alors la voleuse pouvait bien se réjouir, Austen s’en foutait quelque peu.

Ce dont Seth ne se foutait pas, c’était qu’on manque de respect à ses potes. En tout cas, pas quand il était d’une humeur de dogue. Il se campa devant l’autre abruti et répliqua du tac au tac.

“Non, je suis pas son mec, je suis trop occupé à baiser ta mère même si c’est trop cher pour ce que c’est.”

Le temps que l’information monte au cerveau et que le sous-entendu “spirituel” soit décrypté, ce qui prit un certain temps, l’homme n’étant pas une flèche, et le fils de pute explosa et tenta de frapper Austen.

“Espèce de…”

Il n’eut pas le temps ni de finir sa phrase, ni de terminer son geste. Il fut paré par le bras droit de Seth et reçut un beau coup de genoux dans les noix. Il tomba à genoux forcément sous l’afflux de douleur et fut en parfaite position pour recevoir un direct du gauche magistral.

“Ça te fait du bien ça, connard ?”

L’autre con se remit enfin de sa surprise et voyant son pote les genoux à terre, il voulut prendre sa défense et monta à son tour au créneau. Occupé à frapper le premier de son direct et à lui dire sa façon de penser, Seth ne vit pas le coup venir et reçut à son tour un crochet salé, qui lui ouvrit la lèvre et l’obligea à reculer de trois pas pour garder son équilibre Mais il ne put pas profiter de son succès, il en fallait plus pour désarmer Austen. Le deuxième abruti fut plié en deux par un coup de poing en règle dans le ventre, avant qu’un coup de genoux lui défonce le plexus. Ce fut à ce moment là que Natalia intervint une première fois et tenta de ramener Seth à la raison.

“Après ce qu’il t’a dit, sérieux, tu veux laisser passer ça ?” cracha le trentenaire, furieux et ne comprenant pas pourquoi sa camarade ne réagissait pas plus que ça. Il ne cherchait pas la bagarre, il réglait des comptes. Si les connards qui s’en prenaient aux filles d’une manière ou d’une autre, recevaient la correction qu’ils méritaient à chaque fois, il y en aurait moins qui se croient tout permis.

Tout ceci aurait pu se terminer pourtant là mais c’était sans compter sans le premier couillon qui trouva intelligent de se remettre debout et prendre une barre de fer qui trainait. Austen qui avait tourné la tête vers son amie pour l’écouter ne vit pas le coup venir. Sonné, il ne put que constater le sang qui coulait de son arcade déjà abîmée et de sa pommette. Heureusement que l’autre con était encore sous la douleur de son service trois pièces malmené, son coup avait manqué de puissance. Mais il fut suffisant pour qu’Austen reparte pour un tour.

“Bordel !”

La barre fut arrachée des mains de l’agresseur par l’extrémité saisie, en lui retournant le bras au passage et Seth lui rendit la pareille en lui explosant le genou avec. Un coup de poing de plus et l’abruti, déséquilibré, se retrouva à nouveau par terre. Et sans se gêner, il lui écrasa la face contre terre, un grand coup de pied entre les omoplates pour lui marcher littéralement dessus. Et il voulut le finir à coup de latte, ce qui poussa la blonde à une deuxième intervention, un peu plus radicale. Immobilisé, Austen la fusilla du regard, jusqu’à ce qu’elle le libère pour lui foutre sa bouffe dans les mains et régler à sa façon le cas des deux guignols. Et le final le fit éclater de rire ! C’était pas mal comme façon de faire aussi. Ils étaient pas prêts d’oublier la leçon, sans doute plus efficace que ses coups. Oh putain, ça faisait du bien ! Ou pas parce qu’il avait quand même morflé pendant son combat.

“Putain, me fais pas rire, il a dû m’esquinter une côte, l’autre naze !” réussit à dire le brun entre deux éclats de rire, en parlant de son premier adversaire de la soirée, avant de repartir, comme si cette simple idée relançait son hilarité, et parce que ses nerfs lâchaient sûrtout.

Donc en proie au fou rire, trop rare ces derniers temps, Austen, pour remercier sa camarade, pouvait bien lui accorder sa demande. Elle n’eut pas beaucoup d’efforts à faire. Pauvre Nat’ ! Elle qui voulait être très sérieuse et sévère, lui se marrait comme un bossu.

“D’accord, d’accord ! Tu l’as mérité.” répondit-il, finalement en essayant de reprendre son calme.

“Mais sérieux, je vois pas pourquoi t’en fais toute une histoire, j’ai déjà fait bien pire, tu seras d’accord.”

Mais heureusement que la blonde s’était retenue d’aller plus loin parce que le sujet de la cam aurait ôté tout envie de rire au trentenaire, ce qui était dommage. Cela viendrait bien assez vite, autant repousser un peu le moment où le brun perdrait à nouveau son sourire. D’ailleurs, l’idée du toubib suffit.

“Alors là, pas moyen ! Je vais bi...”

Mais il n’eut pas le temps de finir, Natalia eut un argument de poids. Là, c’est sûr, avec sa gueule en sang, ses potes allaient le refaire suer méchamment… Il les imaginait déjà, lui debout devant la fine équipe comme un accusé devant ses juges, à devoir répondre à leurs questions… Charmante perspective… Il prit les serviettes de son amie en râlant.

“Déjà, arrête de me faire le coup à chaque fois, ce n’est pas mon peintre. Ensuite avec lui, j’ai une paix royale de ce côté-là ! Je pourrais me ramener, menotté et encadré par deux aurors, borgne et boiteux, deux dents en moins, qu’il ne me demanderait rien. Ce qui me convient très bien, note !”

On pouvait pourtant entendre une légère pointe d’amertume, derrière le sarcasme, au début comme à la fin, si on tendait bien l’oreille et si on connaissait le brun. Quelque chose dans cette histoire ne lui convenait pas tant que ça... Mais Seth continua sans plus s’étendre sur le cas du dit peintre, en plaquant les morceaux de papier absorbants sur ses plaies.

“Les autres par contre, je t’accorde le point.”

Austen soupira donc théâtralement, comme s’il consentait au pire des sacrifices.

“Alors, ok, je verrai ton doc ! Mais quelle plaie !”

C’était le cas de le dire, vous me direz… Mais en effet, la jeune femme avait de quoi être fière, elle avait trouvé l’argument efficace du premier coup.  

Enfin, le temps de rentrer, la bonne humeur de Seth s’était donc dissipée aussi vite qu’elle était venue. La visite du médicomage n’aida pas à la garder pour être honnête. Mais avec quelques jours de repos et le traitement de cheval qu’il lui avait donné, il pourrait se montrer sans trop de risques à ses proches. Et en attendant, un verre de whisky servit d’antidouleur. Bon, fallait peut-être pas mélanger les potions et l’alcool, soit… Mais en ce moment, le trentenaire n’était pas forcément des plus prudents, on l’aurait compris… Donc quand son hôte revint dans le salon, il en était déjà à son deuxième, en effet. Et pour être honnête, il n’avait pas envie de s’arrêter là. L’alcool était bon, ce qui ne gâchait rien.

Dray leva son verre au compliment pour remercier cyniquement son amie alors qu’il l’observait lui piquer une frite. Comme s’il allait réagir pour une frite... Il souligna tout de même ce qu’il pensait de sa remarque :

“Seth me demande pourtant peu d’efforts et de matériel, à part le faux nez, la légère prothèse du menton et un sort pour la voix, le reste, c’est du maquillage et un changement de coupe et de look. C’est lui qui se rapproche le plus de moi.”

Mais la référence à Dean et surtout son anniversaire le fit se rembrunir. Il sortit son étui à cigarettes en répondant amèrement.

“Je ne fête jamais mon anniversaire, dois-je vraiment te le rappeler ? Quant à Gavin… J’avais envie de jouer. Ça m’a toujours fait marrer qu’il ne me reconnaisse pas. Déjà à l’époque. Il suffit que je descende ma voix de deux octaves, que je mette un faux nez et un peu de maquillage, que je modifie un peu la ligne du menton, que je me teigne les cheveux en noir profond, que je change de coupe et de couleur de yeux, que j’ajoute une légère barbe de quelques jours et Dray Fox est complètement oublié.”

Et comme à son habitude, il finit son propos le plus cyniquement du monde en allumant sa cigarette, le filtre coincé entre les dents.

“Et il m’a baisé régulièrement pendant presque un an. C’est pathétique…”

Mais il y avait une autre raison qui l’avait amené au club, beaucoup plus pragmatique. Et puisque Parker savait qu’il avait acheté de la drogue, il ne vit pas de raison de la cacher.

“Et puis, au Hell, j’étais sûr de la qualité de la marchandise.” dit-il donc froidement, très impersonnel, comme si cela n’avait aucune espèce d’importance alors qu’il prenait de rapides bouffées de son poison, nécessité urgente apparemment pour essayer de se calmer.

Fox ricana finalement quand Djenesa lui fit remarquer qu’il n’avait pas l’air en forme.

“Merci, je suis au courant.”

Forcément, en se démaquillant pour effacer Seth, se voyait un fait très simple : Dray n’avait pas eu besoin d’autant de maquillage que dans le passé. La question de la jeune femme quant à son sommeil posa un problème à l’Américain. Pas parce qu’il ne voulait pas répondre, -enfin si, aussi, mais ça, ce n’était pas un problème, pas la première fois qu’il enverrait chier la voleuse-, mais parce qu’il ne savait pas quoi répondre.

“Ho ! Heuuu…”

Le trentenaire ferma les yeux et dans un soupir las, se passa les mains sur le visage, comme pour se réveiller justement; la cigarette coincée entre l’index et le majeur. Au delà du fait que ce geste lui tira un grognement de douleur à cause de sa gueule défoncée, le fait qu’il eut fallu que Dray réfléchisse et compte lui montra de manière évidente qu’il avait bel et bien un problème qu’il avait nié au fil des jours mais que Djen lui mettait brusquement sous le nez. Forcément, la dernière fois qu’ils s’étaient vus, tout allait bien alors le contraste était saisissant pour elle. La brunette méritait bien une réponse, en fin de compte.

“Définis nuit complète ?”

Non parce que bon c’était relatif, hein ! Et le pire, c’était que c’était même pas de l’ironie moqueuse, Dray était parfaitement sérieux. Et puis Djenesa le savait, son petit camarade pouvait très bien se contenter de six heures pour être en forme. Bon, six heures tous les jours, soit… Parce même six heures, ça remontait à…Fin juin ? Ou début juillet, avec un peu de chance ? Ou peut-être qu’en fait ,il n’y en avait pas eu après la nuit qui avait suivi “son retour de la maison”, où Pomfresh avait insisté auprès de Vaughn pour qu’il avale une potion de sommeil sans rêves... Peut-être pour ça que la cam lui avait semblé une idée de génie...

“Ça fait un moment.” se contenta-t-il finalement de répondre, vague, en reportant la cigarette à ses lèvres pour une bouffée plus longue. Pourquoi s’encombrer de détails, on vous le demande ?

La conclusion de la belle fit éclater de rire le New-yorkais. Purement et simplement. Mais ce n’était pas foncièrement bon signe parce que ce n’était pas supposé être drôle, il en avait bien conscience. Mais c’était plus fort que lui.

“Même pas ! Enfin, si, j’ai eu, mais je m’en suis sorti comme une fleur, comme toujours !”

Dray faisait le malin mais Djen et lui savaient que si cela avait été vrai, ils n’auraient pas cette conversation, ils ne passeraient même pas la soirée ensemble. Enfin, c’était à moitié vrai. Dans les faits, techniquement, il s’en était en effet très bien tiré. La justice était de son côté, le dossier classé et rien n’avait fuité. Comme une fleur, on vous le disait ! C’était lui, le problème. Fleur dans le macadam…

Pour la cam, la jeune femme avait raison de ne pas insister. Oh, Djenesa était au courant, elle avait été claire. Et puis, elle avait connu bien pire de la vie du New-yorker. Elle l’avait même accompagné de loin lors de sa fugue en Europe. Mais il y avait une différence entre entendre et dire. Et Dray n’était pas prêt à admettre de vive-voix qu’il s’était procuré de l’héroïne après plusieurs années d’abstinence. Et contrairement à la dernière fois, quand son père l’avait giflé, là, l’idée de demander de l’aide à son parrain des Narcotiques Anonymes, il l’avait rejeté en bloc. Il avait besoin de cette dose. Point. Et puis, c’était à lui de s’en débarrasser quand il serait prêt, s’il l’était un jour… Si l’escroc le faisait à sa place, ce n’était que retarder l’inévitable. Rien n’empêcherait Fox de recommencer. Mais le trentenaire n’était pas prêt encore à réparer ses conneries… C’était ce que dirait et avait dit Alec de toute façon. Mais pas de pot pour la voleuse, Fox était sorti sans portable. Sans portable, sans attaches… Quand on voulait faire des conneries sous une fausse identité, on évitait de s’encombrer de ce qui pouvait ramener dans la vraie.

Là où toutefois, Djenesa avait raison, c’était qu’en effet Dray ne voulait pas lui raconter ce qui l’avait amené à ça.

“Tu supposes bien.” fut donc son unique réponse, un peu trop agressif, pour marquer son territoire dans la conversation. Quand un chien montrait les dents, on évitait de lui piquer son os…

Mais la jeune femme fut assez fine pour comprendre l’avertissement sous-entendu. Elle changea de sujet au grand soulagement de l’Américain. Enfin, il ne dura pas longtemps. Non mais elle était gonflée !

“Non mais tu crois sé…”

… rieusement qu’il allait l’aider à receler un tableau volé par le biais de son réseau d’affaires ?! Mais Dray n’eut pas le temps de finir de s’énerver tout seul. Djenesa le fit taire en quelques mots. Le rendre ? Il avait du mal à piger. Mais dans ce cas, quelle que soit l’histoire, c’était tout autre chose. Et comme Fox était avare de parole ce soir-là, il préféra laisser la jeune femme venir à lui plutôt que de demander des explications qui viendraient de toute façon. Et quand il sut le fin mot de l’histoire, il se pencha vers le dossier et ne prit la photo qu’elle lui tendait qu’en se réinstallant dans le fond du canapé pour examiner le tout tout en fumant.

Le tableau était le portrait d’une jeune femme, blonde, dans la veine de la Jeune Fille à la perle ou de la Fille au Chapeau Rouge. Un éclair de mépris passa dans les yeux de l’Américain quand il examina la photo de la croix gammé mais il n’en dit rien. Il parcourut le reste du dossier rapidement et en fit finalement une copie complète pour le ranger dans sa poche intérieure enchantée, roulé en tube. En clair, il était intéressé, oui.

“Ok, je vais en parler au collectif. Cette oeuvre est peut-être référencée dans le manifeste des oeuvres volées par le régime. Ou on aura peut-être des réclamations ou des témoignages à propos de ce tableau. J’espère en tout cas, ça simplifierait les choses. On peut aussi enquêter sur ta cible. Les papiers sont faux mais son histoire nous donnera peut-être des infos pour remonter sa provenance. D’ailleurs, ça m’étonne que tu n’aies toujours pas agi en ce sens. Son nom m’est inconnu en tout cas. Ou alors faudra que je vérifie dans les dossiers de la Fox.”

Le New-yorkais finit par prendre son assiette sur ses genoux, le peu qui restait de sa cigarette sagement posé dans son cendrier de poche sur l’accoudoir. S’il n’avait pas faim quand la jeune femme avait proposé l’idée, il devait bien avouer que c’était le cas à présent, l’odeur de viande grillée du méga hamburger aidant sacrément.

“T’as raison, j’ai besoin d’un casse-tête. Et ton projet en est un plutôt bon. Ça me fait bizarre de te voir chercher à faire des trucs cools.”

La preuve, il avait faim depuis que la brune lui avait mis sous la dent cette histoire même s’il lui lançait une petite pique moqueuse au passage.

“Mais comment tu es au courant pour la restitution ? On l’a fait en toute discrétion. Pas envie qu’on voit publié que le Groupe avait acheté des tableaux volés à des familles déportées et décimées en camps de concentration.” remarqua cyniquement le PDG, même si on entendait la surprise sur la question, avant de mordre de bon coeur dans son burger. Vrai que lui qui se démenait le cul pour que son entreprise ait une image sans tâches, receleuse d’oeuvres d’art volées dans de telles circonstances faisait mauvais effet sur les points de réputation… Les rendre en privé aux familles était tout de même plus moral.

“Il a un bon cuistot, ton resto.” souligna finalement l’Américain, à moitié la bouche pleine, peu enclin à s’emmerder du savoir-vivre pour changer, pour signifier que Djenesa avait eu en fait une très bonne idée et qu’il se régalait.
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MessageSujet: Re: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeMer 20 Fév 2019 - 18:04

(Mdr et en plus tu en rajoutes. 9 pages et demi ! Tu veux ma mort, avoue. Te plains pas si je mets trois plombes à te répondre ! *se marre*)

Un coup minable ? Non mais des claques, oui ! Un demi-million, il devait y avoir dans ce coffre ! Sans compter les diamants ! Seth s’était peut-être bien marré mais ce n’était pas le cas de la Russe. D’un, elle avait un putain de manque à gagner à cause de cet idiot, et de deux, elle s’était rongée les sangs à cause de cet idiot ! Et Natalia n’appréciait ni l’un, ni l’autre. Un demi-million, c’était dur à digérer quand même. Et voir son ami se faire taper dessus, c’était pas terrible non plus. Et franchement, que lui, trouve ce plan de soirée drôle lui était complètement nébuleux. Au présent comme au passé. Austen en avait quand même un grand coup, si on pardonnait à la blonde de donner son avis...

Bien sûr que la Russe était venue aider cet abruti ! Il la prenait pour qui ? Ce n’était pas son genre de laisser un camarade, ni même personne dans la mouise et encore moins quand c’était son intégrité physique et même sa vie qui était en jeu. Si être humain était touchant alors la jeune femme n’en avait aucune honte et le revendiquait même. Mais Seth étant ce qu’il était, elle n’aurait pas été étonnée si elle avait eu conscience de son jugement et de son cynisme. Et dire qu’il était le premier à avoir la même argumentation quand les rôles étaient inversés… Mais dès que c’était lui dont il était question, c’était limite normal qu’il se prenne des torgnoles… Il ne tournait pas rond...

Le coup des alias, Natalia pouvait comprendre le bug de Seth. C’était pour elle une seconde nature. Même l’identité que le trentenaire pensait être la réelle n’était que du vent. Et elle n’était pas sûre de se souvenir elle-même de la vraie, enfin de la première plutôt. Et entre utiliser virtuellement des alias et en incarner, il y avait une marge, Nat’ en avait conscience. Mais cela ne devait pas empêcher d’être rigoureux et attentif ! Rien de tel que la sévérité pour reprendre rapidement les bonnes habitudes. Mais forcément, Seth ne vit là qu’une occasion de plus de se moquer d’elle et de ses leçons passées. Sale gosse… Elle le lui dit textuellement d’ailleurs, dans une grimace boudeuse.

“T’as conscience au moins que t’es un insupportable sale gosse ? Il y a que toi qui trouves fandart d’aller volontairement se fighter et de voler un mafieu. Les gens sensés lisent un livre, font un tour en balai, ou au pire, sautent en parachute ! Mais toi, faut toujours que tu fasses le malin. Et puis, moque-toi mais mes cours t’ont bien profité par le passé si j’ai bonne mémoire.”  

Et finalement Austen lui annonça qu’elle pouvait s’asseoir sur la moitié du butin, c’est à dire ce qui restait du cash. Non mais on croyait rêver franchement ! Il était plein aux as, et il la dépouillait de son pauvre gagne-pain, juste pour rire ! Non, il n’y avait aucune exagération ! Elle voulut argumenter et défendre sa cause ( plus de 100 000 livres, ce n’était pas un demi-million mais ça ne se laissait pas chourer sans se battre) mais elle dut vite rendre les armes. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre, quand même ! Quand Seth se montrait aussi casse-pied, c’était sans espoir, elle en savait quelque chose... Elle n’allait pas perdre son énergie à essayer de le persuader, c’était perdu d’avance. Et ils le savaient tous les deux comme le montra le trentenaire en soulignant qu’en effet, il pouvait aussi bien tout prendre et rien lui laisser, puisqu’il l’avait devancé, et qu’elle avait peu de temps devant elle pour se décider. Nat’ ne put que constater qu’en effet le temps était compté et abdiqua donc avec amertume.

“Tsss…. Prends-le ton fric !”

Mais peut-être par esprit de revanche, pendant qu’ils pillaient le coffre, la jeune femme taquina son camarade en faisant ce qu’il détestait : rappeler le passé. La correction presque indifférente de Seth fit sourire Natalia. Il ne pouvait pas la tromper, cette fois. Ils savaient l’un comme l’autre l’importance de ce moment-là… A partir de cette soirée, ils avaient tissé des liens d’amitié qui avaient résisté à la distance, au temps et aux épreuves. Une amitié singulière, certes...

Enfin puisque Seth se montrait réfractaire à la nostalgie et qu’ils étaient pressés…

Natalia ricana avec lui quand il se montra faraud pour conclure sur le fait qu’il abusait un peu, bonne joueuse et flattée réellement, elle, qu’il reconnaisse qu’elle était meilleure que lui sur quelques points. Et les deux amis se retrouvèrent finalement dehors.

Mais dehors, comme souvent, dans leur relation électrique, le ton s’envenima à nouveau.

“Quoi, ben quoi ? Reconnais quand même que j’ai de quoi tiquer !”

Ce à quoi s’attendait la blonde ? Des explications, simplement. Elle pensait que 100 000 livres les mériter à juste titre. Mais c’était peine perdue quand son ami était sur ce registre et il le lui fit bien comprendre… Il pouvait être aussi adorable qu’avoir un caractère de clebs, cela en était presque effrayant. Son agressivité ne l’étonna pas outre mesure. Il allait falloir qu’elle comprenne ce qui se passait par d’autres moyens…

“Tu rêves ! Au prix de la soirée, j’y suis, j’y reste !” persifla-t-elle donc simplement quand Seth l’invita à partir puisqu’elle n’était pas contente. Elle alla jusqu’à plaisanter avec un jeu de mot pourri :

“Tu ne préfèrerais pas un bon alcool plutôt ?”

Mais blague pourrie à part, ce que Natalia avait vu au club était grave, on ne reviendrait pas là dessus. Alors oui, elle insista parce que, même si Austen montrait son côté sombre et l’envoyait promener bien comme il faut, elle se souciait de lui. Mais encore une fois, sa manière franche de faire ne passa pas. Seth en devint même méchant. Ce qu’elle en avait eu à foutre ? La même chose que ce soir-là.

“Tu as la mémoire sélective !” cracha la jeune femme, sourcils froncés, en colère sans le moindre doute. “Qui a tourné le dos à l’autre ?”

Cette remarque sibylline devait calmer le jeu entre eux puisqu’elle fut suivi presque aussitôt par des excuses de la part de la voleuse. Il valait mieux que l’un d’eux lâche du terrain et ça ne pouvait pas être Austen, Natalia en avait conscience. Pas quand il était en mode petit con. Elle exprima toutefois ouvertement pourquoi elle s’inquiétait pour se faire encore une fois rembarrer. Bien… Encore une fois, elle allait devoir reculer mais elle allait y revenir. Seth la connaissait aussi assez bien pour savoir que ce n’était que partie remise. En attendant, elle devait s’assurer qu’ils restent ensemble quelques heures pour espérer avoir une chance de l’aider. Et pour ça, une invitation à dîner pouvait être un plan acceptable. Enfin, si Seth n’était pas aussi difficile sur la question des repas… Le coup du hamburger était le minimum pour le voir accepter. Elle sourit de toutes ses dents quand il accepta. Ca, c’était une bonne surprise au moins !

Sur le chemin du restaurant qu’elle avait choisi, Nat’ finit par demander pourquoi Seth était seul sans ses gardiens. Le sourire narquois qu’elle reçut en réponse et ses mots-même ne furent pas pour la rassurer outre mesure et leur humour ne la fit même pas sourire. Qu’est-ce qu’il avait encore imaginé ? Surtout qu’elle était bien placée pour connaître la nécessité qu’ils représentaient. N’était-ce pas à elle qu’il avait demandé à qui s’adresser quand il avait fallu qu’il se protège ? Et la Russe connaissait tous les détails de l’histoire qui avait justifié sa demande. Elle avait pleuré en voyant son nom dans le journal parmi la liste des victimes de Hyde Park. Bon… Sous les traits d’Austen, il ne craignait peut-être pas grand chose mais quand même… Le savoir jouer les équilibristes sans filet… Et elle se demandait vraiment comment il avait pu se débarrasser… ben de tout le monde en fait, puisqu’apparemment, même ses amis et leurs montres avaient été mis sur la touche. Alors ça par contre… Tromper des mercenaires qui connaissaient leur métier, des cartes et une grosse dizaine de montres de localisation perfectionnées de toute première qualité, c’était aussi malin que irresponsable, dans sa situation. Mais Nat allait éviter de faire la leçon à Seth cette fois, si elle voulait qu’il ne se barre pas pour de bon.

“Je suis curieuse de savoir comment tu as réussi ça…” dit-elle, songeuse et en même temps un peu impressionnée, le menton entre le pouce et l’index, dans une position ouvertement réflexive. Visiblement, cette remarque était plutôt signe qu’elle réfléchissait à comprendre par elle-même la méthode et non une question directe adressée à son petit camarade. Elle prenait sa manière d’être comme un défi et elle avait dans l’idée que c’était exactement ça en fait. Il la défiait par son attitude.

“Pour que les montres et les cartes indiquent le Refuge, c’est que tu y as laissé une empreinte magique plus puissante que celle qui t’est propre. Mais quand il s’agit de ça, aucun objet qui porte une empreinte n’est plus puissant que l’individu même. Et tu me dis que tout pointe sur le Refuge ? Les aiguilles ne tournent pas sans fin, perdues entre plusieurs sources d’information ou à cause de l’absence de source. Donc tu… tu as fait en sorte de dissimuler ta propre empreinte pour que celle du Refuge prenne le pas ?”

Et évidemment, quand on était une voleuse qui échappait depuis des années à la justice…

“Tu t’es incarté... “

Natalia sembla un peu soufflée de sa propre déduction. Mais elle ne voyait pas d’autres explications pour expliquer que Bobby Manning soit aussi bien trompé. Ce sorcier qu’elle avait recommandé pour de bonnes raisons n’était pas né de la dernière pluie. Une simple dissimulation n’aurait pas suffi à tromper son matériel de détection, c’était facile à briser quand on avait les moyens, et avec les années, il avait compris qu’avec sa tête brûlée de client, il fallait les plus précis possible. Ils en avaient suffisamment parlé tous les deux, Bobby lui ayant demandé finalement des renseignements sur son protégé au fil des mois qui avaient débuté leur contrat, nécessité oblige vu les exigences du dit personnage. Et Natalia savait très bien en quoi consister disparaître sans laisser de traces. Devenir incartable, elle l’était elle-même depuis des années ! Ce n’était pas à la portée de tous, parce que le sortilège était extrêmement difficile à réaliser. Il demandait beaucoup de puissance et un objet ayant une forte charge émotionnelle… Ou une partie organique. Et donc, il demandait du coup beaucoup de gallions pour le faire réaliser par ceux qui en étaient capables et qui vendaient leurs services. Mais pour Seth Austen, ce dernier point n’était pas un problème...  

“Tu as pris quoi comme base ?”

Toutefois, la jeune femme revint sur une parole de Seth en particulier.

“Enfin, pour Xander, tu savais très bien ce que tu faisais en lui disant cela et tu le laisses se fourvoyer, ce n’est peut-être pas un mensonge à proprement parlé mais tu le trompes quand même.” remarqua-t-elle avec gravité. Ce n’était pas un reproche, cela sonnait comme une simple constatation logique. S’il y avait bien une chose que l’escroc avait compris, c’était que son ami avait besoin qu’on le remette sur de bons rails et le dénommé Xander était peut-être le levier le plus puissant, elle le savait bien.

Les deux amis laissèrent finalement temporairement la discussion en stand-by le temps de prendre leur repas. Mais les choses dérapèrent à l’extérieur du restaurant et pas qu’un peu mais on s’était suffisamment étendu sur les mots et les coups échangés. Quoique, précisons simplement que la réplique fort spirituelle de Seth au sujet de la pauvre maman du connard numéro un avait fait lever les yeux au ciel d’exaspération à la jeune femme. Pauvre femme, elle ne méritait sans aucun doute pas d’être traitée de putain. Ce n’était pas plus glorieux que l’approche de ces deux nazes, M. Austen… La bagarre prit heureusement vite fin grâce à Natalia mais elle était surprise par l’étendue de la violence que Seth avait besoin d’extérioriser. Le combat au club n’avait clairement pas suffit à éteindre la mèche, vu comment Austen avait redémarré au quart de tour pour deux parfaits abrutis qui ne méritaient pas tant d’honneurs. Elle reconnaissait ce mécanisme-là aussi chez son ami et c’était pour le moins inquiétant… Aussi inquiétant que l’héroïne… Et pour que Seth replonge aussi profondément dans ses ténèbres, il avait fallu une raison.

Pourtant, si Seth était encore capable de rire sincèrement, alors on n’avait peut-être pas encore touché complètement le fond. Bon, son hilarité devint un fou-rire plus nerveux que vraiment amusé, Nat’ s’en rendit compte en l’entendant mais fallait voir le positif quand il y en avait. Même s’il supposait aussi avoir une côte cassée, ce taré, ne chipotons pas ! Enfin, cela convainquit la Russe de forcer son ami à voir un médicomage, sujet qu’elle amena très vite sur le tapis après qu’il ait accepté de dormir chez elle. Au moins pouvait-elle espérer veiller quelques heures sur lui… Et qu’Austen ne la sous-estime pas ! Avec son air sévère, Natalia en avait maté des plus coriaces que lui, non mais !

La preuve était qu’elle imposa sans trop de mal l’idée du toubib. Et toc ! Ce fut à son tour d’arborer un sourire délicieusement narquois alors qu’il attrapait les serviettes qu’elle lui tendait.

“Si tu le dis.” dit-elle simplement au sujet du pronom possessif qu’elle avait utilisé tout exprès pour obtenir cette réaction précisément. Toutefois Natalia entendit et surtout vit l’amertume de son ami, passée dans ses traits et surtout ses yeux malgré lui, ce qui la poussa à ne pas surenchérir, cette fois. Tiens tiens, c’était quoi, ça, M. Austen ?  

“Je note surtout que tu as le moral dans les abysses et qu’aussi… Xander soit Xander, et je vous ai observés un certain temps… si tu lui faisais un coup pareil, là, il ne laisserait pas passer sans rien dire, ne serait-ce que par insinuation.” dit-elle cette fois très sérieusement, pour montrer qu’elle n’était pas dupe de son petit laïus.

“Quant aux autres, ils auraient raison de t’engueuler. T’as toujours autant de mal à enregistrer qu’on tienne à toi, c’est dingue. Forcément qu’on te reproche que tu te fasses délibérément du mal ! ”

Parce que c’était hélas exactement ça, de ce qu’elle avait vu depuis le club…

“Si on faisait la moitié de ce que tu fais quand tu tournes pas rond, tu serais le premier à nous tomber dessus.”

Natalia reprit simplement sa marche quand Austen céda.

“Bon choix.”

Fière, elle ne l’était pas, non. Pas sur un tel sujet...  

Dans l’appartement de la jeune femme, chacun redevenu lui-même, et le médicomage parti, les deux amis reprirent naturellement leur discussion. Djenesa se servit à son tour un whisky, avant de s’asseoir aux côtés de son invité et qu’il ne vide la bouteille, tel que c’était parti. Enfin, dans le fond, même si les mélanges médocs-alcool n’étaient pas recommandés, si ça pouvait aider Dray à dormir, vu la tête de déterré qu’il se tapait, c’était peut-être un mal pour un bien…

Si Parker avait appris à Fox à se grimer, comme elle lui avait appris quelques sortilèges et l’art du vol de l’escroquerie et celui de lire les micro-expressions, elle n’avait pas assisté à la création de Seth. Il était simplement très vite apparu dans le décor du jour au lendemain et il s’avéra qu’il était un véritable alter-ego pour l’Américain qui en était arrivé à ne plus supporter être lui-même. Finalement, Djenesa, pendant quelques temps, avait presque plus souvent fréquenter Austen que Fox en réalité. Seth se révéla être le Hyde de Dray qui cherchait un échappatoire.

Elle ne répondit rien de plus sur Seth, ni sur l’anniversaire de Dray. Par contre, elle rebondit sur Gavin Dean, attristé d’entendre parler ainsi l’Américain de lui-même.

“Pitoyable qu’il ne te reconnaisse pas malgré ce que vous avez partagé ou que tu aies couché avec un certain temps ?”

La question était on ne peut plus sérieuse et n’avait rien de sarcastique. La formulation de Fox laissait volontairement planer le doute et Djenesa voulait comprendre ce que son ami avait dans la tête. Elle conclut simplement :    

“Dean est un connard qui n’a jamais vu que ce qu’il voulait voir.”

Il n’y avait rien d’autre à dire à son sens. Parker n’avait jamais aimé Dean. De son point de vue, il avait encouragé Fox dans sa dépendance, l’avait convaincu de dealer, et avait profité de lui et de ses blessures, de toutes les façons possibles, trop heureux de “pervertir un fils de riche”, selon ses propres mots. Ce mec était toxique et Dray n’avait que souffert un peu plus à le fréquenter. Il avait même coulé à pic du jour où il l’avait rencontré. En fait, c’était heureux que Dean n’eût jamais reconnu Seth. Cela avait permis à Fox de respirer un peu.

“Mais t’as quand même une notion particulière de ce qui fait marrer, si je puis me permettre.” répliqua finalement la jeune femme avec une grimace guère convaincue. Et sa grimace s’accentua quand Fox parla de la drogue. En fait, sa mine s’allongea avec gravité. Elle l’observa en silence tirer sur sa clope très vite. Trop vite. Elle laissa passer un léger soupir abattu. Elle ne savait pas encore comment elle allait le persuader de ne pas faire ce qu’il avait prévu à ce sujet. C’était au contraire très important et l’indifférence de Dray la glaça. Djen se sentait impuissante. Si elle le prenait de front, ou ne serait-ce qu’aborder la question, elle allait le faire fuir et elle ne le reverrait plus avant des semaines, c’était certain. Et c’était la pire des issues car plus rien ne protégerait Dray. Mais si elle ne tentait rien, le laissant juste crécher chez elle, elle ne faisait que repousser l’échéance… Elle allait devoir sans doute trouver le bon moment… Mais quel était-il ?

En attendant qu’elle le trouve, Parker signifia ouvertement que oui, l’Américain avait une sale tête, fallait dire les choses comme elles étaient parfois. Et sa répartie ne la fit pas rire, elle. Et le temps qu’il mit à répondre à sa question, encore moins ! C’était quoi, ce heu ? Ce n’était pas une question difficile, pourtant ! Enfin vu celle qu’elle obtint en réponse, fallait croire que si… En effet, tout était relatif, oui. Et tout ce que gagna Fox à ce petit jeu fut un haussement de sourcils impatienté de sa camarade. T’as fini de te ficher de moi ? Il savait très bien ce qu’elle entendait par nuit complète ! Elle n’oubliait pas à qui elle parlait, merci ! Six heures quotidiennes avec quelques accrocs de temps en temps, c’était le minimum de Dray. Elle, elle avait besoin de ses huit heures, pas moins, et elle n’avait jamais été du matin, alors elle n’avait jamais compris comme Fox faisait. Et là, ça faisait visiblement longtemps qu’on avait dépassé ce minima.

“Sois sérieux !” finit par s’agacer la jeune femme.

Un moment… Vous parliez d’une réponse... Djenesa en déduisit dans un soupir que ça faisait en fait au moins plusieurs semaines pour que Dray ne veuille ou ne puisse pas être plus précis. Oui, elle aussi commençait à comprendre pourquoi la cam était dans le tableau… 1+1+1…. Parker finit par cette idée que Fox avait de gros ennuis.

Les éclats de rire du New-yorkais ne furent pas plus partagés que le reste. Djen savait, encore une fois oui.

“Alors c’est avec toi-même que tu as un problème.” en déduisit la jeune femme devant les détours de son ami. La mécanique était bien rodée. Et aucun ennui extérieur n’aurait pu faire franchir à Dray la ligne de l’abstinence si durement atteinte. Un conflit intérieur écrasant, ça, par contre… Ou son père. Mais là, elle ne voyait pas Simon dans le tableau pour une fois, vu cette histoire d’emmerdes passées. Et si cela avait été à cause de Simon elle ne voyait pas pourquoi Fox en aurait fait un mystère après tout ce qu’elle savait déjà.  

La conversation en resta temporairement là, vu l’attitude de Dray. Mais Djene réussirait bien à remettre tout ça sur le tapis, avec un peu de temps. Et ils avaient la soirée devant eux… Et en attendant, la voleuse proposa à son petit camarade un nouveau jeu.

Ravie d’avoir piqué la curiosité du New-yorker et encore plus d’obtenir que ça l’intéresse d’en être.

“Le vol a rendu le client complètement parano. Même avec la magie, c’est devenu difficile de l’approcher. J’ai eu un mal fou à récupérer les papiers alors un interrogatoire... Quand je l’ai volé, j’étais loin de me douter de ce que j’allais obtenir. Il est rentier apparemment, il a fait un très très gros héritage dont ce tableau fait parti, peut-être pour ça que tu ne le connais pas. Et il est bien barré. Dans le genre à s’enfermer dans une chambre forte depuis que je suis passée avec trois gardes devant chaque porte et chaque fenêtre en plus d’un système de sécurité high tech, d’avoir un donjon sm complet dans sa cave et une collection de curiosités morbides dans son salon et de croire dur comme fer aux Illuminati…”

En autres bizarreries…

Et finalement, l’Américain vint à manger ! Et bien voilà ! Petit à petit on y arrivait !

“Je suis toujours cool, non mais !” dit-elle simplement pour répondre à la taquinerie de Fox en prenant sa propre assiette. Mais la question suivante lui offrit l’occasion d’inverser la vapeur.

“Je ne révèle ni mes tours, ni mes sources, mon chou !” répondit-elle avec un délicieux sourire sardonique. Comment elle savait tout ce qu’elle savait était un de ses petits secrets…Mais elle sous-entendait bel et bien que la Fox avait des fuites, oui. Cela serait suffisant pour titiller son petit camarade.

Elle sourit enfin simplement au compliment de son ami avant de mordre à son tour dans son burger, satisfaite surtout dans l’histoire que Dray mange de bon coeur tout simplement. Comme le sommeil, elle craignait que les repas manquent aussi dans la vie de l’Américain.

“Je lui dirai !”
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MessageSujet: Re: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeLun 4 Mar 2019 - 18:17

(Oh mais je ne me plains que rarement ! Mais je sais, j’écris trop, presque toujours pour mes scénarii loufoques, et je décourage mes partenaires de rp, j’ai compris, n’en jetez plus. Je réduis, je réduis. xD)

Ca, Austen le savait qu’il était névrosé, pas la peine de le lui rappeler. Pourquoi il trouvait sa soirée marrante ? Il ne le savait pas vraiment lui-même. L’ironie qui s’en dégageait déjà. Et puis, c’était surtout ses démons intérieurs qui étaient satisfaits. Ils se défoulaient. Et pour qui le brun prenait-il sa camarade ? Mais pour ce qu’elle était. Une voleuse au système de valeurs somme toute particulières et dont il fallait se méfier. Mais il était vrai que sur ce point, il était injuste. Il l’était tellement qu’il devait bien admettre que la blonde était sans doute plus honnête que lui ces derniers temps. Au moins, elle, on savait à quoi s’en tenir, contrairement à lui et ses faux-semblants. Et à sa connaissance, Natalia n’avait tué personne, elle.

Enfin donc oui, Seth Austen, ou quelque fût son nom réel, ne tournait pas rond. Et la grognerie de la jeune femme le fit rire, ou du moins ricaner.

“Bien sûr que je le sais. Mais allez, va. Je veux bien reconnaître que tes cours m’ont beaucoup servi même quand je suis rentré dans le droit de chemin. C’est qu’ils s’appliquent très bien à ma profession officielle.” continua-t-il de railler, sachant pertinemment que la blonde détestait cette dite profession et qu’elle n’allait pas apprécier cette ironie clairement affichée et confirmant par la même aussi ce fameux statut de sale gosse.

Enfin, il la fit céder et empocha le cash. En effet, dans la situation assez surréaliste où ils étaient, c’était elle qui, dans le fond, avait le plus à perdre à s’obstiner. Lui ne faisait cela que par jeu. Et ce n’était que prolonger la partie de risquer de se faire prendre et devoir trouver un moyen de fuite. Alors le résultat lui importait finalement peu. Et même, il aurait préféré que cela se complique encore un peu. Mais la Ruskov était la voix de la raison, rôle qui paraissait étrange sur ses épaules et pourtant… Quand il s’agissait en tout cas de monter des plans pour spolier son concitoyen et de prendre la tagente, il lui allait comme un gant. N’empêche, son amertume ne pouvait pas échapper au brun que cela fit sourire derechef.

“Allez, fais pas cette tête, on ne peut pas gagner à tous les coups.” eut-il l’outrecuidance de conclure avant qu’ils ne finissent le travail et se retrouvent dehors. Ca, pour sûr, ils avaient une drôle de façon de se prouver leur amitié. D’un point de vue extérieur, on pouvait même dire que leurs échanges tenaient plus du bras de fer que de la camaraderie, toujours à se moquer, à s’opposer, à se charrier, à se disputer. Mais cela avait toujours fonctionné ainsi.  

Et en parlant de dispute… Seth reconnut qu’au vu des circonstances, il devait donner raison à sa camarade. Elle avait le droit de tiquer, comme elle le disait. Mais si elle pensait qu’il allait l’avouer de vive voix, elle rêvait éveillée. Quand Austen était en mode petit con, il n’était pas prêt à reconnaître ses torts. Et quand il était en mode petit con et en plus d’une humeur de clébard comme elle le soulignait, c’était encore pire ! On faisait difficilement plus tête de pioche que lui. Et des explications, elle pouvait toujours courir après, elle allait en faire des bornes !

Le jeu de mots exécrable de la jeune femme ne tira qu’un haussement d’épaules agacé. D’habitude, c’était lui qui les faisait ceux-là. Il répondit toutefois, parfaitement sérieux.

“Si. Du whisky pour changer de la vodka.”

L’idée de se fracasser était décidément récurrente si on faisait référence à ses descentes du club.  

Et puis la dispute continua et cette fois, Natalia remit Seth à sa place, bien comme il faut. Il eut le bon goût de baisser la tête pour fixer le sol. Mais il ne répondit rien à sa colère. A quoi bon ? Là, elle marquait le point et il était mérité. Dans leur histoire, c’était lui qui avait le plus de torts. Comme trop souvent. Mais alors qu’il s’apprêtait simplement à reprendre simplement leur route, mais cette fois-ci en fermant bien sa mouille, trop fier ou trop coupable, sa camarade le prit au dépourvu. Ce fut elle qui s’excusa alors que c’était lui qui aurait dû. Il finit par murmurer, presque à contre coeur.

“C’est moi qui dois m’excuser.”

Natalia n’aurait pas mieux pour le moment, c’était tout ce qu’Austen lâcherait de terrain, qu’on se le tienne pour dit. Le sujet était clos.

Et alors que le brun avait contre toute attente accepté la proposition de dîner de la blonde, en se laissant guider, ils en vinrent à parler de toute autre chose. Et il fut heureux que Nat’ évite les sermons, en effet. Fallait pas charrier. Seth avait un quota maximum qu’il pouvait encaisser, qu’il ne fallait pas dépasser. Et ce chiffre n’était pas très élevé… Enfin, donc, comment l’aventurier s’était-il débarrassé de toutes ses chaînes, là était toute la question ! Et Seth sourit ouvertement en voyant que son amie avait compris par son attitude qu’il la défiait de trouver d’elle-même la clé du mystère.

“T’as tout bon, ma belle !” s’exclama-t-il avec une joie déplacée, quand elle eut fini d’exposer son raisonnement.

“Pas à dire, t’es douée dans ton domaine !”

Le compliment était sincère, même s’il était un peu caché par son attitude détestable. Nathalia était incapable de lancer un Chauve-furie ou un sortilège d’allégresse, de concocter une simple potion anti furoncles mais dès qu’il s’agissait de son domaine d’expertise, il y avait peu de plus compétents.

Mais il était trop fier de son coup, c’était très net. Son regard, son sourire le ton de sa voix ou encore ses épaules. Tout montrait que son arrogance prenait le pas sur son admiration. Et il lui importait peu qu’on s’inquiète de sa personne, qu’il trompe sans sourciller son monde et qu’il prenne des risques insensés, pour ces quelques heures de pleine liberté. C’était d’un égoïsme saisissant, mais il n’en avait cure ! Et puis la belle ne l’avait-elle pas pensé ? Qui verrait que Seth Austen n’existait pas en réalité ? Il était pourtant bien de chair et d’os en cet instant ! N’était-il pas convaincant dans le rôle du dandy ténébreux ? Pouvait-on donc y voir quelqu’un d’autre ?

Il s’était incarté donc. Et l’ironie de l’histoire, il eut tôt fait de l’éclairer.

“Et tu sais le plus drôle ? C’est que je dois cette idée à mon père. Je crois que s’il ne m’avait pas lui même rayé de la carte à son retour, l’idée de m’aurait pas effleuré.”

Et il ricana encore, comme s’il n’y avait pas eu de meilleure chute à donner à tout cela. La vie était d’un cocasse… La Russe demanda finalement des détails qu’Austen ne vit pas de raisons de dissimuler.

“Mon sang.” répondit-il tout bêtement. Rien de tel et tellement pratique. Qu’était-ce que quelques centilitres ? Et en effet, il avait de nombreuses personnes à son service capables d’un tel travail et ce, sans poser de questions, elles. Ce que le patron ordonne… Et puis, ils n’étaient pas surpris, ils avaient bossé pour le père. Les idées loufoques, c’était de famille.

Mais la conversation finit par dévier à cause de ses propres mots. Et cette direction ne lui plut pas.

“Fais moi des leçons sur la tromperie, tiens !” maugréa-t-il donc, insinuant à peine que c’était tout de même un peu l’hôpital qui se foutait de la charité. Certes, le dénommé était sans doute l’une des rares clés, et peut-être bien même la seule, qui pouvaient faire revenir cette tête brûlée à de meilleurs sentiments. Et c’était justement à cause de cela que Seth refusa d’aller plus avant sur ce terrain.

“L’omission n’est pas un mensonge.” dit-il enfin par pur automatisme en portant sombrement son regard sur le trottoir. D’un coup, toute sa fierté s’était envolée pour ne laisser place qu’à une profonde amertume pour tout un tas de raisons.

“Je voulais vraiment être seul.”

Pas de mensonges. Après si ses proches faisaient trop confiance à leurs joujous et à lui-même, aussi… Ce n’était pas faute de leur répéter qu’il n’en était justement pas digne, de leur confiance !

Ils étaient finalement arrivés au restaurant. On ne reviendrait pas sur ce qui se passa à la sortie. Calmé et plus serein, Seth aurait donné le point à sa camarade. Ce ne volait pas plus haut. Et c’était ignoble disons-le. Mais contrairement à l’autre abruti, Austen n’en pensait pas une syllabe. C’était juste bien fendard de voir l’autre ne rien piger d’abord, avant qu’apparaisse dans ses yeux la petite étincelle qui jaillit et met le feu à la rage. Et puis sérieusement, s’il avait été mieux éduqué, son moutard, ils n’en seraient pas là, hein ! Mieux encore, merveilleuse invention que la contraception !

Mais rabat-joie, Nat’ renvoya tout le monde à la niche. Pfff ! Si on ne pouvait plus éclater des tronches et péter des dents en toute liberté, autant qu’il reste à la maison, la prochaine fois ! Mais elle mit à cette pitoyable mésaventure une conclusion qui eut le mérite de faire rire Austen et donc de soulager un peu sa frustration.

Une fois la proposition de dormir chez la Russe et de voir un toubib validées un peu contre son gré, Seth décida qu’il avait assez parlé, surtout quand le dénommé Xander revint encore sur le tapis, tout ça pour un pronom personnel ! L’aventurier se foutrait parfois bien des claques ! Il tombait dans le panneau à chaque fois. Et voilà donc, que la maligne cambrioleuse rebondissait sur son attitude égoïste et ce qu’elle pensait de son état moral. Il ne put pourtant pas empêcher un petit sourire qu’il n’eut pas de mal à faire passer pour un rictus avec ses serviettes tachées de sang et sa lèvre esquintée à ce “aussi Xander soit Xander.” Seth admettait que cela résumait parfaitement le personnage. Pas deux comme lui, pour sûr !

Mais donc, comme il ne voulait pas épiloguer sur le sus-nommé qui devait avoir bien des acouphènes ce soir-là, il n’ajouta rien. De toute façon, sa camarade n’en avait pas fini avec la leçon de morale. Elle l’ennuyait prodigieusement et son regard le montrait ouvertement. C’est ça, tu peux toujours braire ma mule… Cause toujours, cocotte… Même s’il devait admettre l’exactitude des derniers mots. “Faites ce que je dis, pas ce que je fais.” résumait assez bien.

“Je suis égoïste une fois l’année, ça va, lâche-moi, tu vas pas me chier une pendule pendant deux heures !“ se défendit donc l’animal avec hargne, devant les accusations de la voleuse. Elle commençait à repasser les limites de sa patience, qu’il avait particulièrement basses, on n’y reviendrait pas. Et il était bien tenté de la planter là.

Mais au final, elle gagna. Pourquoi ? Trop de fatigue, trop d’angoisse, trop de pression, trop de colère, trop de tout. Et rentrer chez lui, c’était faire face seul à ses démons. Et Seth, parce qu’il avait fait ce qu’il avait fait ce soir-là, savait qu’ils avaient d’ores et déjà gagné. Et une part de lui, rappelée à son bon souvenir par la mention même de ce fameux Xander, était encore assez lucide pour savoir qu’il fallait les tenir à distance encore un maximum de temps. Instinct de survie ? Il la suivit.

Chez la voleuse, une fois installés dans le canapé, un repas chaud et un bon alcool à portée de main, ils reprirent la discussion sur le cas de Fox. Fidèle à son adage “ce qui se passe à Vegas reste à Vegas”, Dray était loin des considérations de Djenesa sur les origines de Seth Austen. Il faisait simplement le constat que passé ou présent, certaines choses, comme Gavin Dean, restaient immuables.

“Les deux.” fut sa seule réponse, cruellement cynique, à la question de Parker pour éclaircir ce qu’il trouvait pitoyable.

“Enfin, je te rassure, lui, c’était vraiment que du sexe.” dit-il finalement en haussant les épaules avec négligence, sans plus d’émotions que s’il eût parlé d’un mauvais plat, insinuant par là qu’il n’avait pas de réel problème avec ça, ce qui était véridique. Il assumait pleinement cette connerie-là. Il n’avait pas souvenir d’avoir considéré Dean un jour comme un ami. Pas au sens d’aujourd’hui en tout cas. Et quand Djenesa fit ce portrait fort trivial mais fort juste du dealer, Dray répondit sentencieusement avec un sourire sinistre :

“C’est un bon résumé de mon propre personnage, si tu te souviens bien.”

Fox n’était pas si sévère que son amie. Gavin était et resterait un opportuniste, qui n’avait jamais dissimulé son jeu et qui avait choisi cette voie pour survivre, comme eux avaient choisi la leur… Parker, contrairement à lui, ne savait rien du passé du blond. Comme souvent, on ne naît pas connard, on le devient. Gavin avait sa propre croix et la vie ne lui avait définitivement rien offert. Ce qu’il avait, il l’avait pris. Et pour cela, il s’était créé ses opportunités. Et forcément dans ces cas-là c’était souvent au détriment d’autres. Dray n’avait été qu’une opportunité parmi d’autres. Dean avait survécu, point.

“Notre relation était un échange de bons procédés.” conclut-il en avalant une longue gorgée brûlante de whisky.

Mais c’était clore un sujet difficile pour en ouvrir un autre… Et celui-là fut traité en encore moins de temps. Au sujet de ce qui s’était passé et de ses achats, Fox ne répondit plus rien du tout, laissant Djenesa à ses doutes. Et la demande de la jeune femme à ce qu’il arrête de faire le mariole n’eut pas eu plus d’effet.

“J’ai pas mieux à te donner. Je vais pas pleurer sur ton épaule.” lui claqua-t-il froidement, en rallumant une cigarette en même temps, dans ce geste qui lui était propre de continuer à parler, le filtre entre les dents, durant ce petit rituel.

La conclusion s’imposa d’elle-même sur ce qui tourmentait Dray et Djen n’eut aucune difficulté à l’énoncer. Encore gagné, Mademoiselle ! Avec lui-même oui, et c’était bien là le noeud du problème… La source du conflit serait extérieure, Fox n’aurait pas de mal à se battre et rectifier le tir. Il l’avait plus d’une fois prouvé. C’était un combat plus ou moins long qu’on avait parfois gagné pour lui. Mais là… Il était seul face à ses actes passés. Il n’y avait donc rien à en dire… On avait réécrit l’histoire une fois pour lui sauver le cul, ce miracle était donc éventé...

Ils changèrent finalement complètement de sujet sous l’impulsion de la voleuse qui raconta son dernier travail et la trouvaille qu’elle fit. Et elle fit un portrait… haut en couleurs… de sa victime. Il ricana encore.

“Et on dit que les sorciers sont frappés…”

Mais alors qu’il la taquinait en commençant à manger, Djenesa lui retourna la politesse comme souvent. Et là, on put dire qu’elle fit mouche avec son insinuation à deux balles.

“Je te demande pardon ? Qu’ouis-je ?”

Il avait bien compris ce qu’elle insinuait ? Elle avait son lot d’informateurs dans SON entreprise ? Et puis quoi encore ? Etait-ce là un défi pour dératiser ? Ah ça, titillé, Fox l’était !

Et puis, il parlèrent de choses et d’autres finalement, finirent de manger, continuèrent à boire, en tout cas lui…, et bientôt, Djenesa n’obtint plus de réponse. Le cocktail d’alcool et de médicaments avait fait son effet et Fox s’était endormi. Mais pour combien de temps ?

La réponse vint sur les coups de quatre heures et demi. Et la scène du cauchemar fut fort simple dans sa récurrence comme dans sa trame principale. C’était tout simplement ce qui s’était passé au Pré-au-lard qui se rejouait. Tout y était. Les gosses. L’interception. La séance de torture. La douleur abominable qui s’extériorisait par des crises de tétanie et de crampes nocturnes qui devenaient de pire en pire puisque le manque de sommeil l’empêchait de physiquement récupérer. Suivait l’échange. La tentative d’étranglement. Lui, Dray, qui tue sans la moindre petite hésitation, droit à la gorge. La sensation du sang chaud qui se répand sur lui. Le bruit immonde quand il retira son arme improvisée des chairs. Le corps lourd qui l’écrase. La gosse qui se tue. Le combat final et son retour au rez de chaussée. Mais à ça, on devait ajouter “quelques nuances absurdes” comme les mauvais rêves savent si bien le faire. Curtis présent avec Fox en deux versions par exemple, l’un en train de se faire déchiqueter et son résultat sous forme de mort-vivant qui l’accable, qui le poursuit et qui l’invective jusqu’à son corps revenu étrangement à sa place. Strange était présent régulièrement aussi et là, on ajoutait la mort de Vaughn et parfois aussi Dorian au tableau. Curtis n’était plus le seul corps qu’il trouvait au rez de chaussée alors même qu'une fois sur deux, comme le malheureux, on les avait torturés et assassinés à ses côtés. Parfois, Hyde Park et Stuart se surperposaient à ça. Alors les hurlements de terreur et de douleur, les morts et les reproches étaient des dizaines au milieu des flammes. Et parfois, le Golgoth quand il l’étranglait était soudain remplacé par un détraqueur et son horrible face jusqu’au baiser maudit.

D’abord au début de l’été, il n’y avait eu que “la maison du mort” dans son exact déroulement, ce qui était déjà assez éprouvant comme ça. Mais la rencontre de Fox avec les détraqueurs milieu juillet avait provoqué un flux d’images du passé, plus morbides les unes que les autres et à présent, tout se mélangeait. C’était comme une boîte de Pandore qu’on avait ouvert dans sa mémoire. Et Dray avait eu beau dire à Vaughn dans le passé que les cauchemars étaient inoffensifs, avec le stress et l’angoisse quotidiens du jour, s’ajoutaient leur martèlement la nuit et Fox ne trouvait plus d’échappatoire. C’était un cercle vicieux, moins il arrivait à se reposer et plus ses rêves étaient puissants. La pression ne cessait de s’accumuler et là, ce jour-là, les plombs avaient tout bonnement sauté. L’héroïne avait pris des apparences d’ultime délivrance.

Et cette nuit-là, chez Djenesa, ne fut pas différente des autres. Sauf que… Dray, puisqu’il s’était endormi sans s’en rendre compte, n’avait pas pu invoquer de zone insonorisée et Vaughn n’était pas là. Son meilleur ami ne l’empêchait plus de faire des cauchemars mais au moins, étrangement, le peintre était un repère stable et quand ils dormaient ensemble, ces derniers restaient relativement silencieux. Heureusement pour le sommeil de Xander. Malheureusement pour celui de Parker. Mais finalement pour Dray, ce fut le sésame.  

Alors que le Golgoth le torturait et que lui ne pouvait que hurler de douleur, il se sentit soudain happé dans l’obscurité complète. Tout disparut. La maison, les mangemorts, Curtis… Ne restait que la douleur intenable dans ses muscles et ses pleurs incontrôlables, comme ce soir-là, et comme régulièrement. Et puis en écho lointain, soudain, il perçut une voix féminine qui l’appelait, une voix angoissée. Et vint la sensation d’être touché et même secoué et la voix se fit de plus plus forte jusqu’à ce que la réalité reprenne place. Fox se réveilla en sursaut et en nage et se redressa d’un bond, paniqué, sans plus aucun repère du où et du quand. Mais il ne put que s’écrouler à nouveau, vaincu par la douleur des crampes et de la tétanie qui voulaient lui couper le souffle. Toutefois, les derniers brouillards du sommeil et du cauchemar finirent par se dissiper quand il sentit un linge frais sur son front brûlant. Il était…dans un canapé ? Et cette voix ? Djenesa ? La mémoire lui revint en distinguant enfin ce que son esprit encore dans les ténèbres, là-bas, refusait d’analyser, encore surchargé d’hormones. Son amie, en tee-shirt et jogging, était penchée sur lui.

“Dé… Désolé.”

Pardon de t’avoir réveillé. Parce qu’il avait dû la réveiller, oui. La jeune femme s’était changée, elle avait les cheveux décoiffés par l’oreiller, le salon était plongé dans le noir, lui avait la gorge broyée dans un étau, était pieds-nus et il y avait une couette par terre qui devait être sur lui à l’origine. Fox aurait voulu dire plus mais il ne parvint qu’à croasser ce mot, ses difficultés pouvant se comprendre…


[6 1/3, je progresse, t’as vu ? *se marre*]
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MessageSujet: Re: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeMar 26 Mar 2019 - 20:07

[Je suis trop impressionnée méga of the dead ! XD Par contre, je suis désolée, le temps passe trop vite ^^’’’]


Non, Natalia n’était encore jamais arrivée à une telle extrémité. Les cambrioleurs de son niveau ne tuaient pas, c’était une règle de conduite. Déjà parce que s’ils se faisaient prendre, ça coûtait moins cher. Ensuite par élégance de la profession. Mais elle était réaliste. Elle avait un mode de vie très particulier qui n’était pas exempt de dangers. Et ils étaient dans un pays en guerre. Jusque là, elle avait eu de la chance.

Quand Austen railla les fameuses leçons que Natalia lui avait données à une autre époque, elle préféra ne pas relancer. Ça, non, elle n’était pas heureuse de cette taquinerie. Son savoir, servir à de vulgaires fins de business, tsss… Le monde de Seth, la jeune femme l'exécrait. Au final, ce n’était que de l’arnaque et de la manipulation de grande ampleur pour engendrer toujours plus d’argent par millions et milliards, sans se soucier de ceux qui étaient en bas de la pyramide. Et c’était elle l’escroc… Enfin, passons. Seth savait parfaitement ce qu’elle en pensait.

Mais Austen ne s’arrêta pas à cela. Bien sûr qu’elle tirait la tronche, elle devait s’asseoir sur une belle fortune. Mais elle préférait quand même filer de là sans difficultés. Elle se doutait bien par contre que Seth aurait préféré que ça se complique encore, vu son comportement depuis son entrée au club ! Il pouvait se montrer tellement…. Raaah ! Encore une fois, elle laissa le point définitif à son camarade.

Et non, elle n’espérait pas le moindre aveu, en tout cas pour le moment. Ils se connaissaient bien. Et Seth était d’une telle humeur…  

La Russe se mit à rire quand son ami prit au sérieux sa petite plaisanterie au sujet de l’alcool et montra aussi ouvertement son agacement. Cette fois, c’était elle qui gagnait le point.  

“J’ai et du bon !”

Mais blague à part, elle se rendait compte, oui, que Seth se plongeait un peu trop dans la boisson. Et quand il le faisait, c’était qu’il voulait s’anesthésier, faire taire ses sentiments. C’était une donnée supplémentaire à ajouter au problème…

Ils se reprirent le bec mais cette fois, le brun s’excusa. Bon, on repasserait pour la forme mais la voleuse n’était pas difficile. Elle comprit ce qu’il y avait à comprendre, elle ne faisait pas dans le chichi.

“Oublions ça.” répondit donc Natalia en reprenant sa marche.

Et sur leur chemin, la Russe chercha à comprendre comment son camarade de soirée avait repris sa liberté pour quelques jours. Elle cacha sa consternation quand Austen fanfaronna. Le mec s’était incarté pour prendre la tangente et ça le faisait marrer… Normal… Et en plus, il osait se moquer d’elle ! Le compliment était peut-être sincère mais elle ne perçut que son attitude. Elle avait l’œil exercé  

“Me cherche pas trop !"  râla donc la jeune femme. Mais cela ne dura pas longtemps. La petite ironie qu’il lui exposa et qui semblait l’amuser autant que le reste relança sa consternation. Elle grimaça… La vie avait un sens de l’humour vraiment merdique.

“Et ça te fait rire…”

Que vouliez-vous qu’elle réponde à cela ? Son père n’en ratait jamais une, même involontairement, tiens ! Elle préféra demander des précisions plutôt que s’arrêter là-dessus.. Mais la réponse du brun ne la satisfit pas.

“Soit. Mais j’imagine que tu as l’intention de réitérer tes escapades, tu ne vas pas te faire faire une prise de sang et déranger tes labos à chaque fois pour t’appliquer le sort comme le lever, tu as dû ensorceler un objet pour t’incarter à la demande.”

Quand ils abordèrent ce que Seth avait raconté pour prendre la fille de l’air, le brun finit par tacler la Russe à son tour. Bon, c’est sûr que dit comme ça… Elle, donner des leçons sur la franchise, c’était comme un millionnaire donner des leçons de mendicité. Vachement crédible. Mais tout de même… Ce fut à son tour de se la jouer moqueuse, fière d’elle. Natalia sut qu’elle avait touché juste quand son camarade voulut renchérir sur la notion d’omission et son besoin de solitude. Décidément, Vaughn Xander était un multipass… Mais vu la mine sombre et l’amertume de son ami, la cambrioleuse jugea qu’il valait mieux laisser cet aspect-là du problème de côté.

Et puis au restaurant, il y eut la bagarre. La voleuse donnait raison à son ami dans le principe mais bon quand même on n’en prenait pas aux mères et aux sœurs… Et il valait mieux mettre le holà s’ils ne voulaient pas finir la nuit chez les flics pour voies de faits…

Sur le chemin de son appart, à nouveau, le brun s’emporta à cause des tentatives de la blonde de le raisonner. Accusations étaient un bien grand mot. Par contre, Seth repartait au quart de tour, et là, vu sa tête, elle avait intérêt à rien n’ajouter si elle voulait qu’il arrive chez elle…. Elle leva les mains en signe de reddition.

“Ok, on n’en parle plus.”

Parfois, il fallait savoir reculer pour avancer. Et franchement, elle préférait le voir chez elle pour exactement les mêmes raisons qui avaient persuadé son ami de venir.

La conversion continua chez la cambrioleuse.

Djenesa sourit tristement quand Dray lui confirma ce qu’elle craignait au sujet de son histoire avec Dean. Il était bien sévère avec lui-même… Et il avait beau dire qu’il ne regrettait pas cette liaison, il en parlait trop durement pour qu’elle en soit persuadée. Et cette dureté, elle la retrouva dans ce qui suivit. Et malheureusement, elle ne put pas le contredire… Dray Fox, à l’époque, était bien différent d’un point de vue moral, elle ne pouvait pas dire le contraire… C’était d’ailleurs pour cela que Dean avait réussi aussi bien à faire son trou dans son entourage… Mais elle se fichait bien du passé de cet enfoiré ! Cela ne justifiait pas qu’il ait entraîné Fox dans ses ténèbres. Mais comme les deux amis ne seraient jamais d’accord sur ce point, Djen préféra laisser Dray conclure. Elle se contenta d’un “Hum.” guère convaincu…

Ils reparlèrent de l’état moral de Dray et cette fois, l’Américain l’envoya proprement bouler quand elle s’agaça de le trouver trop désinvolte par rapport au sujet. Ok. Elle soupira. Justement, pleurer sur l’épaule de quelqu’un ça lui ferait du bien, au lieu de chercher des ennuis dans des rixes et de vouloir replonger dans l’héroïne après plus de dix ans d’abstinence ! Espèce de bourrique ! Mais elle avait compris à présent qu’elle fallait qu’elle y aille doucement cette nuit avec lui. Il était tellement sur les nerfs qu’un mot de trop et elle le verrait fuir en deux temps trois mouvements… Mais elle lui dit quand même ce qu’elle avait compris de la situation pour lui faire comprendre qu’elle ne le lâcherait pas comme ça.

Elle lança le sujet sur tout autre chose pour dire de lâcher du lest.

“J’avoue celui-là il passe en haut de ma liste. J’ai jamais eu plus allumé.” dit-elle en souriant, plutôt contente de voir son camarade rire un peu de son histoire. Après tout, quelque chose lui disait que rire, ça ne devait pas lui arriver souvent en ce moment.  

Mais ce fut à son tour de rire, et elle le fit de bon cœur quand Dray réagit aussi nettement à sa petite insinuation. Le poisson était ferré.

“Oh tu as très bien entendu !” réussit-elle à dire entre deux éclats de rire.

C’était exactement pour l’embêter et que ça le travaille qu’elle lui dit un truc pareil et elle le lui affirma sans détour en plus.

“Et je te défie de trouver qui !”

Par contre, est-ce que c’était vrai, ça…

Et les sujets pas prise de tête s’enchaînèrent jusqu'à ce que...

“Oh je t’ai pas dit ! Hawk et moi avons mis la main sur des danseuses de Dega ! Un connaisseur comme toi doit savoir que c’est quasiment impossible à trouver.” finit par dire la jeune femme de la cuisine américaine où elle était allée faire du café. Mais du salon, aucune réponse. Quoi ? Une découverte comme celle-là ne troublait même pas qu’un peu son invité ?

“Dray ?”

Toujours pas de réponse. La voleuse s’approcha et découvrit que Fox ne répondait pas, non parce qu’il se fichait de ce qu’elle disait, mais tout bêtement parce qu’il s’était endormi. Le sourire et la bonne humeur qu’elle affichait depuis une partie de la soirée, pour repousser la morosité palpable s’évanouirent aussitôt. Bien…

Djen alla chercher une couette et un oreiller dans sa chambre et en quelques minutes, Dray était confortablement installé dans son canapé. Mais la brune profita avant de la situation pour assurer un filet de sûreté malgré lui à son ami. Mais on y reviendrait un peu plus tard...

Djenesa alla alors seulement se coucher. La jeune femme était un oiseau de nuit, 2h45 étaient habituels pour elle et elle s’endormait sans mal, la bienheureuse. Elle ne s’était pas attendue à être réveillée aussi vite. Dans son rêve, elle était dans un long couloir plongé dans l’obscurité. Seule la lune éclairait à droite une succession de gigantesques vitraux d’église aux scènes d’enfer, de paradis ou bibliques qui la dépassaient de plusieurs mètres. Elle n’avait pas peur, elle était juste curieuse. Dans ce couloir, quelqu’un pleurait et gémissait. Et au bout du couloir, l’ombre blanche et translucide d’une femme brune portait son linceul comme elle porterait une robe et tendait la main vers elle. Etait-ce elle qui pleurait ainsi ? Non… Ces longs gémissements et ces sanglots appartenaient à un homme. Pleurait-on pour cette femme ? Plus probable… La dormeuse se décida à suivre le fantôme dans ce couloir infini alors que résonnaient toujours les pleurs et les gémissements de détresse. Peut-être trouverait-elle la personne qui en était à l’origine ? Mais plus elle marchait dans ce couloir, plus une angoisse irrépressible montait devant tant de souffrance. Là, le cerveau comprit et sonna l’alerte. Le rêve cessa, la jeune femme se réveilla. Malgré l’obscurité de sa chambre, la réalité reprit immédiatement ses droits. Il ne fallut qu’une poignée de secondes à Djenesa pour être opérationnelle et se rendre compte que les gémissements et les sanglots ne venaient pas de son rêve mais de son salon et qu’ils l’avaient alimenté. Dray ! Elle se redressa immédiatement, se saisit de sa baguette sous son oreiller et sortit en quatrième vitesse de son lit et de sa chambre.

La couette et l’oreiller avaient été balayés au sol. Son ami était complètement recroquevillé sur lui-même et se tordait de douleur, en larmes. Ses sanglots la glacèrent. C’était autant de la peur et du désespoir que de la douleur pure. Mais ce qui perturba encore davantage Parker fut de constater que Fox dormait tout bonnement ! Elle essaya de le réveiller en le secouant et en l’appelant plusieurs fois, sans succès. Dray était plongé tellement profondément dans le sommeil et son cauchemar que rien n’y fit. Par contre, Djenesa se rendit compte de quelque chose d’un peu plus inquiétant en tentant la manœuvre. Le corps de l’Américain était trop chaud et crispé à un point tel que pour en avoir le cœur net, elle tenta de lui déplier un bras et desserrer le poing et rencontra une résistance effrayante. Fox souffrait d’une crise de tétanie, ce qui expliquait sa douleur. Ou était-ce ce à quoi il rêvait qui déclenchait la crise ? Qui était venu le premier ?

Et cela la renvoya brutalement quinze ans en arrière. Elle connaissait bien le phénomène pour l’avoir déjà observé chez son ami par le passé… Crises de manque ou séquelles des mois où il se droguait avec tout et n’importe quoi… Il devait vraiment être physiquement au bout du rouleau…

“Bon sang, mais à quoi tu rêves pour que ça te mette dans un état pareil ?” se demanda avec inquiétude la voleuse qui n’arrivait décidément pas à réveiller son ami. Elle devait arrêter le cauchemar pour y parvenir. Et Fox avait besoin d’aide de toute façon. Il fallait qu’elle sache une bonne fois pour toutes ce qui lui arrivait ! Elle était certaine que tout était lié. L’apparition de Seth, l’héro, le comportement auto-destructeur de Dray, ce cauchemar si violent… Elle décida d’aller chercher elle-même la réponse.

“Legilimens !”

Avec un peu de chance, l’intrusion dans l’esprit de Dray mettrait fin au cauchemar. Sans défenses, ce dernier n’opposa aucune résistance au sortilège. Et Parker découvrit immédiatement ce qu’elle cherchait, et même plus. Elle n’eut pas simplement une vue sur le cauchemar de son ami. Tout était en accès direct. Comme un diable qui sort de sa boîte au moindre sursaut du ressort. Aucun labyrinthe de pensées à fouiller. Autant de preuves que ces souvenirs étaient trop récurrents. Elle ressortit de l’examen, blanche comme un linge. En à peine trois minutes, sans qu’elle ne parvienne à maîtriser le flot d’informations, elle avait accédé à toute l’histoire, détraqueurs compris. Elle comprenait beaucoup mieux à présent…

Et son plan marcha. A partir de là, il ne fallut que quelques secousses pour atteindre le dormeur. Dray se redressa brutalement, complètement affolé. Mais la douleur se rappela à son bon souvenir. Djenesa eut juste le temps de retenir un peu sa chute et s’assurer qu’il tombe dans le canapé. D’un coup de baguette, elle attira de la cuisine un torchon qu’un nouveau sort humidifia et elle le passa doucement sur le front et les tempes de son ami, en espérant que la fraîcheur lui fasse du bien et l’aide à émerger pour de bon de ses ténèbres cauchemardesques.

Et l’unique mot qui lui vint fut… Des excuses. Désespérément foxien…

“Chuuuut. Tu n’as aucune excuse à me donner, idiot.” dit-elle avec tendresse, sans cesser d’appliquer le torchon et essuyer ses larmes. Elle fit vite le point. Décidément, Dray était trop chaud… Elle prit sa température d’un sortilège. 38.3… Et il avait bien du mal à respirer… La douleur et la tétanie devaient aussi atteindre ses muscles intercostaux...

“Je sais que ça fait mal mais ne bloque pas ta respiration. Essaie de souffler doucement et de faire de courtes inspirations. Je vais chercher de quoi te soulager. Interdiction de bouger, je reviens tout de suite !” finit-elle par dire en laissant le torchon sur son front après l’avoir humidifié encore. Cette petite précision n’était pas utile normalement, Fox était incapable de se lever dans son état. Mais avec une tête de mule d’âne bâté comme lui, on n’était jamais sûr de rien....

Dans sa salle de bain, Djenesa, en professionnelle prévoyante, avait un stock de potions qui aurait rendu jalouse n’importe quelle infirmerie. Toutes venaient du marché noir ou de sa propre fabrication, cela allait sans dire. On ne savait jamais comment un job ou une aventure allait finir. Et elle avait glané quelques connaissances en médicomagie de premiers secours avec le temps. Il fallait toujours prévoir l’imprévisible… Elle revint rapidement avec plusieurs fioles et celles qu’avaient donnée le médicomage, jusque là dénigrées par son patient. Elle posa le tout sur la table basse avant d’aller chercher une carafe d’eau et quatre verres. En peu de temps, trois potions avaient leur verre, le quatrième fut rempli d’eau. L’ambiance était sombre. Cela ne lui rappelait pas de bons souvenirs, et ils devaient être encore moins bons à Dray. Il était arrivé que l’escroc trouve son ami en pleine crise de manque ou en plein sevrage. Les symptômes n’étaient pas forcément les mêmes, les gestes, si…

“Laisse-moi t’aider d’accord ? On parlera après. Tu vas avoir la tête qui tourne un peu, mais je suis là, tu es en sécurité.”

Parker aida alors Fox à se redresser et le cala contre elle pour lui faire respirer une fiole sans lui demander son avis pour effacer immédiatement la douleur et une autre, suroxygénée en quelque sorte, qu’elle laissa longtemps sous son nez, afin de faciliter sa respiration que la tétanie rendait douloureuse et très saccadée. Et tranquillement, elle lui souffla des conseils de respiration. Au bout de plusieurs minutes, Dray avait repris une respiration à peu près normale. Djenesa soupira de soulagement. Bon, l’urgent était réglé, on allait pouvoir passer au traitement de fond.

“Ces potions, normalement, tu me dirais non. De quoi calmer la fièvre. Analgésiques que t’a filés le doc si les antalgiques ne suffisaient pas. Onguent décontractant hautement dosé, celui qu’il t’a prescrit auquel j’ai ajouté une dose. Potion de sommeil sans rêves. Mais avec ce que tu caches dans la poche intérieure de ta veste, je crois que cette nuit, on n’en est plus là. Si tu es prêt à t’injecter ce poison…”

Tu ne peux pas logiquement dire non à ce que je te propose...

“Tu es au bout du rouleau. Là, ce n’est plus seulement de réconfort humain ou chimique dont tu as besoin, c’est de soins. C’est ok ?” expliqua-t-elle avec beaucoup de douceur et bon sens, comme une grande sœur ferait la leçon à son petit frère.

L’accord passé, elle aida d’abord Fox à boire l’eau à petites gorgées, puis la potion analgésique et celle pour faire baisser la fièvre nerveuse. Enfin, elle utilisa la magie pour le déshabiller de ses vêtements trempés de sueur pour ne laisser que son boxer et laver son ami purement et simplement.

“Je vais te masser, d’accord ? On va essayer de faire passer la tétanie.”

Elle ne rencontra aucune résistance de son patient improvisé. C’était l’accord mais quand même... Dray ne supportait normalement pas qu’on le touche et faisait toujours preuve de désinvolture narquoise, d’ironie acerbe ou de colère dans ce genre de situations. Mais là… Rien. Il n’essayait même pas de lutter. Il restait silencieux, le regard malheureux. Il… rendait les armes. Il abandonnait. Ou du moins, c’était la désagréable impression que Djenesa avait. Et Fox qui lâchait prise, ce n’était pas mieux que Fox qui s’entêtait trop. En une nuit, il était passé d’un extrême à l’autre.

Ils avaient commencé avec Fox sur le dos et quand il s’était senti suffisamment bien, Djen l’avait aidé à se mettre sur le ventre. Il fallut un bon moment pour que Dray retrouve sa pleine mobilité. A présent, il était cinq heures et demi. Et entre l’onguent, le massage, les analgésiques et la potion suroxygénée, Fox devait être assommé. La tête en appui sur ses bras, penchée sur le côté face au dossier du canapé, il semblait somnoler. Mais il défia cette hypothèse que Djenesa vérifia de visu en cherchant à voir s’il avait les yeux clos alors qu’elle refermait la fiole d’onguent et se nettoyait les mains d’un coup de baguette. Elle se rendit compte qu’en fait, Dray luttait contre l’endormissement qui voulait le reprendre. Et dans ses yeux qui fixaient à s’en faire mal le sofa, elle lut la même chose qu’elle avait perçu à son réveil au delà de la douleur physique. La peur et une souffrance qui elle, était morale.

“Il faut que tu dormes…” murmura-t-elle, une main affectueuse dans ses cheveux. Plus facile à dire qu’à faire, elle s’en rendait compte avec ce qu’elle avait vu... Elle prit le dernier verre encore plein pour le lui montrer. Il n’y eut pas plus de combat sur ce point que sur le reste… Dray s’écroula de sommeil dans ses bras. Djenesa, après un baiser sur le front, le transféra dans son propre lit.

Et le New-Yorkais dormit. Il ne se réveilla que deux fois en quatorze heures pour se rendre aux toilettes, complètement au radar. Djen ignorait s’il s’en souvenait ou non, tellement il avait eu l’air d’un somnambule. Elle dut le guider vers la salle d’eau. Et il repartit pour un nouveau cycle de douze heures, lui, coupé une fois. Et à chaque fois, la cambrioleuse veillait...

Il fut donc un peu plus de sept heures du matin, le 13 septembre quand Dray Fox revint dans le monde des vivants.

Djenesa, assise au comptoir de la cuisine, à lire le journal, eut un grand sourire en le voyant sortir de la chambre.

“Coucou mon chou !” dit-elle avec douceur, supposant un mal de crâne salé après avoir passé 26 heures à dormir. Sans compter les quelques courbatures… Elle lui tendit la fiole dont les vapeurs calmaient les douleurs.

“Respire ça, ça ira mieux. Et pendant ce temps, je te sers un énorme mug de café, je viens de le faire. Tiens, une assiette de gaufres et ce que tu veux pour mettre dessus. Comme à la maison ! On mange et on ne discute pas !”

Elle avait en effet désigné un plat plein de gaufres, qui avait déjà subi visiblement une attaque de morfale, et tout un assortiment de pots et de sirop. La maison, c’était leur pays, bien sûr. Et à nouveau, cette voix de grande soeur…

Allaient-ils parler de ce qui s’était passé ? Bien sûr. Mais pas tout de suite. On allait laisser Dray émerger tranquille...

Ce ne fut qu’une bonne heure après et quelques mugs de café dans le salon, que Djenesa, assise à côté de Dray dans le canapé hasarda à amener le sujet délicat. Et pour une fois, elle se montra parfaitement franche. Là, elle n’avait pas réellement le choix.

“Dray… Ça ne va pas te plaire mais je prends le risque. Il faut qu’on parle sérieusement et j’ai un aveu à te faire… Pendant ton cauchemar… Je n’arrivais pas à te réveiller et tu souffrais tellement, tu étais complètement piégé dedans. J’ai eu l’idée d’utiliser le sort du Legilimens pour essayer de te tirer de ton rêve, je me suis dit que l’intrusion pouvait tout arrêter… Ça a marché mais ça a été brutal… Plus que ton cauchemar, ton esprit m’a tout balancé en bloc… Je suis désolée.”

En somme, je sais tout.

“C’est en train de te bouffer. Hier, tu étais réellement malade, physiquement.” murmura-t-elle. Ce n’était pas un reproche, pas une tentative de conseil, pas une main tendue. C’était un constat. Au sens le plus strict du terme. Et il y avait le reste… Ce que dit la voleuse d’ailleurs, sans détour et d’une voix où perlait toute l’inquiétude qu’elle pouvait ressentir.

“Et tout aussi grave, mentalement et moralement, tu es en train de couler à pic. Tu étais tellement épuisé que tu as dormi 26 heures quasiment d’affilé ! Sans sommeil, on perd sa faculté de jugement. On vire cinglé même… Et sincèrement, avec ce que j’ai vu, durant cette soirée et cette nuit, je pense que tu es capable de te foutre en l’air au bout du compte, inconsciemment ou pire, volontairement !, si les choses continuent à cette cadence. Et, tout aussi sincèrement, j’ai eu le temps de me demander durant ces 26 heures, si l’héro, ce n’était pas pour ça. Et ça, je ne le veux pas. J’ai pleuré en voyant ton nom dans le journal il y a cinq ans, ne m’inflige pas ça une nouvelle fois. Et j’en connais un autre pour qui ce sera encore plus terrible. Il te suivra. Tu me l’as dit toi-même.”

Le cas de Xander, sur ce point précis, ils en avaient parlé quand Dray lui avait demandé de le mettre en relation avec des professionnels capables d’assurer sa protection. Lui, demander des gardes du corps ? C’était quoi, ce délire ? La quatrième dimension ? Elle l’avait interrogé. Il avait répondu à demi-mot. Elle avait déduit le reste.

“Mettons les émotions de côté. Voilà les faits. Et j’en appelle à ta logique. Si on inversait les rôles, si c’était toi qui étais tombé sur moi dans ta situation, tu me dirais quoi ?”

Là, c’était la bonne question. Et Djenesa espérait vraiment que Dray en arrive à la bonne réponse… Mais elle craignait surtout que la seule qu’elle obtint fut la colère…


[Bon là, je ne te taquinerai pas sur la longueur. XD J’espère avoir bien retranscrit ce dont on a parlé ! ^^]
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Dray Fox
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Quand le passé vous rattrape...  TrophyBar

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MessageSujet: Re: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeLun 1 Avr 2019 - 20:02

[T’emmerde pas, j’ai l’habitude Razz

Et mdr, en effet, là, tu n’es plus crédible, très chère ! XD Interdiction de m’embêter à partir de maintenant Quand le passé vous rattrape...  73164 ]


Natalia avait eu de la chance, oui. Les choses pouvaient basculer en un claquement de doigts et vous pousser au pire des actes… Austen espérait sincèrement que l’étoile de la voleuse continuerait de briller. La sienne… Avait-elle un jour seulement existé ?

Seth n’était pas seulement d’une humeur désastreuse. Si c’était simplement cela, ce serait simple. Mais la Russe se rendrait vite compte que le mal était bien plus profond. Elle était une des personnes qui le connaissaient le mieux. Plus que cela, elle était celle qui connaissait le mieux ses ténèbres. Depuis qu’elle l’avait reconnu dans la boîte, elle n’avait pas grand mal à voir les signes qui la mettaient sur la piste.

Et ils étaient nombreux, mine de rien. Comme l’alcool. Encore une fois, Natalia comprit ce qu’il y avait à comprendre. Mais elle préféra en rire. Ce n’était pas une mauvaise stratégie. Au moins Seth ne fuyait pas comme ça.

“J’espère que t’as plusieurs bouteilles.” répliqua le brun d’une voix un peu trop sentencieuse, preuve que lui ne plaisantait pas.

Passé les excuses qui n’y ressemblaient pas mais qui en étaient bel et bien, ils parlèrent de la méthode que Seth avait employé pour s’incarter. Bien sûr qu’il se moquait. Faire le con quand il n’était pas en odeur de sainteté, c’était ce qu’il faisait peut-être de mieux. Et parfois, ses interlocuteurs en faisaient un peu les frais. Mais ce n’était pas bien méchant.

“Roh ce que t’es susceptible !” osa-t-il rétorquer avec un grand sourire, fier de sa connerie.

Le problème, c’était qu’il ne savait pas toujours s’arrêter quand il était en mode petit con…

Mais on confirmait, the life is a bitch. Et son sens de l’humour était discutable.

“Vaut mieux en rire qu’en pleurer.”

Le ton de Seth était d’une désinvolture ! Il était même trop indifférent, ce qui était, vu le sujet, remarquable, puisqu’on parlait de son père et d’une des plus grosses crasses qu’il lui avait faites. Mais après tout, était-ce étonnant après tout ce qu’il avait déjà montré depuis le début de la soirée ?

Mais la blonde ne sembla pas se satisfaire de la réponse de son ami quant à la méthode qu’il avait employé pour s’incarter. Il tira de son col une chaîne en platine cachée sous sa chemise et au bout de la chaîne pendaient deux plaques militaires du même métal, gravées, avec la combinaison de la magie et de son sang, d’une longue série de dates par ordre chronologique. Ces dates ? Sérieusement, il ne valait pas mieux s’y pencher… De toute façon, réunies, elles n’auraient pas dit grand chose, même aux amis les plus proches d’Austen. Certains en connaissaient pourtant quelques unes, certains en connaissaient d’autres : 09/12/84, 09/05/92, 09/09/92, 07/07/01, 07/08/01, 08/03/03, 09/13/03, 01/16/04, 09/02/05, 03/26/06, 04/28/06 11/01/10, 06/21/11, 08/17/13, 06/16/18, 07/13/18.

Ou pour ceux qui étaient vraiment curieux et voulaient avoir le fin mot de l'histoire, sa naissance même, la mort et l'enterrement de sa mère, le jour où son père l'avait retiré du conservatoire et brûlé ses carnets de musique, le lendemain où il avait dû emmener sa belle-mère aux urgences et touché sa première seringue d'héroïne, son overdose, le jour où il avait repris conscience dans un squat immonde dans l'urine, le vomi et le sperme, trois jours de sa mémoire effacés à cause de la défonce et l'alcool, la “mort” de son père, le massacre de Stuart, sa rupture avec Karine, la date du jugement du procès de Stuart, le retour de son père, son accident de moto, Hyde Park, “l'incident de la maison”, l'attaque des détraqueurs.

En somme, toutes les dates symboles de la ruine de sa vie et de celle d’autres à cause de lui, de ses échecs, il les portait à présent comme un talisman qui lui permettait de prendre tous les risques sans filet de sécurité. Oui, on était d'accord, il était complètement névrosé…

Il ne répondit rien d'autre à sa compagne d'un soir. D'où elle était, elle ne pouvait que distinguer les gravures sans clairement les identifier et de toute façon, Seth remit très vite les plaques sous sa chemise.

Ce n'était pas plus mal que la sorcière comprenne exactement l'importance de Vaughn Xander, cela pourrait un jour se révéler très utile… Mais en effet, il valait mieux ne pas épiloguer sur le sujet.

Quand Natalia finit par abandonner l'idée de l'emmerder au sujet de son comportement de la soirée, Seth s'adoucit un peu et revint sur son idée de la planter là. Après tout, la partie de lui la plus sensée même si elle n'avait pas la main ce soir-là était encore suffisamment forte pour se faire entendre et souffler qu'il fallait qu'il la suive.

Chez la cambrioleuse, dans le fil de la conversation, les deux amis parlèrent du troisième personnage de la soirée. La réaction plus que mitigée de Djenesa à la conclusion de Dray sur sa relation avec Gavin Dean le fit sourire. Ca, oui, il comprit que le brune ne serait jamais d'accord. Il ne retenta pas de la convaincre. A quoi bon ?

Au sujet de sa dépression (parce que c'était ça, hein, Fox en était parfaitement conscient), l'Américain jugeait qu'il avait assez pleuré sur l'épaule de Vaughn en l'occurrence, justement et que ses proches ne méritaient pas qu'ils supportent ce qu'il considérait comme de  ridicules états d'âme. S'il était trop faible pour surmonter ce qui s'était passé, c'était son problème, pas le leur. Et si il se censurait aussi sévèrement auprès du mec de sa vie, ce n'était pas pour craquer devant Parker, même si c'était une de ses amies les plus proches et qu'elle connaissait sa part de ténèbres.

A partir de là, la conversation se fit plus légère. Dray prit toutefois au sérieux cette question d'informateur parce qu'il en savait son amie parfaitement capable et parce qu'il était un brin parano. Ce n'était pas très grave, certes, mais quand même… Si Djen y parvenait pour le fun et ses activités, d'autres pouvaient aussi et pour des raisons moins honorables… Et pendant qu'elle se marrait à gorge déployée, lui la regardait faire sombrement, déjà en train de cogiter sur une future enquête sur ses employés et une stratégie sur le long terme pour se prémunir de futures fuites...

La mention du Dega inédit et surtout le fait que Hawk (l'homme qui avait fait tourner chèvre la jeune femme, l'avait poussé à cambrioler Poudlard, avait volé Vaughn et l'avait copié, rien de moins) et son amie travaillaient à présent régulièrement ensemble auraient en effet grandement intéressé Fox si celui-ci avait entendu.

La petite entourloupe de Djenesa qu'elle installa pendant qu'il dormait, Fox n'allait sans doute pas l’apprécier du tout s'il s'en rendait compte mais la fin justifiait les moyens. Si un jour, il la découvrirait, il comprendrait son amie. Et d'autres la remercieraient pour cette précaution s'ils en avaient connaissance…

Mais le sommeil l'avait rattrapé. Et la descente aux enfers aussi…

Ce que Dray subissait toutes les nuits (ou même la journée quand la fatigue le rattrapait et qu’il cédait à l’endormissement) était de semaine en semaine de plus en plus intense. Comme il ne parvenait pas à se reposer, qu'il manquait cruellement de sommeil, il n’avait plus la force de résister aux cauchemars. Pire, il avait perdu sa faculté à contrôler ses rêves. Cette technique des rêves lucides, il l’avait apprise enfant. Son hyperactivité avait obligé ses parents à consulter les pédopsychiatres, moldus d’abord, sorciers ensuite. Même après le décès de Sophia, Simon avait heureusement eu conscience que cela était nécessaire au moins jusqu’à ce que son fils entre dans l’adolescence et refuse catégoriquement (et violemment) de continuer à voir ces “sales fouineurs”. Et donc, ils avaient appris à leur jeune patient, victime de cauchemars réguliers (pour ne pas dire journaliers), à se rendre compte qu’il rêvait et à disposer de son libre-arbitre pour s’en tirer ou en changer la direction. Or, ces dernières années, depuis Hyde Park pour être précis, Dray s’était rendu compte qu’il perdait peu à peu cette faculté, même s’il résistait encore à leur influence. Et ces dernières semaines, les cauchemars avaient pris complètement le dessus et étaient de plus en plus dévorants au point que Dray soit incapable de les différencier émotionnellement de la réalité et comme ce soir-là, soit incapable de s’en dépêtrer tant qu’il n’en avait pas atteint le point final. Djenesa en eut une parfaite démonstration. Cette nuit-là, Fox avait vraiment atteint le fond. Il faisait en effet des crises de tétanie depuis qu’il se droguait. Manque, mélange de drogues diverses et coupées avec des saloperies, sevrages douloureux, les causes étaient multiples. Seules réelles séquelles physiques de cette période, elles avaient fini par s’espacer avec l’abstinence pour ne plus apparaître que quand il avait accumulé bien trop de fatigue. Mais là, était-ce ça ou plus simplement des crises de spasmophilie dues à l’angoisse qu’il ne contrôlait pas plus que le reste ? Un subtil mélange des deux ? Allez savoir… Et à savoir ce qui était venu le premier entre le cauchemar et la crise, c’était tout aussi impossible à définir. Mais une chose était certaine, c’est que l’un alimentait l’autre.

Heureusement, Djenesa trouva la solution pour réveiller le dormeur. Sûr que cela avait dû lui faire un choc de recevoir tout ce qui hantait Dray d’un seul coup, sans aucun filtre, sans rien contrôler. Mais bon, à se montrer curieuse, parfois, on finissait par en payer le prix. Elle qui voulait savoir… Bienvenue dans l’univers de Fox.

Le réveil fut donc brutal et douloureux. Mais cela valait mieux que de rester “là-bas”... La fraîcheur du torchon aida l’Américain à s’accrocher à la réalité, à lui remettre un peu les idées en place. Et cela le soulagea un peu oui, parce que putain, il avait chaud ! Une fois sûr de ce qui l’entourait, Dray trouva de bon ton de s’excuser vu le bordel qu’il avait causé et le sommeil ruiné de son amie. C’était en effet sans surprise. Mais en même temps, qui ne s’excuserait pas d’avoir brutalement réveillé son voisin de chambrée avec ses conneries ?

“Idiot... accordé... Mais alors... thanks...” répliqua-t-il en quelques syllabes hachées et dans un pauvre sourire quand Djenesa lui signifia que sa démarche était inutile. Mais son expression ne convainquait personne car il serrait les dents dans la manoeuvre. Tain, il l’avouait, là il douillait sévère… Bon, positivons, ça ne pourrait jamais rivaliser avec ce qui s’était passé “là-bas” ou même Hyde Park mais quand même, bordel… Et en effet le diagnostic de la brune était exact, chaque inspiration lui donnait l’impression d’avoir quelques côtes pétées…

Et là, garanti (et ça devait faire des vacances), Fox ne fit pas le malin et écouta sagement les conseils de Parker…  Par contre, son interdiction de bouger… Si cela ne lui coûtait pas autant de parler, il aurait peut-être ironisé là-dessus. Genre, où veux-tu que j’aille en rampant ? Tête de mule d’âne bâté, d’accord, masochiste, non.

Dray attendit patiemment le retour de Djenesa en se concentrant sur sa respiration, comme elle le lui avait dit. Mais quand elle revint, ils se rejoignirent sur le fil des souvenirs. Ouais, c’était pas la forme… Il obéit sans discuter pourtant, malgré cette similitude entre passé et présent. Le New-yorker avait pleinement conscience que sur ce coup-ci, il avait justement besoin de l’aide que la cambrioleuse lui offrait. La vie avait la désagréable manie de se répéter… Positivons encore, cette fois, le trentenaire n’avait pas la tête dans une cuvette, ni de sévères diarrhés… Il y avait deux personnes au monde avec qui il avait enterré sa fierté depuis longtemps à ce niveau, c’était Alec son parrain des Narco Anonymes et Djen. Ils l’avaient vu dans un tel état de délabrement…

Dray se laissa donc faire, en ne répondant que par un simple petite acquiescement de la tête, et dans les bras de son amie, se shoota (il n’y avait pas d’autres mots…) aux vapeurs anesthésiques et à l’oxygène pur (ou en tout cas quelque chose qui avait les mêmes effets). Et comme Parker l’avait prévu, il ne fallut pas longtemps à Fox pour se sentir en bâteau. Mais étrangement, la sensation l’apaisa et l’aida à se détendre enfin un peu. Il finit par respirer librement. Le soulagement fut apprécié sans mentir.  

Ensuite Djenesa expliqua la suite du programme. Il pinça les lèvres et baissa la tête avec remord quand elle fit référence à la dope qu’il s’était procuré et qui attendait patiemment qu’il se décide à passer à l’acte. En effet, la voleuse avait raison, il ne pouvait pas refuser ce qu’elle lui proposait… Plus maintenant… Cela serait franchement hypocrite.

“Ok…” fut tout ce que murmura Fox. Que pouvait-il dire d’autre ? Depuis le club, elle le prenait  en flag ! Il n’allait pas oser lui répondre “mais non, t’exagères, je vais bien !”. C’était à peine s’il pouvait tenir assis seul. Elle n’avait même pas besoin d’utiliser ce ton protecteur avec lui pour le convaincre, il savait qu’il avait besoin d’aide. Rien que les frissons qui le parcouraient et sa tétanie le renseignaient assez sur son état. Le moindre geste le faisait douiller…

L’eau, Fox l’avala avidement. Entre sa chaleur, les conséquences de son cauchemar et l’alcool ingurgitée plus tôt, ce n’était pas du luxe. Et il ne fit pas plus le difficile pour les potions. Et pour le dessapage et le nettoyage, il ne fit aucun commentaire. De toute façon, Djen avait raison, il se sentait mieux.  

Même petit hochement de tête en unique réponse, malgré le malaise en lui que cela provoqua, Dray se laissa faire quand son amie se mit en tête de le masser. Les analgésiques faisaient déjà leur effet, la douleur s’estompait un peu. Mais s’il voulait pouvoir à nouveau bouger rapidement et surtout sans déblatérer ses pires jurons dans la manoeuvre, il fallait en passer par là, il avait trop longtemps tiré sur l’élastique… Et puis ce n’était pas non plus comme s’ils ne s’étaient pas connus bibliquement à une lointaine époque…

Mais Parker n’avait pas tout à fait tort quand elle pensait que Fox abandonnait. Ok, il avait conscience que se soigner était une nécessité à présent. Quand son corps ne voulait plus coopérer et le lui faisait savoir de cette façon, c’était foutu. Mais en même temps… à quoi ça servait dans le fond ? Ça recommencerait dans quoi ? Quinze jours ? Un mois ? Djen pouvait peut-être remettre le corps en route mais ce qu’il avait dans la tête et qui l’avait conduit dans le mur, c’était sans issue. C’était s’accrocher à une planche de bois pour retarder l’inévitable moment où on coulerait à cause du froid, de l’épuisement et des crampes. … Dray commençait à se dire qu’il était peut-être surtout temps qu’il arrête le tir… Mais il ne se rendait pas compte que son regard trahissait son cheminement de pensées…  

Peu à peu, les efforts de la cambrioleuse payèrent. Les muscles de son camarade retrouvèrent leur souplesse, la crise était passée. Mais en effet, entre les potions, les vapeurs et le massage, pour être honnête, Dray était stone. Mais pas question qu’il “retourne là-bas” ! Alors il restait là à fixer un défaut dans une couture du canapé, pour ne pas fermer les yeux. Mais ça devenait de plus en plus difficile. Ses yeux le brûlaient parce que Fox avait conscience que chaque clignement de paupières était un peu plus long que le précédent. Il avait du mal à les relever, il se sentait partir. Mais à chaque fois que son esprit décrochait, la peur le saisissait au coeur, et les yeux se rouvraient brutalement. Non ! Le trentenaire refusait de dormir. Dormir signifiait revivre. Revoir la haine dans leurs yeux, les morts, leurs bourreaux, le détraqueur. Et sa propre main, implacable, se planter dans la chair pour tuer. Survivre mais tuer d’abord. Entendre à nouveau les cris, les siens et les autres, et entendre le reste, le gargouillis immonde, le bruit d’une chute violente dans un escalier, une cavalcade, le rugissement d’un dragon, le crépitement des flammes. Ressentir encore la chaleur, brûlante, la peur, le désespoir, la haine toujours, l’innommable douleur, l’étouffement et la sensation visqueuse du sang chaud se répandre sur lui. Sentir son odeur… Plutôt crever. Fox avait assez donné…

Mais Djen vit son manège. Elle eut un geste tendre. Cette fois, il se dégagea assez vivement du geste, vu les circonstances. Elle n’était pas Vaughn. Les soins, ok. Pas de tendresse gratuite. De toute façon, il ne la méritait pas.

“Non.”

Ni plus. Ni moins. Non, il ne fallait pas qu’il dorme. Non, plus besoin de le toucher.

Mais la voleuse montra au PDG la dernière des potions. Il l’avait oublié celle-là, tiens… Dormir mais pas retourner là-bas ? Il prit d’une main tremblante le verre et après quelques secondes d’hésitation, l’avala d’un trait.

Black out.

Ses réveils successifs ? Aucun souvenir.

Dray se réveilla en douceur dans la chaleur d’un grand lit et d’une couette dans laquelle il s’était pelotonné, les yeux lourds, paresseux à vouloir s’ouvrir. Mal à la tête, oui, celui derrière les yeux et le front quand vous aviez trop dormi. Courbatures aussi, il payait la crise de tétanie, le combat de fight street et la bagarre du restau. Outch… Et pourtant, il se sentait… Bien. Enfin bien… C’était un bien grand mot. Disons plutôt que cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas senti ainsi, c’était plus juste. Reposé complètement et les idées à peu près nettes. Mais… Qu’est-ce qu’il foutait là ? Pas qu’il avait oublié le fil des événements, loin de là, mais son dernier souvenir était dans le salon. En glissant sur le dos pour avoir une vue d’ensemble de la pièce, il déduisit sans trop de mal en voyant les vêtements de femme, ici et là qu’il était dans la chambre même de Djenesa et vu l’état de la literie, il avait dormi seul. Bon. …. Il avait dormi… Sans cauchemars ! Putain, ce que ça faisait du bien !

Sur un fauteuil, il vit ses fringues nettoyées et même repassées, sa baguette, sa montre et ses bagues. Il porta aussitôt sa main à son cou, dans un froncement de sourcils mais il se détendit immédiatement en sentant la chaîne. Ok, les plaques n’avaient pas bougé. Djen n’en avait pas profité pour le griller.

Fox finit par se lever à contre-coeur (et en serrant les dents quand même, ses muscles refroidis se rappelant tous à son bon souvenir), se laver d’un sort et s’habiller de son jean, de sa chemise et de ses chaussures. Il but également le grand verre d’eau posée à son attention sur la table de nuit. Et enfin, il regarda sa montre. Le 13 septembre ?! Oh… Shit.

Dray respira un bon coup. Ok. Après un coup pareil, il allait avoir du mal à éviter la discussion…

Mais d’abord, pitié, café ! Parce que si en apparence, il était opérationnel, Dray avait encore quand même bien la tête dans le brouillard. Il se frotta d’ailleurs les yeux pour essayer de se débarrasser de cette espèce de sensation désagréable de langueur et de paupières lourdes, comme si le cerveau et le corps étaient englués malgré eux dans le sommeil.  

Dans la cuisine, l’Américain trouva Djen sans surprise. Il la remercia mentalement de ne pas avoir montré l’exubérance habituelle qui accompagnait cette réplique qui lui appartenait alors qu’il posait le reste de ses fringues sur un tabouret.

“Hi.”

Fallait pas trop lui en vouloir d’être peu prolixe en paroles. Café. Fox ne refusa pas la fiole que lui tendit la jeune femme. Les quelques pas pour sortir de la chambre furent assez équivoques. Bordel, il avait la sensation d’avoir fait un marathon d’escalade…

Et alors qu’il se shootait sans vergogne aux anti-douleurs pour une fois, le New-yorker commenta succinctement.

“Oh oui, café ! Fort.”

La maison ? Dray suivit finalement le nouveau geste de son amie du regard pour voir… des gaufres ? Il esquissa, ô miracle, un sourire amusé. Ah ben oui, du coup.

“Ça fait un bail que j’en ai pas mangé.”

Les Beefeaters n’étaient pas très gaufres, le matin. La dernière fois qu’il en avait fait, ça devait être pour un petit déjeuner avec Vaughn au Refuge et ça faisait un bon moment. Il se démerdait plutôt pour préparer un cheesecake ou des pancakes... Et ces derniers temps, pour être honnête, Fox était plus souvent chez le peintre quand il était avec lui et souvent déjà levé et à peu près nourri quand Vaughn se réveillait. A peu près, parce que  Fox prétextait que sa séance de sport quotidienne intensive qu’il se tapait vers les quatre ou cinq heures en ce moment ne lui permettait pas de patienter jusqu’à ce que son compatriote se lève, ce qui lui permettait de tricher sur les quantités avalées. Il ne mentait pas, il avait mangé, mais de là à penser à petit déjeuner complet, il y avait une marge qu’il évitait soigneusement. Il grignotait un bout de pain et s’enfilait trois bols de café plutôt. Et comme Dray ne cuisinait jamais pour lui-même... Mais chose étrange, au moins pour lui, ce matin, il avait faim ! Vraiment faim ! Le plat allait connaître sa deuxième attaque de morfale. Il s’installa au comptoir face à une assiette dressée à son attention.

“T’aurais de la chantilly à tout hasard ? Te plaaait !” demanda-t-il dans son mouvement, avec une moue de gosse qui faisait du charme. La chantilly et Dray étaient une grande histoire d’amour. Vaughn pouvait d’ailleurs en témoigner. … Ou pas.

Les gaufres dévorées et les premiers mugs de café avalés, une troisième cafetière bien entamée, et deux cigarettes pour se mettre en train, dans le salon, la conversation que Dray redoutait finit par débouler sur le tapis. Forcément. Fox n’en prit pas ombrage. La démarche de Djenesa, après ce qu’il lui avait imposé comme ennuis, était parfaitement compréhensible.

Mais pfff. La voleuse frappa fort dès le départ. Elle lui avait lancé un legilimens et avait tout vu ? … Okaaay… Dray déglutit et serra les dents, partagé entre la colère qui était la grande dirigeante de ses émotions depuis plusieurs semaines, la honte et la raison. Finalement, les deux dernières s’allièrent pour bâillonner la première. On respire ! Et on prend une troisième cigarette...

“T’excuse pas, je comprends. Et je serais un vrai connard de te reprocher quoi que ce soit sur ce qui s’est passé, après ce que tu as fait pour moi.” dit-il donc en allumant sa clope, le filtre entre les dents. Prendre la cigarette et faire ce geste laissa le temps au New-yorker de faire taire l’agressivité qui, par réflexe, voulait s’imposer. Envoyer chier les gens, ça permettait d’éviter de parler. Mais cette fois, le New-yorker allait devoir retenir les chiens et solidement. Il devait bien ça à son amie.

Et puis au delà de ça, en lui expliquant ce qui s’était passé et dont il n’avait pas eu conscience, Parker tirait la sonnette d’alarme. Et elle faisait du boucan… Fox savait qu’il était difficile de le réveiller surtout quand il était en phase de sommeil profond ou paradoxal mais là, il avait atteint un nouveau palier, si Djen avait été obligée d’utiliser une telle méthode. Ses cauchemars avaient de plus en plus d’emprise sur lui et lui, s’enfonçait. Bon… Il avait insonorisé son lit au château en piquant l’idée des cordons noués de Seiki, sa chambre au Refuge, son bureau à la Tour et le cachot n°4. Ça devait donc aller à condition qu’il dorme seul dans ces endroits précis… Mais qu’est-ce qui se passerait si un tel bordel se produisait avec Vaughn (le peintre ne pourrait pas faire barrage éternellement vu ce qu’il venait d’entendre…) ou si bêtement, la fatigue l’emportait ailleurs ?  

Mais pendant qu’il réfléchissait sombrement à cette nouvelle donnée, Djen continua son exposé, avec douceur, sans doute pour éviter de se prendre une soufflante. Fallait dire qu’elle le connaissait bien et qu’il s’était montré bien acide entre le club et le cauchemar, elle avait de quoi se méfier. Mais Dray, à présent qu’il avait enfin eu un nombre d’heures acceptable pour recharger ses batteries et mettre son esprit en veille, comprit la démarche de son amie. En effet, il ne pouvait pas lui donner tort. Crises d’angoisse à répétition et là, tétanie et fièvre nerveuse. Et ce qu’elle ignorait aussi. Douleurs abdominales, brûlures d’estomac, migraines,... Ça aussi, ça commençait…

Et puis il y eut le reste. C’était plus grave encore, oui. Fox se raidit en écoutant Djenesa lui exposer aussi franchement le fond de sa pensée, mais pas une fois il ne l’interrompit. Il écouta ce qu’elle avait à lui dire jusqu’au bout. Et sa réaction n’était pas dûe à la colère (même si elle voulait encore faire des remous…) ou à la honte (qu’il ressentait pourtant…), mais bien à cause d’une douloureuse appréhension parce qu’il se rendait compte de l’ampleur de la situation, vue de l’extérieur. Lui, cela faisait des semaines qu’il s’engluait dedans. Il ne voyait plus grand chose pour être honnête, et analysait encore moins. Il subissait c’était tout. Et Djen avait sinistrement raison ! Elle avait eu de quoi se poser des questions et plus que le temps nécessaire… Oui, Dray était mort de fatigue et oui, comme il était à bout de force physiquement et mentalement, il était suffisamment au fond du trou moralement pour penser sérieusement à cette éventualité. Il y avait d’ailleurs pensé dans ce canapé-même ! Il fallait qu’il arrête le tir… Et à bien y réfléchir, ce n’était pas la première fois qu’il y pensait. Il regarda par la fenêtre avec autant de nervosité qu’un serrement douloureux au coeur, les derniers mots de son amie résonnant en lui. Aussi tentante fût l’idée, il n’avait pas le droit de passer à l’acte… Djenesa avait encore une fois touché juste, et avec une précision cruelle. Si sa vie était la seule dans la balance, ce serait simple… Comment ça, simple ? … Bon dieu, qu’est-ce qu’il racontait ?

Et Parker finit par poser la question qui résumait tout. Dray soupira douloureusement. Dur d’être mis devant ses manquements…

“Je te dirais qu’il faut que tu consultes un psychiatre…” lâcha-t-il dans un murmure qui fut ponctué d’un presque imperceptible rire, un souffle moqueur tourné contre lui-même. Bordel… Et vite en plus ! Voilà ce qu’il dirait. Encore mieux, il l’emmenerait ! Comment il avait fait pour ne pas voir jusqu’à ce matin à quel point il avait coulé ? Il avait dormi vingt quatre heures après deux mois d’insomnies hardcore, vous me direz. Ca remettait les idées en place, sans doute...

Elle avait pourtant tort sur un point, ce fut quand elle parla de suicide avec l’héroïne qu’il avait acheté. Et Dray s’en défendit :

“Mais pour la cam, non ! Pas ça. Je voulais juste couper le son et l’image et m’anesthésier, me sentir bien quelques heures, c’est tout. Je te le jure !”

Et en parlant de la cam… Dray se leva et alla la récupérer dans sa veste. Et il alla ouvrir la fenêtre du salon. Quelques secondes après, la poudre blanche s’envolait aux quatre vents. A présent qu’il avait enfin récupéré, il se rendait compte de toutes les conséquences de ses actes. Retomber là-dedans n’allait qu’accélérer le processus de destruction…

“Par contre… Le reste est exact.”

Il avait lâché ce constat en se rasseyant, calmement et au combien, amèrement. Et il alla même plus loin.

“Oui, je suis capable de passer à l’acte volontairement. Oui, j’y pense. Oui, Vaughn se laissera mourir. Oui, je vous causerai beaucoup de peine. Alors oui, j’irai voir quelqu’un. Tu as ma parole.”

Et s’il promettait alors il le ferait. Même s’il avait une sainte horreur des psy, sorciers ou moldus, surtout depuis sa cure de désintox d’ailleurs…, là, il n’avait plus le choix. La prochaine fois qu’il pèterait un plomb, il ne croiserait pas Djenesa. Et alors là, il se rendait compte que tout pouvait arriver…
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MessageSujet: Re: Quand le passé vous rattrape...    Quand le passé vous rattrape...  Icon_minitimeMar 23 Avr 2019 - 19:46

[Bon ben si je ne dois pas m’emmerder… xD *se met au boulot de suite* On va essayer de faire une belle conclusion !]

Natalia reconnaissait qu’elle était née sous la meilleure des étoiles. Etrange étoile que la sienne, certes. Mais elle n’avait jamais eu à se plaindre et avait une vie heureuse et comme elle avait souhaité qu’elle devienne. Austen, par contre, il avait une sacrée dette karmique à payer…

La jeune femme reconnaissait que, contrairement aux autres amis de Seth, elle était avantagée dans certaines situations. Elle était en effet certainement la seule à connaître une face de lui et la seule à savoir qui était Austen. Ainsi, si le brun réussissait à tromper les autres, elle, c’était beaucoup plus difficile. Il y avait des signes qui ne trompaient pas, c’était un fait. L’alcool parmi les autres...

“J’ai une cave fournie honorablement.” répondit la jeune femme avec une fausse humilité mais beaucoup de malice dissimulée en dessous. Seth n’était pas le seul de ses amis à avoir la descente facile. Mais, en effet, elle reconnut dans la voix du brun tout le sérieux qu’il pouvait avoir. Elle serait bonne pour quelques courses…

La blonde tira simplement la langue, très puérilement, quand son ami parla de sa susceptibilité. Elle ne voyait pas l’utilité d’alimenter une discussion puérile, Seth ne savait en effet pas s’arrêter et par contre, il ne lui fallait qu’un rien pour rebondir et c’était reparti pour un tour.

La conversation finit par tourner autour du fait que Seth avait été jusqu’à se rayer de la carte. Et la voleuse ne trouvait pas du tout de quoi rire à cette idée que ce soit son connard de père qui lui ait soufflé une solution pour aller se mettre en danger sans que personne n’y puisse rien. Et l’indifférence de son ami lui était d’autant plus désagréable que justement, son père, il ne pouvait pas se l’encadrer et ne devait donc pas réagir comme ça normalement. C’était comme si Seth s’était fait une raison et abandonnait la partie. Et ça, quelles que soient les versions d’Austen, cela ne cadrait pas du tout avec lui. Et cela ne fit qu’accroître l’inquiétude silencieuse de la jeune femme. Mais encore une fois, elle se tut. Elle avait déjà trop tiré sur la corde. Relancer cette fois, c’était voir l’oiseau s’envoler…

La cambrioleuse ne voyait en effet pas les gravures d’où elle était. Mais déjà, elle envisageait une solution à cette idée complètement folle de s’incarter pour prendre la tangente et faire des conneries. Alors là, elle les verrait ces dates. Et si pas mal lui étaient inconnues, d’autres lui parlaient très bien… Et il ne fallait pas que Seth croit qu’elle ait oublié. Alors elle aurait vite fait de faire le lien, même si elle ne savait pas ce qui s’était passé. Et son sentiment face à ces médailles serait que vraiment, il fallait qu’Austen déraille vraiment pour avoir eu cette idée complètement malsaine. Il se faisait du mal volontairement. Un talisman ? Un maléfice, oui ! Ou une punition inconsciente ?

Les plaques disparurent vite sous la chemise. Mais la voleuse avait pris aussi rapidement sa décision. Cette nuit-là serait la seule que son ami réussissait à passer sans protection.

Et ce moment arriva finalement assez vite après cela. Repas, alcool et médicaments avalés et Dray dormait. Djen alla chercher une couette et un oreiller dans sa chambre et en quelques minutes, le New-yorkais était confortablement installé dans son canapé. Mais avant de remonter complètement la couette sur lui, la brune avisa les fameuses plaques. Quel que soit l’alias que prendrait Fox à l’avenir, ces plaques seraient la constante. Avec des doigts de maître, elle entrouvrit la chemise de l’Américain pour faciliter leur manipulation et les examina avec attention. Si elle les lui retirait, Dray serait immédiatement découvert. Et alors, c’était fini, Fox ne lui ferait plus jamais confiance et elle ne pourrait pas l’aider. Et il avait douloureusement besoin d’aide… Elle devrait travailler directement sur lui. Heureusement qu’il avait le sommeil lourd. Il fallait d’abord vérifier la faisabilité d’une idée qu’elle avait en tête. C’est là qu’elle lut les dates… Sa mère, elle savait. L’overdose, elle savait. La soit-disante mort de son père, elle savait. Stuart, elle savait. Karine, elle savait. Hyde Park, elle savait. Quelques unes par la presse et pas par le concerné, soit dit en passant… Le reste devait être aussi noir… Et elle pensa exactement ce qui a été dit. Ces plaques, la jeune femme les détesta viscéralement… Et s’il lui restait le moindre doute sur ce qu’elle voulait faire, la liste de ces dates venait de l’effacer complètement. Son examen lui révéla finalement ce qu’elle cherchait. La chaîne passait dans des montants en boucles triangulaires, les plaques accrochées par la pointe. Et ces boucles offraient un espace assez large pour ce que ce qu’elle voulait entreprendre. La difficulté était de travailler sur Dray directement…  

Parker se dirigea vers son bureau de travail et sortit d’un tiroir une boite en bois et une pince à épiler qu’elle apporta sur la table basse. Elle se mit à genoux après de Fox et de cette boite, avec une pince à épiler, elle en retira une minuscule rondelle de métal, fine et souple comme du papier, minuscule, plus petite que le tiers d’un confetti. Et avec des gestes précis, elle la glissa dans la partie supérieure et large de l’une des boucles en décalant la chaîne autant qu’elle le put vers le bas pour permettre de la placer avant de la fixer au métal en la fusionnant d’un sort. Puis, elle sortit du même tiroir une carte magique de Grande Bretagne. Sur le papier, quand on “zoomait” sur Londres, un point noir clignotait à l’emplacement même de l’immeuble où se situait l’appartement de la cambrioleuse. Elle fit glisser ensuite plusieurs fois la chaîne dans la boucle. On ne sentait pas la modification, la chaîne ne rencontrait aucune résistance. Parfait. Il ne restait plus qu’à transmettre cette carte à Bobby Manning. C’était trahir la confiance du New-Yorkais ? Oui mais c’était surtout s’assurer de sa sécurité malgré lui… On ne savait jamais ce qui pouvait arriver, surtout s’il retombait dans l’héroïne… Les plaques furent glissées sous la chemise qui fut refermée au bouton près. Djen alla se coucher.

Le sommeil fut de courte durée. Djenesa découvrit toute la vérité et tout ce que Dray cachait et endurait. L’univers de Dray Fox était devenu horrifique depuis quand au juste ? Il n’avait jamais été très gai, les preuves étaient gravées sur les plaques, mais là, on atteignait un niveau tout autre. Enfin ce n’était pas la question la plus urgente. La voleuse se fit infirmière pour un temps. Les remerciements de l’Américain furent effacés par un sourire fraternel.

“Si tu veux.”

Parker fut surprise par la docilité de son patient. Merlin qu’il devait se sentir mal pour se laisser faire sans un mot ou un geste de défense ou de sarcasme... Des vacances pour sûr, ça en faisait quand on avait déjà tenté une fois de soigner cette tête de mule d’âne baté, Djen persistait et signait ! Mais cela entretenait aussi son inquiétude. Tout sonnait faux depuis le début, rien n’était ce qui devait être quand on parlait de Fox. Même ses sarcasmes avaient atteint un niveau de dureté rare. On en revenait encore aux périodes de manque et de sevrage… Positiver là dessus, Parker n’en avait aucune envie. Durant ces moments-là, ou les mots de Dray vous brûlaient littéralement tellement il était dur  ou ils vous brisaient le coeur tellement il suppliait. Qu’importe dans quel état physique et à quel point malade elle l’avait trouvé, c’était ça qu’elle retenait, elle…

Durant ses soins, Djenesa n’avait pas encore compris jusqu’où Fox s’était enfoncé. L’idée du suicide ne lui viendrait que quelques longues heures de réflexion plus tard. Mais le désespoir qu’elle vit dans son regard quand elle le massa et quand elle le surprit à fixer aveuglément le canapé la mettrait sur la piste quand elle aurait dormi aussi… Et cela la mit profondément mal à l’aise. Un sentiment grave d’urgence. Pourquoi ? Elle n’eut pas le temps d’en savoir la raison. Dray refusa assez brutalement son geste et elle sentit un pincement au coeur. Elle comprit ce que contenait ce non. Et pourtant il avait autant besoin de sommeil que de tendresse… Mais en effet elle n’était pas son peintre. Et là, elle ne plaisantait pas, malheureusement… Et elle n’avait vraiment pas envie de rire...

Il fallut quand même à la voleuse les 24 heures de black out de son ami pour décortiquer dans sa pensine tout ce que son esprit avait balancé dans le sien mais quand Fox se réveilla, elle jugeait avoir une vision plutôt nette des évènements. L’épluchage des journaux l’aida à reconstituer aussi leur fil. Elle avait tout ce qu’il fallait pour cette discussion que Dray redoutait tant mais qui était indispensable selon elle. Il était temps que quelqu’un le secoue ! Et comme ses autres amis, visiblement, n’avaient, quelle surprise !, pas toutes les pièces du puzzle pour le faire, et bien, Djenesa décidait que ce serait elle !

Mais d’abord, réveil. L’esprit encore dans l’oreiller, ce n’était pas terrible pour les discussions sérieuses. Après café, gaufres (et chantilly sortie du frigo dans un éclat de rire tellement la tête de Fox suppliant comme un petit garçon valait le détour) et cigarettes, on fut fin prêts.

Et finalement, la discussion ne fut pas le fiasco que Parker craignait. Dormir avait vraiment fait du bien à Dray parce qu’il fut très réceptif à ce qu’elle essayait de lui faire comprendre. Bon, Djen voyait bien aussi les signes de colère. Pas à elle qu’il allait réussir à dissimuler ses émotions, hein… Il y avait des micro-expressions, ce pincement de lèvres et ce froncement de sourcils d’une demi-seconde, et des gestes manipulateurs qui ne trompaient personne, comme sa manière exaspérée de tapoter franchement deux fois l’extrémité de sa cigarette sur son étui comme pour en tasser le tabac...

Mais Dray ravala sa colère. Et il accepta ouvertement le dialogue malgré qu’elle eût violé son esprit et ses secrets aussi franchement. Si ça, ça passait la moitié du chemin était déjà faite.

Ce à quoi Dray réfléchissait d’abord, ce problème de rêves trop violents, Djenesa n’en sut rien. Elle avait des talents en légilimancie mais pas sans sortilège. Mais à de la logistique ? C’était le premier truc qui lui venait à l’esprit, il était sérieux ?  Enfin, est-ce que vraiment, ça l’aurait surprise si elle en avait eu connaissance ? Même pas…

Parker ignorait aussi les autres symptômes et ça ne l’aurait pas du tout rassurée ! Manquerait plus que Fox fasse un ulcère !

Mais le pire, et le plus grave, oui, et Djen aurait préféré 100 fois avoir tort, c’était que Dray était devenu suicidaire. Ça aussi, elle l’avait compris. 24 heures pour réfléchir, c’était long et une pensine très pratique pour voir les choses sous une autre perspective… Elle avait finalement réussi à comprendre ce qui l’avait tant perturbé quand elle l’avait vu fixer maladivement son canapé, à force de se repasser la scène. Du désespoir, oui. Mais sa dernière phase…

Alors Djenesa le dit à son ami sans détour. Il allait faire la dernière des conneries. Elle en était convaincue. Elle avait reconnu les signes. Il était arrivé tellement près du gouffre que les bords s’effritaient.
 
Et heureusement la lumière se fit chez Fox. Elle fut tellement forte cette lumière qu’il prononça lui-même le mot honni, et c’était là qu’elle voulait le mener. Bien ! On y arrivait doucement. Comment un rire pouvait être aussi faible et aussi lourd ? Il ne trouva aucun écho chez la voleuse. Parker resta aussi douce que sérieuse :

“Je suis d’accord. Et tu ne me lâcherais pas, en plus. Tu serais capable de m’attendre dans la salle d’attente à chaque rendez-vous...”

Cela avait l’air d’une plaisanterie, mais ce n’était pas une plaisanterie… Dray Fox ou l’art de faites ce que je dis pas ce que je fais. Mais là, c’était devenu trop grave. Et s’il s’obstinait, elle s’en fichait, elle irait voir Xander en premier parce qu’elle avait bien compris quel levier il était, et même s’il la détestait pour cette histoire de vol. Oh oui, il écouterait ce qu’elle avait à lui dire, qu’il le veuille ou non ! Votre meilleur ami va se foutre en l’air, il est devenu suicidaire ! Ouvrez-les yeux au moins sur ça si vous êtes pas foutu de voir le reste comme le fait qu’il vous aime en crever ! Et Tsuno et les autres, un par un s’il le fallait. Ils ne savaient pas qui elle était ? Aucune importance, elle se ferait connaître, elle ! Elle connaissait sans doute Dray mieux qu’aucun d’entre eux ! Qu’ils essaient de la ramener, qu’on rigole !  

Mais il fut dit qu’il n’y aurait pas besoin d’aller si loin. Dray comprit lui-même la gravité de la situation, qu’il avait atteint ce qu’il appelait une nouvelle croisée des chemins. Un de ces croisements de vie où le choix de la route que vous allez emprunter était déterminant et sans retour possible…

Parker soupira deux fois de soulagement. La première fut quand Fox jura qu’elle se trompait au sujet de l’héroine et quand il la jeta aux vents. La deuxième quand il lui donna raison. Ou plutôt, elle se sentit raidir d’abord. Entendre cette succession de oui d’un de ses meilleurs amis, c’était effrayant ! Oui je vais si mal que je pense à me tuer, oui j’ai conscience de ce que ça engendrera autour de moi. Djen se mordit l’intérieur de la lèvre. Cette discussion était émotionnellement compliquée et l’avoir avec Dray était presque surréaliste. Mais il irait voir quelqu’un. Et encore une fois, le New-yorker donna sa parole. Et la parole de Dray était inviolable envers ses amis. S’il la leur donnait alors ils pouvaient avoir confiance.

“Je suis profondément soulagée de te l’entendre dire. Ma porte t’est toujours ouverte, tu le sais. Viens quand tu veux. Tu peux rester aussi longtemps que tu veux.”

Fox repartit le soir-même. Mais les deux amis avaient passé la journée à discuter. Djenesa l’avait fait parler de ce qu’elle avait vu. Et il fallait croire que savoir qu’elle connaissait déjà la trame aida Dray à briser les murs épais de silence qu’il avait dressé autour de tout ça parce qu’ils parlèrent plus qu’on pouvait l’escompter quand on connaissait le caractère très secret de Fox… Est-ce que ça l’aida un peu ? Djenesa le souhaitait tout cas. C’était tout ce qu’elle pouvait faire à présent.

[Voilà, si tu as un truc à ajouter, je t’en prie ! Mais je crois que j’ai bien fait mon travail ! Razz  Ça a été un plaisir, mon chou ! A très vite ! ^_^]
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